(Retour au petit matin avec Simon et Aurore. )

Simon

Mercredi 15 Août

9h45

Fin prêt, ma chérie et moi, délaissons nos amis pour s'octroyer du temps ensemble. Tandis que nous montons en voiture, elle me demande :

— Alors, où on va, tu as des idées ?

— Ouais, à un quart d'heure de route, il y a un velorail, ça peut être sympa. Après on peut s'offrir un restaurant.

— Ça me plaît. Une crêperie ?

— Ce qui te fait plaisir.  Pour cet après midi, je te laisse choisir le programme et le soir, pique nique au bord du lac.

— Je  vais chercher ce qu'on peut faire dans les environs. Tu préfères un truc tranquille où plutôt une activité qui bouge?

— Pas de préférence, mais un truc qu'on peut faire à deux, ensemble. Et non pas l'un après l'autre.

— Ok, je vais nous trouver quelque chose. Je suis contente de passer cette journée rien qu'avec toi.

— Je te l'avais dit que je prendrai aussi du temps pour nous, je veux autant que toi que notre relation marche.

— Je sais bien, j'ai eu tord de croire que tu allais me laisser un peu de côté ces vacances.

— Je trouve le temps pour tout le monde. Tu commences à l'apprécier ma bande, un peu?

— Oui, Maxime est vraiment accueillant et gentil, très agréable comme personne. Il a l'air d'être le genre d'ami sur lequel tu peux compter.   Sam, j'ai pas trop échanger avec lui, mais je dirais qu'il ressemble à ton frère. Léger, qui se prend pas la tête pour rien, jamais le dernier pour amuser ma galerie.

— Ça explique qu'ils s'entendent si bien. La fameuse alchimie dont Loris me parlait.

— C'est vrai qu'après leur retrouvailles, le feeling   s'est très vite opéré entre eux. Tu n'as pas peur qu'ils aillent trop vite?

— Bien, comme le disait Loris, Samuel, c'est pas une nouvelle rencontre, il le connait déjà bien. Ça évite déjà de sauter l'étape, apprendre à se connaître. Puis tu sais, je pense qu'il y a des personnes qui peuvent juste bien se trouver, se mettre en couple au bout d'une semaine et faire leur vie ensemble. Tout comme d'autres peuvent s'apercevoir avec le temps que ça ne marche pas. C'est pas la vitesse qui détermine la durabilité d'un couple mais plutôt leur compatibilité. Ça se fait où ça se fait pas.

— Ça à l'air vraiment bien parti pour eux.

— Ouais, puis ça va les libérer, le départ de Justin. Enfin, je leur souhaite. Déjà qu'ils culpabilisaient de se rapprocher, voilà maintenant qu'ils apprennent, qu'il nourrissait encore des sentiments... J'ai conseillé à mon frère d'en faire abstraction et de continuer à avancer avec Sam, et il m'a dit qu'il allait le faire mais...

— Il écoute tes conseils d'habitude ?

— Oui, mais il déteste faire souffrir et je sais que ça peut lui prendre la tête durant des heures.

— Il vaut mieux être comme ça plutôt qu'être un sans coeur, sans âme, qui n'a de compassion pour personne.

— C'est sur, c'est une qualité, mais il doit faire abstraction de tout ça, pour se concentrer sur ce qu'il vit actuellement.

— Tu sais je crois qu'il est très concentré sur Sam, tu n'as pas à t'inquiéter, les péripéties de Justin, le tracasseront pas bien longtemps.

— C'est vrai, puis il va pas passer le reste des vacances à penser à ça.

— C'est sur, on laissera pas ça faire. Et puis tu devrais appliquer tes propres conseils, cesser de t'inquiéter et penser à toi. C'est un grand garçon et il va gérer.

— Tu as raison

— Surtout niveau relation amoureuse, à ce que j'ai compris, c'est lui qui a le plus de succès.

— Quand on était ado oui. Rectifié-je. Maintenant, je m'en sors plutôt bien, tu en es là preuve.

— Je te taquine chéri, et puis je suis certaine que tu m'aurais fait craquer ado.

— Si seulement je t'avais rencontré plus tôt, j'aurais fait taire le groupe.

—  Et moi je ne serai pas tombé sur autant de cons, mais bon il faut parfois le temps pour se trouver.

— Oui. Je suis heureux du nouveau cap que va prendre notre relation, ça ne s'est jamais présenté auparavant et ça me plaît beaucoup.

— Tant mieux, je t'avoue que j'étais presque sûre que tu dirais non, je suis ravie que ce soit le contraire.

— C'est sûr que c'est du changement, que ça peut paraître rapide, mais je me sens prêt.

— J'ai tellement hâte.

— Moi aussi.

Je lui souris quittant un bref instant les yeux de la route et elle s'exclame quelques secondes plus tard.

— Chéri, tu viens de tourner au mauvais endroit, c'était la seconde à droite que le gps disait de prendre.

— Ah mince, tant pis, il va recalculer un autre itinéraire. C'est toi qui m'a déconcentré avec ton beau sourire.

Je m'arrête un instant sur le bas côté pour laisser le gps nous remettre sur le bon chemin.

— Nouveau calcul de la route, émet-il au même moment.

Une seconde plus tard et il m'énonce ses instructions. Je suis prêt à repartir quand mon téléphone m'informe d'un nouveau message.

— Ah c'est mon frangin.

— Qu'est-ce qu'il dit?

— On va voir dis-je en ouvrant le SMS.

✉️ Je ne vous dérange pas longtemps les amoureux, juste un message pour vous dire que j'ai décidé de passer la journée avec Sam. Donc les appels où les textos, c'est que pour les urgences. J'ai vraiment envie de me consacrer à lui aujourd'hui.

— Tu vois visiblement, il t'a écouté.

— Ouais je suis content pour lui. Je crois qu'il à peut-être trouver un mec qui pourrait rester longtemps dans sa vie. Il a plus d'intérêt pour lui que toutes les autres rencontres qu'il a faites ces dernières années. On reprends la route, tu veux bien lui répondre avec ton téléphone?

— Alors, si je mets, dit-elle en commençant à écrire. "  Je réponds à la place de Simon puisqu'on est en voiture. Pas de souci, on vous dérangera qu'en cas de force majeure. Nous aussi on prend du temps pour nous. Passez une bonne journée. " Est-ce que ça te va?

— C'est parfait. Ajoute juste "Foire pas tout, Samuel ferait un super beau-frère"

Elle s'exécute et la réponse derrière ne se fait guère attendre.

— Il dit :  "Je me suis fait peur à un moment, je t'expliquerai. Mais maintenant ça va, je gère. Même pas cinq minutes avec lui et je le fais déjà rougir. T'inquiètes, j'attaque sévère. Bonne journée à vous deux.

— Ok, je vois. Il va être dans l'action, c'est que tout va très bien.

— Ça se passe très bien entre eux et ça va très bien entre nous, ça va être une belle journée. Justin trouvera aussi quelqu'un qui l'aimera comme il le mérite.

Une pensée me vient en tête, mais je la retiens avant qu'elle ne sorte de vive voix. Je ne sais que trop bien que ma chérie pourrait penser à mal. Cela dit, je n'empêche pas mon esprit d'espérer la même chose pour Éléa.

J'espère qu'Aurore finira vraiment par me faire confiance, parce qu'être distant avec celle que je considérais comme ma meilleure amie, me pèse.

J'ai pas eu une seule vraie conversation avec elle depuis qu'on est arrivé. Tout ce que j'apprends sur sa vie, c'est par le biais de Loris ou lorsque je l'entends discuter avec les autres. Enfin, bon avec le temps, ça sera différent.

— On est arrivé, prête à pédaler ?

— Jusqu'au bout du monde.

— Rien que ça, fais gaffe, je pourrais te prendre aux mots.

— Toi qui n'a jamais ou presque quitté ta Bretagne natale ?

— Parce que j'y suis bien et heureux. Mais peut-être qu'avec toi, j'aurais l'occasion de voir d'autres horizons.

— Tu partirais loin de ton frère pour une semaine où plus?

— Je penses que j'y survivrais et je te montre déjà que je coupe un peu le cordon non?

— C'est vrai, tu as raison. Et à propos de ça, il pourra venir quand il veut chez nous. Tu lui diras bien.

— Je n'y manquerai pas. Pour le moment, c'est notre activité qui nous attend.

Un coup de volant et je me gare parmi les voitures stationné sur le parking du velorail. 

À moi la détente avant de devoir me confronter à la grande annonce. Je pense pas que Loris le prendra mal mais j'ai peur quand même. Je savais que ça arriverait, que ce serait lui où moi qui partirait, mais je dois avouer que ça me fait un petit pincement au cœur...

Enfin bon, un jour on quitte le nid, on se marie, on a des enfants...ainsi va la vie.