JULES : Ma compagnie te manquait trop ?

NORA : Non. Enfin oui, mais ce n'était pas la raison. En fait j'ai besoin de ta compagnie mais seulement parce qu'on va bientôt couper le gâteau. Enfin pas seulement, mais la raison c'était seulement ça. Et aussi je venais pour dire à Emile de rejoindre Rose un peu. Elle ne connaît pas grand monde ici et je ne suis voudrais pas qu'elle reste toute seule à s'ennuyer. Je sais à quel point ça peut être désagréable.

JULES : Ah bon ? Tu sais ça toi ?

NORA : Je l'ai su à un moment donné en tout cas. Par bonheur je commence à l'oublier. Mais ça m'arrive encore par moments : quand je me retrouve plongée dans un contexte nouveau.

EMILE : Je croyais que tes pensées suffisaient à t'occuper.

NORA : C'est vrai. Mais c'est dur de penser quand il y a trop de monde autour de moi. Et surtout surtout on se sent trop bête quand tout le monde est en compagnie et qu'on est là toute seule comme si on était incapable d'aller vers les autres. Enfin pas comme si, d'une certaine façon c'est le cas. Mais le pire ce n'est pas d'être seule, c'est de s'imaginer ce que les gens pensent du fait qu'on est seule.

JULES : Mais on s'en fiche de ce que les gens pensent. Article 13.5 du contrat.

NORA : Ne confond pas notre contrat commun avec ton code personnel de règles de vie. Dans mon code à moi, article 5.6 il y a écrit « Prends en considération ce que les gens pourraient penser de toi. »

JULES : C'est une règle idiote.

NORA : Dans certaines circonstances peut-être. Mais une règle bien utile dans d'autres.

JULES : Et ce n'est que la 503ème fois que nous avons ce débat.

NORA : Dont la conclusion a toujours été identique.

EMILE : Quelle était la conclusion ?

NORA : Chacun garde sa règle et retient et respecte le fait que l'autre a une règle différente. Rose doit être en train de t'attendre ; je lui ai dit que je te demanderais de la rejoindre.

JULES : Je ne me souviens pas que Rose et Emile faisaient partie de notre conclusion.

NORA : Très drôle.