Chapitre 26 - Quel con ...
Madeline
J'ouvris les yeux avant que mon réveil ne sonne et fut heureuse de voir Edgar endormi à mes côtés. Il dormait paisiblement alors je me mis à l'observer. Je profitais de cet instant car je savais que le jour levé, je le perdrai. Tel un vampire, il ne m'appartenait que la nuit... Je ne sais pas combien de temps j'allais supporter cette situation, mais pour le moment le simple fait de l'avoir dans mon lit me rassurait.
Il ouvrit les yeux puis les referma.
— Quelle heure est-il ? me demanda-t-il d'une voix rauque.
— Il est six heures..., chuchotais-je.
— Tu ne dors plus ?
— Je n'ai pas l'habitude de dormir avec quelqu'un, ça m'a réveillée, lui dis-je en souriant.
Il grogna et passa son bras autour de moi. Je ne portais plus qu'un simple débardeur et une culotte. Mon pyjama avait eu raison de moi: j'avais eu bien trop chaud cette nuit.
— Je ne t'avais pas dit que tu n'allais pas le garder bien longtemps cet affreux pyjama ?
— Effectivement, il semblerait que tu aies encore eu raison.
Je lui caressais le visage tandis qu'il rapprochait son corps chaud du mien.
— Tu sais ce que ça veut dire ?
— De quoi ?
— Il est six heures... il fait encore nuit, et nous sommes tous les deux réveillés. Il va falloir nous occuper ...
Ses doigts frôlèrent ma peau nue, me donnant la chair de poule et faisant pointer mes seins. Des frissons tellement agréables parcoururent mon corps sous ses caresses. Je le touchais aussi, avec mes mains froides, en dessous de son t-shirt chaud. La sensation était exquise. Son cou, son torse, son érection matinale. Je ne me lasserai jamais de le toucher.
Au fur et à mesure que nos mains continuaient à découvrir les envies et besoins de l'autre, il embrassait divinement mon cou et ma poitrine. Un moment céleste, en silence, à part quelques gémissements étouffés, où nous apprenions à nous connaître. Sans apriori, sans gêne. J'aurai voulu que cela dure toute la vie. J'avais atterri sur lui et il avait pénétré mon intimité sans vergogne après s'être protégé. Tous mes songes disparaissaient sous ses doigts agiles, plus rien n'avait d'importance. Gémissant et râlant de plaisir sous ses gestes experts, mon réveil sonna me laissant pantelante, jouissant avant la dernière sonnerie.
Je retombais sur lui, le souffle court et éteignais mon réveil.
— Et bien, c'est ce que j'appelle un timing parfait ! me lança-t-il, aussi transpirant que moi.
— C'est toi qui est parfait, lui répondis-je avec un clin d'œil avant de me réfugier dans la salle de bain.
Ouf. J'avais évité la réponse.
Ma douche m'avait vite permis de reprendre mes esprits et quand je sortais, Edgar avait préparé le café.
— A mon tour. Il passa à côté de moi en claquant gentiment sa main sur mes fesses et entra dans la petite cabine aux vitres transparentes.
J'enfilais mon pantalon au style marin et un col roulé blanc qui faisait bien ressortir ma peau, même si à cette période de l'année, je me sentais pâle comme la neige.
Le café enfin coulé, je nous servis deux tasses pour bien commencer la journée. Il ressortit de la salle de bain habillé différemment de la veille.
— Tu avais des affaires propres avec toi ? lui demandais-je étonnée. Sa visite s'était faite sur un coup de tête, il n'avait pas pu repasser par chez lui.
— J'ai toujours des affaires propres avec moi.
Je pensais immédiatement à Julia et chassait vite cette idée de ma tête.
— Tu es très belle, au passage, ajouta-t-il pour me détendre.
— Merci, t'es pas mal non plus..., lui répondis-je gênée avec un sourire en coin.
C'est dingue à quel point il pouvait me rassurer et me troubler en même temps.
Il avala son café d'un trait et attrapa ses affaires. Et alors que je le questionnais du regard il lâcha :
— C'est mieux qu'on n'arrive pas ensemble. A plus, princesse.
Alors ça allait être comme ça. Il claqua la porte et j'eu l'impression de me prendre une gifle.
— Bon... maugréais-je dans ma barbe.
Une fois Edgar parti je m'affairais à me sécher les cheveux et à les rassembler en un chignon haut, je finis mon café et je pris le chemin de l'école avec beaucoup moins d'entrain que la veille. La neige avait fondue, c'était déjà ça.
Je savais que j'avais accepté ses conditions, mais c'était autre chose de les vivre.
*
On continuait à se voir régulièrement le soir avec Edgar durant ces trois semaines avant les vacances de Noël. C'était facile quand on était rien que tous les deux, mais dès que nos amis rentraient en compte, j'avais l'impression de disparaitre de son esprit.
Il avait finalement réparé l'écran de mon téléphone, me laissait jouer au piano durant des heures chez lui et m'avait même fait écouter quelques unes de ses nouvelles compositions - ce qui apparemment était une chose rare chez lui. Mes partiels approchaient et quand je ne révisais pas avec Elisa, Edgar prenait le relais, toujours dans la plus grande discrétion. Elisa avait fini par me poser des questions, à force de me voir scotchée à mon téléphone, à discuter avec Edgar. J'avais fini par lui mentir et m'était inventée une histoire épistolaire avec le fameux Thibault. C'était l'histoire parfaite pour qu'elle me lâche un peu à ce sujet. Elle avait l'impression qu'Edgar était du passé et que je me concentrais sur un avenir potentiellement plus lumineux avec un autre. Je détestais mentir. Et je m'en voulais particulièrement de lui mentir à elle, car elle était de loin la meilleure amie que j'avais eue. Mais j'y prenais goût. Je ne voyais plus ça comme un mensonge, mais plutôt comme une omission de certains détails. Ne pas en parler n'était pas mentir finalement...
Je ne voulais pas que mon histoire avec Edgar s'arrête à cause d'une phrase de trop. Je m'enfonçais dans ma fumisterie à mesure que les semaines passaient. Par chance, les examens à venir me donnaient la parfaite excuse pour rentrer chez moi et rester enfermée les weekends.
Les partiels étaient étalés sur les trois jours avant les vacances. Nous étions tous prêts à affronter ces feuilles vierges. J'allais donner le meilleur de moi-même. Je comptais bien prouver à mes parents qu'ils avaient eu raison de me faire confiance et de me laisser partir.
*
Cela faisait trois fois que je relisais mon commentaire sur cette publicité atroce pour un régime minceur. Le sujet ne m'avait pas vraiment inspiré mais je pense que j'en avais fait une bonne analyse. Dernier coup de crayon pour corriger quelques fautes d'orthographes et c'était fini. J'étais officiellement en vacances. Sans trop me réjouir, je rangeais mes affaires dans mon sac et rassemblait mes copies et brouillons afin de tout rendre au surveillant. La moitié de la classe était déjà partie pourtant il restait encore une bonne trentaine de minutes avant la fin de l'épreuve. Et voilà, copie rendue. Je soufflais un bon coup et sortais de la salle d'examens. Pas forcément plus légère, le cerveau tournant encore à dix mille, mais soulagée d'avoir passé la dernière épreuve.
Elisa était déjà dehors, en plein débat avec d'autres sur ce qu'il fallait écrire ou pas dans cette dernière épreuve. Je détestais ces moments où tout le monde remettait en question son travail alors que c'était trop tard.
Je changeais vite le sujet de conversation en parlant des vacances et du nouvel an. Chacun énonça ses plans tandis qu'Elisa m'invita à sa soirée de nouvelle année qui se déroulerait dans la maison familiale de Théo, à Senlis.
Pourquoi pas. J'étais assurée d'y voir Edgar et je n'avais pas vraiment de plans pour ce jour-là. Noé m'avait bien parlé d'une soirée à Amiens, mais je ne connaissais pas la moitié des invités.
— Et sinon tu vas faire quoi à Noël ? J'ai déjà acheté tous mes cadeaux, je suis tellement impatiente de les offrir ! me dit Elisa, surexcitée.
— La veille de Noël chez mon père, le jour même chez ma mère avec ma grand-mère. Ça va être la folie, comme d'hab..., lui répondis-je faussement enjouée.
Je détestais Noël. J'adorais les vacances ce n'était pas ça. C'était juste que, ces fêtes où on se retrouvait en famille alors que la mienne était en mille morceaux, très peu pour moi.
— J'ai d'ailleurs jusqu'à dimanche pour trouver des cadeaux ! enchainais-je.
— Bon... On a le temps de boire un coup quand même pour fêter la fin des exams ?
Au même moment, Théo et le reste de la bande firent leur apparition à l'entrée de l'école.
Edgar était un peu plus loin avec un gars que je n'avais jamais vu et semblait échanger un paquet discrètement avec celui-ci. Il avait rangé l'espèce d'enveloppe dans son sac et nous avait rejoint. Cette situation avait piqué mon intérêt, mais je passais vite à autre chose. Il revint souriant, ce n'était sûrement rien.
Elisa prit la tête du groupe et nous entraina vers un bar à côté de l'école.
Mon amoureux secret s'était mis à l'autre bout de la table. C'était une vraie torture de ne pas pouvoir m'installer à côté ou lui sauter dans les bras devant tout le monde. Je crevais d'envie d'embrasser ses lèvres charnues entre sa barbe piquante, mais ce n'était pas possible. Il évitait de me regarder et agissait comme si je n'existais pas. C'était le même sketch à chaque fois qu'on était en présence des autres. Quelle frustration ! J'avais pensé qu'au bout d'un mois il aurait officialisé notre relation, mais rien...
— J'ai invité Maddy au Nouvel an, au fait ! lança de nulle part Elisa.
Cette invitation satisfit visiblement tout le monde, sauf Edgar qui resta de marbre face à cette nouvelle. J'en perdis rapidement mon sourire mais fis bonne figure devant les autres. Mon coeur battant à tout rompre essayait de s'échapper de ma poitrine, j'avais de plus en plus de mal à gérer la situation. J'avais besoin d'être aimée comme j'aime.
La soirée s'enchaîna et je pris la décision de m'éclipser avant la commande de la troisième bière. Voyant qu'Edgar ne réagissait pas à mon départ, je décidais de prendre rapidement la fuite.
— Ça va ? m'avait-elle glissé à l'oreille. Qu'est-ce qu'il se passe ?
Elle commençait à me connaître, mais je devenais meilleure menteuse de jour en jour.
— Rien, je suis un peu fatiguée après ces trois jours et je rentre demain à Amiens, j'ai tellement de choses à faire, les cadeaux, la valise, etcétéra, lui dis-je en espérant qu'elle y décèle un minimum de sincérité.
— Ok, je comprends ma belle. On se voit au nouvel an. Passe de belles vacances ! me salua-t-elle en me serrant dans ses bras.
Sans faire le tour de table j'avais salué le groupe de loin en leur souhaitant de bonnes vacances tandis qu'Edgar ne me calculait toujours pas. Même pas un sourire ou un signe. On ne s'était pas vu depuis trois jours avec les partiels, même si nous nous écrivions à longueur de journée, et c'est comme ça qu'il se comportait !
Je partais déçue, le coeur au bord des lèvres. Je me doutais que ç'allait être difficile mais pas à ce point. Le Edgar avec ses potes n'avait rien à voir avec le Edgar avec moi.
Mon téléphone sonna alors que je me rapprochais de chez moi. Edgar.
Edgar: Chez toi ce soir ?
Quel con.
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