Chapitre 60 : La nouvelle génération
Tout n’était que chaos et poussière dans New York. Le Rockefeller Center, partiellement détruit, ne tenait que par miracle. Ses bases s’étaient effondrées, menaçant de détruire les galeries souterraines. On aurait pu croire que la vie s’était éteinte. Et pourtant, ce n’était pas le cas. Puisqu’au deuxième étage, une lueur d’espoir persistait. Elle était brune, elle avait des yeux fluorescents, et actuellement elle se tenait debout, les mains tendues vers le plafond. Elle maintenait en position une plante grimpante immense, parcourue de veines lumineuses. Celle-ci s’était superposée à la structure de l’immeuble et tentait de la maintenir autant que possible.
Malheureusement, plus les secondes défilaient plus, Caitlin Hamato peinait à maintenir son pouvoir. Depuis qu’elle avait entendu ses parents, plusieurs minutes étaient passées. Ça devait bien faire 20 minutes maintenant. La jeune fille commençait à fatiguer.
« Caitlin ? Ça va aller ? »
« Je ne sais pas… je ne sens plus mes jambes… »
Et en effet, lorsque l’américano-japonaise baissa la tête vers les pieds de son amie, force était de constater qu’elles tremblaient fortement.
« Assis-toi ? » proposa April.
« Non, c’est trop risqué. Il ne faut pas que je bouge. Quoi qu’il arrive »
Elle grimaçait sous l’effort. Le temps pressait. April tourna la tête vers sa mère. Elle était toujours inconsciente, mais au moins elle respirait. Tout comme Olivia. Mais il fallait quand même les faire sortir de là à tout prix.
« Keiji ? » interpella-t-elle en fixant son frère, agenouillé près de leur mère « Reste auprès de maman et veille sur Caitlin, je vais essayer de trouver une issue et des survivants d’accord ? »
Le petit garçon hocha la tête, essuyant de sa manche, quelques larmes sur ses joues. April prit alors une inspiration avant d’allumer son téléphone. Heureusement, il était chargé à bloc. Même si elle n’avait pas de réseau, elle avait de la lumière. Bon, la première chose à faire était de trouver un passage. April jeta un œil aux alentours avant de s’arrêter net : là, entre les débris. C’était étroit, mais elle pouvait passer. Elle accrocha alors son téléphone à elle, contre sa poitrine et se glissa à l’intérieur. Autant dire que ce ne fut pas une mince affaire de se glisser entre les débris, mais, lorsqu’elle y parvint, elle débarqua dans un immense espace. Il faisait noir, on ne voyait pas à 1 mètre à cause de la poussière, mais au moins, elle avait peut-être réussi à gagner le cœur de l’immeuble. Si elle pouvait alerter quelqu’un, c’était maintenant ou jamais.
« Il y a quelqu’un ?!!! Est-ce que quelqu’un m’entend !!!? »
Le silence l’accueillit, mais, au bout de quelques minutes, une voix retentit non loin d’elle. Un survivant ! April courut immédiatement à sa rencontre. Un homme était coincé sous les décombres et sa jambe était en mauvais état. La jeune fille lui fit un garrot de fortune avec son écharpe, puis le rassura. Elle devait réunir le plus de monde possible, mais surtout, trouver une issue. Une tâche fastidieuse, car tout était bloqué et la surface était trop grande à couvrir. Seulement, elle eut la chance de tomber sur une dizaine de survivants.
« Petite ! D’où viens-tu comme ça ? » demanda un homme.
« D’un peu plus loin par là-bas. Je vais aller droit au but, il faut que tout le monde trouve une issue. Ma famille, va arriver, mais, pour qu’ils nous aident, il faut que l’on trouve une sortie. »
Certains demeurèrent un instant interdit devant elle, mais, après réflexion, ils durent bien admettre qu’elle n’avait pas tort. Ils devaient trouver une sortie pour alerter les secours. Alors ils s’y mirent tous. Tout à coup, alors qu’April fouillait dans un coin, désespérée, un filet de lumière apparut. Les larmes aux yeux, elle se précipita vers ce dernier, libérant un mince bloc de béton. Le trou s’agrandit. À présent, elle pouvait passer la main !
« AU SECOURS !!! Il y a quelqu’un !!!??? »
Rien, en revanche, elle entendit des pas dans le lointain. Il y avait des gens pas loin ! Elle ne pouvait rien voir d’autre qu’un mince filet de lumière et un trou dans le béton. Il devait y avoir au moins une dizaine de tonnes de débris au-dessus de sa tête. Mais si quelqu’un pouvait l’aider, alors elle allait continuer.
« Il y a quelqu’un ???!! Je vous en prie !!! Je suis là !!! »
« April ???! »
La jeune fille crut un instant qu’elle allait pleurer. Cette voix… c’était celle de sa marraine, Hayden !
« Marraine !!! Je suis là !!! »
« April !! »
Cette fois, les pas se rapprochèrent et une autre voix retentit.
« April, tu m’entends ?? »
La jeune fille fondit immédiatement en larmes en reconnaissant la voix de Léo.
« Parrain ! »
« Où sont les filles ? »
« Caitlin tient le coup, mais il faut la sortir de là. Maman est inconsciente et Olivia aussi ! »
« Ne bouge pas ! On va dégager tout ça pour vous sortir de là ! Essaie de déblayer de ton côté ! » ordonna Léo de l’autre côté de la paroi.
April obtempéra, ne s’arrêtant pas un seul instant pour souffler. Elle retirait les débris les uns après les autres tandis qu’elle entendait creuser de l’autre côté. Puis, au bout de cinq minutes, enfin, un puits de lumière apparut devant elle. Tout se mit à s’effriter et un courant d’air la fit frissonner alors que la lumière du jour l’éblouissait totalement. Elle se sentit tout à coup tirée en avant par deux bras puissants.
« Tu n’as rien de cassé ? » demanda Léo, inquiet en serrant sa filleule dans les bras.
« Non c’est bon », répondit April en lui faisant un câlin à son tour.
« Bon, alors tu vas rester avec Hayden et moi je vais chercher les autres », ordonna-t-il avant qu’Hayden ne la serre à son tour dans ses bras.
La jeune fille hocha la tête. Le mutant n’attendit pas plus longtemps et disparut sous les décombres. Dans les minutes qui suivirent, d’autres personnes apparurent. Hayden et April les aidèrent à sortir et à s’asseoir dans un coin tranquille, loin des ruines en attendant le retour de Léo. Enfin, après d’interminables minutes, la tortue réapparut, portant Joyce dans ses bras. April se précipita vers elle.
« Maman ! »
« Est-ce qu’elle va bien ? »
« Je ne sais pas. Elle n’a rien de cassé à priori, mais j’espère qu’elle n’a pas de commotion cérébrale. Il va falloir la ramener aussi vite que possible à la base », répondit-il en la posant à terre à côté d’April et de sa femme.
Au même moment, Olivia et Keiji apparurent, tenant Caitlin par la main. Le petit frère d’April, pour sa part, fonça dans ses bras en pleurant.
« Les filles ! Comment est-ce que vous vous sentez ? » demanda Hayden en les réceptionnant.
Caitlin secoua la tête, les yeux mi-clos tandis qu’Olivia, la peau pâle faisait peine à voir. Elle avait des vertiges et du mal à respirer.
« J’ai fait tout ce que j’ai pu, mais… je suis crevée »
« Ne t’en fais pas, tu as déjà fait beaucoup » fit Léo en l’auscultant brièvement pour s’assurer qu’elle n’avait rien de grave « Si tu avais continué, tu te serais sans doute évanouie et tu aurais été malade. Comme ta mère avant toi »
« Mais si ça se trouve, il y a encore des gens en dessous… » rétorqua-t-elle.
Cette fois, Léonardo esquissa un sourire moqueur. Et elle était aussi têtue que Donnie et Amy réunis.
« La plante que tu as fait pousser maintient pour un temps une partie de la structure. J’ai cherché pendant dix minutes des survivants après avoir trouvé April. À part les survivants qui sont sortis, j’en ai sorti cinq de sous les décombres, mais les autres doivent être encore coincés. Tu as déjà sauvé des vies. Laisse-nous faire le reste d’accord ? »
La brune scruta un instant son oncle avant de finalement laisser tomber et se reposer contre l’épaule de sa tante. Le mutant, pour sa part, se redressa, avisant les personnes blessées autour de lui, sa femme, son amie et les enfants. Bon, comment ramener ce petit monde à la base ? Il ne pouvait pas transporter tout le monde et Amy était pour l’instant occupée. Alors, comment faire ? Tout à coup, un klaxon familier lui fit tourner les talons. Le Shellraiser !
« Un petit coup de main peut-être ? » s’exclama Mikey en ouvrant la portière coulissante.
Heureux et soulagé de voir ses frères, Léonardo soupira avant de leur faire une accolade.
« Ça va vous ? »
« Oui. Tout le monde va bien. On les a laissés à la base et on est partis vous aider » répondit Raphaël.
« Merci à vous deux, je ne sais pas comment on aurait fait sinon… »
« Embarque tout le monde dans le Shellraiser et retourne à la base. On va aller déblayer les débris, voir si on trouve des survivants », recommanda Mikey, sa fille dans les bras.
« Compris, on fait comme ça. Des nouvelles de Jayden et des autres ? » demanda le leader, très inquiet.
Raphaël secoua la tête, désolé. Amy n’arrivait pas à localiser ni à communiquer avec Lucy et les autres, simplement à cause des pouvoirs de sa fille. Ils étaient si puissants qu’ils formaient un bouclier, empêchant quiconque, même sa famille, d’interagir avec elle. Pour l’heure, elle ne contrôlait pas assez ses pouvoirs pour permettre de communiquer avec eux. Elle n’y parvenait seulement par vague et lorsqu’elle était suffisamment en colère pour ça. Leur seule chance était donc qu’elle active ses pouvoirs par mégarde. En attendant, tous trois décidèrent de faire selon leurs plans. Pendant plus d’une heure, ils firent plusieurs allers-retours entre la base et les alentours afin de ramener le plus de monde possible, le temps que les secours ne s’y mettent dans cette zone.
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« Jonathan ? »
Cette voix… je la connais. Pourquoi elle m’appelle ? Qu’est-ce qui se passe ? J’essaie d’ouvrir les yeux, de me réveiller, mais je n’y arrive pas.
« Jonathan ! »
Sa voix était plus forte à présent. Elle ne devait pas être loin. Enfin, après d’interminables secondes, voire quelques minutes à papillonner des yeux, je parvins à les ouvrir. Ma vue était floue, je ne voyais rien et surtout j’avais mal partout. Il me fallut une bonne dizaine de secondes avant qu’enfin je ne retrouve une partie de ma lucidité. Tout à coup, je sentis l’air se bloquer dans ma poitrine. Le vide. Il y avait en dessous de moi, une trentaine de mètres, peut-être plus. La seule chose qui m’empêchait de tomber était une plaque de verre double vitrage, à moitié fissurée. Et j’étais étalée de tout mon long sur cette dernière.
« Jonathan ? Tu vas bien ? » appela une nouvelle fois Rose au-dessus de ma tête.
« Oui… ça peut aller… je crois que je me suis ouvert le front, mais, sinon ça va »
« Mais… tu es… »
« Je sais, ça craint » la coupait-je, d’une voix tremblante.
Je n’allais pas lui mentir, j’avais la trouille. Je ne savais pas jusqu’à quel point elle était fragile. Est-ce qu’elle allait supporter mon poids si je m’asseyais ? En tout cas, je ne me sentais pas encore prêt à agir. Il fallait tout d’abord que je trouve un endroit où me réfugier. En tournant la tête vers la droite, je remarquais que plusieurs fenêtres avaient cédé. Il n’y avait que quelques meubles encore accrochés au sol, dont un bureau. Il n’était pas très loin, mais je ne pouvais pas y accéder sans aide. Comment je pouvais faire ? Tout à coup, une autre voix retentit au-dessus de ma tête.
« Jonathan ! »
« Jayden ? »
« Oui c’est moi. Ne bouge pas, je viens te chercher. »
« Je ne vois pas où tu veux que j’aille… » rétorquais-je en ricanant quelque peu.
J’étais rassuré de savoir qu’il était là. Mais l’idée que les filles puissent avoir peur en me voyant dans cette situation ne me plaisait pas du tout. Car, au-dessus de ma tête, j’entendais aussi les pleurs de Lexie. Lucy, ne disait rien, mais, je savais qu’elle était là, les yeux rivés sur moi. Je savais aussi qu’elle n’allait pas penser à respirer correctement tant que je ne serais pas hors de danger.
« Hé sœurette, n’oublie pas de respirer s’il te plaît »
« Je vais essayer… mais je ne te promets rien »
J’entendais nettement sa voix trembler. Je détestais la sentir ou la voir aussi mal. Il fallait que je sorte de là le plus vite possible. Heureusement, entre temps, Jayden avait réussi à se rapprocher de moi et s’était accroché au meuble que j’avais repéré. Il n’était qu’à quelques mètres de moi et me tendait la main. Pour ma part, je pris une profonde inspiration, la peur au ventre avant de me redresser doucement, tout en évitant de trop peser sur la vitre. Je mis un temps fou avant de réussir à me tenir assis. Plusieurs craquements avaient retenti, mais heureusement, la fissure ne s’était pas étendue. Enfin, je parvins à me tenir accroupie. Allez… encore un petit effort. Soudain, alors que j’étais pratiquement debout, un craquement plus fort que les autres retentit. Des sueurs froides se mirent à me couler dans la nuque lorsque je me rendis compte qu’à présent, tout le verre s’était fissuré sous mes pieds.
Pdv extérieur
Par la suite, tout se déroula très vite : Jonathan tourna la tête vers son cousin avant de prendre son élan et de sauter juste à temps vers lui, au-dessus du vide. La fenêtre implosa au moment où Jayden saisit la main de son cousin au vol. Soulagés, tous deux prirent un petit moment pour reprendre leur calme. En haut, Lucy avait finalement craqué, fondant en larmes avec Lexie dans les bras.
« Ça va aller frangine, calme-toi, regarde je vais bien » l’interpella Jonathan pour essayer de la rassurer.
« Non ça ne va pas aller ! Comment vous allez remonter ?? Je ne peux pas vous aider et je ne peux même pas contacter maman ! Je suis encore novice, je n’y arriverais jamais. »
« Lucy, tout va bien d’accord ? On va contacter maman pour qu’elle vienne nous chercher quand on aura réussi à remonter avec Rose. Ça te va ? »
La jeune fille hésita un instant, les yeux embués de larmes. Elle essuya ses joues avant de hocher la tête. En soi, son frère n’avait pas tort, mais elle avait un très mauvais pressentiment. Quelque chose lui disait que ça allait mal finir.
« Les gars, ne me laissez pas là, je vous en supplie… » les supplia Rose, en larmes, de l’autre côté de la pièce.
« Ne t’en fais pas, on ne t’oublie pas », la rassura Jayden avant d’analyser la situation.
Bien. Rose était sur un meuble, accroché au mur. Elle était bien plus près de l’entrée de la pièce qu’eux, mais le problème était que son perchoir était isolé. Si jamais elle tentait quoi que ce soit, elle tomberait sûrement dans le vide. La seule option qu’elle avait se trouvait être une canalisation accrochée au mur à côté d’elle et qui atteignait l’entrée de la pièce.
« Rose ? J’ai une idée, mais ça ne va pas te plaire… », proposa Jayden.
« Laquelle ? »
Pour toute réponse, le jeune homme lui désigna la canalisation. Rose comprit immédiatement. L’angoisse pouvait se lire sur son visage. Elle se mit à secouer la tête frénétiquement, retenant des sanglots bruyants. Jonathan serrait les poings. La voir comme ça était… insupportable. Il avait envie de la rejoindre pour l’aider et la rassurer, mais il ne pouvait pas faire grand-chose.
« Je ne vais pas y arriver… je ne vais pas y arriver… »
« Si. Tu l’as fait tout à l’heure, tu as réussi à monter sur ce meuble, tu vas réussir à rejoindre les filles », tenta Jonathan.
« Il a raison et en plus, tu fais partie du club de gymnastique du lycée avec Caitlin. Tu peux le faire », ajouta Jayden.
La jeune fille ne répondit pas. Elle se passa une main dans les cheveux, au niveau du cuir chevelu, un toc qu’elle avait quand elle stressait. Elle demeura tête baissée, les yeux clos. La tension était à son comble. Personne n’osait dire un seul mot. Finalement, Rose releva la tête. Elle s’attacha les cheveux en une queue de cheval bien serrée avant de regarder la canalisation.
« OK… allons-y »
Sur ce, elle attrapa la gouttière, souffla un bon coup et se lança. Elle avançait à un rythme avancé, se balançant pour se déplacer petit à petit jusqu’à la fenêtre. Jayden, Jonathan et Lucy retenaient tous les trois leur souffle, l’encourageant à plusieurs reprises.
« C’est bien… continue comme ça » fit Jonathan « Repose-toi un peu si besoin »
À mi-chemin, la rousse força sur ses abdos pour remonter et s’accrocher à la gouttière à l’aide de ses jambes. Quelques secondes de pause et elle reprit son parcours. Tout à coup, sans qu’elle ne puisse prévoir ce qui allait arriver, la gouttière céda dans un craquement sinistre. Rose poussa un cri de terreur, lâchant la gouttière pour atterrir et glisser dans le vide jusqu’à la mort.
« ROSE !! » hurla Jonathan avant de sauter à son tour.
Il glissa lui aussi jusqu’à elle, l’attrapant au dernier moment alors qu’elle allait être précipitée dans le vide par la fenêtre. Si tous deux tenaient, ce n’était que par miracle. Rose battait des jambes dans le vide, cherchant comment remonter, mais rien n’y faisait.
« AU SECOURS ! Je t’en supplie aide moi !! »
« Je suis là ! Je ne te lâcherai pas ! » cria Jonathan.
« Ne bougez pas ! » hurla Jayden, en panique.
Il regardait frénétiquement de tous côtés, cherchant désespérément une solution. Le problème était qu’il ne pouvait rien. Il ne pouvait qu’assister à l’horrible scène qui se déroulait sous ses yeux : son cousin, son ami, son frère de cœur était en train de glisser progressivement, basculant avec Rose dans le vide, se blessant les avant-bras et les mains au passage à cause des éclats de verre.
« On ne va pas tenir… on ne va pas tenir ! Lucy, je sais que tu es encore novice, mais t’es notre seule chance ! Concentre-toi frangine ! » pressa Jonathan, les larmes aux yeux.
Là-haut, les pleurs de l’adolescente ne firent que redoubler, de concert avec Lexie, recroquevillée derrière elle, cachée à la vue de son grand frère. Lucy paniquait totalement, sans réussir à se calmer et le temps pressait. Jusqu’à présent, elle avait activé ses pouvoirs en restant calme et en se servant de sa colère comme motivation. Elle n’arrivait jamais à recouvrer cet état-là.
« Lucy !! »
« Je ne peux pas ! Je n’y arrive pas ! MAMAN VIENT NOUS TROUVER S’IL TE PLAIT !!! MAMAN !!! »
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De l’autre côté de la ville, Amy, qui était arrivée à la base avec Donnie depuis une dizaine de minutes, se transforma d’un seul coup, le regard tourné vers la ville.
« Chérie qu’est-ce qui se passe ?? » demanda son mari.
Amy ne répondit pas. Dans sa tête résonnaient les appels de ses enfants. Elle n’avait pas le temps. Elle devait y aller. D’un bond, elle décolla, fonçant dans les airs jusqu’au centre-ville, laissant le reste de sa famille sur le parking de la base.
« Pourvu que j’arrive à temps, s’il vous plaît », priait-elle, la peur au ventre.
Seulement, ce qu’elle ne savait pas, c’était qu’entre-temps, quelque chose d’extraordinaire venait de se produire…
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« Je ne peux pas ! Je n’y arrive pas ! MAMAN VIENT NOUS TROUVER S’IL TE PLAIT !!! MAMAN !!! »
Tout à coup, Lucy sentit une chaleur affluer en elle. Elle sentit ses doigts picoter, une sensation familière à présent. Mais cette fois, tout était différent. Elle se sentait ailleurs. Elle n’entendait plus les cris de peur de son frère et son amie, elle n’entendait plus la respiration haletante de Jayden qui essayait de trouver une solution. Elle se trouvait dans un autre endroit. Tout était blanc autour d’elle.
« Où suis-je ? »
« Dans un endroit spécial afin de retrouver ton calme », fit une voix dans son dos.
Lucy se retourna. Devant elle se trouvait un rat. Cela aurait pu lui paraître bizarre si elle ne l’avait pas déjà vu quelque part.
« Euh… qui êtes-vous ? »
« Tu sais très bien qui je suis mon enfant. J’ai très peu de temps alors je vais faire vite… n’aie pas peur de tes pouvoirs, tu es capable de faire des miracles, comme ta mère avant toi. »
« Mais… je ne parviens pas à créer quoi que ce soit… mon pouvoir repose sur mes rêves et pour qu’il fonctionne, je dois parvenir à imaginer quelque chose puis à le matérialiser. Jusqu’à présent, je n’ai rien pu faire. Comment je peux y arriver si je ne sais pas comment faire ? »
Un rire s’échappa du rat. Un rire bienveillant et nostalgique. C’est là que Lucy le reconnut. Elle savait où elle l’avait vu. Elle allait parler quand il la coupa.
« Je dois bien admettre que tu ressembles beaucoup à Donatello parfois. Tu réfléchis trop et tu n’agis pas à cause de la peur de l’échec. Laisse ton esprit en paix, et crée quelque chose qui te ressemble. N’importe quoi qui puisse être ton arme, pourvu que cela te ressemble »
La jeune fille méditait ses paroles, perplexe. Elle avait encore tellement de questions à lui poser. Mais elle n’en eut pas le temps. Lorsqu’elle releva la tête vers lui, il avait disparu. Seul un message persista dans son esprit lorsqu’elle revint à elle, dans le couloir de l’immeuble.
« Une dernière chose : peux-tu livrer un message à mes fils ? »
Lucy hocha la tête, souriant à travers les larmes avant de fermer les yeux, portant les mains à sa poitrine. Cette vision n’avait duré qu’une poignée de secondes, elle avait encore le temps d’agir. Elle se concentra, visualisant la forme de son arme dans son esprit et… tout à coup, une forme lumineuse apparut dans ses mains, se matérialisant en un magnifique violon. Elle se saisit de l’archet et se mit à jouer. L’effet fut immédiat : une onde d’énergie s’en échappa, puis une deuxième, une troisième, une quatrième jusqu’à l’apparition d’une forme, cent fois plus grosse que tout à l’heure. Il était temps. Juste au moment où Jonathan tombait dans le vide avec Rose, Lucy se téléporta au-dessus d’eux, envoyant la forme qu’elle avait créée pour les rattraper. Leur chute fut arrêtée nette. Tous deux tremblaient encore de peur avant que son sort ne prenne sa forme finale, celle que Lucy venait d’imaginer.
« Je n’y crois pas… » murmura Jayden, émerveillé.
Devant lui se trouvait une magnifique baleine translucide. On aurait dit, une bulle de savon fantaisiste, mais, elle était bel et bien là. Lucy prit place sur sa tête, tout en continuant de jouer son air. Elle approcha suffisamment la baleine de son cousin pour qu’il saute dessus et récupère sa sœur et les voilà partis, volant sur une forme imaginaire.
« C’est incroyable… » commenta Rose en esquissant son premier sourire depuis le début de la catastrophe.
Les autres ne purent dire quoi que ce soit. Ils profitaient plutôt de la vue et de la joie d’être en vie. Ce qu’elle avait fait était tout bonnement incroyable. Et ils n’étaient pas au bout de leur surprise.
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À la base…
Les secours s’activaient auprès des blessés, Joyce s’était réveillée il y a quelques minutes avec une légère commotion cérébrale. Olivia allait mieux. Les garçons, pour leur part, attendaient dans l’angoisse. Voir partir Amy comme ça les avait tous bousculés. Tout comme Hayden qui ne cessait de faire les cent pas en se rongeant littéralement les ongles. Tout à coup, Mikey plissa les yeux, regardant très nettement l’horizon. Il lui semblait apercevoir quelque chose au loin. D’un geste, il secoua Raphaël, assis à côté de lui et perdu dans ses pensées.
« Hm… ? Quoi ? »
La seule réponse à laquelle il eut droit fut l’exclamation de Mikey.
« Putain j’y crois pas ! »
Ce dernier se leva et courut au-devant de la foule, qui commençait à se ressembler pour observer le ciel. Les trois autres ainsi que les enfants le rejoignirent, abasourdis.
« Est-ce que c’est… ? » commença Léo.
« Des baleines ! » s’exclama la petite Eileen dans les bras dans sa mère en tendant le doigt vers le ciel.
Et il y en avait partout. Une bonne dizaine de baleines translucides se dirigeaient tranquillement vers eux, flottant dans le ciel comme dans l’océan. Plusieurs personnes se trouvaient dessus. Des rescapés. La foule de survivants commençait à pousser des exclamations de joie, accueillant et aidant les personnes à descendre, tandis que les enfants regardaient ce spectacle, les yeux pétillants. Soudain, Raphaël entendit un reniflement. Le mutant tourna la tête à sa droite, stupéfait.
« Donnie, tu pleures ? »
Le père de famille ne répondit pas, se contentant de s’essuyer discrètement les joues et d’esquisser un sourire touchant. La fierté, mais aussi le soulagement pouvait se lire dans ses yeux.
« Regarde plutôt là-haut au lieu de me chambrer… Tu vas comprendre »
Et effectivement. Sur la plus grosse baleine se trouvait une jeune fille. Elle jouait du violon. Et elle s’était transformée. Sa forme d’elfe. Au-dessus d’eux se trouvait Amy, accompagnée de quelques survivants également. L’animal fantastique se posa devant eux, disparaissant progressivement jusqu’à ce que ses passagers soient entièrement au sol. Hayden et Léo foncèrent vers leurs enfants, les larmes aux yeux. Amy pour sa part, ayant vu les larmes de Donnie, le rejoignit pour l’embrasser.
« Jonathan !! » s’écria Caitlin en courant dans les bras de son jumeau.
Celui-ci l’attrapa à la volée, la serrant de toutes ses forces contre lui et lui embrassant la joue à de multiples reprises. Ils furent bien vite rejoints par ses cousins et cousines. Ne restait plus que Lucy. La jeune fille venait de finir de jouer et avait repris pleinement conscience. Sa forme d’elfe disparut d’un coup et elle se laissa tomber sur le sol, suant à grosses gouttes. Même si sa mère lui avait expliqué, elle ne s’attendait pas à ce que cela soit si épuisant, qu’elle allait ressentir une telle sensation de vide.
« Lucy ! » s’exclama Donnie en courant vers sa fille pour la prendre dans ses bras « Ça va ma puce ? »
« Je vais bien, mais je suis fatiguée… »
« C’est normal », sourit-il en lui embrassant le front « Tu as le droit de dormir maintenant »
La blonde hocha la tête avant de bâiller à s’en décrocher la mâchoire. Si elle avait envie de s’écrouler, elle se rappelait qu’elle avait quelque chose à dire à ses oncles et à son père. Et justement, Raphaël aborda le sujet.
« Bravo fillette ! Je dois bien admettre que je suis impressionné. Je ne sais pas comment tu as fait, mais c’était incroyable. »
« Justement, j’ai reçu un peu d’aide… »
« Comment ça ? », répondit Raphaël en fronçant les sourcils.
Avant de répondre, Lucy fit signe à ses oncles de se rapprocher. Ce qu’ils firent, interloqués. Voyant qu’elle avait leur attention, la jeune fille poursuivit.
« Je paniquais totalement et à un moment, tout est devenu blanc autour de moi et j’ai vu… grand-père, »
« Tu as vu mon père ? », demanda Amy.
« Oh non, non j’ai vu notre grand-père paternel. La dernière fois qu’on en a parlé, j’étais trop petite pour m’en souvenir, mais vous l’appeliez autrement. Un vieux rat en kimono avec un air autoritaire et bienveillant »
La réaction des mutants se fit immédiate : ils écarquillèrent tous les yeux, et Léo pour sa part, eu de suite les larmes aux yeux.
« Tu… tu as vu Maître Splinter ? »
« Oui. Il m’a conseillé sur ce que je devais faire pour libérer mes pouvoirs. Il a aussi parlé de toi papa, comme quoi je te ressemblais un peu trop parce que tu réfléchissais beaucoup trop par peur de l’échec. »
Le concerné esquissa un sourire nostalgique tandis que Raph lui mettait une tape affectueuse sur l’épaule.
« C’est comme ça que je suis parvenue à activer mes pouvoirs. Et il m’a aussi demandé de vous faire passer un message ».
« Lequel ? »
« Il a dit je cite Dis à mes fils que je les tiens à l’œil et si jamais ils entachent l’honneur des ninjas qu’ils sont, je viendrais les hanter dans leur sommeil »
Le ton qu’elle avait pris pour imiter leur père était tellement réel que les garçons firent la moue, regrettant déjà d’avoir posé la question. Cependant, après la peur de voir le fantôme de leur père revenir d’entre les morts pour leur botter le train, l’émotion les gagnèrent. Parce qu’ils savaient que c’était également un message d’amour pour eux. Leur père leur disait de manière subtile qu’ils veillaient sur eux. Et ça les touchait. Tous les quatre se mirent à pleurer. Et puis, Lucy s’endormit contre son père d’un seul coup. Le moins que l’on puisse, c’était que cette journée avait été éprouvante. Aussi bien pour l’ancienne que pour la nouvelle génération…
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