Chapitre 12 - Madeline
La douceur de mes draps m'enveloppait et me gardait au chaud, au fond de mon lit. Je m'étirai en me contorsionnant de tous les côtés lorsque mon bras buta sur un corps à mes côtés. Dans mon lit. J'avais encore les yeux fermés, mais je savais par l'odeur fraiche de ma lessive que j'étais réellement chez moi, ce qui m'arracha un sourire bref.
— Arrête de bouger, un peu !
Cette voix reconnaissable entre toutes, mon sang ne fit qu'un tour. Mon sourire disparut aussi vite qu'il était arrivé.
Son bras vint s'abattre sur ma poitrine, me rapprochant de son corps chaud. Enfermée entre ses muscles saillants, j'étais comme pétrifiée.
— Oh Madeline, j'ai tellement envie de te faire l'amour. Là, tout de suite.
Son souffle chaud au creux de mon cou me raidit d'avantage tandis que sa main dévalait mon corps jusqu'à mon entre-jambe.
Non, je ne pouvais pas. Pas comme ça, on n'avait pas encore eu l'occasion de parler. Je ne pouvais pas m'offrir à lui avec tant de facilité !
— Je te hais, Madeline, me susurra-t-il dans mon oreille.
Quoi ? Et pourquoi j'étais incapable de lâcher un mot ?
Ses doigts s'affairaient à me rendre moite tandis que de grosses gouttes de sueurs perlaient sur mon front et l'arrière de mon cou.
— Qu'est-ce qu'il y à, Madeline ? Tu ne veux pas de moi ?
Je me réveillai en sursaut dans un soupir douloureux.
—Oh non ! NON... non, non, non, non, non...
Me frottant ardemment les yeux, je tâtai la place à côté de moi... vide. Ouf, c'était un rêve. Enfin... non. Pas tout ce qui défilait dans ma tête.
La bonne nouvelle : j'étais dans mon lit.
La mauvaise : Julia m'avait drogué hier soir et j'avais embrassé Edgar. Et un autre gars... devant Edgar. Je frissonnai.
Je m'assis difficilement sur mon lit et ressassât la soirée, la tête entre mes mains. Etonnement j'avais des souvenirs assez clairs de ce qu'il s'était passé, par contre j'aurai peut-être préféré ne pas m'en rappeler.
Je rejetai toutes ces mauvaises pensées et me levai. Etaient-elles si mauvaises ? N'avais-je pas eu les papillons dans le ventre et un courant électrique se frayant dans ma cage thoracique ? N'avais-je pas eu l'impression de reprendre un souffle après avoir passé trop de temps sous l'eau ? N'avais-je pas été soulagée de le voir arriver à cette soirée ?
NON.
Je me dirigeai vers la cafetière pour me préparer un café bien noir. Peu m'importait qu'il soit déjà quinze heures et que mon ventre criait famine. Je sautai sous la douche le temps que mon café ne se filtre pour essayer de chasser encore et encore, les souvenirs d'hier.
Mon ventre se tordit de douleur. Je n'avais encore jamais expérimenté ce genre de gueule de bois et je ne la souhaitais à personne. Sur ce j'envoyai un message à Julia pour lui exposer mon point de vue sur ses agissements de la veille.
« Julia, ce que tu m'as fait hier était juste horrible et nul. J'aurais préféré que tu m'en parles pour que je sois pleinement consciente de ce que tu m'as donné. » Non, c'était nul et pathétique. J'aurais l'air de quoi encore ?
J'effaçais le message et appelai Noé qui répondit à la deuxième sonnerie.
— Noé, mon chat, comment tu vas ?
— Ça fait des jours que j'essaie de t'appeler !
— J'étais en examens ! Il fallait vraiment que je me concentre, et pour infos, ça a marché ! Je pense que j'aurais mon année.
— Bon... C'est une bonne excuse, dirons-nous. Qu'est-ce que tu me racontes de beau ?
— J'ai besoin de conseils. Hier soir... Il y avait cette soirée. Et Edgar est arrivé. Sauf que Julia avait mis un exta dans mon verre.
— Putain, Madeline ! Je t'ai déjà dit que Julia n'était vraiment pas une bonne relation pour toi, s'emporta-t-il. Attend, quoi ? Edgar est rentré ?
Avec tout ça, j'avais complétement oublié de prévenir Noé !
— Oui, ça fait une bonne semaine dé...
— Tu te fous de ma gueule ?! s'emporta-t-il, hilare, mais que je savais en colère. Ça fait une semaine qu'il est rentré et tu ne me le dis que maintenant ?
— Comme je te l'ai dit, j'avais autre chose à penser...
— Comment ça, autre chose à penser ? Je veux tout savoir !
Depuis que j'avais fait écouter le travail musical d'Edgar à Noé, c'était tout juste s'il n'avait pas créé l'hashtag #TeamEdgar sur les réseaux.
Et c'était bien pour ça que je ne l'avais pas appelé avant, finalement. Je savais qu'il allait m'embrouiller avant de finir mon année, mais il était primordial que je passe en deuxième.
— Madeline, tes soirées sont complètement barrées ! commenta-t-il après lui avoir détaillé tout ce dont je me souvenais de la soirée.
— Je sais, je suis un peu dépitée. J'ai beaucoup trop de choses en tête, lui annonçais-je en m'allongeant à nouveau dans mon lit.
— Qu'est-ce qui te tracasse autant ?
— J'ai juste... J'ai l'impression d'avoir changé. Hier, quand... je l'ai vu, tu ne pourrais pas t'imaginer ce que ça m'a fait. J'ai eu l'impression d'être transportée par toute les émotions. La joie. La colère. J'avais envie de le gifler mais je l'ai embrassé. Et ce baiser, était... wahou ! Je n'ai même pas les mots pour te le décrire. C'est comme si mes pieds s'étaient décollés du sol, et que je volais ! Tu vois ce que je veux dire ?
— Ça, Madeline, c'était la drogue !
Puis nous partîmes dans un fou rire.
— Blague à part, Madeline, fais attention avec Julia et prend ton temps avec Edgar. Et c'est moi qui te le dit ! Vous avez besoin de réapprendre à vous connaître. Ou d'apprendre à vous connaître, tout simplement, d'ailleurs.
— Oui, j'ai l'impression que tout ce qu'on a vécu était faux. C'est ça qui m'avait fait le plus mal. Et là, ça me revient dans la gueule depuis que je suis réveillée.
— Je sais ma belle. Mais ne ressassons pas le passé. Concentrons-nous sur le moment présent. Je n'ai qu'un conseil, fais-le mijoter un peu, les gars adorent ça !
J'en avais presque oublié que Noé était devenu un spécialiste de la gente masculine ! Il avait déjà retrouvé un autre mec, car ça n'avait finalement pas marché avec Martin et il avait visiblement beaucoup plus de succès avec les garçons en ce moment.
— Fais sortir la lionne qui est en toi ! continua-t-il alors que j'étais prise dans mes pensées. Ton caractère a changé depuis quelques mois, tu dévoiles de plus en plus la femme qui est en toi.
Je pouffais de rire à l'entendre dire ce genre de sottises.
— On est plus des gamins et ça fait peur de voir à quel point le temps passe vite, continua-t-il.
— Je sais. Et puis il y a Max...
— Quoi, Max ? Ne me fais pas croire que tu commences à avoir des sentiments pour lui !
— Non, mais je me sens redevable, ça craint.
— Il ne va pas non plus te forcer à sortir avec lui, Madeline ! Et tu ne vas pas te mettre avec lui, juste à cause d'un putain d'égo. Je sais que ce n'est pas lui que tu as en tête.
— Noé... J'y étais presque arrivée. A ... l'oublier.
— Je sais ma poupée. Reste à savoir ce que tu vas faire. L'oublier pour de bon ou le remplacer par un gars qui te fais ni chaud ni froid.
— Oh putain ! m'écriais-je d'un coup.
— Quoi ?
— Il vient de m'envoyer un message, soufflais-je, le cœur battant.
— Bah alors, il dit quoi ? me demanda-t-il, impatient.
— Il me demande si je suis bien rentrée hier, enfin... ce matin. Et il me dit qu'il veut qu'on parle.
— Oh. My. God, cria Noé, beaucoup plus excité que moi.
— Je lui répond quoi ?
— Déjà, tu attends ce soir avant de lui répondre. Après, tu vois en fonction de ce que tu veux, toi.
— La question est de savoir ce que je veux, moi, répétais-je, pensive.
— Prends le temps de réfléchir. De toute façon, je sais que tu prendras la bonne décision.
Ça faisait déjà une heure que j'étais au téléphone avec Noé. Je raccrochai après quelques nouvelles futilités et ouvrai mon frigo. Je sortis un pot de fromage frais que j'étalais goulument sur deux tranches de pain de mie et les avalaient en un rien de temps.
Je finis mon après-midi dans mon lit devant ma nouvelle série du moment, essayant de ne pas prêter attention à mon téléphone. Mais il finit par biper et je ne pu m'empêcher d'y jeter un oeil.
Elisa: Alors, cette soirée ? Btw*, Edgar est comme un fou que tu ne lui aies toujours pas répondu.
Je relus le message d'Elisa trois fois puis lui répondis, impatiente d'en savoir plus.
Moi: Comment tu sais qu'il m'a envoyé un message ?
Sa réponse ne s'était pas faite attendre.
Elisa: Il vit chez nous depuis qu'il est rentré...
Alors là, j'étais sur le cul. Elle aurait pu me dire qu'il habitait avec eux depuis une semaine !
Elisa: Tu sais, maintenant qu'on a un appart plus grand et un canapé lit, il squatte, parce qu'il n'a pas envie de voir sa mère...
Elle avait enchainé ses messages avant que je ne puisse répondre.
Elisa: Et je ne voulais pas te contrarier pendant les exams. Je sais à quel point c'était important pour toi que tu réussisses.
Je me lançais à mon tour.
Moi: J'ai le droit de le faire mijoter un peu quand même. Suis fâchée que tu ne me l'aies pas dit mais je suis contente en même temps de ne pas l'avoir su avant. Tu lui as dit qu'on avait vu sa mère, il y a quelques semaines ?
Elisa: Non, t'es folle ! J'aurais jamais pu lui expliquer ce moment.
Moi: Je ne sais pas quoi lui répondre ...
Elisa: C'est pas toi qui cherche à avoir des réponses depuis des mois et des mois ? ...
Moi: Tu as raison... Je te raconterai la soirée plus tard. J'imagine que tu as déjà eu un bel aperçu, du coup...
Je regardai l'heure, il était déjà vingt heures et le soleil était encore haut dans le ciel. Le mois de juin colorait la terre de sa lumière jusque tard et c'était agréable de regarder la ville par ma fenêtre.
J'avais encore besoin de réfléchir.
Alors que j'enfilais mes affaires de sport, je reçus la dernière réponse d'Elisa.
Elisa: Je ne te le fais pas dire ! Hâte d'avoir ta version ...
Ecouteurs vissés sur les oreilles et baskets lassées, bien serrées, je dévalai mes escaliers. Courir avait été très libérateur depuis ces derniers mois et c'était sans peine que je rejoignis le parc Monceau. Je me faufilai parmi les coureurs et effectuai une dizaine de tour de parc. Une heure et demi plus tard, je m'étirai, rouge écarlate et pleine de sueur mais j'étais revigorée. J'avais transpiré tout l'alcool ingurgité la veille et pouvais rentrer chez moi sereine.
Après une douche bien chaude et mon pyjama d'été enfilé, je redonnai un peu d'intérêt à mon téléphone.
Moi: Edgar, je suis bien rentrée, je te remercie. Merci pour le Uber, mais tu n'étais pas obligé. Je te rembourserai.
(Oui, ça faisait partie des flashs de ma matinée.)
Pour ce qui est de parler, je suis d'accord. Je suis en vacances pendant une semaine avant de commencer à travailler. Nous aurons surement l'occasion de se voir. Passe une bonne soirée, M.
Clair et concis.
J'avalai ma soupe devant un nouvel épisode des Aventures de Sabrina sans attendre de réponse particulière. Mais mon téléphone bipa après une dizaine de minutes.
Edgar: Ok, va pour cette semaine. J'ai beaucoup de choses à te dire. Je t'enverrai un message pour connaître tes disponibilités. Je te souhaite une bonne soirée, E. »
Je reconnus là, la patte d'Elisa et souris à voir les efforts que cela devait lui prendre de lui demander conseil.
J'envoyai un message à Elisa dans la minute suivante auquel elle me répondit d'un clin d'œil. Je le savais.
Je me couchai tôt et le cœur plus léger que ce matin. J'avais les armes de mon côté et je comptais bien en profiter un peu.
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*BTW: By the way: équivalent de "Au fait" en anglais
Salut les <3
Nouveau chapitre du point de vue de Madeline. Bon c'est pas l'éclate dans sa tête, elle va peser le pour et le contre pendant un moment.
Pas de grandes révélations dans ce chapitre, mais il nous aide à avancer dans l'histoire.
Bonne soirée <3
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