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- LEIAZEL - L'ange de la consolation et du réconfort.

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Lorsqu'il s'envole, mes pieds bougent sans que j'aie pris la moindre décision. Je ressens mon cœur vibrer quand je comprends que je veux simplement être près de lui lorsqu'il part affronter le danger.

— Où vas-tu ? Reviens ici, inconsciente ! entends-je crier Hadrien derrière moi.

Je cours de toutes mes forces, sans penser à quoi que ce soit d'autre juste à rejoindre Hayden. Je réagis impulsivement, j'en suis consciente, mais je m'en fiche.

À présent, perdue au milieu des arbres et dans cette obscurité, je ne bénéficie plus de repère pour réaliser une marche arrière. Je m'arrête un instant, haletante, tentant de retrouver mon calme, afin de mieux entendre les grognements des monstres.

Cela fonctionne, pas de retour en arrière, mais j'ai un chemin devant moi pour rejoindre celui que mon corps a suivi instinctivement. Je reprends mon chemin vers la droite où les bruits paraissent de plus en plus proches, fonçant droit dessus.

Sauf qu'en une fraction de seconde, je m'écroule au sol.

— Aïe ! crié-je en tombant.

À bout de souffle, je me relève avec effort, la douleur dans mes genoux écorchés et mes mains meurtries me rappelant la chute.

— Ça pique, me plains-je.

En baissant les yeux, je remarque ce qui m'a fait trébucher.

— Que fait une épée ici ?

En ramassant l'épée, une étrange sensation me traverse, comme si mon âme reconnaissait cette arme. L'arme est longue, avec une pointe arrondie et un côté dentelé près du manche, qui reflète la lumière du ciel.

— À qui appartient cette arme ?

Un ennemi ? pensé-je en premier.

Je garde l'arme en main et examine les alentours, mais il n'y a personne. Je me souviens que je suis en route pour rejoindre Hayden et Liam, alors je repars en courant, gardant l'arme avec moi.

Je m'approche des bruits des démons, mon pas plus pressé et aperçois au loin quelqu'un en train de se battre.

Plus je m'avance, plus je me rends compte que ni les mouvements ni la forme du corps ne correspondent à Hayden.

Ce n'est sûrement pas Liam, il ne se battrait pas au corps à corps, sa spécialité est la frappe à distance avec son arc.

Alors... qui est-ce ?

Je demeure sur mes gardes et rejoins la bataille qui est presque terminée. Restant tout de même à bonne distance, car l'homme en face de moi en est à son dernier monstre, et il s'en sort plutôt bien.

Il se bat à mains nues, donnant coup après coup au démon, jusqu'à ce que le démon ait le cou brisé par la puissance de ses coups. Il est rapide dans ces mouvements que je n'arrive pas a distingué la trajectoire de ces coups.

Je n'ose imaginer ce que cela serait de l'affronter.

Ses mains sont ensanglantées, mais il n'y prête aucune attention.

Pendant que je l'observe, il se détourne d'un seul coup, m'observant droit dans les yeux. Il a senti ma présence et j'ai la sensation que mon cœur tremble, comme si son aura m'écrase par un seul regard de sa part.

Il faut que je me calme, ne pas monter ma peur, me dis-je.

Ce qui me frappe en premier en l'observant, c'est son visage. Il me semble familier, mais je n'arrive pas à me rappeler où j'ai pu le voir pour la première fois.

Il a les cheveux lisses et d'un noir si profond que même l'obscurité paraît plus claire à côté. Je ne distingue pas très bien ses traits ni la couleur de ses yeux, mais sous les rayons lunaires, je peux voir qu'il est torse nu sur lequel des gouttes de sang de démons coulent goutte à goutte, se mélangeant à sa sueur. Je ne peux détacher mes yeux de ce spectacle que je ne trouve pas si dérangeant.

Il avance droit vers moi.

- Oh oh, paniqué-je.

Mes jambes ne veulent pas bouger, ni mes yeux, toujours bloqués sur lui. Je réussis à me mettre en garde, pointant l'épée que j'ai trouvée sur lui pour l'empêcher d'approcher davantage. L'intérieur de ma main me brûle à cause de ma blessure toute récente, mais je ne laisse rien paraître et reste stoïque.

Moins il y a de distance entre nous, plus sa présence m'oppresse, et arrivé au bout de l'épée, il s'arrête.

Il est grand...

Il lève les mains en l'air, puis esquisse un sourire en coin, à la fois amusé et intrigué.

— Qui es-tu ? commencé-je avec entrain.

Il baisse les yeux vers l'arme qui le menace.

— Je vois que tu as retrouvé mon arme, observe-t-il calmement.

Alors cette épée lui appartient ?

— Tu n'as pas répondu à ma question.

Il me scrute un instant, puis finit par répondre :

— Je me nomme Hareth, et ceci est mon arme, très chère.

Mon instinct ne rejette pas sa présence, ni la morsure à mon poignet sur lequel je me fie le plus pour confirmer mes doutes concernant les gens qui m'entourent. Je jette un coup d'œil par-dessus son épaule, cherchant Hayden et Liam, mais nous sommes seuls.

— Tu n'aurais pas vu deux autres personnes dans les parages ?

Il fait mine de réfléchir, gardant le silence pour faire durer le suspense.

— Non, je n'ai vu personne d'autre que toi, petit cœur, sourit-il, baissant ses bras comme si, pendant sa réflexion, il en a conclu que je ne suis pas une menace pour lui.

Le poids de l'épée me pèse et mon bras commence à trembler légèrement.

— Je ne t'autorise pas à m'appeler ainsi !

En une seconde, en un battement de cil, il disparaît.

Mes yeux n'ont pas pu suivre ses mouvements, comme s'il s'était fondu dans l'obscurité qui nous entoure. Il m'a suffit d'une expiration que tout d'un coup je ressens une présence dans mon dos.

Je veux bouger, mais je ne peux pas, je suis bloquée, ressentant un choc sur ma peau. À cet instant, je constate mes bras immobilisés par les siens, et mon dos plaqué contre son torse chaud et dur.

— Je n'ai pas besoin de ton autorisation, petit cœur, me chuchote-t-il à l'oreille.

Comment a-t-il fait ça ? Il était devant moi, et maintenant... derrière.

Il tire mon corps contre le sien afin de me rapprocher encore plus, et son bras s'appuie fermement sur le mien, qu'il pousse lentement vers le bas pour récupérer son épée.

Il me l'arrache sans difficulté et inspire profondément près de mon cou avant de me repousser en avant. Son air chaud sur mon cou mêlé à l'air froid de cette nuit me donne un frisson involontaire.

Je pivote rapidement dès que je suis libérée de sa prise

La première chose sur laquelle mes yeux se posent est son arme, qui se met à scintiller d'un gris foncé sous la lumière de la lune.

— Ravi de t'avoir rencontrée, petit cœur. Mais je dois reprendre ma route, dit-il en s'inclinant légèrement devant moi.

Je veux lui parler, lui poser d'autres questions, mais au moment où je m'apprête à ouvrir la bouche, des voix lointaines m'interrompent.

— Marie...

Des cris m'appellent, sans doute le groupe que je suis de la tête, cherchant à apercevoir mes compagnons, mais lorsque mon regard revient sur Hareth, il s'est volatilisé dans la nuit sombre et ombragée de cette forêt.

Mes yeux le cherchent autour de moi, mais il ne s'y trouve pas. Entendant mon nom résonner dans la forêt, je décide de les suivre pour les retrouver. L'adrénaline redescendue, je ressens à nouveau la douleur dans mes genoux, me faisant boiter. La première personne que j'aperçois est une fille à la chevelure cuivrée.

— Elle est là ! crie Ambre.

C'est bien la première fois que je vois cette expression sur son visage. Elle qui prétend ne pas m'aimer, s'est-elle réellement inquiétée ?

Je vois Hayden et Liam descendre du ciel rapidement et atterrir devant moi, laissant des traces sur la terre à cause de leur atterrissage brutal. Hadrien et Élise accourent à leur tour.

Je n'ai pas eu le temps de reprendre mon souffle que Hayden s'empresse de me gronder.

— Tu veux que je te tue moi-même, histoire d'être sûr que personne d'autre ne le fera à ma place ?! s'énerve-t-il avec sarcasme.

J'ai envie de sourire de soulagement en le voyant toujours en vie, mais je me retiens, car la situation ne s'y prête pas.

Liam pose une main sur son épaule pour le calmer.

— Sois soulagé, elle est toujours en vie, dit-il.

J'ai l'impression d'être réprimandée par mes parents sous le regard de mes frères. J'ai envie de pleurer... Non, pas à cause de tout ce qu'il vient de se passer, mais parce que ce sentiment d'appartenir à une famille me rend à la fois nostalgique, triste, mais aussi heureuse.

Leurs sentiments à mon égard sont-ils réels ? Ou bien ne sont-ils qu'un autre mensonge, comme cette famille factice avec laquelle j'ai grandi toute ma vie ?

Mon cœur se réchauffe.

— Tu l'as fait pleurer, bravo mon frère, dit Hadrien.

Hayden se crispe en voyant mes larmes rouler dans mes yeux. Son visage se détend légèrement, et il tente maladroitement de me réconforter.

— Je... Je n'étais pas sérieux, je... balbutie-t-il.

— J'ai mal, dis-je doucement.

Ambre pousse Hayden pour venir à moi. Sans que j'aie besoin de lui dire quoi que ce soit, elle devine où se situent mes blessures.

En réalité, je ne pleure pas à cause de mes blessures corporelles, mais je préfère qu'ils pensent cela.

Je sèche mes larmes et les observe. Aucun d'eux ne semble blessé, et il n'y a ni sang ni terre sur leurs vêtements.

— Et les démons ? demandé-je, pensant qu'il y avait plusieurs groupes de démons dans les parages.

— J'ai rattrapé Liam en plein vol et nous sommes immédiatement retournés au campement, explique Hayden. Mais je veux savoir... Comment tu t'es fait mal et pourquoi es-tu partie dans la forêt ?

— J'ai trébuché, tout simplement. Et...

Ils m'observent tous, et je sens mes joues s'échauffer. Je continue donc ma phrase plus doucement, afin que lui seul puisse entendre.

— Je n'ai pas réfléchi à mes actions. Mon corps...t'a suivie instinctivement.

Il plonge dans mes yeux, comme si ce que je viens d'avouer a eu un effet sur lui. Son visage se détend, et il continue simplement de se noyer dans le bleu de mes yeux, sans rien dire de plus.

— C'est visqueux ici ! s'écrie Hadrien en remarquant les flaques de restes des démons.

Tous les regards se tournent vers Hadrien, qui revient vers nous, puis se posent sur moi, empreints de curiosité... Sauf celui d'Hayden qui parait perdu dans ces pensée. Je distingue tout de même une émotion sur son visage.

Il semble... anxieux.

— Qui a tué ces démons ? demande-t-il enfin.

Un silence s'installe, tous attendant une réponse. Je dois leur parler de Hareth.

— Il y avait un autre ange dans la forêt. C'est lui qui a tué tous les démons. Un combattant de par ce que j'ai pu percevoir.

— Un combattant ? répète Élise, prenant enfin la parole.

Elle s'avance, et mon bras se met à me lancer.

— Oui, il a dit s'appeler...

— Impossible, me coupe-t-elle brusquement.

— S'il y avait...

— Tu est tomber sur la tête, affirme-t-elle d'un ton glacial est sur d'elle.

Pourquoi refuse-t-elle de me laisser parler ? Se pourrait-il qu'il soit un allié à elle ? Non... Mon bras ne m'a pas fait mal en sa présence.

Ambre s'approche pour vérifier, mais elle ne ressent rien d'anormal.

— Non, elle n'a rien. Je l'aurais senti sinon, répond-elle.

— Je n'ai rien à la tête ! Je vous dis qu'il y avait un ange ! C'est lui qui a tué tous ces démons ! m'emporté-je.

Ils m'observent comme si j'étais en train de perdre la raison.

— Vous ne me croyez pas ?

Ils échangent des regards, attendant que l'un d'eux prenne la parole.

— Et qui aurait tué les démons, alors ? demandé-je en croisant les bras.

— Toi, sûrement, répond Élise.

Un rire nerveux s'échappe de ma bouche lorsque je me rends compte qu'elle essaie de me discréditer devant tout le monde... Encore. Sait-elle que je suis au courant pour elle ? Ou bien suis-je en train de me rapprocher de la vérité et elle cherche à m'induire en erreur ?

— La blonde, tais-toi, dit soudainement Hayden.

Sa voix est menaçante mais un frisson à glisser sur ma peau en même temps que ses mots.

— Mais...

Elle essaie de s'opposer de ce qu'il vient d'exiger, mais un simple regard noir de Hayden lui suffit à la faire taire net.

- Je te crois moi, avance Ambre lançant un regard réprobateur à Elise.

C'est la deuxième fois que la diablesse rouquine me surprend.

— Parle. Qui est-il ? me demande-t-il.

— Il a dit s'appeler...

Je m'arrête, observant Élise pour voir si elle va enfin me laisser parler. Mais elle ne dit rien. Je remarque qu'elle serre les poings, et se mord le coin de sa lèvre, fixant les miennes sans cligner des yeux, comme si elle attendait fébrilement ma réponse.

— ...Hareth.

Son nom enfin prononcé, elle cligne des yeux et détourne son regard vers les arbres, comme si elle savait très bien de qui je parle depuis le début.

Elle est définitivement louche, mais personne ne me croira si je révèle qui elle est réellement...

— Le soleil va bientôt se lever, on devrait reprendre la route, dit Liam.

Je suis épuisée... J'aurais peut-être dû m'endormir tout à l'heure.
Hayden le remarque et, sans un mot, il se place devant moi, s'accroupit et me montre son dos

— Tu fais quoi ? demandé-je, perplexe.

— Monte.

J'avoue que je suis fatiguée et que l'idée me tente, mais après tout ce que je sais de lui... de notre destin...

Est-ce que je ressens réellement la même chose que lui ?

Finalement, je grimpe sur son dos, se relevant sans difficulté, et je me retrouve à sa hauteur. C'est impressionnant à quel point la perspective change, la vue d'ici est différente.

— Merci, lui chuchoté-je à l'oreille.

Je m'accroche à lui, passant mes bras autour de son cou tandis qu'il attrape mes jambes de chaque côté de son corps. Il ne dit rien et commence à avancer.

Hadrien, qui portait mon sac dans sa main, le place sur une de ses épaules tandis que son propre sac reste sur son dos. Il se positionne à l'arrière avec Ambre, qui le suit, tandis qu'Élise marche juste devant nous. Liam, lui, reprend sa place dans le ciel. Grâce à l'aube qui se lève, nous parvenons à le distinguer d'où nous sommes.

Élise n'est pas très loin, et mon bras me le fait savoir. J'aimerais me reposer, mais c'est impossible.

— Tu peux ralentir un peu, s'il te plaît ? Je ne veux pas rester trop proche de l'avant du groupe.
Sans hésiter, sans même me demander pourquoi, il ralentit l'allure, mettant plus de distance entre moi et celle qui me fait souffrir le poignet.

Quelques mètres de plus, et la douleur devient légèrement plus supportable.

— Tu devrais te reposer un peu, me murmure-t-il.

À ces mots, je ferme les yeux, posant ma tête confortablement sur son épaule. J'hésite à croire en ce lien d'Aethernia, mais le reste de mon corps lui fait confiance.

Je me laisse doucement m'endormir, épuisé, bercée par son parfum... une odeur agréablement sucrée.