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Chapitre 3. Poursuite nocturne.

Qui-Gon se lança à la poursuite de l'individu sans plus réfléchir. Il laissa la Force couler en lui librement, renforçant son souffle, sa vision et sa rapidité. Son adversaire était rapide et très agile. Il semblait connaître chaque couloir du temple par coeur. Lorsqu'il arriva à la fenêtre donnant sur les toits de la ville, il se jeta au travers sans l'ombre d'une hésitation. Alors qu'il aurait dû tomber au sol ou se blesser, le verre vola en éclat et le voleur atterrit avec légèreté. Qui-Gon, refusant de se laisser distancer, s'élança à son tour au travers de la fenêtre brisée. La poursuite continuait dans la ville.

Il faisait nuit et la course demandait une habileté et des réflexes extraordinaires. Et surtout beaucoup d'entraînement. Qui-Gon comprit qu'il n'avait pas à faire à n'importe quel adversaire lorsque celui-ci, simplement en prenant de l'élan sur le bord d'un toit, exécuta un saut périllieux au dessus du vide et se posa avec grâce sur une fine corniche. Cette dernière était trop étroite pour courir. Les deux poursuivants durent donc ralentir leur allure, ce qui leur permis de reprendre leur souffle.

Le jeune maître Jedi ne parvenait pas à identifier son adversaire. Il l'avait surpris dans le temple, aux archives, alors qu'il terminait de rédiger un rapport tardif. Ce n'était pas la première et sûrement pas la dernière fois qu'un mercenaire s'en prenait aux archives Jedi, mais celui-ci sortait de la section réservée aux maîtres. Qui-Gon ignorait ce qu'il avait dérobé, mais il était vital de lui reprendre. Peut-être encore plus important pour lui, songea-t-il , car le voleur lui avait adressé une série de gestes grossiers dans le but évident de le provoquer.

Ils arrivèrent sur un toit plus plat et plus long que les autres. L'endroit idéal. Qui-Gon puisa toute son énergie dans la Force et se propulsa de plusieurs mètres en avant. Juste assez pour plonger sur le bandit et le plaquer au sol.

Mais le jeune homme avait vu juste. Ce n'était pas un adversaire ordinaire. Lorsque le Jedi le fit tomber, il se retourna extrêmement rapidement et asséna un coup violent à son opposant. Qui-Gon fut momentanément aveuglé et recula. L'autre en profita pour se libérer et sortit son blaster. Qui-Gon dégaina son sabre laser et évita tous les tirs. Affronter un jedi avec une arme à feu ? Comment un adversaire aussi brillant pouvait-il faire une telle erreur ? Quelque chose n'allait pas.

Le jeune homme comprit trop tard qu'ils s'était trop rapproché du bord du toit. Il ne tourna la tête qu'une fraction de seconde, instinctivement, pour voir l'espace qu'il lui restait. Le voleur n'hésita pas. Il se lança dans une figure acrobatique et donna, avec tout l'élan qu'il avait, un violent coup de pieds dans le ventre de son adversaire.

- Que ta stupide force soit avec toi jedi ! Elle ne t'a pas été très utile ! railla-t-il.

La voix était déformée, moqueuse. Ce fut la seule chose que Qui-Gon remarqua. Sous la violence du choc, il avait basculé en arrière, le souffle coupé, et il tombait dans le vide. Il ne sentit pas la douleur. Il ne ressentit pas de peur. Il n'en n'eut pas le temps. Sa chute se termina quelques mètres plus bas, lorsqu'il passa au travers de la verrière d'un atelier. Effondré sur le sol froid et humide, il perdit connaissance.

Au bout d'un temps incalculable, les bruits lui parvinrent de nouveau, étouffés. Il eut conscience de respirer, difficilement. Il entrouvrit les yeux, ce qui l'entourait était flou. Il avait froid. Il ne pouvait pas bouger. Il prit quelques instant pour laisser le temps à ses sens de retrouver un fonctionnement à peu près normal. Une femme était agenouillée à ses côtés. Le jedi la dévisagea. Il ne parvenait pas à voir ses traits, mais il voyait ses yeux. Des yeux bleus glaces.

- Sh... Shanny ? souffla-t-il.

C'était logique, songea-t-il. La dernière fois qu'il était tombé d'un toit, Shanny l'avait sauvé. Elle était là pour lui une fois de plus. Elle avait toujours été là.

Sauf que la femme penchée au dessus de lui ne ressemblait pas du tout à la novice.

- Tout va bien monsieur ? demanda une voie masculine sur sa droite.

Qui-Gon fit un effort colossale pour se redresser. La femme (qui n'était définitivement pas Shanny), l'aida en murmurant quelque chose dans une langue qu'il ne connaissait pas. Un homme se mit à genoux près de lui.

- On peut dire que vous nous avez fait une belle peur quand vous êtes passé au travers du toit. ça va faire dix minutes que vous êtes là, sans bouger...

Qui-Gon passa ses mains sur son visage. Ses pensées commençaient à retrouver un peu de clarté. Il avait été vraiment pitoyable, et il allait devoir expliquer ça au conseil maintenant... Il se redressa et constata les dégats qu'il avait causé.

- Je suis désolé pour votre atelier. Je m'assurerai qu'il soit réparé. Merci beaucoup pour votre aide.

- Vous êtes un Jedi, n'est-ce pas ?

Qui-Gon opina et se dirigea en boitillant vers la porte. Ce n'était pas vraiment une sortie digne d'un Jedi, mais le fait qu'il tiennent debout était déjà assez proche du miracle. Une fois dehors, il tourna dans une petite rue et se laissa tomber par terre dos au mur. Il ne pouvait pas marcher plus loin. Pitoyable, une fois encore. Il sortit son communicateur et l'alluma. La chute ne l'avait pas endommagé, heureusement.

- Ici maître Qui-Gon Jinn, j'ai perdu le voleur... Je vais avoir besoin d'un transport... voici ma position.

Il sembla à Qui-Gon qu'il était là depuis une éternité lorsque maître Windu arriva en speeder.

 - Qui-Gon ? Vous allez bien ? demanda le jedi en l'aidant à se relever.

 - Relativement, grimaça celui-ci.

Il s'efforça de ne pas relever l'absurdité de la question. Une nouvelle fois, il pensa à Shanny. "Si j'allais bien, je ne serais pas vautré dans la rue depuis une heure, andouille !" Voilà ce qu'aurais répondu la jeune fille dans une telle situation. Qui-Gon réprima un sourire en se mordant la lèvre. Il pensait beaucoup trop à Shanny.

 - J'ai perdu le cambrioleur, déclara-t-il, cessant ainsi son débat intérieur.

Il ne put que remarquer la lueur agacée qui brillait dans les yeux de Mace Windu. Décidément, songea Qui-Gon, cette journée s'annonçait très mauvaise.

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