60 - Diplomatie
Pour une fois, la route est sans encombre.
On progresse à un rythme régulier, sans se presser et surtout sans craindre pour notre vie. Ça me change.
Notre départ d'Imladris était un mélange d'excitation et de tristesse.
J'ai passé tellement de temps avec les membres de la Communauté que ça me fait étrange de les laisser en arrière. Notre épopée est terminée.
Toutes ces aventures, ces habitudes qu'on avait prises ensemble. Tout cela appartient au passé maintenant...
Je suis à la fois soulagée et nostalgique. Ma vie va me sembler bien calme à présent.
– Il y a quelque chose en amont !
Surprise, je redresse la tête pour regarder Erwin au loin. Jonché sur son petit cheval, il scrute les alentours d'un air méfiant.
– Pourquoi tu cris ? Lancé-je.
– Je suis en éclaireur !
Anar ne peut s'empêcher de rire tandis que je secoue la tête.
– Qui se dévoue pour lui réexpliquer le rôle d'un éclaireur ? Soupiré-je.
– Avoue que tu lui as donné ce rôle pour qu'il arrête de parler, me répond mon frère amusé.
– Maintenant il cri, ce n'est guère mieux.
– C'est vrai, tu n'as pas beaucoup d'autorité sur ton écuyer.
Je fusille Anar du regard ce qui le fait à nouveau rire.
– Il y a quelque chose en amont !
– C'est bon, on a compris !
– S'il y a vraiment quelque chose, nous voilà repéré, s'amuse Elrohir.
Anar rit à nouveau tandis qu'Elrohir talonne sa monture pour rejoindre Erwin qui s'est dressé sur ses étriers pour nous indiquer quelque chose derrière l'arrondi du chemin.
Je les regarde échanger quelques paroles que je n'entends pas puis Elrohir s'engage dans la pente et sort de notre champ de vision.
On ne tarde pas à arriver au point culminant de l'arrondi et je vois un monticule de pierres surmontés de ce qui semble être les restes d'une armure grossière.
– Qu'est-ce que c'est ? S'enquit Anar alors qu'on approche à notre tour.
– Ce monticule sert à baliser le chemin, explique Elrohir déjà à terre. Chaque personne qui emprunte ce chemin sans encombre ajoute une pierre et si un danger est vu ou rencontré, on ôte une pierre.
– Donc en fonction de sa hauteur, on peut en déduire la sûreté de la voie, résumé-je.
Elrohir hoche la tête avant de contourner le monticule. Il n'est guère haut mais cette armure grossière n'engage rien de bon. Je regarde aux alentours avant de remarquer les regards ébahis d'Anar et Erwin, ils n'ont pas l'habitude de voyager ainsi, la moindre nouveauté les émerveille.
– C'est une armure Orque, reprend Elrohir après un temps. Sans doute un avertissement. La Trouée du Rohan n'est plus très loin, il se peut que certains se cachent dans ce relief accidenté.
Je vais pour acquiescer quand soudain des images affluent à mon esprit. Le Warg a trouvé des ossements.
– Erwin reste là, lancé-je en descendant de cheval.
Le jeune garçon se retourne mais je ne lui laisse pas le temps de m'interroger. Suivant les pensées de Le Warg, je m'aventure hors du sentier. Je ne tarde pas à le rejoindre devant un tas de vieux ossements.
– Des Orques, renseigne Elrohir qui m'a suivi. On sait d'où provient l'armure.
– Ils sont là depuis un moment, je ne pense pas qu'il y ait encore du danger mais restons prudent.
Elrohir acquiesce puis on rejoint Anar et Erwin qui nous attendent docilement.
– Il y a des ossements d'Orques mais ça date, leur expliqué-je en remontant à cheval. L'Isengard en était plein, ce n'est pas étonnant que certains errent encore. Restons prudent. Erwin, Le Warg va te relever de ton rôle d'éclaireur.
– D'accord, de toute façon s'il y a des combats je serai plus utile à vos côtés.
Je ne peux m'empêcher de sourire. Avec tous ce qu'il a vécu on pourrait croire qu'il ait peur des Orques et des combats, mais non il est comme tous les jeunes garçons de son âge, prêt à se battre.
On reprend notre route mais malgré une attention accrue de Le Warg on ne croise aucun signe de passage d'Orques. Tout est tranquille.
On arrive en vue de la Trouée du Rohan en fin de journée.
Je suis surprise de ce que j'en vois. J'avais gardé en tête les barricades, les fortifications et le fourmillement des Orques mais il n'en reste que des débris, de simples vestiges que le temps va faire disparaître.
– La forêt s'est bien avancée, remarque Anar. Quand on est passé pour Imaldris, les arbres n'arrivaient pas de ce côté du fleuve.
– C'est vrai, acquiesce Elrohir. Ils ont progressé, la forêt doit maintenant bloquer l'accès à la tour d'Isengard.
– En même temps, sans personne pour les contenir ils ont tendance à avancer, rappelé-je. Je leur demande de se replier ?
Anar tique comme surprit que je lui demande son avis.
– Ils ne dérangent personne, puis c'est plus joli ainsi.
Je ne peux qu'acquiescer mais j'espère que la forêt n'a pas trop grignoté sur les terres du Rohan.
Après une nuit tranquille, on arrive enfin en Fangorn.
Comme je le craignais, les arbres ont avancé d'une bonne centaine de mètres. L'avantage c'est que la forêt paraît plus aérée, moins dense et surtout ma route est toujours là.
On la remonte au pas, savourant ce retour à en nos terres.
Notre arrivée aux dépendances ne passe pas inaperçue, tout le village vient nous saluer, nous souhaiter la bienvenue.
On sort les meilleurs mets et les tables sont installées sur la place centrale pour fêter notre retour, même Feaurl a l'air content.
La liesse nous poursuit jusqu'à la tombée du jour et se continue sous la lueur des flambeaux.
On discute, chante, danse, c'est une véritable fête improvisée.
Alors que l'aube pointe déjà à l'Est, je parviens à m'extirper des derniers fêtards pour retourner à mon fort. Elrohir me suit. On marche main dans la main vers notre nouvelle demeure.
Je ne sais pas si c'est le fait d'avoir vu des forteresses en bon état et surtout bien entretenu mais mon fort m'apparaît bien austère, voire carrément à l'abandon.
Comme j'ai pu vivre des années dedans sans le remarquer ?
J'envisage de proposer à Elrohir de dormir à la belle étoile mais déjà il entre. Je le suis alors qu'il regarde tout autour de lui. Il doit essayer de se projeter dans ce nouvel environnement.
– Il est quand même bien abîmé, relève t'il après un temps.
– Tu dis ça parce que les pierres sont un peu noircies ?
– Surtout il n'y a pas de portes... ni de fenêtres...
Je me retourne pour voir le trou béant qui fait office d'entrée.
– Quelques travaux et ça ira mieux.
Elrohir s'esclaffe et son rire semble ricocher contre la pierre.
– Désolée, j'aimerai t'accueillir dans de meilleures conditions...
– Tant que je suis avec toi, ça me va.
Je ne peux que sourire puis l'enlacer avant de l'embrasser avec tout l'amour que j'éprouve pour lui.
On monte dans la partie la moins détériorée qui me servait d'habitation et après un rapide nettoyage, on se couche.
Elrohir me fait l'amour avec une infinie douceur et je savoure de m'endormir à ses côtés, sans qu'il ait besoin de vite se rhabiller ou de filer en douce...
On peut sereinement vivre notre amour.
***
On a tellement de choses à faire que je ne vois pas les jours passer.
Je suis sans cesse sollicité, notamment par les Ents, tandis qu'Anar gère les dépendances et Elrohir se charge de réhabiliter le Fort. On a chacun nos rôles et pas le temps de s'ennuyer.
Assise à même le sol, je regarde une illustration représentant la peinture qui ornait autrefois le sol du hall d'entrée. Elrohir aimerait la faire restaurer mais j'hésite. Alors que je me triture l'esprit, j'entends soudain des cors qui résonnent dans la vallée. Ils proviennent de l'orée de la forêt.
Surprise, je me lève avant de sortir du fort. Elrohir se tient déjà sur l'arrondi de la colline au loin. Je m'élance pour le rejoindre. Je cours à toutes jambes et cette course folle me rappelle tant de souvenirs, combien de fois ai-je dû courir ainsi ?
Pour fuir, pour rallier, pour tout un tas de raison...
– Qu'est ce qui se passe ? Lancé-je en arrivant près d'Elrohir. On dirait des cors du Rohan.
– Ce sont des cavaliers du Rohan. Ils ont un étendard et viennent sans doute en pourparlers.
– De quoi pourraient-ils vouloir parler ? Une alliance ? Elle est pour moi déjà acquise...
– Les Hommes savent que leur mémoire est plus courte que la nôtre, Eomer doit vouloir faire les choses dans les règles en rédigeant et signant un traité.
Je le crois sur parole, il a plus d'expérience que moi en ce domaine. Je scrute la dizaine de cavaliers mais je ne reconnais aucun comme étant Eomer. Maintenant qu'il est Souverain il a sans doute envoyé des représentants pour nous faire sa proposition.
Une cohorte d'Hommes arrive des dépendances pour s'entretenir avec les cavaliers avant de les mener vers le village. On hâte le pas pour les suivre.
C'est l'effervescence aux dépendances. Les gens sont sortis de chez eux ou rentrés des champs en attendant les cors mais on m'ouvre la voie jusqu'à la maison commune.
Je ne suis pas surprise d'y voir Anar et Feaurl déjà en train de discuter avec les Hommes du Rohan. Certains visages ne me sont pas inconnus, bien que j'ignore leur nom... ou que je l'ai oublié.
– Très bien, conclut Anar. Merci de ces nouvelles et de votre message, vous pouvez rester ici aussi longtemps que vous le souhaitez. Menez les chevaux aux écuries et faites apporter de quoi se restaurer.
Aussitôt les gens s'activent. Anar fait vraiment figure d'autorité.
– Qu'est-ce qui se passe ? Lancé-je en rejoignant mon frère. Le temps que je vienne du Fort, vous avez déjà terminé.
Ça sonne un peu comme une accusation mais Anar n'en tient pas rigueur.
– Ils te le répéteront sans doute eux même, Eomer souhaite nous rencontrer afin de redéfinir les limites du Rohan et de Fangorn. Tu crois que c'est à cause des arbres qui ont envahi la Trouée du Rohan ?
– Je ne pense pas, il en avait déjà fait mention il faut que l'on se partage l'Isengard pour ne pas laisser une terre vide comme ça. Honnêtement, je ne sais pas ce que l'on peut faire de cette tour...
– Veut-il faire la rencontre à Edoras ou sur vos terres ? Demande alors Elrohir.
Bonne question, qui ne m'était même pas venue à l'esprit. Je dissimule ma gêne en regardant les Hommes du Rohan accepter avec joie les victuailles qu'on leur mène.
– A Edoras, il semblerait. Est-ce une bonne chose, Isil ?
Surprise, je me retourne vers mon frère. Il faut que je m'habitue à gérer un royaume maintenant...
– Je suppose que l'ambiance sera meilleure qu'à l'époque de Grima-langue-de-Serpent ou qu'en partance pour la guerre... Eomer est un Homme bon et un allié sur qui compter, on peut lui faire confiance. Il sera équitable dans le partage.
– Je te fais confiance, ma sœur, c'est toi qui le connais le mieux. Puis je suis curieux de découvrir un village des Hommes.
– C'est plus une ville qu'un village, m'amusai-je. Edoras est quand même la capitale du Rohan.
Anar se contente de hocher la tête, l'air déjà perdu dans son imagination.
C'est vrai qu'il n'est guère sorti de ce vallon, le concept d'une ville ou d'une forteresse reste abstrait pour lui. Elrohir me prend alors la main. Il m'adresse son sourire plein d'assurance, visiblement lui aussi à hâte de se rendre à Edoras et je dois avouer que moi aussi.
Ça me rappellera sans doute des souvenirs.
***
Edoras est plus près que je ne l'avais estimé.
Sans doute dans l'urgence de notre dernière venue le temps m'a-t-il paru plus long.
Le trajet se fait sans encombre et je vois l'impatience envahir mon frère au fur et à mesure que l'on approche.
On voyage en petit comité. Une partie des Cavaliers sont repartis dès que l'on a accepté la proposition d'Eomer pour l'en avertir puis les restants nous ont servi d'escorte. Voilà aussi une chose à laquelle je dois m'habituer...
Elrohir, Anar, Le Warg et moi, sans compter nos montures, sommes les seuls représentants de Fangorn. Feaurl voulait que l'on prenne quelques Hommes avec nous mais ils ont tant à faire et nous ne partons pas en territoire ennemie. J'ai pleinement confiance en Eomer.
A la première vue de la cité la différence me saute aux yeux. Ce n'est pas seulement l'herbe verdoyante et le beau soleil d'automne, il y a dans l'air une clarté qui avait disparue. L'atmosphère est légère, le mal a quitté ces lieux.
J'arrête Equinoxe pour observer Edoras jonché sur son rocher.
– Vous ressentez la différence, fait un cavalier en s'arrêtant à son tour.
– Complétement, nous sommes à nouveau les bienvenues en ces terres.
– Tout comme nous.
J'acquiesce, il devait faire partie de la cohorte d'Eomer, exilés pour leur patriotisme. C'est logique qu'il envoi des personnes de confiance pour une telle mission.
On reprendre notre progression et on ne tarde pas à rallier les premières fermes grouillantes de vie. Des animaux, des fermiers, des enfants, le Rohan se redresse après une sombre période. Notre escorte salue les villageois tout en nous menant dans la cité.
Je souris à repensant à la remarque de Gimli lors de ma précédente arrivée, ça n'a plus rien à voir avec un cimetière.
On laisse les chevaux aux écuries et on gravit les marches menant à la Maison Principale, demeure des souverains. Je laisse Anar à sa contemplation, il regarde tout autour de lui avec une curiosité qu'il ne sait dissimuler.
On arrive sur le parvis quand les portes s'ouvrent pour laisser sortir quelques Hommes, dont Hamà.
– Vous allez encore nous demander de laisser nos armes dehors ? lancé-je moqueuse.
– Il n'en est nullement nécessaire, surtout pour vous, dame Elfe.
Je tique. Bien sûr, ils ne sont pas au courant de la perte de mon don... Elrohir doit voir mon trouble car il appose sa main dans mon dos en guise de soutien mais alors je remarque le regard perplexe de Hamà envers Le Warg.
– Souhaitez-vous que je l'envoi aux écuries ?
– Ce ne sera pas nécessaire. Même s'il est étrange de voir une telle créature entre nos murs, nous savons qu'il n'est pas un ennemi. Veillez juste à ce qu'il se tienne bien.
J'acquiesce tandis que Le Warg se frotte à ma jambe. Il fera tout le nécessaire pour rester auprès de moi. Je n'en doute pas et je suis les Hommes qui nous mènent à l'intérieur de la Maison Principale. Ici aussi les changements sont notables, c'est plus lumineux et accueillant. Il y fait bon vivre à l'instar des personnes souriantes qui nous regardent passer.
– L'architecture est incroyable, souffle Anar alors que l'on contourne le grand brasero. Je l'avais déjà remarqué chez nous mais les Hommes d'ici sont vraiment doués dans le travail du bois.
Je ne peux que hocher la tête surtout devant la beauté des gravures qui ornent toute la salle.
On s'arrête devant le trône vide quand Eomer arrive par la gauche.
– Mes amis, je suis content de vous revoir, fait-il en s'avançant. Merci d'avoir accepté ma demande et d'être venu si pressement.
– C'était la moindre des choses, répondis-je en m'avançant. Autant régler ce genre de détails maintenant.
Eomer acquiesce en me prenant les mains. Lui aussi à changer, il fait plus souverain moins cavalier errants. Il endosse pleinement son nouveau statut.
– Nous sommes voisins, il nous revient d'éviter que l'Isengard ne tombe entre de mauvaises mains. Il y a encore des dangers qui rôdent.
– Des Orques ? demande Elrohir.
– On en voit régulièrement des traces et parfois des cohortes sont aperçues. On ne leur laisse pas le temps de se regrouper, elles sont systématiquement traquées et détruites.
– C'est vous qui en avez tué par-delà la Trouée du Rohan ? demandé-je curieuse
– On ne pouvait les laisser s'étendre dans le Nord, il était nécessaire de les rattraper tant que cela été possible. Nous sommes donc passé par vos terres.
– Il n'y a aucun souci à cela, fait alors Anar. Nos arbres ont aussi avancé sur vos terres en notre absence.
– On est resté un long moment à Imladris, expliqué-je. La forêt a progressé librement mais je vais y remédier.
– Je suis courant de votre séjour à Fondcombe et je suis plus que ravi de vous voir remise. Rassurez-vous, vos arbres dans la Trouée ne dérangent pas, bien au contraire, j'y vois un avantage à garder un œil par là-bas. Si je vous ai convié ici c'est justement pour parler de tout cela. Un partage équitable des terres de l'Isengard me parait nécessaire.
– Nous sommes bien d'accord, sourirai-je.
Après un rapide repas, on se rassemble autour d'une carte représentant l'Isengard, Fangorn et le Rohan. Visiblement mon frère et Eomer sont envieux de régler la question au plus vite. Je reste un peu en retrait avec Elrohir. Ce n'est pas que cela ne m'intéresse pas mais je préfère qu'ils gèrent cela entre eux.
– Donc pour résumer, fait Eomer après de longues discutions. Vous récupérez l'Isengard et une partie de la Trouée du Rohan afin d'y maintenir une veille.
Anar acquiesce.
– En échange de ces terres, nous faisons reculer la forêt à cet endroit pour vous libérer de la prairie, idéal pour les chevaux.
– C'est un grand avantage que de pouvoir déplacer ainsi une forêt, rit Eomer. L'implantation d'un village serait envisageable ?
– Cela ne devrait pas poser de soucis, surtout si on trace une route commerciale d'ici à là. Cela permettrait de fluidifier nos échanges et de lui éviter un isolement.
Eomer hoche la tête, il a l'air convaincu de la proposition de mon frère. L'échange est équitable, chacun y trouve son compte.
J'étouffe un bâillement qui ne passe pas inaperçu par Elrohir auquel j'adresse un haussement d'épaule. Je n'y peux rien, je suis plus efficace dans les actions que dans les discutions.
– Très bien, reprend Eomer me sortant de ma torpeur. Je pense que nous avons trouvé un accord satisfaisant pour tous. Nous devrions le sceller par un traité écrit, qu'en dîtes-vous ?
– Si vous le souhaitez, répond Anar. Je n'ai guère l'habitude de ce genre de chose mais je vous suis.
– Contrairement à votre royaume, je ne peux savoir qui sera à la tête du Rohan dans plusieurs décennies mais je sais que le respect d'ancien traité sera toujours de vigueur. Plus que notre alliance, scellons notre amitié.
Anar sourit puis tend simplement la main.
– Cela me va.
Eomer sourit à son tour avant de lui serrer la main et d'apposer l'autre sur son bras. L'image est belle, même si on ne m'a pas vraiment demandé mon avis.
Je me retiens de le faire remarquer tandis qu'Eomer appelle un vieil Homme qu'il charge de la rédaction du traité. Anar a l'air content, c'est sa première véritable alliance et on ne pouvait rêver mieux que les Rohirrims pour cela.
***
– Cette cité est vraiment incroyable, s'ébahit Anar. L'architecture, la conception et même l'organisation sont très bien pensées. Je comprends que l'on ait toujours eu des relations cordiales avec eux.
– C'est un peuple fort et courageux mais aussi proche de la terre et des animaux. Leurs chevaux sont sans doute les meilleurs de toute la Terre du Milieu, acquiescé-je. Même sous l'emprise de Saroumane, ils sont restés digne, Théoden était vraiment un bon Roi.
– Eomer semble marcher dans ses traces, fait Elrohir. Et je suis certain qu'ils garderont cette ligne de conduite malgré le temps et les générations qui passent.
Je ne peux qu'acquiescer alors que l'on retourne vers la Maison Principale. Soudain je me rappelle quelque chose et j'agrippe le bras de mon frère.
– Viens, suis-moi. Il faut que je te montre un truc.
Anar ne proteste pas et me suis, ainsi qu'Elrohir. Je suis surprise de retrouver si facilement le couloir dérobé que je cherchais et je m'arrête devant une belle tapisserie représentant une Elfe à la longue chevelure ébène. Notre mère.
Anar se fige et je guette sa réaction. C'est sans doute la seule représentation que l'on a de celle qui nous a donné la vie.
– Tu lui ressembles beaucoup, souffle mon frère en tendant la main vers la tapisserie.
Mais il n'ose la toucher.
– Physiquement peut-être mais c'est toi qui lui ressembles le plus.
Anar se tourne vers moi, je ne saurai dire les pensées qui ont envahi son esprit.
– J'aimerai avoir tes souvenirs, reprend t'il après un temps. J'aimerai me rappeler.
Je vais pour lui répondre quand Elrohir me prend la main, d'un regard je comprends ce qu'il veut me dire et je me tais.
– Cela a dut te perturber de découvrir ce portrait, me souffle Elrohir.
– Je ne peux pas dire le contraire, surtout que je m'y attendais vraiment pas, mais c'est... rassurant de savoir que son souvenir perdure.
– Fangorn et le Rohan sont plus liés que je ne le pensais. Vas-tu leur dire ?
Je grimace en comprenant qu'il parle de la disparition de mon don.
– Je ne sais pas, avoué-je tout bas. Je n'arrive toujours pas à savoir si c'est une bonne chose ou pas, alors le dire à d'autres... C'était un atout indéniable pour Fangorn et pour moi, un peu comme une protection, mais en même temps baser sur notre nouvelle alliance sur des non-dits...
Ce n'est pas vraiment une réponse mais c'est tout ce que je peux lui apporter.
Elrohir pose ses mains sur mes épaules.
– C'est à toi de voir, mon amour. Tu es la seule à savoir si tu peux, ou veux, en parler. Qu'importe ton choix, nous le suivront.
Comment ai-je put passer à côté de ça si longtemps ?
Se sentir écouté et soutenu...
Je souris à Elrohir. A ses côtés, je ne serai plus jamais seule, ni dans le doute. Il me rend mon sourire avant de me prendre les mains. Je lui serre avant de me tourner vers mon frère qui observe toujours la tapisserie.
Nous sommes en présence à la fois de notre passé et de notre avenir.
Fin du chapitre
Isil et Anar rentrent sur leurs terres et profilent une alliance avec le Rohan.
Passé et avenir s'entremêlent pour les Elfes de Fangorn.
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