Le chalet
Quand nous arrivons au chalet, Elise et Stuart sont déjà là. Je reconnais leur Range Rover garé sur l'une des trois places de parking à l'avant. Je sors de la voiture pour me retrouver dans l'air glacial et m'avance jusqu'au coffre pour prendre mon sac, mais je ne peux pas m'empêcher d'admirer le chalet. Une grande maison tout en bois, avec un étage, un balcon qui fait tout le tour, et une grosse cheminée qui dépasse du toit et fume déjà en nous attendant. Une tonnelle en bois un peu plus loin offre un coin parfait pour profiter de la vue sur les montagnes qui nous entourent avec un foyer au milieu pour faire du feu, entouré de bancs en pierre. La route s'arrête à un portail en ferraille et se prolonge jusqu'aux places de parking et au garage. Tout, à part la route, est recouvert d'une épaisse couche de neige donnant l'impression d'être coupé du monde. J'ai hâte de visiter l'intérieur.
— Allez, viens Boom.
Je baisse les yeux pour voir Boomer assit à mes pieds alors que Drew s'avance déjà vers la maison, mon sac dans une main et le sien dans l'autre. Sans attendre, je le suis alors que Jules et Sophia sont déjà à la porte. Boomer se met en marche en même temps que moi et je ne peux m'empêcher de sourire. C'est le chien le plus adorable que j'ai vu.
— Félicitations ! s'exclament en chœur Elise et Stuart au moment où Jules et Sophia entrent dans le chalet.
J'accélère le pas et referme la porte derrière nous. L'intérieur est tout en bois, le sol, les escaliers, quelques meubles et les murs. Le rustique se mélange harmonieusement avec le moderne pour donner une ambiance chaleureuse et lumineuse. Elise, une petite brune pulpeuse et du genre un peu intello, vient me faire la bise avec un large sourire ravi sur le visage. Je ne lui ai jamais vraiment beaucoup parlé, mais elle est gentille. Je m'avance encore pour admirer le salon où se tient Stuart, un grand blond aux yeux bleus, l'air toujours un peu sévère, totalement à l'opposé de sa fiancée. Il est plus grand que moi d'au moins deux têtes et ne semble pas avoir vu un jour une salle de sport. Il est comme Sophia, du genre à éviter les exercices physiques, ce qui fait que ses chemises sont souvent un peu larges pour lui. Il nous adresse tout de même un sourire chaleureux et me serre brièvement dans ses bras pour me saluer. Il nous arrive parfois de rire des mêmes choses, mais en général nous avons tous les deux un peu trop d'alcool dans le sang à ce moment-là. Sous ses airs sévères, Stuart est un petit fêtard.
— On ne vous a pas attendu pour choisir notre chambre, annonce Elise de sa petite voix aiguë.
— Vous avez déjà un peu exploré ? demande Sophia en regardant d'un air fasciné la pièce où nous nous trouvons.
Une partie de la grande salle fait office de salon, avec des canapés et un gros tapis devant la cheminée. L'autre partie contient une grande table en bois massif, avec huit chaises qui ont l'air aussi confortables que des fauteuils, et une cuisine ouverte dont le bar dispose de quatre tabourets. Toute une partie de la pièce n'est faite que de vitres avec une vue donnant sur la montagne. De l'autre côté, un énorme escalier en bois amène à l'étage.
— Oui, on a vu qu'il y a quatre chambres, donc on ne devrait pas avoir de problème, répond Stuart.
— Moi je vais aller choisir la mienne et m'y affaler jusqu'à ce soir, j'annonce en prenant mon sac que Drew a déposé près de l'escalier avec le sien.
Il se tient au bas des marches, les bras croisés sur son torse alors qu'il me fixe du regard.
— Merci... pour mon sac, je dis d'une voix hésitante, ne sachant pas ce que son regard cherche vraiment à me dire.
Il me répond avec un hochement bref de la tête mais ne bouge pas. Je suis obligée de le contourner pour monter les escaliers.
— Attends, je viens avec toi, dit Sophia en attrapant mon bras.
Nous montons les escaliers et nous retrouvons dans un large couloir bordé de six portes identiques en bois lisse. Sophia ouvre la première à notre droite : une chambre avec un grand lit double, tout en bois, une armoire avec des sculptures impressionnantes et une commode assortie. En face de la porte, de l'autre côté du lit, une porte vitrée donne sur le balcon.
— Jules ne s'est vraiment pas moqué de nous. Ce chalet est magnifique, je dis avec admiration.
Sophia m'adresse un sourire ravi et fier, et referme la porte.
— Si ça n'avait pas été à la hauteur j'aurais dit non pour le mariage, elle annonce d'un air convaincu.
— Quoi ?
Nous sursautons toutes les deux alors que Jules nous rejoint. L'expression sur son visage est un mélange d'hésitation, d'horreur et de surprise. Sophia éclate de rire et s'accroche à son cou.
— Tu sais que je plaisante, Chéri.
Elle plante un baiser sur les lèvres de son fiancé qui, les deux mains prises par leurs bagages, a un peu de mal à la prendre dans ses bras. Ne voulant pas les interrompre, ni assister au spectacle, je continue à explorer les lieux. Derrière la porte de gauche, je trouve la même chambre, avec des meubles un peu plus modernes et d'après les sacs disposés sur le lit, je suppose que c'est celle qu'Elise et Stuart ont choisi. La porte suivante donne sur une salle de bain entièrement carrelée de blanc et noir, avec une cabine de douche multi-jets assez grande pour quatre personnes, des toilettes et un double lavabo. Je referme la porte et ouvre celle d'en face pour y trouver une grande chambre similaire aux deux autres. Mais celle-ci a en plus une autre porte. J'entre et l'ouvre pour voir qu'elle donne sur la seconde salle de bain. Celle-ci est un peu plus grande que l'autre, avec en plus une baignoire en forme d'œuf juste devant une grande baie vitrée qui donne sur la vallée. Avant la fin de la semaine, je prendrais un bain là-dedans en admirant le paysage.
Je ressors de la salle de bain pour traverser le couloir et découvrir la dernière chambre. Je crois que c'est la plus grande de toutes. Le lit est haut, avec une tête de lit en forme d'ailes d'anges, en face d'une penderie fermée par des épais rideaux en lin. La commode est surplombée par un miroir, en face de la porte qui donne sur le balcon avec une vue sur la vallée et une partie de la forêt. Sans attendre, je dépose mon sac sur le lit et cris à qui veut bien l'entendre :
— Je prends celle-là !
Deux secondes plus tard, Sophia arrive en courant. Je la regarde observer la pièce d'un œil critique puis hausser les épaules.
— Les ailes d'anges ce n'est pas mon truc, elle dit avec un faux air détaché.
Je ris et m'allonge sur le lit.
— Mmm... maintenant oubliez-moi jusqu'à ce qu'il soit l'heure de partir, je marmonne les yeux fermés.
— Je viendrais te chercher plus tard pour dîner et ensuite on ira se préparer.
J'agite la main, les yeux toujours fermés.
— Merci.
Le cliquetis des pas de Boomer me parvient vaguement jusqu'à ce que je sente le lit bouger puis une grosse masse contre mon bras. J'ouvre un œil et souris en caressant Boomer, allongé en boule à côté de moi, la tête sur mon ventre.
— Je crois que tu t'es trompé de chambre, mon pote.
Il pose la tête sur le lit, l'air déçu, et je n'ai qu'une envie, c'est de le câliner.
— Ne te laisse pas faire, il sait très bien manipuler les gens.
Je lève les yeux pour voir Drew debout à la porte de ma chambre. Il a retiré son gros manteau, laissant une vue parfaite sur les muscles qui saillent sous son pull noir. Depuis combien de temps est-il debout là ? Je me redresse, laissant pendre mes jambes sur le côté du lit, et souris bêtement.
— Allez viens Boom, fait Drew en tapotant sa cuisse.
Mon nouvel ami à quatre pattes ne fait que tourner le regard vers son maître, sans bouger. Je lui caresse la tête et lui souris comme s'il allait comprendre que j'essaye de le réconforter.
— Boomer, il gronde cette fois, le regard sévère.
L'animal se lève alors et se laisse tomber lourdement sur le sol, visiblement peu enthousiaste à l'idée de devoir partir de ma chambre. Je ne peux pas m'empêcher de compatir à sa tristesse.
— Il peut rester là, ça ne me dérange pas, je dis en regardant Boomer marcher lentement vers Drew.
— Je croyais que tu voulais te reposer ? Et puis je préfère l'avoir à l'œil.
Il se penche pour le caresser et déposer un baiser sur la tête de Boomer. Je ne peux retenir le sourire qui étire mes lèvres. Ils sont adorables tous les deux.
— A plus, Tess.
Je croise le regard de Drew et j'ai l'impression de me faire foudroyer. Le temps que je reprenne mes esprits, il a refermé la porte de ma chambre. Il faut que je me calme. C'est la fatigue, elle me fait réagir bizarrement. Je retire mon manteau et le balance sur mon sac. Je rangerais mes affaires plus tard. Je me débats avec mes bottes, retire mon jean et mon pull pour me retrouver avec seulement ma culotte et mon débardeur et me faufile sous les couvertures. Une bonne sieste et je serais à nouveau normale et en forme pour affronter la soirée qui nous attend.
Je suis enfermée dans une pièce sombre et j'ai trop chaud. Une lumière filtre sous ce que je suppose être la porte et je m'avance pour l'ouvrir mais au moment où ma main se pose sur la poignée, des coups retentissent tout autour de moi. Je retire ma main et les coups recommencent.
— Tess ?
Je cligne des yeux, mais il fait toujours aussi sombre, je ne vois rien. La porte s'ouvre et la lumière m'aveugle.
— Tess ?
Je ne connais pas cette voix. Elle est masculine, basse et rauque. Les coups reprennent et soudain quelque chose m'écrase.
Avec un cri, j'ouvre les yeux et me redresse, le cœur battant tellement fort que je sens qu'il va sortir de ma poitrine.
— Boomer, gronde Drew.
Je regarde tout autour de moi, désorientée. Je suis dans ma chambre, le soleil est presque couché, il fait sombre mais je perçois encore ce qui m'entoure. Boomer est assis à côté de moi, sur mon lit, il me regarde fixement, semblant attendre quelque chose.
— Boomer, viens là !
Je tourne la tête brusquement vers la porte de ma chambre. Drew fusille son chien du regard et pointe le sol à côté de lui. Boomer descend du lit pour le rejoindre, la tête baissée.
— Qu'est-ce qui t'arrive ? Tu m'écoutes bien mieux que ça d'habitude.
Boomer garde la tête baissée et j'ai un peu pitié de lui. J'entreprends de sortir de mon lit, mais au moment où je soulève la couverture, je me souviens que je suis en culotte. Drew se tourne à nouveau vers moi.
— Le dîner est prêt, il annonce avant de faire demi-tour et partir avec Boomer.
Eh bien merci de me prévenir. Mais non ne t'inquiète pas, ton chien n'a pas été à deux doigts de me faire faire un arrêt cardiaque, ne t'excuse pas surtout.
Je soupire, un peu énervée par sa façon plutôt agressive de me dire que le dîner est prêt et aussi parce qu'il n'a pas refermé la porte. Je sors du lit et ferme la porte avant d'enfiler mon jean et chercher une grosse paire de chaussette dans mon sac. Passant devant la commode, j'inspecte mon visage. Oh mon dieu, j'ai une tête affreuse. Pas étonnant qu'il ne se soit pas attardé pour s'excuser. Mon mascara a coulé, laissant une grosse traînée noire sous mes yeux et mes cheveux ne seraient pas pires si un oiseau été venu lui-même faire son nid dedans. J'arrange tout ça et essaye de me convaincre que le mec le plus beau de cette maison ne m'a pas vu dans un état lamentable. Après tout, il reste encore Boomer. Lui il s'en fiche de ma tête. Dans le couloir, je croise Sophia qui sort de la salle de bain.
— Hé Soph !
Elle se retourne et me sourit. Elle s'est visiblement douchée, ses cheveux sont encore humides. Elle a enfilé un bas de survêtement et un t-shirt un peu trop grand.
— On ne sort plus ce soir ? je demande avec espoir.
— Bien sûr que si ! Mais comme nous sommes six, j'ai pris un peu d'avance pour la douche.
Je fais la moue et la suis dans l'escalier.
— Je ne sais pas si c'est une bonne idée, tu sais.
Je n'ai pas d'excuse alors j'essaye comme je peux de la faire changer d'avis.
— Imagine qu'il neige ? On sera bloqués, on ne pourra pas rentrer.
Elle se tourne vers moi en arrivant en bas des escaliers et je jure que si un regard pouvait tuer, je devrais déjà préparer mon enterrement.
— On sort tous ce soir. Tu vas t'amuser. Et on rentrera sains et saufs.
Je ne proteste pas. Elle me fait peur quand elle sort ses gros yeux menaçants. Satisfaite de son petit effet, elle retrouve son air enjoué et nous poursuivons notre chemin jusqu'à la salle à manger. J'évite le regard de Drew, mais suis obligée de me retrouver assise en face de lui. Il n'a pas l'air de faire plus attention à moi, alors je fais de même. Nous dînons en discutant et riant de tout et de rien, et je jurerais que Drew me fixe parfois, mais je n'ose pas regarder pour vérifier.
— Bon les filles, il faut qu'on commence à se préparer, annonce Elise en se levant. On aide les garçons à débarrasser et au boulot.
Je soupire et me lève à mon tour.
— Il n'y a pas assez de place dans une voiture pour nous tous, intervient Drew, allez-y, je resterais là.
Cette fois je ne contrôle pas mon regard qui se tourne vers lui. Il a parlé sans même avoir l'air de supplier qu'on le laisse rester ici, mais il ne regarde personne et prend son assiette pour la ramener à la cuisine.
— Ne commence pas toi aussi, rétorque Sophia légèrement énervée. On y va tous.
— J'ai déjà prévu de ne pas boire, intervient Stuart, donc il faut juste un autre chauffeur.
Drew met son assiette et ses couverts dans le lave-vaisselle et adresse un hochement de tête à Stuart.
— Je roulerais aussi.
Il n'a pas l'air très enthousiaste, mais j'ai comme l'impression que ce n'est pas vraiment l'endroit où nous allons qui lui déplaît mais le fait de sortir d'ici. Les paroles de Jules me reviennent à l'esprit. Peut-être que sa copine l'a lâché, ça expliquerait pourquoi il n'est pas bien et pourquoi il est célibataire. Parce que j'ai beau chercher, pour l'instant il n'a rien pour déplaire.
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