Chapitre 36 : plus deux
J'observe mes deux petits anges qui dorment dans mes bras sur le lit d'hôpital. Méline sur mon côté gauche et Léo sur ma droite. Tobias les observe depuis le pied du lit. Les jumelles ont été emmenées pour réaliser leurs tests journaliers. Elles sont nées un peu en avance et ont alors besoin d'un suivi régulier pendant quelques jours.
Tobias emmène les enfants tous les jours pour venir nous voir. Ça va faire trois jours maintenant que les deux beautés sont nées. Pour le moment, elles sont plutôt calmes et Méline et Léo sont heureux d'avoir rencontrés leurs petites sœurs. Léo ne comprend pas trop car il est trop jeune mais c'est un miracle que Mel dorme tellement elle est excitée.
Tobias rapproche sa chaise du lit et nous regarde tous les trois avec un sourire.
« Qu'est-ce qu'il y a ? Chuchoté-je pour ne pas réveiller les deux enfants.
-Vous êtes adorables. J'ai hâte qu'ils ramènent Mila et Lina pour pouvoir faire une photo de vous tous.
-Tu devrais être sur cette photo. On demandera à l'infirmière.
-Si tu veux. »
Il m'embrasse tendrement alors que l'infirmière ramène nos deux filles.
« Comment vont-elles ? Demandé-je.
-Elles vont très bien. Leurs couches ont été changées.
-Merci. »
Elle sort et Tobias fronce les sourcils.
« Je croyais que tu voulais une photo ?
-Laisse les dormir ces deux-là, ils seront assez fatigants en voyant les bébés. »
Il caresse les cheveux de Léo puis se lève et rapproche le berceau. Il prend Lina dans ses bras, je souris en voyant une de mes petites princesses. Je glisse mon doigt sur sa petite main, je ne peux pas m'empêcher de toucher sa peau toute douce.
« Elles te ressemblent énormément, dit-il.
-Tu trouves ?
-Mel est plus comme moi, Léo est un mélange entre nous mais ces deux filles te ressemblent.
-On verra bien quand elles grandiront. J'aurais aimé qu'elles aient tes yeux. Avec leurs cheveux blonds, elles en voleraient des cœurs.
- Ca sera déjà la cas, et ce même avec tes yeux. Tu as bien volé le mien.
-Dis donc, quand est-ce que tu es devenu si romantique ?
-Je l'ai toujours été. Mais je le cachais pour ne pas qu'on me prenne pour un chamallow. Il faut croire que je suis devenu un chamallow depuis la naissance des mes enfants.
-Je veux ce que tu veux dire. »
Même si je n'étais pas une dure à cuire avant, je sais que je me suis adoucie à la naissance de Mel et encore plus à chaque naissance. Même si parfois, j'ai l'impression que mes enfants font tout pour que je fasse un arrêt cardiaque.
Mila se met à pleurer alors Tobias place Lina sur dans mes bras pour calmer sa sœur. Il la berce calmement alors que je caresse doucement le dos de Lina. Méline a l'air de se sentir la proximité de sa sœur et lève la tête. Elle sourit en la voyant et s'assied tout de suite. Léo n'a pas l'air d'être dérangé.
« C'est qui ? », demande Mel.
Elle a encore du mal à différencier ses sœurs. Je pense que j'aurais aussi du mal si ce n'était pour la tâche de naissance sur le cou de Lina.
« C'est Lina. »
Elle se penche pour embrasser sa tête.
« Maman, je peux jouer ?
-Bien sûr. Papa a ramené ton sac. »
Elle descend du lit et sort ses jouets du sac.
« Elle grandit trop vite, commenté-je.
-Tu as quand même un nouveau-né dans les bras.
-Elle va aussi grandir trop vite. Je veux toujours sentir son odeur de bébé.
-Je ne veux pas paraître hypocrite mais j'ai quand même hâte de les voir être autonomes.
-Je vois ce que tu veux dire. Les prochains mois vont être longs.
-Je verrais avec Eric pour avoir plus de jours de congés. »
Je lui souris. Je n'osais pas lui avouer mais j'avais peur d'être submergée par les bébés. Mel est à l'école toute la journée mais Léo sera encore là. M'occuper seule de trois bébés aurait été mission impossible.
« Merci. »
Il embrasse mon front avant de reposer les bébés, l'une après l'autre, dans le berceau. C'est alors au tour de Léo de se réveiller. Il me voit en premier et se redresse pour mieux se blottir dans mes bras.
« Tu as bien dormi ? »
Il serre son doudou contre lui et hoche la tête. Je sens que lui sera toujours mon petit chéri. Il est très câlin avec moi et veut toujours être dans mes bras. Tobias est un peu jaloux mais il a Mel pour lui remonter le moral.
« Je crois qu'il a déjà choisi son parent préféré lui.
-Ne dis pas n'importe quoi. Il t'aime aussi.
-Je ne dis pas le contraire mais ça sera toujours 'Maman' d'abord. Ils ont juste besoin de toi.
-Mais moi, j'ai besoin de toi. Tout le temps. »
Il m'embrasse amoureusement.
« Je t'aime plus que tout. »
Si on m'avait dit il y a huit ans que je serai mariée à Tobias avec quatre enfants, j'aurai ri à en mourir. Et pourtant, je n'imagine pas ma vie sans eux.
Les jumelles sont autorisées à rentrer à la maison deux jours plus tard. Christina est venue nous aider pour ramener les enfants à la maison avec leurs affaires. Je l'invite à entrer pour boire un café mais elle insiste pour nous laisser seule. Elle n'a pas tellement tort car nous avons du boulot pour nous adapter à cette nouvelle vie.
Et ça commence déjà lorsque les bébés pleurent pour montrer qu'elles ont faim. Tobias berce Mila et réchauffe un plat pour bébé pour Léo alors que je donne le sein à Lina. Mel réclame à son tour de la nourriture mais je lui demande si elle peut attendre le temps qu'on ait fini de s'occuper des jumelles. Malheureusement, c'est non.
« Attends Tris, on va essayer quelque chose. »
Il s'assied sur le canapé et place Mila à mon autre sein.
« Tu penses pouvoir les tenir ensemble ?
-Je devrais y arriver. »
Je décale un peu ma main et c'est parfait. Elles tiennent toutes les deux et ainsi, Tobias peut s'occuper de Mel. La sensation de les avoir toutes les deux est assez étrange mais pas désagréable. Je nourris mes filles après tout. Mel déguste les pâtes que son père lui a préparée et Léo tente de se nourrir seul, ce qui est un vrai carnage. Tobias prend vite le relais et lui prend la cuillère des mains.
Une fois que Mel a fini, elle s'installe à côté de moi sur le canapé pour regarder ses sœurs. Elle faisait pareil lorsque je nourrissais Léo.
« Maman, pourquoi j'ai jamais vu mamie et papi ?
-Qu'est-ce que tu racontes ? Tu les as vus la semaine dernière.
-Non ! Pas ta maman et ton papa. La maman et le papa de papa.
-Oh... eh bien... c'est une longue histoire. »
Je vois que les filles ont fini de manger alors j'appelle Tobias à la rescousse. Il prend Mila pour lui faire faire son rot puis la couche et je fais de même avec Lina. Une fois les deux couchés, je m'assieds en prenant Mel sur mes genoux, Tobias est allé nettoyer Léo.
« Tu n'as jamais vu les parents de papa parce que... ils ne sont pas très gentils. Ton papa ne les a pas vu depuis très longtemps.
-C'est des méchants ?
-Non, pas vraiment. Mais ils ont fait du mal à ton papa, donc je ne les aime pas trop non plus. Pourquoi est-ce que tu me demandes ça ?
-Parce que papa était au téléphone et il parlait avec sa maman. »
Les révélations de ma fille m'assomment presque. Tobias reparle à Evelyn ? Depuis quand ? Et n'est-elle pas censée être en prison ? Comment Mel a-t-elle pu savoir que Tobias parlait avec sa mère ?
Juste à ce moment, Tobias revient avec Léo dans les bras. Il le pose sur le sol mais je le stoppe avant qu'il ne puisse s'asseoir.
« Mel, tu peux surveiller ton frère quelques minutes ? »
Elle hoche la tête et j'emporte Tobias vers la cuisine.
« Qu'est-ce qu'il y a ?
-Tu reparles à Evelyn ?
-Comment tu le sais ? Et qu'on soit clairs, je ne lui ai parlé qu'une fois.
- Tu comptais me le dire ?
-Bien sûr mais maintenant ce n'est pas le moment. On vient juste de ramener deux bébés à la maison. Je ne voulais pas te stresser encore plus.
-Pourquoi est-ce que tu lui as parlé ?
-Elle a eu droit à un appel depuis la prison grâce à sa bonne conduite. Je lui ai accordée quelques minutes.
-Qu'est-ce que tu lui as dit ? Elle sait pour les enfants ?
-Elle est au courant pour Mel bien entendu mais je ne lui ai pas parlé de Léo, Mila et Lina. Comment tu l'as su ?
-Mel m'a demandé pourquoi elle n'avait jamais vu ton papa et ta maman. Elle t'avait entendu parler avec Evelyn.
- Evelyn m'a demandé d'emmener Mel pour aller la voir. Je te rassure, j'ai immédiatement dit non. Elle pensait que je l'avais pardonnée.
-Vraiment ?
-Je lui ai fait comprendre que je lui en voudrais toute ma vie et que jamais elle ne rencontrerait mes enfants tant que nous serons là pour les en empêcher. »
Je le prends dans mes bras. Il ne devrait pas à avoir à lui reparler puis m'avoir sur le dos pour lui faire cracher l'histoire.
« Je suis désolée. J'ai vu rouge quand Mel m'a parlée d'elle.
-Je sais. Je ne la laisserai plus jamais vous approcher. Je ne prendrai plus le risque de te perdre.
-Tu sais quand elle sortira ?
- Nous avons encore de longues années devant nous avant que ce jour n'arrive. Je crois qu'elle a encore quinze ou vingt ans.
-Et Marcus ?
-Pareil, à peu près. Mais je peux toujours aller vérifier dans les archives pour avoir les dates exactes.
-Non, ça ira. Ne pensons plus à eux...
-Tu as raison. Ce qui importe ce sont nos quatre anges dans le salon. »
Je l'embrasse tendrement avant de retourner dans le salon où Méline assemble de cubes avec Léo. Il garde sa tétine dans la bouche en observant sa sœur faire une grande tour. Je garde un bras autour de Tobias et place ma tête sur son épaule.
« On en a de la chance, s'exclame Tobias.
-Oui, ils sont adorables. »
Je le sens embrasser ma tête avant de me guider vers le canapé. Je jette un coup d'œil dans le double berceau où se trouvent les jumelles. Elles dorment, couchées l'une contre l'autre. Enfin, Mila dort mais Lina somnole. Je pousse légèrement le berceau pour l'endormir. Il ne faut pas longtemps pour que ses yeux se ferment. C'est à ce moment que je me rends compte que Tobias se penche derrière moi pour apercevoir les deux beautés.
« Elles ont plein de place mais elles restent collées.
-Elles sont habituées à ça. Elles étaient serrées dans mon ventre. »
Je donne des petits coups dans mon ventre flasque avec mes doigts. Il va me falloir pas mal de temps pour perdre tout le poids que j'ai pris durant cette grossesse. Tobias m'attrape la main, sachant pertinemment à quel point je complexe sur mon poids.
« Arrête. Tu es magnifique comme tu es. Tu viens juste d'accoucher de jumelles, laisse le temps à ton corps de récupérer.
-Tu dis juste ça pour me faire plaisir... et pour profiter de mon corps. »
Il embrasse ma joue en riant.
« Peut-être bien.
-Je suis désolée de t'annoncer qu'il va falloir attendre un moment.
-Je le sais. Et je n'ai pas besoin de ça pour te montrer tous les jours à quel point je t'aime. »
Je l'embrasse à nouveau avant d'être interrompus par des coups à la porte. Je grogne mais Tobias sourit.
« Ma surprise est arrivée. »
Il bondit hors du canapé pour ouvrir la porte. Je me retourne pour voir qui c'est mais il fait tout pour cacher l'identité de la personne.
« Je vous en prie, entrez. Mais les petites viennent juste de s'endormir. »
Il s'écarte pour laisser place à mes parents. Je me lève à mon tour pour les prendre dans mes bras. Ça faisait longtemps que je ne les ai pas vus.
« Tu as l'air en pleine forme, ma puce.
-J'ai eu le temps de me reposer à la maternité. Je suis contente de vous voir.
-Et moi j'ai hâte de voir mes deux nouvelles petites-filles. »
Je la guide au berceau mais nous sommes interceptés par Mel et Léo. Ma mère porte immédiatement Léo et mon père, Mel.
« Oh la la... comme vous avez grandi. Dis-moi Mel, tu es contente d'avoir des petites sœurs ?
-Oui mais elles dorment toujours.
-Elles en ont besoin pour grandir. Et tu peux jouer avec Léo en attendant.
-Oui. »
Il repose Mel et ma mère me donne Léo qui somnole à son tour. Tobias leur montre le berceau où les bébés sont couchés tandis que je caresse le dos de mon fils pour l'endormir. C'est l'heure de sa sieste. Il s'endort très rapidement, je n'entends plus rien venant de mes parents. Quand je lève les yeux, je vois qu'ils sont en admiration face à ces deux bouilles.
« Elles sont adorables, commente ma mère.
-De vrai petits anges. »
Je les encourage à les porter s'ils le souhaitent. Elles ont le sommeil lourd alors je ne pense pas qu'elles se réveilleront. Et j'ai raison, elles ne bougent pas d'un pouce.
« Regarde les Andrew, elles ressemblent comme deux gouttes d'eau à Béatrice quand elle est née.
-Oui, exactement les mêmes joues. »
Tobias me sourit, comme pour me dire, je te l'avais dit.
Mes parents les reposent doucement afin qu'on puisse discuter sur le canapé. Je garde Léo dans mes bras alors que Mel s'assied sur les genoux de Tobias avec un livre à autocollants dans les mains.
« Comment tu te sens ? Demande ma mère.
-Ça va. Je suis un peu fatiguée mais Tobias m'aide quand il peut. On va devoir se faire à cette nouvelle vie.
- Bien sûr. Et on ne va pas rester longtemps, tu dois te reposer.
- Vous partez déjà ? Mais vous venez d'arriver !
- Tu as l'air épuisée. Nous pouvons revenir un autre jour.
-Nous sommes vraiment content d'avoir pu voir nos petites-filles.
-Mais... »
Je lance un regard vers Tobias. Il pourra peut-être m'aider à les convaincre.
« Vous êtes certains de ne pas vouloir rester ? Je peux vous apporter une boisson. Je pense que Tris serait ravie de vous voir un peu plus longtemps. »
Ma mère s'assied à côté de moi en posant sa main sur mon genou.
« Tu nous le diras si tu es fatiguée et si tu veux dormir ? On ne t'en voudra pas. »
Je hoche la tête vivement, heureuse qu'ils acceptent de rester. Tobias dépose Mel sur le canapé puis se lève pour prendre Léo de mes bras.
« Je vais aller le coucher.
-Merci. »
Il embrasse le haut de ma tête avant que je ne me lève.
« Vous voulez boire quelque chose ?
-Un café s'il te plait, demande mon père.
- Maman ?
-Je vais venir t'aider. »
Elle m'accompagne dans la cuisine et commence à faire bouillir de l'eau pour son thé. Elle me prend les mains afin de m'empêcher de bouger dans tous les sens.
« Comment tu te sens ? Réellement.
-Ca va bien. Pourquoi ?
-Je ne sais pas ce que c'est d'avoir quatre enfants mais je sais ce que c'est d'avoir des enfants très proches en âge. Ça peut être très stressant et les hommes ne se rendent pas forcément compte de ce qu'il se passe. Tu sais que tu peux tout me dire à moi.
-J'ai... j'ai peur, maman. »
Elle enroule ses bras autour de moi et me serre fort. Je sens des larmes perler dans mes yeux. Tous ces doutes sont dans mon esprit depuis la naissance de Léo.
« Tu as peur de quoi ?
-De rater leur éducation, qu'ils ne soient pas épanouis. Et j'ai peur qu'ils n'aient pas une mère à la hauteur.
-Est-ce que tu en as parlé à Tobias ?
-Un peu. Mais il ne comprend pas.
-Tu en es sûre ?
-Oui. Il dit que je n'ai pas à m'inquiéter, que je suis une mère géniale mais il doit forcément être influencé.
-Et si moi aussi je te disais que tu es une bonne mère ?
-Tu es ma maman, tu es presque aussi influencée que lui.
-D'accord. Voyons le sous un autre angle. Méline a déjà 5 ans et elle est incroyable. Tobias et toi vous avez fait un super boulot avec elle. Pourquoi est-ce que ça serait différent avec les autres ?
-Je ne sais pas.
-Et pourquoi est-ce que tu dis que Tobias ne comprend pas ? Tu ne penses pas que justement, c'est la personne qui te comprendra le mieux. C'est ton mari et n'oublie pas qu'il a eu une enfance compliquée. Il sait reconnaître de mauvais parents quand il en voit.
-Peut-être...
-Et tes enfants t'adorent, c'est le plus important, non ? »
Je hoche la tête alors qu'elle essuie une de mes larmes.
« N'hésite surtout pas à en parler car c'est le seul moyen pour avancer. Vous êtes tous les deux ensembles dans ces moments.
-Je ne sais pas... »
Je regarde autour de nous pour m'assurer que personne n'écoute aux portes. Je continue en chuchotant.
« Il a changé. C'est comme s'il n'avait plus envie d'être à la maison avec nous... avec moi. Il ne m'a presque pas quittée depuis la naissance mais avant, il passait son temps au travail ou dans le bureau sur son ordinateur.
-Il a du travail, tu le sais mieux que quiconque. Il est stressé par son travail et par les enfants.
-Tu prends sa défense ?
-Oui, parce que j'ai vécu ça avec ton père. Il était aussi un jeune leader quand Caleb et toi êtes nés. On en a discuté et il a fait de son mieux pour rentrer plus tôt tous les soirs pour pouvoir passez du temps avec vous deux. Et surtout, si Tobias et toi avez besoin de temps rien que pour vous deux, ton père et moi nous ferons une joie de les garder tous les quatre. »
J'enlace une dernière fois ma mère avant qu'elle ne récupère l'eau bouillante.
« On va y retourner avant qu'ils ne viennent nous chercher. »
Je verse deux tasses de café ainsi que deux tasses de thé avant de retourner dans le salon. Tobias berce une des jumelles en tentant de la calmer, sans succès. Je pose les tasses pour récupérer ma fille qui se calme automatiquement dans mes bras.
« Tu as le touché magique avec elles. », dit-il sur un ton légèrement jalousé.
Je la berce doucement sans le quitter des yeux. Ça veut dire quoi ça ?
« Il y a un problème ? demandé-je.
-Bien sûr que non. »
Il embrasse ma tempe puis distribue les boissons chaudes. Je le regarde quelques secondes pour essayer de me calmer mais je sens que je vais exploser.
« Je vais aller me coucher. Je suis fatiguée. »
J'embrasse mon père sur la joue puis ma mère, en déposant le bébé dans ses bras.
« Ça m'a fait plaisir de vous voir. Vous êtes toujours les bienvenus. »
Je monte les marches vers notre chambre en me tenant à la rampe. Je ne pensais pas être aussi fatiguée. Je me laisse tomber sur le lit puis m'allonge sur le côté, recroquevillée sur moi-même. Des larmes de colère, de fatigue et de frustration coulent sur mes joues et mouillent l'oreiller. Après une vingtaine de minutes, la porte de la chambre s'ouvre, le lit s'affaisse d'un côté puis deux bras m'encerclent pour m'attirer contre un torse chaud. Je me retourne tout de suite dans ses bras et fond en larmes. Je n'ai jamais ressenti ça, cette sensation de vide total en moi, si ce n'est que pour cette peur constante dans mon esprit.
« Ça va aller, mon cœur. Je suis là. »
Je hoche la tête contre lui mais n'arrive pas à lui répondre.
« J'ai parlé avec ta mère. Elle m'a un peu parlé de ton manque de confiance en toi. Je ne savais pas que ça allait aussi loin. Pourquoi tu ne m'en as jamais parlé ? »
Je ne réponds pas, honteuse.
« Tu pensais que j'allais te laisser toute seule ? »
Je hoche encore une fois la tête, en me cachant le visage.
« ... Tu sais, avant la naissance de Méline, j'ai lu des livres sur la vie post-accouchement. Et j'ai lu ce chapitre sur le 'Baby-blues'. Tu y as échappé après Méline et Léo mais je pense que cette naissance a été un peu trop pour toi d'un seul coup. Tu peux me parler de tout. Si tu veux que je prenne des jours de congés, je le ferai. Si tu veux que je démissionne, je le ferai. Ta santé est plus importante que tout le reste. »
Je relève la tête, il embrasse le coin de mes lèvres amoureusement.
« Je t'aime. Et je suis désolé si tu t'es sentie abandonnée.
-Je t'aime aussi, répliqué-je avec une voix rauque.
-Et le jour où tu te sentiras prête de laisser nos quatre petits monstres chez tes parents, on passera une soirée en étant juste nous deux. Tris et Tobias au lieu de Maman et Papa. Ça te va ? »
J'acquiesce d'un coup de tête puis l'embrasse tendrement.
« Tu sais toujours quoi dire.
-Les enfants sont tous couchés pour leur sieste alors pourquoi on ne ferrait pas une sieste nous aussi. Et ne t'inquiète pas, si les filles se réveillent, je me charge de tout.
-Tu ne seras pas jaloux si elles ne se calment pas immédiatement dans tes bras ?
-Tu as remarqué ? Ce n'est pas contre toi, je te le promets mais... je suis jaloux du lien que tu as avec elles. Elles te reconnaissent immédiatement rien qu'à ta voix et à ton toucher alors que moi, elles n'aiment pas être dans mes bras.
-Ne le prends pas mal surtout, mais elles n'ont pas l'habitude. Tous les jours je les porte contre ma peau quand je leurs donne à manger et je leurs parle, c'est normal qu'elles me connaissent plus. Tu as dû passer des jours seul avec Méline à cause de mon hospitalisation et tu as eu ce lien immédiat avec Léo. Depuis leurs naissances, tu n'as rien fait de spécial avec les filles. Tu étais toujours là mais l'oreille collée au téléphone.
-Je comprends... à partir d'aujourd'hui, je passerai au moins une heure chaque jour avec mes filles. »
Je me blottis contre lui. Ce sentiment de sécurité lorsque je suis dans ses bras me rassure et calme mon rythme cardiaque. Je suis encore à demi-consciente lorsqu'une des filles se réveille. Il embrasse mon front avant de se lever mais je suis déjà partie quand il se lève.
Je suis réveillée par un corps blottit contre le mien. J'ouvre péniblement les yeux pour voir et retrouve ma fille aînée dans mes bras. Léo est à la place de Tobias, couché sur le ventre, son doudou sous le bras, son pouce dans sa bouche et ses fesses en l'air. Je l'ai retrouvé plusieurs fois dans cette position dans son lit et il n'a pas l'air de faire de cauchemars quand il est comme ça.
Et pourtant, aucune trace de mon mari.
Je me détache de Méline délicatement avant d'aller vérifier si mes deux filles dorment encore. Je suis surprise de voir Tobias dans le rocking chair, torse nu, les jumelles endormies sur lui. Il me sourit quand il me voit. Je m'accroupis à côté de lui et caresse le dos de Mila.
« Tu ne perds pas de temps.
-Il faut qu'elles s'habituent à moi rapidement pour que tu puisses avoir du temps pour toi bientôt.
-Tu es un amour. »
Nous restons ainsi jusqu'à ce que Méline vienne nous rejoindre en tenant la main de son petit frère. Je m'assieds par terre et les installe tous les deux sur mes genoux.
Je regarde Tobias en souriant.
Ça, c'est le meilleur moment lorsqu'on est parent. Se retrouver avec toute sa famille autour de soi.
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