Mardi 14 Août

14h30

Loris

— Bon alors, la première étape, c'est quelque chose qui commence par un U, on peut réfléchir avant d'arriver en ville, t'as une idée? Demandé-je à mon frère au volant.

— Ça avait l'air facile sur le coup mais cette lettre, c'est pas forcément la plus simple...le seul truc qui me vient en tête c'est Université et y'en a pas dans cette petite ville.

— Ouais puis c'est pas fun, et si j'ai bien compris, c'est ce qui va primer quand Max nous départagera. Le côté couillon de la chose.

— Tu as raison, U, voyons qu'est-ce qui commence par U, réfléchi mon frangin.

— Uranus, Union, Utopie...

— Le premier pour le photographier on peut toujours rêver, le second à moins de tomber sur des mariés, compliqué,  et le dernier bien, c'est pas quelque chose qu'on peut prendre en photo. 

— J'ai bien une idée et c'est assez particulier, cela dit ça serait parfait. Seulement je sais pas où en trouver.

— Vas-y dit ?

— Un urinoir ?

— Pas mal comme idée.

— Le souci, c'est qu'il y'en a de moins en moins...

— Y'a ceux des toilettes publique, près de la gare.

— On s'y est rendu une fois, en huit ans, ils ont sûrement changé les installations.

— Ou pas. Rien nous coûte d'aller vérifier.

— C'est vrai allons-y mais au cas où, continuons à réfléchir.

— Y'a pas plus grands gamins que nous, on va gagner c'est certain. S'emballe-t-il confiant

— Je me méfie du duo Samuel, Élea. Il aime autant faire des pitreries que nous et elle, c'est pas la dernière non plus. Tu te souviens, quand elle s'est vengé après que tu ais rempli son sèche cheveux de farine?

— Merci de me rappeller cette épreuve gustative. Je m'en souviens trop bien. Elle avait fait de délicieux brownies individuel et dans le mien en compagnie des noix, elle y avait glisser un criquet séché...quand j'ai recraché après avoir croqué, je l'avais décapité la pauvre bête. Rien que d'y penser, j'en ai des hauts le coeur.

— C'était immonde...

— Sacrée Éléa, elle m'avait bien eu. Mais aujourd'hui, je suis bien décidé à être le plus imaginatif.

— On verra ça, à la fin du jeu.

Quelques minutes plus tard, après avoir garé notre véhicule sur le parking de la gare, nous nous dirigeons d'un pas rapide vers l'emplacement des petits coins.

— Vu l'état de la porte d'entrée, je pense que rien à changé la dedans. Commente Simon tandis qu'on se rapproche des toilettes publique.

Une vingtaine de pas de plus et nous en avons confirmation. La porte métallique autrefois bleue est totalement rouillée. Je l'ouvre et un grincement désagréable de fait entendre. J'entre et mon frère me suit. Je lui lance après avoir repéré l'objet en question.

— Bon c'est pas aussi crade que je l'imaginais mais on va pas s'attarder non plus. Vas-y fait la photo.

— Pose avec.

— Quoi?

— Ça sera plus drôle que juste une photo avec un urinoir.

— Jamais je mets ma tête à côté de ce truc. C'est crade.

— Mais non mais fais semblant de l'utiliser. Genre ça fait des heures que tu te retiens et la enfin tu soulage ta vessie. Fait moi l'expression du visage qui va avec.

— Ça va faire une bonne photo mais ne rit pas, essaie de rester sérieux, parce que Sinon demain on y est encore.

— Je vais prendre sur moi, vas-y.

Je me mets en place devant la pissotière, et puise dans mes talents d'acteur bien caché. Je penche légèrement la tête en arrière et la bouche entrouverte, je lime un soupir de relaxation.

— T'es parfait, même tes yeux mis-clos, c'est excellent.

— Content que tu sois satisfait, filons vers la seconde étape maintenant.

On ressort du cabinet et il me lance:

— C'est quoi déjà la suite ?

Je jette un oeil à la liste et rétorque :

— Faire un selfie avec n'importe quoi du moment que ce soit drôle.

— Ok, c'est pas le genre de défi trop compliqué pour nous. Allez c'est parti. On va finir en moins de deux.

Et Simon avait raison, nous avons rapidement rayé les premiers défis de la liste. Celui qui nous a donner le plus de fil à retordre, c'est les accessoires de déguisements. Aucune boutique spécialisée dans la ville, ni même un magasin type bazar. C'est donc dans un supermarché qu'on a fait nos amplettes. Nous en sommes rendu a l'étape, se prendre en photo déguisé et assis sur la voiture d'un inconnu.

— T'es pas sérieux Loris, je vais pas faire ça, t'imagines si on se fait prendre. On peut pas faire ça sur une voiture normale. Déjà que tu m'as fait enfilé un bob avec des petits coeur et une jupe longues à poids, y'a pas besoin de plus.

— Mais tu veux gagner ou pas? Promis je fais la même après, avec le rouge à lèvres en plus.

— T'as gagné, soupire-t-il

Simon fait abstraction des regards des passants sur lui et s'éloigne de notre véhicule. À quelques pas, une voiture de gendarmerie est stationné. Timidement, il pose ses fesses sur le capot et je prends bien mon temps pour shooter. J'y passe ensuite à mon tour et comme promis, j'enfile le même accoutrement. Sans oublier un coup de rouge sur ma bouche et deux petites couettes pour le fun.

— T'es trop belle, me lance mon frangin mort de rire.

— Ça te faisait moins rire quand c'était toi.

— Non mais franchement, ça te va beaucoup mieux qu'à moi.

Toujours pas de flics en vue, je m'assois sur la voiture et prends une pose aguicheuse sous les yeux de mon jumeau qui joue les photographes. 

— Et une mission de plus. On est au dernier défi là ? Me demande-t-il

— Avant dernier, d'abord on fait un selfie après s'être mutuellement fais des traces de lèvres sur les joues puis on pose avec une statue de manière drôle ou sexy.

— Ok je vais regarder si je trouve une statue dans les parages. Dis-je en sortant mon portable

— Impossible, Maxime a dit, pas le droit de s'aider de son téléphone.

— Ah oui mince. Tant pis. On prendra la bagnole et on tournera jusqu'à en trouver une.

— Ou alors on va à l'Office du tourisme, on pourra être renseigné.

— Tu sais que t'es pas bête toi ?

— Heureusement parce que si je devais compter sur toi...

Ma main atterri aussitôt en une légère tape sur l'arrière de son crâne.

— Quoi ? C'est vrai, t'es pas une lumière, renchérit-t-il. Y'a pas si longtemps, tu as enfin compris qu'une femme qui accouchait perdait les eaux et non les os.

— Je pensais pas qu'elle perdait réellement des os, seulement j'ai mis du temps à réfléchir que ça s'écrivait E,A,U,X... c'est devenu tout de suite plus clair dans mon esprit après.

— C'est ce que je dis, t'es pas une flèche. Mais t'inquiètes hein, j'taime comme t'es.

— Et moi je te supporte mais c'est pas une mince affaire...Allez-tien, dis-je en lui tendant le rouge à lèvres. Tartine-toi et comme disait maman quand on était petit, fais un bisou à ton frère pour lui dire pardon.

Simon s'exécute et me colle de belles traces de rouges à lèvres sur les joues. Je fais de même avec lui et nous remontons en voiture.

— Bon, pour aller prendre des renseignements à l'Office, c'est toi qui va, t'as juste le maquillage à retirer.

— Dommage Lo, j'aurais bien aimé te voir y aller avec tes couettes, ton make up, ta jupe et ton chapeau.

— T'as assez rit de moi pour aujourd'hui. Finissons en, le ciel s'assombrit de plus en plus. Je crains que l'orage prévu soit pour bientôt.

— Ouais on a intérêt à se grouiller. Avec un peu de chance, on sera les seuls à avoir terminé la liste.

***

Simon a eu tord. De retour au châlet, nous constatons que nous ne sommes pas les seuls à avoir rempli tous les défis. Les trois équipes ont réussi, nous avons eu la surprise d'arriver en dernier.  Juste avant que le tonerre commence à gronder.

A présent installé dans le salon, on s'apprête à visionner le diaporama de nos photos que Maxime a pris quelques minutes à créer. Il le lance et la découverte commence . Aurore et Justin ont choisi, Usine pour le premier élément de la liste, quand à Élea et Sam, ils ont fait de même. Je suis ravi de constater que nous avons été les plus inspiré.

— Ta tête, on dirait que tu viens de t'enfiler un pétard, lance Aurore.

— En tout cas, si c'est ta tête quand tu prends ton pied, c'est le coup à chopper un fou rire, ajoute Max.

Je lui envoie un coussin du canapé dans la face et ça ne fait qu'accentuer son rire. Les images défilent les unes après les autres et lorsque les accessoires de déguisements interviennent, les rires fusent. Je découvre Samuel flanqué d'une robe moulante, un éventail à la main, et un rouge à lèvres fushias criard . Un regard aguicheur vient parfaire le cliché. Éléa a eu la bonne idée d'ajouter une courte vidéo où il improvisé un défilé et je ris à en avoir les yeux qui pleurent. Le groupe est aussi hilare que moi, et alors qu'on fini par se calmer, le téléviseur se coupe.

— Merde, les plombs ont sauté. Je vais au disjoncteur. S'empresse de dire Maxime.

— Ou peut-on trouver des bougies? Interroge Aurore avant qu'il ne quitte la pièce. Il est que dix-sept heure mais il fait déjà bien sombre, et si le courant se remets pas, on sera dans le noir pour la soirée. Même si on a nos portables, quelques flammes ne serait pas de trop.

— Tu as raison, tu peux en trouver dans la cuisine, quatrième ou cinquième tiroir, je sais plus mais y'en a.

Maxime disparaît et Aurore se met à la recherche des bougies. Elle en trouve une dizaine, de toutes formes que nous mettons de côté.  Élea quand à elle à filé dans le cellier pour attraper biscuits et autres gourmandises pour un petit goûter.

Maxime revient peu après, avec une boîte à la main et nous lance aussitôt.

— Bien, il semblerait que la coupure soit générale, et vu l'orage qu'on entend, c'est pas prêt d'être fini à mon avis. On terminera de regarder vos exploits plus tard. Je peux juste vous dire que le jury que je suis à choisi Loris et Simon comme vainqueur, même si vous étiez tous très bons. La récompense vous l'a connaîtrez plus tard.

Mon frère me tape dans la main, fier de nous et le chef des lieux ajoute :

— Comme j'avais imaginé que la météo pourrait nous contraindre à nous occuper sans accès à l'électricité, je vous ai préparé une petite activité.  Pendant que vous réalisiez vos défis, j'ai organisé tout ça. Je me suis inspiré d'un jeu existant comprenant une liste de questions, sauf que la plupart ont été inventé par mes soins. Les questions originales sont plus trash. Certaines questions seront assez soft, d'autres assez coquines. Bien sûr, personne n'est forcé de répondre, le but c'est qu'on s'amuse, pas que vous vous sentiez mal à l'aise.

— Ça m'a l'air sympa comme jeu? On commence ? Lance Sam

- Et bien vas-y à toi l'honneur, tu pioches dans la boîte, papier rouge question coquine, les blancs, c'est soft. J'ajouterai juste que tu as un temps de 15 secondes pour répondre à certaines questions. Et c'est moi qui vous les pose.

— Ça marche.

Sam plonge a main dans la boîte et mélange les morceaux de papier. Fermant les yeux, il en tire un à l'aveugle.

— Blanc pour cette fois. Énoncé le maître des lieux en récupérant l'objet. Alors tu as quinze secondes pour me donner, 3 raisons de recontacter un ex ?

— Euh c'était un bon coup, je suis en manque et, et...

— Le temps file dépêche.

— Il me manque!

— Juste avant le gong,

— C'est chaud ton truc faut être rapide...

— Vous remarquerez quand même que le mec n'a pensé qu'au cul avant l'amour, se moque Éléa.

— Mais non, mais j'ai dis ce qui me venait sans trop réfléchir...c'est stressant. J'aimerais bien t'y voir.

— Justement, je vais piocher, tant qu'à faire, on fait dans l'ordre des aiguilles d'une montre.

Elle sort un papier rouge écarlate à son tour et Max énonce la question:

— Cite moi, trois façons de donner envie à ton partenaire ?...

Le chrono lancé, Éléa débite ses réponses, visiblement très inspirée...et je sais qu'à sa suite mon tour viendra...