JULES : Tu crois qu'Emile est comme ça ? Comme son personnage ?

NORA : Non pas du tout. Enfin, bien sûr, il aime trop dramatiser quand il lui arrive quelque chose de mal. Mais quand il lui arrive quelque chose de bien il sait aussi être dans l'excès d'émotions positives. Je sais qu'il peut avoir ce côté positif. Mais c'est vrai que son attitude générale par rapport à la vie est toujours un peu négative. Je ne sais pas, pas vraiment en fait. Quand il écrit en tout cas. Dans sa vie pas forcément. Mais quand il écrit c'est comme si il ne laissait s'exprimer que les côtés les plus sombres de son esprit. Alors que moi je pense que les gens ont besoin d'optimisme. On sait bien assez se plaindre par nous-mêmes. On n'a pas besoins de livres pour nous dire ce que l'on ne sait déjà que trop bien.

JULES : Peut-être qu'il écrit plus pour lui que pour les autres.

NORA : Et ce serait bien hypocrite de ma part de le blâmer pour ça. Et aussi, oui, évidemment, c'est plus facile d'écrire ce qui ne va pas. Et quand ça ne va pas ça fait du bien d'écrire. Mais je crois que même pour nous-mêmes c'est plus thérapeutique d'écrire des choses positives. De se rappeler qu'on est capable de voir les choses sous un angle positif.

JULES : Moi je pense que c'est important que chaque écrivain ait sa propre conception de l'écriture. Je ne vois pas pourquoi il devrait envisager les choses comme toi.

NORA : Oui bien sûr ! Je n'ai jamais voulu dire le contraire. Bien sûr que c'est son propre style et qu'il est doué dedans. Et que ça apporte quelque chose aux gens même. Mais je pense juste qu'il serait plus heureux lui, s'il essayait autre chose pour changer.

JULES : Tu ne penses pas qu'il est heureux ?

NORA : Si je crois qu'il est heureux. Rose est absolument adorable ! Et depuis qu'il est avec elle il est nettement plus épanoui. Et puis même avant qu'elle ne revienne dans sa vie il avait beaucoup, je ne sais pas, mûri je crois. Après bon, on peut toujours être plus heureux qu'on ne l'est déjà.