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Chapitre 2


— Mademoiselle Duchêne ?

Où suis-je ? Il y a deux secondes, j'étais en train de faire mes adieux à Raphaël, et me voici dans un endroit inconnu. Une salle blanche et froide. Je dis une salle mais en vérité il n'y a pas de murs. Vraiment étrange. Et à qui appartient cette voix qui m'appelle ? Tout est clair et lumineux autour de moi. L'air sent...

— Mademoiselle Duchêne ?

Voilà que la voix me rappelle. Suave. Si je suis montée au ciel, les anges doivent être diablement sexy. Je visualise un beau blond, les yeux verts, un grand sourire, les dents étincelantes. À l'américaine, vous voyez. Je ne suis peut-être pas tant à plaindre.

— Mademoiselle Duchêne ? Vous m'écoutez ?

Je me retourne, et l'ange qui s'adresse à moi est exactement comme je l'ai imaginé.

— Bienvenue. Vous vous trouvez aux portes du Paradis, déclare le divin beau gosse.

— Ah, j'imagine que vous êtes le videur ?

L'ange ne sourit pas. Apparemment, le sens de l'humour ne fait pas partie de ses attributions. C'est noté.

— Je m'appelle Pierre. Je suis le Gardien. Et je vous disais donc, Mademoiselle Duchêne, bienvenue au Paradis. Félicitations, vous l'avez mérité.

Ah ! Je savais bien que sortir la poubelle de la mamie du cinquième me rapporterait des points un jour. En revanche, l'accueil est un poil moins convivial que ce que j'aurais espéré. Je n'avais jamais trop réfléchi à la vie après la mort ; c'est vrai, qui a le temps pour ça ? Mais j'avoue que ce que j'avais en tête était plus festif : une haie d'honneur, des canons de confettis et du reggaeton à fond. Au minimum. Peut-être que la soirée d'intégration sera plus sympathique ?

— Nous ne faisons pas ce genre de chose, dit Pierre.

— Quoi donc ?

— Nous ne sommes pas dans une école de commerce.

La vache. Il lit dans les pensées !

— Cependant, ajoute-t-il, si vous en ressentez le besoin, nous avons un groupe de parole qui se réunit tous les jeudis.

Su-per. Je sens que je vais m'amuser comme une petite folle, ici.

Les clés de mon nouvel appartement et la pochette de bienvenue en main, je débarque dans une copie de mon ancien quartier parisien. C'est plutôt déroutant, cette histoire de Paradis. Tout ressemble au monde sur Terre, à une différence près : l'odeur des rues. Ici, point de relent d'égouts, d'effluve d'urine ou de vomi, d'émanation de carburant. Non, le Paradis sent bon. Une odeur, un peu écœurante malgré tout, de barbe à papa.

Je ne salue personne sur mon chemin. Et personne ne semble faire attention à moi. Après tout, des nouveaux il doit y en avoir tous les jours, toutes les heures même.

Quatrième gauche. Home sweet home. Déco minimaliste, moderne. Tout ce que j'aime. Mais il manque quelque chose. Plutôt quelqu'un, me souffle la petite voix dans ma tête. Je renifle pour ne pas laisser mes larmes m'envahir. Je ne vais quand même pas me mettre à déprimer dès mon arrivée ? Je veux voir ce que le Paradis a à m'offrir avant de m'apitoyer sur mon sort.

Après quelques heures (minutes ?) à explorer mon nouvel environnement, je me rends compte que je tourne en rond. Littéralement. Un peu comme dans ce film, où tout est en noir et blanc et où les rues recommencent au début lorsqu'on arrive au bout. Au moins pour faire son jogging, pas de risque de se perdre. Comme si j'allais me mettre au sport...

Énième passage devant le cinéma. Trois films à l'affiche : Sur la route de Madison, N'oublie jamais, et Ghost. Quelle blague. Donnez-moi un pot de glace et des mouchoirs, j'ai trouvé ce qui va occuper ma soirée.

Je les connais par cœur et souffle les répliques à voix basse. Chaque mot d'amour, chaque baiser échangé est un coup de couteau en plein cœur. Je ne peux m'empêcher de me demander ce que Raphaël peut bien être en train de faire en ce moment. Comment s'est passé son mariage ? Est-il heureux, sans moi ? Ça va être ça mon quotidien désormais ? Me morfondre en pensant à mon ancienne vie ? Je crois que j'aurais encore préféré qu'il n'y ait rien après la mort.

Au bout de deux jours à errer entre mon appartement, le cinéma et la bibliothèque, la seule personne avec qui j'ai échangé deux mots, c'est Jeannette ma voisine du dessous. Je n'ai pas réussi à esquiver son invitation à boire le thé, et je le regrette déjà.

— Alors, qu'est-ce qui vous amène ? Une jolie jeune fille comme vous. Quel dommage. La vie est injuste, hein ?

Blonde, la cinquantaine, une véritable Barbie, les rides en plus. Je sens que la cohabitation s'annonce bien.

— Moi, c'est un cancer foudroyant qui m'a emportée. Alors que je venais juste de faire raquer mon ex-mari, en plus. J'allais enfin avoir la belle vie. Profiter. La vie est cruelle parfois, hein ? Je suis contente de voir un peu de sang neuf dans ce quartier. Une jeune, ça va nous faire du bien.

Elle continue son monologue. Je préfèrerais encore qu'on m'enfonce un tournevis dans le cerveau, que de rester là à l'écouter.

— Vous vous plaisez ici ? Vous verrez, le quartier est très calme. C'est vraiment agréable.

Génial. Tout ce que je recherche.

— Vous avez remarqué l'odeur des rues d'ailleurs ? Différente pour chacun d'entre nous. Pour moi, ça sent les billets fraîchement sortis du distributeur, vous savez lorsqu'ils sont encore lisses. Marcel, votre voisin d'en face, c'est le gâteau au chocolat tout juste sorti du four.

Je les soupçonne de fricoter tous les deux. En l'espace de dix minutes, elle m'a déjà balancé trop de détails sur lui pour que ce ne soit qu'un simple voisin. J'imagine que certaines parties de bingo sont plus passionnantes que d'autres.

— Ravie d'avoir fait votre connaissance, Jeannette. Désolée, je dois y aller.

— Attends, on peut se tutoyer, hein. Je ne suis pas si vieille. Je pourrais être ta grande sœur.

Mouais. Faut pas pousser.

— Tu es vraiment jolie, tu sais. T'es des îles, non ?

— Ouais, un truc comme ça.

Je déteste qu'on me sorte cette phrase. Des îles, qu'est-ce que ça veut dire ? De Corse ? Oléron ? Porquerolles ? Bizarrement, c'est toujours à des îles lointaines et exotiques auxquelles les gens font référence en posant cette question. Une façon dissimulée de demander d'où me vient ma jolie peau mate.

— Il faut vraiment que j'y aille.

— Tu as tout le temps devant toi, maintenant. Être pressé, c'est pour les vivants. Je t'accompagne. Où vas-tu ?

— Sauter d'un pont.

— Pardon ?

— Non, rien. Je ne sais pas, je vais me balader. J'ai envie d'être tranquille.

— Tut, tut, tut. Pas de déprime au Paradis. Viens, je vais te présenter Jérôme. Je suis sûre que vous allez vous entendre. Il est beau comme un dieu en plus, ajoute-t-elle en me donnant un coup de coude.

Su-per. Dans quel enfer m'a-t-on envoyée ? Trouvez-moi un formulaire de réclamation pour changer de quartier.

Jérôme possède un canapé en velours. Ai-je besoin d'en dire plus ? Cependant, je dois avouer qu'il est plutôt mignon : châtain, yeux bleus, grand et bien bâti. Le problème, c'est plus sa déco pourrie et ses fringues de merde. Je m'explique. Le sol est recouvert d'une moquette circuit de voiture. Vous savez, comme les tapis qu'on met souvent dans la chambre des petits garçons. Parce que c'est bien connu qu'ils adorent les voitures. Et ben, pareil. Et aux murs, des étagères entières recouvertes de bibelots canard. Que des canards, partout. Des grands, des petits, des colverts, des mandarins – ma connaissance des espèces de canards s'arrête là, vous me pardonnerez mon ignorance du sujet. J'ai du mal à garder les yeux ouverts, tellement ça pique.

Ah, et je ne vous ai pas parlé de sa tenue. Jérôme ne s'habille qu'en jaune. En jaune ! De toutes les couleurs, pourquoi choisir celle-ci ? On dirait une banane ambulante. Jérôme était banquier. Il a porté des costumes tous les jours. Donc depuis qu'il est mort, il a décidé de laisser la cravate au placard et libre court à sa créativité. Et, comment dire ? Sa créativité aurait mieux fait de crever avec lui.

Vous me trouvez méchante ? Mea culpa. Quand j'entends certaines pensées traverser mon esprit, je me demande si je mérite ma place ici. Puis, quand je vois avec qui je me retrouve, je me dis que oui je suis au bon endroit. Si j'avais été vraiment parfaite, j'aurais probablement atterri dans un quartier VIP. Il doit bien en avoir un. Les VIP se débrouillent toujours pour se retrouver entre eux, où qu'ils soient. Un quartier avec que des gens beaux, intelligents, et drôles. Un quartier, où on fait des cocktails d'intégration.

— Et donc, qu'est-ce qui t'est arrivé ? me demande Jérôme. Moi...

— C'est un AVC, je sais, le coupé-je. Tu me l'as déjà dit trois fois. Pas de bol. Trop de stress au travail. Heureusement, maintenant tu as tout le temps de profiter de tes voitures miniatures et de tes canards. Dis-moi, où sont les toilettes, s'il te plait ?

Jérôme et Jeannette éclatent de rire.

— Il n'y en a pas, voyons.

C'est vrai. J'avais oublié. Plus besoin d'aller aux toilettes quand on est mort. Donc plus d'endroit pour se cacher lorsque l'on se retrouve dans une situation comme celle-ci.

— J'ai besoin d'air, excusez-moi.

Une fois dans la cuisine, j'ouvre la fenêtre. La vue sur les toits est magnifique. Le soleil brille, mais pas trop. Ici, il ne pleut jamais. Il fait toujours beau, mais pas trop. Tout est tiède, et les gens chiants comme la mort. Enfin, ce n'est que mon avis. Je ne vais jamais tenir le coup. J'étouffe déjà. Alors l'éternité, ici ? Au secours.

J'escalade le rebord de la fenêtre, prête à monter sur le toit. Qu'est-ce que je risque ? Si je tombe à votre avis, je rebondirais sur le macadam, Matrix-style ? Si j'avais le pouvoir de voler comme Néo, ce serait beaucoup trop cool.

— Tu es folle ? me dit Jérôme en m'attrapant par le bras. Reviens tout de suite à l'intérieur. Tu pourrais te blesser.

— On est mort. Qu'est-ce qui peut nous arriver de pire ?

— C'est interdit de monter sur les toits. Tout le monde le sait. Il faut respecter les règles ici.

Il referme la fenêtre derrière moi.

— Je crois que tu devrais y aller. Je ne veux pas d'ennuis.

Quel rabat-joie. Reste donc avec ton thé de Ceylan, tes piafs et tes Majorettes. Barbie te tiendra compagnie. Non, mais je rêve, le mec me vire de chez lui ! À ton avis, qu'est-ce que je faisais sur le toit ? Peut-être que si tu étais moins barbant, je n'aurais pas essayé de m'enfuir. En vérité, je ne lui ai rien répondu. Je suis sortie de son appartement toute penaude. Et devinez qui m'attendait devant l'immeuble ? Le videur du Paradis.

— Bonjour, Mademoiselle Duchêne. Il nous a été signalé un incident.

J'hallucine, Jérôme m'a balancée direct. Lui, il aurait eu du succès au temps des collabos.

— Je ne vois pas de quoi vous voulez parler.

— Les toits sont interdits d'accès. C'est dans le règlement intérieur.

— Le quoi ?

— Vous n'avez pas lu la pochette que je vous ai donnée lors de votre arrivée ?

Oupsie. Mieux vaut ne pas répondre. Le Gardien lève les yeux au ciel.

— Vous n'allez pas nous causer de problème, Mademoiselle Duchêne, n'est-ce pas ?

Moi ? Jamais.

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Alors ce chapitre t'as plu? N'hésites pas à me le faire savoir :) Commente et partage si tu connais quelqu'un qui apprécierait cette histoire.

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