Chapitre 2 : Dans l'univers
Comme prévu, cinq minutes plus tard, ils entendirent frapper à la porte. Elle ne sursauta pas car Tarik l'avait prévenu, mais sa peur ne lui empêcha pas de tourner si brusquement la tête que son cou craqua. « Ne t'inquiète pas, c'est la mif. ». Il se tenait à côté d'elle et fut surpris du ton paternaliste et direct qu'il avait pris. « Nabil, fais comme chez toi. ». Il avait pris soin d'entrouvrir la porte. Son frère arriva dans le salon, le prit dans ses bras et pour elle, manifesta sa présence en essuyant la larme qui coulait sur sa joue. « Princesse, je suis là pour toi, Tarik aussi, tout le monde. Tu ne nous déranges pas, on a tous nos problèmes, sois pas honteuse. ».
Elle le remercia par un sourire timide. Ken et le Crew ne prirent même pas le temps de toquer. Ils déboulèrent dans l'appartement mais ne dérangèrent pas le silence qui y régnait.
Ken s'approcha de lui en le questionnant du regard. Tarik l'entraina dans la chambre, les frères Akrour suivirent naturellement. Il se fit violence de fermer une porte qui ne l'était jamais. Enfin, il vit que Théo était resté avec elle, à ses côtés.
« Je ne vais pas le répéter deux fois, vous vous en chargerez pour les autres : ils sont revenus y'a même pas une heure. Même moi les mots m'ont... ». Il ressentait tellement de l'adrénaline qu'il eut du mal à se concentrer pour éviter de ne pas trembler.
« Et il s'est passé quoi avec le porte-parapluie ? ». Fabrice. Il avait toujours le chic de poser les meilleures questions dans les moments les plus critiques.
« Dégommé. Coup de pied. Mais on s'en balek de tout ça, le plus important, c'est elle. Je vous ai appelé parce que je ne sais pas quoi faire pour la faire sortir de son silence. ». Il regarda tour à tour Ken, qui était devenu tellement pâle qu'il aurait pu se fondre dans le mur blanc, Jason, qui serrait les mâchoires, les poings et était encore plus imposant que d'habitude, puis Fabrice étant réellement le seul à réfléchir.
« Rien Tarik, tu as déjà fait quelque chose de très important. Tu as ramené mes frères et surtout, tu es resté avec moi. ». Ils se retournèrent soudainement. Elle se tenait sur l'encadrement de la porte. Déjà, elle avait enlevé son tablier.
« Tout le monde vient d'arriver mais je crois ne pas avoir assez de sachets de pâtes pour... ». Avant qu'il ne puisse dire quelque chose, elle fut interrompue par Deen qui se plaça derrière elle : « Ah, t'es là toi, t'inquiète pour les pâtes, je vais tellement te faire de provisions que tu vas m'inviter chez toi tous les jours. ».
Mikael la serra dans les bras. C'était de sa nature d'être très tactile et heureusement que Tarik connaissait ses gars. Ainsi, il n'était jamais jaloux.
Ses pensées furent interrompues par Ken : « Aujourd'hui, ce qu'il t'est arrivé, c'est dégueulasse parce que tu ne le mérites pas. D'ailleurs, personne ne mérite la violence. A part quand tu fais un peu trop le con avec la bicrave ou d'autres affaires qu'il ne vaut mieux pas que tu sois au courant. ». Il s'était rapproché d'elle, l'index levé, elle le regardait droit dans les yeux avec un air qui n'avait rien de tranquille et Deen en profita pour la rapprocher encore plus de lui, pour qu'elle se sente en sécurité.
« Tu as le droit de te replier sur toi-même mais il ne faut jamais que tu oublies que Tarik est là pour te protéger, nous le sommes tous, chacun à notre manière. ». Son frère venait de les rejoindre et il fut étonné de l'entendre parler autant.
« Nous continuerons à veiller sur toi. C'est un rôle que nous prenons très au sérieux. Tu es en sécurité avec nous, alors tu peux continuer à t'amuser, imiter Céline Dion sur la scène mais on veut te voir vivre. Et même si je suis le moins bien placé pour dire ça, je vais quand même le faire : tu es humaine et tes sentiments font de toi une belle personne, plus que tu ne le penses. ». Jason avait progressivement pris la place de Ken et à ses mots, son chagrin s'exprima.
Dans ces moments-là, elle était honteuse parce qu'elle se sentait faible et surtout illégitime à cette situation. Elle n'avait pas eu besoin de le lui dire car lui aussi avait ce sentiment quand il pleurait dans les bras de son frère. Alors, par instinct primaire, il désigna à Deen de lui la laisser.
Ce fut la première fois qu'elle eut de tels sanglots. Violents, déchirants, même si elle continuait de se cacher contre le torse de son mari. Lui ne fut pas gêné, les autres non plus, seulement mal à l'aise. Quand Tarik croisa leurs regards, il fut étrangement soulagé de les voir désemparés. Tous se sentaient profondément peinés de la voir ainsi. La sensibilité n'avait parfois rien de bon. Trouver les bons mots et les utiliser dans un contexte, pour Tarik, ce n'était pas inné.
« Merci Tarik et je suis sincèrement désolée. Je me suis engagée avec toi pour le meilleur et pour le pire mais... ». Il l'interrompit en mettant sa main sur sa bouche. Il la remplaça immédiatement par ses lèvres. Goût de sel. Larmes séchées.
Puis, il se trouva en face du mur où se trouvait l'une de ses punchlines qu'elle avait fait imprimer. Il venait enfin de comprendre. C'était important pour elle de se sentir entourée de mots, des leurs en particulier. Toute l'année je les aime, j'rêve d'un avenir heureux pour eux, car au fond, sourire nous va à merveille.
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