38 - De mal en pire
Tandis que le cor résonne je me hâte de monter la colline qui nous cache la vue de la cité.
Arrivée au point le plus haut je me fige. L'étendu entre nous et Minas Tirith n'est qu'un champ de bataille. Des combattants à perte de vue.
Dans le brouhaha de la bataille, je n'arrive pas à localiser l'origine du cor qui sonne à nouveau. Théoden est blessé, mais comment savoir où il se trouve ?
– Là, c'est Aragorn !
Je suis la direction indiquée par Legolas. Au beau milieu des combats, je vois l'armée des Morts qui progresse dans les lignes ennemies avec une facilité déconcertante, rien n'arrête les morts...
A sa suite, je vois Aragorn et quelques Hommes qui achèvent les blessés. Ils vont vers les remparts, soit ils ouvrent une brèche pour diviser les forces ennemies soit ils tentent de faire reculer les hordes de monstres.
Les portes de Minas Tirith sont ouvertes, à moins qu'elles aient été défoncées.
– Il nous faut leur porter assistance, lance Elrohir en saisissant son arc.
Il tire une volet de flèches qui touchent toutes l'ennemie, si bien que je suis contente de ne plus avoir d'arc. Je secoue la tête, ce n'est pas le moment de faire une crise d'ego. Soudain mon regard tombe sur d'étranges machines en bois qui semblent prendre position sur un des côtés, non loin de la cité.
– C'est quoi ça ? m'inquiétai-je en désignant les machines.
Gimli se penche en avant tandis que Legolas plisse les yeux. Les machines sont alignées et de gigantesque Trolls les manipulent.
– Des ennuis en perspective, soupire l'Elfe sylvain.
– Ce sont des armes de jet, s'agite Elladan. Mais je n'en ai jamais vu de si imposantes.
– C'est ce que l'on entend en bruit de fond, s'alarme Elrohir. Des impacts. Elles tirent directement dans la cité.
Comme pour valider ses dires, une des machines déploies son bras central, projetant une énorme pierre par-dessus la muraille. Je grimace en imaginant les dégâts causés.
– Faut les stopper ! m'écriai-je en me tournant vers Legolas.
Je le vois regarder en direction d'Aragorn puis se reporter sur les machines.
– Il n'y aura plus grand monde à sauver si elles détruisent tout de l'intérieur, ajoute Gimli.
On attend tous la décision de Legolas qui prend un temps de réflexion. Il se trouve soudain à la place de chef de groupe, mais ça lui va bien.
– Allons s'y.
Je souris, certaine qu'il ait pris la bonne décision. Je jette un dernier regard à Aragorn et l'armée des Morts qui progressent vers la cité puis je suis les autres.
On court le long de la colline en arc-de-cercle, détruisant autant que possible sur notre passage. Les destructions de masse me vont bien, pas besoin de réfléchir il suffit de tout brûler.
On arrive rapidement et sans encombre près des armes de jet, ce sont des machines gigantesques à l'instar des Trolls qui les manipulent. Je laisse les Elfes et leurs arcs habiles tuer les créatures tandis qu'avec Gimli on sabote les machines. Des Orques viennent en vague tenter de nous en empêcher, prouvant à mes yeux la valeur de ces machines pour l'ennemie.
Alors que j'achève les derniers Orques au sol, je remarque des charrettes non loin. Certaines sont pleine d'étranges bidons et d'autres de cages dissimulées par des planches grossières. Je ne sais pas ce que c'est mais ça ne me dit rien qui vaille.
– Isil ! s'exclame alors Gimli.
Je me détourne des charrettes pour venir à lui. Il tranche à coup de hache bien placés les cordes qui maintiennent une machine qui se démembrent rapidement. Je pensais qu'il allait me demander d'y mettre le feu quand il se contente de pointer son doigt vers la pente côté cité.
Je regarde ce qu'il me désigne et je vois les jumeaux en train de regarder des Hommes du Rohan au prise avec des Orques particulièrement virulents. Elladan tire et en abat quelque s'un mais les autres répliquent à coup d'arbalète.
Je me glisse derrière le montant d'une machine tombée au sol pour éviter les carreaux qui fusent. Quand la pluie de projectiles se terminent, je me risque à un coup d'œil. Les Hommes sont pris entre la cohorte de monstres et le flanc assez raide de la colline, pas avantageux pour eux. Je frémis en apercevant Lordval parmi les Hommes. A sa figure rouge, j'imagine qu'il cri des ordres mais c'est peine perdue, c'est la débandade dans ses troupes.
Elladan tire à nouveau mais la réaction est la même.
– Il nous faut les aider, fait Legolas en nous rejoignant.
Les trois Elfes soutiennent les Hommes avec leurs arcs tandis que Gimli et moi on surveille nos arrières.
– Plus de flèches ! s'écrit Elrohir.
– Idem, lui répond Legolas.
Elladan tire sa dernière flèche avant de reculer. On s'est déporté vers la cité, on se trouve à présent en haut d'un ancienne mur qui soutient la colline et les Hommes juste en dessous. A part descendre, nous n'avons plus de possibilité de les aider.
Alors que je me risque à regarder les Hommes qui ont repris leur ardeur au combat, je vois que les Orques acheminent les étranges tonneaux sur la zone de combat.
–J'espère que ce n'est pas encore un truc explosif, s'exclame Gimli mécontent.
Le souvenir de la muraille de Fort-le-Cor explosant me revient. En effet, j'espère ce que ce n'est pas cela.
Soudain des Orques ouvrent les tonneaux puis les renversent. Un liquide épais en jaillit puis coule en direction des Hommes qui finissent par y patauger. Une odeur rance me fait alors frémir.
– C'est de l'huile...
J'échange un regard effaré avec Elrohir avant de reculer prestement, c'est trop inflammable pour moi. Je dois apaiser mon feu et rester sous contrôle.
– Vous n'êtes plus ardente, Isil, me fait Legolas comme si je lui avais posé une question.
Il comprend ma crainte et me rassure. Le Warg vient se coller contre ma jambe et je m'apaise. Je ne suis pas un danger, pas dans l'immédiat.
– Mais lui il l'est ! s'agite alors Gimli.
Je tressaille en voyant un Orque approcher avec un flambeau, je sais ce qu'il va faire.
Je tends les mains mais déjà il penche sa torche vers le sol poisseux. Le feu prend aussitôt. Je me concentre mais je n'arrive pas à stopper les flammes, elles sont trop vives pour que j'arrive à les éteindre d'ici.
Alors que les Hommes acculés au mur se mettent à crier, j'envisage de sauter mais c'est un peu haut...
– Isil, faites-nous gagner du temps ! s'écrit Legolas.
Je ne sais pas ce qu'il compte faire mais je m'exécute. Je stoppe les flammes, les forçant à rester sur place mais le combustible est si inflammable que je ne parviens qu'à les ralentir. J'use de toute ma concentration pour les repousser mais je sais déjà que je n'y arriverai pas. Je suis trop ardente, trop bouillonnante pour inciter au calme.
J'entends alors un bruit sourd puis des cris. Je me permets un rapide coup d'œil pour voir que mes amis ont fait tomber un montant de bois composant une machine pour permettre aux Hommes de monter nous rejoindre.
Soudain le feu fait un bond en avant. Je me reconcentre pour le cerner et le canaliser. C'est comme tenter d'apaiser un cheval emballé qui ne veut qu'avancer, sauf que le feu n'a aucune raison, il veut juste consumer.
Tenir à un si haut niveau de concentration est un exploit, je ne sais même pas où je puise cette force mais elle se tarit. Je me risque à un autre regard, il ne reste plus que deux Hommes et Lordval. Il a d'abord fait monter les siens, il remonte dans mon estime.
A nouveau le feu fait une poussée et se propage sur les côtés, ça devient vraiment critique.
– Je ne vais pas tenir encore très longtemps !
– Quelques secondes !
Legolas m'a crié dessus mais je ne lui en tiens pas rigueur surtout que je sens que je vais lâcher.
Je regarde à nouveau dans leur direction, un Homme tente de monter mais a du mal avec sa lourde armure et derrière lui Lordval regarde le feu qui avance avec inquiétude.
Elladan et Elrohir aident l'Homme à se hisser puis Lordval se hâte de monter. Il y est presque quand le feu me submerge. Sachant le combat perdu, je bondis alors vers le Comte, le saisit par les épaules puis le tire vers moi. Il parvient à monter avant que le feu n'atteigne ses jambes puis on tombe tous les deux en arrière.
Pour la deuxième fois en peu de temps, je me retrouve à contempler le ciel puis Lordval se penche sur moi. Il a l'air contrarié...
Pour sûr il va m'engueuler, me faisant déjà regretter de l'avoir aidé...
– Merci.
Quoi ?
– Quoi ?
Je me redresse assis pour lui faire face alors qu'il reprend son souffle.
– Merci de m'avoir tiré...
Je n'en crois pas mes oreilles.
– De rien, répondis-je perplexe.
– Finalement vous savez mettre votre ego de côté.
Ha voilà, ça c'est l'Homme que je connais, je suis presque rassurée de le retrouver. Je vais pour répliquer quand les pensées d'Équinoxe me heurtent aussi forts que s'il l'avait fait lui-même. Je grimace avant de porter mes mains à mon crâne. Je vois qu'il a retrouvé Eomer mais aussi qu'il a croisé Symbel et Merry mais pas Eowyn qui était aux prises avec Le Monstre. Je frémis en pensant au Roi Sorcier.
Alors que Lordval se redresse, je l'attrape par le bras.
– Eowyn est sur le champ de bataille, fis-je les dents serrées. Visiblement près du Roi Sorcier...
Lordval pâlit.
–J'ai vu le Roi Théoden se battre contre cette engeance avant que le cor...
Il ne termine pas sa phrase mais on sait tous ce qu'il veut dire.
– Je m'en occupe, fit-il simplement. Allez aider votre ami à libérer l'avant de la cité afin que les gardes du Gondor osent sortir se défendre.
Ce n'est pas un ordre, plus un conseil, et déjà il s'en va avec ses Hommes. Je sais qu'il retrouvera Eowyn et la mettra en sûreté.
– Ça va ? s'enquit Elrohir en me prenant le bras.
Je hoche la tête avant de la reposer sur son épaule. Je commence à être las de ces combats, pas physiquement mais mentalement. Je n'aime pas les batailles qui traînent en longueur...
Elrohir me serre brièvement dans ses bras puis on repart en direction du cœur de la cohue.
On descend la colline, replongeant dans le brouhaha des armes et armures qui se fracassent. On se fraye un chemin pour rallier Aragorn et son armée de Morts.
Ils sont d'une aide précieuse, il faut bien l'avouer.
– Vers la citadelle !! cri notre futur Roi.
Je ne sais s'il s'adresse à nous ou aux morts mais on suit tous le mouvement qu'il impulse. Les combats s'intensifient et par moment, je ne vois plus mes compagnons.
Je tranche, frappe et brûle tout autour de moi. Les combats durent et je résiste aux coups et à la fatigue. Je pense m'en sortir pas si mal quand un Orque plus grand que les autres parvient à m'attraper par la taille avant de me jeter sur le côté. Je titube puis je parviens à me rétablir et je lui fais face. Il me dévisage un instant puis d'autres faces hideuses se tournent vers moi.
Le Warg qui demeure inlassablement à mes côtés, retrousse les babines et grogne. Je raffermis ma prise sur les gardes de mes lames dentelées, je suis prête.
La horde me bouche la vue sur mes camarades mais je n'ai pas peur, ils s'en sortiront.
Ce moment de pause, comme suspendu dans le temps, où l'on s'observe est étrange. Qu'attendent-ils ? Ont-ils peur ?
Moi non.
Quand l'assaut est donné, je ne frémis pas.
Le grand Orque me charge mais je ne bouge pas, je n'ai pas peur. Je bloque son cimetière puis je le repousse violemment en arrière. Il titube mais parvient à conserver son équilibre, il est plus massif que moi. Il revient à l'assaut et je l'esquive avant de tenter de lui porter un coup au flanc mais je suis gêné par les autres Orques qui se mêlent au combat. En désespoir de cause, je m'embrase pour les repousser et reprendre mes distances. Ça fonctionne plutôt bien puis Elladan et Elrohir traversent les rangs pour me rejoindre.
Avec peu de mouvements et des coups redoutables de précision, ils mettent à terre la moitié des Orques présents. Parfois je les envie.
Je me replace à leur côté tandis que Legolas qui a retrouvé des flèches nous couvre à distance. Gimli ne tarde pas à se frayer un passage à grand coup de hache.
A côté de moi, Elrohir et Elladan font tournoyer leurs épées avant de se remettre en position, parfaitement synchronisé.
J'envisage un instant en faire de même mais j'ai peur de faire tomber une de mes lames, je n'ai pas leurs habilités. Je secoue la tête pour me reconcentrer quand soudain un croassement retentit. Je tressaille puis regarde autour de moi.
– Isil ? M'interpelle Elladan.
– Le corbeau ? Vous l'entendez ?
A vu du regard qu'il échange avec son jumeau j'en déduis que non...
Soudain du coin de l'œil j'aperçois le corvidé se faufiler au milieu des Orques en déroute. Je me retourne et je le cherche du regard mais il a à nouveau disparu.
Je remarque alors les charrettes et les étranges cages recouvertes de planches de bois grossièrement coupé.
– C'est quoi ça ?
– Isil, restez concentré !
Je sursaute, piquée au vif, avant de faire volte-face vers ce stupide Nain. Je le vois aux prises avec des Orques en surnombre et Le Warg qui tente de l'aider comme il le peut.
Agacée, je m'avance pour clore cette escarmouche quand soudain une vague de colère teintée de haine m'envahit. Elle n'est pas mienne mais je sais d'où elle provient.
A nouveau je me retourne, juste à temps pour voir des Orques faire tomber le devant des caisses dévoilant une noirceur malsaine.
Je me fige en voyant des gueules puis des pattes immenses s'en extirper en grognant. Les mâchoires claquent dans le vide puis les yeux emplis de rage se fixent sur moi. Seul point immobile dans cette cohue.
Ces Wargs sont immenses... et furieux.
Je sursaute quand ils bondissent en avant. Je me prépare à parer même si je sais que je ne tiendrais pas le choc, ils doivent faire le double de Le Warg et lancé à pleine vitesse...
Il me reste que la surprise de mon feu pour espérer éviter le corps à corps. Je sais que trop bien la dangerosité de telles bêtes lâchées sur un champ de bataille.
Je me prépare à l'affrontement mais soudain l'effroi m'enserre le cœur me bloquant même la respiration : je vois Le Warg dans leurs esprits...
Je ne suis pas leur cible...
Fin du chapitre
La bataille bat son plein et chacun tente de faire de son mieux mais de nouveaux ennemis entrent en scène.
Qui survivra... Qui périra ?
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