Chapitre 10 : Rentrée
Le reste des vacances se passa tranquillement. Pour s'occuper et ne pas laisser l'esprit de Shou s'évader, le couple avait décidé d'aider au Bureau des Esprits. Les quatre adolescents espers s'organisaient régulièrement des petites compétitions mais personne n'arrivait à battre Mob, comme d'habitude. Lors de leurs ballades, les deux amoureux avaient croisé Mezato, Tsubomi, des membres random de l'ancien club des télépathes et de culturisme. Shou avait sauté de joie lorsqu'il avait revu les anciens membres de son équipe de résistance. L'ambiance avait été quelque peu plus gênante quand ils avaient croisé par hasard d'anciens balafrés. Ils passèrent aussi au labo d'éveil, prenant des nouvelles de tout le monde.
Les membres du labo d'éveil avaient été très heureux de revoir Ritsu en pleine forme. Ils avaient eux aussi assisté à la décadence du moral du corbeau. Voir les deux adolescents en couple ne les avait absolument pas surpris, comme absolument tout le monde. Ressortant du labo, Ritsu était quelque peu sur les nerfs. Shou, les bras derrière la tête, sifflotant, finit tout de même par lui demander ce qui n'allait pas.
« Ritsu : Ce qui ne va pas ? Ils savaient tous. TOUS.
Shou : Savaient tous quoi ?
Ritsu : *désespéré, arrête subitement d'être en colère* Shou, t'es sérieux ? Ils savaient tous qu'on s'aimait, que nos sentiments étaient réciproques et ils ont rien fait. RIEN.
Shou : Ils voulaient peut-être pas se mêler de nos histoires ?
Ritsu : Mon frère et Serizawa ne voulait pas se mêler de nos affaires. Mais tu vas me dire que Reigen, Ekubo, Tome, Hanazawa et même d'autres n'essayeraient rien ?
Shou : Ton frère a dû faire pression.
Ritsu : Comment ça, faire pression ?
Shou : Tu l'as dit, Mob ne serait pas du genre à se mêler de ce qui ne le regarde pas, on le connait. En voyant tous les autres essayer de se mêler de TA vie qui plus est, il a pas dû aimer la blague.
Ritsu : Et il les a prévenu de ne rien faire.
Shou : Je parie tout ce que tu veux qu'il n'a même pas dû se rendre compte qu'il les menaçait.
Ritsu : *main sur le menton* Mouais, c'est bien le style de Shigeo, ça.
Shou : Tu vois. Et puis, pourquoi tu te prends la tête avec ça. On est ensemble maintenant, c'est tout ce qui compte.
Ritsu : Peut-être. Mais tu ne te rends pas compte ? S'ils s'étaient mêlés de ça, on se serait rendu compte de nos sentiments réciproques beaucoup plus tôt et on aurait pu être ensemble beaucoup plus tôt. »
Mais aux paroles du télékinésiste, le rouquin baissa lentement les bras, écarquillant doucement les yeux. Ses épaules s'affaissèrent et son visage prit un air de désespoir. Ritsu, alarmé par son état, essaya de se rapprocher de lui mais Shou se recula lorsqu'il arriva à sa hauteur. Il plaça son bras droit en hauteur, afin de le placer entre eux deux. Baissant la tête, il n'affronta pas le regard miséreux du cadet Kageyama.
« Shou : Si ... si on avait été ensemble plus tôt. Ça voudrait dire que ça aurait été encore plus douloureux lorsque je serais parti. On s'est quittés en tant que meilleurs amis, on s'est retrouvés en tant que meilleurs amis. On savait qu'il y avait quelque chose mais on n'est pas allés plus loin. Ça nous a protégé, cette relation d'incertitude. Parce que ça me donnait une raison en plus de revenir, te dire ce que je ressentais pour toi. Et ça voudrait dire qu'on aurait dû entretenir une relation à distance. Et putain de merde, les couples tiennent quasiment jamais face à ça. Entre temps, tu aurais pu aller voir quelqu'un d'autre. Mais en étant juste amis, je te laissais avec tes sentiments confus et le désir que je revienne pour comprendre. On aurait pu casser pendant ces deux années, tout foutre en l'air, ce qu'on a mis si longtemps à construire. Et ... je sais ... je sais que je n'aurais pas pu supporter ça et maman. Je savais que j'avais besoin de toi. Si tu t'étais trouvé quelqu'un d'autre pendant que j'étais parti, tu ne serais plus là pour me soutenir pour surmonter mon deuil. Et ... je sais que j'aurais fait une connerie ... Une très grosse connerie. »
Shou n'avait pas relevé la tête mais Ritsu voyait tout de même les larmes couler et s'écraser sur le bitume. La main levée de Shou tremblait, Ritsu n'avait qu'une envie, c'était de la prendre dans sa propre main, de le rassurer. Lui dire qu'il était là. Mais il savait qu'il devait laisser Shou finir son monologue, ça lui faisait du bien, ça le libérait. Pour surmonter une épreuve, il fallait en parler. Et c'était exactement ce que faisait Shou. Le corbeau ne savait pas s'il devait être fier ou lui-même brisé des paroles de son petit-ami. Il avait compris la globalité de son message et cela lui brisa le cœur. Il n'avait pas pensé à ça. Il n'avait pensé qu'à un bonheur qui aurait été éphémère et qui se serait brisé aussitôt. Maintenant, ils avaient grandi, ils avaient vécu, ils avaient plus d'expérience. Il comprenait, et il était finalement du même avis. Pas question qu'il le laisse tomber. Ce fut surtout la dernière phrase qui lui planta un couteau dans le cœur. Il comprenait tout à fait de quel genre de connerie Shou voulait parler et cette fois-ci, ce serait lui qui ne s'en serait jamais relevé.
Lorsque Shou arrêta de parler, que l'esprit de Ritsu arrêta de tourner à plein régime. Que la respiration de Shou était saccadée, que celle de Ritsu était bloquée, il se précipita. Il se précipita dans les bras du rouquin et le serra aussi fort que possible. Il pleura contre son épaule, accompagnant les larmes de Shou qui s'étaient elles aussi mises à couler. Ils se serrèrent aussi fort que possible l'un contre l'autre, remerciant intérieurement leurs idiots d'amis de n'avoir rien fait. Et remerciant le plus possible Mob d'être aussi pudique envers la vie d'autrui et surtout celle de son frère.
Ils se séparèrent lentement, encore conscient de la fragilité de la situation. Ils se tenaient simplement là, l'un contre l'autre, le front collé à l'autre. Ils rechignaient à se décaler, ils ne le voulaient pas. Les larmes avaient tracé leurs sillons sur leurs joues et leurs yeux rougis attestaient que ce n'était pas seulement la situation qui était fragile mais aussi eux tout entier. Ils mirent longtemps à se calmer, ne disant rien, restant l'un contre l'autre, se rassurant de la présence de l'autre, calant leurs rythmes sur l'autre. Lorsqu'ils furent enfin en état de bouger, ils se dirigèrent inconsciemment sur la petite colline. C'était devenu leur endroit à eux, leur coin, leur rendez-vous improvisé. Ils restèrent toute la journée sur la colline, s'amusant avec leurs auras psychiques, apprenant à l'autre deux trois tours, volant, s'asseyant au sommet de l'arbre derrière eux.
Bien que la scène bouleversa leur après-midi, les jours suivants se passèrent sans problème. Ils passèrent vite, bien trop vite aux yeux de Ritsu qui voulait profiter au maximum de son petit-ami. Il ne savait pas ce que la rentrée allait lui réserver et il n'avait pas réellement envie de le savoir. A ce moment-là, il n'avait qu'une seule envie : rester éternellement en vacances, avec Shou, à faire toutes les conneries du monde et à voler dans tout le quartier, courant sur les tuiles des toitures. Le matin de la rentrée se passa au ralenti pour lui, sans aucune motivation, il se traina de son lit, regarda avec envie Shou en train de dormir, mangea son petit-déjeuner, se doucha, enfila son nouvel uniforme, prit son sac à dos et sortit de la maison en direction du lycée. Pendant tout le trajet, il poussa de vains soupirs. Faire le chemin sans Shou était décidément bien terne.
Il arriva tout de même au lycée, jetant un regard miséreux sur l'établissement. Les épaules basses, il soupira une énième fois, n'ayant absolument pas envie de se retrouver là. Il voulait être dans son lit, au chaud, de préférence dans les bras de celui qu'il aimait. Dieu que c'était domestique. Mais il avait envie de ça aussi. Quelque chose domestique avec lui. La preuve qu'ils avaient grandi, qu'ils avaient tout surmonté et qu'ils pouvaient enfin jouir d'une situation stable et sans surprise. Retrouvant momentanément un sourire, il se dirigea vers les camarades qu'il connaissait déjà du collège. Il fut accueilli joyeusement, charrié quelque peu sur sa nouvelle relation avec le pyrokinésiste. Alors qu'il se laissa tout bonnement emporté par l'ambiance, n'ayant pas envie de trop réfléchir, il sentit deux mains se poser sur ses yeux et une voix enthousiaste lui demander.
« ??? : Qui c'est ?
Ritsu : Shou. Arrête tes conneries, on doit rentrer pour l'attribution des classes, là. »
Alors qu'un grand blanc s'en suivit, les mains ne furent toujours pas enlevées des yeux du corbeau. Ritsu resta quelques secondes sans comprendre et, d'un coup, se retira vivement de la faible emprise. Il se recula, les mains devant lui, les yeux écarquillés, le souffle tremblant. Il regarda la personne en face de lui, qui lui avait bloqué la vue. Shou. Dans toute sa splendeur, un grand sourire collé aux lèvres, les poings sur les hanches, un uniforme enfilé. La bouche de Ritsu tomba, puis se releva comme pour dire quelque chose mais n'y parvenant pas, elle retomba, répétant le processus plusieurs fois. Son petit-ami qu'il ne voulait pas quitter pour aller en cours était là, devant lui, dans le même uniforme que lui ?
« Ritsu : ... Shou ? C'est bien toi ?
Shou : Bah oui, c'est moi. Qui veux-tu que ce soit d'autre ?
Ritsu : ... Mais ... Mais pourquoi ? Je veux dire, c'est génial mais ... t'as jamais été scolarisé, tu sais même pas comment fonctionne une école normale.
Shou : Bah ouais. C'est bien pour ça que le gouvernement voulait m'envoyer à l'école après ma mission. Parce que, d'après eux, il faut que je sois un garçon comme les autres.
Ritsu : Shou, tu es tout sauf un garçon comme les autres.
Shou : Ouais. C'est ce que je leur ai dit mais ils s'en foutaient. De toute façon, je sais même pas comment ils ont fait ça vu que j'ai pas d'acte de naissance.
Ritsu : Bon ... ok. C'est bizarre et assez difficile à avaler. Ils auraient pas pu se bouger le cul avant ? Mais ... Pourquoi ici ? Pourquoi ce lycée en particulier ?
Shou : Bah parce que tu y es. Il te faut une autre raison ?
Ritsu : *rougissant* Ouais, nan. T'as raison.
Shou : Bah voilà. Et en plus, tu sais quoi ? Joseph s'est arrangé avec l'école.
Ritsu : Arrangé ? Comment ? Dans quel sens ?
Shou : Stresse pas, bébé, c'est rien.
Ritsu : Rien ? On parle de toi, là.
Shou : *rigole* Ça, t'as bien raison. En fait, Joseph a fait du forcing pour que je me retrouve dans ta classe. Histoire de repère, que tu puisses me servir de guide et aussi de soutien psychologique, au vu de ce que je traverse.
Ritsu : *écarquillant les yeux* Sans déconner ?! On va se retrouver dans la même classe ?! Je vais t'avoir avec moi ? Genre, tous les jours ?
Shou : Eh ouais. Incroyable hein ? *grand sourire jusqu'aux oreilles* »
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Dixième chapitre.
L'avant-dernier surtout. Ah. Ça fait un petit quelque chose de dire ça. Dire que demain, ce sera la fin de ma fic Ritshou.
Nos deux tourtereaux ont une petite dispute passagère mais, eh, quel couple n'en a pas ? Ça prouve qu'ils sont vraiment un couple après tout. Et puis, c'était une dispute sur un sujet important pour tous les deux. Je n'avais pas prévu ça à la base mais bon, je me suis laissée emporter dans le flot et ça a fini comme ça.
Alors ? Contents de voir Shou dans la même école que Ritsu ? Je me suis toujours plus ou moins demandée comment ça finirait si c'était comme ça dans le canon à cause du caractère de Shou et celui de Ritsu. Dieu, ils pourraient faire une équipe de choc. Je veux voir ça T-T
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