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51 - Souvenir

Je ne comprends pas pourquoi on redoute tant la mort...
La mort est paisible, bien plus calme que la vie.
Dans la mort tous est atténué. Je flotte loin des souffrances, des doutes et des peurs. Tous me paraît si dérisoire.
Suis-je enfin sereine ?

Non. Je suis triste pour les autres, ils vont me manquer.
La mort est douloureuse pour les autres, pour ceux qui restent...

C'est bizarre mais j'entends une chanson...
Les souvenirs sont vraiment quelque chose de mystérieux. Je me revois dans l'arbre avec mon frère et Feaurl alors que mes parents sont en train de se faire massacrer. Je n'y avais pas pensé depuis longtemps. Pourquoi n'ai-je que des brides de souvenirs ?
Que des morceaux indépendants les uns des autres...
Je dois me rappeler... Je sais qu'ils sont là, quelque part en moi.
Je me force à me rappeler. Je ne veux pas voir que des silhouettes, je veux des visages. Je veux comprendre comment mes parents en sont arrivés là, à mourir sous le regard de leurs enfants apeurés.
Je lutte dans l'obscurité, je sens qu'il y a un blocage dans mon esprit. Quelque chose est prisonnier depuis trop longtemps. Une chose qui m'empêche de souffrir mais aussi de comprendre.

Je lutte.
Je me débats dans le noir, arrachant morceau après morceau ce qui comble cette faille en moi. Des années d'agglomération entassées pour taire quelque chose.
Une chose que je savais et que je voulais plus que tout oublier.


J'entends à nouveau une chanson... plus proche.
Je me débats de plus belle avec mon propre esprit et enfin j'ouvre les yeux.
Je suis allongée dans une pièce circulaire plongée dans les pénombres de la nuit et devant moi se dresse un tout jeune enfant. Ses cheveux sont d'or et ses yeux d'un bleu aussi clair que l'aube : Anar.

– Je t'ai réveillé ? Me demande t'il d'une voix enfantin que j'avais oublié.

– Tu me chantais dans les oreilles, répondis-je sans même le vouloir.

Anar tique puis rougit avant de baisser le regard. Je me lève, je fais bien une tête de plus que lui, et doucement je lui redresse le visage.

– Qu'est-ce qui a ?

– J'ai fait un cauchemar... Je sais c'est bête mais...

– Tu as vu quoi ?

Anar me fixe puis se détend.

– J'ai rêvé que je me retrouvais seul avec Feaurl qui boudait. Papa et Maman n'étaient plus là et toi, tu ne voulais plus que je t'approche.

Je pose ma main sur son épaule avant de lui sourire.

– Rassure-toi, ça n'arrivera jamais. Papa et Maman seront toujours là et moi aussi. Je ne te laisserai jamais.

Anar m'enlace tandis que je regrette ces paroles que je ne maîtrise pas. Je sais que je l'ignorais à l'époque, je ne savais pas que c'était un mensonge. Nos parents vont disparaître et moi... je serai obligée de m'éloigner de lui, pour le protéger.
Sans que je puisse me contrôler, on se couche dans le lit qui semble être le mien. Je lui chante une berceuse que je ne connais même plus, un truc sur des arbres qui veillent en silence puis chantent sous le clair de lune.
On s'endort aussi sereinement que des enfants, ce que nous sommes alors.
Je ne sais combien de temps je dors mais on vient me réveiller juste avant l'aube. Je frémis en voyant mon père me sourire puis m'aider à m'habiller.

– Attention, ne réveille pas ton frère, me souffle t'il.

– Pourquoi il ne peut pas venir avec nous ?

Mon père s'agenouille devant moi, il est si souriant, si jovial.

– Il est encore trop petit.

– On a le même âge, répondis-je sceptique.

– C'est une bonne réponse, soupire mon père visiblement gêné. Anar a besoin de dormir pour grandir, toi tu es déjà assez grande.

Je me sens hocher la tête, satisfaite de cette réponse simple pour mon esprit d'enfant.
Mon père me tend la main et je lui attrape avec plaisir, j'avais oublié combien j'aimais passer du temps avec lui.


Alors que l'aube approche, on s'enfonce vers le cœur de la forêt.
Mon père se révèle taquin et d'une curiosité débordante, je me reconnais tant en lui. Je le suis docilement, bien contente de passer du temps juste avec lui, j'ai l'impression d'être spéciale.
Soudain mon père s'arrête et me fait signe d'en faire autant.

– Tu les vois ? Fait-il en revenant à mes côtés. Où sont-ils ?

Je regarde autour de moi et je suis surprise de voir des visages sur certains arbres. Je les désigne et mon père semble ravi.

– Tu n'en as pas raté un, reprend t'il avec une pointe de fierté.

– C'est qui ?

– Nos gardiens, Isil. Écoute, ils te parlent.

Je prends alors conscience de sons dans le vent, comme une douce chanson. Je me sens si bien que j'en ferme les yeux. Nous sommes un tous.
Fangorn.

– Papa, pourquoi on vit caché ? Lancé-je alors en rouvrant les yeux.

Il est surprit puis vient s'agenouiller devant moi. Il se moque de l'humus qui tâche son pantalon tout comme d'être à genoux devant une enfant au beau milieu d'une forêt. Il est simple, si accessible et si souriant.

– On est seul, repris-je tout bas. Pas comme dans les grandes cités où il y a plein de vie. Il n'y a que nous ici.

– C'est vrai, il n'y a pas autant de monde que dans les grandes cités mais tu n'es pas seule, tu ne le seras jamais. Tous tes ancêtres vivent là.

Il pose sa main sur ma petite poitrine où bat mon cœur.

– Ton cœur et la force qu'il renferme sont plus forts que tout. Il est comme une lumière qui te guidera toute ta vie.

– Toi aussi tu seras là pour me guider.

Mon père sourit mais je vois comme un voile de tristesse dans ses yeux. La peur m'envahit, même enfant je comprends que quelque chose ne va pas.

– Vous allez nous quitter Maman et toi ?

Mon père paraît surprit puis il s'assoit en tailleur avant de simplement me prendre contre lui. Je savoure sa douceur et son odeur que j'avais oublié.

– Je vous aime ton frère et toi plus que tout sur cette terre. Vous êtes le fruit de notre amour et notre avenir. De grandes choses vous attendent...

– Je sais, mais tu seras là ? Si jamais je ne suis pas à la hauteur.

– Tu le seras, me souffle mon père avec tant de douceur que j'en souffre. Tu es forte, Isil, bien plus que tu n'y parais.

Je me love contre lui, prolongeant ce doux moment qui apaise mon inquiétude. La joue collée contre le torse de mon père, l'oreille sur son cœur, je regarde tous les visages qui nous entourent, toujours plus nombreux. La forêt bouge, nous protège.
Soudain une idée germe dans mon esprit d'enfant.

– De quoi on se cache ?

– De rien. Pourquoi cette question ?

– Pourquoi on a besoin de gardiens alors ?

Mon père rit avant de me redresser. Debout sur ses jambes, je le surplombe. Il a l'air si jovial, amusé de la tournure de la discutions.

– Tu veux aller voir le monde de l'autre côté ?

Mon petit cœur s'emballe tandis que j'acquiesce avec vigueur. Je saute à terre avant de me rappeler d'un détail pas vraiment insignifiant.

– Maman ne veut pas...

Mon père fait la moue en haussant les épaules.

– Tu sais, elle n'est pas obligée de le savoir.

Je souris de plus belle avant de tendre la main à mon père comme pour l'aider à se lever. Il l'accepte avec joie puis m'entraîne vers le côté interdit de la forêt. Je le suis avec une confiance aveugle malgré la pointe de crainte en moi, je brave sans doute mon premier interdit...
On sort simplement de la forêt et on avance dans la plaine.
Je suis déçu de ne rien voir de particulier. En fait, il n'y a rien à voir...
Mon père s'arrête alors puis scrute l'horizon.

– Nous sommes en terre du Rohan.

– Il n'y a rien, soupiré-je.

– Non, car on ne se cache de rien.

La déception m'envahit et mon père doit le voir car il s'agenouille à nouveau devant moi.

– Le monde est ainsi, vaste et parfois solitaire. Nous ne craignons rien, Isil.

Je me contente de hocher la tête puis je regarde au loin. J'hésite avant d'avancer d'un pas puis deux et ainsi de suite vu que mon père me suit.
Mon moi enfant y voit juste une opportunité de découvrir de nouveaux horizons mais mon moi adulte comprend ce qu'il fait, en protecteur silencieux, il offre un instant de liberté à la chair de sa chair.
Le soleil se lève et embrase la plaine d'un millier de couleurs chatoyantes. Je sens mon ravissement et cette excitation à en découvrir toujours plus. Au détour d'un bosquet, j'aperçois alors des tentes et des chevaux.

– Et ça, c'est quoi ? Lancé-je surprise.

Je ne laisse pas le temps à mon père de répondre car déjà je m'élance à l'assaut de cette découverte. Mon père me rattrape en quelques enjambés avant de se placer devant moi et de scruter l'horizon. Je comprends le changement d'ambiance quand je vois le soleil se refléter dans une dague de cristal accrochée à sa hanche.

– Pourquoi tu portes une arme si on n'est pas en danger ?

Mon franc parlé enfantin m'étonne mais déjà mon père reprend son sourire habituel.

– Tu es vraiment maline, Isil. Il y a bien des dangers en ce monde mais la plupart sont invisibles ou bien cachés derrière une figure avenante. Il faut juste être prudent. Là, ce sont des Hommes, des gens du Rohan, et au vu de la richesse des tentes et des harnachements des chevaux, ils appartiennent à la Royauté. On doit rentrer avant qu'ils nous voient.

– Pourquoi ?

– Nous sommes sur leurs terres. Rentrons.

Mon père se détourne mais je ne bouge pas.

– On pourrait les saluer.

Mon père se stoppe et se retourne.

– On pourrait leur faire peur sans le vouloir.

Mon esprit d'enfant ne comprend pas alors que mon père me demande de le suivre. J'accours vers lui et il me prend la main, moyen discret de me garder dans la bonne voie.

– Tu sais parfois les Hommes ont peur de ce qu'ils ne comprennent pas et ils pourraient avoir peur de deux Elfes errants autour de leur camp.

– On n'est pas méchant, ils ne doivent pas avoir peur.

– Toi tu le sais mais pas eux.

Je comprends la leçon qu'il essaye de me transmettre avec autant de douceur que possible. C'était un père fantastique.


On rentre sans détour et la vue de mon fort m'emplit de nostalgie mais alors je vois une Elfe sur le parvis : ma mère.

– Maman n'a pas l'air contente, grimace mon père avant de ramasser une fleur.

On s'avance sans échanger un mot. Je savoure les traits de ma mère qui gagnent en netteté à chaque pas. Elle est belle, élancée, le port altier et la chevelure d'ébène. Elle tente de garder un air sévère mais l'attendrissement remporte la partie.

– Bonjour, mon amour, comment vas-tu en cette belle matinée ? Fait mon père en donnant sa fleur à ma mère.

Elle la prend avant de faire la moue.

– Tulca, elle est trempée.

– C'est juste un peu de rosée.

– Et toi tu es couvert de boue.

Mon père baisse le regard et voit les empreintes de boue que j'ai laissé en montant sur ses jambes.

– Regarde dans quel état tu es, soupire ma mère. Quelle excuse tu vas me trouver aujourd'hui ?

Mon père sourit puis prend la main de ma mère.

– Tu es très en beauté ce matin.

Il dépose un rapide baiser sur sa joue avant de s'esquiver tandis que ma mère lève les yeux au ciel.

– Viens, ma chérie, tu dois avoir froid.

J'attrape avec plaisir la main qu'elle me tend puis on entre dans le fort. Il est bien plus accueillant ainsi. Le mobilier est sobre mais fonctionnel, de belles tapisseries ornent les murs ainsi que quelques peintures à même les pierres. C'est un endroit où il fait bon vivre.
D'un geste ma mère allume un feu dans l'antre de la cheminée ce qui me ravit, avant d'aller me chercher des vêtements secs. Elle me change puis m'embrasse avec toute la douceur que je lui avais oublié.
Mon père revient, lui aussi changé. Alors que ma mère lui tourne le dos, il porte son doigt à ses lèvres et je comprends qu'il veut que je garde sous silence notre escapade dans les plaines. Je hoche la tête pour lui confirmer ma participation à cette omission mais ma mère me voit et se tourne vers mon père qui lui adresse un chaleureux sourire.

– Tulca, tu ne l'as pas emmené hors de la forêt quand même ?

Mon père fronce les sourcils avant de secouer la tête.

– Je ne suis pas à ce point inconscient, mon amour. C'est presque vexant que tu penses ça de moi.

Ma mère paraît hésiter, cherchant à savoir où est la vérité puis elle secoue la tête.

– Désolée, mon amour, c'est juste que...

Mon père acquiesce avant même qu'elle ait finit sa phrase et l'enlace avec une infinie douceur.

– Je le sais.

Ma mère repose sa tête contre son épaule et la peur m'envahit à nouveau. J'ai beau être une enfant, je pressens quelque chose.

– Isil, va rejoindre ton frère dans votre chambre, fait alors ma mère.

J'acquiesce avant de me lever et de prendre un couloir menant vers des escaliers en colimaçon mais soudain je fais demi-tour et revient sur mes pas pour écouter. J'ai besoin d'apaiser mes angoisses.

– Tulca, je sais que c'est... compliqué, mais tu ne devrais pas. Il...

– Isil, que faites-vous ?

Je tressaille avant de me retourner d'un bond. Feaurl remonte le couloir à ma rencontre. C'est fou comme il a toujours le même air renfrogné. Il m'intime de monter à l'étage ce que je fais sans discuter.
Je m'empresse de retourner à ma chambre où Anar joue tranquillement.

– Tu étais encore avec papa ? Me demande t'il, peiné. Vous faisiez quoi tous les deux ?

– Rien, on se promenait mais... il y a un truc de bizarre.

Anar fronce les sourcils.

– De quoi tu parles ?

– Je sais pas, je.. sens comme quelque chose, comme s'ils disaient pas toute la vérité.

Anar pâlit mais je lui prends la main avant de l'inciter à me suivre. On ressort dans le couloir avant de traverser un petit salon puis de prendre un autre escalier plus étroit.
La voix de notre mère nous parvient alors.

– Tu ne devrais pas la mener si loin dans la forêt.

– Je le sais mais c'est plus fort que moi.

– On ne doit pas...

– C'est injuste ! Coupe notre père en haussant le ton. C'est horrible de les voir grandir et évoluer
tout en sachant qu'on ne sera sans doute plus là aux moments les plus importants de leurs vies. On... On ne les verra pas s'épanouir, on ne sera pas là quand ils auront besoin de notre soutien, de nous...

Je me penche et mon cœur se serre en voyant des larmes couler silencieusement sur les joues de ma mère. Mon père les voit aussi et vient l'enlacer.

– J'en souffre tout autant que toi, souffle t'il en la serrant contre lui. Alors si durant quelques minutes je peux vivre un instant normal avec ma fille, je veux le vivre.

Anar se tourne alors vers moi et je vois aussi des larmes couler sur ses joues. Je ne sais pas quoi faire pour l'apaiser alors je fais la même chose que mon père. Je l'enlace et je le serre fort contre moi.
Je ne comprends pas...
Comment savaient-ils qu'ils allaient mourir ? Et comment ont-ils put vivre en sachant cela ?
Soudain je me rappelle les moments de joie, les longues soirées devant la cheminée où notre père nous racontait toutes sortes d'histoires, de nos longues ballades avec notre mère, du son du piano quand notre père jouait.
On était heureux, juste heureux, mais ils sentaient quelque chose approchait, un danger. Ils n'en parlaient pas, c'était un sujet tabou mais bien présent.
On le sentait aussi mais on ne le comprenait pas.
Je savourais ces moments avec mon père comme autant d'instants privilégiés et coupés du monde car déjà j'avais conscience que je pouvais les perdre à n'importe quel moment.
A tout moment, je pouvais tout perdre


Fin du chapitre
Isil se souvient de son enfance, de ses parents et des non-dits dans lesquels ils vivaient.
La mort lui apportera t'elle les réponses qu'elle cherche ?

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