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10 octobre 1970

«Je vois tout ce que tu n'es pas déjà
Et je te suis tout bas pour ça
Tout est plus beau la nuit
Séduit
Le matin tout s'enfuit »


-@iamalmee, poème trouvé sur un mur, dans les rues de Montmartre

×

Les tympans bourdonnant et le corps endolori, telles étaient les sensations que ressentait systématiquement Sasuke après chaque concert. Un fourmillement tout bonnement insupportable courrait de son estomac jusqu'au bout de ses doigts, et le frottement des cordes en acier de son instrument de prédilection avait même réussi à créer une entaille sanguinolente sur la fine peau de ses phalanges.

Littéralement affalé sur un canapé de fortune dans les loges réservées aux stars de la soirée, le musicien savourait l'unique instant de quiétude dont il pouvait profiter - étant en pleine tournée, ces derniers se faisaient extrêmement rares - en enchaînant les cigarettes, bien qu'il en avait fumées d'innombrables sur scène, tout en fixant un point au plafond que seul lui pouvait percevoir, rassuré de n'avoir plus à se concentrer sur quoi que ce soit. La prestation s'était achevée dans un dernier rugissement de guitare, clôturant ces derniers mois consacrés entièrement aux tournées des festivals et salles de concert, et le mélomane avait fui la scène avec empressement alors qu'il s'était senti sur le point de craquer, épuisé par ce train de vie insoutenable et les hurlements des fans à répétition.

Le silence lotissant dans la pièce où il avait élu domicile offrait alors un contraste des plus saisissant - et plaisant - par rapport à la foule de spectateurs beuglant sans ne jamais sembler vouloir s'arrêter. Il tenta de clore ses paupières mais dès l'instant où son regard fut plongé dans le noir, un voile éphémère de souvenir vint l'aveugler ; les crépitements des appareils photos, les flashs incessants des paparazzis, les questions scandaleuses des journalistes : tel était devenu le quotidien du mélomane qui, à l'origine, n'avait seulement rien voulu d'autre que de vivre de sa musique.

Le tirant de ses songes, un cliquetis suivit de près par un grincement se fit entendre dans la vacuité de la pièce et le brun quitta le plafond du regard pour redresser son visage vers l'origine de ce dérangement, puis roula des yeux en constatant qui venait l'importuner.

- Surprise ! s'exclama le nouvel arrivant, un sourire ravageur fendant son teint hâlé.

- Qu'est ce que tu veux ? marmonna le brun d'un air mauvais, les sourcils froncés.

Ignorant le rejet qu'exprimait le taciturne dans le ton employé, le blondinet clôtura la porte derrière son dos puis s'avança vers le divan sur lequel était installé le guitariste afin de prendre place à ses côtés. Jugeant le chanteur d'un regard dédaigneux, le jeune homme aux iris de jais se décala d'une place - se retrouvant alors au bord du canapé - ce qui fit légèrement ricaner le nouvel arrivant, répliquant alors d'un ton des plus provoquants :

- T'en fais pas, je vais pas te sauter dessus cette fois-ci.

Sasuke se contenta de rouler des yeux, exaspéré que le blond remette sur la table un sujet aussi stérile que celui-là, sans se douter que ce dernier n'avait aucun scrupule à poursuivre sur la même lancée :

- Tu n'as plus ta petite copine avec toi ?

Le brun cracha une volute de tabac qui tenta de se frayer un chemin entre ses dents, qu'il serrait avec hargne, afin de quitter sa bouche pour regagner la tiédeur de l'air ambiant.

- Ça te regarde ?  lâcha-t-il après une poignée de secondes de silence.

Mimant un air faussement vexé, Naruto préféra laisser le taciturne ruminer dans son coin, il avait quelque de plus important sur lequel se concentrer pour le moment. Glissant une main dans une poche de la veste disposée sur ses épaules, le blond en sortit un petit sachet qu'il tint pincé entre deux doigts, et dans lequel lotissait une poudre blanche. Il sentit un mouvement à ses côtés, signifiant que Sasuke s'était redressé sur le divan, et sourit doucement lorsque ce dernier questionna d'une voix où se faisait ressentir un intérêt tout particulier :

- C'est quoi cette merde ? De la coke ?

Le chanteur ricana discrètement.

- De l'héro pure et dure mon ami !

Sans répondre, le brun se contenta d'observer les gestes méticuleux qu'effectuait le chanteur alors que ce dernier disposait méticuleusement ses outils sur la table basse en faisant clinquer les ustensiles dans un tintement cristallin sur la surface de verre. Une seringue, une cuillère, un briquet et le fameux sachet contenant la sainte poudre. Avec une minutie qu'on ne lui soupçonnait pas, le blond disposa dans la partie creuse du couvert une quantité, calculée avec la plus grande des précisions, du précieux opiacé puis y ajouta quelques gouttes d'eau provenant d'une bouteille traînant sur la table basse. La rencontre des deux substances entraîna une réaction chimique, et les grains du psychotrope commencèrent à se dissoudre dans le liquide translucide. Les iris azur du jeune homme contemplaient ce phénomène avec la même exaltation qu'à chaque dose, toujours aussi émerveillé par le préparation de l'élixir dont son corps ne pouvait dorénavant plus se passer.

Afin que la dissolution ne prenne guère trop de temps, il faut dire aussi que son dernier shoot remontait à trop longtemps à son goût et que le manque commençait à se faire sentir, l'homme aux traits habituellement si rieurs arbora un air des plus sérieux alors qu'il tentait d'enclencher la flamme de son briquet, en vain. Il se retint presque d'éclater de rire face au comique de la situation, et ce fut à présent à son tour d'avoir besoin du feu du Uchiha. Ce dernier, alors que le blond lui avait jeté un coup d'œil  furtif mais remplit de sous-entendus, comprit instantanément le message et soupira alors qu'il se rapprochait du blond, se décalant d'une place vers la droite sur le moelleux du canapé. Dans un cliquetis, il alluma son briquet dont la flamme vacillante brûlait avec ardeur, mais hésita quelques secondes :

- Pourquoi tu prends ça ?

La question resta en suspens un court instant, laps de temps durant lequel le brun détailla le regard saphir du jeune homme face à lui, qui le fixait lui aussi, et fut frappé par la froideur qu'inspiraient ses iris à cet instant. Ce dernier s'empara du poignet du guitariste de sa main libre, l'autre tenant la cuillère légèrement en hauteur, et fit glisser la flamme sous l'ustensile où lotissait la poudre neigeuse, avant de lâcher d'un ton emplit d'amertume :

- Pour me prendre pour ce que je suis pas.

Avec prudence, il retira la cuillère de la source de chaleur - le psychotrope étant dorénavant entièrement dissout - et la déposa sur la surface en verre de la table basse. Par la suite, il prit entre ses doigts légèrement tremblant d'impatience la petite seringue et plongea l'aiguille de cette dernière dans le philtre apaisant ses maux, puis tira le piston du petit objet afin de récolter l'héroïne diluée. Une fois le corps de la seringue remplit, le blond positionna son fix à hauteur de son visage pour mieux discerner la moindre imperfection, et tapota légèrement dessus pour chasser une quelconque bulle d'air.

- C'est une vraie merde, mais ça aide à tenir. 

Constatant que, à ses côtés, le Uchiha semblait obnubilé par le moindre de ses gestes, il demanda sans même réfléchir, dans un éclat de voix où, pour la première fois, le brun y perçut un soupçon de douceur, le tout enraillé par la culpabilité :

- Tu veux tester ?

Le mélomane eut un discret mouvement de recul, suffisant pour faire comprendre au chanteur que sa demande se révélait un peu abrupte, mais ce dernier poursuivit :

- T'as pas envie d'oublier ce que tu vis ? Je sais que la célébrité te bouffe, tu sais même plus qui t'es.

Naruto lisait, et ce depuis leurs retrouvailles quelques mois auparavant, une détresse courir dans les yeux du jeune homme installé à ses côtés. Sans vouloir paraître insistant, il voulait juste proposer au Uchiha un moyen de s'évader quelques heures durant de ce tourbillon infernal dans lequel il était plongé en lui faisant goûter à ce poison qui, quotidiennement, lui donnait une raison de se lever. «Un shoot ne peut faire de mal à personne de toute façon » songea le blond pour apaiser sa culpabilité grandissante, en ayant visiblement trop bien oublié que c'est ainsi que sa propre addiction avait commencé.

Afin de s'assurer que la seringue était on ne peut plus fonctionnelle, l'habitué des drogues dures appuya légèrement sur le piston du petit objet, et constata avec satisfaction que quelques gouttes de la précieuse dope s'échappèrent du biseau de l'aiguille. Pour sa part, écrasant son énième cigarette de la soirée dans le cendrier plein à ras bord tout en expirant un dernier souffle empreint de particules grisâtres et de désespoir, le virtuose finit par accepter la proposition du blond qui, à présent, le dévisageait de son regard perçant, une lueur indescriptible miroitant dans cet océan azur.

- Donne moi ton bras.

S'exécutant, le Uchiha entreprit de retirer la manche de sa veste en cuir pour présenter son bras au chanteur qui, plongé en pleine concentration, plaça d'un geste assuré un garrot sur le biceps du musicien afin de faire ressortir ses filaments sanguins. Même si ses veines bleuâtres courant sous sa peau translucide demeuraient incroyablement facile à trouver tant l'épiderme du jeune homme était clair, l'action du garrot accroissait la précision dont le blond pourrait faire preuve au moment de piquer le Uchiha. Après quelques dizaines de secondes de patience, il passa son pouce dans le creux du coude du brun, effleurant de la pulpe de son doigt l'épiderme sous lequel les veines avaient gagné en volume, et il put sélectionner avec minutie la plus saillante d'entre elles, déterminant alors l'endroit exact où il planterait son aiguille.

- Prêt ?

Le jeune musicien eut un imperceptible instant d'hésitation durant lequel il tenta de se questionner sur l'essence de son geste, la raison pour laquelle il s'était retrouvé dans cette situation, prêt à franchir une barrière qu'il s'était juré de ne jamais transgresser. Seulement, le temps n'étant pas à la réflexion, il se contenta alors d'hocher la tête en balayant toutes ces pensées de son esprit brumeux.

Ainsi la barrière fut franchie et l'aiguille lui transperça sa peau.

Instantanément, une vive douleur lui lança brutalement à l'endroit de la piqûre - le faisant froncer les traits de son visage par la même occasion en raison de cette sensation plus que désagréable - mais il ne put lâcher du regard la seringue, bien trop hypnotisé par cette vision aussi terrifiante qu'envoutante du dard du petit objet planté dans son bras. Dès l'instant où la barrière de l'épiderme et de la veine furent transpercés, une fine volute de sang rejoignit le réservoir de la seringue où lotissait encore l'héroïne, teintant alors ce liquide psychotropique d'une nuance écarlate qui tourna rapidement à l'ocre en se mélangeant à l'élixir translucide de l'opiacé. Etant dorénavant certain de bel et bien être dans la veine, le blond dénoua le garrot puis injecta la totalité du contenu de la seringue dans le corps du virtuose, qui en ressentit les effets instantanément. 

Un plaisir euphorique voir orgasmique prit possession de son corps, si bien qu'il ne put s'empêcher de laisser une bruyante expiration s'échapper de ses cordes vocales ; il était plongé dans une extase comme il n'en avait jamais connu auparavant. L'intense plaisir ayant atteint son apogée au bout d'une quarantaine de secondes, ce fut à présent au tour d'une totale léthargie de s'emparer de lui. Totalement amorphe, le brun sentit son réseau veineux se cristalliser au fur et à mesure que le liquide progressait dans son corps ; il était littéralement en pleine transe. Progressivement, il se sentait disparaître, comme s'il s'enfonçait jusqu'à en plus pouvoir dans le canapé sur lequel il était avachi. Son esprit semblait quitter son enveloppe charnelle, et flottait dorénavant dans l'atmosphère de la pièce, comme un spectre qui le narguerait de là où il se trouvait.

Rassuré de n'avoir tué personne en constatant que le brun semblait bien encaisser la dose qu'il venait de lui injecter - il faut dire que le corps du guitariste était d'ores et déjà bien accoutumé à un nombre incalculable d'opiacés -  Naruto répéta l'opération pour son propre compte. Il ne put s'empêcher de jalouser Sasuke à cet instant étant donné que ce dernier découvrait cette lascive euphorie procurée par ce divin psychotrope pour la première fois, chose à laquelle le chanteur était de plus en plus habitué, se devant donc d'augmenter les doses à chaque nouvelle injection. Ce qui, même si il refusait de se l'avouer, l'effrayait jour après jour.

Une fois que les deux artistes furent tous deux plongés dans un état plus que second, littéralement propulsés dans les contrées les plus abyssales de leur esprit, les minutes commencèrent à s'écouler avec une infinie langueur, d'autant plus qu'aucun des deux ne prononçait le moindre mot ou semblait enclin à esquisser le plus infime des gestes qui soit.

Une minute. Deux. Cinq. Dix. Vingt. Pendant près d'une demie heure, seules leurs voix internes animaient les pensées des deux jeunes hommes, les nourrissant d'une sensation empoisonnée : l'opiacé façonnait sous leurs paupières closes une dimension où la réalité deviendrait onirique, un lieu hors du temps où les douleurs ne demeuraient qu'éphémères.

Maintenant jusqu'ici son regard d'encre voilé par ses paupières, le brun finit par rouvrir les yeux et se plongea dans une intense contemplation du décor l'entourant. Il balaya la pièce du regard dans l'espoir de tenter - en vain - de sortir de son inertie en détaillant de ses iris perçants ce qui était réel, puis sentit un mouvement à ses côtés. Dirigeant ses pupilles ébène vers cette direction, il tomba brutalement face à l'indescriptible azur du reflet de l'âme du junkie, lequel semblait étonnement bien plus amorphe encore que le brun - il faut aussi dire qu'il s'était injecté une dose plus que conséquente. Le spectacle demeurait d'un pathétique sans nom. Le blondinet ouvra la bouche, s'apprêtant à demander au mélomane comment il se sentait, mais fut coupé net par ce dernier qui se redressa de la causeuse - ne souhaitant plus, ô grand jamais, avoir affaire avec l'homme qui n'avait même pas prit la peine de retirer l'aiguille plantée dans son propre bras.

- Je dois y aller

En se relevant du divan, le brun sentit instantanément les effets moins désirables de l'opiacé l'assaillir de toutes parts ; il eut alors l'impression que l'espace tanguait sous son corps et au travers de sa vision troublée. Titubant, il agrippa les rebords du divan et se dirigea à tâtons au travers de la pièce enfumée par bon nombre de substances ayant été expirée afin d'agripper la poignée lui permettant de fuir le lieu de tous les péchés - comme si, une fois le pas de la porte passé, l'irréparable qu'il venait de commettre ne serait plus qu'un mauvais souvenir. Il ne souhaitait, à cet instant, rien d'autre que prendre la fuite.

Croisant son reflet juste avant de quitter la pièce dans un éclat de miroir logé sur le mur, au côté de l'encadrement de la porte dont il tenait la poignée, le brun observa amèrement l'image pitoyable qu'il renvoyait ; celle d'un corps à l'âme vidée de toute énergie, au teint plus blafard encore que la mort elle même et aux pupilles si dilatées qu'elles accaparaient l'entièreté de ses iris. Il détourna rapidement le regard, voulant quitter cette pièce au plus vite, et la remarque que lui lança le blond le conforta dans cette idée qu'il était en train de plonger dans un véritable enfer, mais qu'il n'avait guère la force de regagner le rivage, et se laissait alors sombrer dans les limbes du mal-être :

- Tu ne pourras pas fuir tes démons éternellement, Sasuke.

×

Quatre heure du matin venait de sonner à l'instant où Sasuke rejoint finalement l'appartement qu'il partageait avec la douce femme faisant partie de sa vie depuis trois années déjà. Ayant tenté de veiller pour attendre son bien-aimé, elle avait fini par s'endormir sur le canapé, une couverture emmitouflant son corps assoupi, et somnolait alors à la lueur de l'écran pixelisé émanant une pâle lumière bleutée. Ses doux traits empreints d'une sérénité infinie baignaient dans une demi pénombre et ses longues mèches, dont la teinte était comparable aux plus délicates des fleurs, s'entremêlaient pour tomber sur une partie de son visage, le masquant partiellement par la même occasion. L'artiste observa l'image qu'offrait sa muse avec le plus grand des déchirements. Comment pouvait-on tomber si bas avec une telle lumière dans sa vie ?

Laissant tomber sa veste en cuir ébène sur une chaise, le brun s'avança d'un pas discret vers le sofa, puis s'accroupit aux côtés de la rosée afin de laisser glisser ses phalanges avec une immense tendresse sur la joue de cette dernière pour dégager les quelques mèches y résidant. Ce contact glacial sur son épiderme velouté tira Sakura de son sommeil qui, dans un premier temps, plissa ses paupières pour finir par les ouvrir entièrement lorsqu'elle reconnu les pupilles charbonneuses de son amant. Son regard aquarelle s'égaya et elle se redressa instantanément en position assise, glissant ses fines mains dans celles de son cher et tendre pour les serrer contre elle. Voilà plusieurs semaines qu'ils ne s'étaient pas vu ; elle s'enquit alors de lui demander avec une grande attention comment s'était déroulée la tournée, question à laquelle le brun répliqua par le plus grand des mensonges, et la jeune femme ne pût même s'empêcher de s'excuser, culpabilisant de n'avoir pu veiller aussi tard que lui, ce qui ne fit que remuer le couteau dans la plaie déjà béante lacérant le cœur du Uchiha. Il ne la méritait pas.

Voilà quelques mois que le musicien se sentait dériver, et plusieurs semaines qu'il commençait à douter de l'influence qu'il exerçait sur la rosée. C'est ainsi qu'il avait refusé que cette dernière l'accompagne lors de la tournée venant de s'achever, mais qui durait pourtant depuis de trop longtemps déjà, chose qui avait réellement blessé la jeune femme habituée à suivre son amant au travers de toutes les péripéties qu'il parcourait afin de les vivre avec lui.

Si passer le restant de ses jours sans la belle déchirait purement le cœur du Uchiha rien qu'à l'idée d'y penser, rien ne serait pire à ses yeux que d'entraîner la douce femme dans sa chute ; c'est ainsi, après avoir fait couler dans ses veines cette drogue à laquelle il n'aurait jamais dû toucher, que le brun prit conscience qu'il était réellement temps de tout arrêter. L'heure était venue de briser ses liens auxquels il tenait pourtant plus que tout, mais qui finiraient par s'emmêler et se déchirer de la plus atroce des manières qu'il soit si il ne se décidait pas à les briser de lui même.

À présent relevée de la causeuse sur laquelle elle somnolait auparavant, la jeune femme tira la main de son bien-aimé afin que tous deux puissent, dans la douceur ouatée de leur lit, rejoindre les bras de Morphée, et ce avec la plus grande des quiétudes sachant qu'à présent ils étaient réunis. Volets clôts, rideaux tirés, regards voilés ; les deux amants étaient dorénavant plongés dans une pénombre plus opaque encore que les pupilles d'encre du musicien, tous deux allongés sur le dos avec l'impossibilité de trouver le sommeil. Chacun souhaitait parler, exprimer ce qui était imprimé dans leurs pensées, ces quelques mots leur pesant sur le cœur ; mais nul n'osait briser ce silence, comme si prononcer le premier mot signerait la fin d'une page qu'aucun d'eux ne souhaitaient tourner.

- Sakura, finit par lâcher le brun dans le noir, brisant le blanc qui n'avait jamais été si oppressant.

Il sentit un froissement à ses côtés, synonyme que l'interpellée venait de se tourner vers lui, et poursuivit :

- Il faut que je te dise quelque chose.

- Je sais.

Évidemment qu'elle le savait. Même un aveugle aurait pu constater avec la plus grande des nettetés la façon dont le virtuose se renfermait sur lui-même ces derniers mois ; cela commençait avec un retour des concerts à une heure de plus en plus tardives, suivit par des sourires de plus en plus rares, des paroles de plus en plus austères, des baisers de plus en plus amers.

Toutefois, ce que la jeune femme ne comprenait guère, sachant pertinemment qu'elle avait raison quant au fait que l'artiste s'éloignait d'elle, demeurait cette foutue sincérité que Sasuke insufflait dans le moindre de ses gestes. Les baisers, bien que de plus en plus rares, exprimaient toujours une tendresse infinie. Quand il l'enlaçait contre lui, elle ressentait à chaque fois ce besoin nécessiteux de proximité émanant du Uchiha. Lorsque leur désir demeurait d'une ardeur insoutenable qu'ils se devaient alors d'assouvir, la jeune femme ressentait un réel amour dans chaque geste, chaque parole, chaque caresse du brun dans ces moments là.

Il l'aimait, elle le savait. Alors pourquoi ?

Le fait qu'il ait refusé qu'elle le suive lors de sa tournée demeurait le point culminant des inquiétudes tiraillant les entrailles de la rosée. Par conséquent, elle n'eut d'autre choix que d'exprimer tout ce qu'elle ressentait au plus profond de son âme. Ainsi, avant que le musicien n'eut le temps de dire quoi que ce soit, la lampe de chevet se ralluma et, après une poignée de secondes nécessaire à ce qu'il retrouve une vue convenable, le brun distingua la silhouette de la rosée à ses côtés qui s'était rassise. Lorsqu'elle tourna son visage vers lui, le brun se jura qu'il aurait préféré crever à cet instant là que voir la mine déchirée et les iris embuées de douleur de celle qu'il aimait.

- Tu veux qu'on arrête c'est ça ?

Le brun ne put que détailler les iris aquarelle de la belle, et la tristesse infinie y régnant, comme seule et unique réponse, ce qui suffit à la jeune femme pour comprendre.

- Sasuke, commença-t-elle d'une voix légèrement tremblotante. Tu ne comprends pas.

Elle souffla brièvement, dans une vaine tentative d'apaiser les battements assourdissants de son cœur désormais fragmenté, et poursuivit :

- Je voulais t'épouser, je voulais faire ma vie avec toi.

Le brun sentit littéralement son cœur se déchirer en deux à l'entente de ces paroles auxquelles il aurait pu tuer pour se retrouver dans un monde où il pourrait répondre, sans la moindre peur de l'avenir, «moi aussi » . Il se fit violence pour chuchoter un simple :

- Je suis désolé.

Un sanglot fut étouffé.

- Tu ne comprends vraiment pas.

Tirant la poignée du tiroir lotissant dans la table de chevet collée au lit, Sakura ouvrit ce dernier pour y sortir un écrin. La jeune femme, alors que les premières larmes commencèrent à goutter sporadiquement sur ses mains, ouvrit petite boîte, qui demeurait recouverte d'un léger voile de velours bleu marine, et ce que le mélomane y vit lui brisa simplement et purement le cœur. Deux alliances, d'une simplicité mais d'une pureté sans pareil, lotissaient et réfractaient leurs nuances dorées à la pâle lueur de la lampe de chevet.

- Tu es l'amour de ma vie, souffla d'une voix brisée la belle au cœur fragmenté.

Et sur ces derniers mots, elle éclata en sanglot. Les larmes dévalèrent à toute vitesse ses joues qu'elles strièrent d'innombrables sillons teintés d'une incommensurable peine, avant de pleuvoir sur les draps immaculés ou d'être recueillies par Sasuke. L'artiste avait disposé ses mains sur la mâchoire de sa muse brisée, englobant ses joues et son menton, et recueillait alors de ses phalanges les perles translucides. Ne pouvant résister tant le besoin était irrépressible, Sakura plongea dans les bras du brun qui la recueilli avec la plus grande des douceurs, et la plus abominable des douleurs.

×

Au réveil du brun, Sakura avait déserté la pièce. Seuls les larmes ayant perlé sur l'oreiller et son doux parfum flottant dans l'atmosphère restaient comme unique témoignage de cette nuit où l'amour et les maux s'étaient exprimés une ultime fois, avant de se taire à tout jamais.

Se redressant en position assise sur le duveteux matelas, le brun balaya de son regard de givre la chambre vide de toute vie. Quelques vêtements jonchaient le sol ci et là, mais tous étaient siens. Les placards, dans lesquels lotissaient auparavant les tenues pastels et les interminables robes tissées avec le plus grand des soins de la rosée, semblaient dorénavant bien fades alors que seuls les vêtements aux coloris sombres du guitariste les remplissaient.

Dirigeant son regard d'encre vers la place vacante où son ancien amour avait l'habitude de somnoler, Sasuke ne se sentit jamais aussi seul lorsqu'il prit conscience que, à présent, tout ce qu'il lui restait comme souvenirs de la rosée était un grand vide, un néant au creux de son organe vital, les cruels souvenirs d'un adieu et, disposée sur l'oreiller, la bague d'un mariage qui n'aura jamais lieu.

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