24 - Disparition
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- YERATHEL - L'ange de la confiance.
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- Qui es-tu ?
Une petite fille aux longs cheveux bruns foncés et aux yeux sombres me fait face. Je ne l'ai jamais vue, elle est petite de taille, sûrement dans les un mètre trente. Elle est assez mignonne, mais une longue et ancienne cicatrice traverse son visage de l'œil gauche jusqu'en bas, au bord de sa bouche. Elle n'est pas apprêtée, en pyjama de soie rouge avec un bandeau sur la tête, celui qu'on met pour couvrir ses yeux de la lumière pour dormir.
— Tu es Marie, n'est-ce pas ?
— Oui... hésité-je à répondre.
On entend un bruit près de la porte d'entrée, des voix, des rires, sûrement des anges qui rentrent enfin de la petite soirée du bal.
En entendant du bruit dans le couloir, elle me pousse à l'intérieur de la salle de bain et ferme la porte aussitôt, restant figée face à la porte, les deux mains dessus, comme si elle s'attendait à ce que quelqu'un vienne défoncer l'entrée.
— Mais... tu fais quoi là ? demandé-je.
— Chut, ne fais pas de bruit, chuchote-t-elle.
Je ne dis plus rien et reste dans l'incompréhension de ce qui se passe. Lorsque les bruits s'éloignent, elle se détend enfin et se retourne pour me faire face.
Je lui fais signe de la tête pour demander ce qu'elle veut de moi.
- Je ressens que quelque chose de mauvais va arriver, lance-t-elle.
— Pourquoi me dit-tu sa. On ne se connaît pas.
— Oui, c'est vrai. Moi, je m'appelle Olivia, se présente-t-elle en me tendant sa petite main.
Je regarde sa main et tends la mienne à mon tour pour l'attraper.
— Moi, c'est...
— Oui, je sais, Marie.
Elle retire sa main de la mienne et se remet dans tous ses états, bougeant sa jambe et mordillant le bout de ses ongles.
— Comment connais-tu mon...
Elle me coupe la parole une nouvelle fois.
— On n'a pas le temps pour des questions, ça urge, et vite !
Quel caractère pour un petit être aux longs cheveux.
Sa pression commence à m'influencer, et je sens mon sang couler plus vite dans mes veines.
— Pourquoi ? Que veux-tu ?
— C'est Hailey...
Elle coupe sa phrase en la laissant en suspens.
— Tu commences à m'inquiéter, raconte-moi tout, s'il te plaît.
Mes sourcils se froncent, comme si mon inquiétude pour Hailey se transforme soudainement en colère sur mon visage, mais ma voix reste calme pour ne pas l'effrayer.
— Je crois qu'il lui est arrivé quelque chose. Elle n'est pas rentrée, continue-t-elle.
— Comment tu la connais ?
— Je connais Hailey grâce à ma sœur.
— Elles sont amies ?
— Amies ? C'est quoi, des amis ? Moi, je te parle de ma sœur.
Les anges, vous avez un sacré souci avec le bonheur et les émotions positives. Il ne faut pas que je la brusque, je ne sais pas comment elle réagirait sinon.
— Qui est ta sœur ? demandé-je, exaspérée mais calmement.
— ... Elle s'appelait Leïla.
En entendant ce prénom, tabou en ce moment, un pincement au cœur et un frisson me traversent.
— Continue.
— Elle est allée à la soirée de cérémonie avec des filles, mais elle est revenue dans ma chambre, le visage tout trempé, des gouttes d'eau sortaient littéralement de ses yeux et je ne savais pas quoi faire.
Elle pleurait. Elle est sûrement allée la voir après s'être envolée suite aux révélations qu'elle a faites à Hayden il y a quelques heures.
— Elle t'a raconté pourquoi elle était comme ça ?
— Elle ne voulait pas me le dire.
Sans doute pour ne pas la blesser, c'est quand même de sa grande sœur qu'il s'agit.
— Elle est restée un peu avec moi, puis elle s'est calmée. Elle m'a dit qu'elle devait récupérer quelque chose de très important.
Un objet ?
— Elle t'a dit où elle allait ?
— Non, mais elle m'a bien dit que si elle ne rentrait pas avant le lever du soleil, alors je devais prévenir Marie, une fille qui vit avec elle, celle qui a les yeux bleus.
En disant cela, elle me fixe, essayant de voir plus près, se hissant sur la pointe des pieds pour confirmer si mes yeux sont de la bonne couleur.
— Comment puis-je savoir que tu me dis la vérité ? demandé-je.
— Tu t'appelles Marie, tu as des frères dont tu n'aimes pas parler, et tu as le même âge qu'elle.
Tout le monde sait quel âge j'ai et mon prénom. Mais l'information sur mes frères, je ne l'ai donnée qu'à Hailey.
Elle dit la vérité.
— Le soleil n'est pas encore levé, signalé-je.
Elle me regarde comme si ce que viens de dire remet tout en question.
— Oui, c'est vrai, mais j'ai comme un poids dans la poitrine en pensant à elle.
Elle porte sa main à son cœur pour me montrer l'endroit où ça la gêne. Plus je l'observe, plus je m'aperçois que cette angelesse est jeune.
— Pourquoi tu me regarde comme ça ? demande-t-elle.
Je ne me suis pas rendu compte à quel point mon regard est en train d'évaluer son âge.
— J'essaye de deviner ton âge, réponds-je calmement, continuant de l'observer.
— J'ai dix ans, je les ai fêtés il n'y a pas très longtemps, montre-t-elle avec ses mains, affichant ses dix doigts, toute contente de donner son âge.
Elle est sacrément jeune, plus que ce que je pensais.
Hayden est-il au courant de l'existence d'Olivia ? Hailey, qu'as-tu fait réellement pour t'en vouloir à ce point, en cachant son existence et restant près d'elle depuis tout ce temps ?
— On peut sortir de la salle de bain à présent, Olivia ?
— Non, pas encore, dit-elle, se collant le dos contre la porte et se plaçant en étoile pour me barrer l'accès, recommençant à afficher de la peur sur son petit visage.
— Il faut que j'aille vérifier si le soleil est encore couché, tu vois bien qu'il n'y a aucune fenêtre dans cette pièce, montré-je de ma main les murs autour de nous.
Elle observe autour d'elle et réalise que mes paroles sont exactes. Elle se détache doucement de la porte. Je me demande tout à coup de quoi ou de qui elle a si peur, au point de ronger ses ongles jusqu'au sang.
— Je peux savoir de qui tu te caches ?
— Je... Je...
Elle bégaie, donc elle se cache bien d'une personne, peut-être de plusieurs.
— Je ne veux pas que des créatures maléfiques m'entendent, elles vont me manger sinon.
Pauvre enfant. Je me demande si tous les anges dans ce monde ont grandi avec cette peur-là.
— Des créatures maléfiques sont dans l'académie ? essayé-je de deviner.
— Oui.
— Tu parles des démons ?
Ses yeux s'élargissent et me répondent à sa place.
— Aucun démon ne peut survivre au sein de l'académie, les anges de combat les auraient tués tout de suite s'il y en avait, la rassuré-je.
J'essaye de l'apaiser en posant doucement mes mains sur ses épaules.
Elle est très tendue, quelque chose lui fait vraiment peur pour qu'elle soit dans cet état, mais quoi ?
— Ne t'en fais pas, si j'en croise un, je ne le laisserai pas t'approcher. D'accord, Olivia ?
Elle relève la tête et pose son regard sur le mien, puis acquiesce de haut en bas.
— D'habitude, c'est Hailey qui me dit ce genre de choses et qui est toujours là pour me protéger. Elle m'a promis de revenir vite, pleure-t-elle.
Je la prends dans mes bras, même s'il y a certains points à éclaircir à son sujet, elle reste tout de même une enfant.
En se détachant de mes bras, elle me lance un petit sourire que je prends comme une victoire et sèche ces larmes du dos de sa main .
— Maintenant, on peut sortir de la salle de bain ? suggéré-je.
Elle acquiesce une nouvelle fois pour dire oui et se déplace de l'entrée pour me laisser passer. Elle attrape ma main avant que l'on sorte, je la laisse faire si cela peut l'apaiser.
En sortant, des rayons du soleil traversent toute la chambre.
On s'échange un regard écarquillé, comprenant une chose : Hailey n'est pas rentrée.
Une larme coule le long de sa joue et elle serre sa main qui tient la mienne. Je ressens à présent le même poids dans ma poitrine qu'elle.
Et si elle était juste en retard ? Non, si la petite est aussi inquiète et qu'elle me dit que c'est la première fois, alors je la crois. Surtout dans l'état auquel était Hailey hier lorsqu'elle s'est envolée, sa ne présente rien de bon.
J'aurais dû la suivre au lieu de me laisser influencer par Hayden. À présent, où puis-je la trouver ?
— Olivia, je te crois.
— Tu ne dois le dire à personne, d'accord, Marie ? C'est un secret.
— Je dois quand même prévenir ses frères, tu comprends ?
Ses yeux s'élargissent.
— Non, surtout pas lui ! crie-t-elle, paniquée, puis se reprend rapidement lançant un regard à la porte d'entré.
Lorsqu'elle c'est assuré que personne ne la entendu hurlé elle reprend.
- Je ne veux pas que tu lui dises. Il est dangereux, reprend-elle.
Lui ? Elle parle de Hayden ou de Hadrien ?
Ses yeux se remettent à briller, me regardant tristement. Elle a si peur que ça de l'un d'eux.
— D'accord, d'accord, je ne dirai rien pour toi, mais il faut que je leur dise pour Hailey. C'est leur petite sœur, ils vont s'inquiéter aussi sinon.
Elle réfléchit et finit par acquiescer doucement pour accepter.
— Toi, rentre dans ta chambre, rendors-toi, ordonné-je. Et ne t'en fais pas, je la retrouverai.
Elle commence à s'en aller, mais je la retiens avant qu'elle ne franchisse la porte d'entrée, car une question me tracasse.
— Au fait, Olivia, il y a d'autres jeunes anges comme toi au sein de l'académie ?
Elle me regarde et secoue la tête pour répondre non.
— Je suis la seule de mon âge, répond-elle avant de franchir le pas de la porte.
Elle doit se sentir seule. Je comprends mieux pourquoi Hailey est restée en contact avec elle.
***
Je suis devant la chambre d'Hadrien. Je souhaite le voir en premier pour essayer de savoir s'il connaît l'enfant et si c'est lui le dangereux personnage qui la terrorise. Je suis sûr que si j'en parle avec Hayden, de mauvais souvenirs referont surface, et je ne veux pas le blesser plus qu'il ne l'est déjà.
Je frappe à sa porte, mais personne ne répond. Le bâtiment des combattants est vide, les couloirs sont inanimés et un silence incommensurable règne ici.
Je frappe encore, mais aucune réponse.
Et s'il n'était pas là ? pensé-je.
Au moment où je m'apprête à faire demi-tour, j'entends enfin le cliquetis de la poignée. Quand la porte s'ouvre, je le vois, les cheveux ébouriffés, torse nu et en simple short noir. Il cligne des yeux pour les humidifier, après les avoir gardés fermés toute une nuit pendant son sommeil.
— Tu veux quoi, toi ? commence-t-il, de mauvaise humeur.
— Super l'accueil, dis-je en poussant la porte pour l'ouvrir en grand et me frayer un passage jusqu'à l'intérieur.
— Vas-y, rentre, fais comme chez toi, continue-t-il, plein de sarcasme.
Il claque doucement la porte derrière lui. Il étire ses bras, pendant que je le regarde faire, et je m'assois sur le bord de son lit, fatiguée d'avoir attendu si longtemps debout devant sa porte avant qu'il ne m'ouvre enfin.
Il me regarde, perplexe, lorsqu'il se rend enfin compte que je me trouve dans sa chambre, seule avec lui.
— C'est bon, t'es bien réveillé maintenant ?
Il croise les bras avant de dire :
— Tu me veux quoi ?
— Je pensais que je te plaisais, c'est quoi cet accueil médiocre ?
Je plaisante, sa façon de m'accueillir est bien préférable que lorsqu'il me drague sans arrêt.
— Quand je me lève, je ne suis pas d'humeur à papoter, l'angelesse.
— Il faut qu'on parle, lui dis-je subitement.
— Et on fait quoi là ? On n'est pas déjà en pleine discussion ?
Il est vraiment pas du matin.
— C'est au sujet de ta sœur.
Tout à coup, ses yeux s'ouvrent plus grand et ses oreilles semblent se tendre vers moi pour ne pas rater les prochains mots qui vont sortir de ma bouche.
— Elle a disparu, dis-je enfin.
Ses sourcils se froncent, il décroise les bras et les laisse retomber le long de son corps avec ses poings qui se serrent. Ce geste fait se contracter ses pectoraux et les veines de ses bras, attirant mes yeux sans que j'y réfléchisse.
— Raconte-moi la suite, m'ordonne-t-il d'une voix si grave que mes poils s'hérissent.
Il s'est transformé en une autre personne. Et si, depuis notre rencontre, il jouait un rôle ? Et si celui qui se tient devant moi était sa véritable identité ?
À cet instant, il ressemble plus à son grand frère, mature et fort.
Je me rends compte que mes pensées dérivent dans un sens que je ne veux absolument pas.
— Une fille qu'elle connaît est venue me prévenir ce matin. Elle m'a confié qu'Hailey est allée la voir en lui disant que si elle ne rentrait pas avant le lever du jour, alors elle devait me prévenir.
— Quelle fille ? commence-t-il à s'emporter, impatient de savoir la suite.
Je ne dois pas lui dire, je lui ai promis, mais je dois savoir s'il la connaît et si c'est lui le danger dont parle Olivia.
— Une petite fille.
Me souvenant qu'Olivia est la seule petite fille dans l'établissement, si Hadrien est la personne dont elle a peur, il saura de qui je parle.
Tout d'un coup, ses poings se desserrent et son visage se détend.
— Une petite fille ? répète-t-il, perplexe.
— Oui, une petite fille brune avec de très longs cheveux et une cicatrice sur la joue gauche. Tu sais qui c'est ?
Je ne veux pas me fier uniquement à son expression, alors je préfère décrire Olivia et bien observer tous ses muscles pour voir s'ils bougent ou se contractent.
Il réfléchit. À présent, j'en suis un peu plus sûre : il ne sait pas de qui je parle.
Si Olivia a peur de l'un d'eux et que ce n'est pas Hadrien, alors...
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