« Très bien, tu veux vraiment savoir ce que je cache ? Mais d'ailleurs, pourquoi tu veux me connaître mieux si tu refuses de t'avouer certains sentiments que tu ressens ? T'es un être autant compliqué que je le suis Tarik Andrieu ! ». Elle s'était plantée devant lui, mais fit exprès de parler d'un ton bas pour qu'il s'approche. Elle avait une maîtrise incroyable d'elle-même.

« Ne retourne pas ma question ! Alors, vas-y, je t'écoute ! Tant que je ne saurais pas qui tu es, je ne te ferai jamais confiance. Et enfin, quand tu m'avoueras que tu ne me veux pas de mal... ».

« Mais t'es con ou quoi ? Pourquoi je voudrais t'en faire alors que j'ai vécu la violence infantile et psychologique ?! ». Enfin. D'abord, il n'y crut pas un mot parce que pour lui, la violence, c'était les coups. « C'était mon frère qui les prenait, pour me protéger. ». Elle répondait à ses interrogations comme si elle pouvait les lire dans ses pensées. « Je n'oublierai jamais la vue du martinet qui claque, le bruit de la ceinture et les baffes qu'il prenait. Il se mettait entre moi et mon... « père » – elle mima les guillemets – après que je me sois fait insulter de tous les noms, surtout quand c'était l'heure du repas. Grosse bouffe, baleine et je t'en passe. Mais tu sais qu'est-ce qui le pire dans cette histoire Tarik ? C'est que ma... mère – elle eut presque un haut-le-cœur – ne l'a jamais contredit, au contraire. Elle n'a fait que renforcer ses propos, comme s'ils étaient légitimes. Connasse, pétasse, sale pute, feignasse... ».

Elle avait parlé si vite qu'elle était en bout de souffle, et elle serrait tellement fort les poings que ses ongles avaient déchirés la peau de sa paume. Elle avait les larmes aux yeux et quand elle essaya de continuer, elle se résigna de le faire car sa voix était devenue beaucoup trop rauque. Enfin, il connaissait son côté sombre.

Mais tout à coup, il prit conscience des responsabilités qu'il aurait quand il s'engagerait avec elle. Pourtant, il décida de s'en foutre, préférant la savoir en sécurité avec lui.

Il avait mille et une questions à lui poser, mais comme ces maux l'avaient surpris, il savait qu'une seule chose pouvait la réconforter : le contact physique. Normalement, il détestait ça mais il n'avait pas le choix car elle s'était mise à trembler à cause de la peur qu'elle ressentait. Il savait aussi que contrairement à lui – encore une fois –, elle avait ce besoin d'être entourée.

« Et toi, il faut que tu me crois quand je vais te dire une bonne fois pour toute ce qui va suivre : je n'avais absolument pas prévu de... Bon, enfin bref, voilà, tu me comprends. Comme toi, je n'arriverai jamais aussi bien à m'exprimer, surtout en ce qui concerne les sentiments, les ressentis et tout ça... ».

Or, avant de finir, il fut étonné qu'elle l'interrompe : « C'est bon Tarik, j'ai compris. ». Elle instaura un silence éphémère. « Je te propose un deal pour les prochains jours : je te laisse tranquille si tu acceptes que je fasse quelques photos. ».