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28 mars 1971

« In the quiet of the night
Let our candle always burn »

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Au fin fond d'un bar où pendouillaient diverses ampoules, nues de tout abat-jour, diffusant sur les murs suintant d'une froide humidité un halo maussade, un pianiste solitaire faisait courir ses doigts agiles sur les touches ivoires et ébènes avec une dextérité que peu égalaient, traduisant la partition glissant sous ses pupilles attentives en une harmonie berçant les tympans de chaque personne présente dans le lieu. Un jazz flottant et doucereux ornait le paysage sonore de la pièce, revisité pour être sublimé par le virtuose, une main plaquant les accords dans les octaves les plus graves afin de donner du corps à la composition, l'autre faisant courir ses phalanges avec assurance parmi les sonorités plus cristallines. Malgré cet espoir qu'un jour son talent soit mit sous les projecteurs, et quand bien même il possédait un amour immuable pour cet instrument délivrant les plus divines des mélopées, ce pauvre musicien n'était condamné qu'à animer ce vieux bar miteux au fond duquel lotissait son instrument de prédilection, prenant conscience au fil des jours que le destin avait sa part de responsabilité dans la notoriété ou non des êtres humains, et que la cruauté de ce monde ferait qu'il resterait inconsidéré à jamais.

Les lumières tamisées de la taverne baignaient le lieu d'une affreuse lueur jaunâtre, teintant le visage des quelques clients de cette nuance peu avenante - qui aurait pu se révéler chaleureuse en d'autres endroits mais qui, ici, ne soulignait qu'avec davantage d'insistance la solitude émanant des âmes venues étancher leur soif. Contrastant avec l'ambiance particulièrement pesante lotissant au creux de ce bar, une jeune femme aux traits fins et à l'aura réconfortante fit son entrée dans l'établissement, faisant tourner de l'œil à certains ivrognes n'ayant vu une beauté pareille de si près depuis leurs vingt ans. Elle débarquait comme la première fleur du printemps, laissant sur son passage le doux parfum qu'elle arborait au quotidien dont la fraîcheur équivalait les plus subtils zéphyrs ayant soufflé sur cette Terre, et, après avoir rapidement balayé la pièce de son regard émeraude, elle se dirigea d'un pas aussi peu assuré que convaincu vers une silhouette accoudée au bar.

Au fur et à mesure qu'elle se rapprochait de son pas flottant, la nouvelle arrivante détaillait avec une précision de plus en plus accrue le profil de celui qu'elle était venue voir, et fut frappée par l'accablement en constatant que son apparence avait bien trop changée depuis la dernière fois qu'ils s'étaient vus. Sous la pâle lueur de la taverne, faisant ressortir tout ce qu'elle n'avait pu percevoir quelques heures plus tôt - alors qu'elle était venue voir le brun en concert - il paraissait d'une fragilité sans nom, à tel point qu'il semblait ployer sous la veste en cuir reposant sur l'ossature de ses épaules. Les muscles, qu'il s'amusait autrefois à entretenir, avaient purement et simplement fondus pour ne laisser place qu'à la maigreur enlaçant son corps et, même sous la couche de vêtements qu'il portait, la jeune femme imaginait le mieux du monde ses os prêts à transpercer sa fine peau. Le souffle littéralement coupé par la vue de l'homme s'offrant à elle, la jeune femme ne put que murmurer, dans un souffle fébrile faisant trembloter ses lèvres rosées :

- Sasuke..

L'interpellé se retourna immédiatement vers cette voix qu'il aurait reconnu entre mille, quittant par la même occasion l'élixir ambré dans lequel il noyait son regard auparavant, et la jeune femme découvrit la terrifiante pâleur de son visage, contrastant avec les lourdes cernes qui lotissaient sous son regard éteint.

- Sakura, commença le musicien après un instant de flottement durant lequel s'étaient entremêlés l'onyx et l'émeraude de leurs regards aussi perdus l'un que l'autre. Qu'est ce que tu fais là ?

La rosée reprit rapidement ses esprits, tentant de mettre de côté le choc de découvrir son ancien amant dans un état presque cadavérique et d'ignorer tant bien que mal le fait que les pupilles dilatées à l'extrême du guitariste ne faisaient qu'accentuer les nœuds tordant son estomac d'inquiétude.

- Je suis venue te voir jouer, puis ça fait longtemps qu'on ne s'était pas parlés, tenta de sourire la douce femme, mais ses lèvres ne purent s'étirer qu'avec une immense amertume.

Six mois exactement que les deux n'avaient pas croisé la route l'un de l'autre, précisément après que le brun ait brutalement quitté la jeune femme. Ils s'étaient fait leurs adieux - que le musicien s'était persuadé qu'ils seraient définitifs - dans les larmes de Sakura qui, des mois après, n'avait toujours pas compris l'essence de son geste, étant persuadée que la réciprocité de ses sentiments amoureux demeurait belle et bien réelle. Tous - que ce soit les proches de la rosée comme les paparazzis les plus friands de scandales - avaient vu dans ce geste du pur égoïsme, un simple et énième caprice de star. Cependant tous ignoraient que le brun avait tout simplement voulu préserver cet être si précieux à ses yeux en l'excluant de sa vie alors qu'il se sentait dériver de jours en jours, ne voulant alors guère entraîner la douce femme dans sa chute.

Toutefois, alors qu'elle se tenait face à lui, le virtuose bénissait intérieurement les cieux de lui offrir une trêve dans cette lutte acharnée et quotidienne qu'il menait contre ses démons, en faisant ressurgir Sakura sur son chemin, mais les maudissait aussi car cela ne faisait que remuer le couteau dans la plaie.

La belle tentait d'échanger on ne peut plus normalement avec le jeune homme, lui demandant comment il allait, si la tournée se passait bien et toutes autres banalités ; ce qui ne s'avéra guère chose aisée étant donné que son cœur lui hurlait tant de mots que sa conscience se forçait d'étouffer. De son côté, le virtuose ne répondait que vaguement aux questions posées, ne sachant si son manque de concentration provenait des substances qu'il avait inhalées, ou de l'inespéré retour de la jeune femme dans vie - bien que ces retrouvailles n'étaient qu'éphémères, et qu'ils finiraient par se séparer à nouveau.

- Il y a aussi une chose que je suis venue te dire.

Le tirant de ses songes, la douce voix de la rosée le ramena à l'instant présent et le replongea dans la contemplation de la mine de son ancienne amante. Malgré sa grande beauté, un voile maussade semblait avoir été déposé sur ses traits autrefois si rieurs et lumineux ; aujourd'hui, la douceur de son épiderme velouté paraissait plus terne, ses interminables mèches pastels qu'elle se plaisait à nouer de toute les façons possibles à l'époque avaient laissé place à une coupe plus carrée qui encadrait d'une manière bien trop rude la délicatesse de son portrait. La lueur qui, jadis, miroitait en permanence dans ses iris d'un émeraude de la plus incroyable des beautés avait disparu, laissant place au regard flou d'une jeune femme en quête d'un bonheur disparu.

D'un léger mouvement de tête, le brun l'incita à poursuivre mais la belle eut un instant de latence, se retrouvant tiraillée entre deux sentiments opposés. Se taire ou avouer ; dans les deux cas, une immense culpabilité la rongeait mais leur promesse faite des années auparavant qu'il n'y pouvait avoir de secret entre eux occupait toujours ses pensées. Elle se trouvait toutefois ridicule à encore compter sur ce lien qui n'était plus mais qui les avait unis si longtemps. Sans se laisser assaillir davantage par ses états d'âme, elle finit par déclarer ces paroles pour lesquelles elle était venue voir le jeune homme à la base, bien que cela ne lui déchire plus le cœur qu'autre chose :

- Sasuke, je.. j'ai rencontré quelqu'un.

Intérieurement, le brun tressaillit mais ne laissa rien transparaître.

- Je crois que c'est une personne bien. Enfin, il m'a demandée en mariage pour tout te dire. J'ai dis que j'avais besoin de temps pour réfléchir mais il m'a dit de garder la bague.

Les mots sortaient de sa bouche tout seuls, elle ne savait pas pourquoi elle lui racontait tout ça. Un besoin de s'exprimer ? Qu'il connaisse la vérité ? 

A l'entente de ces paroles, le jeune homme se mit à prêter une attention toute particulière à la main baguée de la rosée qu'elle avait déposé sur le comptoir, ses graciles phalanges tapotant nerveusement la surface boisée, et il put détailler la subtilité avec laquelle l'anneau enlaçant son annulaire gauche était confectionné. Un simple cercle d'or sur lequel avait été minutieusement disposé un améthyste subtilement taillé pour se marier à la perfection aux teintes du métal précieux.

Sortant de son mutisme, et plongeant alors ses pupilles d'encre dans celles aquarelles de la jeune femme, le brun finit par déclarer à la fiancée qui n'était pas sienne :

- Je suis sincèrement heureux pour toi, Sakura. J'espère que tu le seras aussi.

Ces simples mots, qui pourtant demeuraient réellement francs - le brun ne souhaitait que le bonheur de la rosée - eurent l'effet d'un coup de massue sur la jeune femme qui sentit les larmes brutalement lui monter aux yeux. Pour achever ces éprouvantes retrouvailles, le musicien lui souffla un imperceptible, mais dévastateur pour le cœur de la jeune femme :

- Je dois y aller.

Et il partit ainsi, sans un mot ni regard de plus à l'égard de la rosée. 

Le cœur fragmenté, la douce femme eut à peine la force de se retourner pour l'observer quitter ce bar et se contenta de perdre la vague de son regard sur porte boisée venant se clore derrière le dos du brun dans un claquement résonnant comme sans retour. Jamais au monde la jeune femme ne s'était sentie plus perdue qu'à cet instant, tiraillée entre son cœur lui hurlant de s'empresser à poursuivre le musicien et sa raison lui intimant d'un ton doucereusement amer que tenter de le rattraper ne ferait que retarder le moment où elle croiserait son regard d'encre pour l'ultime fois, accentuant alors le poids de sa peine. La vague de ses iris aquarelle s'embuaient en imaginant chaque pas que Sasuke faisait à l'instant même, chaque foulée l'éloignant un peu plus d'elle. Ils ne pouvaient pas se dire au revoir ainsi, cela ne pouvait être leurs derniers mots échangés, il était simplement et purement inenvisageable qu'ainsi prenne fin leur histoire - bien que le dernier chapitre eut été achevé six mois auparavant, la page n'avait pas encore été tournée, comme si tous deux refusaient d'accepter le point final de ce récit.

Alors elle partit en trombe.

Claquant la porte du bar derrière son passage précipité, la jeune femme entama une course folle hors de la ruelle dans laquelle lotissait le bar, dissimulé le plus discrètement du monde dans cette impasse où il n'y avait âme qui errait. Ses bottines frappaient le goudron avec empressement puis, lorsqu'elle arriva au bout de l'allée, la belle s'arrêta brusquement, faisant déraper la semelle de ses souliers délicats sur le sol brut, et balaya avec angoisse la grande rue de son regard pastel. Le paysage urbain était d'une tristesse sans nom, le miroir d'eau recouvrant le bitume reflétait l'amertume de cette nuit où la fraîcheur faisait ployer les corps pour lutter contre les rafales frigorifiantes. Une pluie des plus maussades chutait des cieux endormis de la nuit où les innombrables voiles nuageux masquaient le moindre astre céleste lotissant dans la stratosphère.

Toutefois et malgré l'opaque de cette nuit sans lune, Sakura distingua la silhouette de l'homme qui ne quittait jamais ses pensées quelques dizaines de mètres plus loin grâce à la pâle lueur d'un lampadaire. Il marchait d'un pas traînant, les mains enfoncées dans les poches de sa piteuse veste en cuir, le visage plongé sur l'asphalte recouvert d'une fine pellicule de pluie et où lotissaient quelques flaques dans lesquelles des gouttes échouées des hauteurs venaient s'y noyer.

Sans aucune hésitation, la jeune femme partit instantanément à sa poursuite. Elle courrait précipitamment, sachant pertinemment qu'elle s'apprêtait à commettre l'irréparable mais fonçait pour autant en laissant glisser le poids des conséquences à venir de ses épaules au fil de sa course. 

Elle cria son nom, et l'écho résonna dans le néant de la rue vide de toute présence humaine, si ce n'est le musicien qui se retourna - ayant pour autant tenté d'ignorer les pas qui se dirigeaient vers lui juste auparavant - et contempla la femme qui accourait vers lui, en sentant son cœur se fendiller à chaque foulée qu'elle faisait en sa direction. Ne pouvant résister, il se dirigea lui aussi en direction de la jeune femme, d'un pas pressé, sentant son organe vital tambouriner sa cage thoracique avec une telle ferveur que ses tympans en vibraient, et ainsi leurs deux silhouettes se rapprochèrent à toute vitesse.

À un mètre l'un de l'autre, les deux amants eurent à peine le temps de croiser le regard de l'autre que leurs corps s'entremêlèrent avec brutalité alors que Sakura avait littéralement fondu sur le brun qui la réceptionna contre lui. Dans les bras l'un et l'autre, ils s'enlacèrent avec toute la force du monde, comme si rien ne serait jamais capable de les séparer. Leurs mains agrippèrent les vêtements de l'autre avec ferveur, avec une telle force qu'on aurait juré qu'ils auraient pu mutuellement se briser, ce qui - à leurs yeux - sembla, à cet instant, préférable au fait de sentir l'autre leur glisser d'entre les bras.

Instinctivement et dans un geste commun, sans que l'un n'ait prit l'initiative avant l'autre, leurs bouches éperdues vinrent se rencontrer. Furieusement - comme si, dès l'instant où ils se sépareraient, un gouffre fendrait la terre entre eux, les privant alors de la présence de l'autre pour l'éternité - leurs lèvres se caressèrent, s'embrassèrent, s'entremêlèrent, se dévorèrent avec une ardeur, un besoin des plus frénétiques.

Un baiser peut guérir bien des maux. Panser des plaies, apaiser des cœurs meurtris, offrir un bref instant de paix ; la rencontre des chairs atténue les cicatrices que les paroles ne peuvent guère effacer. Mais celui ci demeurait en réalité bien plus destructeur que salvateur, remuant le couteau rouillé de leurs sentiments dévastateurs dans la plaie béante de leur amour. Il était atrocement humide, trempé par les larmes de la rosée et celles d'Ouranos ; la pluie s'écrasait sur leurs corps épris et leurs visages miroitant d'une douleur sans nom.

La rosée commença par faire glisser ses phalanges crispée sur les épaules du virtuose pour terminer la course de ses doigts dans l'océan de ses mèches de jais qu'elle caressa avec autant de passion que de tendresse. De son côté, le brun fit serpenter ses mains dans le dos de la jeune femme et sentit sous ses doigts l'humidité du cardigan imprégné par l'averse se déversant sur eux, et dont le tissu commençait à peser sur les frêles épaules de la belle.

Leurs bouches se délièrent quand le souffle vint à manquer mais les démonstrations d'amour ne s'interrompirent pas pour autant, la jeune femme ayant entamé une descente de baisers dans le cou du brun dont le glacial de la pâle peau contrasta violemment avec la chaleur de ses lèvres emplies de désir. S'imprégnant de cette fragrance si singulière qu'il dégageait, un subtil mélange de cigarette et de ce doux parfum qu'elle lui offrait chaque année pour Noël et qu'il appliquait consciencieusement, la rosée enfouit son visage contre le torse du musicien, laissant le tissu duveteux reposant sur les clavicules saillantes du jeune homme venir caresser ses joues. Ils restèrent ainsi, une dizaine de secondes seulement mais qui parurent totalement hors du temps pour ces deux âmes blessées en quête de réconfort. La rosée expira un souffle chaud dans le cou du musicien qui frissonna au contact de cette exhalaison tentatrice contre son épiderme nacré. Après un léger instant de battement, le temps suffisant pour entendre le tambourinement sourd du cœur du mélomane résonner dans sa cage thoracique, elle recula légèrement son visage afin de pouvoir plonger l'émeraude de son regard dans le noir opaque ornant les iris du brun.

Une lueur indescriptible brisait le reflet de l'âme de son amant du soir, et alors, dans souffle si discret qu'il aurait pu sembler imperceptible, mais que le brun comprit en contemplant simplement les mots que sa bouche formait, elle chuchota :

- Une dernière nuit, je t'en prie.









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