chapitre 1: la serrure
La température dans le Gouffre a chuté de quelques degrés et je sais qu'il fait nuit. Je le remarque d'après la buée qui s'échappe de ma bouche et la froideur des larmes sur mes joues. Je ne sais même pas pourquoi je pleure. Je suis une Audacieuse, j'ai fini première, j'ai des amis qui sont toujours là pour moi. Mais je suis là, à pleurer silencieusement dans mon coin alors que le froid me mord la peau. Je tremble, je grelotte, mes dents claquent mais je reste stupidement assise sur la pierre froide. J'entends au dessus de moi le bruit d'un couple qui rigole. C'est peut-être ça qui ne va pas. Je suis toute seule. Je sais pourtant que ce n'est pas le fait d'être seule qui me dérange mais plutôt le fait que je suis déjà amoureuse, et que ce n'est pas réciproque. Tobias. Je suis amoureuse de mon meilleur ami. Cliché je sais. Mais il a toujours été là pour moi. Il m'a aidé, il m'a fait confiance, il m'a tout dit. Il est toujours prêt à me protéger et à me réconforter. Et je l'aime. Mes larmes doublent alors que je me recroqueville sur moi même. Je cache ma tête dans mes genoux mais le soubresaut de mes épaules trahissent ma tristesse. Pourquoi est-ce si douloureux d'aimer ? Christina avait tort. Elle m'a toujours dit que l'amour est les plus beau sentiment au monde, ou peut être est-ce seulement vrai lorsqu'il est partagé. Je me souviens encore de cet après-midi où Will l'a demandé en mariage. C'est vrai que ça fait déjà deux ans qu'ils sont ensemble. Deux ans qu'ils s'aiment. Deux ans que je l'aime. Les larmes me brûlent les yeux.
-Tris ? Qu'est-ce que tu fais la ? Oh non, pas lui. Pas maintenant. Tris, lève-toi, tu vas tomber malade avec ce froid.
Je relève mon visage baigné de larmes. Tobias s'installe immédiatement à côté de moi. Il me prend dans ses bras et me frictionne pour me réchauffer.
-Tris, merde tu es gelée. Dit moi ce qui ne va pas. Tu sais que tu peux tout me dire. Je secoue la tête et les larmes reviennent. Il est trop gentil, trop parfait.
-Tu ne comprend pas, Tobias. Ça va aller, ça va passer. Je ne sais pas exactement pourquoi je pleure. Ma famille me manque trop sans doutes.
-Je comprends. Mais n'oublie pas que nous sommes tous ta famille maintenant. Je lui souris et essuie mes larmes.
-Merci. Qu'est ce que tu fait ici à...cette heure ? Il est quelle heure ?
-Deux heures du matin. Et je pourrais te poser la même question. Je n'arrivais pas à dormir, je promenais dans le Fosse et j'ai entendue des sanglots. J'ai cherchais partout, pas moyen de trouver l'origine. Je suis alors venu ici, pour être au calme et réfléchir mais il faut croire que tu m'as devancée.
-Désolée.
-Je plaisante Tris. Je suis heureux de t'avoir trouvé maintenant sinon j'aurais retrouvé un esquimau demain matin. Tu devrais aller te coucher. Je m'inquiète, tu es congelée.
-Comment j'ai fait pour avoir un ami comme toi ?
-Je sais je suis parfait, ça en devient presque lassant. Dit-il avec un soupir exagéré.
-Et très modeste aussi. Il se lève et me tend sa main. Je l'accepte puis il me tire sur mes pieds.
-Je te raccompagne, qui sait, n'importe quel pervers pourrait se promener à cette heure-ci.
-Tu parles de toi là, non ?
-Ha ha ha, très drôle Tris. Dit-il sur un ton dégoulinant de sarcasme, soudain son regard change et il me regarde comme si j'étais le dernier morceau de gâteau. Mais c'est vrai que je pourrais l'être. À quel point connais-t-on réellement quelqu'un ? Je ne peux pas empêcher mon rire et je dois me retenir à son bras pour ne pas m'écrouler.
-Tu ne ferais même pas de mal à une mouche. Et encore moins à moi. Il me sourit normalement cette fois. Enfin... normalement, je dirais plutôt avec ce sourire qui envoie des papillons dans mon estomac.
-C'est vrai. À propos de toi je veux dire, parce que je n'hésiterais pas à m'occuper de Peter si je le croise encore. Il enroule son bras autour de mes épaules et je pose ma tête sur son épaule.
-J'imagine le jour où tu auras des enfants. Ils seront chanceux, ils auront un père si protecteur.. même si d'un autre côté, ça sera une vraie plaie. Il rigole et resserre son étreinte sur mon épaule. On arrive enfin à mon appartement.. et au sien étant donné qu'il habite en face de chez moi.
-Bonne nuit Tris, réchauffe-toi et repose-toi. Parce que demain, que tu le veuilles ou non, tu m'expliqueras tout.
-Bonne nuit Tobias. Et pour l'explication, on verra. Il secoue sa tête en signe de défaite et disparaît dans son appartement. Je ferme doucement la porte de mon appartement avant de me déshabiller et de m'allonger sur mon lit. Mes pensées dérivent à nouveau sur Tobias. Je me demande ce qu'il fait. Dort-il déjà ? Regarde-t-il la télé ? Mange-t-il ? Prend-il une douche ? Cette dernière pensée occupe mon esprit. Ce n'est pas possible. Je me comporte comme une adolescente en manque. Après tout, je suis une adolescente. Je n'ai que 18 ans et il en a 20. Pourquoi choisirai-t-il une fille plus jeune ? Encore moins sa meilleure amie. Je me retourne dans mon lit et tombe dans un sommeil occupé par Tobias.
Je suis réveillée par un coup violent à la porte.
-Tris Prior, tu vas me faire le plaisir de te lever et de sortir tes fesses de ce lit.
-Christina, laisse moi dormir. Je grogne.
-Tu as 30 secondes, sinon j'utiliserais les grands moyens. 1, 2, 3...
-30. Je la coupe et me retourne. Je me blottis dans mes couvertures et apprécie le contact du drap sur mon corps dénudé. L'avantage de vivre seule et de pouvoir dormir nue sans aucune gêne. Soudain, la porte est ouverte violemment et quelqu'un frappe à la porte de ma chambre.
-TRIS, est-ce que ça va ? Christina m'a dit qu'elle a entendue des bruits bizarres. Tris, ouvre cette porte. Je m'assoie en me cachant sous la couverture. Tobias ? Je vais tuer Christina.
-NON ! Je cris.
-Tris, est-ce que ça va ?
-Oui, je vais très bien. Christina a essayé de me réveiller mais je n'avais pas trop envie donc elle t'a cherché sachant que tu arriverais à ouvrir la porte.
-Oh.. d'accord. Je suis désolé. À ce propos, je dois te dire quelque chose, je peux entrer ?
-Deux minutes, je ne suis pas habillée. Il rigole à travers la porte.
-Tris, il est huit heures du matin, on est dimanche et porter un pyjama est normal. Il essaye alors d'ouvrir la porte.
-Attends !
-Pourquoi ? Il soupire bruyamment. J'attrape un short et un t-shirt et m'assoie à nouveau sur le lit.
-C'est bon. Il entre, il est aussi en pyjama sauf que ça consiste en un pantalon, et c'est tout. Il est torse nu et je dois m'obliger à le regarder dans les yeux sans baver ni rougir.
-Tu sais, pas besoin d'être gênée si tu portes un pyjama. Il s'assoie à côté de moi.
-En fait, pour être honnête, je ne dors pas avec un pyjama. J'ai dû m'habiller... Il me regarde bizarrement puis il comprend.
-Ah.. Oh.. ok. Excuse-moi. Je ne savais pas. Ses joues se teintent de rouge. Je t'avouerais que j'ai eu exactement le même problème quand Christina est venue me réveiller, heureusement que ma porte est fermée à clé sinon j'aurais eu un petit problème.
Cette fois, ce sont mes joues qui virent au rouge. Il dort nu... pourquoi est-ce que j'ai chaud tout à coup ?
-Oh.. tu voulais me dire quelque chose ?
-Oui..je suis désolé..mais avant quand Christina m'a dit qu'elle s'inquiétait.. j'ai eu peur et comment dire.. j'ai cassé la serrure.. Il regarde ses mains sur ses genoux. J'adore le voir si hésitant et fragile.
-Tobias, c'est pas grave. Je la ferais réparer.
-Le soucis c'est que la porte ne se ferme plus.
-Oh.. je vais aller voir.
Je me lève et me dirige vers la porte. J'espère qu'il ne peux pas voir que je ne porte pas de sous-vêtements. Quand il disait avoir cassé la serrure, je ne m'attendais pas à la voir brisée. Il me regarde honteux et coupable.
-Je suis désolé Tris.
-Je ne suis pas en colère, le seul problème c'est que n'importe qui peut entrer.
-Je vais appeler un serrurier. Il attrape son téléphone et compose le numéro. Je n'écoute pas la conversation et me concentre sur la serrure. Je le vois raccrocher.
-Alors ?
- Il arrive pour voir les dégâts mais il ne sait pas s'il pourra la réparer aujourd'hui.
-Comment je vais faire ? Je ne peux pas dormir ici sachant que la porte est ouverte.
-Tu peux t'installer chez moi. Enfin, le temps nécessaire. C'est de ma faute donc bon.. Il rougit encore, il est tellement mignon.
-Tu es sur que ça ne te dérange pas ?
-Bien sur que non. Et puis, j'ai toujours voulu un coloc' même si ça m'oblige à ranger mes affaires et à m'habiller la nuit.Ça ne me dérangerait pas s'il ne changeait rien. Je rougis plus, mais un détail m'interpelle.
-Où est Christina ?
-Je ne sais pas, elle a disparu quand je suis rentré.
-Bizarre, bon je ferais mieux de m'habiller.
-Oui moi aussi. Il sort. Je fouille dans mon placard et sort un jean noir avec un pull et mes bottes de combat. Je met un peu de fond de teint et du mascara et retourne près de ma porte. Tobias est déjà là et m'attend. Je vois le serrurier qui s'approche dans le couloir.
-Tris, Quatre, alors, quel est le soucis ?
-En résumé, Quatre s'est inquiété et à détruit ma serrure. Il se met à rire.
-Les petit-amis protecteurs. Ça arrive souvent.
-Non, on est pas.. on est juste amis. Je rectifie rapidement.
-Ok.. bon, voyons-ça. Il inspecte la serrure sous toute les coutures avant de rendre son verdict.
- Il faut complètement changer la serrure. Ça prendra environ une semaine. Je n'ai pas le temps avant. Je te conseille de vivre autre part en attendant parce que... une jeune femme vivant seule avec une porte sans serrure n'est pas la chose la plus intelligente.
-La proposition tient toujours ? Je demande à Tobias.
-Bien sur.
-Merci. Tu me diras quand la serrure sera installée ?
-Bien sur, mais comme dit, ça ne sera pas avant une semaine. Je dois y aller. Je te tiens au courant. Il s'éloigne nous laissant seuls.
-Je t'aide à déménager ?
-Maintenant ?
- A moins que tu ne veuilles laisser tes affaires sans surveillance...
-Ok, c'est parti. Ensemble, le déménagement ne nous prends que 20 minutes.
- Ça te dit un petit déjeuner ? Je suis mort de faim.
-Pareil, allons-y !
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