Prologue
5 Juillet 2019
Rien de pire que d'attendre avec un couperet au-dessus sa tête. Depuis mon réveil, ce matin, l'approche de la sentence a rythmé ma journée d'angoisse. Je gigote sur cette chaise en bois inconfortable, mal à l'aise face aux regards de mes voisins. Je baisse les yeux vers mes vans bleu. Dans ma tête, je compte mes déconvenues en espérant qu'elles s'arrêteront avant dix.
Un, impossible d'avaler un petit-déjeuner digne de ce nom. Ce matin, l'idée même de mon habituel chocolat chaud m'a écœuré, et j'y ai renoncé sous l'œil colérique de mon chat qui n'a rien compris à mon changement d'habitude. Il a râlé pour avoir son bol de lait jusqu'à ce que je cède pour avoir l'esprit tranquille. Quoi qu'on en dise, je constate que c'est toujours lui le maître et moi son humble esclave.
Deux, j'ai fouillé plusieurs fois dans mon placard, hésitant sur la tenue adéquate pour finalement revenir à celle choisie la veille. Un slim d'un bleu soutenu, un polo à manches longues d'une teinte plus claire que m'avait offert Lilia, l'une de mes sœurs, à Noël dernier, ainsi que ma seule veste qui est marine. Du bleu, toujours et encore du bleu. J'avais presque entendu cette remarque que Lana, mon aînée, me faisait trop régulièrement.
Trois, j'ai tellement paniqué d'arriver en retard à cet entretien important, que j'ai décidé de partir plus qu'en avance. Ce qui était idiot, vu que je me suis retrouvé dans le flot des voyageurs matinaux du métro, que j'ai eu un peu trop chaud. Conséquence négative à tout cela, je me suis retrouvé en sueur.
Quatre, je vais détonner dans l'environnement, j'en étais certain dès que je me suis retrouvé devant cet immeuble de standing et encore plus sûr quand j'ai pénétré dans cet appartement à la décoration chic.
Cinq, j'avais l'air ridicule en me comparant aux deux autres personnes présentes dans le couloir. Bien trop jeune, du haut de mes vingt-trois ans, en comparaison à l'homme et la femme qui devaient frôler la quarantaine. Moins professionnel, au vu de la différence de mes vêtements face aux leurs : tailleur et costume d'un noir sinistre.
Six, j'ai eu envie de fuir même si c'était impossible, sinon j'aurais dû en rendre compte auprès de Lola ce soir. La benjamine, et la plus insupportable de mes frangines, m'a trouvé cette annonce pour ce job d'assistant personnel qui est parfait pour moi selon ses dires. J'ai obéi et postulé, puis ai été retenu sur mon curriculum vitae, avant de passer un premier entretien avec la femme âgée qui occupait le poste actuellement.
Sept, j'ai tripoté l'un de mes bracelets au point de le détruire, faisant tinter les perles de turquoise qui le constituait sur le sol, il y a quelques secondes à peine.
Huit, mon potentiel employeur m'a surpris à quatre pattes en train de les ramasser sous les rires goguenards des autres candidats.
Je ne compte plus les raisons d'avoir peur, et suis
immense qui se tient sur le seuil de ce qui semble être une bibliothèque.
Je lève les yeux du parquet à ses boots, puis je remonte. Pantalon de costume noir ajusté sur des cuisses musclées. Je ferme les yeux au moment d'arriver à son entrejambe, reprends mon chemin visuel sur une chemise blanche cintrée sur un torse puissant, barrée d'une cravate de soie rayée grise. Oh non ! Mon péché mignon chez un homme. Souvent le soir, je m'imagine accrocher ma main sur un nœud Windsor afin d'embrasser mon amant. Plus haut, vite ! Cheveux et barbe de trois jours d'un blond très clair, yeux pers si saisissants. Avec une prestance si imposante, si mâle si... enfin telle que je n'ai pas pu me retenir de m'excuser platement en inclinant la tête. Sa trentaine bien sonnée a fini de me mettre mal à l'aise.
— Désolé... Monsieur, pour le dérangement. Je vais tout récupérer avant mon entretien.
La femme distinguée entre et ressort quelques minutes plus tard. Mon potentiel employeur me fait signe et je le suis dans son bureau. Il m'indique de m'asseoir, me pose des questions, relis mon CV en silence... Je n'en peux plus d'attendre la réponse que je sais négative par avance.
— Félicitations jeune homme, je vous ai choisi, m'annonce la voix posée et suave qui m'a troublé pendant tout le temps de mon entretien.
Je fixe l'homme derrière le bureau en reculant dans mon fauteuil de style Chesterfield, fixant sa bouche pour être sûr d'avoir bien compris.
— Soyez ponctuel et arrivez lundi à neuf heures pour que mon assistante actuelle vous explique tout ce qu'il y a faire.
Il m'a choisi. Non ? Oui, idiot !
Je n'en reviens toujours pas. Je ne sais pas trop comment réagir. Je souris timidement et me redresse dans le fauteuil d'invité.
— Oui Monsieur. Merci encore, Monsieur, réponds-je.
— Vous pouvez disposer, m'invite-t-il à sortir.
Avant de me retirer de la bibliothèque avec son côté très british, je me retourne et lui fais face.
— Je vous souhaite une bonne fin de journée. À la semaine prochaine.
Finalement, être le dernier, le petit jeune, m'a porté chance finalement.
Je n'en reviens pas, il faut que je prévienne mes grandes sœurs dès que je sors de là.
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