Chapitre 28 - Madeline
C'était un fait, j'avais désormais beaucoup trop d'alcool dans le sang. Alors que je dansais un rock endiablé avec Noé en plein milieu de la piste, ma gorge sèche me supplia de l'hydrater. J'attrapais mon verre posé sur la scène à côté de nous et bu deux bonnes gorgées de mon cocktail. Je grimaçais en ingurgitant le liquide brun. Il me fallait de l'eau. Depuis que j'étais arrivée à Paris, ma tolérance à l'alcool s'était largement améliorée. Je n'en tirais aucune fierté, mais j'avais arrêté de gerber au bout de deux verres et ce n'était pas plus mal.
Je regardais mon meilleur ami s'éclater sur le dancefloor et ça me rendait heureuse. J'adorais passer du temps avec lui, comme ça. On ne se cachait pas, je n'avais pas peur de ses réactions, il était du genre à croquer la vie à pleines dents et c'était agréable.
Je ne me plaignais pas, Edgar faisait des efforts considérables en ce moment, mais j'avais toujours peur de l'offusquer.
Je n'avais aucune idée de ce qu'ils avaient pu se dire, tous les deux, mais je pensais, et pas à tort, que ce dernier avait un peu malmené mon ami. Je l'avais tout de suite senti quand je l'avais rejoint, mais Noé était trop bon pour me dire de quoi il en retournait.
Je le connaissais par cœur. Il m'avait paru décontenancé et Edgar avait confirmé mes doutes quand il m'avait répondu que Noé avait commencé. Je rigolais intérieurement. Les imaginer se disputer à mon sujet me faisait drôlement rire. C'était bien la première fois que ça m'arrivait et je devais avouer que ça ne me déplaisait pas, qu'on se chamaille pour moi.
— Je meurs de soif, mon verre est vide ! cria Noé dans mon oreille.
— On retourne à table ! J'ai besoin d'eau.
J'attrapais la main d'Elisa qui s'était fait un peu trop collée par un mec entre temps.
— Merci, je n'arrivais pas à m'en séparer ! cria-t-elle aussi, pour se faire entendre.
— On retourne à table avec les garçons, tu viens ?
— Je vous suis !
En arrivant au fond de la salle, à notre table, une jolie blonde avait pris possession d'une de nos chaises. Grande, le dos droit, cheveux courts blonds platine, vêtue d'une belle robe noire, accompagnés de hauts talons à la semelle rouge... Ma main à couper que c'était Romy. Le portrait que les garçons en avaient dressé était plutôt fidèle, par contre ils avaient oublié de nous dire à quel point elle était belle. Mon amie n'avait visiblement pas la même force d'analyse que moi, car elle s'attaqua directement à la belle.
— Bonsoir ! Excuse-moi, tu es assise sur mon sac, lança-t-elle légèrement irritée.
La blonde sursauta et se tourna gracieusement vers Elisa.
— Bonsoir. Je me suis permise de le mettre sur le siège à côté. Tu dois être...Elisa, l'analysa-t-elle tout en lui présentant sa main pour la saluer.
Elisa se tourna vers Théo, les sourcils froncés. Confus, il se précipita à faire les présentations.
— Elisa, c'est Romy.
— Oh... Désolée, les garçons ne m'ont pas dit à quel point tu étais belle, lui sourit-elle un peu trop crispée en attrapant sa main pour la saluer.
Je lui tapais dans les côtes. Ce n'était pas le moment de passer pour des petites immatures, mais son franc parler m'en bouchait un coin. Ou alors elle avait un peu forcé sur la bouteille, elle aussi. Je me retenais de rire tandis que le regard de la blonde se posa délicatement sur moi, me contemplant de la tête aux pieds.
Gênée, je dansais d'un pied sur l'autre. Je devais ressembler à un vieux chat mouillé. J'étais transpirante et avais toujours la gorge sèche. Quand je voyais l'état de Noé à côté de moi avec de grosses auréoles sous les bras, et les cheveux dégoulinants sur son front, je ne donnais pas cher de mon propre état. Mes cheveux courts impossible à attacher devaient frisotter dans tous les sens et mon khôl noir avait dû couler sous mes yeux par cette chaleur... J'essuyais la moiteur de ma main sur ma combi avant de la lui tendre pour la saluer. Classe.
— Et toi tu dois être la muse de mon poulain.
— Hum, Madeline. Enchantée, lui répondis-je dans un sourire crispé, moi aussi.
Elle continuait à me détailler, cherchant certainement où Edgar pouvait bien trouver l'inspiration chez moi, puis elle reprit sa conversation avec les garçons.
Je soufflais bruyamment tandis qu'Elisa déglutissais de son côté.
— On revient, Noé, installe-toi.
J'attrapais le bras de ma meilleure amie et l'entraînait à l'autre bout de la salle vers les escaliers menant aux toilettes. Ma tête tournait violemment, d'un coup. Comme si mon sang s'était décidé à trop irriguer mon cerveau.
— Pourquoi faut-il toujours que les mecs trainent avec des bombes ? explosais-je.
— Je sais... C'est aussi dur pour moi de m'y faire. Heureusement que je fais confiance à Théo parce que...
— Mais moi aussi j'ai confiance en Edgar... Enfin... Je... Mais me dire qu'il a passé toute la journée avec elle au lieu d'être avec moi, ça me... ça me fout en rogne ! Encore plus maintenant que je sais qu'elle est belle comme ça.
— J'suis pas sûre qu'elle s'intéresse à eux comme nous, tenta de me rassurer mon amie, une main sur mon épaule.
— Mouais. Elle est tellement déstabilisante. Je suis une putain d'enfant à côté d'elle.
— Elle a l'air sûre d'elle, effectivement. Mais c'est ce qu'il faut pour les garçons, non ? me demanda-t-elle plus trop sûre.
Nos regards se tournèrent vers la table du fond aux quatre garçons complètement gagas devant cet espèce d'ange blond.
Elisa soupira et m'entraina en bas.
On arriva devant les miroirs pour se refaire une toilette à peu près convenable. De toute façon, avec ce qu'on avait bu, notre jugement du « beau » était largement faussé. J'en profitais pour boire de l'eau, ça me remettrait peut-être les idées en place.
J'avais peur de revenir à la table. Edgar m'avait à peine adressé la parole depuis qu'on était arrivés. Soit il me laissait profiter de la soirée avec mon meilleur ami, soit il n'avait pas du tout accroché avec ce dernier et avait décidé de nous ignorer pour le reste de la nuit. N'avait-il pas compris que pour m'aimer il fallait aussi aimer mon entourage ? Ma mère avait été grossière avec lui, mais au fond elle réagissait comme toute maman poule. C'était marrant parce qu'on n'avait jamais été aussi proche que depuis que j'étais partie.
On avait nos caractères, je ne pouvais pas le nier, mais elle restait ma mère.
Je comptais bien lui faire changer d'avis sur mon copain, mais il ne me rendait pas la tâche facile. Si seulement il pouvait faire un effort avec Noé pour qu'il en dise du bien à ma mère. Elle l'adore, lui.
— Madeline, sors de tes pensées. On remonte ?
Elisa agitait frénétiquement sa main devant mon visage.
— Oui, pardon.
Et voilà, j'avais recommencé à divaguer. Qui d'autre à part moi pouvait penser à sa mère en pleine soirée ? Je remontais les marches vers le club, le pas lourd.
Les gens étaient déchainés ce soir et moi, j'avais perdu tout mon entrain. Mes pensées négatives avaient envahi tout mon être et mes insécurités revenaient au galop. Pourquoi fallait-il que je m'accroche aux détails ? Pourquoi je n'arrivais pas tout simplement à vivre ma vie sans me soucier des autres comme Edgar ?
Enfin... Edgar se souciait de moi, de Théo, de sa mère... mais c'était à peu près tout. La gamine que j'étais espérait ne jamais voir Romy entrer dans ce cercle restreint.
J'étais tout bonnement jalouse. Jalouse d'une nana qui ne voulait que le bien du groupe d'Edgar. Jalouse de la première productrice à croire réellement en leur projet de musique. Jalouse d'une femme qui n'avait rien demandé.
Quelle copine ingrate je faisais.
Je le voulais pour moi toute seule alors que je lui imposais inconsciemment d'accepter les personnes autour de moi.
— T'es sûre que ça va, ma poule ? me questionna Elisa alors qu'on se rapprochait de la table.
A force de regarder mes pieds, je venais de foncer dans une nana, lui renversant au passage la moitié de son verre sur elle.
Elisa lui baragouina des excuses à peine perceptibles tant mes pensées débordaient de ma tête.
— Madeline, regarde-moi, enfin !
Ma copine venait de me tirer brutalement le bras, me sortant considérablement de ma léthargie.
— Excuse-moi, je suis bourrée et crevée.
Et c'était le cas. Mes jambes ressemblaient de plus en plus à du coton et ma tête menaçait toujours d'exploser à tout moment.
— Je connais ce regard et cette tête, Madeline. Tout va bien, me rassura-t-elle. Il est là, il t'attend. Regarde.
Romy était partie. Noé était installé en face d'Edgar, et leur différent semblait s'être évaporé à les voir sourire et parler ensemble. Le tableau me plaisait mais je n'arrivais plus à me réjouir.
Mon démon avait refait surface, s'insinuant à travers mes pores, me tirant vers un enfer que j'avais trop connu et dont je pensais m'être échappée. Foutu alcool qui me désinhibait un peu trop et pas de la manière que je voulais.
Ça faisait un moment qu'Elisa ne m'avait pas regardé comme elle était en train de le faire. Je lui en avais vraiment fait baver pendant cinq mois et j'eu la terrible sensation d'avoir fait un bond en arrière.
— Je sais, mais je n'y arrive plus pour ce soir. Si je reste, je vais me détester.
En arrivant à table, Noé vit tout de suite que quelque chose me tracassait.
— Ça va, Madeline ? Tu te sens bien ? me demanda ce dernier.
A ces mots, Edgar releva le menton dans ma direction et se leva.
— Je veux partir, je suis fatiguée, lui répondis-je en baillant à moitié.
— Déjà ? lança Edgar.
— T'inquiète, on va rentrer, me rassura Noé.
— Je... Je vais vous... Je vais rentrer aussi... bégaya Edgar en passant sa main dans les cheveux.
— Non, reste. Tu t'amuses bien, on se voit demain.
Il me poussa légèrement sur le côté de la table pour me parler plus près.
— T'es sûre que tu veux partir ?
— Oui, c'est mieux comme ça, je veux être en forme pour demain.
— Bon, ok. On se voit demain alors.
Edgar me prit la main et m'embrassa. Sa langue essaya d'ouvrir mes lèvres mais je les gardai scellées.
Je lui en voulais pour une situation dont il n'était pas forcément responsable, c'était pathétique, mais je n'arrivais pas à faire semblant.
— Tu viens Noé ?
— Je te suis.
Mon meilleur ami m'emboita le pas et nous sortîmes de la boite.
A peine dans le taxi hélé quelques minutes plus tôt, je fondis en larmes.
— Qu'est-ce qu'il y a ? Je sentais bien que ça n'allait pas, me questionna mon ami, l'air inquiet.
— Rien, en plus. J'ai juste trop bu et je me fais tout un tas de films dans ma tête, lui dis-je entre deux larmes.
J'étais vraiment nulle.
— Viens là, m'intima Noé en m'attrapant par les épaules et en me calant contre la sienne.
— Pourquoi tu pleures ? T'as aucune raison de pleurer.
— Je sais. Je ne sais pas... reniflais-je. Je crois qu'il y a la pression de la journée qui retombe aussi.
— Tu étais si angoissée que ça ?
— Je... Tu ne te rends pas compte à quel point c'était important pour moi, cette rencontre. Il a un peu tout gâché cet après-midi, et ce soir n'en parlons même pas.
— Ouais, faut l'apprivoiser ton mec, mais au fond il n'a d'yeux que pour toi, j'espère que tu t'en rends compte de ça.
— Je sais... Je m'angoisse pour rien. Son futur me fait peur, Romy me fait peur, la place qu'il va m'accorder dans sa vie par la suite me fait peur...
— Essaye un peu de vivre l'instant présent, Mad. Romy, de ce que j'en ai vu, n'est pas là pour te faire de l'ombre, elle a parlé business tout du long avec les garçons.
— Alors ça y est ? Il t'a contaminé avec ce surnom un peu con ? lui demandais-je en me détendant.
— Ouais j'aime bien. Je suis même déçu de ne pas y avoir pensé en premier !
Il me caressait doucement l'avant-bras avec son pouce.
— Franchement, tu ne devrais pas t'inquiéter.
— Je sais. Chassez le naturel, il revient au galop... Je suis beaucoup trop émotive.
— Non, t'es juste une nana follement amoureuse d'un mec un peu torturé, c'est tout.
— C'est pas évident.
— Je sais, Madeline, mais je suis là pour t'aider, moi.
— Et heureusement que tu es là mon Noé.
— On est arrivés les jeunes, lança le chauffeur à l'avant qui n'avait rien raté de cette discussion pathétique. Ils devaient en avoir des histoires à raconter autour d'eux, les chauffeurs.
Noé insista pour payer et nous montâmes chez moi.
Edgar :Je sens que j'ai fait un truc qui ne va pas. Je suis désolé. Love, E.
J'avais reçu ce message dans le taxi et le relisais sans cesse.
Non Edgar, tu n'avais rien fait de mal. Tout se passait dans ma tête. Le petit train de l'enfer dans lequel tu m'avais plongée il y a quelques mois était revenu me chercher cette nuit. Sans que tu le veuille, sans que je le décide. Mais ça irait mieux demain, comme toujours.
Bien évidemment je ne lui avais pas répondu ça. Je ne lui avais pas répondu tout court. Morphée ne s'était pas fait prier et Noé comme moi, nous étions endormis dans ses bras.
Il était midi quand j'ouvris un premier œil. Noé dormait encore, avec l'oreiller sur sa tête. Je consultais mon téléphone et avais reçu un nouveau message d'Edgar.
Edgar :T'es réveillée, beauté ? On se donne rendez-vous là-bas à 14h. Métro La Villette.
Il m'avait envoyé le message il y a déjà une bonne heure. Il n'avait pas du beaucoup dormir encore.
Moi :A l'instant. On se réveille doucement et on se prépare. A tout à l'heure...
Edgar :J'ai envie de te voir. J'aime pas comment tu es partie hier.
Moi :J'étais juste fatiguée.
Edgar :Et t'es bizarre quand même...
Moi :On se voit tout à l'heure.
Moi :<3
J'avais rajouté un cœur dans un autre message pour ne pas paraître trop dure. Je ne savais même pas pourquoi je lui faisais la tête, mais ma conscience me dictait de continuer encore un peu à lui en vouloir.
— Noé, réveille-toi ! On doit se préparer.
— Il est quelle heure ? me demanda-il la voix ensommeillée.
— Midi passé. Je vais prendre une douche.
— T'es toujours comme ça le matin ?
— Comment ?
— T'es excitée là !
— Pas du tout... On a une bonne après-midi qui nous attend. Et c'est plus le matin.
En vrai, j'avais hâte de retrouver Edgar, cette situation que je m'infligeais seule était pesante.
— Dépêche-toi de te préparer alors, me cria Noé en me jetant un coussin dans la tête.
— Tu vas le regretter ! lui répondis-je en lui relançant l'objet avant de m'enfermer dans la salle de bain.
— Petite joueuse ! l'entendis-je crier à travers la porte.
A quatorze heure quinze, nous étions sur le quai de la Seine à la Villette. Edgar, Théo et Elisa étaient assis dans l'herbe à côté de l'entreprise de location.
— Ah ! On a cru que vous n'alliez jamais arriver ! lança Elisa.
— Désolée, c'était pas si facile de trouver ! m'excusais-je. Et il n'est pas très aidant...
Je pointais Noé du doigt, amusée par ma propre vanne.
— C'est canon comme endroit ! s'extasia mon meilleur ami qui commençait à prendre des photos du lieu.
Après avoir dit bonjour à mes amis, je me baissais au niveau d'Edgar pour le saluer. Son teint pâle et ses lunettes de soleil sur le nez trahissaient la petite nuit qu'il venait de passer.
— Salut... commençais-je.
— Salut.
Il toucha mon nez du bout du doigt et m'arracha un sourire.
Je m'avançais pour l'embrasser tandis qu'il m'attrapa par les hanches pour me faire basculer dans l'herbe à côté de lui, sous les rires de mes amis.
Son nez dans mon cou et ses bras autour de ma poitrine, j'étais piégée contre son corps musclé.
— Je sais pourquoi tu me fais la tête, chuchota-t-il.
J'essayais de le regarder avec une pointe d'étonnement malgré ma position inconfortable.
— Je t'aime Mad. Romy est juste là pour nous aider, le groupe, pas moi précisément, continua-t-il sur le même ton.
— Je ne fais pas la tête...
— Mais quelle menteuse ! T'es partie comme une voleuse hier, t'as même pas voulu m'embrasser, argumenta-t-il en collant ses lèvres contre mon cou.
— Bon ca y est ? Vous êtes rabibochés ? nous demanda Elisa impatiente. Ils font quoi les autres ?
Je lui lançais un regard noir qu'elle évita.
— David vient de m'envoyer un message, il arrive, lui répondit Théo.
— Il manque que Matt ? Au pire on reviendra le chercher sur le quai, non ?
— Je mets ma main à couper que Matt viendra pas, lança Edgar.
— On lance les paris ? questionna Théo hilare.
— J'ai essayé de l'appeler y'a cinq minutes, il n'a pas décroché. Il a dû rentrer avec la brune d'hier à mon avis, je suis du même avis qu'Edgar, désolée chéri ! rétorqua Elisa.
Edgar m'avait libéré de son étreinte et s'était légèrement redressé, me calant entre ses jambes, sous le regard tendre de Noé qui essayait clairement de me faire comprendre qu'il avait raison.
Qu'est-ce que je pouvais être stupide parfois...
Je levais les yeux au ciel et me positionnais plus confortablement dans les bras de mon amoureux.
Comment pouvais-je encore douter de la sincérité d'Edgar après toutes les déclarations qu'il m'avait fait ?
— Bah alors, on le loue ce bateau ou pas ? cria David à l'autre bout du parc.
Nous nous levâmes d'un coup et partîmes en direction du quai.
Les garçons avaient ramené des bières fraiches dans leur sac à dos et comme Edgar avait dormi chez notre couple d'ami, il avait récupéré sa guitare. L'après-midi s'annonçait plaisante. Nous prîmes la formule trois heures nous faisant sortir du bassin de la Villette vers le Canal de l'Ourq. C'était un coin de Paris que je ne connaissais pas du tout. Quel meilleur moyen de découvrir le quartier que par la Seine ?
Une fois les consignes de sécurité assimilées, nous firent cap vers le nord pour sortir du Bassin.
Noé nous mitraillait avec son appareil photo tandis qu'Edgar était concentré sur le pilotage du bateau électrique.
— Bon, Matt ne vient pas, il est encore au pieu, nous annonça Théo.
— Ça tombe bien, on ne l'a pas attendu ! lui répondit Edgar tout sourire.
Ce visage, même fatigué, je ne pourrais jamais m'en lasser. Je ne voulais pas perdre tout ça, c'était inconcevable.
J'arrêtais de dévisager mon copain et me concentrais sur le paysage.
— Là, c'est la Rotonde Ledoux, nous expliqua Edgar.
J'observais ce bâtiment majestueux du dix-huitième siècle tandis qu'il continuait ses explications.
— C'est un restaurant et une galerie d'art maintenant.
Noé était subjugué par la beauté du lieu et s'exprimait en onomatopées depuis quelques minutes.
— On va bientôt arriver au Parc de la Villette et j'vous montrerai la Géode et les grands moulins de Pantin, continua-t-il.
— Dis donc, c'est qu'il fait ça bien, le salaud, intervint David.
— Je t'emmerde. Ils connaissent pas, lui répondit-il en nous pointant de la main.
— Non mais j'ai rien dit, c'est plaisant d'avoir un petit guide.
Pour toute réponse, Edgar lui montra son plus grand doigt et continua à naviguer.
Nous arrivâmes au parc des expositions de la Villette après avoir franchi un pont levant, Le tout dernier de ce genre à Paris nous avait expliqué Théo, puis Edgar avait renchéri en nous informant que le lieu était classé aux monuments historiques.
Edgar était vraiment calé sur sa ville. Je l'avais remarqué il y a quelques semaines quand il m'avait emmené à Montmartre. Il avait toujours la petite anecdote sur un lieu typique.
Le soleil dorait nos peaux, rendait l'herbe autour de nous plus verte et se reflétait dans la somptueuse Géode en verre qui grandissait à mesure que nous approchions.
— Tu veux piloter ? me demanda Edgar, un petit sourire au coin des lèvres.
— Je ne sais pas piloter ça, moi ! m'écriais-je un peu catastrophée.
— Je serai derrière toi, t'inquiète pas.
Je me levais peu sereine et me rapprochais du volant du bateau.
Edgar me cala juste devant lui, sans perdre le cap. Je pouvais sentir son souffle sur la peau frêle de mon cou tandis qu'il me donnait quelques ordres pour tenir la barre.
Ses mains sur les miennes, il m'aidait à nous diriger jusqu'à trouver un petit spot sympa où amarrer le bateau. Il fit sa manœuvre toujours derrière moi tandis que je jubilais. J'avais tendance à oublier que nous n'étions pas seuls quand Edgar était aussi proche de moi. A peine amarré, il m'embrassa délicatement le cou tandis que sa main attrapa ma hanche pour me retourner face à lui.
Noé était trop occupé à prendre des photos et les trois autres dormaient presque à l'avant du bateau, bercés par les mouvements de l'eau.
Tous les deux à l'arrière, Edgar jouait avec la couture de ma robe légère, remontant doucement le tissu fin le long de ma cuisse.
— Arrête, pas ici ! lui chuchotais-je.
— Que veux-tu, tu me manques et tu dors avec un autre mec que moi en ce moment. Je suis au max de la frustration...
Il lâcha ma robe et attrapa ma main, la faisant effleurer son désir frustré.
— Hey, Edgar, tu nous joue un morceau ? demanda Noé innocemment en pointant l'étui à côté de nous.
Ce dernier se racla la gorge et me relâcha brutalement.
— Hum, oui, si tu veux.
Je ris nerveusement en rougissant à vue d'œil tout en prenant place sur la banquette arrière à côté de lui. Noé se rapprocha comme il pouvait et Edgar sorti sa guitare.
— Vous voulez quoi ?
— Joue nous tes démos, j'en connais une qui va adorer, lança Théo affalé sur le pont du petit bateau, sous les ricanements de David en train de distribuer des bières à qui voulait.
— Ok...
Je le vois souffler un grand coup avant de gratter les premières cordes de sa guitare. Il n'ose même pas me regarder quand il entonne les premières paroles de sa chanson et pourtant, je suis captivée par sa voix, sa façon qu'il a de tenir sa guitare, son texte.
Il chante notre rencontre, sa difficulté à me résister, notre premier baiser, cette relation en dent de scie, sa vie à Londres, ses sœurs, sa peur de revenir, son envie de me retrouver. Il enchaine les titres sous un silence apaisant. Mon cœur battait la chamade et personne n'osait trop quoi dire, si ce n'est applaudir entre chaque morceau.
Il finit par me regarder pour la dernière chanson, celle qui parlait de l'après, d'un futur incertain pour lequel il était prêt à se battre et je me liquéfiais.
— Alors ? me demanda-t-il.
Tous les regards se braquèrent sur moi... Comme s'il avait besoin de mon aval pour chanter ses textes ! Je bu une gorgée de bière fraiche et essayais de formuler une réponse tout en retenant les larmes qui menaçaient de déborder de mes yeux. Qu'est-ce que je disais ? Trop émotive...
— C'est... C'est beau. J'aime beaucoup.
— Bon ce sera un peu plus rock sur scène, hum, intervint Théo. Parce que là sinon, on se tire une balle.
Elisa lui donna un coup dans les côtes pour le rappeler à l'ordre et Edgar rigola en baissant la tête vers sa guitare.
Noé le félicita puis s'installa à côté de David. Je le soupçonnais d'être intéressé par le garçon mais connaissant ce dernier, je doutais qu'il ait des chances.
— T'as bien aimé ? Sérieusement ? me demanda Edgar peu sûr de lui.
Je lui pris la guitare des mains et la posais derrière moi. Je me plaçais dans ses bras à la place de l'instrument et calais ma tête sur son épaule.
— Ce sont les plus belles chansons que je n'ai jamais entendues, lui annonçais-je en l'embrassant dans le cou.
Il attrapa mon menton et m'embrassa délicatement.
— Dors avec moi ce soir.
— Je ne peux pas laisser Noé tout seul, Edgar...
— T'as pas envie de moi ?
— Ne me fait pas dire ce que je n'ai pas dit ! lui répondis-je en attrapant ses joues, serrant doucement sa bouche entre mes doigts.
Je rigolais face à sa tête, renversant la mienne en arrière.
— Arrête de me chauffer aussi...
— Ce n'est pas de ma faute si tu ne sais pas te contrôler...
Il attrapa l'arrière de mon cou et rapprocha ses lèvres de mon oreille.
— Tu ne sais pas ce que je pourrais te faire ...
Il se releva d'un bond, me laissant pantelante sur la banquette.
— Théo, prend la barre, faut rentrer.
— Mec, j'suis fatigué !
— J'ai dormi autant que toi, allez. Je ne vais pas être le seul à piloter.
— Allez donne-moi la barre.
— Je peux piloter, intervinrent David et Noé en même temps.
Ils rigolèrent et prirent nos places à l'arrière du bateau. Ils avaient l'air de plutôt bien s'entendre finalement...
Edgar m'aida à remonter sur le quai et nous prîmes la direction du métro. On se quittait une trentaine de minutes plus tard, quand j'arrivais à mon arrêt.
— Noé, c'était un plaisir, le salua Edgar. Et toi, je t'appelle...
Il embrassa la paume de ma main tandis que la porte sonnait pour se refermer.
Noé n'avait pas parlé depuis qu'on était rentrés.
— T'es bizarre, qu'est-ce qu'il y a ?
— Rien.
— Crache le morceau... insistais-je.
— Le prend pas mal hein... Tu vas le prendre mal, je le sens.
— Putain Noé, crache le morceau, m'impatientais-je.
— C'est que... Euh... Comment dire ça ?
Je tapais nerveusement du pied, ne sachant pas où il voulait en venir.
— David m'a proposé qu'on se voit ce soir. Et j'ai plus ou moins accepté.
WHAT ? J'écarquillais les yeux, cherchant la faille, la vanne, mais rien. Il était extrêmement sincère.
— Tu vois tu parles plus, tu m'en veux. Je sais que tu voulais qu'on passe du temps ensemble, mais il est vraiment pas mal ... Enfin... Tu vois ?
— Mais t'es grave toi ! Fonce, tu rigoles, ou quoi ? lui répondis-je encore choquée de sa révélation.
Sur ces bonnes paroles, je sortais mon téléphone et envoyais un message à la personne qui occupais tout mon esprit.
Moi :Tu ne devineras jamais ce que je vais te raconter.
Edgar :Quoi ? Que David a proposé à Noé de le voir ce soir ? Déjà au courant ma belle.
Je pestais dans mon coin. Etais-je donc toujours la dernière à être au courant des histoires dans le groupe ?
Moi :... Tu sais tout, c'en est frustrant. Du coup je suis prête à voir ce que tu pourrais me faire...
Edgar :Je débarque dès qu'il part... :P
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Et voilà un nouveau chapitre bien comme il faut ! J'ai mis du temps à le pondre celui là, mais je suis plutôt contente de la tournure qu'il prend.
Alors vos impressions ? :)
Il reste sûrement des fautes, n'hésitez pas à me les notifier.. J'ai passé tellement de temps sur ce chapitre que je ne vois plus rien.
Je vous aime trop <3
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