🕷 05 - Une bien triste découverte 🕷
Un silence pesant régnait dans l'entrepôt, seulement brisé par la respiration hachée d'Anya, qui était bouleversée par la découverte qu'elle venait de faire. Ses poings se serraient et se desserraient sans relâche, ses yeux étaient plus clairs que d'ordinaire en raison des quelques larmes qui lui avaient échappé, et son cœur était serré comme dans un étau. Face à elle, Peter n'en menait pas large, lui non plus. Lorsque Anya avait prononcé son prénom, il s'était figé, et les yeux de son masque s'étaient agrandis sous le choc. Il s'était d'abord demandé comment elle avait pu deviner que c'était lui qui se cachait sous ce masque, avant de se dire que sa voix avait dû le trahir, ainsi que sa bourde de l'autre jour, lorsque son amie l'avait surpris en train de récupérer son costume pour sa ronde nocturne, et qu'il l'avait précipitamment fourré au fond de son armoire.
En tout cas, quelle que soit la manière dont elle l'avait découvert, cela les avait mis dans un embarras des plus profonds, ou, plus vulgairement, dans la merde. Peter pouvait presque voir la distance qui se creusait entre eux, invisible à leurs yeux, mais pourtant bien réelle. Il comprenait la colère et la déception d'Anya. Elle lui avait parlé du combat de l'aéroport, qui avait divisé les Avengers et avait fait de son père un fugitif, prenant sur elle pour éviter que sa voix ne s'étrangle. Et lui l'avait écouté sans ciller, comme un ami, alors qu'il était en partie responsable de ce qui était arrivé. Il ne lui avait pas dit qu'il était Spider-Man, et qu'il avait joué dans la capture de son père et des autres complices du Captain. Et le pire, dans tout ça, c'était qu'il avait posé une main sur son épaule, l'avait regardée droit dans les yeux, et avait affirmé que tout finirait par s'arranger pour elle.
Alors, oui, Peter comprenait parfaitement ce que ressentait Anya. Et il méritait entièrement son mépris, pour ce qu'il lui avait fait. Si elle l'avait giflé, il n'aurait même pas bronché, et se serait contenté d'encaisser le coup. Mais Anya ne fit rien de cela. Elle se contenta de l'observer, dans l'incompréhension et le désespoir le plus total. C'est cette lueur désespérée, brisée, qui acheva de briser le cœur de Peter, qui baissa la tête et ne réfuta pas sa déclaration. Oui, il était Spider-Man. Oui, il avait fauté. Et oui, il s'en voulait. Énormément.
- Je ne comprends pas..., reprit Anya d'une voix rendue tremblante à cause de ses larmes. Pourquoi tu as fait ça ? Pourquoi tu ne m'as pas dit que tu étais Spider-Man ?
- Je... Je ne pouvais pas... Je ne voulais pas que tu m'en veuilles...
- Parce que tu crois que maintenant que j'ai appris la vérité par moi-même, je ne t'en voudrais pas plus que si tu me l'avais dit directement ?
Peter ne répondit rien, et garda son regard rivé sur ses pieds, la nuque brûlante et les épaules voûtées, comme si on avait soudain placé une charge d'une tonne sur son dos. La charge de la culpabilité. Devant cette vision, Anya sentit son cœur se serrer un peu plus, et elle prit son visage entre ses mains, avant de remonter celles-ci sur ses cheveux, qu'elle tira en arrière. Elle passa sa langue sur ses lèvres devenues sèches, se détourna un instant du justicier le plus connu du Queens, qui s'avérait être en fait son ami le plus proche, puis se tourna de nouveau face à lui.
- Je ne t'en veux pas personnellement pour ce que tu as fait à l'aéroport, Peter. Simplement... Merde, je te pensais moins idiot que ça !
Ses nerfs la lâchaient, et elle sentait qu'elle ne tarderait pas à exploser. Soit Peter en prendrait plein la tête, soit elle fondrait en larmes. Et elle préférait éviter chacune de ces deux options. Elle lui en voulait, bien évidemment. Pour lui avoir caché la vérité, mais également pour s'être embarqué dans quelque chose qu'il ne comprenait même pas, et qui le dépassait complètement, tout comme ça la dépassait elle-même. Cette histoire concernait les Avengers, rien que les Avengers. Pas Spider-Man. Pas Peter.
Toutefois, Anya tenait au jeune homme. Il avait été là pour elle au moment le plus difficile de sa vie, et l'avait soutenue loyalement. Comme un véritable ami. Il avait su lui redonner le sourire, alors que son père lui manquait au point qu'elle se renferme sur elle-même, et il avait su lui faire penser à autre chose, alors qu'à chaque instant, chaque seconde, son esprit était occupé par la pensée de son père, seul. Elle ne se rappelait plus le nombre de fois où elle s'était rendue chez lui pour réviser, ou bien regarder un film, très souvent Star Wars, une bonne pizza bien chaude sur les genoux. Elle ne comptait plus le nombre de fois où Peter l'avait réconfortée d'un geste, d'une parole, d'un regard, lorsqu'il avait remarqué à quel point son père lui manquait.
Essuyant ses larmes d'un geste rageur, Anya chassa ces pensées qui la faisaient se sentir encore plus mal, et releva un regard rougi en direction de son ami, qui avait lentement relevé sa tête, qu'il gardait auparavant obstinément baissée.
- Je pensais bien faire..., dit-il d'une petite voix aiguë et remplie de remords. Je voulais simplement aider...
- Aider à faire quoi, au juste ? Tu sais au moins pourquoi tu te battais ? Quelle cause tu défendais ? Madre de dios, Peter, as-tu au moins la moindre idée de ce que tu faisais au milieu de tout ce bordel ?
- Monsieur Stark était venu me chercher...
- Et tu l'as suivi bêtement ? le coupa Anya en élevant la voix. Simplement parce que c'est ton super-héros préféré ?
- Non ! J'avais refusé Anya, je te le jure ! Mais il a tenu à ce que je les accompagne, et je-je voulais l'impressionner, termina d'avouer Peter.
Anya croisa ses bras contre son corps, qui nageait un peu dans le tee-shirt trop grand qu'elle portait. Elle adoptait cette posture plus pour se protéger extérieurement que parce qu'elle avait froid. D'autant plus qu'on était au début du printemps, et que les températures étaient remontées pour céder, peu à peu, la place aux beaux jours. La jeune fille secoua la tête et renifla, laissant son regard se perdre dans le vide.
- On ne joue pas son avenir, et celui d'autres personnes, simplement pour plaire aux autres, Peter.
Cette simple phrase fit réfléchir le jeune héros sur le moment, et continuerait à le faire réfléchir jusqu'au restant de ses jours. Parce qu'elle sonnait juste. Anya avait raison, il le savait, même s'il savait aussi qu'il n'avait pas fait ça uniquement dans le but d'impressionner Tony Stark. Il l'avait aussi fait pour lui, pour se rendre utile. Pour être un héros. Mais désormais, cette raison sonnait étrangement faux, même à ses propres oreilles...
- Je vais rentrer, déclara finalement Anya d'un ton las. Mon oncle doit me chercher partout.
- Je-je vais te raccompagner.
- Non. Je ne préfère pas.
Peter voulut protester, mais son amie avait déjà tourné les talons pour se rapprocher de la sortie, les bras toujours croisés contre son torse. Il resta là où il se trouvait, tout penaud, ne sachant pour la première fois pas quoi faire ou quoi dire pour réconforter celle qu'il avait inintentionnellement trahie et déçue. Il la regarda alors s'avancer vers la sortie, s'éloignant un peu plus de lui à chaque pas. Finalement, une question traversa son esprit, une question primordiale, et il fit un unique pas en avant, avant de se stopper.
- On... On est toujours amis ?
Le mouvement qu'avait entamé Anya avec son bras, suspendu au-dessus de la poignée de la porte de l'entrepôt, se suspendit dans les airs. Elle se stoppa, se tendit, resta de dos par rapport à Peter. Celui-ci déglutit difficilement, le regard rivé sur elle, attendant craintivement sa réponse, les mains moites, le souffle court. Le temps sembla se ralentir, retardant le moment fatidique où Peter obtiendrait une réponse, qu'elle soit négative ou positive. Il espérait de tout cœur qu'elle n'appartienne pas à la première catégorie.
- Je n'en sais rien, Peter...
Involontairement, le jeune homme lâcha un léger soupir de soulagement. Elle n'avait pas mis fin à leur amitié. Elle n'avait pas non plus annoncé qu'ils étaient toujours amis. Elle était simplement perdue, il pouvait le comprendre. Et cette réponse, bien qu'évasive, lui indiquait que la décision de la fille de l'un des Avengers n'était pas définitivement prise. Qu'elle allait y réfléchir. Rien n'était donc encore perdu. Du moins, il voulait s'en convaincre, y croire de tout son cœur...
Après un instant de flottement, Anya abaissa la poignée de la porte, et quitta l'entrepôt abandonné dans lequel elle avait vu son monde s'écrouler autour d'elle. Et ce qu'elle ne savait pas encore, c'était que des épreuves bien pires encore l'attendaient...
* * *
Il n'avait pas fallut à Anya beaucoup de temps avant qu'elle ne tombe sur des policiers, qui patrouillaient dans les rues au volant de leurs voitures noires et blanches, gyrophares allumés. En la voyant, le policier qui cherchait de ce côté de la ville s'était arrêté, ayant reconnu la jeune fille qu'il avait pour mission de retrouver. Immédiatement, il était sorti en trombe de sa voiture de service et s'était assuré qu'elle allait bien, avant de lui poser quelques questions pour savoir où elle était passée, et ce qui avait bien pu lui arriver. Anya avait répondu de manière évasive, encore bouleversée par les derniers événements, et le policier à la silhouette élancée avait finit par la faire monter dans sa voiture et arrêta de l'assaillir de questions qui lui donnaient un mal de tête intense.
Il avait ensuite annoncé à la radio spécialement prévue pour la police qu'il avait retrouvé la jeune fille, en lui jetant un regard blasé à travers le rétroviseur intérieur. Sans doute pensait-il que l'affaire sur laquelle il avait été missionné, qui correspondait initialement à un signalement pour disparition inquiétante, n'était finalement qu'une vulgaire fuite correspondant à une crise d'adolescence. Pour lui, Anya n'était sans doute qu'un problème inutile de plus à gérer, alors que ses épaules étaient déjà chargées de nombreux poids, d'affaires bien plus sérieuses que la sienne.
Ils étaient arrivés peu de temps après au commissariat, où Anya avait retrouvé son oncle, qui marchait de long en large dans la salle d'attente, un gobelet en plastique contenant un café froid dans la main. Cette vision avait arraché une grimace à la jeune fille, qui se sentit brusquement coupable. Son père l'avait confiée à lui pour la protéger de tout danger, et il venait d'échouer à cette tâche, ce qui le rendait malade.
En la voyant, Gil avait marqué un temps d'arrêt, les yeux cernés par la fatigue et injectés de sang à cause de tout le café qu'il avait dû ingérer (une quinzaine de gobelets en plastique trônait dans la poubelle, appartenant tous à l'homme d'âge mûr). Il s'était ensuite précipité vers sa nièce, qu'il avait serrée dans ses bras après avoir lâché le gobelet en plastique qu'il tenait à la main. Tous deux étaient désormais enlacés, aucun des deux ne voulant lâcher l'autre, ayant besoin de ce moment d'intimité, bien qu'ils soient en plein milieu du commissariat du Queens, où de nombreuses personnes se trouvaient, avaient leurs regards rivés sur eux et regardaient avec un certain attendrissement ce spectacle des plus touchants. Celui de l'expression du soulagement à l'état pur, après une nuit de profonde inquiétude.
Gil se détacha finalement de sa nièce, et prit son visage à deux mains avant de la détailler, comme pour mieux s'assurer qu'elle allait réellement bien, qu'elle était en vie, qu'elle lui avait été rendue saine et sauve. Anya le laissa faire, incapable de se défaire de son emprise ou de lâcher une plaisanterie pince-sans-rire comme elle le faisait d'habitude. Elle lui offrit simplement un sourire rassurant, avant que son oncle ne la serre de nouveau dans ses bras en répétant sans cesse « tu es saine et sauve, bon dieu, Anya, tu vas bien... ». Elle se retint de lui rétorquer qu'elle allait moins bien qu'il n'y paraissait, ne voulant pas l'inquiéter davantage et ne voulant de toute manière pas l'accabler avec ses problèmes personnels. Enfin, Gil se détacha de nouveau d'elle, mais passa un bras autour de ses épaules, la gardant contre lui.
- On rentre à la maison.
Après avoir généreusement remercié les policiers pour le travail qu'ils avaient accompli, et après que Anya fut de nouveau interrogée, bien que l'interrogatoire ne dura pas longtemps, ils sortirent dans la rue, retrouvant les bruits habituels de la ville de New-York, qui ne cessait jamais de vivre. Ces bruits incessants, Anya les aimait, de tout son cœur, comme tout New-Yorkais. Ils étaient la preuve que le monde continuait de tourner, malgré les ennuis que les humains pouvaient rencontrer.
Son oncle ouvrit sa voiture, qui était garée juste devant le commissariat, légèrement de travers, indiquant à la jeune fille qu'il s'était garé en vitesse pour signaler sa disparition. Sa gorge se serra lorsqu'elle repensa à l'inquiétude qu'elle avait dû lui causer. Elle s'approcha de la voiture de son oncle, et elle ouvrait la portière côté passager pour entrer dans le beau SUV noir lorsqu'un frisson la parcourut, commençant au niveau de sa nuque et se terminant en bas de sa colonne vertébrale.
Les sourcils froncés, Anya se retourna, et chercha du regard la personne qui semblait l'observer, si elle se fiait à ses sens. Elle parvint aisément, presque un peu trop, à trouver la personne qui l'observait, perchée sur le toit du commissariat. Accroupi, ses mains placées devant lui, Spider-Man l'observait, et semblait même veiller sur elle, comme un gardien. Anya secoua la tête, et se détourna du super-héros en collants pour entrer dans la voiture, où son oncle l'attendait, assis derrière le volant.
Sitôt qu'elle fut attachée, il démarra et prit la direction de la maison, sans remarquer que sa nièce avait le regard rivé sur l'extérieur, sur le justicier masqué du Queens, dont elle connaissait désormais l'identité. Et lui non plus, ne la quittait pas des yeux. Ils se suivirent du regard, jusqu'à ce que le SUV ne s'éloigne suffisamment pour que le commissariat disparaisse derrière les hauts buildings de la Grande Pomme, et avec lui, le jeune homme en costume rouge qui s'efforçait du mieux qu'il le pouvait de protéger cette ville, et ceux qu'il aimait.
Chapitre assez simple, mais qui était nécessaire vu la découverte d'Anya. Qu'en avez-vous pensé ? Plutôt team Peter ou team Anya ? Non je plaisante, pas de team svp, ils ont tous les deux raison x)
J'ai décidé de poster ce chapitre deux jours à l'avance pour que vous puissiez tous le lire, étant donné qu'un gros chapitre en deux parties attend les lecteurs de Himmelska ce week-end (vous êtes prêts j'espère ?). J'ai donc préféré poster le chapitre de Totem aujourd'hui, pour éviter de vous bourrer de lecture ce week-end. C'est mieux réparti comme ça ^^ en tout cas, j'ai été productive cette semaine, pfiou ! Espérons que ça dure...
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