« Déjà essayé. Déjà échoué. Peu importe. Essaie Encore. Echoue encore. Echoue mieux. »

(Samuel Beckett)

Jisung lui avait dit de l'attendre au bar mais Changbin avait pas ou peu de patience, surtout en cette période complexe où la moindre absence de son petit-ami lui provoquait de réelle crise de panique. Ce barge aux yeux bleus, ou cet androïde, quoi qu'il soit, en voulait à son homme et il était bien incapable de savoir comment il pourrait l'en empêcher. Si la solution radicale d'un pruneau dans le crâne lui venait immédiatement à l'esprit, il ne savait pas si cela suffirait à l'empêcher de s'en prendre au Netrunner. Après tout, si Jisung disait vrai, si Titan était dans ce corps artificiel, alors qu'est-ce qui l'empêcherait d'en prendre un autre ? Parce que la question était, comment on tue une IA aussi ancienne que Titan ?

Le Lizzie's n'avait pas tellement changé en six ans, toujours les mêmes néons roses, toujours le même couloir qui mène aux salons privés, toujours cette ambiance feutrée, érotique, les danseurs et leur sensualité, qu'il soit des poupées ou des joytoy. Les DS étaient toujours le gagne-pain de Jian, qui même si devenue maman, continuait de travailler dans son atelier et revendait ses vidéos aux habitués. Les Danse Sensorielles avaient un peu évaluées en ce qu'elles étaient encore plus immersives, certaines permettaient de récréer des sensations physiques, comme celle d'une caresse. Six ans et le progrès ne s'arrêtait pas.

Le bar le plus sexy du coin continuait d'abriter toute la faune de Night City, du plus ravagé des crackhead jusqu'au corpos les plus riches. Avec Triss aux commandes, le lieu était un point de constance dans leur ville en effervescence.

Assis au comptoir, Changbin regardait le temps défilé, les gens passés et les oreilles assourdit par la musique Dark Electro, il regardait les danseurs, les canapés en espérant apercevoir la lueur de l'épiderme bionique de son petit copain mais rien. Le Netrunner n'était toujours pas là et il commençait à s'inquiéter. Il allait finalement l'appeler quand il sentit une main se poser sur son épaule, il pivota sur son tabouret et tomba sur un homme à la chevelure dorée, au corps fin mais musclé, d'où il voyait presque tout. Un simple boxer en cuir, des sortes de bandages anarchique sur le haut du corps qui dévoilait des épaules étroites, traversaient la poitrine mais laissaient entrevoir un téton et surtout serraient divinement cette taille qui lui rappelait étrangement quelqu'un.

Quand il releva enfin son visage pour croiser ses billes dont les implants mécaniques s'agitaient, il crut s'étouffer avec sa propre salive.

" MAIS QU'EST-CE...

- Chut ! Signa aussi tôt le garçon.

Changbin se mordit les lèvres alors que son petit ami lui faisait actuellement un petit clin d'œil équivoque, basculant une mèche de cheveux – surement une perruque – en arrière.

- Tu m'expliques, il souffla alors qu'il regardait autour d'eux.

Jisung se pencha de manière aguicheuse, venant se servir dans sa bouteille de bière. Il glissa sa jambe entre les siennes, sur le tabouret et contrastant totalement avec son attitude, il siffla entre ses lèvres.

- Je sais que le patron de la Netwatch vient ici tous les jeudi soir. Je le sais parce que Jian m'avait un jour dit que Hyunjin n'était pas le seul corpos à réclamer des danses privées de Lixie et depuis son départ, il réclame toujours un joytoy différent mais toujours avec le même profile. Des blonds et plutôt androgyne. »

Changbin voit parfaitement où il veut en venir et alors qu'il a un million d'objections qui lui viennent à l'esprit, il se rend compte qu'aucune d'entre elles ne le fera changer d'avis. Comme toujours. Au mieux qu'il puisse faire, c'est surveiller de près et intervenir au besoin. Il soupire malgré tout, montrant bien sa désapprobation, Jisung joue son rôle - plutôt de bon gré - et fait glisser son index sur le biceps du mercenaire dévoilé par son polo.

" Il a déjà réservé sa danse ? Demande Changbin devinant la suite.

- Dans une heure.

- Ca va te prendre combien de temps ?

- Dix minutes.

- Hum...j'aime pas ça. Ça reste le patron de la Netwatch, c'est pas un débutant.

- Il nous faut ses accès, sinon je pourrai pas rentrer dans le bâtiment au risque de me faire griller.

- On pourrait attendre que Minho nous dise pour Daya, elle pourrait nous aider pour retrouver les deux autres.

- Ils n'ont aucun contact ensemble, Daya n'a aucune idée de leur identité. Ils changent presque tous les cinq ans et pour s'assurer qu'ils ne puissent utiliser l'encodage qu'ils ont acquis, l'encodage est à nouveau modifié par les nouveaux programmeurs et intégrer au Black Wall. C'est ce qui le rend presque indéchiffrable. En tout cas pour la plupart des Netrunner..., son sous-entendu n'échappait pas à Changbin qui savait très bien de quel Netrunner il parlait.

- Comment Felix a-t-il peu s'approprier ces informations ?...C'est invraisemblable, souffle Changbin toujours autant impressionné.

- C'est un enfant de la Ruche. Ils ont été modifiés pour ça. Seungmin m'avait déjà dit que les implants cérébraux de Felix n'avaient rien en commun avec ce que tu pouvais trouver dans le commerce légal ou parallèle. La complexité de ses composants, des données cybernétiques, même Jian ne pourrait retravailler de telles modifications.

- Je me demande quelle Techie est à l'origine de ces créations.

- Surement un universitaire qu'Arasaka a fait exécuter, comme tous les autres."

Jisung regarde l'heure, prend une nouvelle gorgée de la bière de son homme avant d'embrasser la pointe de ses doigts et de les déposer sur la bouche légèrement entrouverte du mercenaire. Un nouveau clin d'œil et le voilà qui repart en direction du couloir aux néons rouge velours, accentuant intentionnellement sa démarche.

S'il n'y avait pas la mission, aussi stressante que dangereuse, Changbin aurait pu s'attarder sur son chaloupé et rêvé à la façon dont il aurait réquisitionné l'une des salle privée pour le dévorer. Au lieu de ça, la tension qui irradiait son corps le faisait grincer des dents et ce n'était pas de l'excitation. Il finit d'une traite ce qu'il restait de sa bouteille et se dirigea à son tour vers le couloir, passant devant la mercenaire des Moxes qui était chargée de surveiller l'entrée du couloir.

Il vit rapidement Jisung disparaître derrière une porte à quelques mètres, il enclencha automatiquement son sonar et suivit les déplacements de sa silhouette qui se dessinaient derrière les murs sous l'impact des ondes. Changbin continuait de marcher sans précipitation, le voyant franchir une nouvelle porte et disparaître définitivement. Le système de sécurité du Lizzie's pour conserver la confidentialité de leur client privilégier n'était pas à prendre à la légère.

Changbin arriva rapidement devant la porte qui a été emprunté par le Netrunner plus tôt, il jeta à peine un regard autour de lui, sans pour autant montrer des signes d'hésitation pour ne pas être suspicieux et entra à l'intérieur faisant face à un nouveau petit dédale de pièces.

Il remarqua les circuits, les plaques de métaux cachés dans le béton qui protégeaient des intrusions cybernétiques. C'était sans compter le Fantôme. Alors que le mercenaire aux implants vert brillant d'une lueur plus intense sous les LED UV, s'approchait de la dernière porte qui avait fait disparaître son petit-ami plutôt, il aperçut une petite carte électronique collé sur cette dernière.

Blanche, comme une carte de crédit et dont le circuit se camouflait dans le matériau lisse et poli. Un boité au-dessus de l'interrupteur indiquait sur son écran un "X" en rouge, surplombé d'un crâne de poupée. Le symbole des Moxes et synonyme que la pièce était protégée.

Il regarda la carte une nouvelle fois et sourit. Jisung avait évidemment tout prévu. Changbin passa la carte dans la fente et le symbole clignotait avant de disparaître. Le système de protection avait été désactivée, aussi tôt son sonar reprenait le relais et les murs devenaient futiles. Les silhouettes apparaissaient à nouveau, comme si elles se déplaçaient dans le vide. Les jambes de Jisung avançaient et s'approchaient d'une nouvelle silhouette assise a priori sur un fauteuil.

" Je ne t'avais jamais vu ici avant", gronda la voix rauque de l'homme sur le canapé.

Les yeux dilatés par différentes substances, le physique large, gras et le costume gris débraillé. Tenant une bouteille de champagne au bout d'une main baguée et chromée. Impossible d'imaginer que sous cette masse se cachait le dirigeant de l'unique entreprise de protection du cyberespace de la planète. Pourtant Jisung n'avait pas en douter, un simple scan d'un centième de seconde lui avait donné toute son identité et même un historique rapide que ses connectiques avaient récupéré automatiquement sur le web. A peine avait-il fait un pas dans sa direction qu'il connaissait déjà toute sa vie.

L'avantage avec ce genre de personnalité, c'était qu'ils avaient tendance à laisser leur défense tomber devant les personnes qu'ils sous-estimaient le plus. Et quoi de plus dénigré qu'un simple joytoy ? Felix avait bien fait de se cacher ici. S'il n'était pas tombé sur Hwang Hyunjin, il aurait pu continuer sa vie ici sans aucune difficulté car personne ne serait venu le chercher au milieu de l'étale des plaisirs.

Pour autant, Jisung sentait que le système du Président de la Netwatch n'était pas un simple pare-feu à défaire, à peine avait il poussé un peu plus loin son intrustion qu'il s'était heurté à une miltitude de barrière et d'anti-piratage tous plus complexes les uns que les autres. Sans connexion directe, cela allait lui prendre beaucoup trop de temps. Et il n'était même pas sûr de sortir vainqueur d'une confrontation physique, vu le gabarit, il pourrait bien l'écraser en tombant simplement sur lui.

" Je suis nouveau, sourit Jisung en continuant de s'approcher. Et j'ai cru comprendre que vous aimiez les choses nouvelles", susurrait presque le plus jeune.

Il glissant presque entre ses jambes écartées, jouant des bandes de tissus qui croisaient son torse. L'homme n'arrivait pas à détacher ses yeux de ses jambes, passant sa langue frénétiquement sur ses lèvres. Jisung pouvait entendre son rythme cardiaque accélérer et son cerveau en ébullition.

" J'en ai un peu assez de changer tout le temps...Tu penses pouvoir me rendre plus fidèle ?

- Si je vous montrais ?"

L'homme vibrait d'impatience, il repositionnant son physique imposant sur le fauteuil, semi-allongé, prêt à recevoir ce que Jisung voulait lui montrer. Le Netrunner n'avait pas de compétences particulières en danse mais il avait assez d'imagination et de confiance en lui pour jouer le jeu. Il actionna rapidement son équipement qui fit s'éteindre brusquement les lumières, le Président de la Netwatch sursauta une seconde puis il vit apparaître une forme fluorescente devant lui. Le corps de Jisung brillait d'un éclat bleuté, laiteux, comme une créature imaginaire du fonds des océans, se déplaçant presque au ralenti et laissait un halo derrière lui qui se fondait peu à peu dans la pénombre.

Subjuguant. Le Président de la Netwatch en avait vu des prestations, des choses toutes plus surprenantes les unes que les autres, parfois grotesques, et sans vouloir jouer les hommes blasés, a trop vouloir être original ils en devenaient ordinaires. A tel point qu'il commençait effectivement à se lasser et s'il persistait à vouloir le même type de danseur il essayait simplement de reproduire un frisson qu'il avait ressenti par le passé.

Alors qu'il avait traîné avec lui le Directeur de la Cybersécurité d'Arasaka de l'époque, un petit jeune, protégé de l'ancien Président Yorinobu et que tous pressentaient comme l'héritier de l'empire. Trop sérieux, trop rigide, le Président de la Netwach avait pris à cœur de lui faire perdre son masque impassible et lui faire découvrir que le monde ne se limitait à son existence glaciale. Ce dernier était rempli de chaleur, de volupté, de brume et de néons roses. Il l'avait fait entrer dans le bar de tous les fantasmes, pour lui faire découvrir la face d'une autre Night City, au-delà du complot, de la politique, de la corruption, des affaires et de la crasse qui se cachaient derrière. Il y avait du beau à Night City. La beauté des corps, des sens et les danseurs du Lizzie's avaient la réputation de la représenter à la perfection.

Si ce jour-là, le Président de la Netwatch n'avait aucune idée de son impact sur l'histoire même de tous les habitants de Nitht City, qu'il avait été le point de rencontre de deux existences opposées mais liées, il en savait un peu plus aujourd'hui et cela n'avait fait qu'accentuer la sensation onirique qu'il conservait de ce moment. La danse, la sensualité du danseur avait marqué sa mémoire et à jamais son besoin de revivre ce souvenir.

Et aujourd'hui, ce jeune homme, qui sortait de l'ombre, ondulant sur ses jambes dans cette lumière doucereuse, avait réussi là où ils avaient tous échoués. Le Président de la Netwatch laissa poindre un sourire soulagé, satisfait, ses épaules s'affaissaient et son corps se décontractait à mesure que la chaleur le gagnait.

" Comment tu t'appelles ? Demanda le Président au danseur sur ses jambes.

Les lèvres dessinées par des traits d'ombres, de halo duveteux bleuté se rapprochaient de son oreille.

- Tu peux m'appeler le Fantôme...

- Le Fantôme", il répéta sans s'en rendre compte.

Il ferma les yeux sous le bien-être et soudainement son cœur s'arrêta. Il rouvrit brusquement les paupières et regarda à nouveau le danseur dont la peau changea brutalement d'aspect. Plus de halo apaisant, des vagues multiples illuminaient son épiderme, dévoilant des formes géométriques de la biomécanique camouflée sur son corps, jusqu'à ne faire apparaître que l'éclat de ses yeux.

Le Fantôme.

" Alors Hyunjin, cette soirée ?"

Pas de réponse, toujours aussi fermé le garçon aux cheveux rouges quitta sa poigne ferme, sans un mot et monta dans sa voiture pour disparaître. Il avait été ébranlé par sa rencontre sans aucun doute, et il ne pouvait s'empêcher d'en ressentir une certaine fierté. Son masque s'effritait et c'était amusant à voir. Mais il ne pouvait totalement lui donner tort, ce danseur avait quelque chose de particulier, hypnotisant. Comment s'appelait-il déjà ? Lixie ?

" Président Kross ? Le Président Arasaka sur votre ligne privée.

Yorinobu. Un être détestable mais intelligent. Maïke Kross n'avait pas vraiment le temps d'avoir des sentiments, Netwatch était impartial, il se devait de l'être aussi mais parfois, la raison l'emportait sur le dogme. Assis à son bureau, il souffla d'avance avant de prendre l'appel.

- Maïke, l'interpella le vieux japonais de l'autre côté. J'ai besoin que tu surveilles quelqu'un de près pour moi.

- Combien de fois je devrais te rappeler que nous ne sommes pas à tes ordres Yorinobu ? Tu embauches assez de personnel comme ça pour faire ton sale travail. Et s'il t'en manque, il te reste les Fixer.

- Ce n'est pas une simple surveillance. Je te parle de Goliath."

Le nom avait toujours autant d'effet. Qu'on soit un novice ou l'un des membres les plus puissant de la société. Goliath avait de quoi faire taire quiconque connaissait son existence et malheureusement, Maïke le connaissait bien et il le regrettera à jamais. Sa jeunesse ambitieuse, son besoin de se faire un nom et des amis au point de laisser le Diable joué à Dieu. Il en paiera le prix jusqu'à la fin de ses jours et Yorinobu le savait parfaitement.

" Je ferme déjà assez les yeux sur toutes tes manigances, tes expériences qui mettent à mal mon travail, je n'en fais pas assez pour toi ? Que veux-tu de plus ? Gronda le Président de la Netwatch les poings serrés.

- Surveille ce danseur du Lizzie's, le blond. Celui qui couche avec Hyunjin.

Maïke fut plus intrigué qu'il ne le voudrait. Il se redressa sur sa chaise de toute sa stature, plantant son regard dans l'image du Président Arasaka sur son écran.

- Quel est son rapport avec Goliath ?

- Tu n'as pas besoin de le savoir. Surveille-le. S'il montre le moindre signe d'une connexion neuronale, si tu détectes la moindre signature numérique. Préviens-moi."

Était-ce l'intrusion du Fantôme dans son système qui lui faisait revivre ces souvenirs ? Il était conscient et tandis que le Netrunner l'avait immobilisé totalement par une prouesse dont il ne connaissait pas le secret mais qui ne le surprenait pas venant du garçon aux multiples talent, il eut envie de rire. Bien sûr il ne pouvait pas mais son regard devait en dire assez. Sentant une pointe naître dans son estomac et une sorte de résignation le gagner. Si le Fantôme le savait, il n'aurait pas eu besoin d'un tel stratagème, Maïke avait la conscience trop lourde et se serait sans doute confier sans trop de difficultés.

Sa jeunesse ambitieuse. La cause de tous ses maux. D'avoir pactiser avec le démon et de lui avoir livrer tout ce qu'il voulait sur un plateau jusqu'à son propre pupille qu'il avait voulu assassiner. Il l'avait couvert jusqu'à la fin, mettant en péril sa place, son intégrité. Que dit-il, l'intégrité il l'avait abandonné de puis belles lurettes. Depuis qu'il avait accédé à l'un des postes les plus convoité, de tout Night City et que se pensant au sommet du Monde avait bien compris que des êtres encore plus puissants pouvait le faire déchoir d'un claquement de doigts.

« Tu t'en sors ? »

Cette voix. Il ne la connait pas. Quelqu'un est entré dans la pièce mais il ne le voit pas. Le Netrunner est toujours au-dessus de lui, connecté à son système cérébrale, il parcourt les données se heurtant à des protections de plus en plus complexes à mesure qu'il s'enfonce des les données.

« Il te reste peu de temps, la Trauma Team va pas tarder à être alertée. »

Il n'a pas tort, il a un contrat Premium. Maïke en rit intérieurement. Tous ces efforts déployés, pour une raison qu'il ne connait pas mais dont il imagine en lien avec les évènements récents.

« Monsieur Kross. Le Mur a été refermé. L'équipe de Monsieur Haber et les programmes ont terminés.

- Parfait », soupira le Président.

Il se massait les tempes, sentant enfin toute la nervosité qu'il avait cumulé ces derniers jours à la suite de la découverte de la faille. Un trou béant dans le Black Wall, des systèmes entiers complètement grillés, anéantis, des hôpitaux bloqués et même des morts que son entreprise avait réussi à couvrir pour éviter la panique. Ils avaient endigué rapidement le plus gros mais il n'était pas à l'abri pour autant : si l'une des IA libre de première catégorie était passée alors ça serait la fin.

Le Président fit légèrement pivoter sa chaise, se perdant dans ses pensées. Il maudissait Yorinobu et son orgueil, ce dernier aura fini de l'achever, non sans mettre à mal sa carrière encore une fois. Il devrait se sentir libérer, plus de moyen de pression, plus de chantage, il pouvait tenter cette fois de suivre le droit chemin. Mais où est-il ce droit de chemin ? Il était peut-être allé trop loin pour pouvoir revenir en arrière. Il avait du sang sur les mains et cette tâche ne pouvait pas mourir avec Arasaka.

« Monsieur, nous avons détecté la signature de Hwang Hyunjin. Au Canada. »

Sa secrétaire attendait ses directives, elle avait eu l'information de la section chargée de travailler avec les agences gouvernementales, notamment la CIA. En général ils ne tardaient jamais à transmettre les rapports sur ceux qui étaient recherchés mais dans le cas particulier de Hwang Hyunjin, ce dernier avait été déclaré officiellement mort après l'incident du laboratoire d'Arasaka mais Maïke Kross se doutait qu'il n'en était rien.

Il avait en appris bien assez pour savoir qu'on tue pas facilement le chef de la famille Hwang et surtout si n°11 est avec lui.

C'était peut-être ça le droit chemin.

« Détruisez le fichier.

- Monsieur ? Demanda quand même la secrétaire surprise de l'ordre.

- A partir de maintenant, aucune information sur Hwang Hyunjin ou sur le Netrunner Lee Felix ne devra être transmis à la CIA. Vous détruisez les informations.

- Euh...Bien Monsieur. »

Elle n'en demanda pas son reste et sortit du bureau. L'imposant Président avait l'impression pour la première fois de faire quelque chose de bien. C'était agréable. Mais presque aussi effrayant que de couvrir les faits criminels du reste des corporations.

« Dépêche ! » Héla la deuxième voix dans la salle privée.

Le Fantôme transpirait au-dessus de lui. La tâche était ardue, il mettait un temps fou à détruire les barrières et peu à peu sa prise sur les mécanismes de son corps se faisait moins contraignante. Maïke arrivait à bouger les doigts.

« Comment ça Hammer est mort ? Le Netrunner ?

- Lui-même. Il vient de se suicider ce matin. Il balle dans la tête alors qu'il était assis au bord des quais.

L'agent qui était entré dans son bureau avait une mine soucieuse. Chargé de la surveillance précise de certains NEtrunner de la ville, d'autant plus quand il était lié à la Netwatch, l'homme au petites lunettes rondes se sentait mal à l'aise mais ce dernier ne pouvait s'arrêter là.

- Monsieur...Lorsque sa mort est entrée dans notre base de données, nous avons reçu une alerte du fichier MB14.

Maïke se retourna vivement. Il sentit son cœur accélérer et ses grandes mains devenir moites.

- Hammer était..., commençait le Président.

- Oui Monsieur, je crois bien...Il était un des programmeurs du Mur en activité.

- Et l'encodage ?

- La balle a tout endommagé, irrécupérable...

- Donc intransmissible...murmura le Président.

- Monsieur, continua l'agent la mine basse se triturant les mains depuis le début de l'entretien. Je crois que cela a un rapport avec la mort inexpliqué de plusieurs Netrunner à travers la ville...Et de l'agent Sean Haber... »

Le Président Kross se mordit la langue, se retenant de hurler et congédia simplement son employé d'un geste de la main. Cette vague de suicide n'était évidemment pas normal et s'il était intrigué, il s'agissait principalement de Netrunner isolé, issu de gangs de la ville donc en soit plutôt une aubaine pour lui mais pour ce qui était de Hammer... Ni lui ni personne ne pouvait avoir les noms des programmeurs en charge du Mur, la sélection était faite par le logiciel lui-même, la carte mère du Black Wall et les programmeurs étaient ensuite alerté par des services secrets d'organisme international, avant d'être expédié aux quatre coins du Monde. Comment se faisait il qu'un homme comme Hammer puisse être l'un d'entre eux ? Non pas qu'il n'était pas à la hauteur, en termes de capacité, il était l'un des meilleurs mais il était un Netrunner criminel, inconscient et totalement incontrôlable. En vivant à Night City, à la vue du tous, il était vulnérable.

C'était une catastrophe. En tant que programmeur affecté au Black Wall, il avait une partie de l'encodage de ce dernier, il l'avait intégré et modifié en fonction de son propre système, il était le seul à le connaître et après quelques années, ils seraient retransmis à un nouveau programmeur qui le modifiait à son tour pour qu'il demeure impossible à connaître. En se suicidant, Hammer avait détruit l'encodage, en tout cas sa partie.

C'était comme perdre l'une des clés d'un coffre et de faire disparaître en même temps le serrurier.

Si un Programmeur du Mur disparaissait alors un message d'alerte s'affichait à tous les niveaux internationaux. Des mesures de protections seront prises pour les deux restant et une enquête poussée serait mise en place. La Netwatch allait devenir le siège de nombreux chercheurs envoyés par les Nations Unis. Tous les dossiers seraient passés aux cribles, et mêmes d'anciens dossiers qu'il aurait essayé de faire disparaître...Ceux d'Arasaka, de Hwang Hyunjin et même de Goliath.

C'était la merde. Une putain de merde ! Il ne pouvait pas rester sans rien faire. Il devait à tout prix trouver une solution, sinon c'est sa tête qui finira en bouilli sur le bitume.

« Ca y est je l'ai ! » S'écria Jisung essoufflé.

Il se déconnecta du système de Maïke Kross, ce dernier senti les ports se déconnectés et tandis qu'il retrouvait enfin l'usage de son corps, même si un peu à l'Ouest par l'intrusion, il s'apprêtait à faire un geste quand le canon d'un fusil se pointa entre ses yeux. La bouche entrouverte, les yeux d'une lueur verte incandescente d'un mercenaire planté dans les siens, il se retrouva à nouveau tétanise mais cette fois, par sa propre volonté ou du moins par la volonté de ne pas mourir.

« Attendez...»

Sa voix avait presque actionné le claquement du fusil que Changbin arma d'un geste précis, rapide. Kross sentait la sueur coulé le long de son cou. Le regard froid et implacable du mercenaire ne laissait aucunement place au doute, il allait lui exploser le crâne s'il ne faisait pas très attention à ses prochains mots.

« Je sais...Je sais que vous allez à la Netwatch et je sais pourquoi mais là-bas, des Netrunner du gouvernement ont été envoyés spécialement pour enquêter sur les morts inexpliquées, si vous y foutez les pieds, vous n'en sortirez jamais... »

Jisung retira sa perruque, alors que Changbin gardait l'œil sur le Président. Ce dernier naviguait entre les deux, ravalant difficilement sa salive.

« C'est pas la première fois qu'on se lance dans une mission suicide, c'est presque une habitude, sourit Jisung. Mais merci de l'avertissement.

Le Netrunner jette un coup d'œil à Changbin, comme un ordre silencieux et alors que le mercenaire relève l'arme par la crosse et s'apprête à assommer le Président, ce dernier tente de se protéger en criant encore plus fort.

- ILS SONT TOUS MORT !

Changbin s'arrête dans son élan. Jisung s'approche, sourcils froncés.

- Qui ?

- Les programmeurs du Mur...Ils sont tous mort. »

***

« Qu'est-ce que tu racontes ? S'étrangle Bang Chan.

- Daya Kapoor est morte il y a trois semaines.

- Mais...Mais comment...

- Elle s'est jetée du haut de l'immeuble où elle était cachée. Elle avait changé de planque à la mort de Hammer. A priori l'info est remontée tout en haut et je pense qu'Hammer devait faire partie des programmeurs très « secrets » qui détenaient l'encodage du Black Wall. Daya était bien la deuxième du groupe et elle a été mise sous protection rapprochée mais ça n'a pas suffi, elle s'est jetée du douzième étage.

- Bordel... »

Bang Chan commence à faire les cent pas, pour la première fois l'angoisse commence à le gagner à son tour. L'impuissance, l'ennemi invisible, il n'y a rien de pire pour le leader du SKZ. Alors que Minho est assis à son bureau, il se lève de son fauteuil pour finalement s'approcher, sensible à la nervosité de son vis-à-vis même s'il demeure cette tension rancunière entre eux. C'est plus fort que lui, il n'arrive pas à rester loin de lui quand il le sent devenir fébrile. Et puis, il a encore d'autres mauvaises nouvelles à lui annoncer.

- C'est pas tout, soupire Minho. William O'Connor est mort aussi. Il y a deux jours. Il s'est jeté sous les rails d'un train alors qu'il quittait l'Ecosse. »

Bang Chan reste silencieux et même si le nom ne lui dit rien, il croit comprendre où il veut en venir.

« C'était le troisième, confirme le Fixer.

- Alors...Tous les programmeurs qui sont capable de reconstruire le Mur sont morts.

- C'est ça.

- Alors si le Mur s'ouvre une nouvelle fois, tous ceux qui sont implantés, tout le système s'écroule.

- A minima, baisse la tête Minho.

C'était presque comme une sentence de mort, comme de savoir qu'on allait être percuté par un astéroïde et qu'on ne pouvait rien y faire.

- Si les IA passent le Mur et avec la chute des Netrunner assez puissant pour endiguer le problème, on crève tous. Les grands pontes en ont conscience et je crois qu'ils vont se réunir bientôt, à Washington. Ils vont faire venir tous les Présidents des plus grandes Mégacorporations et je pense qu'ils vont se saisir des Netrunner encore vivant pour les mettre en lien direct avec le Black Wall. Les obliger à protéger les remparts. Comme Arasaka avait obligé des gamins il y a des années. Et Jisung est en tête de liste aujourd'hui... »

Bang Chan déglutit, il a la tête qui tourne, le mal au cœur et il commence à chanceler. Le voyant, Minho vient aussi tôt le retenir mais le mercenaire le repousse, lui assurant qu'il va bien alors qu'il se tient au bord du bureau.

Ce n'est pas la peur qui l'habite, c'est une colère profonde, une frustration sans borgne qui le ronge et lui faire tourner les méninges à cent à l'heure sans réussir à trouver une échappatoire. En dehors de la seule et l'unique : Felix. Cependant, plus il pense à cette solution et plus il a un mauvais pressentiment.

« Si Titan est à l'origine de tout ça, s'il a fini de tuer les Programmeurs du Mur, pourquoi est-ce qu'il ne passe pas le Mur ? Qu'est-ce qui le retient ? Après tout, s'il a réussi à s'immiscer dans l'esprit des Programmeurs, il a récupéré l'encodage, non ?

- Je ne sais pas. Peut-être qu'il n'a justement pas réussi à le récupérer. Il s'immisce dans leur tête mais ça ne signifie pas qu'il peut en récupérer ce qu'il veut. Ou alors il attend, il attend de pouvoir avoir tous les Netrunner capable de l'arrêter pour passer à l'attaque.

- Alors si on fait venir Felix, ça sera surement un piège.

- Ca ne change rien. Il a réussi à avoir deux Netrunner qui n'était même pas à Night City. Blue Eyes n'était peut-être pas le seul. Il y en a surement d'autre. Tout comme il n'y a qu'une IA qui contrôle les chauffeurs Delamain, Titan peut contrôler plusieurs androïdes en même temps. Voir peut-être des êtres humains...

- Tu as surement raison... »

Minho reste à distance pourtant il meurt d'envie de s'approcher. Simplement glisser sa main dans la sienne, lui caresser la joue. Un geste tendre comme ils avaient l'habitude de le faire. Cependant aujourd'hui il a comme la sensation que Bang Chan érige une véritable barrière entre eux, ou bien c'est lui qui se donne cette sensation ? La jalousie, l'amertume d'avoir été remplacé ? Il a l'impression de disparaître peu à peu.

Le mercenaire se redresse soudainement faisant presque sursauter Minho. Le Fixer regarde un peu autour de lui, par réflexe et aussi peut-être pour échapper à son regard.

« Ecoute Min'. Je suis désolé d'avoir été virulent la dernière fois. Je sais que tu voulais simplement aider, comme tu l'as toujours fait. Ce qu'il se passe avec Jeongin, ce n'est pas ce que tu crois... »

Minho devrait l'interrompre, lui faire croire qu'il s'en fiche ou pour se préserver d'un cœur brisé définitivement mais au lieu de ça, il sent sa gorge se serrer et une envie irrépressible de savoir enfin. Tirer un trait sur cet amour dont il est certain de toujours ressentir les braises réchauffer son cœur, jusqu'à la fin de ses jours.

« Tu sais, continue le leader en se frotte l'arrière de la nuque. Je l'apprécie beaucoup, c'est vrai. Il m'aide à ne pas perdre les pédales et il a été un grand soutien quand...Nous deux...Tu vois. Et je...Min' ? »

Bang Chan se fige littéralement. Le visage du Fixer se déforme sous la peine et ne pouvant retenir plus longtemps ses larmes, il essaie de se détourner mais le leader le retient. Instinctivement. Minho lâche un hoquet de douleur plus intense, faisant littéralement céder la barrière qui retenait encore ses sanglots.

« Je te demande pardon ! Il pleure. Je suis désolé ! Tout est ma faute ! Je le sais ! C'était mon choix, ma décision et même si parfois je le regrette, je sais que je n'aurai pas pu faire autrement ! Alors je devrais te laisser partir, te laisser aimer qui tu veux, reconstruire et te soigner comme tu l'entends et pourtant...Pourtant je n'arrive pas à me réjouir pour toi ! Je suis désolé Chan ! Parce que je t'aime toujours ! Je t'aimerai toujours ! »

Le brun déglutit. C'était surement la première fois. La première fois en six ans que Minho pleure devant lui. Ce n'est pas un monstre d'insensibilité, s'il peut sembler distant, parfois froid et peu empathique, il ne l'a jamais été avec lui, en tout cas pas dans leur bulle d'intimité. Minho n'a jamais réussi à lui cacher ses véritables sentiments et plus il s'était ouvert à lui, plus Bang Chan avait découvert des facettes fascinantes de sa personnalité. Il avait vu son côté enfantin, boudeur mais aussi rayonnant de joie, d'excitation, plaisantin et enjôleur. Il avait vu sa timidité qu'il tentait de camoufler par une fausse arrogance, un regard aguicheur qui cachait en réalité la fragilité d'un homme amoureux, se livrant corps et âme à l'autre. Il avait vu la colère lorsqu'on s'en prenait à ceux qu'il aimait, lorsqu'on voulait lui faire du mal, celle qui le rendait fort et intimidant, même aux yeux du leader mercenaire. Il avait vu la peine et la souffrance de la blessure, celle qu'il essayait de garder cachée par fierté, celle qui était lancinante, qui faisait mal sur la durée et qui ne guérissait jamais vraiment. Il avait vu le désespoir qu'il avait toujours essayé de combattre et quand il n'y arrivait pas, il se reposait sur les épaules de son compagnon d'armes. Il avait tout partagé avec Chan, il lui avait tout donné.

Mais c'était la première fois, qu'il laissait aller ses larmes devant lui. La première fois que ces larmes, il était celui qui les avait provoqués.

Le visage ruisselant, reniflant, rouge, essoufflé comme un enfant en pleine crise, rien n'aurait pu l'achever davantage. C'était comme de sentir son cœur implosé, d'un sentiment qu'il ne saurait décrire. Un mélange de souffrance, d'amour meurtri mais aussi d'une pointe de joie. C'était étrange pourtant au fond de lui, cette peine qu'il infligeait, elle le rassurait. Il se sentait terriblement coupable mais il était heureux car même s'il savait l'amour que lui portait le châtain depuis toutes ces années, après leur séparation, il n'avait pu empêcher la graine du doute de s'insinuer. Après tout, il était parti, c'était qu'il ne l'aimait pas assez. Pas assez pour se contenter de lui. Et surement qu'il espérait le faire souffrir un peu, en se rapprochant de Jeongin. Ce n'était pas correct pour le jeune Nomade, il connaissait ses sentiments depuis longtemps et jusque-là, s'il n'avait rien fait pour l'encourager, il ne l'avait pas non plus dissuadé. Il pouvait se persuader qu'il n'avait rien fait qui puisse lui donner de faux espoirs mais au fond c'était un mensonge, sa simple présence constante dans la vie de son cadet suffisait à raviver la flamme qu'il peinait à éteindre. C'était égoïste et mesquin, Bang Chan n'a jamais affirmé qu'il était parfait mais il fallait avouer que de ces aspects-là de sa personnalité, il n'en était pas fier.

Être la source du mal pour deux hommes qu'il aimait profondément, chacun d'une manière différente. C'était peut-être lui, le méchant de l'histoire. Ravalant sa salive, il tira doucement sur les épaules de Minho pour venir l'encercler dans ses bras protecteurs. La simple sensation de son corps se fondant contre le sien, sans réticence, le faisait grimacer, expirant un regret douloureux au fond de la poitrine. Minho remontant ses mains le long de sa veste venait s'accrocher comme si sa vie en dépendant, faisant redoubler ses sanglots d'intensité jusqu'à le faire trembler.

Bang Chan mourrait d'envie de s'insulter, de se jeter à ses pieds pour lui demander pardon. Minho était loin d'être le seul responsable et même s'il avait fait comme si tout était sa faute, rejetant son désir profond d'enfant et l'accusant d'avoir tout gâché entre eux, il sentait bien qu'il avait été injuste. Minho lui avait tant de fois hurler la contradiction de ses envies qui déchirait son cœur mais lui, avait tout nié en bloc, le jugeant comme on juge un traître. Au final, en n'essayant même pas de le comprendre, c'était lui avait mis fin à leur relation. Maintenant qu'il y pensait, il avait l'impression de voir les souvenirs sous un autre angle, toutes leur dispute, tous les instants où Minho lui était apparu comme un grand égoïste. Il ne voyait plus que de la douleur dans le regard du châtain, du rejet, il voyait sa lutte intérieure et il se voyait lui, aveuglé par sa colère, le repoussant au point de le faire craquer et l'abandonner.

Merde. Alors c'était moi depuis le début.

Serrant les dents devant sa propre faute, il enferma plus fortement Minho contre lui, venant cacher son visage contre son épaule, murmurant des pardons répétés, comme une litanie qui fit peu à peu cesser les sanglots du Fixer.

« C'est moi qui t'ai repoussé...Depuis le début. J'ai pensé qu'à moi, sans essayer de te comprendre, ou dans discuter calmement. Putain je suis qu'un con...J'ai tout gâché. Je suis tellement désolé Min'...Si tu savais comme je m'en veux. Si tu savais..., Bang Chan secoue la tête. Je pourrai jamais arrêter de t'aimer... »

Minho resserre sa prise sur sa veste, sentant son cœur se comprimer. Il se redresse doucement et oblige Bang Chan à le regarder, attrapant son visage en coupe entre ses mains. Le brun détourne le regard, honteux. Et lentement, il laisse son regret se poser sur les yeux rédempteurs de son ancien amant. Il se mord les lèvres en voyant la souffrance s'évanouir imperceptiblement. Minho reprend une respiration calme, léchant rapidement ses lèvres salées par les larmes avant de s'approcher. Sans précipitation et comme une caresse, il presse ses lippes contre les siennes. Le simple contact suffit à les faire soupirer. Un échange pudique, timide, comme s'ils craignaient de se faire encore plus mal. Et sentant peu à peu le froid de leur tristesse commune se couvrir d'une douce chaleur, leur baiser devient plus profond, plus intense. Minho se hisse un peu plus contre le mercenaire qui l'accueil d'une poigne vibrante, comprimant sa taille entre ses bras, le faisant presque décoller du sol.

Sans être torride, le baiser semble peu à peu soigner le goût salé des blessures qui ne guérissent jamais vraiment, des non-dits, des sentiments étouffés qui ne s'expriment que dans les moments de détresse, lorsque l'autre est le plus acculé, au bord du gouffre.

« Je t'aime, souffle Bang Chan. Je t'aimerai toujours. Où que tu sois, avec qui, ça sera toujours toi...»

Minho ne peut réprimer un petit sourire de venir étirer ses lèvres, déposant son front contre le sien.

« Et je serai toujours à toi. Que tu aimes ou non quelqu'un d'autre, moi je serai toujours à toi.»

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HO HO HO ! 

Joyeux Noël lecteur du lundi ! 🎄

Le chapitre est un peu plus long et j'espère compréhensible au niveau des flash back du Président de la Netwatch !

Au prochain chapitre intrusion à la Netwatch et on va rejoindre le moment où Felix parle à Jisung !

A bientôt les copains ! 

ヽ(✿ﾟ▽ﾟ)ノ

D.