TW: Tentative de suicide

Je regardai le contact afficher sur mon téléphone, assis sur le toit. Je voulais l'appeler, parler de ce que je ressentais et comment je voyais notre relation. En proie à une nouvelle bouffée d'anxiété, je cliquais sur le bouton pour déclencher l'appel. Trois bips. Trois bips avant d'entendre sa voix.

-Allô ? Qu'est-ce que tu veux ? Il se passe quoi ? La voix de Mélania retentit, douce mais avec une pointe d'agacement. Le doute n'était plus permis, j'étais persuadé que je la dérangeais, que j'étais de trop dans sa vie.

-J'aimerai être honnête avec toi... J'ai un peu l'impression... Que tu jubile de me voir me faire harceler.

-Pff ! Quoi ? Mais non ! Je suis ta meilleure amie après tout. Ta seule et unique meilleure amie. Si ça voix était mielleuse au début, elle s'était durcie sur la dernière phrase, posant directement le ton à cette discussion. Elle avait peu de chances de se finir bien.

-Tu dis ça comme si j'étais un objet, que t'étais ma propriétaire et que ce serais toujours comme ça !

-Quoi ? Mais bien sûr que non ! C'est toi qui as mal compris ! Tu te braques pour un rien va. Jamais je n'agirais ou même penserai comme ça, je t'aime beaucoup trop. Après avoir réfléchi quelques instants, je me dis qu'elle avait peut-être raison, peut-être que les derniers évènements affectaient ma perception de ma relation avec elle... Pourtant, la phrase de Célestin prononcée trois semaines plus tôt me revint en mémoire. « Les gens changent ». Ce dernier ne lui faisait définitivement pas confiance et son intuition le trompait rarement. Si je me basais sur ces faits plus sur mes propres doutes, je devais voir la vérité en face, je n'étais plus rien pour elle et elle essayait de me manipuler pour que je reste et qu'elle se serve de moi.

-Pourquoi tu mens ? Il est clair que t'en a plus rien à carrer de moi...Soufflai je, attristé par la réalité qui brisait près de 11 ans de relation.

-Si tu penses ça et que tu veux pas entendre mon point de vue, on va simplifier les choses hein. On va couper les ponts parce que là, je pense qu'on a plus rien à se dire. Au revoir. Et c'est sur ces sages paroles qu'elle raccrocha, me laissant dans le silence. En regardant vite fait nos conversations, je vis qu'elle m'avait bloqué... Efficace.

Etonnement je ne ressentais pas de colère à son égard, juste un sentiment de vide. J'avais perdu ma meilleure amie de la primaire. J'étais seul.

Je ne pouvais pas tenir. Je ne pouvais PLUS tenir. Le harcèlement, la pression familiale, l'agression sexuelle, Mélania... Ils s'alliaient tous contre moi. J'étais seul. J'étais à bout...

Le vide se situant autour de moi me paraissait alors très attirant. Je me penchais l'observant avec grande attention. Sachant que sauter comme ça serait impossible pour moi, je décidai alors de m'éloigner pour prendre de l'élan. Pour la première fois, le vide me paraissait être la seule solution à tous mes problèmes. Je commençais alors à courir, certain de ma décision. Enfin... Certain jusqu'à ce que l'image d'Ophélia puis de Célestin et de Von me reviennent en mémoire. Mettant mon pied gauche en avant pour freiner, je me stoppai complètement, proche de commettre l'irréparable. Je ne pouvais pas les abandonner, pas eux... A moins que... Non ! Avant de risquer de recraquer une fois de plus, je fis demi-tour, rentra chez moi sans un mot à mes parents et m'enferma à double tour dans ma chambre. Restant seule et en sécurité. Dans ces moments, j'étais mon propre ennemi.