26.Please, don't fake a smile
[En média : Lost in Japan - Shawn Mendes]
— Comment ça ? C'est faux n'est-ce pas ? Tu dis n'importe quoi !
— Shad... j'aimerai te dire que oui.
— Arrêtes ! Arrêtes !
— Calmes-toi. S'il te plaît, regarde-moi.
Avec ces mots, elle attrape le visage de Shad en coupe et plongé ses yeux dans les siens.
— Shad, je...
— Toi ta gueule ! crie Shad en reniflant.
— C'est la vérité, Taylor ne ment pas. Regarde.
Elle lui montre le collier. Et il comprend. C'est la vérité, tout est vrai. Tout.
— Non... non non non ! C'est pas possible. C'est impossible. Impossible. Impossible. Non !!
Tandis qu'il répète ces mots avec douleur, le visage de la jeune blonde vénitienne se déchire également alors qu'elle dépose son front contre le torse du jeune homme. Les minutes passent en silence tandis que personne ne dit un mot. Finalement, les sanglots étouffés de Shad cessent progressivement grâce à Nolwenn qui dessinait de petits cercles dans son dos.
— Et si on en reparlait demain à tête reposée ? Allez dormir quelques heures, ça vaudra mieux pour tous.
— Je vais aller dormir dans le canapé, annonce Taylor.
Nolwenn s'apprête à lui dire de dormir avec elle mais se ravise à la dernière seconde ; après les dures paroles qu'ils se sont dit, il vaut mieux pour eux deux qu'ils en reparlent plus tard.
Elle se laisse tirer par la main chaude qui l'entraîne avec elle : c'est Shad qui l'emmène jusque dans sa chambre. Ils vont dormir ensemble comme au début de leur séjour. Ils en ont besoin. Tous les deux.
Une fois qu'ils sont allongés l'un auprès de l'autre, Nolwenn se risque à demander :
— Comment tu te sens ?
— Je ne sais pas, je ne réalise pas encore. Et toi ?
— Je pense que je le savais depuis le début. Dès l'instant où il m'a donné le collier. C'est juste que j'ai fermé les yeux dessus pour ne pas y croire et passer outre les gestes qui trahissaient la nouvelle.
— Satané déni. Ça craint tellement.
— Ça tu l'as dit.
Il l'attire alors à lui pour une longue étreinte. La jeune fille ne tarde pas à se blottir dans les bras de Shad, ne souhaitant que réconfort et amour en ces temps difficiles.
Sentant que le souffle de Nolwenn se fait plus régulier, il souffle doucement :
— Bonne nuit No'.
Elle lui colle un baiser dans le cou en guise de merci et finit de sombrer au pays des rêves... ou pour cette nuit, celui des cauchemars.
***
— Ils sont trop mignons tous les deux !
— Oh arrête, pas plus que nous deux, sourit Brook. On devrait les réveiller selon vous ?
— Il est bientôt midi, ça serait bien non ? fait Lucy.
— Mais... après ce qu'il s'est passé hier, vous ne pensez pas qu'on devrait les laisser se reposer ? Personnellement à leur place je resterai cloué au fond de mon lit pendant une semaine.
— Vous savez qu'on vous entend bande de cons, lance une voix rauque, celle de Shad semble-t-il.
— Et bien c'est réglé, ils ne dorment plus.
— Brook t'as deux secondes pour courir.
— Comment ça ? Mon pote, fait-il à l'intention de Shad, t'es en caleçon dans ton lit et encore tout endormi, avec une tête de mec qui n'à pas dormi depuis des jours, nan des mois, et...
— 3... 2...
— Okay okay je bouge !
Brook sort en trombes de la chambre et se dirige vers le dernier étage.
— Comment faire fuir Brook en deux étapes, rigolent en cœur Tyler et Cameron.
— N'empêche que si je ne fais rien, il va penser que tout est acquit. Et cet idiot serait capable de se ramener avec un seau d'eau la prochaine fois. Sur ce, je file.
Avant de quitter la chambre, il embrasse Nolwenn sur la joue et sort, vêtu d'un simple caleçon.
— Les garçons, vous ne voulez pas aller filmer ? Ça promet d'être drôle.
Tyler regarde Lucy avec suspicion. Puis une étincelle passe dans ses yeux :
— Tu nous vires de la chambre ?
— Moi ? Jamaaaaais.
Il rit joyeusement et ajoute en tapant sur l'épaule de son ami :
— Allez Cam, ces jeunes demoiselles ne veulent pas de nous dans cette chambre qui pue pourtant la testostérone.
— Allons-nous en cher ami ! exagère Cameron, le dos de sa main gauche sur le front.
— Ce que vous pouvez être cons parfois.
— Allons allons, Élia ne dit pas de telles sottises. T'es bien contente quand quelqu'un t'aide à attraper les verres dans le placard, espèce de... naine !
— Cameron, tu la boucles sinon tu subiras le même sort que Brook, grommelle Nolwenn.
— Tiens, mademoiselle sort d'hibernation.
— J'essayai de me rendormir tu vois, mais avec Ty' et toi dans la chambre c'est peine perdue.
— Tout le plaisir est pour nous. Mais... qu'est que tu entends par « tu subiras le même sort que Brook » ?
Au même instant, des cris très peu virils se font entendre :
— Non Shad ! Je t'en pris, ô grand maître suprême, laisse moi tout propre, tout beau. Après Élia ne voudra plus de mes câlins si je suis tout mouillés.
S'en suit un bruit sourd. Brook vient tout juste de tomber dans la baignoire. Et en entendant la pomme de douche s'allumer et la victime de ce matin crier que l'eau est gelée, Nolwenn et les autres personnes présentes dans la chambre de mettent à rire à gorges déployées.
— Tu vois ce qui t'attends ? sourit malicieusement No' à Cameron.
— Je pense que les garçons vont avoir besoins de notre aide.
— Oui, ajoute Tyler. Tu sais pour se sécher les cheveux et compagnie.
— Exactement ! Et puis tant qu'à faire il faudra aller leur chercher des vêtements secs puisque les leurs seront trempés.
Sur ces derniers mots prononcés par Cameron, les deux jeunes hommes partent en courant, détalant tels deux petits lapins apeurés par la venue du chasseur.
— Enfin seules ! s'exclame Nolwenn. Allez asseyez vous les filles, je sais que vous mourrez d'envie de parler.
Élia, Marine et Lucy ne se font pas prier, se jetant presque comme de vulgaires baleines échouées en mer, sur le lit qui rebondit sous le poids de leurs sauts simultanés.
— Alors raconte, comment tu te sens ? demande Marine avec bienveillance.
— Si vous voulez tout savoir, hier soir on a parlé un peu avec Shad. Il ne réalise pas encore mais moi j'ai su dès le moment où Taylor m'a donné le collier hier, je me voilais simplement la face. Ensuite on s'est endormis, du moins moi, mais j'ai fais un cauchemar et je me suis réveillée. Il ne dormait pas, pendant tout ce temps il réfléchissait. Il m'a confié repenser à leur enfance, à la manière dont ils avaient de se prendre pour des héros. Une fois, ils ont aidé une petite fille qui était tombée de vélo. Ce dernier avait crevé et la petite s'était ouvert le genoux. Alors ils ont pris une brouette qui était dans l'entrepôt dans leur jardin et ils ont ramené la petite fille jusque chez elle, au bout de la rue. J'ai cru que j'allai pleurer. Et lui, m'a avoué avoir pleuré pendant que je dormais. Les filles, je ne sais pas quoi faire... j'ai perdu l'homme de ma vie, mais il... il a perdu sa moitié, son repère depuis toujours, son complice dans les moments de bonheur et le rocher sur lequel prendre appuie dans les moments de faiblesse. J'arrive pas à faire plus que de le prendre dans mes bras et lui souffler à l'oreille que je suis là.
— Tu sais, récemment je parlais avec ma grand-mère et elle m'a dit que souvent une présence pouvait faire plus de de beaux discours, fait Marine doucement.
— Alors c'est quelqu'un de génial, tu lui diras merci. Et merci à vous trois, à vous tous d'ailleurs.
La blonde vénitienne les prend alors dans ses bras en inspirant fortement, comme pour se donner contenance.
— Maintenant il faut que j'aille parler à Taylor. Vous savez où il est ?
— Je l'ai croisé ce matin, il allait courir.
— Il avait l'air comment ?
— Hmm... fatigué, triste et... énervé.
— Énervé tu dis ?
Lucy hoche la tête avec tristesse, sachant pertinemment que cela ne présage rien de bon.
— Merci. Je vais enfiler de quoi aller courir et je vais le rejoindre. Ne m'attendez pas pour manger. Lui non plus d'ailleurs.
Dans le couloir, elle croise un Shad tout mouillé, les cheveux en bataille et dégoulinant sur son torse, une serviette autour de son cou.
— Tu vas où ? lui demande-t-elle.
— Taylor.
Un seul mot suffit, il a comprit. Il s'approche d'elle et lui colle un baiser sur le front en signe de soutient.
Une fois qu'elle est prête, Nolwenn quitte la maison et s'engage sur le trottoir qui mène à la plage. Elle connaît son meilleur ami par cœur, c'est là-bas qu'elle le trouveras coup sûr d'ailleurs. Le fait de courir lui procure une sensation de bien être complet : ses muscles se détendent alors que toute la haine et la tristesse présentes dans son esprit peuvent filer en dehors du masque qu'elle s'est promit de revêtir avec les autres. Elle peut être elle-même et pleurer un bon coup, laisser tout échapper. Le vent guidera sa peine vers un lieu réconfortant où elle pourra trouver la paix en son fort intérieur.
Une musique entraînante dans les oreilles, elle poursuit à toute vitesse pendant de longues minutes avant d'apercevoir la plage. Là, elle ralentit un peu et va même jusqu'à marcher. Elle enjambe les derniers mètres qui la séparent de l'océan, de l'écume et des vagues terminent leur course sur le sable fin, pour rejoindre l'eau, s'arrêtant quand elle sent la fraîcheur de cette dernière s'infiltrer dans ses chaussures.
Alors elle relève la tête pour observer l'horizon. Au loin tout semble calme, mais elle sait que ce n'est qu'une façade. L'océan est une vaste étendue d'eau en contant mouvement, et est plus ou moins agitée. Elle regarde autour d'elle à la rechercher de la personne qu'elle est venue retrouver.
Il se tient à quelques dizaines de mètres d'elle, assis à même le sable, les bras entourant ses jambes, le regard filant au loin, perdu dans l'océan que constituent ses pensées.
Elle s'approche de lui et ne s'étonne nullement de n'obtenir aucune réaction de sa part. La jeune fille s'assied à ses côtés et pose sa tête sur son épaule. Enfin il réagit.
— Bonjour, fait-il.
— Je suis désolée. J'étais tellement mal hier que je n'ai pas cherché à comprendre. Il était autant important pour toi qu'il ne l'était pour moi...
Mais avant qu'elle ne poursuive, les larmes dévalent ses joues, et Taylor l'attire à lui.
— C'est dur, le chemin ne sera pas simple, mais tu verras, on va s'en sortir vainqueur. Et puis pense à lui, Connor veut te voir sourire depuis qu'il a posé les yeux sur toi. Alors fait ça pour lui, je le ferai avec toi.
— Tu as raison, répond-elle d'une petite voix. Tu restes combien de temps ?
— Quelques jours seulement. Je dois retourner là-bas pour samedi.
— Il y a quoi samedi ? demande-t-elle.
— Le... son corps va être rapatrié. J'ai demandé à être présent. Et puis nos supérieurs pensaient que c'était le mieux puisqu'on était plus que de simple camarades d'armée. D'ailleurs je devrais aussi aller avec notre officier supérieur prévenir les parents de Shad... et l'enterrement aura lieu par la suite.
— Oh... je vois. Tu me diras dès que l'enterrement aura lieu ? Avec Shad on viendra.
— Tu lui en as déjà parlé ?
— Non, mais on sera là. Connor est son jumeau.
— Je demandais. Tu verrais le nombre de personnes qui n'arrivent pas à aller aux enterrements, souffle-t-il.
— J'imagine bien.
Elle secoue la tête pour chasser ces pensées et lance un peu plus gaiement :
— Tu viens ? On va rentrer.
— Je sais que tu as faim, ton ventre fait des bruits inquiétants depuis deux minutes.
Elle l'assène d'un coup dans l'épaule, grimaçant par la même occasion.
Ils se relèvent alors et prenne le chemin inverse, direction la maison. Mais en marchant dans le silence, Taylor coupe Nolwenn dans sa réflexion :
— Ne te force pas à sourire d'accord ?
— Comment tu...
—... je te connais. J'ai bien vu tout à la plage avant qu'on parte que c'était de faux sourires.
Elle baisse la tête, alors qu'il s'empresse de passer un bras autour de son épaule :
— Tu sais, personne ne t'en voudra jamais d'être triste, on est des humains avec des sentiments. Ne te cache pas derrière un masque, reste toi-même, ce sera ta plus grande force.
— Merci Taytay, t'es vraiment le meilleur.
***
C'est ainsi que se termine le chapitre 26 !
2059 mots ! Il est encore plutôt long. J'espère que vous avez aimé les discussions entre Nolwenn et Shad ? Les filles ? No' et Taylor ?
Et puis l'épisode de la douche froide de Brook ?
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À très vite pour la suite
-margaux
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