28 - Chercher de l'aide
L'Est se teinte tandis que l'aube se lève et que l'on hâte le pas.
Aragorn va rendre son verdict. Quel chemin allons-nous prendre ?
Je ne saurais le dire.
Alors que je suis Elladan et Elrohir, j'aperçois Lordval qui discute avec ses hommes. Il est si détestable que sa simple vue m'agace. Il m'adresse un regard supérieur que j'aimerai bien effacer de son visage orgueilleux mais j'ai d'autres choses à penser. Des choses bien plus importantes que cet Homme.
J'ai quand même fait des progrès, il ne lui est rien arrivé de regrettable...
Soudain Le Warg me propose de régler ce détail mais je décline. On a besoin de monde pour les combats à venir.
Je suis si plongée dans mes pensées que je manque de rentrer dans Elrohir qui s'est arrêté. On est arrivé au dernier feu et Aragorn est déjà là.
Je me fraye un passage entre les jumeaux puis j'attends en silence. Notre ex-rôdeur n'a visiblement pas encore donné sa décision.
Il nous regarde tour à tour et la gravité dans ses yeux nous informe bien plus que n'importe quels mots.
– Nous irons sur le chemin des Morts.
Et voilà, on va tous mourir sous la montagne...
Malgré mes efforts, je ne peux retenir une grimace qui n'échappe pas à Aragorn.
– Ce n'est pas une obligation, reprend t'il. Je comprendrais que vous ne veuillez pas me suivre cette fois-ci. Je vous en ai déjà beaucoup demandé.
– Pour ma part, ça ne me fait rien, répond Legolas avec sa nonchalance habituelle. C'est un endroit aussi horrible que les autres, rien de nouveau en somme.
– Aucun Nain n'a peur d'une montagne, rit Gimli. C'est un passage comme un autre.
– Il en est de même pour nous, enchérit Elladan. C'est l'un des rares endroits où nous ne sommes jamais allés.
– Vous êtes tous fou, échappé-je alors. Moi j'ai la trouille comme jamais, mais je vous ai promis, Aragorn, de vous suivre n'importe où, alors je tiendrais ma promesse... Et à l'avenir, je serai plus prudente avant de faire ce genre de sermon...
Un éclat de rire traverse notre petite assemblée.
– Mes amis, je vous remercie de votre confiance, reprend Aragorn. Elle est un des biens les plus précieux que je possède, sachez-le.
On acquiesce à l'unisson.
Notre amitié est plus qu'un simple lien, c'est une protection. Avec elle le chemin des Morts me paraît moins lugubre. Je ne sais pas ce que l'on va y trouver, je ne veux pas vraiment le savoir, mais je ne serai pas seule, alors ça va aller.
– Quand devons-nous être prêt ? Demande Gimli.
Aragorn soupire puis regarde en direction du camp avant de répondre.
– Nous partirons ce soir, à moins que les feux ne soient allumés avant.
C'est un bel optimisme... Je doute vraiment que le Gondor fasse appel à nous, mais ça je m'abstiens de le dire.
Aragorn s'en va, nous laissant silencieux.
– Bon, on sait maintenant où l'on va, reprend Gimli après un temps. Connaître l'endroit de sa fin n'est pas si terrible au fond.
– Vous avez dit ne pas craindre cette montagne, relève Elrohir.
– La montagne non, mais ce qui erre dans ses entrailles...
Elrohir se contente de hocher la tête, il comprend. Pas comme Legolas qui sourit gaiement.
– Hormis Isil, nous ne pouvons rien voir, alors il n'y a pas à craindre ce que nous ne pouvons percevoir.
Il le fait exprès ou quoi ?
– C'est idiot comme réflexion, soupiré-je. On risque surtout de rejoindre leurs légions, ne dit-on pas que nul vivant ne ressort jamais de ce chemin ?
Elladan acquiesce d'un hochement de tête, et j'aurai préféré qu'il n'en fasse rien...
– Avec Aragorn et l'héritage de ses ancêtres, je pense que nous ne risquons rien, s'entête Legolas.
– Notre ex-rôdeur-futur-roi peut aussi se tromper.
Legolas tique avant de froncer les sourcils.
– C'est quoi ce surnom ?
Je ris avant de poser un doigt sur ma tempe.
– Dans ma tête vous avez tous un joli surnom. Vous, vous êtes la Peste.
Gimli s'esclaffa rapidement suivit des jumeaux.
– Quel est-il pour notre ami Nain ? S'intéresse Legolas.
– Le Nain ou le râleur parfois.
Legolas se marre tandis que Gimli fait la moue.
– Et pour eux ? Demande t'il en indiquant les jumeaux.
– Elrohir en a toute une ribambelle en fonction de mes humeurs et Elladan... juste Elladan, vous vous suffisez à vous-même.
On rit de plus belle, s'attirant maints regards étonnés.
– Ce chemin peut effrayer nos cœurs, reprend Gimli quand on se calme. Mais il ne peut rien contre la force qui nous unie. Ensemble, nous vaincrons.
Il tend sa main devant lui. Le premier, Legolas appose la sienne, vite imité par les jumeaux. Je les regarde un instant, ils ne se rendent pas compte de la valeur de cet acte pour moi.
J'ai des amis, des gens qui tiennent à moi, qui sont prêt à tout braver à mes côtés.
J'ai de la chance, énormément de chance.
– Isil ?
Je lève le regard vers Legolas qui me dévisage tout sourire.
– N'ayez crainte.
Je souris puis je pose ma main sur celle d'Elladan, j'ajoute ma pierre à cet édifice.
– Au pire on va tous être brûlé, reprend Legolas amusé.
– Hé !
Je bondis vers lui mais Elladan et Elrohir me retiennent. Je ris aux éclats tandis qu'ils m'éloignent de cette Peste d'Elfe qui est surtout mon ami.
La matinée a passée à une vitesse. A croire que le temps a été accéléré.
Je termine de préparer mes affaires et je commence à me demander comment les Hommes du Rohan vont prendre notre départ.
Il faudrait peut-être les avertir ?
Je ne voudrais pas qu'ils pensent qu'on les abandonne.
Je rejoins le paddock où Équinoxe se tient sagement. Il est content de me voir mais l'inquiétude gagne son cœur quand je lui fais part de la situation.
Bien sûr, il veut venir avec moi.
– C'est pas une bonne idée... oui, je sais que j'ai déjà dit ça pour les mines de Moria mais là c'est différent. Je préférerai que tu demeures avec les cavaliers du Rohan, ça me permettrait d'avoir une vision de ce qui se passe ici.
Équinoxe secoue la tête, il n'aime pas ça.
– Je n'aime pas plus que toi cette séparation mais je pense que c'est la meilleure chose à faire. Tu seras plus utile ici.
Équinoxe se frotte contre moi, m'assénant de doux coups de museau.
– Ça va aller, soufflé-je en le caressant. Tout va bien se passer, on se retrouvera vite.
Équinoxe sent le doute dans mon cœur mais n'ajoute rien.
– Vous le laissez ici ?
Je me retourne pour voir Elrohir.
– C'est le mieux.
– Je le pense aussi, répond l'Elfe en s'approchant. C'est une décision difficile mais sans doute la meilleure à prendre.
Équinoxe donne un coup de tête peu délicat dans le torse d'Elrohir. Je secoue la tête tandis que mon cheval s'en retourne à son pâturage.
Sans un mot, je pars vers l'extérieur du camp. Elrohir me suit et on arrive en vue de la frontière du Gondor, là on s'étend la longue chaîne de montagnes.
Elrohir m'enlace alors et je savoure ce moment en tête à tête. J'enroule mes bras autour de son cou et je me blotti contre lui.
– Tout va bien se passer, n'est-ce pas ?
Elrohir dépose un bref baiser sur mon front.
– On va tout faire pour.
Je lui souris. Le vent agite mes cheveux tandis que je me tourne à nouveau vers le Gondor. Tout est si sombre par là-bas, les Ténèbres y sont roi.
Je me demande où est Gandalf et sa lumière ?
Peut-être est-il déjà tombé...
Cette pensée m'affole. J'ai besoin d'être rassuré mais rien de rassurant ne perce les Ténèbres qui se sont abattus sur ces terres.
Je vais pour m'en détourner quand une lueur attire mon regard. C'est si fugace que je pense avoir mal vu mais alors une autre apparaît, plus proche.
Alertée, je jette un regard à Elrohir qui fixe aussi les montagnes.
Soudain une autre lueur s'allume puis encore une...
Elles s'approchent et enfin je perçois ce que c'est. Du feu.
– Les feux d'Alarme !
Comme si mon cri avait accéléré le temps, les embrasements se succèdent de plus en plus vite et bientôt le plus proche jaillit comme une lanterne dans les Ténèbres. C'est incroyable à voir.
Soudain un cor retentit sur le plateau. La tour de garde avertit de la nouvelle.
Elrohir me prend alors la main.
– Venez !
Il m'entraîne en direction du camp et rapidement on court à toutes jambes. On doit rejoindre les autres.
Le camp tout entier est en mouvement.
Certains accourent pour voir les feux, d'autres s'attellent à préparer le matériel ou les chevaux et une foule s'amasse près de la tente du Roi.
Le Gondor demande de l'aide.
Quelle sera la réponse du Rohan ?
Je trottine presque derrière Elrohir qui s'est remis à marcher d'un pas vif. On traverse le camp en zigzaguant entre les Hommes qui courent dans tous les sens.
Alors que l'on dépasse des chariots quelqu'un m'attrape par le bras et me tire en arrière. D'un geste brusque, je me dégage avant de tirer ma dague. Surprise, je dévisage l'Homme qui hésite puis je remarque la petite silhouette à ses côtés. D'un geste, je stoppe Le Warg qui longe les chariots, ventre à terre, prêt à bondir.
– Merry... Eowyn.
Celui que j'ai pris pour un Homme ôte son casque et je comprends que j'ai vu juste.
– Vous voulez que je vous tue ou quoi ? Lancé-je en rangeant ma dague.
Le Warg me rejoint et je vois la compréhension dans le regard d'Eowym mais ça ne chasse pas la lueur de défi qui y brille.
Je crois comprendre ce qu'ils veulent...
– Nous avons besoin de vous, fait Eowyn avec une assurance qui force l'admiration. Nous voulons participer aux combats, nous ne voulons pas restés en arrière. Aidez-nous.
Me voilà face à un choix que je n'ai pas envie de prendre.
– C'est compliqué, soupiré-je. Nous, on va prendre le chemin de Morts. Il y a là-bas une armée qui pourrait nous être bien utile. Je ne serai donc pas sur le front avec vous...
Eowyn et Merry échangent un regard, visiblement ça ça ce n'était pas dans leur plan.
– Je comprends cette décision, reprend la dame du Rohan. Même si je crains que cela affecte encore plus les miens, ils pourraient...
– Penser à une défection, la coupé-je. Je pense que c'est un risque à prendre.
– De toute façon nous, nous devons suivre les Hommes, s'agite Merry. Nous devons les accompagner et leur apporter notre aide sur le champ de bataille. S'il vous plaît, Isil, ne me laissez pas de côté.
C'est cruel de sa part d'user de cette corde sensible, je ne sais que trop bien ce qu'il ressent.
– De toute façon, avec ou sans mon aide, vous irez, repris-je avec prudence. J'ignore si vous mesurez vraiment l'étendue de votre décision, je préfère penser que c'est le cas... En quoi avez-vous besoin d'aide ?
Je vois de la reconnaissance s'afficher sur leurs visages mais je préfère ne pas m'y attarder, ils risquent de regretter tôt ou tard cette décision.
– On a juste besoin d'un cheval, me répond Eowyn avec empressement. Un qui pourrait nous porter, Merry et moi.
– Je vais voir ce que je peux faire mais promettez moi une seule chose.
– Tout ce que vous voudrez, clame Merry exalté.
– Ne mourrez pas !
***
Elrohir arriva au dernier feu. Ils étaient déjà tous là, à attendre les directives.
– On a vu les feux s'allumer, fit l'Elfe en s'arrêtant.
– Alors il nous faut nous hâter, répondit Aragorn. Où est Isil ?
Elrohir tiqua avant de se retourner. Isil n'était plus là.
– Elle me suivait...
Elrohir regarda tout autour de lui mais aucune trace de la jeune Elfe ni de Le Warg. Il commençait à se poser des questions quand Legolas reprit.
– On part donc sur le chemin des Morts ?
L'hésitation d'Aragorn était visible mais il hocha la tête.
– C'est bien là que nous allons, mais attendons Isil. Je dois avouer que je compte sur sa lumière pour affronter ce qui se terre sous la montagne.
– Elle sera à la hauteur, assura Elrohir.
Soudain Hamà arriva avec précipitation.
– Le Roi Théoden vous fait demander, mes seigneurs.
Aragorn hocha la tête puis le suivi. Elrohir regarda une dernière fois l'agitation autour de lui puis, ne voyant aucune trace d'Isil, emboîta le pas aux autres.
Théoden, en armure, examinait une énième fois la carte, entouré de ses conseillers de guerre.
Elrohir écoutait d'une oreille distraite, toutes ses pensées étaient tournées vers Isil. Où était-elle encore passé ?
Soudain quelqu'un entra avec précipitation dans la tente du roi. Elrohir se détendit en voyant Isil se figer face à tous ses regards tournés vers elle.
– Désolée, je... je suis en retard.
Elle s'empourpra avant de s'avancer vers ses compagnons.
– L'heure est grave pour se permettre d'arriver en retard, releva alors Lordval.
Elrohir se tendit tandis qu'Isil adressait un regard étonné au Comte.
– Avez-vous dit quelque chose ? Demanda t'elle avec politesse. Comme vous marmonnez dans votre barbe, je ne comprends pas toujours.
Mécontent, Lordval serra les mâchoires tandis qu'Aragorn attrapait Isil par le bras avant de la tirer près de lui.
Elrohir échangea un regard résigné avec son frère. Ce n'était certes pas le moment mais Isil était souvent piquante dans ses réponses, Lordval le savait à présent.
***
Agacée par cet idiot de Comte, j'ai du mal à me concentrer sur le Roi Théoden qui résume une énième fois son plan d'action.
Passé la colère ma peur revient doucement.
Nous allons laisser partir les Hommes au-devant d'une bataille qui s'annonce terrible tandis que nous nous allons tenter notre chance sur un chemin maudit, un chemin dont nul n'en revient.
Notre fin pourrait être juste là, toute proche. La fin des Peuples Libres...
Je secoue la tête pour chasser cette pensée et je jette un regard à Aragorn qui est interdit. Le Roi se plaint de manquer de soldats et lui doit lui dire qu'on va les quitter pour partir à l'assaut de la montagne...
Je n'aimerai pas être à sa place.
Ce n'est pas une mauvaise décision en soit mais je crains qu'elle soit mal comprise. On ne fuit pas, on va chercher de l'aide.
Enfin, je l'espère...
Fin du chapitre
Le Gondor demande de l'aide tandis que la Communauté décide d'emprunter le sinistre chemin des Morts.
Isil a t'elle raison de se séparer d'Équinoxe en ces temps de danger ?
Comment le Roi Théoden prendra t'il leur décision ?
Est-ce seulement des bonnes décisions ?
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