1- Minutes Diluviennes
"Comme un enfant bercé par un chant monotone, mon âme s'assoupit au murmure des eaux."
Lamartine
***
L'eau glisse sur la fenêtre close de la voiture, s'échouant depuis le ciel grisâtre d'une violence rare sur la vitre teintée.
Le temps ne s'écoule pas bien vite aujourd'hui ; Terriblement accoudé à la portière passager inerte, Katsuki s'ennuie comme un chat mort.
Et c'était peu dire.
-Bakugo, ne fais pas cette tête. Plus qu'un ans à tenir.
Son coéquipier, à l'heure actuelle Shoto Todoroki, agrémente son incommensurable sentiment d'insatisfaction.
Un coup d'œil lessivé sur son partenaire face au volant, pour apercevoir l'écran d'un téléphone, les doigts jouant sur Tinder. Preuve accablante d'une ambiance de joie chaotique.
Katsuki souffle d'exaspération.
C'est que ça allait être long, un an, dans une si petite voiture à partager le même oxygène d'un abruti du premier ordre.
Ennuis et impatience couplés ensemble, il sait déjà devoir passer une année terrible.
Il est pourtant si près du but, que sa raison parvient tout de même à garder en laisse les émotions décrites plus tôt.
-T'aurais déjà dû être promu depuis bien longtemps, si tu savais respecter les règles. Le bicolore laissa un blanc, soudainement hésitant sur l'un des profils proposés. Ça me dépasse parfois tes agissements.
L'expression faciale de Katsuki n'esquissa pas même un rictus. Il s'était en quelque sorte accomodé des réflections que la tête de Soba siffle plus désagréablement qu'un haut bois près de son oreille.
Peu raisonnable de sa part, le cendré décide tout de même de gaspiller un peu de son énergie pour lui répondre.
-Ta gueule double face, je t'ai pas causé.
Ce type l'exaspère.
Pire, il n'a pas les mots pour décrire tout le ressentiment qu'il se garde de prononcer. Parce que, s'il y réfléchit bien, il ne comprend même pas mise à part l'agencement de son visage et son air blazé, ce qui peut l'agacer à ce point.
Quelques insultes et pensés refoulés plus tard, il repositionne différemment son bras engourdis contre la portière froide, sa main tenant sa lourde tête, forcé d'admettre que ce débile avait pourtant raison.
Katsuki Bakugo était ce qu'il était, un homme bestiale sur les bords, rancunier, téméraire et sans pitié.
Un profil Tinder qui n'aurait pas percé selon Shoto.
Il y avait quelques anecdotes à ce sujet, comme cette petite crapule nommé Shigaraki Tomura. Des mains agiles, avec lesquelles il parvenait à braver toute les serrures, que ce soit celles des menottes, celles de la voiture de flic, ou encore celles de sa cellule.
Devenant ainsi l'ennemi mumero 1 de l'office, du moins jusqu'à l'arrivée de l'explosif.
En douce, Katsuki lui avait brisé les os des phalanges, prétextant un accident, et on ne rémunéra aucune évasion par la suite.
C'était ça qu'il aimait.
De la considération, et de l'adrénaline.
Ça l'obsedait même un peu trop, puisqu'il ne comptait plus le nombre d'avertissements reçu en l'espace de ce début d'année.
La pluie les enveloppait dans son ambiance morose, et l'adrénaline qu'il recherchait se faisait toujours attendre dans un coin des veines. C'était d'ailleurs étrange, et même si les "gamins-bandit" de 16 piges l'emerdaient au plus haut point, ça avait le mérite de lui donner sa dose.
Seulement ces temps ci, il n'y avait même pas un chat dans les rues. Équation simple mais réaliste : pas de crime + pas d'intervention = pas d'action.
Erreur de calcul ou destin fâcheux, au coin de l'avenue quelques petits mouvements discrets se font percevoir : Katsuki se redresse, alerte, jusqu'à retomber de désillusion : il s'agit d'un couple, enivré de rire et pourtant trempé jusqu'au cou.
La hâte ne semble pas être leur priorité, ils se contentent de se noyer dans le rire et les yeux de l'autre.
Katsuki se surprend de les observer bien quelques minutes, d'habitude assez indifférent à toutes ces histoires, il semblerait avoir contracté une certaine curiosité.
L'amour est pour lui un terrain inconnu.
Et en les regardant, ce mec et sa mine pale, ses yeux rougis et le corps poreux, il se demande encore pourquoi on cri l'amour haut et fort avec un grand A comme étant le remède à tout les maux.
C'est encombrant, addictif, le résultat de quelques molécules chimiques qui vous font perdre la raison.
La raison c'est tout ce qui lui reste. L'addiction il s'en réfère aux cigarettes.
Katsuki souffla une énième fois.
Les imbéciles finirent par s'échapper de son champs de vision, et l'ennui repris péniblement sa place originelle.
L'ennuie est un vide, un cancer ou bien une gangraine qui le dévore de l'intérieur. Parce que, dès lors qu'il y est seul livré à lui même, son esprit divague dans un questionnement interminable. Il se prend parfois de philosophie et d'idées tout aussi profondes que de conneries bêtes comme le monde.
Ce qui est détestable dans l'ennuie, c'est qu'elle nous accule dans un coin de notre tête que l'on aimerait oublier.
-Bon, je te propose de rentrer, ça te va?
Voilà enfin une phrase qu'il aimait entendre. L'intarissable vide avait fini par atteindre son partenaire.
-Carrément. Dit il, esquissant un sourire soulagé.
Todoroki actionna la radio de contrôle, informant le départ imminent, puis retira le frein à main, et ils partirent sur le sillage de la route suintante.
-Quelle journée de merde... Grogna t'il, Les chaussures crantés proches du pare-brise, tandis que le véhicule s'enfouissait maintenant dans la ville de Paradise.
-Oui, J'aime pas la pluie, ça me rend nerveux.
Une remarque de plus que le blond ne releva pas.
Le commissariat se dessinait dans le brouillard, le trajet retour fut rapide, et L'heure de la débauche évité de peu.
Une fois garé, ils sortirent à la hâte rejoindre le bâtiment d'appoint pour se mettre à l'abri.
-Putain mais Quelle journée de merde ! Son uniforme est dors et déjà imbibée d'eau, la moiteur colle son jean à la peau, et dieu sait si cette sensation est désagréable.
-Tu l'as déjà dis.
Double face l'observait, avec cet air indéchiffrable, honnête et innocent à la fois. C'était mielleux à en vomir.
Comme réponse, le blond lui fit ce regard noir insolent, dont le pauvre bicolore en avait tristement l'habitude.
Putain, qu'est ce qu'il l'emerdait celui là.
-Todoroki ! Bakugo ! Déja de retour ?
-Oh, Kirishima.
Le rouquin vint rejoindre le hall accueillant les éponges d'eau de pluie, la main chargée de dossiers jaunis. Des dents pointus ressortais avec aisance, comme à son habitude Kirishima était resplendissant et enjoué.
Decidement ce commissariat n'engage pas des flèches ! Pense t'il, seulement celui là avait le mérite d'avoir un moral et des principes en métal de bronze.
-Il n'y a personne sur les routes avec ce temps. Soupira Todoroki
-Ah, oui, logique....dit il, regardant par delà la porte en verre, le temps grisâtre. Ça tombe bien, on a des dossiers à ranger justement.
Katsuki n'avait décidément pas signé pour ça non plus.
Une certaine chaleur réchauffèrent leurs membres engourdis, et avant même de trouver cela presque agréable, on identifiait déjà l'identité et la source avec un ressentiment hostil.
-Bakugo, dans mon bureau. Maintenant.
La voix provenait d'un homme, large et fort, dont la démarche menaçante en faisait trembler plus d'un.
Endeavor, le patron, l'homme qui brûle les étapes.
La porte de son bureau claqua un instant, dispersant quelques particules de craintes dans l'atmosphère. Le visage de son collègue rouquin se tordait déjà de stupeur et de pitié concernant la suite du scénario.
-Oula Bakubro, ça sent les problèmes.
La crainte de ses camarades n'étaient pas anodines, on se faisait rarement convoquer pour des compliments.
-Tch, une promotion, sans aucun doute.
Il se voilait sûrement la face, poussé par son ego avide.
Rien que cette semaine il cumulait,
Agression physique injustifiée, Abus verbale sur civil, violation de domicile...
Trop de possibilités, et peu d'arguments en poche. Il était mal barré.
-Tient toi bien bro, il est de mauvaise humeur depuis ce matin.
-Me dit pas ce que je dois faire Tête d'Ortie. Je gère le vieux croûton.
Non, il ne gérait pas vraiment, mais si ça pouvait lui éviter les corvés sans intérêt alors ça valait peut être le coup.
Une fois devant la porte des enfers, il actionna la poignée, l'air chaud intérieur fouetta son visage avant d'y pénétrer entièrement.
C'était la fournaise, et le mot n'était pas tout à fait juste.
Endeavor s'assis dans son fauteuil disproportionné (-il fallait au moins ça en vu de sa carrure-)et l'intima silencieusement de s'asseoir à son tour.
Son regard enflammé suivait avidement ses mouvements, pris dans le collimateur.
La pression qu'il exerçait était à la fois fascinante et étouffante.
-Comment va Shoto ? Il a bien bossé ?
Parce que oui, ce type n'était d'autre que le Papa poule du bicolore.
-Il était comme d'hab.
C'est à dire insupportable, et visiblement la tête de con était un trait de famille héréditaire.
-Bien.
Shoto Todoroki, choisi comme son partenaire sous l'ordre de son père : je veux qu'il apprenne des meilleurs ! Disait il. Katsuki en était flatté, au début, avant de se coltiner cette larve attardée, aux goûts capillaires douteux et qui n'a qu'en bouche la pluie et le beau temps.
-Écoutes, Endeavor se racla la gorge je vois bien que l'action te démange.
Katsuki haussa un sourcil pour signifier que c'était en effet le cas, intrigué par la suite de son discours. J'ai une mission pour toi.
Le second sourcil se leva rejoindre son jumaux, essayant de contenir une certaine palpitation, Katsuki savait pertinamenent ne pas crier victoire trop tôt. Endeavor sorti un dossier assez conséquent des tiroirs de son bureau, la mine sérieuse et grave.
-Comme tu es censé le savoir, la police de Paradise s'est toujours occupé du quartier Est, un quartier pauvre de banlieu qui abrite une mafia sans intérêt.
Il ouvrit le dossier sur l'image d'un homme au masque pointus.
Depuis peu, des choses étranges ont été observés, quelques rumeurs circulent sur l'arrivée de Yakuzas puissants et leur volonté d'étendre leur territoire.
À son entré ici, on lui avait en effet rapidement évoqué cette règle : La police régule la mafia du quartier Est sans l'éradiquer.
Trop dangereux, d'après les dire, de se mêler à ses gars, et de se les mettre à dos soi disant.
On régule la haine, on confine les ordures dans la banlieue en faisant en sorte que la gangraine n'atteigne pas la ville centre.
L'hypocrisie à l'état solide.
Katsuki avait appris à ses dépends que le sens de la justice n'était pas ce à quoi il s'attendait.
Non, la mentalité était plutôt de celle ou l'on Limite les risques même si on a les moyens de faire mieux, parce qu'il faut également économiser les ressources.
C'était juste aberrant, et abjecte.
-D'accord, et je dois faire quoi exactement ?
-Tient, il lui tendit le fameux dossier. Toute les informations sont là dedans.
Matériel en main, les deux hommes se relevèrent visiblement entendu.
-Des que tu peux, rend toi là bas, fond toi dans le décor et essaye d'extraire le plus d'information sans t'attirer d'ennui.
Endeavor fit le tour de son bureau, et se posta habilement devant le jeune garçon. Mit côte à côte, la taille et la dégaine de Katsuki semblait pittoresque.
Il tendit la main, comme signe de bonne chance,
Katsuki la serra lentement, et le bougre se mis à le ramener vers lui d'une façon plus que sérieuse.
-Je te confis cette affaire, car s'il y a des complications je sais que tu peux gérer, j'ai confiance en toi, mais ne fais pas le fou. C'est bien clair ? T'as pas à faire à des tapettes, eux ils rigolent pas une seule seconde. Compris Lieutenant ?
-Compris. Lâchez moi.
L'épiderme se libéra de ses grandes mains moites, il sortait enfin pour y retrouver l'air frais à nouveau.
Et malgré l'amertume qu'il portait à cette homme, maintenant que ce dossier était fixé à sa main gauche, il se sentait obliger de le remercier en silence pour ses futurs nuits sans calme.
-Alors ? Tu es suspendu ?
-Un nouvel avertissement ??!
À peine sortis, des têtes curieuses vinrent le rejoindre, soudainement intéressées.
Son visage se déforme par réflexe d'un large sourire carnassier, agitant le dossier devant leur mine perplexe.
-Eh non, j'ai une affaire dangereuse à gérer, alors hors d'ma vu les boulets.
Katsuki passa son chemin, arrosé des quelques plaintes de ses camarades.
Il était fier et soulagé que l'ennuie qui lui martelait les épaules jusqu'à présent, se soit enfin volatilisé.
***
Yo le rap
Alors...
... qu'en pensez vous ?
J'ai eu quelques complications avec le temps à employer, je ne savais pas lequel du présent ou du passé convenaient le mieux (première histoire que j'écris à la troisième personne entièrement), ce qui a créé une sorte de mélange...
J'aimerais votre avis la dessus x(. (dans l'optique d'améliorer la fluidité du chapitre, et les prochains)
J'ai cru voir des histoires de ce genre, mais pour lesquelles Katsuki était le chef de la mafia, donc pour changer je me suis dites qu'il serait un bon flic après tout 😁
Un petit Izuku sauvage apparaîtra dans le prochain chapitre 👀
Pensez vous qu'il fera parti de la mafia ?
Ou de la police ?
Tchussy 💋
Dessin :
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