Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

Interval : JUNGKOOK


𝐂𝐞𝐫𝐭𝐚𝐢𝐧𝐬 𝐬𝐮𝐣𝐞𝐭𝐬 𝐩𝐞𝐮𝐯𝐞𝐧𝐭 𝐞̂𝐭𝐫𝐞 𝐬𝐞𝐧𝐬𝐢𝐛𝐥𝐞, 𝐣𝐞 𝐩𝐫𝐞́𝐟𝐞̀𝐫𝐞 𝐯𝐨𝐮𝐬 𝐥𝐞 𝐫𝐚𝐩𝐩𝐞𝐥𝐞𝐫 𝐩𝐨𝐮𝐫 𝐞́𝐯𝐢𝐭𝐞𝐫 𝐥'𝐞𝐟𝐟𝐞𝐭 𝐝𝐞 𝐬𝐮𝐫𝐩𝐫𝐢𝐬𝐞. 𝐉𝐞 𝐫𝐚𝐩𝐩𝐞𝐥 𝐪𝐮𝐞 𝐜𝐞𝐥𝐚 𝐫𝐞𝐥𝐞̀𝐯𝐞 𝐬𝐞𝐮𝐥𝐞𝐦𝐞𝐧𝐭 𝐝'𝐮𝐧𝐞 𝐟𝐢𝐜𝐭𝐢𝐨𝐧, 𝐞𝐭 𝐧𝐞 𝐜𝐨𝐧𝐜𝐞𝐫𝐧𝐞 𝐞𝐧 𝐚𝐮𝐜𝐮𝐧 𝐜𝐚𝐬 𝐥𝐞𝐬 𝐜𝐫𝐨𝐲𝐚𝐧𝐜𝐞𝐬 𝐝𝐞 𝐥'𝐚𝐮𝐭𝐞𝐮𝐫. 

NDA : Cet intervalle, aussi court soit-il, est tout aussi important qu'un chapitre. Il permet d'avoir des informations sur certains personnages ainsi que les liens qui le raccrochent à d'autres. Je vous prie de ne pas le passer. Rappelez-vous bien que chaque détail compte.


───── •✧✧• ─────



« Sa-rang ! »

Le petit garçon aux cheveux bruns tenait sa tendre petite sœur dans ses bras. Il la serrait si fort.

« SA-RANG ! »

Ses bras se resseraient un peu plus sur la petite tandis que des larmes coulaient sur ses joues. Elle aussi, elle pleurait.

« Jungkook, j'ai peur. » murmura-elle.

« Je sais, mais je suis là, d'accord ? Ne t'inquiète pas, reste bien au chaud dans mes bras, et il ne t'arrivera rien...»

Lui aussi, il avait peur.

« Putain de gamine, SA-RANG ! Viens là ! Il est où le petit con qui te sert de frère ? »

Jungkook avait toujours eu peur. Il tremblait, mais il fallait à tout prix cacher ses émotions. Il ne fallait pas qu'elle ait peur.

« Et si papa te trouve ? » demanda-elle la voix tremblante.

« JUNGKOOK ! SALE MERDEUX VIENS LÀ ! SOIS UN HOMME ET VIENS LÀ TOUT D'SUITE ! »

Plus la voix grave de leur paternel s'élevait, plus le petit corps encore frêle du jeune garçon tremblait.

Il ferma les yeux puis essuya ses larmes. Il renifla un coup en simulant un éternuement et attrapa le joli visage de sa petite sœur dans les paumes de ses mains.

« On va jouer à cache-cache Sa-rang. Je vais sortir, et toi, tu vas rester cachée ici. Je ferai semblant de ne pas savoir où tu es, d'accord ? Surtout, tu ne dis rien même si tu entends ton nom, tu me le promets ? »

La petite fille lui accorda un léger hochement de la tête. Elle avait souri, elle n'avait plus peur.

Jungkook détacha lentement ses bras puis il sortit de leur cachette, lui souriant une dernière fois.

« Tu promets ? » lui demanda-t-il.

« Promis. »

Il referma la porte du petit placard avant de se rendre dans la minuscule pièce à vivre, là où criait son père depuis qu'il avait mis le pied dans la maison. Il s'avança tout de même la tête haute, en faisant mine de ne pas avoir vu le corps de sa mère déjà allongé sur le sol, une main sur la joue. Son cœur se serrait, comme à chaque fois.

« Bien...» souffla l'homme en faisant craquer ses poignets, « Je vois que tu n'as toujours pas compris la leçon, Jungkook. »

Le petit garçon, âgé de neuf ans à l'époque, se mordit la lèvre. Il savait pertinemment que quelle que soit sa réponse, le traitement serait le même. C'était toujours pareil.

« Approche. »

Jungkook lança un regard à celle qu'il appelait "maman". Il espérait toujours trouver dans son regard, un peu de compassion, du réconfort. Quelque chose.

Quelque chose qui n'arrivait jamais. Elle était bien trop sous l'effet des drogues pour réagir, et puis les coups qu'elle avait reçus devaient l'avoir sonné.

Puis ce fut son tour.

Comme d'habitude.

Comme depuis toujours.

Le premier coup, il l'avait vu venir.

Il savait que son père commençait toujours par une claque, qui de loin ne paraissait pas bien méchante. Elle était juste assez forte pour que sa tête soit envoyée en arrière, histoire de le sonner un peu.

Le deuxième coup lui fit un peu plus mal. Parce que son père n'avait pas raté l'hématome qu'il lui avait infligé la semaine précédente.

Le troisième coup lui fit lâcher un cri de douleur.

Celui d'une suite qui lui paraissait toujours interminable.

Les coups s'enchaînaient, jusqu'à ce qu'il tombe à terre, complètement démuni.

« Si tu retournes encore une fois chez la famille Kim avec ta petite sœur, tu vas m'entendre. C'est compris gamin ? »

Jungkook ne répondit pas.

Il ne pouvait pas répondre. Il se tordait de douleur, les larmes brûlantes agressaient ses petites joues devenues rouge sang.

Celui qu'il appelait "papa" -ce n'était plus le cas depuis un bon moment- ne lui lança pas un seul regard. Il s'éloigna de lui et attrapa le visage de sa femme, qui venait tout juste de se relever.

« Au lieu de continuer de te taper des connards à longueur de journée pour payer tes merdes, tu ferais mieux de t'occuper de tes gosses. »

Puis il lâcha sans grande peine sa prise, et tourna les talons.

Ce scénario, Jungkook ne le connaissait que trop bien. C'était toujours pareil, après tout.

Alors qu'il se tordait encore sur le sol, laissant enfin échapper de petits gémissements de douleur, sa mère passa à côté de lui le regardant comme s'il était un animal mort.

« Tu dois arrêter de mettre ton père en colère, mon fils...»

Puis elle partit dans sa chambre, ses pieds traîna sur le sol. Sa démarche ressemblait à celle d'une mort-vivante. Dès qu'elle fermait sa porte à clé, elle n'en ressortait pas avant le matin.

Ce n'est qu'au bout d'une heure que des petits bruits de pas résonnèrent à nouveau jusqu'au salon. Une jolie petite frimousse toujours intacte s'accroupissait auprès de son grand frère. Elle faisait de son mieux pour l'aider à se relever, du haut de son jeune âge.

Au début, Jungkook la repoussait. Il refusait qu'elle puisse assister à sa faiblesse. Il devait, non, il voulait être le plus fort à ses yeux. Il voulait être la personne, peut-être la seule, avec qui elle pouvait avoir un havre de paix. Du moins, s'il en existait encore dans ce monde.

« Tu as mal ? » demanda-elle faiblement.

Il avait mal.

Jungkook mourait de douleur, il s'en mordait la langue à s'en faire saigner. Mais au lieu de lui dire la vérité, il prit une grande inspiration -qui ne manqua pas de lui renvoyer un choc électrique dans la colonne vertébrale- puis il se mit à sourire.

« J'ai été attaqué par les méchants en comptant, mais j'ai réussi à tous les faire partir ! Alors, on va dire que c'est toi qui a gagné ! »

« Ils sont partis alors les méchants ? »

Jungkook attrapa le petit corps frêle de sa jeune sœur afin de l'amener au creux de ses bras. Il colla sa tête contre son torse, et lui fit un léger baiser sur le crâne. Ses cheveux sentaient bon, et c'était réconfortant. Mais ses larmes ne tardèrent pas à couler de nouveau, se mêlant à sa belle chevelure noire. Dès qu'elle essayait de reculer la tête, il se contentait d'appuyer légèrement sur celle-ci afin de la garder près de son torse.

« Oui...» Il respirait bien fort, essayant de fondre ses reniflements dans son souffle, « Il sont partis. »


***


La mère de Jungkook était une très belle femme. Lors de leur emménagement dans ce petit quartier de banlieue, tout le voisinage murmurait son prénom, la qualifiant de femme "magnifique".

Ils n'avaient pas tort. C'était une femme extrêmement belle, elle était très grande et avait une longue chevelure noire qui retombait au bas de ses reins. Ses yeux étaient d'un noir absolu, elle les maquillait à peine. Son petit nez se retroussait lorsqu'elle riait, une particularité dont avait hérité son premier enfant. Elle s'habillait toujours d'une façon très chic tout en restant très naturelle.

Le voisinage lui avait inventé toutes sortes de professions, passant de professeur des écoles, peut-être à cause de ses lunettes de repos qu'elle ne portait pas souvent, à marchande ou bien encore secrétaire. Il n'en était rien.

Madame Jeon avait été prostituée.

Elle avait rencontré Monsieur Jeon, son mari, dix ans auparavant lors d'une de ses rondes. Lui, était policier. Ils étaient tombés fou amoureux. Alors il l'avait sorti de son malheureux destin et s'étaient bien vite mariés, ne pouvant vivre l'un sans l'autre.

Au bout de cinq années de mariage, Madame Jeon tomba enceinte. Leur joie n'avait jamais été aussi grande, c'était un garçon. Très vite, ils s'accordèrent sur le prénom de ce nouveau-né. Jungkook.

Ensuite, les choses s'étaient petit à petit dégradées.

Le quotidien de Monsieur Jeon devenait pesant et répétitif. Il avait fini par se réfugier dans l'alcool et était devenu violent. Il lui arrivait de frapper sa femme, puis les coups avaient commencé à dériver sur le petit garçon. Lui, il pleurait. Il ne cessait de pleurer, se réfugiant dans les bras de sa mère qui était totalement démunie de toutes forces.

Puis lorsqu'il eut cinq ans, Jungkook eut le plus beau cadeau d'anniversaire. Sa petite sœur, Sa-Rang, était née.

C'est alors que l'enfer commença.

Monsieur Jeon ne rentrait que rarement. Lorsqu'il lui arrivait de franchir le perron, il était toujours alcoolisé et de mauvaise humeur. Les coups se répétaient, sur sa femme, sur son fils. Quant à elle, Madame Jeon, s'était réfugiée dans la drogue. Mais la famille était loin de rouler sur l'or, alors elle s'était remise, tout doucement, à son activité. Elle recevait des hommes à toute heure de la journée et même en présence de ses enfants.

Très vite, voyant que sa mère avait totalement lâché l'affaire, Jungkook prit l'initiative de protéger ce petit être qu'il aimait plus que sa propre vie. Lorsque leur mère se retrouvait en étrange compagnie, il attrapait bien vite sa petite sœur afin de l'emmener jouer au parc non loin de la maison et très souvent, pour ne pas dire toujours, Jin était là.

Ils restaient dehors tous les trois, pendant que Sa-rang jouait et riait aux éclats, eux deux se tenaient silencieux, assis sur un banc.

Jin ne posait jamais de questions, puisqu'il avait depuis bien longtemps réussi à traduire le silence de son meilleur ami. Il se contentait d'être là pour lui, et de faire rire la petite Sa-rang. De quoi lui offrir un moment de joie dans la journée.

Parfois, Jin rentrait chez lui en compagnie de ses amis. Il ne demandait jamais l'autorisation à ses parents, mais ces derniers n'avaient jamais refusé. Alors ils restaient là, assistaient à des scènes qui leur paraissaient hors du commun : une vie de famille. Eux, ils n'en avaient jamais eu. C'était comme aller au cinéma ou au théâtre, c'était fascinant, tout cet amour qui pouvait émaner dans une seule pièce, entre trois êtres humains.

Quand ils étaient trop fatigués pour rentrer, ou lorsqu'il était tard, Jungkook et Sa-rang dormaient chez Jin. À vrai dire, ils ne voulaient jamais rentrer. Jin le savait, et il savait que Jungkook souhaitait à tout prix épargner à sa petite sœur le supplice de rentrer à la maison. Après avoir conté de belles histoires à la petite, Jin s'endormait bien vite à ses côtés.

Jungkook, lui, restait éveillé une bonne partie de la nuit, les jambes recroquevillées sur son torse. Il restait ainsi, observant le doux visage de sa sœur, qui était si serein auprès de celui qu'elle considérait comme un second grand frère. Il profitait de ces doux moments, car il savait. Il savait qu'en rentrant, la sentence serait lourde.

Lorsqu'il n'était pas assez tard pour rentrer à la maison, Jungkook se faisait discret et accompagnait sa petite sœur dans sa chambre avant de toquer à celle de sa mère. Il avait toujours pris l'habitude de toquer, au cas où.

Il avait déjà eu la malchance, auparavant, de tomber sur des scènes qu'il aurait préféré ne jamais voir de ses propres yeux. Ces hommes, il avait tant rêvé de les tuer de ses propres -petites- mains.

Mais c'était toujours pareil : soit elle dormait, soit elle planait totalement, une seringue encore au poignet.

Lorsqu'il trouvait de quoi se remplir le ventre, Jungkook donnait toujours sa part à sa petite sœur. Puis ils restaient dans les bras l'un de l'autre, jusqu'à ce qu'elle trouve le monde des rêves. Il arrivait parfois que Jin, aussi courageux qu'il pouvait être, leur amène des plats que sa mère confectionnait pour ses amis. Il prenait un risque, Jungkook l'avait toujours encouragé à arrêter ses magouilles. Mais il refusait, prétextant qu'il y avait toujours "trop de restes".

C'est ainsi que Jungkook, Jin et la petite Sa-rang devinrent tous les trois, inséparables.

Le temps passait. Ils grandissaient, mais rien ne changeait...

Jungkook se rendait toujours à l'école en retard, ou alors il boitait à moitié. Ses professeurs ne prenaient plus la peine de lui demander pourquoi il inventait toujours de belles excuses. Seul Jin était au courant de la vérité. Et cela lui brisait le cœur. Mais il ne pouvait rien faire, car l'ironie du sort avait voulu que le père -optionnellement l'auteur des coups- fasse partie des forces de l'ordre.

Malgré tout, Jungkook n'en était pas moins un élève surprenant. Il était bon en tout, et il rêvait secrètement d'être délégué. Ses camarades l'en avaient toujours encouragé, mais il n'avait jamais pu accepter.

Il était aimé de tous, pour son beau sourire et sa bonne humeur qui malgré sa triste vie était toujours au rendez-vous. Il passionnait tout le monde et faisait déjà tomber les jeunes filles. Ce qui épatait toujours son meilleur ami, qui était fier de le voir vivre, quoi qu'il arrive.

Mais les deux garçons ne se seraient jamais doutés que tout allait changer, ce fameux soir.

Jungkook et Jin avaient douze ans, ils étaient de beaux collégiens, souriant à l'avenir qu'ils aimaient s'inventer. Sa-rang, elle, en avait huit.

Les deux amis avaient été invités à une petite soirée, une boum, dira-t-on, d'un de leur ami respectif. Minsu était un petit gars sympa qui ne manquait jamais l'occasion de faire la fête.

Ce soir-là, Jin avait insisté auprès de son meilleur ami afin qu'il s'accorde un peu répit.

Jungkook avait refusé plusieurs fois. Il refusait de laisser sa petite sœur toute seule. Leur père pouvait revenir sans prévenir et qui sait ce qu'il pouvait se passer, même si jusque-là, il n'avait jamais levé la main sur sa fille.

Cependant, c'est Sa-rang qui avait eu le dernier mot. La petite, âgée de seulement huit ans, était déjà bien mature. Elle voulait que son grand frère s'amuse, qu'il puisse vivre comme un adolescent digne de ce nom.

« Va jouer avec tes copains, Kookie ! Je vais bien et maman va bien, regardes ! »

Ce soir-là, Madame Jeon n'avait pas pris de substances illicites. Elle n'avait même pas bu un verre. Son regard n'en restait pas moins vide de sens, mais au moins, elle était tout à fait nette. Jungkook avait tout de même hésité, puis il s'était rappelé que Minsu n'habitait pas très loin. Alors il avait cédé.

« Je sors pas longtemps, je prends mon téléphone avec moi. S'il y a un problème, tu sais comment m'appeler avec le fixe de la maison ? »

« Mais oui ! Je suis grande maintenant moi ! » avait lancé la petite, un grand sourire aux lèvres.

Ainsi, les deux amis s'étaient rendus chez Minsu.

Minsu avait une maison à peine plus grande que celle des Jeon. Mais elle, elle était en bien meilleur état.

Toute la classe était là, allant du plus timide des élèves à la plus jolie fille. Tous buvaient des boissons gazeuses, certains se vantaient même de boire un peu d'alcool parce qu'ils goûtaient aux bières qu'ils avaient volées en douce à leurs paternels. La soirée s'annonçait bien, même si Jungkook ne cessait de vérifier l'heure. Il n'allait pas rester longtemps.

Alors que la soirée battait son plein et que tous s'étaient agglutinés au salon, chantant et dansant sur une playlist "spéciale kpop" qu'avait confectionné l'une des invitées, Jungkook fut interpellé par les sirènes d'une ambulance.

Il n'y prêta pas grande attention, jusqu'à ce que ces sirènes soient suivies par celles des pompiers puis de la police.

Soudain, Jungkook se leva, renversant par la même occasion le contenu du verre de Jin sur l'un de ses camarades qui grogna son mécontentement. Mais il ne l'avait même pas relevé, car il courait déjà jusqu'à la porte.

« JUNGKOOK ! » cria Jin.

Jungkook ne contrôla pas sa force et ouvrit la porte d'un seul coup, la faisant claquer sur le rebord du meuble qui se trouvait juste derrière. Il se mit à courir vite, de plus en plus vite en suivant les sirènes. Sans savoir pourquoi, peut-être qu'au fond, il avait peur de savoir, ses larmes roulaient déjà sur ses joues roses.

Il était suivi de près par son meilleur ami, qui peinait à le suivre tant il ne cessait d'accélérer.

Deux croisements plus loin, Jungkook accéda à sa rue. Tout le voisinage s'agglutinait devant une maison, d'où émanait une fumée noire. Jungkook serra les poings, s'arrêtant un court instant, puis reprit sa course.

Il poussa un à un les curieux qui murmuraient déjà des ragots, certains avaient les larmes aux yeux, tout comme lui, tandis que d'autres affichaient une expression indescriptible.

« Jeune homme ! Eh ! Jeune homme ! Ne reste pas là, c'est dangereux ! » cria l'un des pompiers.

Jungkook ne l'écouta pas et le poussa de toutes ses forces sur le côté, avant de se laisser tomber à terre.

Ses genoux étaient déjà écorchés à vif, mais il ne ressentit même pas la douleur. Le choc qu'il ressentit dans sa colonne n'était rien, comparé à ce qu'il voyait.

Dans ses yeux, la lumière de cet affreux spectacle se mélangeait à ses larmes, créant l'un des plus horribles tableaux qu'il n'avait jamais vu.

Il commença à marmonner des choses que lui seul devait comprendre, en se penchant en avant puis en arrière, tapant les poings contre le goudron.

Là encore, il tapa jusqu'à s'en faire saigner.

Aucune douleur.

Juste là, devant lui, sa maison brûlait.

Les flammes qui en sortaient étaient affreusement impressionnantes.

Jin ne tarda pas à arriver lui aussi. Il resta d'abord sans voix, avant de s'excuser auprès du pompier lui priant de bien vouloir excuser son ami, avant de le rejoindre.

Il s'était accroupi à sa hauteur, et tentait de le contenir du mieux qu'il pouvait contre lui. L'empêchant de sauter à tout moment dans le brasier.

Tous les deux pleuraient. L'un en silence tant il avait mal, l'autre criait le même prénom sans s'arrêter. Il continuait de crier, encore et encore, sachant très bien que jamais, plus jamais, il n'aurait de réponse.

« SA-RANG ! »

Jin approcha sa bouche près de l'oreille de son ami, tentant de le retenir et d'étouffer les cris de son meilleur ami qui lui déchiraient le cœur.

« Jun... Jungkook... S'il te plait...»

« LÂCHE-MOI ! SA-RANG ! SA-RANG RÉPONDS MOI ! S'IL TE PLAÎT ! Sa-Rang...SA-RANG ! »

Plus il criait, plus Jungkook se débattait dans les bras de son meilleur ami, cherchant à s'en extirper afin de foncer tête baissée, tout droit dans les flammes.

Ce soir-là, les deux amis restèrent ainsi jusqu'à ce que les pompiers éteignent les dernières flammes. Lorsqu'il ne resta plus qu'un ténébreux amas de cendres et de fumée, l'un des pompiers s'avança près des jeunes hommes. Il se baissa à leur hauteur, soulevant son masque.

« Vous êtes de la famille ? »

Sa voix se voulait douce et chaleureuse, mais il savait très bien que rien au monde ne pouvait effacer cette horreur de leur tête. Seul Jin prit la parole.

« Monsieur... Il y a des survivants ? »

Le pompier se mordit la lèvre puis se les pinça avant de répondre négativement d'un mouvement de la tête. Jungkook était désormais silencieux, les yeux cependant grands ouverts dans le vide. Il était totalement tétanisé, n'osant même plus inspirer.

Un deuxième pompier s'approcha d'eux, tendant un objet à son collègue encore accroupi. Ce dernier le prit du bout des doigts, avant de le tendre à Jungkook, juste sous ses yeux.

« C'est tout ce qu'on a pu trouver, mon garçon. Je suis sincèrement désolé. »

La faible lumière des lampadaires vinrent faire briller le bijou doré. Machinalement, sans changer d'expression, Jungkook le prit avant de le serrer contre son cœur. Il y eut de nouveau un long silence, avant qu'il ne s'extirpe doucement des bras de son ami, se relevant difficilement sur ses pieds. Il avança lentement, un peu plus près des cendres.

Soudain, le téléphone qu'il avait dans la poche arrière de son jean se mit à vibrer. Machinalement, le jeune garçon posa ses yeux sur l'écran du cellulaire, qui affichait un nouveau message, provenant du numéro de sa mère. Étonné, il regarda tout autour de lui, rien. Il approcha alors le téléphone de son oreille après l'avoir déverrouillé.

« Jungkook... Viens vite, j'ai peur. Papa crie sur maman...»

Il se laissa alors tomber à nouveau, baissa la tête un instant avant de la relever une fois de plus, en hurlant toute sa douleur. Puis, sous le regard apeuré et peiné de son meilleur ami, ainsi que ceux des pompiers qui ne savaient pas comment agir, il cria de nouveau le prénom de celle qu'il aimait.

Le prénom de celle qu'il avait toujours protégé au prix de sa propre vie.

Le prénom de celle qu'il n'avait pas pu sauver, cette fois.

« SA-RANG ! »

Suite à cet événement tragique, Jungkook fut forcé de déménager chez sa grand-mère maternelle.

Ce soir-là, sa mère et sa petite sœur avaient trouvé la mort dans un incendie. Peu de temps après qu'il se soit rendu chez Minsu, son père était arrivé. Il était déjà bien alcoolisé et il ne trouvait son fils nul part. Alors il avait commencé à crier contre sa femme, qui avait fini par se piquer à plusieurs reprises. Elle aussi, avait bu. Une dispute avait éclaté, et la petite Sa-rang s'était bien vite réfugiée dans sa cachette, ce petit placard qu'elle ne connaissait que trop bien. Elle avait attendu longtemps. Très longtemps. Lorsque le père Jeon eut fini de crier contre sa femme, il s'était de nouveau évaporé. Suite à cela, la mère Jeon s'était laissé tomber sur son canapé, une cigarette à la main.

Totalement saoule et sous l'emprise de nombreuses substances, elle s'était endormie. La cigarette qu'elle n'avait pas terminée était tombée sur un journal qui traînait là, à ses pieds. Ce petit bout de papier si insignifiant eut vite pris feu, et ne tarda pas à s'étendre partout, inlassablement.

Tout était allé très vite, si bien que, apeurée, la petite Sa-rang n'avait pas osé quitter sa cachette.

Lorsque Jungkook apprit ce qu'il était arrivé à sa tendre sœur, il avait complètement vrillé. Il s'était laissé aller à la violence, lui qui avait toujours promis de ne pas y céder. Il ne se confiait plus et ne travaillait plus à l'école.

Jin était là, il avait tout vu et il avait tout entendu. Mais pour son meilleur ami, pour celui qu'il considérait comme son frère, il avait pris la décision de porter sur ses épaules ce lourd fardeau.

Avec le temps, Jungkook s'était de nouveau rangé dans le droit chemin, bien qu'il avait radicalement changé. La présence de Jin l'avait tenu en vie ; sinon, il aurait rejoint sa seule famille depuis bien longtemps. C'est ce qu'il pensait souvent, avant de dormir.

Malgré tout, Jungkook avait réussi à décrocher ses diplômes, puisqu'après des nuits interminables à pleurer, une petite voix venait de nouveau résonner dans ses oreilles.

Il avait cru devenir fou, puis il avait fini par se dire que c'était sa conscience qui lui envoyait des messages.

S'il devait rester en vie, alors il le ferait pour seulement deux personnes.

La première, c'était Jin. Son seul et unique ami, celui qui l'avait tant aidé, celui qui l'avait remis sur pied.

La seconde, était celle qui se trouvait désormais à jamais à son cou. Cette petite étoile qu'il serrait dans le creux de sa main chaque soir, avant de fermer les yeux.


« Je te promets que je serai le plus grand journaliste du pays, petite sœur. »

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro