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Chapitre 3 - Le petit paradis

Dès que j'ai avoué à Isaac que je ne trouvais plus Nem-Nem, j'ai su que je venais de m'attirer de gros ennuis.

Il faut que je vous explique. Nem-Nem est un lapin en peluche jaune que notre père a gagné à une fête foraine, il y a des années de ça, au premier rencard qu'il a eu avec notre mère ; il le lui a tout de suite offert, et comme c'était la semaine de Pâques, la tradition familiale est arrivée d'elle-même ; tous les ans, mes parents cachent Nem-Nem quelque part sur notre propriété et nous, les enfants, on doit le chercher en même temps que nos chocolats. Celui qui le trouve peut le garder dans sa chambre tout au long de l'année suivante et récolte un peu de chocolat en plus. L'an dernier, c'est moi qui ait trouvé Nem-Nem, ce qui, croyez-moi, relève de l'impossible quand les cacheurs de lapins sont mes parents. Je l'ai trouvé niché dans un nid d'oiseau abandonné en haut d'un arbre, à moitié dissimulé par les feuilles et les autres branches. Comment je me suis retrouvé là-haut ? Si vous voulez le savoir, il vous suffit de contacter le salopard de serpent volant qui m'a atterri sur la nuque et m'a fait hurler comme une fillette et qui m'a fait sauter dix mètres en l'air. Bref, ce n'est pas ça l'important (n'ayez pas de faux espoirs, ce détail ne m'empêchera pas de vous tuer si vous le répéter à qui que ce soit, j'ai déjà beaucoup de chance que Morgan ne m'ait pas entendu). Ce matin, quand je me suis réveillé, Nem-Nem, supposé être posé sur ma table de nuit à côté de mon réveil matin, avait été remplacé par un lapin pratiquement identique - mais au ruban bleu au lieu de vert autour du cou. Pâques est dans une dizaine de jours. Si je ne le retrouve pas d'ici là... Je veux un cercueil blanc.

- Comment ça, Nem-Nem a disparu ? s'écrit Isaac, à deux doigts de m'arracher la tête.

- Je te signale qu'on partage notre chambre, d'accord, alors c'est franchement toi qui a l'air le plus suspect ! me défendis-je en écartant les bras.

- J'ai dormi toute la nuit !

- Comment tu peux le prouver si moi aussi, je dormais ? rétorquais-je.

Il ne répond rien et on s'affronte du regard pendant quelques secondes. Scott et Luke, eux, échangent silencieusement une conversation lourde de sous-entendus, probablement parce qu'on leur fait penser à des gosses de quatre ans se chamaillant pour la nouvelle petite voiture censée appartenir aux deux.

- Allez, viens, Derek, soupire Luke en passant un bras autour de mes épaules.

- Mais... Je n'ai pas terminé ! signalais-je.

- Oui, oui, je sais. Tu sais quoi ? On en parlera plus tard. Laisse à Isaac le soin de trouver Nem-Nem et nous on va aller parler plus loin pour laisser le couple se rouler des pelles tu veux bien ?

- Pourquoi ce serait à Isaac de le trouver ?

- Parce que tu es très nul pour trouver les objets. Tu as tendance à oublier où tu as mis ton sac alors qu'il est encore sur tes épaules !

- Ce n'est pas vrai, ça. Oh, d'ailleurs, tu ne l'aurais pas vu ?

Il me dévisage comme s'il allait me flanquer une gifle pour me remettre les idées en place, puis passe une main derrière mon dos et me soulève de terre en utilisant mon sac comme poignée. J'ai l'impression d'être un bébé, comme ça, tandis qu'il me traine dans les couloirs en maintenant sa poigne. À le regarder marcher comme si de rien n'était, je me croirais presque aussi léger qu'un minuscule chaton sans défense que sa mère attraperait par la peau du cou.

- Stiles, tu peux dire à Derek combien il est stupide, s'il te plait ? Oh, et aussi, tu pourrais lui écrire sur le front que son sac est sur son dos, histoire qu'il s'en souvienne la prochaine fois qu'il se regardera dans un miroir ?

En entendant le nom de Stiles, je rougis et lève les yeux pour le regarder. Il me regarde, sourcils levés, sourire narquois aux lèvres et les yeux pétillants d'amusement. Sous ses yeux, alors que je suis censé être un loup-garou surpuissant et intimidant, mon meilleur ami humain me soulève de terre comme un vulgaire louveteau et me traine jusqu'ici pour lui dire ça tandis que je tire une tête piteuse. J'ai brusquement très chaud, et je me sens énormément stupide. 

- On dirait un chaton, commente-t-il en laissant son sourire s'agrandir sur son visage.

- HEUM JE j-je ne voulais pas qu'il se sente inférieur à moi, mentis-je en me dégageant brusquement de la poigne de mon ami, atterrissant aisément sur mes pieds et passant une main gênée sur ma nuque.

Luke est pris d'un fou rire et se roule en boule au sol pour s'esclaffer, se tenant le ventre avec ses bras, pleurant à chaudes larmes tout en ignorant les personnes qui le dévisagent tout autour de nous. Je lui flanque un coup de pied dans les côtes, mais il se remet à rire immédiatement en bredouillant des phrases incompréhensibles, peinant à reprendre sa respiration entre ses rires.

- C'est ça, je te crois, fait Stiles, lèvres pincées, en se retenant de rire lui aussi.

- Ça va, moquez-vous, râlais-je en leur tournant le dos pour bouder.

- Que je me sente... (Luke est tellement rouge qu'il pourrait presque en être bleu.) Inférieur à... Oh seigneur, rigole-t-il, hilare, en se remettant à se payer ma tête.

Je continue de rougir furieusement, sentant mes oreilles devenir toutes chaudes, mais je ne peux pas m'empêcher d'esquisser un petit sourire. Pour ma défense, le rire de Luke est sans doute le plus contagieux que je connaisse. Une fois, il était dans le même état parce qu'il avait vu un écureuil faire je-ne-sais-quoi d'hilarant à l'extérieur, et il essayait de me raconter ce qu'il avait vu, mais il n'y arrivait absolument pas ; sans même savoir pourquoi, je me suis mis à rire moi aussi et on a eu l'air de deux idiots finis pendant tout le reste de la pause. 

- J'arrive plus à respirer, murmure Luke dans un râle de désespoir, secoué encore d'autres rires. Derek, tu vas en entendre parler... Jusqu'à notre mort... Ah, j'ai mal au ventre... Quelqu'un m'aide à me lever ?

- Va en Enfer, grognais-je, me retenant de rire tout en m'éloignant d'un pas rapide pour leur échapper.

Stiles rigole et aide vite fait mon ami - qui court ensuite vers les toilettes en hurlant qu'il reviendra nous voir après avoir pissé (non, Luke n'a aucun problème à crier ce genre de choses au milieu d'un couloir bondé) - avant de me rattraper.

- Ne t'inquiète pas, tu étais très mignon, trainé par ton papa chat au-dessus du sol, fait-il pour tenter de me réconforter, ou alors pour continuer de se payer ma tête.

- Pitié, tu ne vas pas te foutre de ma gueule, non ? le suppliais-je en me tournant vers lui.

Il sourit.

- Désolé, mais... Jusqu'à notre mort.

Je soupire longuement, le faisant rigoler. Puis je le regarde, discrètement, et me sens rougir pour une autre raison que la gêne, cette fois. Quand Stiles est heureux et qu'il se met à sourire et rire avec bon cœur, pour moi, c'est comme si soudain, la pièce se baignait d'une lumière aussi chaleureuse que celle du soleil lui-même. Sa mère est décédée il y a deux jours seulement, alors cet air n'en est que renforcé. Scott et moi avons essayé de le convaincre de rester à la maison au moins une semaine, mais il a été catégorique : il voulait venir au lycée, sous prétexte qu'il a neuf ans et onze mois à rattraper avec son nouvel ami. Je ne sais pas si c'est vraiment la raison qui le pousse à faire ça, mais elle ne manque pas de me faire sourire comme un idiot malgré tout.

Aujourd'hui, Stiles a probablement attrapé les premiers vêtements qu'il a trouvés en se réveillant en retard. Il est affublé d'une paire de baskets rouges, d'un jean troué bleu, d'un t-shirt noir à l'effigie de Star Wars et d'une chemise à carreaux verte. Autour du cou, il porte son tout nouveau Lykos. Il le tripote souvent, comme s'il ressentait le constant besoin de s'assurer qu'il est toujours présent et qu'il ne va pas disparaitre. Ses cheveux sont en bataille, plus que d'habitude, et il a de légers cernes sous les yeux. Il tire une tête qui me fait croire qu'il n'a sans doute pas mangé, ou alors maigrement, et il est visiblement très fatigué. Malgré tout, il reste à mes yeux la personne la plus mignonne du monde.

Il me lance un regard en biais et ses joues deviennent alors cramoisies. 

- Arrête de me regarder comme ça, bredouille-t-il en passant une main dans ses cheveux. On pourrait croire que je suis un dieu.

Tu l'es, formulent aussitôt mes pensées, ce que je me retiens bien de dire à voix haute. Au lieu de quoi je rougis et m'excuse rapidement en détournant le regard. Ce n'est peut-être qu'une impression fondée par mes espérances les plus secrètes, mais je jurerais sentir son regard peser sur moi. On a comme échangé de rôle. Maintenant, c'est moi qui fait mine de rien et c'est lui qui m'observe en croyant que je ne le sais pas.

C'est pourquoi, tout en me traitant d'idiot, je soupire et m'arrête devant lui, manquant de le faire me rentrer dedans. Il rougit et lève timidement les yeux sur mon visage en me demandant ce qu'il y a.

- Tu vas probablement me trouver cinglé, mais j'ai grandi avec Sébastian et il m'a inculqué l'importance de faire des compliments à tout le monde alors permets-moi de te dire qu'aujourd'hui même si tu es fatigué et dépassé par les évènements je trouve que tu es toujours très beau et que étrangement tu as réussi à assembler les vêtements parfaits pour que ça fasse joli... E-et le vert, ça fait ressortir tes yeux, ajoutais-je, les joues en feu.

- Tu n'es pas obligé de me faire des compliments sous prétexte que ma mère vient de mourir, Derek, fait-il en rougissant.

- Sébastian est capable de courir une centaine de mètres pour aller dire à quelqu'un qu'il adore sa coupe de cheveux. Oui, il a l'air d'un psychopathe, parfois, admis-je.

- Mouais... Merci, alors... Moi, je trouve que c'est ton blouson qui fait ressortir tes yeux. Tes yeux gris, ajoute-t-il en plissant les yeux, sourire aux lèvres.

- Tu... Te souviens encore de leur couleur ? demandais-je, admiratif et touché tout à la fois.

- Bien-sûr que je me souviens de leur couleur. De toute façon, je n'ai pas besoin de m'en souvenir. Je vois exactement le même gris qu'il y a une dizaine d'années. 

- Tout le monde dit que j'ai les yeux vert-gris, fis-je.

- Oui, mais le monde ne s'attarde pas aux détails. Mais bon, c'est vrai que, en te regardant rapidement, on pourrait croire que tu as les yeux verts, concède-t-il en haussant les épaules.

- Je te crois... murmurais-je d'un ton mielleux, tête penchée, me sentant tomber sous son charme. 

Il me sourit en rougissant et je secoue la tête et retrouvant mes esprits. Je m'éclaircis la gorge et me creuse les méninges pour trouver autre chose à dire in extremis, histoire de ne pas avoir l'air stupide plus longtemps. Puis je trouve une idée.

- J'ai quelque chose à te montrer.

Tout ouïe, Stiles pose son regard sur moi, les yeux brillants de malice.

🐺🐾🐺

- On y est.

Stiles cligne des yeux, sortant de ses pensées, et regarde autour de nous. Si j'en crois sa tête, il ne me croit absolument pas. Il se croit en plein rêve. J'ai eu exactement la même réaction que lui, la première fois que j'ai trouvé cet endroit.

- Où est le piège ? demande-t-il en plissant les yeux. Dans ce genre d'endroit parfait, il y a toujours un piège. 

- Eh bien, ça fait quatre ans maintenant que j'ai trouvé cet endroit, et je n'en ai encore jamais trouvé.

- Wow...

Il fait le tour de lui-même, émerveillé, et prend une seconde fois le temps de bien regarder tout autour de lui, les yeux rêveurs, sans en perdre une miette. On se trouve dans une petite clairière nichée au beau milieu de la forêt, à quelques kilomètres à l'est de chez moi. Aucun sentier ne mène jusqu'ici. Seuls ma famille et mes amis les plus proches connaissent cet endroit secret. J'y ai déjà emmené Luke, une fois, et il s'est cru mort pendant une minute, tellement il n'en croyait pas ses yeux. Depuis, il a gardé le secret, et je lui en suis bien reconnaissant. Si un entrepreneur devait apprendre l'existence de tout ça et l'exploiter pour y prendre les animaux et les arbres, il détruirait mon havre de paix ; je ne sais pas quelle serait ma réaction.

Ici, il n'y a jamais de peur, ni de colère. C'est une clairière coupée du reste du monde, cachée, dissimulée et qui respire un air sacré et ancien. Elle est le cœur même de tout Beacon Hills, il n'y a aucun doute. Il n'y a qu'à regarder ses arbres pour comprendre qu'elle est ici depuis des centaines, voire des milliers d'années. L'herbe est verte et haute, comme dans un champ, et de toutes petites lumières, des fragments d'âmes (je ne sais pas comment elles se sont retrouvées là, dans la mesure où des fragments d'âmes sont créés par la mort d'âmes-sœurs), volent paisiblement un peu partout, se déposant dans la rivière limpide pour en ressortir tout aussi vite, se laissant porter par le vent sans toutefois sortir de la clairière, attirant les regards des loups, de l'autre côté du rivage, qui essaient en vain de les attraper pour jouer. Les plus vieux, désintéressés par ce jeu depuis des lunes et des lunes, se reposent à l'ombre d'un saule pleureur de ceux qu'on n'a jamais vu, grand, majestueux, au tronc si gros qu'il faudrait cinq personnes pour en faire le tour avec ses bras. Certains oiseaux chantent et se poursuivent gentiment entre ses branches, jonglant entre rayons du soleil et ombres des feuilles. Une brise fraiche se soulève et anime l'endroit, secouant lentement l'herbe. Même l'air, autour, semble être calme et rassurante. Tout ici est parfait.

- Je... Je ne sais même pas quoi dire, admet Stiles, bouche bée.

- Tu n'es pas obligé de dire quoique ce soit. Profites-en. J'étais comme ça, la première fois, moi aussi. 

- On se croirait au paradis...

- Je suppose donc que le nom que j'ai donné à cet endroit lui va à ravir.

Stiles me lance un regard interrogateur et je souris, dévoilant mes canines légèrement pointues à cause de la nervosité.

- Le petit paradis.

Mon ami fronce les sourcils, amusé, et s'approche de moi en me faisant rougir. Il observe un moment mon visage, puis il dit avec nostalgie :

- La dernière fois que je t'ai vu comme ça, on avait huit ans...

- ... Quoi ? m'étonnais-je.

- Tes crocs. Tes yeux. Tes petites oreilles tout juste pointues. La dernière fois que je t'ai vu dans cet état, on avait huit ans. Je sais depuis le premier jour que tu es un loup, tu te souviens ?

- Oui... Mais tu m'as déjà vu transformé ensuite, signalais-je, rougissant à vue d'œil.

- Non. Pas comme ça. Il y a une différence entre ton loup agressif et prêt à se battre contre l'ennemi et ton loup affectueux qui se montre à peine par timidité, rigole-t-il en me regardant droit dans les yeux.

- Tu... (Je grogne et détourne le regard, me retenant de lâcher un petit geignement plaintif, en me disant que s'il continue sur sa lancée je vais finir par me jeter sur lui sans le réaliser.) A-arrête, bredouillais-je. 

- D'accord. (Sa voix est suave et elle résonne comme du cristal à mon oreille tandis qu'un frisson me parcoure tout le corps.) 

Il change aussitôt le sujet, en parfait hyperactif digne de ce nom, cherchant à occuper son cerveau toujours et encore.

- Je croyais qu'il n'y avait plus de loups en Californie, fait-il en désignant ceux-ci.

Si la plupart d'entre eux ne nous ont pas encore remarqués, les plus curieux, eux, étirent leurs cous par-dessus l'eau et tentent de sentir notre odeur. Intrigués, ils me regardent, puis penchent la tête et observent Stiles en faisant mine de s'abreuver, me demandant à leur façon qui peut bien être ce nouvel humain qui m'accompagne ; un nouvel ami ou une menace ? Un seul d'entre eux, un grand loup au pelage gris et aux yeux marrons, une cicatrice sur le museau, se contente de nous regarder patiemment, tête posée calmement sur le gros ventre de sa compagne, en attendant que nous venions de nous-mêmes leur dire bonjour. L'un des plus jeunes, au pelage blanc tacheté de brun, de beige, de noir et de gris, gémit et lance un aboiement plaintif dans notre direction en caressant l'eau avec sa patte, désireux de nous rejoindre, hésitant toutefois entre le tronc d'arbre mort et l'eau fraiche comme passerelle vers nous.

- Je ne sais pas comment ils sont arrivés ici, avouais-je en haussant les épaules. Mais je suis heureux, parce qu'ils sont comme ma deuxième famille. Tu veux que je te les présente ?

- Je veux bien, confirme-t-il en hochant vivement la tête.

- D'accord, mais tu dois être prudent sur le tronc. Il a tendance à être glissant.

- Ça va, je n'ai plus deux ans. Dans le pire des cas, je me prendrai un petit bain. (Il se stoppe juste avant de faire le premier pas sur le tronc et se tourne vers moi en plissant les yeux.) Rassure-moi, il n'y a aucun monstre marin, là-dessous, non ?

- Non, il n'y a rien, mais tu peux croire mon expérience : l'eau est gelée. 

- Ah, je vois. Combien de fois tu es tombé ?

- J'ai arrêté de compter à partir de dix.

Dans un éclat de rire, Stiles s'engage sur le tronc d'arbre mort et se rend jusqu'à l'autre rive sans anicroches. Je le suis rapidement, tandis que les loups commencent à l'entourer et le sentir de partout en secouant la queue, heureux de faire sa connaissance. Le brun, lui, reste figé, comme s'il attendait de mes conseils pour savoir comment réagir.

- Ils ne te feront aucun mal, le rassurais-je. Ils sentent que tu es mon ami, et qui est mon ami est aussi leur ami. Tu peux les caresser, si tu veux. Enfin, attend quand même que Chef et Minuit viennent te voir, ajoutais-je.

- Quoi, ils ont tous un nom ? s'étonne-t-il.

- Quoi, tu croyais que les animaux ne se donnaient aucun nom ? rigolais-je. Ce sont comme des êtres vivants, comme nous. Ils ont leur langage à eux, mais... Je suis né loup-garou. Je comprends parfaitement tout ce qu'ils disent.

- ... Okay. Ça, c'est géant, déclare-t-il. Ça veut dire que Scott...

- Non, pas Scott, ni Isaac. Seuls les loups-garous de naissance peuvent comprendre le langage des loups. Parfois, avec un peu d'effort, on arrive même à comprendre les autres espèces, si on utilise beaucoup notre instinct et leur langage corporel. 

- Combien de langues tu parles ?

- Anglais, espagnol, loup, humain... comptais-je sur mes doigts.

- Humain ? relève-t-il en me mitraillant du regard.

- C'était une blague, me défendis-je en levant innocemment les bras. Oh, le couple alpha s'approche. Pas de mouvements brusques, d'accord ? Enfin, sauf si tu veux que la future maman ne t'arrache un bras.

- Très drôle, râle-t-il en s'agenouillant pour être à la hauteur des animaux.

Chef est le premier à venir le voir. Il s'approche lentement, tête baissée, et le renifle de loin d'abord. Puis il s'approche et vient l'examiner de plus près, longtemps, en sentant ses joues et ses cheveux.

- ... Qu'est-ce que ça... Oh, d'accord. Bonjour, s'esclaffe Stiles en recevant des coups de langues amicaux de l'alpha lui-même.

- Ça veut dire qu'ils t'aiment bien, dis-je avec un grand sourire. Tu as faim ? ajoutais-je en secouant un morceau de viande crue sous le nez d'Automne. 

- À moi ou au loup ?

Un sourire mystérieux étire mes lèvres.

- Je leur apporte toujours de la viande quand je viens. Ils me considèrent comme un membre de leur meute. Mais j'ai aussi apporté de la nourriture pour nous, alors ça s'adressait à tout le monde.

- Je vois. Et oui, j'ai faim. Très faim, même. Tu n'entends pas mon ventre gargouiller, sérieusement ?

Je rougis et lui lance un regard rapide. La vérité, c'est que non, je n'entends pas son ventre. Je n'entends pas même son cœur battre. Comme d'habitude, près de lui, mes sens s'effacent et je deviens un simple humain à la force et à la vitesse incommensurable. Parfois, je me transforme très légèrement sans m'en rendre compte. Pour le reste, je suis... Normal.

- Il y a beaucoup de bruit, ici, mentis-je.

Il plisse les yeux et regarde autour de lui.

- Admettons que les ailes des papillons sont comme des tracteurs et je te croirai, murmure-t-il en soulevant un sourcil curieux. Non, vraiment, tu n'entends pas ? Non, parce que en ce moment, je me fais penser à Godzilla...

J'hésite, un long moment, puis je me résigne à lui raconter la vérité. De toute façon, il finira par le découvrir d'une façon ou d'une autre par lui-même.

- Non. Je n'entends pas ton ventre. Je n'entends pas ton ventre, ni ton cœur. Je ne sens pas ton odeur. Je ne vois pas la sueur sur ta peau. Mais je ne sais pas pourquoi... Ça a toujours été comme ça, du plus loin que je me souvienne, alors je ne pourrais te donner d'explication logique.

Voilà, c'est fait. Le seul détail omis, évidemment, c'est celui qu'on soit des âmes-sœurs. Un long silence s'étire et il me dévisage avec confusion, comme s'il essayait encore d'assimiler mes paroles. Je vois presque les rouages de son cerveau se mettre en marche pour tenter de trouver une réponse à formuler et dire à voix haute. 

Au lieu de quoi, il ne dit rien, tournant la tête en essayant de me dissimuler ce petit sourire qui vient d'apparaitre sur son visage, les joues aussi rouges sinon plus que les miennes. Une chaleur mystérieuse et indescriptible s'empare de tout mon corps, me faisant frissonner. On dirait que quelque chose vient de caresser mon âme et de la faire vibrer ; puis est apparue cette chaleur étrange mais protectrice, qui m'a enveloppé comme un cocon douillet. Phénomène étrange, certes, mais tellement grisant que j'aurais pu prier pour que ça reste ne serait-ce qu'une seconde de plus, au lieu de s'effriter tout doucement et de me quitter progressivement, très lentement, jusqu'à disparaitre. Je me sens... Revigoré ? Énergisé ? Surpris ? Peut-être les trois à la fois.

Mais je n'ai qu'à regarder le visage comblé de bonheur de mon âme-sœur pour me rendre compte que je suis surtout plus heureux que jamais. 

- ... C'est sans doute dans un endroit comme celui-là que maman aurait aimé qu'on vide son urne... finit par commenter Stiles après une minute ou deux, le regard rêveur, en touchant du bout du doigt un fragment d'âme qui vient de lui passer sous le nez.

J'attends un instant, inquiet, en me demandant s'il va se mettre à pleurer. Il continue cependant de sourire et je devine qu'il est simplement nostalgique, chose franchement légitime.

- Je comprends pourquoi. Cet endroit est magnifique, soupirais-je.

- Ouais... Papa et moi, on va aller voir le notaire après son enterrement, la semaine prochaine...

- Tu veux que je vienne ? demandais-je.

- Tu n'es pas obligé, Scott sera là...

- Hé. (Sans trop savoir pourquoi, je m'approche de lui et prends son visage en coupe entre mes mains. Ses yeux sont tristes et rempli de souvenirs, me renvoyant mon reflet tel un miroir.) Je serai toujours là pour toi, d'accord ? Je ne l'ai pas été ces dix dernières années, et je n'ai plus l'intention de te lâcher. Si tu as besoin de moi, tu n'as qu'à le dire, et je viendrai en courant pour me tenir à tes côtés quand tu en auras besoin. Alors je viendrai à cet enterrement, d'accord ? Tu me tiendras la main jusqu'à la casser, si la douleur est trop forte. Je peux le faire, je veux le faire et je vais le faire. Tu ne seras pas seul avec tes démons. 

Il ne me répond pas pendant ce qui me semble être une éternité. Il me regarde, dans un silence profond et pourtant plein de vie, et observe mes yeux. Une lueur nouvelle brille au fond des siens. Je ne l'avais jamais vue avant. On dirait qu'il regarde un ciel étoilé. On dirait qu'il est plein d'espoir et qu'il attend seulement le bon moment pour franchir la ligne qui lui permettrait d'être heureux. Même qu'on dirait qu'il regarde cette ligne, en ce moment même, en se faisant violence pour ne pas la franchir. Pas tout de suite. Je me sens connecté à lui, comme si un câble invisible liait nos corps ensemble et me permettait de sentir tout ce que lui sent. Je n'ai jamais senti une envie aussi puissante me ravager. J'ai envie de me pencher vers lui et d'atteindre ses lèvres avec les miennes. Ça me torture presque. 

Stiles soupire et vient se faufiler dans mes bras, coupant net cette espèce de transe qui vient de me prendre le corps. Mon cœur cogne si fort contre ma cage thoracique qu'il pourrait briser mon sternum d'un moment à l'autre et se jeter sur celui de Stiles pour se fondre en lui et se déclarer sien pour toujours. Moi, je le laisserais faire, sans essayer une seule seconde de l'en empêcher.

- Tu m'as manqué, tout ce temps... murmure-t-il contre mon torse.

Son souffle vient caresser ma peau et je me surprends à frissonner face à ce contact. Je passe tout de même mes bras autour de Stiles et le serre contre moi, doucement, en fermant les yeux. Même les loups n'osent plus s'approcher de nous, comme s'ils sentaient que quelque chose de très fort se produisait juste sous leurs yeux.

- Toi aussi, tu m'as manqué, soufflais-je dans ses cheveux.

Serais-je fou d'espérer, maintenant, qu'une relation plus intime que celle qu'on possède déjà puisse naitre entre nous ? Suis-je désespéré de penser à lui alors même qu'il est dans mes bras, et de songer avec rêverie combien j'ai follement envie de caresser ses lèvres ?

- Peut-être... chuchote Stiles.

- Quoi ? fis-je, coupé de mes pensées, en me demandant pourquoi il dit ça.

- ... Rien. (Il me sourit en se redressant, les joues rosées.) C'est juste que... Je me demande si je ne suis pas fou, ces derniers temps.

- Pourquoi...? fis-je avec hésitation, surpris par le fait qu'on pensait tous les deux à peu près à la même chose au même moment.

Ses joues passent du rose au rouge écarlate et il glisse une main nerveuse dans ses cheveux.

- Parce que ma mère vient de mourir, mais... Je ne suis pas triste. Je suis juste heureux qu'elle soit née et qu'elle ait vécu heureuse. Alors je pense que je suis peut-être fou, parce que je sais que je devrais être triste. Enfin, je le suis, mais... Tu comprends... 

- ... Tu n'as pas à me mentir, murmurais-je en me redressant à mon tour. Je n'entends pas ton cœur, mais je vois tes émotions, dans tes yeux.

Il hésite, longtemps, puis soupire et s'approche de moi. Nos mains s'effleurent et nos visages ne se trouvent qu'à quelques centimètres l'un de l'autre. Il n'en a pas conscience, mais il me tient en ce moment sous son charme. Je ferais tout ce qu'il voudrait, s'il me le demandait maintenant en me regardant dans les yeux.

- Est-ce que je serais fou de voir le bonheur si tôt alors qu'elle vient à peine de me quitter ? chuchote-t-il d'une voix légèrement tremblante et les yeux brillants - de tristesse et de doute tout à la fois.

- Ce qui serait fou, à mes yeux, c'est plutôt de t'empêcher d'être heureux. Tu dois faire ton deuil, c'est vrai, mais crois-moi, tu n'y arriveras pas s'il n'y a pas la moindre once de joie qui vient illuminer tes journées. 

Il me regarde longuement. Je peux voir une envie presque palpable dans ses yeux. Mais il se contente de soupirer et de hocher docilement la tête.

- Est-ce que je peux te poser une question ? ajoute-t-il.

- Oui, bien-sûr.

- Est-ce que... (Il s'arrête un moment et fronce les sourcils en cherchant ses mots.) Pourquoi tu as décidé de me montrer cet endroit ? Pourquoi tu as décidé de m'emmener ici et de me présenter ta deuxième famille (d'un geste, il désigne les loups, qui se sont remis à vaquer paisiblement à leurs occupations) alors que ça ne fait en soi que deux jours qu'on se connait vraiment...? 

- Eh bien... Je ne sais pas, j'ai... J'ai eu envie de le faire, dis-je en haussant les épaules.

- Je n'entends pas ton cœur, mais je vois tes émotions, dans tes yeux, cite-t-il avec une lueur de défi dans le regard.

Je le mitraille du regard, pas spécialement enchanté de sa technique pour me prendre à mon propre piège, mais je soupire tout de même et rougit en me demandant comment je peux bien lui raconter une histoire qui tienne la route. La vérité, c'est que je l'ai emmené ici pour un espèce de rencard secret, mais... Je n'ai pas l'intention de le lui dire de sitôt. 

- ... Est-ce que tout ça - les loups, les arbres, la nature, ces petites lumières, tout ce qui se trouve ici - ... Est-ce que tu m'as emmené ici dans un but précis ? Non, parce qu'il faut admettre que cet endroit est plus que romantique, même moi je le vois, ça.

- Tu... (Je rougis furieusement et détourne le regard.) Tu es sans pitié, je me trompe ?

- Bravo Sherlock, dix ans qu'on se connait et tu t'en rends compte maintenant. Écoute, ma question est très simple, et je veux que tu sois honnête avec moi... Est-ce que c'est un rencard, tout ça ?

Je me mure dans le silence et caresse distraitement le pelage de Flèche en me creusant les méninges. Que puis-je lui répondre ? Si je lui dis que non, ce serait un pur mensonge, mais si je lui dis que oui... Notre relation pourrait être détruite, et cette pensée me fait peur. Comme il l'a dit, cela ne fait que deux jours qu'on se fréquente réellement : il me trouverait cinglé de tenter ma chance aussi vite, non seulement pour ce laps de temps, mais aussi pour le décès de sa mère et me repousserait. Ce n'est pas parce qu'on se parle enfin que pour autant, ma peur de rejet a disparue. 

- Est-ce que tu m'en voudrais, si c'était le cas...? soufflais-je avec hésitation.

Je ne reçois aucune réponse. En revanche, je sens une main chaude s'emparer de la mienne et des doigts s'entremêler aux miens. Je rougis et tourne la tête pour le dévisager, surpris, tandis qu'il me sourit.

- Le jour où ma mère est décédée, tu as déboulé dans ma vie. Le jour où elle est morte, j'ai été dévasté, mais j'ai vu le bonheur arriver aussi brusquement qu'une tempête. Je t'ai vu, toi... C'est de ça dont je parlais, tout à l'heure... Je me pensais fou et je m'en voulais parce que ma mère vient de mourir, et pourtant... Je n'arrive pas à être triste quand tu es là. (Il attend, mais les mots restent bloqués dans ma gorge et je continue de le dévisager. Il remue sur place en rougissant, mal à l'aise.) Euh... Tu sais, je refoule ça depuis un bon moment, alors ce serait sympa si tu pouvais me répondre quelque chose...

J'ai voulu dire C'est réciproque, mais ça devait probablement plus ressembler à Euh je quoi, dans la mesure où il s'est aussitôt mis à rire. Quant à moi, je souris de façon idiote en le regardant. Je ne cesse de me répéter en boucle ce qu'il vient de me dire. Je dois être en plein rêve, car ça ressemblait énormément à une déclaration d'amour. Stiles, ressentir ça pour moi ? Je me crois en plein rêve. 

C'est alors que Stiles s'approche et vient caler sa tête sur mon épaule, lové contre moi, les bras autour de mon cou. Mon cœur ne pourrait pas battre plus fort dans ma poitrine. Je sens littéralement le sang passer de mes oreillettes à mes ventricules puis de mes ventricules à mes veines et artères. Comme si tous mes globules rouges venait de se transformer en petits moteurs électriques.

- Je suis heureux que tu sois venu me voir, souffle-t-il contre ma peau. 

- Ouais... (Je secoue vivement la tête et fronce les sourcils, déterminé à trouver une réponse plus élaborée et surtout, moins d'apparence stupide. Je passe mes bras autour de son corps et le serre contre moi, doucement. Je peux sentir pour la toute première fois son cœur, qui bat au même rythme que le mien, poitrine contre poitrine, tellement fort qu'on pourrait dire qu'ils ne demandent qu'à s'échapper de leur cage pour se réunir.) Et dire que pendant toutes ces années, j'avais peur que tu me repousses...

- Ironie du sort, rigole-t-il. C'était donc pour ça que tu fuyais dès que tu me voyais...

- Peut-être.

- Je te crois, je te crois. (Il rigole, faisant se dresser les poils sur ma nuque.) Alors, euh... Qu'est-ce qu'on fait, maintenant ? demande-t-il avec hésitation.

Je prends un moment pour lui répondre et le repousse doucement afin de pouvoir regarder son visage. Puis je prends sa main dans la mienne et les observe avec autant d'attention que s'il s'agissait d'une œuvre d'art. 

- Et si on mangeait avant que ce ne soit froid ? soufflais-je.

Il sourit. 

- D'accord.

🐺🐾🐺

- On pourra y retourner souvent ?

- Promis, souriais-je. 

Stiles sourit à son tour et on reste silencieux, jouant avec les doigts de ma main tandis qu'on marche dans la forêt, nous éloignant du petit paradis. 

- J'ai hâte d'être à ton match de ce soir, fait-il.

- Il ne va rien se passer de spécial, répliquais-je en me sentant rougir.

- Au contraire. Tu vas être sur le terrain. Et moi je vais t'encourager dans les gradins, comme je l'ai toujours fait... Veille à ne pas te transformer quand je vais crier ton nom, d'accord ?

- Il faut déjà que Morgan me laisse la vie sauve pour avoir loupé l'entrainement... Mais j'essaierai, murmurais-je, grand sourire scotché aux lèvres.

Stiles sourit et sert un peu plus fort ma main dans la sienne en s'approchant pour m'embrasser sur la joue. Quant à moi, je viens caresser sa joue avec ma main et effleure pensivement la fleur que j'ai glissée derrière son oreille il y a quelques minutes. C'est une Nemetonia, une fleur de Nemeton... La dernière de toutes celles qu'il y a déjà eu à Beacon Hills. Une fleur éternelle qui ne peut pas faner, ni vieillir, ni perdre ses pétales. Rien qu'une fleur qui protège son propriétaire, en plus d'être un symbole absolu d'amour entre une créature surnaturelle et un humain ; le genre de relations d'âmes qui donne le plus de force à un Nemeton. 

- Rentrons à la maison, chuchotais-je.

- Avec plaisir, répond-t-il avec un grand sourire.

❤️🧡💛

Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants, point final. 

C'est une blague. Premièrement, l'histoire est loin d'être terminée et deuxièmement, laissez-moi vous rappeler que la première phrase du résumé est Qui a dit que les âmes-sœurs avaient une vie de rêve ?, alors...

C'est donc la fin d'un autre chapitre excessivement long... J'espère qu'il vous a plu malgré tout ! 

De base, j'étais censée écrire la scène où Derek donnait la Nemetonia à Stiles, mais... Je me connais, on aurait atteint les sept-milles mots avant que je ne l'aie réalisé. Je ne l'ai donc pas écrite, mais je trouve tout de même ce chapitre relativement bien écrit. J'espère que vous êtes du même avis.

À bientôt pour le chapitre 4 !

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