15 - Morsure
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- CHAVAKHIAH - L'ange des relations familiales.
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J'ouvre les yeux dans une prairie de jonquilles, le soleil éclatant réchauffe ma peau.
Ce rêve est plutôt coloré, ça fait du bien.
Je me lève sur mes deux pieds, prenant un moment pour m'épousseter et retirer les pétales accrochés sur mon short. Le paysage qui m'entoure et magnifique et je suis émerveillé par la beauté qui s'étend à perte de vue.
Ce champ est si vaste devant moi, il n'y a aucune limite à l'horizon, ni un endroit où je peux me réfugier pour échapper à cette chaleur accablante. Je commence à ressentir la soif, me rappelant l'importance de trouver un peu d'ombre ou une source d'eau pour apaiser cette sensation désagréable.
Je marche à présent, cherchant un endroit plus frais, espérant que ce rêve ne se transforme pas en cauchemar inattendu. De plus en plus, j'ai du mal à avancer, et la chaleur ne semble pas vouloir diminuer. Mes pas deviennent difficiles, et je remarque que mes pieds s'enfoncent dans le sol, laissant croire que la terre dure au début s'est métamorphosée sous mon poids au fur et à mesure.
Baissant ma tête, je trouve la réponse à cette gêne. Ce qui était terre est devenu du sable doré, fin et chaud. Je reste bouche bée, la verdure qui s'étendait à perte de vue a soudainement disparu, remplacée par un désert aride.
Le paysage est d'une beauté saisissante, mais la chaleur et le manque d'ombre me pèsent. Le ciel est d'un bleu éclatant sans nuage, et le soleil brille intensément, rendant l'air presque irrespirable. Je sens le sable chaud s'infiltrer entre mes orteils, et chaque pas devient plus difficile, comme si le sol lui-même veut me retenir dans cette vaste étendue désertique.
Continuant de marcher sans m'arrêter, je ne réfléchis plus à ce qu'il peut arriver. Je ressens seulement mon corps s'alourdir, ma vision s'affaiblir et commencer à se troubler. Les contours du paysage se mélangent et l'horizon semble se déformer, comme si le sable et le ciel se confondent.
Chaque pas devient un effort monumental, et je me demande si je vais vraiment trouver un endroit où me reposer. La chaleur me fait perdre la notion du temps et l'espoir s'évanouit peu à peu, me laissant dans l'incertitude de ce que l'avenir me réserve.
- Chère petite ange purs, ne faillit pas, je suis avec toi en pensée.
Je reconnais cette voix.
Un fantôme ou une sorte de brouillard apparaît devant moi, me faisant douter si ce que je vois n'est pas un mirage. Je m'arrête un instant, mon cœur s'emballe et je scrute cette silhouette floue. Mon esprit s'embrouille, et je me demande si je suis vraiment seul dans ce paysage troublant.
- Ma chère, pourquoi te fatigues-tu à ce point, ne sais-tu pas que ceci se passe dans ton esprit.
- Aéphyra, c'est toi ? Je n'arrive plus à avancer, aide-moi.
- Je te le répète, ceci se passe seulement dans ton esprit. Pense très fort à un autre endroit que tu as déjà visité et il apparaîtra. Note que seulement le paysage changera et non les personnages ou ce que tu ressens.
Je tente de me concentrer, imaginant ma chambre, mon lit... de l'eau.
Je clos mes paupières pour mieux imaginer tout cela, plaçant dans mon esprit chaque objet un à un. Me concentrant sur les détails, tels que la texture du sol, les formes distinctes des objets, l'odeur de ma chambre. En visualisant chaque élément, je tente de recréer un tableau clair dans ma tête.
Je les ouvrent quand ? A trois alors. Un. Deux. Trois.
En rouvrant les yeux, je constate que cela a fonctionné. Tout ce que j'ai visualisé dans ma tête se présente devant moi.
Mon lit apparaît en premier, juste à côté, la porte-fenêtre s'ouvre sur le balcon. En la regardant un souvenir me reviens, celui où Hayden et moi avons sauté ensemble pour nous enfuir, l'excitation, la peur et l'adrénaline encore présente dans ma mémoire.
Ensuite, les petits détails se précisent : mon ourson en peluche, doux et réconfortant, aussi grand qu'un enfant de six ans, trônant dans un coin de ma chambre.
Mes livres sont soigneusement rangés sur les étagères, leurs couvertures colorées attirant mon regard et me rappellent les histoires qui m'ont fait rêver.
Je me tiens à l'entrée de ma chambre, habillé comme je me suis endormi, en débardeur léger et en short fait en coton noir. La familiarité de cet espace m'enveloppe, un cocon de souvenirs, et je réalise avec une douce nostalgie que je suis enfin de retour dans un lieu qui m'est cher.
Ma curiosité s'éveille et je me demande si, en retrouvant ma chambre, je peut aussi retrouver ma famille ici. Les souvenirs de nos moments ensemble me hantent, et l'idée de les revoir me remplit d'espoir qui m'encourage à explorer cet espace familier, à la recherche de signes qui peuvent me rapprocher de ma famille.
Tout est identique à mes souvenirs, comme les photos accrochées tout le long du couloir représentant notre famille, même les marches d'escalier ont conservé leur bruit strident. Arrivant à la dernière, je me rends compte d'une chose qui ne semble pas normale.
Je ne suis pas tombé. Je tombe toujours à la dernière marche, surtout quand je les descends à toute vitesse comme maintenant. Cette pensée m'est immédiatement venue à l'esprit, me laissant perplexe. Je me retourne alors pour examiner de plus près ce que j'ai pu manquer, et c'est à ce moment-là que je remarque une différence frappante.
La marche a changé, elle est devenue plus foncée que les autres, comme si elle avait été exposée à une chaleur intense, lui faisant perdre sa teinte d'origine. Cette transformation m'intrigue et soulève une question. Qu'est-ce qui a pu provoquer une telle altération ?
En me baissant pour examiner la marche de plus près, je décide de donner un léger coup dessus. À ma grande surprise, elle sonne creuse. Cette découverte intrigue encore plus mon esprit déjà agité.
- Marie, tu es déjà debout.
Je n'y croit pas. C'est elle.
Reconnaissant cette voix derrière moi, une vague d'émotions me submerge et des larmes me montent aux yeux. Je me retourne immédiatement pour y faire face, le cœur battant.
Cette voix, je la connais si bien.
- Maman, m'exclamé-je.
Je la prends dans mes bras, la serrant si fort que je sens toute la tension et les larmes accumulées ces derniers temps se libérer. C'est comme si, en la tenant près de moi, tout le poids du monde s'envole. Les émotions débordent, et je réalise à quel point sa présence me réconforte. C'est un moment doux et puissant, un vrai soulagement après tout ce que j'ai traversé.
- Tu as encore fait un cauchemar, ma fille ? Pourquoi tu pleures ? Ça va ?
- Oui, maman, j'ai juste fait un mauvais rêve.
- D'accord, aller, vient manger, j'ai fait ton plat préféré.
- Des lasagnes, ils m'ont tellement manquer. Merci maman.
Je m'assois autour de la table dans la cuisine, la regardant sans me lasser de sa présence. Elle prépare les couverts, servant le repas avec soin et vient ensuite s'assoir face à moi. Nous commençons à déjeuner ensemble, et j'ai l'impression que rien n'a changé.
En tête-à-tête, nous parlons de nos projets pour la journée et partageons des rires. C'est comme si le temps c'est arrêter, et chaque instant passé à deux me rappelle à quel point ces moments sont précieux.
- Marie, c'est quoi ce sable au sol ? Il y en a jusqu'en haut des marches d'escalier.
- Ah oui, désolé, je vais tout nettoyer, dis-je avec un sourire embêté.
- Je te laisse faire la vaisselle, je dois sortir.
- D'accord, mais tu va aller où maman tu ne me la pas dit.
- Je vais aller chercher tes frères à la gare.
Je la regarde d'un air interrogateur. Mes frères ? Pourtant, ils ne viennent qu'en été, alors pourquoi ... ?
- Maman, on est à quelle date aujourd'hui ?
Elle sort son téléphone et m'indique que l'on est le jeudi 11 juillet.
C'est le début de l'été. C'est un jour avant la rencontre avec Hayden.
- Bon ma fille, j'y vais. N'oublie pas la vaisselle et de me nettoyer le sable.
Dès que la porte d'entrée se referme, j'attrape le balai posé dans le petit placard de la cuisine et me dirige de nouveau vers les marches. Arrivant devant, je me rappelle l'étrangeté de l'une d'elles, dont la couleur diffère du reste de l'escalier.
Je m'accroupis à son niveau et dépose ma main par-dessus, la faisant glisser doucement. Puis, je remarque qu'un côté devient étrangement chaud, presque brûlant si je laisse ma main là trop longtemps. C'est une sensation surprenante, comme si quelque chose se passe en dessous.
Je frappe un petit coup dessus, m'approchant plus près pour écouter le son creux.
- Étrange, quel est ce bruit ?
Un instant, j'ai cru entendre un sifflement. Pour m'en assurer, je pose mon oreille sur le bois et frappe encore une fois. Mais je décolle mon oreille soudainement, ne sachant plus comment penser.
- Il y a quelque chose à l'intérieur ?
Qu'est-ce qui pourrait être dedans ?
- J'espère que ce n'est pas vivant je déteste les bestioles.
Je reste là, la main posée sur la planche, plongé dans mes pensées, cherchant une manière de l'enlever sans l'endommager. Je sais que si je fais une bêtise, ma mère ne sera pas contente du tout.
Alors que je réfléchis, je frappe inconsciemment à nouveau la surface. À cet instant, une réaction inattendue se déclenche : le bois s'enflamme soudainement.
Je regarde, stupéfaite, alors que seule la planche du dessus se consume, les flammes dansantes et crépitantes d'une couleur bleuté. Je suis paralysé par la surprise, observant le feu dévorer le bois avec une intensité fascinante. Finalement, une fois que la planche est complètement réduite en cendres, les flammes commencent à diminuer, jusqu'à s'éteindre d'elles-mêmes, laissant derrière elles une légère odeur de brûlé et des restes fumants.
Ma mère va véritablement me tuer.
Je m'approche et me penche, curieuse de découvrir la source de tout cela. Lorsque ma tête passe au-dessus, je distingue au fond quelque chose de couleur noir.
Ça a bougé.
C'est incroyable, il est impensable qu'un être vivant puisse survivre ici, dans cet endroit clos, sans aucune source de nourriture.
Si, les araignées sa peut vivre dans des endroit comme sa. Oh non.
Juste en dessous de cette chose sombre, je remarque également un objet doré.
En plongeant ma main dans la marche, je sens que ce n'est pas une araignée mais autre chose de complètement glacée.
- Un bout de fer alors ?
J'attrape cet objet brillant laissant de côté le fer noir, mais au moment où je retire ma main du fond de la marche, une douleur aiguë me pique et me fait ramener mon bras vers moi instinctivement.
En voyant la scène, mon cœur se fige, un serpent est enroulé autour de mon poignet, refusant de se détacher, remuant le bout de sa queue avec agitation.
Éprouvant une peur bleue des bestioles et dont les serpents que je classe dans la même catégorie que les araignées, je secoue énergiquement mon bras dans tous les sens en retenant mon souffle.
Finalement, le serpent se détache grâce à la force centrifuge et vient s'écraser violemment contre le mur de la cuisine. Il ne bouge plus, et je fait de même, l'observant sans cligner des yeux. L'air assommé, je saisis le balai et le touche doucement avec, mais il reprend rapidement ses mouvements, rampant dans toute la cuisine. Je le poursuis, le balai en main, mais il parvient à esquiver tous mes coups.
- Mais tu va crever oui, lancé-je au serpent.
Fatigue de le poursuivre en vain, je décide de passer au chose plus sérieuse et de prendre une hache. Je me rapproche sur la pointe des pieds du serpent qui essaye de se fondre dans le décors. Il est sous le réfrigérateur, qui est aussi de couleur noir, mais sa tête et un bout de sa queue dépasse chacun d'un côté. Je positionne la hache pile au dessus de sa tête et la lâche en tournant ma tête dans une autre direction pour ne pas voir sa décapitation en direct.
Un petit splash, suivi du bruit de la hache tombant au sol, me fait frémir.
Beurk.
Lorsque mes yeux se posent sur la scène, je découvre le serpent coupé en deux. SA tête reste immobile mais son corps continue de se dandiner, me donnant la nausée.
Ça n'a pas de sang, un serpent ?
Dès que le serpent s'arrête de bouger, il se transforme instantanément en une flaque visqueuse, dégageant une odeur nauséabonde, comparable à celle d'un aliment laissé pourrir trop longtemps.
Voilà le liquide, même si ce n'est pas celui auquel je pensais.
Je m'efforce de nettoyer cette chose visqueuse, me pinçant le nez et grimaçant, essayant de ne pas vomir, mais l'odeur parvient tout de même à me retourner l'estomac une bonne dizaine de fois.
Après avoir tout nettoyé et ranger les meubles que j'ai bousculés lors de ma chasse au serpent, j'observe les deux trous sur mon poignet.
- Comment on soigne sa ?
Au coin de l'œil, un scintillement me fait lever les yeux et me rappelle l'objet doré au sol que j'ai lâché lors de ma rencontre avec le serpent.
C'est une clé.
- Elle me rappelle vaguement quelque chose.
J'entends alors la porte d'entrée s'ouvrir et, dans un réflexe, je cache la clé dans ma main que je mets dans mon dos. Je découvre ma mère, suivie de mes deux frères. Ils discutent joyeusement, mais je ne peux pas m'empêcher de me sentir nerveuse, pensant à tous ce qu'il vient de se passer.
Je me demande s'ils ont remarqué mon état ou si je peux cacher mon inquiétude. Peut-être que je devrais agir normalement et de ne pas leur parler de la clef pour l'instant. Je dois réfléchir à ce que je vais dire et comment je vais gérer cette situation.
- Marie, s'écrient-ils chacun à leur tour, pleins de joie.
- Vous êtes rentré vite, dis-je, leur souriant, la main dans le dos.
- Pourquoi ? Tu n'es pas contente de nous voir ?, lance Enry sarcastiquement.
- Elle fait sa tête quand elle cache quelque chose, je la connais par cœur, je fais la même aussi, répond Jonn.
Je ne réponds pas et regarde maman, espérant qu'elle ne voit pas ce trou dans l'escalier.
- MARIE !, crie-t-elle.
Je suis foutu.
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