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1 - Là où tout commence...

Accoudée à une fenêtre entrouverte sur l'océan de ciel bleu, une jeune femme ferme ses yeux en soupirant doucement. Elle profite du vent frais et vivifiant courant dans sa chevelure d'or et la décoiffe au passage, tandis que ses oreilles de renarde s'agitent au gré des sons environnants. Son regard se pose alors sur la grille la séparant de l'épais manteau hivernal tapissant le sol en contrebas de la tour, mais cela n'a plus d'importance pour elle. Un sourire se dessine sur son beau visage, rien qu'à la pensée du bonheur qui l'attend et dont elle se languit depuis si longtemps. Il est là, à sa portée, à leur portée.

Alors qu'elle redescend lentement sur terre, elle remarque deux concubines chuchotant derrière un paravent non loin d'elle. Malgré son ouïe fine, elle ne parvient pas à saisir le contenu de leur conversation, mais connaissant bien l'ambiance de ce milieu si particulier, elle ne peut qu'imaginer le genre de ragots qui peuvent bien circuler sur elle. Lorsque ces dernières la fixent un peu trop intensément, la renarde se contente de leur adresser son meilleur air narquois. Et cela ne rate pas, les chuchotements s'amplifient et la blonde jubile en silence. Les longues oreilles cuivrées de la jeune femme se tournent vers la porte du harem, lorsqu'elle entend des éclats de voix résonnant dans le couloir adjacent.

Ça y est, le moment qu'elle attend depuis ces huit derniers mois est enfin arrivé. Son regard se concentre sur cette porte immense et ouvragée, qui malgré sa beauté, est le dernier obstacle entre sa liberté et elle. Le cœur de la renarde s'arrête l'espace d'un instant lorsque le cliquetis dans la serrure, suivi du glissement du loquet qui se retire, parvient à ses oreilles, pour mieux se raviver lorsque l'un des vantaux de bois précieux s'entrouvre sur le visage paniqué de son amant. D'un battement de cils, son enthousiasme s'envole et son sourire s'efface.

/ Oh non... /

Une sueur froide naît à la base de son cou, courant son échine de haut en bas, hérissant ses poils de la pointe de ses oreilles à l'extrémité de sa queue. Dans sa tête, tout s'affole : que se passe-t-il ? le seigneur est-il au courant de leur plan ? ou est-ce juste un garde qui se trouve au mauvais endroit au mauvais moment ? Mais impossible pour elle de lire quoi que ce soit sur le visage du jeune homme pénétrant dans la pièce en toute hâte.

« Sharëss! Par ici, vite ! s'écrie-t-il. »

La renarde reprend ses esprits lorsqu'elle entend son prénom, se précipite dans la chambre adjacente, et en ressort avec son sac de cuir, et quatre autres femmes. Comme la plupart des tynluk, les suivantes de Sharess ne sont pas humaines, mais celle qui se démarque le plus est sans nul doute la jeune elfe enceinte jusqu'au fond des yeux. C'est sur elle que le regard désapprobateur du grand brun se pose, avant de rapidement revenir sur son amante.

« Tu rigoles j'espère ! Tu devais être la seule à t'échapper ! gronde-t-il entre ses dents.
- Je suis désolée Thakal, je ne peux pas les abandonner ici... Tu m'as promis de-
- Oui j'ai promis de te faire sortir d'ici, et je compte bien l'honorer, mais là... »

Les longues oreilles duveteuses de la concubine se baissent, elle sait pertinemment qu'elle lui en demande beaucoup, mais pour les autres tynluk, ce sera très certainement leur seule et unique chance de retrouver leur liberté. Le vampire grommèle quelques mots, semblant réfléchir à la situation afin de trouver le meilleur plan. Connaissant Sharëss, le vampire se résigne rapidement : elle ne changera pas d'avis quels que soient les arguments qu'il pourrait lui opposer.

« Tsss... Allez c'est d'accord ! »

Il fait signe au petit groupe de le suivre, reprenant le couloir par lequel il était arrivé dans l'autre sens. Les jeunes femmes se déplacent le plus discrètement possible, les tapis au sol étouffant le bruit de leurs pas, et tentent de suivre le rythme de l'homme qui leur ouvre la voie. Dans leur fuite, ils passent devant de nombreuses fenêtres, leur permettant de voir et d'entendre ce qu'il se passe à l'extérieur du château, chose qui leur était impossible il y a seulement quelques minutes.

· · • • • ✤ • • • · ·

En contrebas des murs de la citadelle, une large foule de gens pauvres et de travailleurs en guenilles s'est amassée devant les portes. Brandissant fourches, bâtons ou toute autre arme potentielle, ils attendent des justifications de leur seigneur, dans les cris et les protestations.

« Rendez-nous nos céréales ! On a plus rien à manger ! hurle un paysan mécontent.
- Vous nous prenez tout ! La nourriture, les matériaux, comment on fait, nous, pour survivre cet hiver ?! s'indigne une femme agées tenant à peine debout à cause des mouvement de la masse en colère.
- Vous laissez mourir nos enfants ! Alors que vous vous engraissez comme des cochons ! s'époumone un père, enlaçant sa femme en pleurs. »

Le noble bedonnant, entouré de sa garde personnelle, tente vainement de calmer les paysans furieux avec des mouvements de bras et de mains, afin de paraître plus intimidant.

« Écoutez, je vous assure que la situation actuelle me peine autant que vous, mais en temps que votre seigneur, je me dois de gérer les ressources du domaine au mieux et-
- En tout cas, vous gérez bien les ressources que vous engloutissez ! cria un jeune homme armé d'un gourdin de fortune.
- Ça, c'est clair ! Le grassouillet est plus facile à rouler qu'à porter ! s'exclama un autre homme un peu plus loin, déclenchant des rires dans l'assemblée. »

Le marquis, tant bien que mal, essaye de cacher la colère ardente qui monte en lui au fur et à mesure que les rires se déploient dans la foule. Comment ces moins que rien osent-ils se payer sa tête ainsi ? Afin d'asseoir son autorité, il fait signe au chef de sa garde de s'approcher de lui.

« Ils ont besoin d'apprendre le respect dû à la noblesse. Faites en sorte que cela rentre bien dans leur... crâne, si vous voyez ce que je veux dire. »

Le soldat acquiesce, et d'un regard, il déploie une partie de ses troupes dans la foule, provoquant un mouvement de foule, qui, paniquée, se désorganise, se bouscule. Afin de rétablir l'ordre, les soldats attaquent les proies les plus proches, faisant couler le sang sur les pavés de la cité, sous le regard presque inexpressif du seigneur. Certains paysans plus valeureux, tentent même de se jeter sur le tyran, mais en vain, sa garde rapprochée restante permet aisément à leur maître de quitter les lieux sans égratignures. La foule, chaotique, se disperse tandis que que le noble bedonnant se retire vers son château, les bras dans le dos, en sifflotant. Il allait franchir les larges portes des murailles lorsqu'une colonne de flammes surgit d'une des fenêtres du deuxième étage de la citadelle, brisant les autres à proximité juste avec le souffle de la déflagration.

· · • • • ✤ • • • · ·

L'air ambiant rapidement réchauffé par le feu embrasant les tapisseries du couloir, transporte avec lui une odeur âcre et métallique, suivie par celle de la chair calcinée. Thakal, grondant d'agonie, tient son bras gauche fortement brûlé. Il était parvenu à dévier le sort de brasier, mais à quel prix... Malgré la détérioration de ses nerfs, les pulsations de son propre sang dans ses veines le foudroient de douleur, mais les filles sont indemnes, c'est le principal. À l'autre bout du corridor, un homme d'une cinquantaine d'années joue avec la flamme qu'il tient au creux de sa paume.

« Que vois-je... il semblerait que les colombes se soient échappées de leur cage, aidées par une vulgaire chauve-souris. Vous ne pensiez quand même pas que voler la propriété de notre seigneur serait aussi simple, non ? Pour empêcher les oiseaux de s'envoler, il faut bien quelques petites mesures... ricanna le mage.
- J'avais des doutes, mais vous leur avez bien mis un sort de traçage hein ? grogna le vampire
- Et oui ! Je dois bien avouer être fier de ce petit stratagème. Où que vous alliez, quoi que vous fassiez, vous ne pourrez jamais échapper à mon regard.
- Ça, c'est ce qu'on va voir, répond calmement Thakal, en faisant signe aux femmes de reculer. »

Elles s'exécutent sans un mot, Sharëss restant néanmoins devant elles au cas où, prête à s'interposer si le besoin s'en fait sentir, les mains près du cœur et l'air inquiet. Elle le sait bon combattant, même si elle ne l'a jamais vu à l'œuvre, mais son adversaire, s'il est celui qu'elle pense, va lui donner du fil à retordre. Le vampire dégaine une dague qu'il cachait à sa ceinture, et s'ouvre la paume déjà malmenée par les flammes, faisant couler un sang rubis de la plaie, mais qui au lieu de continuer sa course vers le sol, se condense en une petite boule qui grossit lentement. Avant que le mage n'ai pu réagir, Thakal commence à tracer dans les airs des glyphes carmin, qui à peine terminés, se changent en lames qui foncent droit sur son opposant, fendant l'air en sifflant sinistrement. Le vieil homme, pris au dépourvu et par réflexe, lève les mains au ciel en soulevant par la même occasion un mur de feu pour se protéger de l'attaque, mais son âge et la fulgurance avec laquelle les projectiles arrivent dans sa direction l'empêchent de tout bloquer, et une des lances sanglantes l'atteint au flanc. Il se reprend rapidement et d'un tournoiement de son bâton, transforme son sort en une myriade de boules incandescentes qu'il dirige vers le vampire.

« Bien essayé, mais ta magie ne sert plus à rien si tu n'as pas de sang à utiliser ! s'exclame le mage, cautérisant discrètement la blessure infligée plus tôt. »

Avec une agilité surnaturelle, Thakal semble s'évaporer afin d'esquiver les attaques, comme une brume qui utilise les déplacements de l'air afin de se mouvoir sans efforts. Seule la lueur rouge émanant de son regard trahit pourtant sa vraie nature, et cela fait frissonner le pyromancien. L'une des sphères brûlantes manque de peu le visage d'une des concubines et vient s'écraser contre une tapisserie murale qui s'embrase aussitôt.

« Aaaah ! hurla-t-elle en se recroquevillant de peur. »

La renarde essaye comme elle peut de la rassurer, mais les cris de terreur vont rapidement alerter d'autres gardes, ils ne doivent pas traîner, et ce combat, en plus de ne pas être à leur avantage, leur fait perdre un temps précieux qu'ils n'ont pas le luxe de gaspiller.

« Oh, il semblerait que je doive me contenir un peu plus, j'ai failli abimer les possessions du seigneur... se lamenta l'homme d'âge mûr. »

Le vampire profite du court moment de répit offert par son adversaire afin de dessiner un nouveau glyphe, matérialisant une seule lame de sang mais plus longue que les précédentes, qu'il enflamme grâce aux dégâts infligés par le mage dans le corridor, avant de l'envoyer à toute vitesse droit devant lui. Le vieil homme condense ses flammes en un bouclier qu'il brandit afin d'encaisser l'assaut, mais distrait par les concubines, il jauge mal sa puissance et le projectile parvient à traverser, le blessant à l'épaule.

/ Fait chier... /

Le pyromancien, grimaçant de douleur, vient rapidement appliquer une pression sur la plaie béante qu'il cautérise à nouveau grâce à la chaleur. Mais malgré les soins d'urgence, il peine de plus en plus à garder sa concentration, vitale pour quelqu'un doté de magie. Plus question de faire dans la dentelle désormais, que les filles soient blessées ou non n'a plus d'importance à ses yeux, il devait venir à bout de la chauve-souris quoi qu'il advienne. Il lève son bâton avec difficulté, resserrant son emprise sur le manche en bois afin de soulager la sensation d'endormissement causée par la perte de sang dans son bras, tout en rassemblant l'éther ambiant. Il utilise les flammes déjà présentes autour de lui, les rassemble devant lui en un véritable vortex de destruction, alimenté par l'air autour de lui et grandissant rapidement, et avec une petite impulsion, le met en mouvement en direction des fuyards, son regard affichant une détermination sans failles.

Sharëss, regardant le combat sans trop intervenir jusque-là, se crispe: l'attitude du mage change lorsque Thakal lui inflige ce nouveau coup, et les poils de la renarde se hérissent tout à coup. En fermant les yeux l'espace d'un instant, tentant de calmer les battements de son cœur rendu fou par le stress de la situation, tout s'éclaire: l'éther ! C'est presque une douche froide lorsqu'elle s'aperçoit que le mage a déjà mis son plan à exécution, alors elle n'hésite plus un seul instant, elle tend la main en direction du vampire et s'écrie:

« Yoroï ! »

Répondant à cet appel, un tigre majestueux apparaît devant elle et les concubines, fier et digne. Ses rayures noires prennent une teinte iridescente et, dans un rugissement puissant, un bouclier de même teinte se dresse entre le vampire et le vortex enflammé. Puis vient le moment fatidique, celui où l'impact est inévitable: la masse ardente s'écrase contre le mur spirituel, dispersant les flammes crépitantes tout autour de ce dernier, protégeant Thakal ainsi que les concubines. La chaleur produite est intense, mais la renarde tient bon, de sa détermination dépend la puissance du félin se dressant contre le pyromancien, et lorsque son regard croise celui du vampire, elle lui sourit tendrement, mais lui semble perplexe. Il ne la savait pas capable de telles prouesses magiques, et l'arrivée mystérieuse du fauve ne fait que raviver de nombreuses questions qui tourbillonnent dans son esprit: qui est-elle vraiment ? Car d'aussi loin qu'il se souvienne, et malgré une proximité physique défendue par le noble possédant le harem, elle garde toujours une distance avec lui, n'abordant que succinctement son passé... Il en vient même à se demander s'il connaît vraiment Sharëss, mais il n'a pas le temps pour cela: le vortex ne faiblit pas, contrairement à la concubine dont la peau cuivrée se couvre rapidement de sueur tant par l'effort que l'air cuisant du couloir. Constatant que sa plaie n'allait pas suffir pour alimenter sa magie, il se décide à ouvrir ses veines au niveau du poignet, rendant sa main gauche inutilisable, mais augmentant significativement son apport en hémoglobine. Son adversaire, essoufflé, maintient son sort du mieux qu'il peut, mais l'arrivée soudaine du tigre et ce flux de magie qu'il détecte dans l'air le font hésiter: une concubine possédant un pouvoir magique pourrait être un atout de taille pour le harem. Sa réflexion le pousse à se demander pourquoi une elfe enceinte chercherait à fuir, et il en vient à la conclusion que c'est elle qui possède ce don, et qu'elle cherche un moyen de se libérer du contrôle de son seigneur. Mais perdu dans ses pensées, il ne remarque pas l'épée carmin se former dans le prolongement du poignet de Thakal, vibrant au rythme du cœur du vampire et s'allongeant au fur et à mesure de l'écoulement sanguin de celui-ci. Il prend appui sur le sol et d'un bond, franchit le bouclier, le vortex puis d'un mouvement vif, abat sa lame en direction du mage qui, l'esprit ailleurs et le corps fatigué, ne parvient pas à se protéger. L'épée s'écrase avec fracas sur le vieillard, lui brisant son dernier bras valide dans un craquement sinistre. Dans un cri de douleur qui résonne dans les couloirs du château, le pyromancien s'effondre, impuissant, sa magie vacille avant de se dissiper, il a perdu. Son agonie est telle qu'il est incapable de se concentrer suffisement afin de ne créer ne serait-ce qu'une boule de feu. Thakal, blessé mais victorieux, se tourne vers Sharess qui se précipite vers lui, tandis qu'elle déchire un pan de sa robe afin de le nouer autour du poignet meurtri de son amant. Il la remercie d'un petit sourire tendre, et replace une des mèches blonde de la concubine derrière son oreille. Mais ses bas-instincts reprennent le dessus lorsque l'odeur du sang versé par son adversaire vient titiller ses narines, le vampire se tourne alors vers sa proie, une lueur rouge animale dans le regard. Le vieil homme, ressentant l'aura prédatrice de la chauve-souris, farfouille avec difficulté dans sa sacoche et en sort un petit baluchon en faisant tomber une dague au passage, et qu'il entrouvre à la hâte. Une fine poudre de plante en sort, qu'il recueille au creux de sa paume avant de l'appliquer sur chacune de ses plaies. Une personne inexpérimentée pourrait prendre cela comme un moyen désespéré de soigner ses blessures, mais la renarde n'est pas dupe, et son odorat aiguisé ne la trompe pas.

« Thakal, non ! Ne bois pas son sang ! cria-t-elle
- Oh, en voilà une colombe cultivée ! s'enthousiasma le mage. Malheureusement pour toi, tu ne pourras pas te servir de moi comme garde-manger, et vu tes blessures... »

Le pyromancien tousse un peu de sang, mais jubile de pouvoir admirer l'air dégoûté de son adversaire, pris au dépourvu et privé de cette ressource si précieuse...

« Tu as perdu, vampire...
- Fait chier !!! gronda férocement le vampire en décapitant le mage sur le champ de sa lame carmin. »

L'effet du manque de sang, couplé à la colère de s'être fait avoir, rend Thakal extrêmement nerveux, et de rage, il jette la tête coupée par la fenêtre la plus proche pour décharger sa frustration. Sharëss observe la scène en se demandant comment ils allaient arriver à s'enfuir, le mage n'était plus un obstacle, mais leur combat ne pouvait pas être passé inaperçu. Le stress commence à l'envahir, et elle tente de rationaliser, se disant que les blessures du vampire ne sont pas si graves, que la diversion à l'extérieur a eu l'effet escompté, mais rien n'y fait, elle s'imagine le pire. Une des concubines s'approche alors de la renarde:

« On devrait fouiller le corps, il y aura peut-être une clé ou quelque chose d'utile, hésita-t- elle.
- Hum... oui, tu as raison. »

La blonde s'approche alors du cadavre, glissant ses doigts dans chaque poche, dans tous les plis de ses vêtements, mais à part son bâton, sa dague et un petit sachet de plantes, il ne possédait rien d'intéressant. Dans le doute, Sharëss prit le tout, elle glisse dans sa sacoche de cuir suspendue à sa ceinture ce qui pouvait y entrer, et après un instant de réflexion, donne l'arme magique à l'elfe afin de l'aider à se déplacer malgré son ventre arrondi.

/ J'aurais au moins de quoi me défendre, ou je pourrais mettre fin à mes jours si la situation l'exige... pensa tristement la renarde, dont les rêves de succès s'envolent avec les minutes qui passent. /

Le groupe sursaute en entendant la voix du seigneur résonner dans un couloir non loin d'eux, accompagnée des cliquetis métalliques des armures lourdes en mouvement.

« Trouvez-les tous ! Aucun d'entre eux ne doit sortir d'ici vivant ! »

Les concubines, bien qu'affolées, sentent que la présence pesante et omniprésente qui planait dans leurs esprits disparaît avec le dernier battement du cœur du vieil homme. Elles sont libérées de ce sortilège de traçage, mais sans soulagement, seule une impression de vide les habite à cet instant. Cependant, l'approche rapide des pas lourds des soldats les fait redescendre sur terre, et leurs regards se tournent vers les deux tourtereaux. Thakal rassemble ses forces, et reprend sa route dans la direction opposée au brouhaha, invitant Sharëss à le suivre. Celle-ci s'exécute après un dernier regard au corps sans vie gisant sur le sol, essuyant la dague nouvellement acquise avec un pan de sa robe rouge.

· · • • • ✤ • • • · ·

Le noble, arrivé au second étage, passe alors devant le harem et constate que les portes de ce dernier sont grandes ouvertes. D'un rapide coup d'œil, il fait l'état des lieux, cherchant la ou lesquelles de ses brebis s'étaient enfuies.

/ Quatre... Il m'en manque quatre... /

Il commence à ronger ses ongles de stress, réfléchissant à la situation et envisageant tous les scénarios possibles; impossible de faire sortir quatre femmes du palais sans être immédiatement arrêté, la seule solution restant à leur disposition est d'emprunter un des passages secrets... Un des soldats arrive alors en trombe:

« Monseigneur ! L'Archimage Elyias est mort ! s'écria-t-il
- Quoi ?! s'exclama fortement le souverain. Où ça?
- Dans le corridor menant à l'aile Est. »

Une petite lumière s'allume dans son esprit: mais bien sûr ! Le souterrain de la bibliothèque ! À cet instant, il se maudit presque d'en avoir parlé à l'une des fugitives, en confession sur l'oreiller. Il donne rapidement ses ordres, lançant une partie de ses soldats à la poursuite des fuyards, tandis qu'il prend la tête des troupes restantes qu'il dirige vers la sortie Nord. Il faut les intercepter avant qu'elles ne traversent le pont, car une fois la forêt atteinte, elles seront presque impossibles à retrouver.

· · • • • ✤ • • • · ·


Arrivé proche des balustrades surplombant le hall principal, le petit groupe s'arrête net derrière une large colonne de pierre lorsque Thakal tend son bras valide pour bloquer le passage. Un rapide coup d'œil par-dessus son épaule suffit à la renarde pour comprendre: une dizaine de gardes étaient rassemblés devant la porte principale, empêchant toute fuite. Un air sombre se dessine sur le visage pâle du vampire tandis qu'il cherche dans son esprit un autre chemin pour sortir du château. Sharëss s'approche alors de lui et murmure à son oreille:

« Qu'est-ce qu'on fait maintenant ?
- Je ne sais pas... je n'avais pas anticipé le fait que la manifestation soit aussi rapidement abrégée... soupire-t-il.
- Il doit bien y avoir une solution- commence Sharëss avant d'être interrompue
- La solution serait plus facile à trouver s'il n'y avait que nous deux ! gronde-t-il entre ses crocs. Là, c'est une tout autre affaire !
- Désolée... répond Sharëss tout bas, en baissant les oreilles.
- Ce n'est pas être désolée qui va nous sortir de ce pétrin ! s'emporte-t-il. »

Il repousse sans ménagement la main apaisante de son amante qui tentait de le calmer un peu. Déjà bouleversée par tout ce qui arrive en si peu de temps, la renarde ne peut empêcher des larmes de perler aux coins de ses yeux azur tandis que son amant se détourne d'elle, pour ne pas craquer devant la mine si abattue de cette femme qu'il a juré de protéger de tout. La grande elfe rousse se rapproche alors des tourtereaux et pose une main délicate sur l'épaule dénudée de sa consœur.

« Excusez-moi de me mêler de ce qui ne me regarde pas, dit-elle doucement, mais j'ai peut-être une solution. »

Tout le monde se tourne alors vers elle, un espoir renaissant dans le cœur. Voyant qu'elle a toute leur attention, elle poursuit:

« Il existe un passage secret dans la bibliothèque privée du seigneur.
- Impossible, je ne- commence le vampire
- Tu en es sûre Minyë ? demande Sharëss
- Certaine, affirma-t-elle, par ici. »

Les amants se jetèrent un regard surpris, mais ils n'allaient pas cracher sur une si belle opportunité. Alors la petite troupe se remet en marche, suivant la rousse s'appuyant sur son bâton pour économiser ses forces, esquivant presque miraculeusement toutes les patrouilles lancées à leur recherche. Au détour d'un couloir, l'immense porte de bois ornée de motifs complexes se dresse devant eux, majestueuse, mais pas le temps de s'attarder sur la beauté des lieux. L'elfe tourne le loquet, qui déverrouille le mécanisme Magitech, et les battants s'ouvrent d'eux-mêmes pour laisser passer les visiteurs. Puis elle se dirige en toute hâte en direction d'une rangée spécifique de livres, avec une tapisserie de l'arbre généalogique du seigneur suspendue contre le mur de pierre.

/ Lorsqu'il m'a parlé du passage, il a sous-entendu que le bouton caché permettant d'ouvrir le passage était lié à quelqu'un de très important pour cette famille... pense Minyë en rassemblant ses souvenirs. /

Elle glisse ses doigts fins sur le tissu rugueux abîmé par le temps, et appuie sur le nom du tout premier marquis, mais rien ne se passe. Elle réfléchit encore, puis exerce une légère pression sur le précédent marquis, connu pour avoir apporté la gloire à sa famille lors de la grande guerre, mais là encore, aucune réaction. L'elfe commence à s'énerver en se demandant si le seigneur des lieux ne s'est pas payé sa tête ce jour-là, et de frustration, elle donne un petit coup de poing sur la case du géniteur de son fils... Et d'un coup, une étagère entière se met en mouvement, découvrant un tunnel creusé dans la roche sur laquelle avait été construite la citadelle. La concubine ne peut s'empêcher d'avoir un petit rire nerveux tant la situation est grotesque.

/ Il a vraiment un égo surdimensionné... /

Mais la joie des autres derrière elle est tellement contagieuse que son visage s'illumine en réponse, un doux sourire courant sur ses lèvres. Seul Thakal ne semble pas se réjouir: toute cette excitation provoque chez les jeunes femmes une accélération du rythme cardiaque, qui dans son état, rend le self contrôle très difficile. Il perd ses moyens lorsque l'elfe leur fait signe de la suivre en entrant dans l'interstice du passage, le vent frais venant de l'extérieur emportant avec lui les effluves de parfum... et du sang du mage encore présent sur le bâton sur lequel elle se repose. En une fraction de seconde, les yeux du vampire virent au rouge et il se précipite sur la rousse enceinte, toutes griffes et crocs sortis. Sharess, par réflexe en sentant l'aura meurtrière émaner de son amant, utilise toutes ses forces afin de le ceinturer de ses bras, le stoppant dans sa course folle. Ce dernier se débat férocement, mais la lumière du jour et ses blessures l'affaiblissent suffisamment pour que la renarde parvienne à le contenir pour laisser le temps aux autres femmes de s'enfuir.

« Allez-y, dépêchez-vous ! leur crie Sharess dans la panique. »

Les concubines ne se font pas prier, et s'engouffrent dans le mur, menée par Minyë qui jette un dernier regard inquiet en direction de son amie aux prises avec un homme devenu animal. Le vampire continue de se débattre comme un forcené, griffant le bras de la renarde par inadvertance, mais sous le coup de l'adrénaline, celle-ci ne le remarque pas. Étonnée qu'il s'arrête ainsi de tenter de se dégager, comme s'il avait perdu toutes ses forces en un claquement de doigts, la jeune femme finit par relâcher son emprise et venir se placer en face de son amant afin de l'observer de plus près.

« Thakal ? »

Toujours léthargique, il ne répond pas à l'appel de son prénom, les yeux dans le vide... quand tout à coup, la lueur rouge qui avait disparu réapparaît et les crocs du vampire sortent, prêt à bondir sur sa proie. Il plaque Sharess au sol en la tenant par les épaules, ses griffes pénétrant la peau fine et hâlée de la concubine, qui se contente de détourner la tête afin de libérer l'accès à son cou.

« Sang... »

Elle se raidit un peu en sentant le souffle chaud dans sa nuque avant de se crisper lorsque les canines de son amant se plantent dans la chair tendre de la renarde. Une larme perle et coule sur sa joue tandis qu'elle sent son énergie vitale s'écouler lentement en dehors de son corps, car c'est cela que recherche un vampire, la vie contenue dans son hôte. Au bout de quelques minutes, alors que Thakal ne relâche toujours pas sa morsure, Sharess commence à se débattre un peu.

« Thakal... Arrêtes s'il te plaît... implore-t-elle tout bas. »

Mais seul un grondement lui répond, tandis qu'elle sent quelque chose pénétrer son esprit. Elle n'aurait eu aucun mal en temps normal à repousser cette intrusion, mais la perte de sang et l'état émotionnel dans lequel elle se trouve en ce moment lui rend la tâche presque impossible.

Elle est transportée dans un souvenir, un doux moment de bien-être où elle est allongée au creux des bras du vampire, bercée par la chaleur et les crépitements agréables d'un feu de cheminée. Son amant vient déposer un baiser à la naissance de son épaule, la faisant frissonner. Elle glousse en repoussant doucement son visage d'une main alors qu'elle tient un livre superbement ouvragé dans l'autre. Lorsqu'il approche ses lèvres de son oreille pour lui murmurer des «Je t'aime», elle peut sentir l'odeur musquée de son parfum , et soupirant d'aise, elle ferme les yeux en se laissant aller à la tendresse infinie de cette étreinte.

Durant le rêve éveillé de la concubine, Thakal continue de boire son sang, et les effets que celui-ci ont sur la chauve-souris continuent de croître, stimulant ses plus bas instincts. N'étant pas en capacité de raisonner, il laisse une de ses mains vagabonder sur le corps de la renarde, glissant lentement de son bras jusqu'à sa poitrine, passant sous les vêtements carmin de cette dernière, et palpant avec avidité la chair tendre et soyeuse qui s'offre à lui. Mais cela ne lui suffit pas, il a besoin de plus, beaucoup plus... Il quitte alors le sein de la jeune femme et déchire de ses griffes la ceinture maintenant le kimono en place, lui offrant un accès complet à la peau hâlée de sa proie. Ses caresses descendent lentement, passant sur les côtes, près du nombril...

Dans l'esprit de Sharess, la scène se trouble; les effleurements que son corps lui renvoie, l'odeur humide et le sol froid, rien de tout cela ne correspond à ce qu'elle vit dans sa transe. Il lui faut quelques instants pour réussir à canaliser ses pensées et sa psyché, pour quitter l'emprise mentale que le vampire a sur elle. Ses yeux auparavant vitreux reprennent leur teinte azurée tandis qu'elle reprend le contrôle de son enveloppe corporelle, devenant de plus en plus pâle au fur et à mesure que son sang est aspiré.

« Thakal... Ça suffit... supplie-t-elle à nouveau, mais sans réponse. »

Son amant ne semble pas l'entendre, le visage plongé dans son cou et la main glissant toujours plus bas sur son anatomie. En bougeant son bras afin de stopper la descente inéluctable des caresses, ses doigts viennent effleurer la dague du mage qu'elle avait glissée dans sa sacoche de cuir, et dont le pommeau ressortait de cette dernière. Ce contact est comme une décharge électrique pour la renarde, dont l'esprit se ravive sur le coup, et sans y réfléchir à deux fois, elle saisit le manche de métal froid dans sa paume et d'un geste vif, elle plante la lame dans la cuisse de son amant. Dans un hurlement, il décroche sa morsure de la jeune femme, et recule légèrement afin de constater les dégâts. Sharess, encore tremblante, regarde alors un sang noir s'écouler de la plaie, et la réalité lui tombe dessus avec la force d'une cascade glacée. Des larmes silencieuses ruissellent sur ses joues, et tandis qu'elle tente de se rapprocher de Thakal à quatre pattes, lui, essaye de s'éloigner en trébuchant, sa jambe ne lui répondant plus.

« Je... Je suis désolée... dit-elle, la voix secouée de sanglots. Je ne... Je ne voulais pas... »

Elle avait mal essuyé la dague, qui au contact du sang du pyromancien, s'était imprégnée d'une substance mortelle pour tous les êtres de la nuit. Son cœur se brise à chaque seconde qui s'écoule, impuissante face au sort qui attend son amant. La peau pâle du vampire se couvre de sueur tant l'agonie dans laquelle il se trouve est éprouvante pour lui, lente et intense. Il finit par ne plus pouvoir bouger, la respiration difficile, adossé contre un des rayonnages de la bibliothèque.

« Sh... Sharess... implore-t-il, le regard vacillant. »

Dans un dernier élan de tendresse envers cet homme qu'elle a aimé, elle pose ses lèvres sur celles de Thakal, tenant son visage de ses mains, dans un ultime baiser d'adieu dans lequel les dernières forces du vampire sont aspirées, redonnant de légères couleurs à la renarde. La respiration artificielle du vampire ralentit, son pouls s'estompe, et le sang noir cesse de s'écouler de sa blessure à la cuisse. Sharess se redresse, les bras ballants et le regard vide, devant le corps inanimé gisant sur les pavés. À cet instant, plus rien n'existe pour elle, mise à part la douleur lancinante de son cœur brisé et la culpabilité qui l'envahit, comme un tsunami qui s'écrase sur une plage paradisiaque. Tout est de sa faute, si elle n'avait pas voulu s'enfuir, si elle avait eu le courage, si elle ne s'était pas attachée... Une fois de plus, elle regarde impuissante, la mort frapper ceux qui lui sont proches, telle une malédiction qui la poursuit où qu'elle aille, quoi qu'elle fasse. À quoi bon vivre, aimer, juste vouloir un peu de bonheur qu'on ne lui ôte pas. À cet instant, elle songe à en finir, en regardant la dague tombée au sol, à ses genoux. Elle entend bien les bruits de pas rapides en provenance du corridor, ainsi que les éclats de voix des gardes, mais rien n'y fait, elle reste immobile, perdue.

« Sharess ? »

Une de ses oreilles pivote à l'appel de son prénom, et reconnaissant un ton familier, elle tourne sa tête en direction du passage secret, ou Minyë se cache.

« Où sont-ils passés ? crie un des soldats arrivant à proximité de la bibliothèque. Rattrapez les ! »

L'elfe avait fait demi-tour en se rendant compte que la renarde et le vampire ne les avaient pas suivies, et la scène dont elle est témoin la bouleverse, à tel point qu'elle ne peut s'empêcher de verser quelques larmes silencieuses. Sharess revient alors à elle, battant des cils pour réveiller ses yeux restés trop longtemps ouverts, et elle se relève.

/ Non, je ne suis pas seule... Les filles comptent sur moi, je ne peux pas les laisser tomber maintenant, pas si proche du but. /

Elle sèche alors ses joues d'un revers de la manche, et après un ultime regard peiné en direction de son amant perdu, elle s'engouffre dans le tunnel sombre et humide, dont l'air provenant de l'extérieur lui chatouille le nez, et s'empresse de suivre la future maman, bien décidée à tenir sa promesse d'offrir un avenir radieux à son amie.

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