67 - Une dernière course
Le vent me fouette le visage alors qu'on quitte Isengard.
Tout est calme, comme d'habitude. Plusieurs fois par semaine, je viens dans ce royaume tombé, la tour en seul vestige de sa gloire passée. Je ne veux rien rater de ce qui se passe sur mes terres.
Je galope à toute vitesse, traversant la plaine avant de m'engouffrer dans la forêt. Equinoxe se joue du terrain accidenté puis de la forte montée qui suit la racine des montagnes, rien ne l'arrête quand il galope.
Arrivée au sommet de la haute colline, Equinoxe s'arrête. Je flatte son encolure tandis qu'il piaffe et je me perds un temps dans la contemplation de mon royaume s'étendant en contre-bas. J'imagine que tous les souverains trouvent leurs terres belles, mais les miennes le sont réellement.
Cette pensée me fait sourire puis je talonne Equinoxe pour redescendre vers les Dépendances.
Alors qu'on arrive dans les plaines, j'aperçois deux cavaliers avançant au pas. Suivant mes pensées et ma curiosité, Equinoxe dessine une courbe pour aller à leur rencontre.
En approchant je comprends qu'il s'agit d'Elfes, ce qui m'intrigue d'autant plus. On est plus qu'à quelques mètres quand soudain Equinoxe s'arrête dans une glissade manque de m'envoyer à terre.
– Mais ça ne va pas ?! pesté-je en me retenant de le frapper.
– Bonjour, Isil.
J'oublie mon idiot de cheval pour dévisager l'Elfe qui me parle.
– C'est vous ? lancé-je en reconnaissant l'Elfe de Lothlorien qui était présent au gouffre de Helm.
Je me tourne vers le second cavalier qui est une jeune Elfe que je ne connais pas. Elle m'adresse un sourire poli.
– Je vous présente Elsaor, ma jeune sœur. Nous avons entendu dire qu'il faisait bon vivre en ces contrées.
– Vous y êtes sans nul doute les bienvenues. Je suis Isil Uruïté de Fangorn.
– C'est un honneur d'enfin faire votre rencontre. On m'a conté tant de belles histoires à votre
sujet.
– Faut pas toutes les croire... Venez, je vais vous mener aux Dépendances, l'endroit idéal pour s'installer et démarrer une nouvelle vie.
Ils m'adressent des sourires ravis puis on se met en route. Je leur vante les mérites de vivre en Fangorn et on arrive rapidement aux premières maisons où je suis ravie de voir Anar et Elrohir, même s'ils sont penchés sur une simple barrière branlante qu'il faut réparer. En nous apercevant, ils viennent à notre rencontre.
– Alors ça avance ? les taquinai-je.
– Elle ne tombe plus c'est déjà ça, me répond Elrohir avant de dévisager les nouveaux venus.
– Je vous présente Elsaor et... Je me rends compte que je ne connais pas votre nom.
Je vois Anar rougir tandis que les deux Elfes de Lothlorien ont un petit rire, seul Elrohir reste impassible.
– Je me nomme Elsaïhom...
– Donc, je vous présente Elsaor et son frère Elsaïhom qui viennent de Lothlorien.
– Enchantée de vous rencontrer, je suis Anar Uruïté et voici mon beau-frère Elrohir d'Imladris. Soyez les bienvenues en Fangorn.
Nos deux invités acquiescent avant de mettre pied à terre.
– Vos terres sont magnifiques, fait alors Elsaor en contournant son cheval pour venir près d'Anar. On sent qu'il y fait bon vivre.
– En effet, c'est une contrée apaisante, ajoute son frère en regardant vers les montagnes. Sans nuls doutes que nous nous sentirons rapidement comme chez nous.
Anar se contente de hocher la tête sans quitter Elsaor du regard.
Je rêve où il rougit ?
Je vais pour m'avancer quand Elrohir m'attrape par le bras. D'un habile mouvement, il place ma main au creux de son coude afin que je le tienne comme le ferait n'importe quel couple, sauf qu'il me bloque...
Je lui adresse un regard interrogateur auquel il répond en se penchant vers moi.
– Promet moi de ne pas intervenir dans cette affaire.
– Ha, toi aussi tu as vu ? Et pourquoi cette demande ? Je n'allais rien faire.
– Tu as beaucoup de qualités, mon amour, mais le tact et la patience n'en font hélas pas partie.
Je vais pour répliquer mais alors Anar m'interpelle. Comme je n'ai rien écouté, je me contente d'acquiescer puis de les regarder partir.
– Bon, d'accord tu as peut-être raison...
– Peut-être ? Je comprends mieux pourquoi tout le monde me voit comme ton gardien.
Ca je ne peux le laisser passer.
– C'est n'importe quoi ! C'est moi le Gardien de Fangorn.
J'extirpe ma main de la prise d'Elrohir qui se marre de mon indignation. D'un geste rageur, je me hisse sur le dos d'Equinoxe qui se fiche totalement de mes états d'âmes.
Je suis une incomprise.
Je talonne ma monture qui bondit en avant, plantant Elrohir qui rit encore.
Equinoxe atteint rapidement sa pleine vitesse et je savoure le vent qui me fouette le visage. Il semble me porter une douce mélodie, celle chantée par deux enfants jadis.
C'est étrange, avant je voyais ces plaines et cette forêt comme une prison mais à présent je les vois comme une bénédiction. Ce sont mes terres, mon royaume.
Et je dois veiller pour que plus aucun trouble n'y vienne jamais.
Alors que l'on arrive déjà à l'orée de la forêt, Equinoxe ralentit. Il partage mon sentiment. Nous sommes ici chez nous.
C'est fou que l'on ait dut aller jusqu'au bout du monde et de nos vies pour le comprendre...
Soudain Equinoxe se cabre de toute sa hauteur. Je me laisse griser par cette sensation de m'élever dans les airs puis d'être en suspension avant que la descente ne s'amorce.
Les sabots heurtent le sol tel un coup de tonnerre sonnant à nouveau une course folle. De toute sa puissance, Equinoxe longe la forêt me transportant dans son ivresse de vitesse.
Les arbres s'agitent, partageant notre joie et notre fierté.
Je suis Isil Uruïté, la lune ardente de Fangorn, mais c'est tout ensemble que nous sommes Fangorn.
Oui, Me ná Fangorn
Fin
Me ná Fangorn = Nous sommes Fangorn
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