43 - Young and beautiful
Yellow - Coldplay
West - Sleeping At Last
Flower - Sleeping At Last
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13 ans plus tard.
Il s'était écoulé presque une éternité pour le jeune homme, qui mettait aujourd'hui un pied dans ce grand bâtiment, étant tout à fait conscient de la raison pour laquelle il y avait été convié.
C'était étrangement ironique par ailleurs, de se dire que le temps avait filé à la vitesse lumière, alors que par le passé, le jeune homme avait vraiment pensé qu'il avait été arrêté comme on mettrait pause sur une musique sur notre trajet pour aller au travail.
Il fallait croire que le temps avait sa propre logique, et que la personne qui avait dit jadis que le temps était réparateur, n'avait pas totalement tort.
Le temps pouvait réparer les cœurs, mais cela dit, il n'effaçait jamais les blessures.
Tout comme on pouvait pardonner, sans jamais oublier.
Oui, il y avait parfois des leçons en ce monde qui pouvaient paraître absurde, même illogique, mais il fallait parfois accepter le fait qu'on ne pouvait pas toujours se battre pour tout surmonter. Parfois, il suffisait d'accepter, et de continuer à avancer.
Lorsqu'il entra dans ce grand bâtiment, le jeune homme eut comme l'impression de marcher sur ses propres pas, d'il y a dix ans en arrière. Il était redevenu, durant un court instant, ce jeune étudiant en journalisme qui rêvait de reconnaissance et de succès. Jusqu'à ce qu'il n'arrive dans cette énorme salle de conférence, où déjà une foule immense l'attendait.
Aujourd'hui, il n'allait pas être celui qui allait poser des questions, mais celui qui allait donner des réponses.
Oui, le temps était passé si vite...Plus y pensait, plus le jeune homme se sentait tout drôle.
Il y eut un moment où il eut envie de tout envoyer en l'air, et de partir en courant, tant une partie de lui avait peur de se replonger dans cette histoire.
Cela n'avait pas été si facile, d'en faire le tour.
Il lui avait fallu beaucoup de courage, mais aussi de forces afin de faire honneur à l'une des promesses qu'il avait tenu à respecté.
Pour l'occasion, il avait décidé de porter un costume aux couleurs neutres, ainsi qu'un long blouson couleur marron. Puis, au dernier moment, le jeune homme avait opté pour un pull couleur crème et un simple chino, tant il avait eu peur d'étouffer dans un costume si conventionnel.
Mais finalement, cela ne l'avait pas empêché de se sentir pris d'un profond malaise.
Pourtant, cela faisait maintenant trois ans que cela faisait partie de son métier, mais aujourd'hui était différent.
C'était différent, puisqu'à ses yeux, il n'était plus celui qu'il était devenu, mais celui qu'il avait été.
Passant à travers les rangées de chaises où étaient assis une tonne d'autres journalistes, des proches et d'autres inconnus, le jeune homme rejoignit l'estrade qui n'attendait plus que lui, et tapota légèrement sur le petit micro, afin de s'assurer qu'il était en état de fonctionnement.
Sans relever les yeux vers la foule, le jeune homme tenta d'ignorer les "clics" et les flashs des appareils photos, et se concentra sur ses quelques feuilles de papiers où il avait annoté quelques éléments qu'il avait peur d'omettre. Chose faite, il lui fallut prendre une grande inspiration avant de relever les yeux et de pencher une nouvelle fois la tête vers le micro.
« Bonjour à tous. »
À peine eut-il prononcé ces trois mots, que les mains commencèrent à s'élever et les bruits de fonds devenir de gigantesques brouhaha constants.
Le jeune homme dû serrer la mâchoire avant de commencer à pointer du doigt certains journalistes, afin de leur donner la parole.
« Monsieur Kim, pourriez-vous nous dire quel est votre ressenti à propos du prix Pulitzer ? Pensiez-vous réellement l'obtenir ? »
« Pouvez-vous nous dire quelle a été votre source d'inspiration pour ce sujet hors du commun ? »
« Monsieur Kim, pouvez-vous nous dire pourquoi avoir choisi les rassemblements sectaires plutôt qu'un autre ? Et pourquoi avez-vous mis si longtemps à l'écrire ? »
« Monsieur Kim, quelles étaient vos premières impressions à propos de ce village ? Vous restez assez vaste à propos de vos ressentis dans l'article. Nous aimerions en savoir plus ! »
« N'étiez-vous pas censé être en équipe lors de cette enquête de terrain ? »
Pris de panique, le jeune homme eut du mal à répondre à la première question avant que toutes les autres ne s'enchaînent comme un véritable torrent. Ses yeux avaient rapidement vacillé dans toute la pièce, cherchant un point de repère, n'importe quoi pour qu'il puisse retrouver son calme, jusqu'à ce qu'il ne croise le sien.
Retrouvant doucement son calme, le jeune homme ferma les yeux un instant, serrant les mains autour de son pupitre, puis lorsqu'il les rouvrit, il hocha la tête et leva une main afin de demander le silence.
« Je m'appelle Kim Seokjin, et je suis aujourd'hui présent afin de répondre à vos questions sur mon article qui à reçu récemment le prix Pulitzer. Je vous demanderais de poser une question à la fois, ainsi que de me laisser le temps de vous répondre. Si je n'ai pas de réponse à vous fournir, je vous prie de respecter mon choix. » dit-il, avant de se repencher vers la première journaliste, qui attendait, stylo à la main, « Afin de répondre à votre première question, je serais franc en vous avouant que je ne m'attendais pas à recevoir un quelconque prix. À vrai dire, je ne l'ai pas publié en ayant un quelconque but en tête. Je voulais simplement le publier puisqu'il...Parce qu'il me tenait à cœur, et qu'il à demandé énormément de travail et de recherches. Alors non, je ne pensais pas forcément l'obtenir, mais je vois cela comme un véritable honneur. »
« Pourquoi avoir choisi le rassemblement sectaire, Monsieur Kim ? »
« En toute honnêteté, je cher...On cherchait à l'époque un sujet qui ne ressemblait à aucun autre. Nous avions décidé de nous lancer sur ce sujet sensible, puisque de nos jours, beaucoup de gens ignorent que ce genre de regroupement existe encore, ou bien ils sont peu informés sur le sujet. » répondit Jin, reprenant peu à peu de l'aplomb.
« Quels ont été vos inspirations ? »
« Mes inspirations...» répéta doucement le journaliste, l'air pensif, « Nous étions une équipe de casse-cous, jeunes et insouciants, prêts à tout pour dénicher un scoop hors du commun. Ce n'était pas vraiment une source d'inspiration qui nous a fait nous tourner vers ce sujet, mais plutôt un intérêt qui avait éveillé notre curiosité. »
« Auriez-vous des informations en plus à nous donner sur le village de Hahoe ? »
« Toutes les informations à propos du village de Hahoe sont précisées dans l'article. » répondit vaguement le jeune homme, avant de passer à la question suivante.
« Monsieur Kim, pourquoi utilisez vous le pronom "nous" ? »
« Parce que nous étions une équipe, sur ce projet. » répondit Jin, passant à la personne suivante.
« Bonjour Monsieur Kim, pourriez-vous nous dire quel a été votre niveau d'implication au sein de cette secte, qui plus est, était satanique ? Et avez-vous assisté vous-mêmes à ces sacrifices dont on parle souvent ? »
Resserrant les mains sur son pupitre, Jin avala difficilement sa salive et ferma les yeux, se remémorant les anciennes images du visage et du corps de Jimin, dans le passé. Il pouvait encore se souvenir de sa toute première réaction lorsqu'il avait vu sa peau couverte de marques. Il pouvait aussi se souvenir, comme si cela datait encore de la veille, des bruits du cuir qui avait fini par lacérer le dos de Taehyung.
« Des sacrifices...» souffla t-il, avant de se reprendre, ouvrant de nouveau les yeux, « J'ai toujours essayé...De rester en dehors, mais oui. Il a fallu que je...Qu'on y donne de notre propre personne. »
« Vous parlez d'une équipe. » reprit une jeune femme, au deuxième rang, « De quelle équipe parlez-vous ? Vous n'avez pas répondu à ma question. »
Les images continuaient de défiler dans un recoin de son crâne, et Jin eu du mal à reprendre son souffle, sentant son cœur battre à tout rompre.
« Mon...Mon frère...» bégaya t-il.
« Votre frère ? » reprit la journaliste, intriguée, « Mais on croyait que vous étiez fils unique ? »
Sentant ses mains trembler au même titre que sa voix, Jin se mit à parcourir la salle des yeux, totalement paniqué jusqu'à ce qu'il ne tombe dans les yeux de sa compagne. Cette dernière le fixa intensément, lui faisant de doux signes de la main, et lui murmurant un simple "respire".
Il devait absolument retrouver son calme, sans quoi il allait perdre pied et céder à ses émotions. Alors il reprit sa respiration, hochant doucement la tête afin de faire comprendre à sa femme qu'il avait saisi ses mots, avant de reprendre la parole.
« Mon meilleur ami, mon frère...Jungkook, c'était lui, mon équipe. »
« Et pouvez-vous nous dire où est-ce qu'il se trouve aujourd'hui ? »
« Il est...» commença Jin, mais il se reprit au dernier moment, « Il m'a aidé à écrire cet article. »
« Oui, mais aujourd'hui ? Ou est-il ? Pourquoi n'est-il pas présent à vos côtés ? »
« Aujourd'hui, Jungkook a choisi de se retirer du monde du journalisme. D'autres questions ? »
La journaliste laissa échapper un petit soupir, tandis que Jin se concentra sur l'homme au quatrième rang, qui attendait encore son tour.
« Avez-vous trouvé l'amour là-bas ? »
Jin trouva cette question totalement absurde, mais il savait qu'à ce genre d'événements, toutes sortes d'informations étaient recherchées. Alors, il passa la langue sur ses lèvres, prenant un regard dur.
« Nous ne nous y étions pas rendus afin de faire des rencontres. »
« Pourtant...» reprit la femme du troisième rang, « En lisant votre article, on peut voir que plusieurs protagonistes ressortent souvent tout au long de votre récit. Vous parlez surtout d'un certain jeune homme...Vous parlez...de sensualité, de choses pareilles ? »
Il y eut un lourd silence dans la salle, et Jin posa directement son regard sur sa femme. Il se sentit quelque peu gêné par cette question, mais il avait toujours été honnête envers elle, qui était l'amour de sa vie. Il lui avait absolument tout raconté, et la jeune femme ne l'avait jamais jugé. Au contraire, elle l'avait aidé à se relever, afin de devenir plus fort et surtout, elle lui avait appris à chérir tous ses souvenirs.
Jin attendit tout de même son approbation avant de parler, et il se senti confiant à nouveau lorsque sa femme lui fit un signe de tête, lui faisant comprendre qu'il était libre de répondre ce qui lui paraissait le plus juste.
« Effectivement, il y a bien eu quelqu'un qui...Qui nous a aidé. Et qui a aussi été cher à mon cœur. Mais son cœur à lui ne m'appartenait pas, et appartenait à une tout autre personne, que je respecte tout autant. »
Cette fois-ci, la jeune journaliste le remercia, notant rapidement ses propos sur son carnet, laissant la parole à un de ses compères.
« Avez-vous rencontré des personnes là-bas, avec qui vous aviez pu garder contact et qui vous ont aidé lors de votre enquête ? »
« Je...»
« Monsieur Kim, pourquoi ce choix de signature à la toute fin de votre article ? Vous n'avez pas signé de votre propre nom. »
« Et bien, je....Si j'ai fait le choix de cette signature plutôt qu'une autre c'est parce que...C'est parce que...»
Soudainement mal à l'aise, alors qu'il parcourait la salle des yeux, Jin tenta de repérer sa femme dans la foule, mais son regard dévia sur deux inconnus au fond de la pièce. Il lui fallut s'éloigner du pupitre pour éviter les lumières des projecteurs, afin de froncer les sourcils et de pouvoir proprement se concentrer sur ce qu'il voyait. Ou plutôt, sur ce qu'il pensait avoir vu.
La salle était toujours aussi bruyante, mais Jin n'entendait même plus toutes les questions qu'on lui posaient, trop concentré et surtout, perturbé. Il se demandait si ce n'était pas la fatigue ou le stress qui lui jouaient un mauvais tour, puis, lorsqu'il vit ces deux ombres à casquettes noires commencer à se diriger vers les portes, Jin sentit son cœur battre encore plus fort.
Son regard croisa celui de sa femme, qui fit une petite grimace avant de se retourner afin de comprendre ce qu'il cherchait à trouver, et enfin, Jin s'approcha rapidement du micro.
« Excusez-moi...Je suis désolé, je reviens, je...»
Lâchant le pupitre et manquant presque de le faire tomber en avant, Jin se précipita hors de la scène et se mit à courir entre les rangées de chaises, sous les regards affolés des journalistes.
Son cœur battait à tout rompre et son cerveau ne répondait plus à rien. Il avait besoin d'être sur. Il devait savoir. Jin n'était pas fou, du moins, il n'avait jamais pensé l'être et ces deux ombres au loin lui avaient réellement rappelé de vagues souvenirs.
Cela faisait presque une éternité maintenant, qu'il n'avait pas revu la forme de certains visages, ou qu'il n'avait pas entendu certains sons de voix qui jadis étaient toujours présents, chaque jour de sa vie. Et plus il courait, plus Jin se persuadait qu'il n'avait pas rêvé.
Il est vrai qu'il n'avait presque rien dormi ces derniers jours, bien trop tendu à l'idée de se retrouver ici pour revenir sur cet article, mais ses yeux ne l'avaient pas trompés. Ils ne pouvaient pas l'avoir trompé.
Arrivant devant les grandes portes battantes de l'auditorium, Jin les ouvrit de ses deux mains, les faisant claquer derrière son dos.
Il avait l'impression d'avoir le souffle coupé, pourtant il n'avait parcouru qu'une moyenne distance jusqu'à ce grand hall, qui pourtant, était totalement vide.
Il n'y avait personne.
Et Jin commença à regarder absolument partout, comme s'il découvrait cette grande pièce, ce grand hall pour la toute première fois. Il cherchait en vain, les mains tremblantes et le cœur prêt à s'arracher de sa cage thoracique.
Il n'y avait pas une seule trace de ces deux ombres, de ces deux inconnus qui lui avaient joué des tours, et pourtant Jin était certain qu'ils avaient été présents dans cette salle.
Même s'il n'avait pas pu voir leurs visages qui étaient cachés par leurs casquettes noires, bien que la lumière de la salle était tamisée, il les avait vues.
« Monsieur Kim ? »
Jin qui était tout prêt des portes du bâtiment s'apprêtant à aller jeter un œil à l'extérieur, tourna la tête à sa droite, découvrant alors le jeune stagiaire journaliste qu'il formait depuis peu, qui s'avançait jusqu'à lui.
« On m'a dit de vous donner ceci. Je ne pensais pas vous voir avant la fin de la conférence, mais comme vous êtes là...Tenez. » dit-il en tendant au journaliste, une boîte qu'il n'avait jamais vue avant.
Scrutant la boîte qu'il tenait maintenant entre ses mains, Jin essaya de comprendre pourquoi et comment elle avait pu arriver jusqu'ici, et surtout, de comprendre de qui venait ce présent.
Puis, instinctivement, le jeune homme releva les yeux vers les portes vitrées du bâtiment, et c'est là que son regard croisa celui d'une toute autre personne, au travers d'une vitre de voiture qui défilait dans la rue.
À l'intérieur du véhicule, le jeune homme hocha une dernière fois la tête à cet ami qu'il n'avait pas recroisé depuis onze longues années, puis il laissa retomber sa tête contre le siège, laissant sortir un soupir d'entre ses lèvres.
À sa gauche, le conducteur ne lui adressa aucun regard, mais posa plutôt sa main sur sa cuisse, comme pour venir le réconforter.
« Tu penses qu'il t'a vu ? »
« Je ne pense pas...J'en suis même sûr. » avoua le jeune homme, passant la main dans sa tignasse noir, après avoir retirer sa casquette.
« On devait seulement lui remettre la boite, Jimin. »
Secouant la tête en silence, ledit Jimin posa son regard sur la route qui défilait devant lui, essayant seulement de se concentrer sur la douce chaleur qui émanait de la main de son amant derrière le volant.
« Je sais Yoongi...C'était le plan. »
« Bien. » souffla l'homme aux cheveux gris, avant de reposer sa main sur le volant.
« J'ai lu que les étoiles allaient briller ce soir. » reprit Jimin, massant doucement sa nuque.
Yoongi lui, se mit à sourire, et prenant une forte accélération qui les fit quitter la ville, il lança un petit regard à son petit-ami.
« On dirait qu'eux aussi, ont décidé de faire leur adieu à leur manière. »
*
Un an plus tard.
Cela faisait au moins quatre heures que Jin travaillait d'arrache pied sur le dossier que lui avait fait parvenir son jeune stagiaire. Il n'avait pas quitté son bureau depuis le dîner, et ce, même si sa femme lui avait demandé ne pas se tuer à la tâche.
Les yeux rivés sur cette tonne de papier qui étaient éparpillés sur son bureau, Jin remarqua enfin qu'une petite paire de petites billes noires le fixaient au travers de l'embrasure de la porte. D'habitude, Jin faisait toujours attention à la refermer derrière lui, afin de ne pas être dérangé.
Mais cette fois, il avait simplement dû oublier.
Lassé de tout ce travail, Jin fit alors semblant de lever parfois les yeux vers la porte, s'amusant comme un enfant avec le petit être qui se trouvait derrière. Ce petit jeu dura quelques minutes, avant que Jin ne fasse signe à son fils de rentrer.
« Viens voir papa. »
Le petit garçon, à la magnifique chevelure noir, ouvrit alors la porte et se mordit les doigts avant de lui offrir un beau sourire et de courir jusqu'à lui, grimpant sur ses genoux. Le son de son rire cristallin réchauffa rapidement le cœur de son père, qui se mit à sourire lorsqu'il vit la façon dont son petit nez s'était retroussé.
« Tu devrais dormir, tu le sais ça ? »
« Maman elle fait dodo ! Je l'ai endormie. »
Jin se mit à rire à la réponse aussi honnête et absurde de son fils, passant la main dans ses cheveux.
« Tu l'as endormie tu dis ? »
Le petit garçon hocha la tête, jouant alors avec les mains de son père.
« Oui p'pa ! Je lui racontais des histoires et tout, puis hop ! Maman dodo...Oh j'aime trop cette photo ! »
Le petit garçon s'appuya d'une main sur le genoux de son père avant de se pencher pour attraper de l'autre, le cadre qui ne quittait jamais son espace de travail.
« Elle est belle cette photo, papa. »
« Je sais, tu me le dis tout le temps. » répondit Jin, souriant faiblement, la tête posée sur les cheveux de son fils.
« Dis papa...Je veux que tu me raconte l'histoire ! »
« L'histoire de ? »
« Pourquoi tu m'as appelé comme tonton ! » s'écria le petit, tout enthousiaste.
« Koo...Je te l'ai déjà dit plein de fois. »
Le petit dénommé Koo se retourna face à son père, faisant la plus adorable moue qu'il n'avait jamais vu.
« Mais s'il te plaaaaaaaît....»
Jin ne pu se retenir de fondre pour la bouille adorable de son fils, et il tiqua sa langue sur son palais avant de l'aider à bien se replacer sur ses genoux, posant sa tête contre son torse, tandis que le petit tenait toujours le même cadre entre ses mains, qu'il regardait en souriant bêtement.
« Jungkook, ton oncle, c'était vraiment quelqu'un de bien. Un des plus terribles, un peu comme toi, pas vrai ? Mais le plus gentil et le plus aimant de tous...»
Se plongeant totalement dans son récit, Jin conta pour la énième fois à son fils, la raison pour laquelle il avait fini par avoir le même prénom que cet oncle qu'il n'avait jamais connu qu'au travers de ses souvenirs.
Bien qu'il était un véritable adulte maintenant, Jin s'était senti nostalgique en regardant cette belle photo de lui et de son ami, cette photo qui avait d'ailleurs toujours été sa préférée. Il pouvait même encore se souvenir de cette belle journée. C'était un jeudi si sa mémoire était encore bonne, et c'était le printemps. Après une courte matinée au sein de leur université, les deux jeunes hommes avaient décidé d'aller se promener en compagnie du vieux Monsieur Kim. Ce dernier les avaient invité à se joindre à lui pour une petite séance de pêche, et Jungkook avait de suite paru enchanté à l'idée d'y aller. Finalement, ayant oublié de mettre les cannes à pêche dans le coffre, Jin s'était fait réprimandé et la petite séance de pêche s'était transformée en petite balade.
Jungkook et lui s'étaient battus comme des gosses toutes les cinq minutes, se courant après et se jetant des feuilles et de la terre. On aurait pu penser qu'ils étaient des gamins dans un corps de jeunes adultes, et cela fit rire Jin pendant que les scènes se rejouaient dans son crâne.
Puis finalement, ce fut le père de Jin qui leur avait proposé de s'asseoir sur ce grand mur, afin d'immortaliser le moment. Et il avait bien fait, puisqu'après le cliché, Jin n'avait pas lâché la veste de son ami, se moquant de lui dès qu'il en avait eut l'occasion en lui rappelant d'à quel point cette tenue verte lui donnait des allures de pêcheurs des campagnes. Ce qui, avait été totalement absurde.
Cette photo reflétait un souvenir parmi tant d'autres, et Jin n'avait jamais pu s'en séparer.
Finissant enfin son récit, Jin remarqua alors que sa petite progéniture s'était endormie contre son torse. Sa petite bouille le fit sourire à nouveau, avant qu'il ne vienne caresser ses cheveux.
« Je me disais bien qu'il était avec toi. »
La douce voix de sa femme lui fit relever la tête, et Jin lui adressa un beau sourire.
« Tu ne dormais pas ? »
« Sa-rang m'a réveillée...Tu lui parlais encore de lui, pas vrai ? »
« Hm...» acquiesça Jin, avant de venir reprendre le cadre des mains de son fils qu'il déposa à nouveau sur son bureau, « Au moins, il dort maintenant. »
« Il te manque ? » demanda sa femme, attendrit par le regard que son mari portait à la photo.
« Tous les jours. »
À ces mots, Jin se leva tout en prenant soin de porter correctement son fils. Il passa la porte et embrassa sa femme sur son front, avant de filer jusqu'à la chambre de leur enfant. Là, il déposa doucement son fils dans ses draps, mais ce dernier rouvrit lentement les yeux, commençant à grogner dans son sommeil.
« Pa-papa...»
« Oui, Jungkook ? »
« Redit-moi cette histoire...S'il te plait...Dep-depuis le début. »
Jin le recouvrit alors avec sa couverture, avant de prendre place à ses côtés sur le lit, et caressant son petit visage, il commença à conter cette histoire que son fils aimait tant entendre.
« On raconte que le Diable avait eu deux fils...»
*
Lorsqu'il sortit de la chambre de son fils, Jin marcha dans ce petit couloir qui menait à son bureau, et sur le chemin, il croisa sa femme, qui l'arrêta en attrapant son bras afin de poser un chaste baiser sur ses lèvres.
« Ne te couche pas trop tard, chéri. »
Jin répondit à son baiser, puis il l'encouragea à aller se coucher avant lui.
« Je ne serais pas long, c'est promis. »
Entrant de nouveau dans son bureau, Jin prit cette fois l'initiative de refermer sa porte, avant de venir s'asseoir devant son office. Il prit quelques minutes rien que pour lui pour jeter un dernier regard à ce cadre qu'il aimait tant, avant de tirer l'un des tiroirs de son bureau, dont il sortit la fameuse boîte qu'il avait reçue un an auparavant.
Il ne l'avait jamais ouverte.
Il ne l'avait jamais ouverte pour la simple et bonne raison que Jin avait compris ce jour-là, en voyant vaguement le visage de Jimin à travers la vitre de cette voiture, que cela allait certainement avoir un rapport avec toute leur histoire.
L'ouvrir revenait donc à admettre que tout ce qu'il s'était passé était fini, et surtout, admettre que Jungkook n'était plus là.
Si aujourd'hui son fils lui avait redonné la joie de vivre car il voyait en lui le doux souvenir de son ami, depuis la naissance de sa fille il y a quelques semaines de cela, Jin avait enfin eut envie de vivre sa vie et de mettre un point final à toute cette histoire. Sans pour autant oublier tout ce qu'il avait été.
Tout ce qu'il avaient tous été.
Posant la boîte devant lui sur le bureau, Jin se mit à l'observer en silence. Ses mains vinrent d'elles-mêmes faire le contour de l'objet, traçant ses courbes et ses reliefs et après avoir pris une grande inspiration, il se décida enfin à l'ouvrir.
Il semblait y avoir plusieurs enveloppes, et Jin prit une seconde inspiration avant de tirer la première.
"Jin,
Je ne sais pas quand est-ce que tu liras cette lettre, mais le jour où tu seras prêt à le faire, tu sauras que tu as fait le bon choix.
Sache une chose, c'est que dans la vie, il n'y a jamais de hasard. Cette histoire était écrite, je l'avais déjà lu. Je le savais, et je savais quelle en serait la finalité. J'aurais pu vous arrêter, mais tu sais, la partie humaine en moi était tellement égoïste...Puisque si je ne l'ai pas fait, c'était pour mon frère. Et tu le comprendras mieux que quiconque. Puisque tout comme moi, tu as perdu le tien.
J'ai été égoïste parce qu'en voulant que mon frère vive enfin l'amour, je savais que cela allait mener Jungkook à sa perte.
Mais tu sais Jin, tout comme Taehyung, Jungkook était une âme déchirée, à qui l'on avait jamais donner le choix. Toi comme moi, avons essayé de les sauver, mais encore une fois, tout était écrit.
Malgré tout, je suis aujourd'hui convaincu que nous avons fait le bon choix. Moi en vous laissant rentrer dans notre vie, et toi en laissant Jungkook sur cette falaise.
Je voulais juste te remercier, d'avoir été celui que tu as été avec ce formidable gamin qui a permit à mon petit frère de découvrir ce qu'était l'amour.
J'espère que Jungkook et Sa-rang grandiront bien. Et tout comme j'ai pu le lire aussi, j'espère que ce troisième enfant qui arrivera d'ici quelques années, te rendra tout aussi heureux que tes deux premiers.
Et j'aimerais te demander une seule et dernière faveur, Jin.
C'est que tu puisses nommer cet enfant, Taehyung.
Au cas où l'envie te prendrai, ne nous cherche pas, Hoseok et moi. Nous essayons aujourd'hui, tout comme toi, tout comme nous tous, de construire notre vie selon nos propres choix.
Bien à toi."
Namjoon.
Ps : Tu trouveras au fond de cette boîte quelque chose qui, il me semble, doit te revenir.
Le jeune homme lu cette première lettre une deuxième fois, touché par ces mots, et par le fait que Namjoon le remercie. Il était aussi heureux d'apprendre après tout ce temps, qu'ils étaient Hoseok et lui, toujours en vie, et qu'ils avaient enfin choisi de vivre en étant libres.
Et en relisant une troisième fois, Jin se mit à sourire à propos de ce "troisième enfant". Bien sûr, il comptait bien tenir cette promesse, et surtout, il se mit à rire en pensant au fait que ce troisième enfant allait porter le nom d'un enfant terrible, mais pas moins incroyable.
Jin posa la lettre sur le côté de la boîte, après avoir tiré la seconde enveloppe.
Il ne lui fallut que quelques secondes pour reconnaître l'écriture de son destinataire, et son cœur loupa un battement avant qu'il ne se mette à la lire.
"Cher Seokjin,
Si je t'écris aujourd'hui ces quelques mots, c'est parce que je sais que j'ai été presque sans cœur avec toi. Ce que j'ai fais dans le passé, était mal. Surtout vis à vis de toi, puisque quelque part, je t'avais utilisé.
Je pensais t'avoir utilisé, car comme tu le sais, j'ai toujours aimé Yoongi, et en me servant de toi, je voulais quelque part, lui faire du mal car il était tellement ton opposé...
Avec le recul, je comprends et je sais aujourd'hui que ce n'était pas le cas. Je ne t'ai pas utilisé. J'ai seulement été égoïste.
Jin, tu es l'être le plus altruiste que je n'ai jamais rencontré, car tu as toujours tout accepté de nous, sans jamais nous juger. Tu es lumineux, et si magnifique. Et je m'en veux tellement de t'avoir fait souffrir sur ce parking ce soir-là, où encore à PH, là où tu avais tant eu besoin de moi...
Jin, s'il te plait, pardonne-moi pour t'avoir tant fait souffrir.
Je veux que tu saches, que j'ai adoré être dans tes bras. J'ai adoré ce que l'on a vécu ensemble, et s'il te plait, garde une petite place pour moi dans ton cœur, comme je garderais toujours une place pour toi dans le miens. Et s'il te plait, promets-moi de ne jamais oublier Taehyung. Toi au moins, tu as pu lui dire au revoir.
Ta femme a beaucoup de chance de t'avoir à ses côtés, tout comme je sais que tes enfants ont et auront toujours de la chance d'avoir un père aussi digne que toi.
Je t'aime Jin,
Prends soin de toi."
Jimin
S'enfonçant dans son fauteuil, toujours tenant le bout de papier entre ses doigts, Jin ferma les yeux et se laissa plonger dans ses souvenirs, se remémorant alors le sourire de Jimin, la façon qu'il avait de danser ou bien encore de tous les moments intimes qu'ils avaient autrefois partagés.
Parce qu'après tout, Jimin était le seul et unique homme qu'il n'avait jamais aimé.
Et Jin ne lui en voulait plus, aujourd'hui.
Il gardait au contraire un magnifique souvenir de ce fabuleux personnage, et il espérait sincèrement qu'il pouvait être enfin heureux, tout comme lui, aux côtés de la personne qu'il aimait.
Jimin méritait d'être heureux, et Jin espérait du fond du cœur qu'il était aujourd'hui débarrassé de tout ce qui lui avait toujours pesé.
En rouvrant les yeux, le journaliste tira un petit carnet de sa sacoche qui traînait à ses pieds, et il y glissa la lettre qu'il avait repliée, afin de toujours l'avoir près de lui.
Il ne restait donc plus qu'une seule lettre.
Au fond de lui, Jin était presque persuadé de son destinataire, mais une part de lui espérait se tromper. Il n'était pas certain d'être prêt à se confronter une dernière fois à son ami, et même si ce n'était pas physiquement, Jin savait que les mots étaient bien plus forts.
C'est avec beaucoup d'appréhension qu'il tira alors la dernière enveloppe, dont il sortit un papier bien plus grand que les autres, et surtout, bien plus long. Le papier était un peu jauni, et abîmé.
Jin se demanda depuis combien de temps cette lettre attendait au fond de cette boîte, mais il fit bien vite partir cette question de sa tête, en dépliant le papier.
À peine ses yeux avaient-ils lu les deux premiers mots, qu'il pu reconnaître l'écriture nerveuse mais tout de même soignée de celui qui avait toujours été son meilleur ami.
"Mon frère,
Je me souviendrais toujours de ce petit garçon à l'école primaire, qui était venu vers moi avec sa petite boite spider-man, pour m'offrir une partie du goûter que moi, je n'avais jamais eu. Mais aussi de ce petit garçon qui ce jour-là, sans s'en douter, m'a sauvé.
Ce jour-là, Jin, tu ne m'as seulement donné un petit bout de gâteau, mais aussi ton cœur, ta joie de vivre, tes secrets, tes peurs, tes faiblesses mais aussi tes points forts et surtout, ton humour bancal, dont tu es le seul et l'unique fan. Enfin, sache que moi aussi, j'ai toujours aimé tes blagues douteuses.
Mon frère,
Merci d'avoir été là durant tout ce temps où j'avais si peur. Le temps où Sa-rang et moi étions voué à vivre dans l'horreur. Tu nous a apporté non seulement ton soutien, mais aussi ta famille qui, avec le temps, est devenue la nôtre. Sa-rang t'aimait tellement...Je me souviens encore de la façon qu'elle avait de te regarder avec des petites étoiles dans les yeux, quand on dormait chez toi et que tu lui racontait des histoires rocambolesques, presque à dormir debout. Merci de l'avoir rendue heureuse, et de l'avoir aimé tout comme moi, comme si elle avait été ta propre sœur. Merci aussi, d'avoir souffert au même titre que moi, à sa disparition.
Merci de m'avoir montré la lumière et de m'avoir sorti des ténèbres après la mort de notre sœur. Merci d'avoir eu la force de rester debout pour nous deux, parce que j'étais si faible. D'ailleurs, tu as toujours été le plus fort de nous deux, et je t'admire pour ça."
Pris de court par ses émotions, Jin recula la lettre et la posa rapidement sur le bureau. Il lui devenait impossible de continuer à la lire sans trembler de tout son corps, sans que les larmes ne dévalent ses joues.
Bien qu'il s'y était attendu, le simple fait de lire les mots de celui qui lui manquait un peu plus chaque jour était un véritable supplice. Il aurait tellement préféré lui entendre dire de vive voix, et surtout, avoir la chance de pouvoir le serrer dans ses bras.
Inspirant profondément et faisant trembler les petites larmes qui mourraient sur le bout de son nez, Jin vint vaguement essuyé ses larmes avec ses mains, tirant presque sa peau pour l'empêcher de pleurer à nouveau. Puis il se rapprocha du bureau, et reprit la lettre dans ses mains.
"Est-ce que tu te souviens de cette journée où on devait partir à la pêche avec ton père et que tu avais oublié l'élément essentiel...les cannes. Moi, je m'en souviendrais toujours, puisque ce jour-là, t'avais même dit à ton père que ce serait moi l'appât. Comme si de pauvres poiscailles allaient me sauter dessus. Qu'attendais tu de pêcher dans cette rivière ? Un requin ? Vraiment Jin...
J'ai aimé cette journée, puisque je me souviens encore du sentiment qui m'avait habité. De nous deux jouant comme des enfants sous le regard d'un homme qui a été un vrai père pour moi. Et pour cela, je te demanderais de remercier ce grand monsieur pour moi. J'aurais tellement aimé qu'il soit mon vrai père, comme j'aurais tellement aimé que tu sois mon vrai frère. Qu'on partage le même sang.
Merci de m'avoir de m'avoir embarqué dans cette histoire complètement folle. Tu sais, ce jour-là au Seok Times, je me suis dit que t'étais vraiment le gars le plus flippé de la Terre. Qui aurait demandé à son meilleur pote de partir enquêter dans une secte ? Qui, à part toi. Qui aurait pensé à décrocher un prix aussi fou que le prix Pulitzer, que je sais un jour, te reviendra.
Parce que tu as tellement de talents Jin.
Merci de m'avoir permis de retourner chez moi.
Mais surtout, merci de m'avoir permis de rencontrer l'amour de ma vie.
Tu sais Jin, je sais que tu avais d'énormes aprioris sur Taehyung. Mais tu sais, il n'y pas eu la chance d'avoir quelqu'un comme toi à ses côtés, pour lui montrer le chemin. Il s'est construit tout seul...
Tu sais mon frère, c'est quand même fou ce qui nous arrive, non ?
Qui aurait pu croire que moi, Jungkook, un mec qui n'avait pas d'histoire, se retrouve en fait à apprendre qu'il est le fils d'un Dieu ou peu importe comment on appelle ça. Quelle ironie.
Les Enfers.
Le feu.
Finalement, le feu a toujours été le maître mot de ma vie.
Moi Jungkook, aimer un homme, quelle ironie.
Mais quel homme...
Parce que lui aussi, m'a montré la lumière, à sa propre manière.
Jin, je veux que tu saches que si j'ai décidé de partir, c'est parce que tout est devenu trop dur. Et à l'heure où je t'écris, je sens bien que je ne suis plus moi-même. Je sens cette haine qui monte en moi, je peux sentir cette rage et j'ai peur, à nouveau. Mais cette fois-ci, tu ne pourras rien faire.
Jin, je ne suis qu'une chimère. J'ai le mal en moi, et je ne le contrôle plus. Même Taehyung n'y arrive plus. Plus rien. Je suis perdu, je n'y arrive plus et je ne trouve aucune raison de m'accrocher à la vie.
Je sais que ces mots te feront de la peine quand tu les liras, je sais que je vais te faire souffrir, je sais que je vais faire souffrir Taehyung aussi. Mais même vous, les amours de ma vie, vous ne réussirez pas à me sauver. Pas cette fois.
J'ai mal Jin, j'ai si mal.
Et je veux les rejoindre. Toutes les deux. Je veux revoir le visage de ma sœur, celui de Sa-rang, et aussi celui de Soyoon.
Mon frère,
Je veux que tu vives ta vie. Je veux que tu ne penses plus à moi, ou un petit peu, quand tu auras des enfants et certainement une très belle femme à tes côtés. Je veux simplement que tu me promettes que tu diras à tes enfants de ma part que leur oncle les aime, et qu'il aurait tellement voulu les tenir dans ses bras.
C'est vrai que...Ouais, j'aurais vraiment voulu embrasser tes enfants et les voir grandir. J'aurais voulu leur apprendre des petits tours rien que pour te faire chier, j'aurais voulu leur apprendre à marcher à tes côtés, à parler aussi. J'aurais voulu aller les chercher à l'école, les emmener se balader, ou leur faire découvrir mon amour pour la photographie.
Mais je sais que tu le feras bien mieux, à ma place.
Tu te souviens aussi de ce jour-là, où ton père nous avait surpris à s'embrasser parce que t'avais absolument tenu à savoir ce que ça faisait ? Putain Jin, ce jour-là j'avais vraiment eu envie de te gifler, surtout que des années plus tard, dans cet appartement à Andong, tu m'as redemander la même chose.
Oh aussi, tu te souviens de nos premières vacances rien que nous deux ? Dans ce chalet sympas près d'un lac. On avait passé une semaine entière à faire des conneries et à bouffer à s'en remplir la panse. D'ailleurs à l'avenir, arrête de manger comme ça ou tu finiras vraiment par devenir obèse mon pote...
Enfin, pour revenir aux choses sérieuses.
Je t'écris aujourd'hui sans savoir quand est-ce que tu liras cette lettre. Peut-être que tu ne la liras jamais, mais quoi que tu fasses, j'ai confiance en toi. Je sais que toi, tu réussiras à trouver le chemin que moi je n'ai pas réussi à trouver. Car tu es l'être le plus merveilleux que j'ai rencontré. Tu resteras toujours dans ma mémoire et dans mon cœur.
Ne pleure pas, mon frère.
Je t'aime, et égoïstement, malgré tout, même si je t'ai dis quelques lignes plus haut de ne pas m'oublier...Ne m'écoute pas.
Laisse moi vivre à travers toi, et je te promets que où que j'aille, je serais ton étoile."
Jungkook.
C'est complètement écroulé que Jin laissa ses mains retombées sur ses genoux, tenant la lettre si fort entre ses doigts. Ramenant ses jambes contre lui, le journaliste n'en pouvait plus de se contenir et se laissa exploser en larmes. Il était totalement déchiré, en proie au plus gros torrent de tristesse de toute sa vie.
Il avait rapidement compris que Jungkook avait dû écrire cette lettre peu de temps avant sa fin, et il lui avait été facile de comprendre cela grâce à son écriture, mais aussi à cause de ses paragraphes détachés qui traduisaient que le jeune homme avait dû s'y prendre à plusieurs reprises.
Même si la lettre ne datait pas d'hier, Jin avait bien vu que l'encre avait été quelque peu effacée par moment, ainsi que ces petites tâches qui prouvaient que son ami avait dû pleurer en l'écrivant, sans même le vouloir.
N'arrivant pas contrôler ses spasmes, Jin fut pris d'un élan étrange qui le poussa à attraper dans son autre main le cadre et la petite boite, avant d'aller s'écrouler contre la porte de son bureau.
Il ne pouvait même plus s'arrêter de pleurer, et dès qu'il pensait qu'il en était débarrassé, une tonne de larmes refaisaient surface, brouillant entièrement sa vue.
« Pourquoi tu m-m'as lai-laissé id-idiot...Pour-pourquoi t-t'es par-parti...» souffla t-il entre ses lèvres tremblantes, s'adressant au cadre comme si Jungkook pouvait l'entendre.
Comme s'il allait pouvoir lui répondre.
C'est en fixant le cadre qu'il tenait sur ses genoux qu'il se remit à parler sans que ses phrases ne soient saccadées par ses pleurs.
« Tu sais quand je regarde mon fils, c'est toi que je retrouve. Peut-être que toi aussi t'étais visionnaire dan ton genre et que tu savais que j'aurais un gamin avec le même sourire. Il te ressemble tellement et il t'aime tellement...Il aurait tellement aimé te rencontrer et chaque jour il me demande toujours où tu es. Et même si aujourd'hui je suis heureux, que j'ai mes enfants et une femme que j'aime...Il y a bien quelque chose dans mon cœur qui est vide. Et c'est le vide que tu as laissé...Idiot. »
Jin ferma de nouveau les yeux, se laissant totalement submergé par tous les souvenirs qu'il avait autrefois partagé avec son ami, se raccrochant seulement au doux son de son rire, celui qui venait du cœur.
Il se souvint alors des derniers mots de Namjoon, dans sa lettre et rouvrit les yeux, essuyant rapidement ses paupières et ouvrant de nouveau la boite qui traînait sur ses genoux. Il n'y avait plus qu'un léger petit papier de soie. Jin hésita un instant avant de le soulever, puis il finit par attraper le papier du bout des doigts, et c'est là qu'il le vit.
Un large sourire prit place sur son visage encore à moitié dévasté par les larmes.
Il n'avait jamais pensé pouvoir un jour revoir dans ses mains, cette petite chose qui pouvait paraître si insignifiante mais qui, pour lui, représentait tout ce qui lui restait de son ami.
Serrant l'objet contre son cœur, le journaliste peina à se relever sur ses deux pieds, et alla poser sur son bureau la boîte dans laquelle il rangea la lettre de Namjoon. Il tira un tiroir et poussa la boîte à l'intérieur, après avoir replié et ranger la lettre de son meilleur ami dans son carnet qui ne le quittait jamais.
Chose faite, Jin inspira profondément et laissa sortir un lourd soupir, avant de quitter son bureau.
Il marcha lentement et sur la pointe des pieds jusqu'à la chambre de son fils, et son cœur sembla retrouver un rythme normal lorsqu'il vit son doux visage si paisible. Rabattant la porte derrière lui, Jin s'approcha du lit et tira la couette sur le petit corps de son fils, embrassant son front. Passant une main dans ses cheveux en bataille, il se remit à sourire faiblement, puis il souleva doucement sa tête afin de passer autour de son cou, le collier qu'il tenait entre ses mains.
La petite chaînette dorée brillait même sous les faibles rayons de Lune qui entrait dans la pièce, et Jin resta immobile, un sourire idiot sur les lèvres en observant son fils.
Ce petit être aimait tellement son oncle, que Jin avait de suite su que le collier devait lui revenir. En somme, cela lui paraissait plus légitime, et d'une certaine façon, cela lui permettrait de toujours garder un lien avec cet oncle qu'il n'avait jamais connu qu'au travers les longs récits de son père.
Jin savait que Jungkook lui-même aurait légué ce bijoux à son propre enfant, s'il avait eu la chance d'en avoir un.
Par ailleurs, Jin savait bel et bien que son enfant n'était pas Jungkook. Il n'était pas son vieil ami de toujours, et il n'avait jamais cherché à faire un quelconque transfert en lui donnant ce nom, ni en donnant le nom de Sa-rang à sa fille. Il n'aurait jamais voulu faire porter un tel fardeau à ses enfants, en leur donnant le nom de ceux qu'il avait le plus aimé dans sa vie.
Non, au contraire.
Jin remerciait chaque jour le ciel pour lui avoir donné une femme si compréhensive, qui lui avait elle-même proposé de donné à ces noms, une toute nouvelle signification. Une nouvelle vie.
C'était une chance, et puis, Jin avait fini par se dire que c'était ce dont il avait eu besoin. Cela avait été sa façon de retrouver sa famille, et de faire en sorte que ces prénoms puissent porter non plus la douleur, mais tout le bonheur et l'amour qu'ils auraient du mérité.
Parce que oui, ces enfant allaient avoir une sacrée vie.
Que ce soit ce beau petit garçon qui dormait si paisiblement, que ce soit cette petite aux yeux scintillants ou bien encore à ce futur enfant qu'il avait déjà hâte de voir naître.
Jin comptait bien leur offrir une vie incroyable, et il ne doutait pas un seul instant du fait que ces enfants nageraient toujours en plein bonheur.
« Dors bien, fils. » chuchota le journaliste, passant une dernière fois sa main sur le doux visage de son enfant, avant de quitter sa chambre.
Il alla ensuite trouver sa propre chambre, et c'est en retrouvant la douce chaleur de sa femme et passant ces bras autour de sa taille, qu'il trouva enfin le sommeil le plus réconfortant de toute sa vie, depuis un bon moment.
Parce que bordel, ces enfants allaient être une relève incroyable.
Parce que cette fois, chacun d'eux serait guidé par l'amour.
Parce que Jin comptait bel et bien leur montrer le chemin.
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Un épilogue vous attends, alors ne soyez pas encore entièrement déçu. Enfin, je dis ça mais je ne sais pas vraiment comment vous vous sentirez après la lecture de ce (superbe) chapitre.
J'ai vraiment aimé l'écrire, parce qu'il est certainement l'un des plus touchant de toute l'histoire. J'ai voulu donné une place particulière au personnage de Seokjin, et l'amitié qu'il avait avec Jungkook me tenait à cœur. Alors c'était logique pour moi, de "finir" avec un chapitre de ce genre. Et puis, il est vraiment touchant.
Je ne sais pas ce que vous en penserez, mais il est important de comprendre Jin ne fait pas de transfert sur ces enfants. Cela peut paraître étrange, mais son but n'était pas de retrouver ce qu'il a perdu (Ses amis, dont Jungkook et sa sœur) au travers de ces enfants, mais plutôt de leur donné indirectement la chance de vivre le bonheur qu'ils n'ont pas eu.
Je vous laisse aussi vous imaginé ce qu'on pu devenir les autres personnage, puisque je ne voulais pas vous enfermer entre deux murs les concernant. Je trouve cela plus beau, de vous laissez vous lecteurs, imaginez ce qu'à pu devenir leur vie. Peut-être que plus tard, j'ajouterais des chapitres bonus (je pensais le faire pour les an de la fiction) à propos de leur vie. Si cela vous plairait, faites le moi savoir et j'y penserais.
Sur ce, j'espère que vous en tirez tout comme moi de belles leçons de vies. Mais comme je vous l'ai dis, ce n'est pas encore la véritable fin, puisqu'un épilogue vous attend.
Ps : voici la photo qui réside sur le bureau de Jin.
Prenez soin de vous,
Je vous aimes ♥
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