Durant la journée entière, Arthur l'avait appelé un nombre incalculable de fois, qu'il avait dû commencer à filtrer les appels. Au bout de 3 messages, il avait compris que le blond réclamait qu'il passe à son appart pour faire des choses durant ses périodes de calme. Mais Sébastien était débordé et n'avait aucun temps, pour aller satisfaire la libido surdimensionnée du blond. Se sentant coupable, mais ne voyant pas d'autre solution que de bloquer les appels et messages en provenance d'Arthur, il put continuer sa journée de dur labeur et de parfaite criminalité.

Tard le soir, lorsque tous ses crimes commis pour le compte de Labrecque fut terminé, il débloqua le numéro du garçon et lui écrivit qu'il était en route pour l'appartement. Il prit ensuite la voiture jusqu'au lieu et constata qu'il n'avait reçu aucune réponse du garçon. Quelque peu inquiet, Seb ne put que l'imaginer avec un autre homme. Il se précipita donc à l'appartement pour retrouver son amant et rencontra une porte fermée. Il cogna espérant qu'Arthur soit seulement endormi pour ne pas répondre à ses messages. Il devenait ridicule. Arthur ne l'aurait pas attendu. Il avait plus de chance de le trouver à faire le trottoir.

Il retourna donc à sa voiture en tentant de l'appeler, sans succès. Il se dirigea donc vers le lieu où la veille, il l'avait trouvé au bras de cet autre garçon. Comme de fait, il était là, couchée sur le banc à observer les étoiles et par chance, seul. Seb prit une grande respiration avant de venir se stationner et de fermer les moteurs. Il sortit de la voiture et se dirigea vers le garçon. Il lui avait promis d'essayer, il devait avoir confiance en lui. Peut-être était-il juste trop naïf.

''Salut Seb.''

Arthur n'avait pourtant pas quitté la voûte céleste des yeux. Avait-il deviné sa présence? Sans un mot, Sébastien vient réclamer une place sur le banc. Arthur leva les jambes dans les airs pour que l'homme d'affaire s'assoit. Puis, tout naturellement, le blond déposa ses jambes sur les cuisses de l'homme.

''Peter n'est pas avec toi?''

''Il a un client.''

''Et toi? Tu as eu beaucoup de client?''

''Comment réagirais-tu si je te disais deux ou trois?''

''Je partirais et je te laisserai vivre ta vie, comprenant que tu ne changerais pas et que cette relation n'est pas faite pour moi.''

''Alors je n'en ai eu aucun. Quand j'ai vu que tu m'avais bloqué, j'ai compris que je devenais envahissant. J'ai donc épuisé mon énergie ailleurs. J'ai fait du ménage et je fais le serveur au restaurant pour finir par me branler entre deux service dans les toilettes.''

Ignorant s'il devait le croire ou non, Sébastien hocha la tête doucement.

''Tu ne peux pas m'appeler à toute les heures pour me réclamer du sexe. Imagine que je suis en infiltration ou durant une fusillade. Tes appels pourrait me trahir.''

''J'y avais pas réfléchi. Je m'ennuyais de toi. Tu ne m'as pas offert ce que je voulais hier soir. J'étais frustré ce matin. Sexuellement. Surtout que tu es partie avant mon réveille.''

''Tu ne devrais pas te tenir avec Peter.''

Arthur s'assit d'un mouvement, les jambes toujours par-dessus celles de Sébastien. Leurs yeux pouvaient maintenant se croiser.

''Jalousie?''

''Arthur, il ne fait pas partie des escortes de Labrecque. Ils t'ont déjà tomber dessus, imagine s'il lui tombe dessus et qu'il te voit traîner avec. Tu n'es pas apprécié là où je travail. Pas après ton petit spectacle.''

''Alors trouve lui un travail au sein de la compagnie.''

Sébastien hocha la tête découragée. Arthur, lui, vient déboutonner un bouton de sa chemise pour pouvoir glisser une main entre le vêtement et sa peau. Il flatta ses muscles un moment avant de venir offrir un baiser sur la mâchoire du vingtenaire.

''Tu as quelque chose que je veux. On rentre?''

Le brun tentait de retenir le sourire qui se dessinait sur ses lèvres. Impossible, Arthur réveillait ses papillons de bonheur. Il se tourna pour l'observer un moment et vint déposer ses lèvres sur les siennes. Une heure plus tôt, il avait exécuté un homme et balancé son corps dans le fleuve en faisant abstraction de toute émotion. Maintenant, son cerveau avait éliminé se souvenir et lui offrait mille et une doses d'endorphine.

***

Sébastien était assit à un restaurant avec Jules et sa copine Virginie. La femme l'observait un sourire en coin.

''Seb, j'ai un cousin qui est fromager. Je lui ai montré une photo de toi et il serait intéressé de te rencontrer. Ça te dit?''

Seb poussa un soupir. Jules essayait de lui trouver une âme sœur depuis le jour où ils étaient devenus amis. C'était lourd et pénible. Il ne méritait pas l'amour. Il ne méritait pas qu'on l'aime. Il avait déçu sa famille en leur tournant le dos du jour au lendemain. Il s'était engagé dans une voie de criminalité. Personne de bon et d'honnête méritait de le fréquenter.

''Non merci.''

''Tu es sûr? Il à un Saint-Bernard et fait d'extraordinaire fromage.''

''C'est gentil mais non. Nos vies sont trop différentes. Ça ne fonctionnera pas.''

''Trop différente?''

La jeune femme se mit à rire en observant son copain.

''Tu es un homme d'affaires. Ça ne veut pas dire que tu dois rencontrer quelqu'un qui travaille dans les affaires. Regarde moi. Je suis enseignante au primaire et Jules est associé dans une grande compagnie. Nos monde sont différent, ça ne veut pas dire que nous ne nous comprenons pas.''

Sébastien offrit un sourire forcé à la fille. Jules un associé. Il était plus que ça. Savait-elle seulement son passé militaire? Savait-elle seulement que chaque jour, lorsqu'ils s'échangeaient leur baiser de bonne journée, il y avait une possibilité que c'était la dernière fois qu'elle voyait son copain?

Il tourna son regard vers Jules. Il n'y avait aucune once de regret dans son regard. Il mentait ouvertement à sa copine et il ne s'en sentait même pas mal. Lui ne pourrait jamais faire ça. Il pouvait supprimer des vies et torturer autrui, mais il ne serait jamais capable de mettre ses émotions de côté quand il s'agirait de la personne qu'il aimait.