PROLOGUE
« Je ne suis qu'un lieu, un trait d'union dérisoire, Qui se tient. À l'intersection de leurs vies, un fil ténu qui les relie, aussi fin qu'un cheveu. Invisible au monde et aux yeux »
(La Tresse de Laetitia Colombiani)
L'avènement de l'ère de l'ultra-technologie avait poussé l'homme à se protéger de sa propre création. Comme à la naissance de la lumière, se crée l'ombre, il fallait une organisation, une puissance neutre capable de protéger les êtres humains transformés des entités indépendantes et capable de tuer d'un seul rayon numérique. Le virus par faisceau optique : les intelligences artificielles. Pour cela, une organisation politique nait d'un traité entre l'Europe et les Etats-Unis, vit le jour à Londres : la Netwatch. Les gardiens du cyberespace, rempart contre les IA malveillantes.
Malveillantes n'étaient peut-être pas le mot, car cela serait supposée qu'elles avaient conscience du bien et du mal, mais n'étant pas humaines, leur logique était implacable et ne tenait nullement compte de la moralité, des sentiments, de l'éthique ou même de la précarité de la vie humaine. L'intelligence artificielle était éternelle et indiscutable mais elle avait le mauvais défaut des êtres tout puissant : elle gagnait en connaissance et ne voulait que dominer, pousser son algorithme au maximum. Dès lors, lorsqu'elles sont devenues dangereuses pour l'homme et son ascension même moralement discutable, dangereuses même pour le portefeuille des corporations qui avaient lancé sur leur marché ces modifications cybernétiques toujours plus connectées, il a fallu les « enfermer » ou du moins les entraver.
On raconte que si la Netwatch a pu construire le Mur Noir, le Black Wall, c'était uniquement car les IA libres avaient elles même décidées de rester de l'autre côté, qu'elles se contentaient de l'ancien réseau et ses vastes données corrompues pour grandir, prospérer et qu'elles ne souhaitaient en réalité par particulièrement se heurter à des oppositions constantes entre elles et les agents de la Netwatch. On raconte que parmi les premières IA libres, la plus ancienne, Titan, aurait même été le mur lui-même le temps que ce dernier soit conçu et deviennent inviolable.
Tout du moins c'était ce qu'ils avaient pensées durant des décennies, depuis sa création en 2013, jusqu'au premier percement en 2076 par un petit garçon Netrunner.
L'année qui avait amorcé la Chute du Black Wall.
***
Après les évènements de 2094, il était à penser qu'une organisation aussi bien informée et aussi bien implantée que la Netwatch, soit au moins au courant d'une partie de la vérité sur ce qui s'était déroulée au sein de la corporation Arasaka. Il n'en fut rien.
Si les hommes au plus haut de la hiérarchie avaient une bride ce qui s'était réellement passé, les agents en bas de l'échelle n'avaient que ce que les médias avaient bien voulu leur raconter à savoir que la corporation Arasaka avait connu un conflit avec le gang des Voodoo Boys, soldé par la mort du Président Yorinobu Arasaka et afin d'éviter une nouvelle guerre des gangs, une entente avait été trouvé dans le plus grand secret. Les Voodoo étaient repartis à Pacifica et la toute puissante Arasaka avait à sa tête Hanako Arasaka, la sœur cadette de l'ancien Président.
La Netwatch était au moins au fait que durant ces mois de conflit, le Black Wall avait été malmené et pire encore, les agents habituels, gardien du mur, avait été interdit d'accès. Si aucun de leur supérieur n'avait voulu en révéler la raison, Sean Haber avait travaillé assez longtemps au sein de l'entreprise et au plus près du Mur, pour en deviner la cause.
Déjà en 2076, alors qu'il commençait tout juste son travail au sein de la Netwatch, lors de sa première incursion, il avait vu les mêmes bugs de structuration dans les algorithmes qui composaient le Black Wall. Son collègue de l'époque, Moss Krane, un vétéran de l'entreprise, un véritable puit de connaissance sur le monstre qu'était la matrice complexe du Black Wall, avait relevé les yeux sur les rideaux de particules avec inquiétude mais sans réel surprise.
« Quelqu'un a franchi le mur... » Avait il avoué à Sean.
Le débutant s'était à son tour relevé sur le rideau, impressionné par la taille colossale des données numériques qui les protégeaient des IA libres. Le fait que quelqu'un puisse entrer dans cet amas de données complexes étaient tout bonnement impensable, aucun Netrunner vivant n'avait la connaissance pour passer et quand bien même il pourrait, c'était se jeter dans le vide sans parachute. Une mort assurée. Sean aurait pu croire que le vieux Moss en avait trop vu, il était si proche de la retraite et son interaction sur le long terme avec le cyberespace avait peut-être grillé un circuit ou deux mais c'était mal connaître le vieil homme. S'il disait que quelqu'un était passé, il ne le disait surement pas à la légère. Cette conclusion était un cataclysme depuis l'origine même du Mur et si les organisations politiques internationales l'apprenaient, ça serait la panique assurée.
Le vieux Moss avait soupiré, il avait fait son rapport pour faire intervenir des programmeurs expérimentés afin de restructurer le Mur le plus rapidement possible. Il avait fallu trois jours complets, branchés constamment pour remettre le Black Wall en état. Le rapport avait été rédigé, Moss n'avait rien caché mais étrangement, aucune action n'avait été décrété. Sean avait simplement été invité à n'en parler à personne. Quand bien même il le ferait, il n'était personne et personne ne le croirait. Passer le Mur ? Mais bien sûr.
Le plus étrange était que les violations étaient récurrentes, à chaque fois un rapport était rédigé, à chaque fois le Mur était mis en état et à chaque fois, rien ne se passait. Sean n'était pas assez naïf pour croire que ce n'était qu'une conjoncture sans conséquence : il vivait à Night City, il savait qui les dirigeait, officiellement et officieusement, il savait que la corruption était ancrée dans la culture à l'instar de tout autre tradition.
Ce qui lui choquait le plus était que la Netwatch, connu pour sa neutralité, crée à cet égard, était aussi pourrie que toutes les Méga Corporations qui dirigeaient le Monde.
Donc en 2094, alors même que les rumeurs de destructions de centres d'Arasaka se multipliaient, que les aéronefs des milices privées mais aussi les incursions de la Max-Tac avaient augmentées de manière exponentielle, que les piratages ne cessaient de mettre à mal les agents protecteurs du Black Wall, Sean comprit qu'à nouveau le Mur avait été percé. La structure complexe présentait des signes inquiétant de mort de particules numériques.
Si depuis 2077 et l'attaque terroriste sur la corporation japonaise, les incursions dans le Mur avaient presque complètement disparues, elles étaient réapparues il y a quelques années, au début de l'année 2090. De manière discrètes et bien moins récurrentes que pendant l'année 2076-2077, mais elles présentaient une nouvelle forme de violation. Alors que les premières infractions ne faisaient que modifier l'algorithme pour le rendre plus facile à modifier, plus malléable, les dernières ressemblaient à une tranchée dans la masse. Le Mur était éventré. Pas assez pour que les IA les plus mauvaises puissent passer mais cela avait quand même créé quelques difficultés pour la Netwatch qui avaient couru après les petits spybot viraux qui s'étaient faufilés et avaient créé des interférences dans la Matrice.
Les premières violations avaient été mises sur le compte des terroristes de 2077 et Alt Cunningham, seule Netrunneuse qu'on pouvait imaginer de l'autre côté du Black Wall et survivre. Mais tout le groupe était mort pendant ou peu de temps après l'attaque. Sean se souvient encore du fameux 7 décembre 2077, la mort tragique et mystérieuse d'une trentaine de personnes à travers le Monde. La mort du Président Hwang et son héritier. Il se souvient encore du vieux Moss, du désespoir dans son regard comme s'il avait lui-même victime de ces atrocités. Des corps court-circuités, des cerveaux grillés. Un disfonctionnement d'implants ? Impossible. Personne n'était dupe et tout le monde savait qui, seul Moss semblait deviner comment.
Il ne lui restait plus qu'un mois avant la retraite, Moss s'était redressé vivement et avait déboulé dans le bureau des pontes de la Netwatch. Ce qui s'était dit, ni Sean ni personne ne le savait. La seule résultante était que Moss n'était plus revenu travailler.
Leurs supérieurs avaient monté un mensonge aussi gros qu'un building pour justifier son départ précipité : Moss était fatigué, l'entreprise lui avait concédé de partir plus tôt au lieu d'attendre encore un mois.
Sean était allé voir le vieil homme, absolument pas convaincu et Sean avait compris.
A Night City, les curieux ne font jamais long feu.
A un mois de la retraite. Moss Krane était mort, retrouvé pendu chez lui.
Après la mort de son mentor qu'on avait si vite fait oublier qu'il semblait être le seul à se souvenir de son nom, Sean avait gravi les échelons si vite qu'il pourrait en avoir le vertige. Silencieux, méticuleux, bien formé, gardant à l'esprit le visage du vieil homme qui lui avait tout appris, même à fermer sa bouche et à fermer les yeux par ses derniers instants de vie. Sean Haber était maintenant lui aussi un vétéran, pas aussi vieux que Moss lors de sa disparition car il entrait à peine dans la quarantaine, père de famille d'une magnifique petite fille et mari aimant, il était toujours dépêché quand le Black Wall avait été malmené. Il ne s'occupait pas de courir après ces Netrunner qui aimait jouer avec le feu, ni de rattraper les minuscules IA libres qui arrivaient à passer par les petites failles que créent les Voodoo Boys. Son travail à lui c'était de refermer le Mur et sans poser de questions. Il était devenu un spécialiste, apprenant toujours plus, des meilleurs programmeurs et du complexe algorithme lui-même. De plus en plus, il voyait dans son regard clair l'ombre de Moss Krane, il avait l'impression de porter les mêmes inquiétudes, la même admiration devant ce monstre numérique qu'il avait appris à respecter. Le rideau rouge. Le Black Wall. Son seul partenaire de vie.
Partenaire qui ne lui laissait aucun répit et qui ne lui ferait aucun cadeau. Il n'avait aucune idée de ce qui se trouvait de l'autre côté et ne voulait pas le savoir mais par la force des choses, alors que l'explosion du laboratoire secret d'Arasaka dans les Badlands avait tremblé jusqu'au fondation de Night City, on était venu le chercher au milieu de la nuit.
Le Black Wall n'est pas juste éventré. L'équivalent de kilomètres de particules se sont désintégrées. A peine arrivé au centre de la Netwatch, Sean s'était branché avec une dizaine de programmeurs et le trou noir qui leur faisait face les avaient tétanisés. Leurs données numériques semblables à des silhouettes humaines en millier de particules faisaient face au gouffre le plus béant qu'ils n'avaient jamais vu.
Sans tarder, les programmeurs avaient appliqué un patch de protection, des IA libres avaient sans doute filtrer, la totalité de la Netwatch s'était connecté et déjà des silhouettes se matérialisait autour d'eux. Après des appels, l'état d'alerte avait été lancé et tout le système avait été déconnecté. Aucune personne à Night City ne pouvait se connecter et avec l'aval de tous les propriétaires des réseaux privés, un Black Out partiel avait été amorcé. Le premier de toute l'histoire de la ville. Il ne pouvait durer que cinq minutes et pas une de plus, au risque d'alerter la commission internationale mais surtout car le système était indépendant, pour éviter les incursions des corporations, le programme qui gérait la Matrice, au siège de la Netwatch, ne pouvait s'arrêter plus de cinq minutes, sinon tout s'effondrerait et le Black Wall inclus.
Les programmeurs avaient travaillé nuits et jours, Sean avait réintégré les données du Black Wall et même si la construction semblait rapide, elle n'allait pas assez vite. Les agents investissaient par vague le cyberespace et se reliaient pour attraper les IA plus ou moins grandes qui avaient réussi à franchir le passage, heureusement aucune d'entre elles n'étaient assez forte pour mettre à mal le système.
Une semaine entière de travail pour que le rideau soit à nouveau opérationnel en intégralité.
La catastrophe avait été évitée et s'ils restaient tous sur le qui-vive, par peur qu'une entité plus puissante ait réussi à passer, rien ne s'était manifesté. Les corporations avaient repris leurs mauvaises actions quotidiennes, les gangs étaient toujours plus meurtriers et la population toujours plus gangrénée.
Sean revenait sur l'endroit du gouffre tous les jours, vérifiaient l'algorithme et comme Moss des années auparavant, il portait se regard inquiet sur le rideau rouge. Contrairement à ses supérieurs qui pensaient avoir échappé au pire, lui était persuadé que ce n'était que les prémisses. Non. Les prémisses dataient de 2076, ce n'était là que la conclusion d'une autodestruction programmée depuis longtemps.
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HELLO !!
Le prologue commence avec un personnage qu'on ne verra pas longtemps !
Il est là pour introduire l'intrigue.
Dès le premier chapitre nous aurons le retour d'un membre du SKZ et les autres suivront petit à petit :)
Je publierai dès que les Dieux de l'Olympe sera terminée.
A bientôt !
D.
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