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Bip, bip, Bip... Non pas le réveil... je peine à me lever ce matin. Je me suis
couchée tard hier soir, entre ma
virée avec Evan, et le compte rendu à devoir faire à Beverly dès mon pied posé dans la chambre.

Je décide de suite, d'envoyer un texto à Teddy pour m'excuser de mon comportement d'hier. Je ne
veux pas qu'il y ait de malentendu.
Certes, j'ai profité de lui mais c'était
pour la bonne cause non ?

Salut Teddy, c'est Angèle. Super soirée hier soir. Ne le prends pas mal, mais je ne veux pas qu'il y ait de malentendu. Il y a eu un baiser par erreur. J'étais un peu à l'ouest je ne sais pas trop ce qui m'a pris de me laisser embrasser. Excuse-moi. Tu ne m'en veux pas ?

Voilà c'est dit. Je tiens à être honnête
avec lui. Je l'apprécie quand même et tiens à conserver de saines relations.
Mon portable vibre :

Salut Angèle. Je me suis douté qu'il y avait un problème vu ton départ précipité. J'ai vu Evan te courir après... J'ai fait le rapprochement. Pas de problème. J'ai apprécié quand même. Si un jour ça marche plus avec lui, tu sais où me trouver :­)

Je suis soulagée. Son texto me fait sourire, il ne lâchera jamais et l'intérêt qu'il me porte, me touche.

Ce point essentiel mis au clair, je ne perds pas de temps et me hâte, car Evan m'attend tout à l'heure devant
l'immeuble pour que l'on se rende ensemble en cours. Je décide de porter un jean slim denim stretch, un tee-shirt rayé à manches longues, un blazer noir, une ceinture léopard cuir et des ballerines noires.

Aujourd'hui c'est queue haute et maquillage tout en légèreté.

- Beverly on peut y aller ? Evan doit sûrement nous attendre en bas devant le bâtiment.

­- Oui, je termine de me brosser les dents et on peut décoller. Pas trop le stress ?

- Si, un peu. Ça fait bizarre même... On verra où le vent nous mènera. De toute façon, dans dix mois je retourne en France alors bon... Et puis, lui
partira également dans le pays pour jouer en NFL. Notre histoire est comment dire... déjà tracée ?

-Raahhh, au diable cette fatalité. Vous avez dix mois devant vous alors profitez ! Je rêverais d'être à ta place ma jolie Angèle. Tu vas attiser les jalousies. Tant de groupies vont te haïr quand elles te verront à son bras.

-Ah bon ? Tu crois ?

­- Ah mais c'est même sûr. Quand ils verront que tu ne seras pas la fille d'une journée ou deux, tes oreilles vont siffler comme il faut. Je suis trop fière d'être ta copine. Vous allez trop bien ensemble. Va falloir t'accrocher si tu as envie de faire un bout de chemin avec lui car il est constamment sollicité. Par contre, je le confirme, il semble bien t'apprécier. Il a une telle intensité dans son regard quand ses yeux sont posés sur toi...

-­ Je l'espère. On verra bien. Il faut de toute façon que je reste concentrée sur mes études. Evan doit rester qu'en second plan.

­- No stress ma chérie. On y va ? Je suis prête ça y est.

- Oui, on peut y aller. Attend! J'allais oublier mon ordinateur portable.

­- Ah ah. Toi et tes boulettes.

­- Oui, mais une boulette d'évitée.

Bras dessus dessous, nous descendons gaiement rejoindre le hall d'entrée.
Evan est bien là, devant moi,
entouré d'une horde d'ami du foot US semble­-t­-il. Mes joues rougissent face
à tous ces yeux rivés sur nous. Mais, très vite, mon regard est happé par ce bleu digne des plus beaux lagons tropicaux. Je le fixe et ne vois plus que lui. Un sourire étire mes lèvres, lui aussi d'ailleurs. Beverly lâche mon bras et me laisse avancer vers eux. D'une voix timide :

- Bonjour Evan.

­- Bonjour ma belle. Tu as bien dormi ?

-­ Je dois t'avouer que j'ai eu du mal à trouver le sommeil.

Il me regarde avec tendresse et
dépose un doux baiser sur mes
lèvres. Ce contact est si bon...

- Laisse-moi te présenter une partie de mon équipe de foot US. Je vis quasiment 24 heures sur 24 avec eux. Les gars, je vous présente Angèle.

Les garçons me saluent chaleureusement. Je suis gênée et retourne un timide bonjour. Je n'aime pas être le centre de l'attention. Heureusement Beverly se poste à mon niveau :

- Bonjour Evan. Moi c'est Beverly, the best friend d'Angèle, la seule et l'unique. Tu ne manqueras pas de me présenter plus en détail tes beaux copains hein ? Dès que t'auras cinq minutes bien entendu. C'est pas que je veux faire ma relou, mais quand même, ce n'est pas tous les
jours que j'ai l'occasion de te parler, donc j'en profite d'accord ?

Beverly... Elle n'en rate jamais une. Et Sam le pauvre ?

­- Oui un de ces quatre, autour d'un verre, je te présenterai à un ou deux coéquipiers célibataires, pas de soucis.

­- Merci.

Evan me prend par la main, ce geste tendre me fait chaud au cœur. Nous prenons tous ensemble le chemin du cours d'Anglais. Les regards interrogateurs sont nombreux envers nous et nos mains liées. Je suis intimidée par toute cette curiosité. Je ne fais pourtant rien de mal ? Je ne peux m'empêcher de soulever :

- C'est quand même perturbant...

-­ Quoi donc ?

-­ Tous ces gens qui nous fixent. Hier, je passais incognito, et aujourd'hui c'est tout le contraire.

­- Tu vas finir par t'y habituer. C'est à cause du poste que j'occupe dans mon sport. Être QB, c'est être constamment sous les projecteurs. Jusqu'à présent, tous mes fans m'ont vu célibataires, ou seulement quelques jours avec une nana. Là, tu es l'attraction du jour. Ils se disent : Va-t­-elle rester longtemps aux bras d'Evan Miller ?

-­ Et selon toi ? Que devons-nous leur répondre ?

- Oui, elle va rester longtemps à son bras.

Je lui décoche mon plus beau sourire. Que Dieu l'entende...

Nous arrivons dans la salle pour le cours d'anglais qui va commencer d'ici une quinzaine de minutes. Du monde est déjà installé. Naturellement, je prends place au deuxième rang avec Beverly. Evan me suit, quand un bras le retient fermement. Il se retourne, surpris par ce geste brusque et bafouille :

- Lisa ! Hum... Salut! Un... un problème ?

Punaise, c'est la nana avec qui il a flirté ces derniers jours! Je fais style de rien, et m'assois aux côtés de Beverly. Je tends bien l'oreille pour ne rien rater de cette conversation.

-­ Salut Evan! Je t'ai cherchée partout. Tu m'as laissée en plan hier soir au Crimson's Tide, tu ne réponds plus à mes appels, mes textos... Que se passe­-t­-il ? Je suis folle d'inquiétude.

Il ne lui a pas dit que c'était fini? Mince...

- ­Ouais, c'est vrai, je n'ai pas eu le temps de te répondre. J'ai été beaucoup pris hier soir. A vrai dire, je suis un peu gêné de te le dire comme ça de bon matin, mais on va mettre un terme à cette petite histoire toi et moi d'accord ?

­- P....p...Pardon? Non Evan, ne me dis pas ça s'il te plait? Dis-moi que j'ai mal entendue?

­-Non Lisa, c'est bien clair. On est sorti ensemble deux jours à tout casser, ce
n'est pas la mer à boire si maintenant je te dis que c'est fini.

-­ Mais pourquoi? Qu'ai­-je fait ?

-­ Tu n'as rien fait, c'est juste que... je
fréquente quelqu'un d'autre c'est
tout.

Un silence s'en suit. Lisa est stupéfaite de sa réponse et semble en pleine analyse par ce qu'elle vient d'entendre :

- Attends là, ais­-je bien compris ? Tu as quelqu'un d'autre ? Tu m'as prise pour me jeter comme un chiffon car tu avais déjà une autre nana ? Qui c'est ?

-­ Peu importe. Mon choix est fait, je
ne reviendrais pas dessus.

­- Mais je t'aime moi! Je t'ai toujours aimé Evan! Ça fait deux ans que je t'attendais, que je me suis acharnée à tout faire pour te plaire et comme ça, d'un claquement de doigt tu me jettes? Je t'ordonne de me dire qui est cette nana !

Evan, ne répond pas, blasé par son attitude. Quant à moi, je ressens clairement la colère de cette fille. Je suis gênée d'être quelque part la responsable de ses maux. Elle fixe Evan, attendant en vain une réponse de sa part.

Elle cherche autour de lui, regarde chaque étudiante pour tenter de trouver une faille, une réponse, quand elle pose froidement son regard sur moi. D'instinct, je détourne mes yeux et fixe un point sur mon bureau.

Grave erreur.

- Toi ! C'est toi? gronde t'elle.

Je lève timidement la tête, ne sachant quoi répondre à cette question :

- Pardon ?

­- Es­t-ce-que c'est toi le nouveau joujou d'Evan?

C'est dit avec tellement de dédain que j'hésite à être honnête avec elle, quand il coupe court à cette mascarade :

-Écoute Lisa. D'un, ce n'est pas mon playmobil, et de deux, ouais c'est bien elle ma meuf. Je l'avais d'ailleurs
dans ma tête bien avant que je fasse
l'erreur de sortir avec toi. Sérieux, t'as un grain ou quoi ? Tu te prends pour
qui à réagir comme ça ? Je ne suis pas
marié avec toi, et je n'ai aucun compte
à te rendre. Je te le répète, c'est fini, et quelque part ça n'avait jamais commencé. Donc, merci, tu peux tracer ta route et trouver un siège, le cours va bientôt commencer !

Il règne un silence de plomb dans tout l'amphithéâtre. Tous les étudiants sont attentifs à la scène.

Lisa, humiliée, fronce les sourcils mais aucun son ne sort de sa bouche. Elle fixe intensément Evan puis dirige son regard dur, plein de haine envers moi. Je frémis face à ces éclairs, déglutit, et attends une réaction de sa part.

Elle finit par reculer, la tête haute, et se dirige en silence vers un siège.
Je ne suis pas sereine et suis très mal à
l'aise. Evan, agacé, fini par prendre
place auprès de moi. Il me regarde
et perçoit ma gêne :

- Eh Angèle, ça va ?

-­ Pas trop. Je me sens mal. Je pensais que tu avais fait le nécessaire avec elle hier soir.

-­ Non j'ai complètement zappé, je
suis désolé. Elle m'était sortie de la
tête. Mais ne t'en fais pas, ça lui passera. Elle en aura d'autres des histoires.

-­Tu crois ? Elle doit me détester à l'heure qu'il est. Je suis devenue malgré moi son ennemie public numéro un.

­- Ne t'en fais pas, il ne t'arrivera rien.

Dubitative, je pipe mot. Me voyant clairement soucieuse, il rajoute sur un ton plus léger:

- Aurais-tu oublié que tu sors avec
un joueur de foot US ? Des coups je sais en prendre, mais aussi en donner.

Il me fait un clin d'œil si charmant que je suis obligée de me détendre et lui sourire. J'espère qu'il a raison.

Espérons que le temps apaisera la douleur de cette femme blessée.

***

C'est l'heure de la pause déjeuner. Après ce qu'il s'est passé ce matin, je suis songeuse, angoissée. Je n'arrive pas à penser à autre chose. J'ai tellement de peine pour elle. Je ne cesse de ressasser la scène... Elle avait vraiment envie de m'étrangler. Son regard était si haineux...

En attendant Beverly, je m'installe sur un banc. J'en profite pour terminer la lecture d'un livre. J'ai à peine le temps de lire quelques pages, que l'on me l'arrache des mains.

­- Eh !

Je me lève en sursaut et cherche du regard le voleur. Je tombe dénue quand je découvre l'auteure : Lisa !

-Hum... Lisa? Sympa la blague, mais
veux­-tu bien me rendre ce livre ? Il ne doit pas être abimé. Je l'ai emprunté à la bibliothèque.

-­ Tiens donc... À la bibliothèque. J'en ai rien à foutre si je te l'abîme c'est clair ? Tu t'es prise pour qui ?

- Pardon ?

- Ouais, tu t'es prise pour qui ? Fraîchement débarquée, tu fous en l'air tous mes plans !

­- Quoi ? Mais non, je...

-­ Ferme­-là ! Ecoute­-moi bien : Evan est à moi okay? Propriété privée ! Si tu comprends pas, je vais te faire la
misère t'entends ? Et si tu as le
malheur de lui en parler, c'est bien
plus que des menaces qui vont te tomber dessus! Je suis la fille du Proviseur. Tu sais ce que ça veut dire ? Ça veut dire qu'à tout moment si ça me pète, je te fais renvoyer illico presto en France pigé ?

Mon teint devient livide. Scotchée
par ses propos, figée par la peur, je
me rassoie.

­ - Tu n'as pas le droit. Je ne t'ai rien fait de mal.

-Pardon ? Oh si, j'en ai parfaitement le droit. Ca fait des années que je l'attendais. J'ai tout fait pour lui plaire. Tout ! T'aurais été capable toi de faire de la chirurgie esthétique pour avoir l'assurance de lui plaire ? Bien sûr que non ! Les nanas en temps normal, il joue avec. Il prend du bon temps, les jettent, puis en baise une autre. Je n'avais aucune raison de m'inquiéter, car je savais que mon tour viendrait. Je voyais qu'il n'avait aucune attache, donc j'étais sereine. Mais avec toi... Avec toi rien ne se passe comme prévu ! Il est différent. Il te prend par la main, il est tendre avec toi. Je l'ai vu. Pourquoi ? Pourquoi ?

Je ne sais pas quoi lui répondre. Sonnée par ses propos, je distingue vaguement quelqu'un au loin :

- Angèle ! Eh ! Ça va ? Angèle ? C'est moi Beverly !

­- Euh... Beverly... Salut... Je...

- Lisa ? Qu'est­-ce­-que tu fous là ? Tu viens chercher des problèmes? Parce que si c'est le cas tu vas avoir affaire à moi !

- Salut Beverly... Nan tout va bien relax. J'ai fait une petite mise au point avec Angèle. Rien de plus. C'est entre elle et moi. Notre petit jardin secret. Pas vrai Angèle ?

Les deux me scrutent des yeux. L'une a un air bienveillant, et l'autre ressemble à un vautour. Lisa me fait bien comprendre que si je dis quoi que ce soit à Beverly, elle ira de ce pas compromettre mon année auprès de son père.

J'essaye de me reprendre, et dit d'un air faussement enjoué :

­ - Oui, rien de grave. Tout va bien. Désolé j'étais ailleurs. Lisa, tu me rends mon livre maintenant ? Nous devons partir déjeuner.

- Oui bien sûr. On se dit à la prochaine ?

-­ Ouais...

Avec son sourire tronqué, elle me rend mon livre. Satisfaite d'elle, elle s'en va guillerette. Je suis dégoûtée. Je suis victime de chantage, et je ne peux rien faire pour l'instant.

Je n'en parle pas à Beverly et décide d'attendre. J'espère qu'avec le temps elle cessera et passera à autre chose.

­- C'était quoi ça ? Qu'est­-ce qu'elle voulait ? Fais gaffe, je me suis renseignée sur elle et c'est une folle. Elle a peur de rien cette nana.

­- Rien, elle a tapé la discussion avec moi c'est tout.

-Sûr ? Tu m'en parlerais hein ? Je te dis ça car apparement elle a déjà fait jouer ses relations pour nuire à la scolarité d'étudiants avec qui elle était en discorde. Son père est le proviseur. Une raclure de papa poule qui est prêt à vendre corps et âme pour faire plaisir à sa fille pourrie gâtée.

-Okay. Donc il est bien le proviseur de cet université. Elle m'a parlé de son père en effet, mais j'avais un doute sur la véracité de ses propos.

­- Si... Malheureusement... C'est une vipère. Méfies-toi en.

Bon... Me voilà dans de beaux draps. Je vais prier bien fort pour que cette psychopathe m'oublie.