Chapitre 34 - Le breuvage du bonheur
Edgar
Madeline était tellement bizarre depuis quelques jours. Je pensais que nous avions dépassé nos problèmes et pourtant, je la sentais absente. Je l'observais souvent, j'adorais la regarder. Ses yeux verts émeraude étaient devenus plus sombres au fil des jours, ses sourcils inquiets avaient laissé apparaître une petite ride du lion et je sentais qu'elle m'évitait.
Etait-ce parce que je ne l'avais pas invitée à ce satané bal ? Je ne voulais pas me formater à ces stupides soirées étudiantes. On s'amuserait tout aussi bien entre nous.
Cela faisait trois jours qu'elle dormait chez elle, et moi de mon côté. On se parlait tout le temps, là n'était pas le problème. Elle ne me disait pas tout, je le sentais. Bon. C'était un peu l'hôpital qui se foutait de la charité mais je voulais la retrouver comme avant. Avant que tout ça ne soit officiel.
Voilà pourquoi je ne voulais rien dire. A partir du moment où on rendait les choses réelles, elles perdaient toute leur valeur et leur intensité.
Et voilà que je me retrouvais en train de me poser mille questions. Putain.
— Tu penses à quoi ?
Madeline se tenait devant moi, deux gros bouquins dans les mains et son sac sur le dos. Ses cheveux étaient légèrement ondulés et ses yeux avaient retrouvés toute leur douceur.
Ma clope s'était consumée seule entre mes doigts et un épais morceau de cendre s'était explosé par terre. Je jetais la cigarette dans le grand cendrier mural et lui répondais.
— À rien. Tu... Tu ne voudrais pas dormir chez moi ce soir ?
— Je me demandais quand tu allais me le proposer.
La voir sourire me réconforta.
— On pourra parler un peu comme ça, enchainais-je.
— Parler ? Ok. Tu as fini les cours ?
— Oui, je t'attendais.
— Je passe prendre quelques affaires chez moi et on va chez toi directement ?
— Ouais parfait, je t'attends ici.
— Parfait. Je me dépêche !
Elle déposa un baiser délicat sur ma joue et partit en vitesse.
La route jusqu'à chez moi s'était plutôt faite en silence. Je portais son sac et elle me tenait la main. J'avais proposé de commander une pizza pour ce soir et elle avait accepté.
Tout ce truc d'être « en couple » me mettait mal à l'aise mais j'essayais de ne pas le montrer. Sauf que Madeline était loin d'être dupe et à peine arrivée chez moi, elle était prête à repartir pour me laisser du temps.
— Franchement Edgar, si ça va trop vite pour toi, je peux rentrer chez moi.
— Hors de question. Je t'ai invitée. Je suis désolé, je ne sais pas comment m'y prendre. Je vais m'améliorer.
— Je sais. Sois toi même, c'est tout ce que je peux te demander, Edgar.
Son sourire était contagieux. Madeline contaminait tous ceux qui croisaient sa route. Elle avait conquis tout le groupe tellement rapidement. Elle m'avait conquis à mon grand désarroi. J'avais pourtant essayé de me battre contre tout ça. Mais il n'y avait rien à faire. Madeline était de ces gens que l'on priait pour qu'ils soient dans nos vies.
Elle s'était installée sur le canapé, à côté du plaid avec lequel elle s'était couverte face à ma mère quelques mois auparavant.
— Tu voulais me parler de quoi ?
— Ça peut attendre...
— Dis moi !
— Tu as soif ? Je dois avoir une bouteille de blanc entamée.
Putain. J'avais envie de lui parler. De tout lui balancer, mais je n'étais qu'une merde à essayer de dévier la conversation. Je savais que je n'y arriverai pas ce soir.
— Oui du blanc, avec plaisir. Mais ne pense pas que j'en ai fini avec toi ! ria-t-elle.
Je partis dans la cuisine, ouvris le réfrigérateur et sortis la bouteille « Le Bonheur » ouverte il y a quelques jours par Julia.
Je la revoyais encore accoudée au mur avec sa bouteille à la main quand je lui avais ouvert la porte. « - Edgar, en couple ? On aura tout vu ! Je n'y crois pas une seconde ! » Elle était rentrée sans attendre une quelconque permission puis nous avait servi deux verres du breuvage du bonheur. «Viens, on recommence, s'il te plait ». «Qu'est-ce que j'ai mal fait ? »
Je chassais ces pensées, ou plutôt ces souvenirs, de ma tête et prenais deux verres dans le placard à côté.
Madeline était toujours assise dans le canapé moelleux et parcourait le Menu Netflix de long en large pour nous trouver un film décent.
— Merci ! Il est délicieux ce vin. Moi qui pensais que tu ne buvais que de la bière, lança-t-elle en rigolant.
Si elle savait...
— Tu trouves un film sympa ?
— "Eternal Sunshine of the spotless mind", ça te tente?
— C'est quoi l'histoire ?
— « Lorsque son ex-petite amie fait effacer de sa mémoire toute trace de leur relation, un homme décide d'avoir recours à la même procédure expérimentale. », lit-elle.
— Ça va, c'est pas trop glauque comme histoire, lui dis-je ironiquement.
— Je n'ai pas dit le contraire, mais c'est un film primé.
— Tu serais capable de faire ça, toi, si c'était possible ?
— De quoi ? T'effacer de ma mémoire ?
— Ouais. Moi ou un autre.
— Jamais ! Tu imagines, si à chaque déception, chaque coup dur, on effaçait notre mémoire ? On aurait aucun moyen d'avancer dans la vie. Je trouve ça plutôt triste d'ailleurs. Malheureusement, nos peines comme nos joies, nous permettent de nous construire. C'est trop facile de faire ça !
J'adorais la lancer sur un sujet et la voir débattre le pour et contre de manière construite.
— Même si tu apprenais un truc de fou qui te ferait totalement partir en vrille et que tu n'aurais jamais souhaité savoir ?
— Tu as quelque chose à me dire ?
— Non non, je ne parle pas de moi ...
— Comme je te l'ai dit, c'est pas comme ça qu'on peut avancer dans la vie...
— Et si on regardait Harry Potter ?
— T'es sérieux là ?
— Euh... ouais.
— J'adore cette idée. Je suis fan.
— Moi aussi.
Ravi de notre choix, je commandai les pizzas et installai plein de coussins, oreillers et plaids sur le grand canapé.
— Ta mère ne va pas revenir cette fois ? me demanda-t-elle assez gênée.
J'adorais voir ses joues se colorer.
— Pas de risque. Aux dernières nouvelles, elle est aux States pour un colloque sur les nouvelles tendances en chir plastique.
J'essayais de cacher ma déception quant à ma mère, mais encore une fois, Madeline lisait en moi comme dans un livre ouvert. A vrai dire, il était possible qu'elle soit toujours à Paris, mais je préférais me dire qu'elle me disait la vérité, pour éviter toute déception.
— Viens là.
Elle me prit dans ses bras et nous restâmes comme ça un bon moment.
***
— Je n'avais jamais remarqué que tu avais des lettres tatouées dans le creux des doigts. Pourquoi un A et un J ?
L'interphone retenti. Les pizzas. Une nouvelle fois sauvé par le gong. Je me levai et allai ouvrir au livreur.
En ramenant les cartons sur la table du salon, je voyais bien qu'elle attendait toujours une réponse.
— Je pensais à un truc... Tu ne voudrais pas... aller à ce ... bal avec moi ?
— Sérieusement ? Bien sûr que oui !!!
Elle était surexcitée. De quoi calmer son interrogatoire.
Madeline me sauta au cou comme une enfant et m'embrassa tendrement.
— J'ai cru que tu n'allais jamais me proposer.
— Les pizzas vont refroidir, lui répondis-je en l'embrassant.
— Tu as raison !
Elle me lâcha et s'installa près de la table basse. Le film commença.
******************
^ la tête d'Edgar essayant de se sortir de cette impasse ^ xD
Quelque chose me dit qu'on va bientôt savoir ce que cache Edgar....
Pourquoi Julia était chez elle ? Elle n'a pas l'air de lâcher l'affaire celle là !
Que signifient les lettres tatouées sur les doigts d'Edgar ?
J'espère quand même que vous avez notifié à quel point Edgar est devenu pro pour retourner une situation ! ^^
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