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Chapitre 3 (partie 1)

Route de Therebia, Royaume d'Aon, Terres Laukares

Sursautant comme s'il n'aurait pas dû se rendormir, Kerian ouvrit les yeux sur la petite chambre de l'auberge dans laquelle il était arrivé à peine quelques heures plus tôt. Encore une fois, ses Rêves l'avaient empêché de profiter des bienfaits du sommeil, et encore une fois, comme trop souvent à son goût depuis quelques semaines, il avait revu Therebia.

Non pas que d'avoir des nouvelles de son foyer d'adoption le dérangeait, mais en l'état actuel des choses, il ne pouvait que s'inquiéter pour la cité et ses habitants.

Car cette fois-ci, il y avait vu une ombre.

Elle rôdait dans l'enceinte de la ville, cachée, comme attendant le moment propice pour se dévoiler. Il avait déjà ressenti sa présence auparavant, mais pas depuis des années, et jamais avec une telle intensité.

Il avait fait part à Tarkin de son appréhension dans sa dernière lettre, mais quel rapport cette ombre avait-elle avec ce qui se tramait chez eux ?

Ces derniers jours, ses Rêves s'étaient faits de plus en plus intenses, voir, pressants, et c'est ce qui avait fini par le pousser à quitter le village dont il était devenu le guide spirituel depuis quelques années pour rentrer au chef-lieu de l'Ordre.

Il était encore très tôt et il aurait aimé manger un repas chaud avant son départ, mais il devrait compter sur ses dernières provisions. Cependant, le papillonnement qu'il ressentait dans son estomac n'avait rien à voir avec la faim.

Il lui restait un peu plus d'une demi-journée de voyage avant d'atteindre Therebia la Grise, aussi se consola-t-il en se disant que plus vite il serait parti d'ici, plus vite il serait arrivé. Heureusement, il avait payé l'aubergiste la veille, se doutant qu'il ne s'éterniserait pas. Il ne perdrait donc pas de temps avec cela.

Saisissant son sac de voyage, il quitta la pièce exiguë pour descendre dans la salle commune le plus discrètement possible et accéder aux écuries. Dès qu'il eut mis un pied dehors, il fut saisi par la fraîcheur de l'aube, mais il réprima les frissons qui le saisirent et se dirigea vers l'endroit où il avait laissé son cheval en arrivant.

Le sellant rapidement, il fut bientôt sur la route, laissant derrière lui la petite bourgade dont il n'avait pas retenu le nom, ses pensées fixées sur son but. Il était maintenant seul, au milieu d'un paysage silencieux dans lequel chacun des pas que faisait sa monture résonnait comme une multitude de cloches que l'on sonnait, meublant le silence qui s'était installé avec l'arrivée de l'aurore.

Le soleil ne tarda pas à se lever, ses rayons apportant au cavalier un peu de chaleur qu'il accueilli avec bonheur et réconfort. L'air glacé par la nuit s'emplissait maintenant des parfums de la végétation et de la rosée du matin.

Dans cette région des Terres Laukares les plus éloignées de la mer, l'automne tardait à venir, la nature profitant des vents chauds venant des Terres Suebenes situées à l'ouest. Néanmoins, les nuits étaient fraiches, typiques de ces régions arides et n'étaient pas sans rappeler à Kerian son village d'origine.

L'astre du jour avait à peine dépassé son apogée lorsqu'il aperçut pour la première fois les flèches des tours de la cité grise. Elles apparaissaient maintenant au hasard des détours que le Manipulateur faisait à travers les collines. Il n'était plus très loin de la ville, mais il aurait encore quelques heures de voyage pour atteindre ses portes.

Une fois arrivé, sa première action fut de se rendre au temple de Sinam, le Dieu protecteur des peuples Suebens, pour aller présenter ses respects à son Guide.

Tout comme son Maître Manipulateur l'avait guidé concernant le monde extérieur, le Guide du temple de Sinam avait été son maître spirituel durant ses années d'études, et c'était aussi sur ses conseils que le Sueben avait pris la décision de le devenir à son tour. Ceci mis à part, cela faisait également un petit moment qu'il n'avait plus mis les pieds en ce lieu et il lui tardait de revoir une des personnes les plus importantes de son existence.

Ce temple se trouvait à l'ouest de la cité et dénotait autant par son architecture que par sa coloration : alors que le reste des bâtiments avoisinant étaient de nuances de gris, celui-ci était d'un blanc éclatant relevé de touches de couleurs apportées par les différentes tentures, voilages et drapeaux qui y étaient accrochés.

Tandis qu'il n'en était plus qu'à quelques mètres, Kerian put enfin sentir l'odeur de l'encens qui y brûlait continuellement, ses fragrances boisées lui apportant un sentiment d'apaisement qu'il n'avait pas ressenti depuis longtemps.

Il était enfin de retour chez lui.

Laissant son cheval à un abreuvoir, il prit ses affaires et gravit la volée de marches qui menait à l'entrée principale du temple qu'il franchit sans aucune hésitation.

À présent, les chants des fidèles qui priaient lui parvenaient distinctement et il se laissa guider par elles.

Soulevant sa toge bleu nuit, il avança sans bruit parmi les colonnades blanches entre lesquelles flottaient de longs voiles aux couleurs des éléments et préceptes de la pensée de ceux de son peuple. Ses sandales ne produisaient aucun son sur le sol de pierre noire.

Il leva finalement les yeux pour contempler le plafond doré, symbole de son Dieu, Sinam, et se recueillit quelques instants.

– Kerian ak Torrmaa... je ne pensais pas que tu remettrais les pieds ici avant une cinquantaine d'années, dit alors une voix, le sortant de sa contemplation.

– Isleen ek Kalaam, répondit Kerian, un sourire se dessinant sur son visage quand il se tourna vers la femme qui venait de parler. Ou devrais-je dire, mon Guide... Je vous présente mes respects.

Ce sur quoi il s'inclina profondément.

– Que nous vaut ta présence ? reprit Isleen en le relevant. T'ennuies-tu déjà de ta vie ici ? À ton échelle, cela ne fait pourtant pas si longtemps que tu nous as quitté...

– Vingt-quatre ans, tout de même, précisa Kerian. Et même s'il est vrai que cet endroit me manque un peu, c'est une affaire urgente qui m'a poussé à revenir...

– Qu'a bien pu te révéler ton don de vision pour réussir à te faire quitter tes élèves et le désert ? questionna le Guide dont les rides au coin des yeux s'accentuèrent alors qu'elle posait sur lui un regard suspicieux. De quoi s'agit-il ?

– D'une ombre...

– Et dire que j'avais eu l'espoir que tu sois revenu pour me voir, soupira-t-elle en remettant en place sa toge bleue et rouge.

– J'aurai préféré que ce soit le cas, confessa Kerian, une teinte de regret sincère dans sa voix alors qu'il contemplait l'air désolé de la seule femme qu'il ait jamais aimé.

Cependant, même si cela lui coûtait, il ne pouvait s'attarder, aussi expliqua-t-il rapidement la situation à celle qui était à la tête de la congrégation des Suebens de Therebia. Elle n'était pas Apte, tout comme ceux dont elle avait la charge, néanmoins elle avait peut-être des renseignements à donner à son élève.

– Quelque chose d'inhabituel se serait-il produit ces derniers temps ? s'enquit celui-ci.

– Pas à ma connaissance, réfléchit Isleen. Quoi que, un de tes frère Arkhan est rentré il y a de cela quelques semaines. Tout le monde en parlait.

– Tarkin ? demanda Kerian, surpris.

– Non, il s'agissait du plus jeune, celui qui était parti au nord. Il a fait son entrée il y a un cycle, à peu près. J'ai entendu dire qu'il avait fait grande impression auprès du Conseil Restreint et pas seulement en bien...

Kerian était un peu désappointé. Il ajouta :

– Levias est donc de retour... C'est étrange, il n'apparaissait pas dans mes visions, et j'avais justement des choses à dire à mon Maître à son sujet...

– Cela signifie peut-être que la raison de ta présence ici ne le concerne en rien, souligna le Guide.

– Nous savons tous les deux que je ne crois pas aux coïncidences, c'est pourquoi je ne peux écarter aucune piste, surtout concernant cet enfant.

– Il n'a plus rien d'un enfant, Kerian. Beaucoup de temps a passé...

L'homme soupira devant la véracité des paroles de son Guide, se demandant quand celle-ci perdrait sa manie de souligner la moindre de ses mauvaises habitudes.

– Reviendras-tu me voir ? se risqua-t-elle.

– Aussitôt que j'en aurai terminé avec tout ça, promit-il.

Kerian la quitta donc pour se rendre à la citadelle et annoncer son retour à son supérieur direct, qui était également le chef de leur Branche, l'Arkhanör.

S'il n'avait été qu'un Novice ou un simple Maître, Kerian n'aurait pas eu à se formaliser de cette entrevue. Seulement, il avait une place au Conseil Restreint en tant que suppléant et devait maintenant aller rendre des comptes à propos de son absence prolongée.

Après avoir passé les portes du cœur de la cité, il se dirigea vers le bâtiment principal du monastère, siège de l'autorité de l'Ordre et entra donc dans l'édifice réservé à l'Arkhanör. Là, il se fit annoncer auprès du Haut Conseiller et chef de la Branche.

– Maître Nar, salua le Sueben en portant la main à son front quand il fut entré dans le bureau de ce dernier. Que la Source guide vos pas et vous éclaire.

L'homme était originaire des Terres Laukares et Kerian avait le souvenir d'un personnage bien portant, mais vif et affairé. Aussi fut-il surpris de voir que les rideaux étaient tirés et que planait dans la pièce une odeur de renfermé, rendant l'atmosphère presque lugubre.

– Kerian, répondit sobrement l'intéressé, la tête posée dans sa main. Il n'y a donc que la perspective de mon trépas qui puisse vous pousser à revenir ?

À ces mots, le Sueben se crispa. Il n'était certes pas en excellent termes avec Maître Nar, mais son sarcasme n'était pas chose commune.

– Que voulez-vous dire ?

Cependant, il n'eut pas besoin d'entendre la réponse pour noter le changement qui s'était opéré chez son supérieur. Ses yeux s'habituant à l'obscurité, il distingua ses joues creusées et son teint gris.

– À l'évidence, la vie m'abandonne, nota le Haut Conseiller. Dussè-je disparaître, ma place au Conseil Restreint vous reviendra.

– Vous savez pourtant que ce genre de poste ne m'intéresse pas, grogna presque Kerian sur la défensive. Que vous pensiez que je ne sois là que par appât du gain est insultant.

– Là n'était pas mon intention, concéda le Laukare. Mon amertume a parlé pour moi, veuillez m'en excuser.

– Ce n'est rien, balaya finalement Kerian. De quoi souffrez-vous ?

– Certains ont évidemment pensé que j'ai pu être empoisonné, comme beaucoup l'avaient été lors de la guerre d'émancipation des Khidalii. Mais rien n'indique que c'est le cas.

– En êtes-vous certain ?

– Vous connaissez le Conseil : dès qu'ils ont eu le moindre doute, ils ont pris toutes les précautions nécessaires. Il n'y a d'ailleurs que pour ce genre de menace que les différentes Branches tombent d'accord. Mon mal a beau être aussi sérieux que soudain, il n'en reste pas moins naturel : l'excès de bonne chair m'aura rattrapé. Mais là n'est pas la question. Vouliez-vous simplement me faire part de votre retour, ou avez-vous une autre requête ?

Revenant à ses propres préoccupations, Kerian lui exposa donc sa demande d'audience auprès du Chef de l'Ordre.

Le Haut Conseiller hésita à la lui accorder, mais à la lumière de sa condition, cette entrevue parût à Kerian d'autant plus urgente. Il insista donc et réussi à décrocher un rendez-vous pour la semaine suivante.

Le Sueben rongea son frein.

Une semaine ! Même lui ne pouvait prévoir ce qui pourrait arriver d'ici-là ! C'était ridicule ! Sans compter sur le lien personnel qui l'unissait au Chef de l'Ordre du fait d'avoir été son élève, le statut de Kerian aurait dû lui ouvrir les portes de son bureau plus rapidement.

Mais il fallait bien qu'il paye pour l'absence de ces dernières années. Après avoir négligé ses fonctions, il ne pouvait espérer qu'on l'accueille à bras ouverts. Cela lui apprendrait à vouloir procéder en bonne et due forme, mais si la Source en décidait ainsi... il mettrait ce temps à profit pour reprendre ses marques et enquêter. 

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