***

A mon réveil, je trouve un mot de ma mère sous la porte :

Je suis partie espionner William. Je rentrerai vers 20 heures. Amuses-toi bien, mais pas de bêtises !

C'est bien ma mère, ça. Comme si j'allais faire quoi que ce soit de dangereux

Je me lève et vais me changer. J'opte pour un petit short blanc avec un mini haut noir moullant et tout simple. Je débroussaille mes cheveux, prend mon petit sac à dos avec tout le nécessaire à ma survie, et je sors de ma chambre.

Je décide ne pas suivre les panneaux, et d'aller là où mes pieds veulent se diriger. Je prend donc le chemin d'un petit sentier entre les pins. Au bout de vingt minutes de marche, j'arrive au bord d'une falaise, avec la mer en contrebas. Un gros rocher se dresse au bord. Il a l'air solide, et bien attaché à la roche, je m'y assoie donc sans peur.

Les jambes croisées, les yeux fermés, je me demande ce que je vais faire de mes derniers mois. Déjà, je ne retournerai pas en cours. J'ai fini mon année de troisième, j'ai obtenu mon brevet de justesse, et je ne veux pas gâcher mon temps dans une salle de classe.

Ensuite, j'ai bien l'intention de me faire des amis. Je n'ai pas envie d'être le loup solitaire bizarroïde qui vit seul cloitré dans sa chambre d'hôtel.

Et évidement, je compte rencontrer mon père. Qu'il en ai envie ou non, je suis sa fille et j'aimerai lui parler.

J'espère de tout cur qu'il m'aimera. Qu'il sera heureux de me rencontrer. Qu'il sera fier que je sois de lui, qu'il verra que je lui ressemble, et qu'il voudra bien faire partie du restant de ma vie.

Je prend une grande inspiration d'air salé et ouvre les yeux. La vue est vraiment à couper le souffle. Eau turquoise, récifs multicolores, et une petite crique déserte sous mon rocher. Je me sens extrêmement bien ici. Je crois bien que ça devient mon endroit préféré.

Mais tout à coup, j'entend un bruit de feuilles derrière moi. Je me retourne et vois apparaître un dieu en personne. Heu pardon, je veux dire que je vois apparaître un magnifique spécimen masculin, de mon âge.

Grand, blond, des yeux verts foncés, il me regarde avec un sourire qui me fait fondre. Mais il faut que je me reprenne. Il me parle.

« D'habitude, il n'y a jamais personne ici. Vraiment désolé de te déranger

-Oh mais tu ne me déranges pas ! Tu peux venir t'assoir si tu veux. »

Mince. Trop direct ?

« Avec plaisir ! »

Apparemment non, puisqu'il vient s'installer à mes côtés.

« Je suis Thomas, enchanté de te connaître, me dit-il en me tendant sa main.

-Angie, le plaisir est partagé.

Et je serre sa main. Elle est douce, et je sens la force de sa poigne. Il répond :

-Je ne t'ai jamais vue sur l'île. Tu es en vacances ici, ou tu vas t'installer ?

-Hum... Disons un mélange des deux. Avec ma mère, on a décidé de rester quelques mois sur place.

-Oh, c'est génial ça ! Tu sais, il y a beaucoup de jeunes sur l'île, alors tout le monde est pote. Si tu veux, je pourrai te présenter des gens ! »

Waouh. En plus d'être HYPER séduisant, ce mec est direct, sympathique et sociable. Je ne savais pas que ça existait encore

« Beaucoup de jeunes, avec aussi peu d'habitants ?

-Et oui, une grande partie sont là en vacances, d'autres séjournent chez de la famille, et ceux comme moi qui ont une affaire familiale à reprendre restent et commencent à travailler.

-Waouh. Et bien c'est génial ? Mais dis-moi, tu es toujours aussi sociable avec les inconnus ?

-Seulement quand ce sont de jolies filles comme toi »

Il me fait un clin d'il, et j'éclate de rire.

« T'es du genre dragueur toi, n'est-ce pas ?

-Absolument pas, je suis un véritable gentleman. D'ailleurs chère mademoiselle, voulez-vous bien m'accompagner demain soir à une fête sur la plage de sable noir ? Ca commence à 19h, pizzas, bières et beaux gosses au rendez-vous.

-J'accepte, seulement si tu arrête de me vouvoyer, c'est bizarre !

-Marché conclu, me répond-il en riant. Et je peux passer te prendre ?

-Oh ! J'ai une chambre au Hollandais Volant. Vers 18h30 ?

-Parfait ! Je te dis à demain alors ! »

Il s'en va en me faisant signe de la main, me laissant de nouveau seule sur ce rocher.

Cela faisait si longtemps que je n'avais pas parler à un garçon normalement. Je veux dire, sans qu'il ne sache que je suis malade. Je parlais aux gars de l'hôpital, logique, mais je n'avais presque aucun ami à l'extérieur.

C'est bon d'être normal. Même si c'est seulement temporaire, c'est apaisant. Je savoure donc quelques instants encore cette sensation de banalité, avec l'odeur de la mer, le vent sur mon visage, puis je décide de rentrer à l'hôtel pour prendre mon repas.

***