Châlet du lac

Samedi 11 Août 2018

18h20

Simon

 Après une bonne demi heure dans l'eau, je rejoint ma copine, qui se fait bronzer sur sa serviette. Je m'assois à ses côtés alors qu'elle est allongé sur le ventre, le front posé sur ses mains. Elle m'entend et tourne la tête vers moi:

- Tu t'étais endormie ?

- Non, je somnolais juste en écoutant les bruits de la nature. C'est super agréable cet endroit.

- Ah, alors tu regrettes pas d'être venue avec nous?

- Non, je suis désolé si j'ai été un peu chiante. Lorsque tu m'as parlé de vacances, je m'étais dit, qu'on serait rien que tout les deux. Mais tes amis sont vraiment sympa, l'endroit aussi et quant à Loris, il semble perturbé par l'arrivée de son ex. S'ils ravivent la flamme, on aura encore plus de moments pour notre couple.

- Ça se pourrait que quelque chose renaisse mais je n'en sais rien.

- Qu'est qu'il s'est passé pour qu'ils se séparent à l'époque? Si ça te dérange de m'en parler, ne répond pas. Je ne veux pas que ton frère t'en veuille après.

- Non t'inquiète, il ne m'en voudra pas de te le dire, par contre, ne t'avise pas de jouer les entremetteuses, il détesterait ça.

- Je ferais rien, promis.

- J'ai découvert pas plus tard que tout à l'heure, les détails de leur rupture.

- Vraiment ? Je croyais qu'il te racontais tout?

- En règle générale oui, et il aurait pu me parler, mais il avait peur de ce que je penserai de lui. Justin n'est pas venu lors des premières vacances, contrairement à Samuel, son meilleur ami. Mon frère s'entendait déjà très bien avec lui mais en se retrouvant à passer un mois ensemble, leurs sentiments ont évolués.

- Il est tombé amoureux du pote de son mec?

- Oui, mais aucun d'eux ne voulait trahir Justin, alors c'en est resté qu'à l'étape des sentiments. Suite aux vacances, ils ont décidé de mettre de la distance, Sam à couper les ponts peu à peu, jusqu'à ne plus donner de nouvelles et mon frère lui est resté encore quelques temps avec Ju. Mais bien sûr, il ne l'aimait plus alors leur relation s'est effiloché. Loris à rompu et lui à tout expliqué. De là, ils se sont éloignés jusqu'à ne plus se voir.

- Et là tout ce petit monde se retrouve et les malaises se font sentir.

- Exactement, Loris s'attendait à revoir Sam, mais pas Justin. Je lui ai conseillé de crever l'abcès en discutant tout les trois et visiblement il a dû le faire. Il à l'air moins tendu.

- Avec tout ça, il a potentiellement deux chance de raviver une relation.

- Pas avec Justin. Il a un copain.

- C'est vrai, mais le premier amour ça s'oublie pas. On ne sait jamais.

- On verra bien. Par contre, je te demanderai de ne  pas  faire de commentaire sur ses histoires de coeur, sauf s'il t'y invite.

- Ne pas jouer les entremetteuse, ne pas faire de commentaire, c'est noté.

- Tant qu'on y est je voulais revenir sur ce que tu as dit tout à l'heure.

- Quoi ?

- Quand tu as dis " C'est drôle c'est Loris le gay, et c'est Simon le plus coquet".

- Je sais, j'ai vu que ça t'avais contrarié, j'ai été bête.

- Ce genre de commentaire, ça n'a rien de drôle pour moi.

- Bien sur mon amour, j'ai dit ça sans réfléchir spontanément.

- Je m'en doute, mais ça laisse entendre qu'être efféminé pour un gars, c'est pas bien, que ce ne sont pas de vrais mecs. Et un hétéro qui prend soin de lui, ça fait gay? Ce qui sous-entend que d'être homo, c'est quelque chose de négatif.

- Je suis désolée, j'ai vraiment pas pensé à ça.

-  Ce cliché, il stigmatise aussi, les personnes efféminés. Imagine ce qu'elle ressentent quand ils entendent d'autres mecs particulièrement des gays, comme eux, leur dire, ou bien penser qu'ils desservent la cause et que les hétéro, ont une mauvaise image à cause d'eux

- Oui ce doit être horrible.

- Tu vois, ce n'est pas que tu aies associé gay à coquet qui m'énerve, parce que c'est vrai, il y a des homos qui prennent soin d'eux, qui sont efféminé, c'est réel. Mais c'est tout ce que ça sous-entend derrière. Tu comprends ?

- Bien sûr. Je n'avais pas vu les choses sous cet angle mais tu as entièrement raison.

- Loris n'a rien dit mais j'ai bien vu que ça l'avait agacé, ça l'agace toujours. Pour les même raisons que moi. Au début on était du genre a en avoir marre de ce cliché sans voir le mal qui faisait, plus que ça. Puis , il a eu un copain efféminé. Un mec adorable, mais qui avait du mal a s'assumer et qui s'empêchait au maximum d'être lui-même. Par peur d'être agressé parce que ça se voyait qu'il était homosexuel, mais surtout parce que beaucoup de mec, lui avait fait comprendre qu'en étant ainsi, il donnait pas une bonne image. Ça nous a tellement fait de peine pour lui...

- J'imagine...le pauvre.

- Quand mon frère l'a dragué, il se méfiait énormément. Il osait pas y croire. De peur que ce soit une mauvaise blague. Finalement Loris à su l'apprivoiser et il a réussi à passer au dessus de tout ça grâce à lui. Heureusement parce que c'est triste de s'interdire d'être soi-même.

- Je suis d'accord et je te promets que je ferais gaffe à mes propos. Jamais je n'ai voulu vous offenser toi comme lui, j'ai vraiment été idiote. Et je suis heureuse d'être avec un mec plein de qualité comme toi.

- Je suis content que tu aies pu entendre et comprendre ce que je voulais exprimer. Je te paraît peut-être un peu insistant mais quand quelque chose touche mon frère de près ou de loin, ça me fait bondir.

- C'est normal.

- J'aime pas qu'on le mette dans des cases. Parfois j'ai l'impression que la seule chose que les gens voient c'est qu'il est gay, comme si c'était ça qui le définissait. Alors qu'il est bien plus que ça, il est gentil, loyal, respectueux, drôle et j'en passe.

- C'est touchant de te voir parler de lui comme ça, c'est beau comme tu l'aimes et le protège.

- Il est pareil avec moi.

- Vous vous disputez jamais ?

- Oh si, comme tout les frères et soeurs. Vers sept-huit ans, on arrêtait pas. Parfois on se faisait la tête mais au bout de vingt minutes max, on revenait l'un vers l'autre. C'était comme ça jusqu'à nos treize ans, approximativement. Puis après, ça s'est tassé, on est redevenu cul et chemise. Rien ne pourrait nous fâcher.

- C'est génial d'avoir une relation comme ça, jumeaux ou pas. Je veux vraiment pas m'interposer entre vous tu sais. Je demande seulement à avoir un partage d'attention plus égal.

- Je l'ai bien compris et là tout de suite, je suis tout à toi. Dis-je en m'allongeant à ses côtés.

J'approche mon visage du sien et pose un tendre baiser sur ses lèvres fines. Passant un bras autour de mon torse, elle se blotti contre moi et prolonge notre échange.

- Et bien c'est chaud par ici, lance Maxime en passant près de nous.

Nous nous interrompons et je dis à mon ami, sur un ton léger.

- Oui d'ailleurs nous aimerions ne pas être dérangé s'il vous plaît monsieur.

Il rit et ajoute :

- C'est qu'il à bien grandi le petit Simon. Au lycée c'était à peine s'il osait parler à une fille.

- Oh t'étais un grand timide chéri, c'est tout mignon.

- Il exagère.

- Non, demande à Loris, il te le dira. Sim était peu locale alors que son frère dès qu'il avait un mec en vue, ça draguait sévère.

- Je reconnais qu'il a une facilité naturelle à draguer que je n'avais pas mais je te rassure, tout va bien pour moi.

- Mais je vois ça. Je vous laisse les amoureux, mais attendez d'être dans votre lit ce soir. Taquine-t-il. Je monte chercher des bières fraîches, si vous en voulez, vous venez près de l'eau.

- Ça marche.

Il s'éloigne et je dis à ma chérie :

- Désolé ma puce.

- De quoi ?

- Qu'il nous ait dérangé dans un moment si tendre.

- C'est pas grave mais ce soir, j'espère bien que personne ne viendra nous déranger. Je me suis offert de la lingerie avant de partir, dont un body en dentelle que j'ai l'intention de porter quand on sera rien que tout les deux...alors ce serait dommage qu'on nous interrompe...

- Hâte de voir ça , tu peux être sûre que je laisserai personne nous déranger. Sauf urgence absolue.

- Même si c'est pas en amoureux ces vacances, on peut toujours en profiter pour s'offrir des petits moments sympa.

- Je suis absolument de cet avis.

- Je sais pas pourquoi mais je m'en doutais.

Je lui souris et l'embrasse à nouveau.

- Tu veux qu'on aille boire une bière avec les autres ? Me demande-t-elle

- C'est comme tu veux, on peut très bien rester là aussi.

- Moi je veux savoir ce que toi tu veux.

- Je veux être seule avec toi de temps à autre, comme ce soir et je veux aussi que tu profites de ses retrouvailles entre amis. En plus on vient à peine d'arriver, on ne va pas déjà d'isoler.

- C'est vrai.

- Allez prenons nos serviettes et retrouvons les.

On se lève, et quelques secondes plus tard, nous retrouvons les autres. Enfin seulement Loris. Éléa, Sam et Justin sont encore dans l'eau.

- Alors, tu as parlé avec eux, je t'ai vu te mettre à l'écart tout à l'heure ? Dis-je m'asseyant à côté de lui.

J'invite Aurore à s'installer entre mes jambes et enserre mes bras autour de sa taille, tandis qu'il me répond :

- Oui, ça c'est bien passé. Justin dit avoir digérer toute cette histoire et être très heureux avec son mec actuel. Il ne nous en veut pas. Ni à moi, ni à Samuel.

- C'est super ça. Tu vas pouvoir te détendre.

- J'ai l'impression que tu es chagriné quand même ? Intervient ma copine. Simon m'a expliqué la situation.

- Pour l'instant j'arrive pas à penser clairement. J'ai l'impression que ça me fait quelque chose de les revoir l'un comme l'autre.

- C'est normal, Justin c'est ton premier véritable amour et Sam, ton coup de coeur. Interviens-je

- C'est sûrement ça, mais je pensais pas que Ju aurait si bien réagit en nous renvoyant. Je pensais même qu'il éviterai de venir s'il savait qu'on était présent. Au contraire il a tourné la page.

- T'aurais préféré qu'il vous déteste et qu'il soit malheureux ?

- Non bien sûr mais...je sais pas...

- Je crois que tu aurais aimé qu'il éprouve un peu de rancoeur ou n'importe quoi d'autre parce que là, tu as l'impression qu'il ressent rien du tout et qu'il t'a totalement oublié.

- Aurore, tu pouvais pas si bien dire, je crois que ça se rapproche effectivement de ce que je ressens. C'est comme si j'avais jamais existé dans sa vie.

- Lo, c'est normal, huit ans ont passé depuis, il s'en est remis c'est tout, ça ne veut pas dire que t'as pas compté. Tu ressens encore quelque chose pour lui ?

- J'en sais rien Simon. Je crois pas mais le revoir ça me fait un petit truc, ce qui est normal et lui rien.

- Ton petit ego est vexé frangin tout simplement. Soit plutôt content qu'il n'est aucun problème avec vous et qu'il soit heureux.

- Tu as raison. Mon ego en à pris un coup.

- Et Samuel dans tout ça ?

- Il est chaud. Il a d'emblée demandé à Justin si ça le gênerait qu'il se passe un truc entre nous aujourd'hui. Sans m'avoir concerter pour savoir si j'étais ok.

- Ah oui carrément ! Il traine pas.

- Je le lui, ai fait savoir en plaisantant et il a répondu que nous étions célibataire et qu'avec nos antécédents, il était pas impossible que nous nous retrouvions à sortir ensemble.

- Et tu en penses quoi ? Encore intéressé ? Lui demande ma copine, alors que je suis tout ouïe.

- Oui je suis clairement encore intéressé. Mais aussi un peu mal à l'aise, par rapport à Justin. Il a dit qu'il s'en foutait même si ça lui ferait peut-être bizarre.

- Bien alors tout va bien.

- Ouais mais moi ça me mettrait mal à l'aise.

- Justin passe au dessus de tout ça, tu devrais en faire autant. Vis ce que tu as vivre, sinon tu pourrais passer à côté d'une belle histoire d'amour et ce serait dommage.

- Simon à raison. Tu es célibataire aujourd'hui, tu n'as de compte à rendre à personne. Ton ex t'a même donner le feu vert, alors cessé de tracasser pour rien et vas-y. Vis.

- Vous avez raison. Je vais prendre les choses comme elles viennent et on verra.

- Sage décision. Acquiescé-je.

Je me retourne ayant entendu du bruit derrière moi et aperçois Maxime qui revient. Il pose la glacière à notre hauteur et nous invite à nous servir. Bientôt, nous levons tout les sept, nos bouteilles en l'honneur de ces sentiments merveilleux que sont l'amour et l'amitié.

Désolé pour le retard, pour ceux qui l'aurait pas vu, ma box est en panne, ma ligne est en cours de réparation. Je parviens à capter le wifi gratuit par intermittence depuis quelque jours.