Chap. 16 ▲ O, Death
« Je suis un sombre stratège qui, ayant déjà perdu toutes les batailles, trace à l'avance sur le papier, et en en savourant chaque détail, le schéma précis de sa retraite finale, à la veille de chaque nouvelle bataille. »
(Fernando Pessoa)
« Mais vous ne serez pas là pour le voir »
La sueur perlant sur son front, la gorge serrée, personne pour le sauver in extremis. Ici il n'y avait pas de SKZ, pas de mercenaire éperdument amoureux de lui et a bien y regardé, il ne savait même pas s'il était toujours prêt à se sacrifier pour lui, pour eux.
Etrange qu'en cet instant d'arrêt dans le temps, alors que le bruit de la gâchette qui se pressait, actionnant les mécanismes de l'arme à feu contre sa nuque, résonnait comme une grosse machinerie jusqu'à secouer les battements de son cœur, il ne ressentait aucune peur. Un profond sentiment de regret oui, mais pas de peur. Rien qui ne pourrait le faire se révolter, supplier pour sa vie. Juste la sensation d'avoir raté quelque chose, d'avoir trop sacrifié pour en arriver là où il en était, aux portes de la mort.
Et alors qu'il était déçu de lui-même de songer à peine à la vie qu'il voulait créer avec Mashiro, il pensait aussi tôt à son mercenaire bourru et borné. Lui revenait à l'esprit leurs derniers instant de bonheur, les moments de sollicitude dans un silence apaisant où ils se contentaient de rester l'un contre l'autre, jouant de leurs doigts entrelacés alors qu'ils synchronisaient leurs respirations dans une harmonie magique.
Les meilleurs instants de sa courte vie. Où il n'avait aucune responsabilité, aucune ambition, qu'il n'était qu'un homme avec l'être aimé. Sans rien autour, sans rien attendre d'autre que de figer le temps à ses côtés. Il n'était ni nom ni rôle. Juste eux.
Il était bien incapable de donner une date à ce moment gravé dans sa mémoire, qui lui revenait au pire moment de son existence, comme une manière fourbe de son cerveau de vouloir lui faire revivre un moment merveilleux avant la fin. Lui faire accepter son sort avec apaisement. Il lui semblait que ces moments avaient été nombreux, presque quotidien mais qu'il les avait oubliés avec le temps, trop embourbé dans ses préoccupations égoïstes. Il avait oublié le bonheur.
Ce n'était que lorsque tout était perdu, définitivement, qu'on se rendait compte de ce qui était réellement important. Maintenant, il n'y avait plus rien à sauver. Plus rien à garder et quelque part, il était content d'avoir au moins ce souvenir comme le dernier avant de fermer les yeux pour toujours.
Soudainement des coups de feu retentirent, des impacts de balles dans la grande salle, des cris étouffés dans un gargouillis sanguinolant. Minho se sentit basculer sur le côté, jeter de son fauteuil. Par instinct, il se protégeait la tête, roulant sous la table circulaire mais alors qu'il fermait les yeux, ne sachant nullement s'il avait été touché, s'il était blessé, si ce n'était pas encore une illusion. Il sentit pourtant qu'on le tirait brusquement par le col ce qui le fit revenir sur terre définitivement.
En ouvrant les yeux il vit le masque d'un des gardes armés mais il n'avait plus les yeux bleus de Liebert. En revanche ses iris tressautaient littéralement, comme de minuscules écrans vacillant, piquetés de couleur rouge et de données binaires qui traversaient son humeur vitrée, sans que Minho ne puisse en saisir l'origine. L'homme le tirait avec plus de force, le faisant littéralement trainer à ses pieds mais le Fixer était incapable de l'en empêcher, trop occuper à ne pas mourir étrangler par sa propre chemise, battant des pieds roulant parfois sur lui-même pour éviter prendre une balle perdue sans réussir à se défaire de la prise.
Ils sortaient de la grande salle dans le chaos le plus total, le garde ripostait face aux autres qui étaient restés à l'intérieur, entourant Libert qui l'observait avec froideur. L'impuissance le faisait rager, sa vue était floue mais Minho pouvait la ressentir jusque dans ses entrailles. Liebert voulait le voir mort et cette fuite n'était pas dans ses plans.
Certains dirigeants étaient tenus au sol, alors que d'autres comme Hanako restait debout, d'un sang-froid à toute épreuve alors que trois d'entre eux l'encerclaient.
" Debout", gronda la voix cybernétique du garde.
Minho ne savait même pas s'il était humain, ou bien un androïde, il n'avait aucune idée de ce qui se cachait derrière le casque et le masque mais il obtempéra. Ce n'était pas comme s'il avait le choix, il continuait de le trainer par le col de sa veste, tirant des rafales de balles tout autour de d'eux, le poussant par moment à se cacher derrière un mur, dans l'alcôve d'un couloir. Il ne savait même où il était, où il allait, le Fixer avait le plus souvent la tête entre les épaules, esquivant plus par instinct de survie que par réelle volonté.
Soudainement il fut jeté à l'intérieur d'un nouveau couloir condamné d'un coup de coude du garde qui fit exploser la commande numérique de la porte qui les séparait du reste de l'aile. Le bruit des balles s'était arrêté soudainement et Minho était essoufflé, son cœur tambourinait dans sa poitrine, au bord de la crise cardiaque quand le garde rechargea machinalement son fusil d'assaut. Il l'observait, essayant de comprendre ce qui lui arrivait mais l'homme - ou la chose – reprit sa marche cette fois sans tenter de lui arracher le bras ou de l'étrangler. Minho hésita une seconde mais il savait qu'il ne pouvait que le suivre.
Le garde avait une marche rapide, Minho devait presque courir pour le suivre, ne pouvant s'empêcher de regarder derrière lui et quand ses yeux furent attirés par les caméras, il les remarquait déconnecté, comme si elles avaient subi une trop grosse charge électrique et qu'elles avaient grillé. Etais-ce lui qui avait fait ça ? Par quoi était-il contrôlé ? Si c'était un cyborg, il y avait forcément quelqu'un aux commandes.
" Felix ?" Il tenta peu convaincu.
Il ne réagissait pas, continuant d'avancer à grandes enjambées.
" Jisung ?"
Toujours pas de réaction et déjà ils arrivaient au bout de l'interminable couloir, devant eux une porte que le garde ouvrit rapidement avant de tirer le bras de Minho et le jeter à l'intérieur. La petite pièce était plongée dans le noir et s'apprêtant à protester l'homme masqué l'intima d'un simple regard de ne pas bouger. Minho savait qu'il n'avait nullement la force de le contredire, il était totalement dépendant de lui. C'était ça ou mourir. Ses pupilles rouges étaient les seuls points lumineux sur le contre-jour, sans aucune trace d'aucune expression humaine qui aurait pu le rassurer mais ce dernier ne semblait pas être là pour le dorloter.
« Ne bouge pas d'ici. » Tonna à nouveau la voix mécanique.
La porte se referma. Avec elle la lumière et toute chance d'avoir des réponses.
***
Assis dans un recoin de la petite pièce où aucune lumière filtrait, Minho s'était recroquevillé sur lui-même, la tête entre les bras. Il essayait de faire abstraction de tous les bruits qu'ils entendaient et qui se répercutaient dans les conduits, à travers les murs, jusqu'à lui parvenir de manière étouffée, brouillon. Parfois assez fort pour le faire sursauter.
Il n'avait aucune idée de ce que c'était, des voix, des coups de feu, des explosions. Le complexe fédéral pouvait bien être à feu et à sang, il n'en avait strictement aucune idée et pour une raison qu'il ignorait, il ne se sentait pas désobéir à son sauveur robotisé et de tenter seul une échappée. Il ne savait ni où il n'était ni comment gagner la sortie.
L'intervention du garde avait nécessairement une raison. Il l'avait sauvé uniquement lui. Quelque part, il espérait que l'un de ses amis soit derrière tout ça mais en dehors de Felix avec l'aide de Goliath, il ne voyait pas qui pouvait être capable de contrôler un cyborg. Et pour ce qui était d'une éventuelle l'IA, c'était encore plus improbable. Quel serait leur intérêt à aider le Fixer ?
Son instinct lui disait qu'il devait attendre, sagement. Ne pas jouer les héros ni les fortes têtes. Il était bien plus en sécurité de cette espèce de cagibi que dans la grande salle avec les autres.
Il lui semblait que des heures entières s'écoulaient. Les bruits étaient plus espacés pendant un temps, presque inaudible. Tandis qu'il avait l'impression de s'être déconnectée de la réalité, surement qu'il avait dormi sous le contre coup de l'adrénaline, il fut à nouveau surpris par un bruit sourd. Une explosion. Tout près cette fois.
Ils se rapprochaient.
Il leva les yeux en direction de la porte, seule petit rayon de lumière qui lui parvenait sous le seuil. Ce petit lien avec l'autre côté et des pas courraient jusque à lui. Il sentit son cœur s'arrêter et son souffle se bloqué alors que la porte s'ouvrait soudainement. La lumière l'aveugla, son corps subissait tout à coup la position inconfortable sur une durée trop longue. Sa bouche était pâteuse et sa peau tirée. Combien de temps était-il resté ainsi ?
Devant l'embrasure son garde le toisait des mêmes pupilles vermillon. Un nouveau choc faisait trembler les murs suivit par de nombreux bruit grondant.
« Allons y. » Lui ordonna le cyborg.
Minho se leva et le cyborg quittait déjà l'encadrement pour se mettre en marche. Une marche tout aussi rapide que la fois précédente. Il longeait le couloir de droite et Minho regardait tout autour de lui puis par instant vers ce qui lui semblait être le lieu des conflits.
Le garde poussa une porte battante et continuait de remonter des couloirs sans fin avant de s'arrêter devant un ascenseur. Au regard du système d'alarme qui s'était actionnée pendant l'attaque, il doutait qu'il puisse encore fonctionner.
Le garde fit glisser son arme dans son dos puis à mains nues, il tira sur les portes métalliques pour les ouvrir sans même broncher ce qui confirmait définitivement qu'il ne soit pas humain.
Les gardes armés fédéraux devaient tous être des cyborgs, cela expliquait pourquoi l'IA avait si facilement pu les contrôler dans la grande salle mais ça ne lui disait toujours pas qui était aux commandes de celui-ci. Et si ce n'était pas les deux Netrunner alors...
« Titan ? »
Le garde se retourna dans sa direction mais il n'avait toujours aucune réaction, rien qui puisse lui confirmer à qui il avait affaire. Minho déglutissait devant ces pupilles encore vacillantes, des données qui continuaient de défiler comme un programme en hyper flux. Ce dernier le tira à nouveau à lui, sans aucune délicatesse et le Fixer se laissait faire.
Il s'accrocha au câblage et sans sommation il tira trois coups sur le bout du câble accroché à la cabine, un étage en dessous, qui se rompit brusquement. Les deux hommes remontaient tous les étages d'un seul coup. Minho ferma les yeux, fermement tenu à l'équipement du cyborg dont il espérait au moins qu'il n'était pas devenu soudainement suicidaire. Leur ascension et la vitesse de remontée le faisait se comprimer, exerçant une pression sur sa tête et sa colonne. Il fermait les yeux, craignant maintenant l'impact.
L'arrêt arriva rapidement et lui coupa le souffle. Le Fixer s'était crispé sur les bras du cyborg qui le tenailler comme une chaîne indestructible. Il avait bien du mal à s'en détacher mais ce dernier se décrocha. Il ouvrait à nouveau la porte d'un seul bras qui fit rentrer une rafale de vent à l'intérieur du couloir vertical. Les cheveux de Minho virevoltaient sous les bourrasques avant d'être poussé par le cyborg pour grimper sur le bord extérieur.
Ils étaient sur le toit du bâtiment et des lumières rouge et bleu clignotaient tout autour d'une immense plateforme. L'héliport.
Il faisait nuit et nuageux, le vent soufflait tout autour d'eux comme une tempête et rapidement ils entendaient des aéronefs qui stationnaient tout autour d'eux. Des convois visibles qui balayaient les cieux de leurs spots lumineux. L'armée avait été dépêchée sur place et avait encerclé le complexe fédéral.
" Où est-ce que tu m'emmènes ? " Marmonna Minho en regardant le garde s'avancer jusqu'au centre de plateforme d'atterrissage sachant qu'il ne lui répondrait pas.
Fendant l'air d'un bruit de pales assourdissant, Minho se boucha automatiquement les oreilles alors qu'au-dessus était en approche une Navi. Ce n'était pas l'armée, c'était une Navi privée mais au lieu d'atterrir, elle restait à deux mètres au-dessus du sol. Doucement la porte sur le côté s'ouvrit et une main tendue s'en extirpa en direction de Minho qui croyait halluciner.
" Saute Minho ! Cria la voix perçante de Jeongin au milieu du bruit des hélices.
- Saute...Saute ? T'es marrant ! Reg...OUHAA !"
Sans crier gare il fut attrapé par le garde et littéralement projeter, par réflexe il s'accrocha au bras tendu de Jeongin qui le tira de toute ses forces en arrière et le fit tomber à l'intérieur de la Navi. Minho eut à peine le temps de comprendre ce qu'il se passait qu'il se sentait balloter dans l'habitacle, la porte se refermait, avec elle le bruit du vent, du départ précipité de l'aéronef dans les airs alors que son sauveur cybernétique s'assurait qu'il disparaissait définitivement.
Le Fixer essayait de se redresser maladroitement, totalement écrasé sur Jeongin qui était partagé entre le rire soulagé d'avoir réussi et la gêne qui le gagnait en le voyant bras tendus au-dessus de lui. Minho planta ses pupilles sombres dans les siennes, le Nomade était de loin la dernière personne qu'il s'imaginait voir à cet instant précis et pourtant il fut gagné d'un sentiment puissant de gratitude. Il avait été apnée tout au long de sa fuite, en pilotage automatique, le cœur battant et n'ayant aucune idée ce qu'il faisait, d'où il allait et si allait survivre. Ce n'était que maintenant qu'il se sentait enfin en sécurité, que l'aéronef s'éloignait du théâtre de son exécution, avec un visage connu qu'il le réintégrait dans la réalité : il était vivant.
A une balle logée dans le crâne de ne plus voir aucun d'eux, toute la colère, la rancune, l'amertume, tout ce qui avait empoisonné son cœur et sa vie, tout lui semblait si dérisoire.
Il était tellement heureux d'être en vie.
N'y tenant plus, il s'écrasa contre son torse. Jeongin l'avait réceptionné dans un petit hoquet de surprise. Tétanisé.
Le Fixer ne lui avait jamais paru aussi fragile, aussi humain qu'à ce moment. Des faiblesses qu'il n'osait montrer qu'à Bang Chan en temps normal, lui donnant la sensation d'être à son tour privilégier et sans qu'il ne puisse le contrôler, il sentit comme un élan protecteur le gagner. Doucement Jeongin l'entourait de ses propres bras, essayant d'apaiser les tremblements que Minho réprimait. A peine ses mains s'étaient posées dans son dos que son corps arrêtait peu à peu de convulser. Sa respiration retrouvait un rythme plus calme.
" Merci, souffla Minho contre son oreille. Merci d'être venu me chercher...
- Tu es en sécurité maintenant..."
***
Jeongin venait tout juste de déposer Felix et Hyunjin au port quand il reçut un message étrange. Il n'avait plus aucun implant et il fut surpris de voir que quelqu'un possédait son numéro privé qu'il avait relié à la montre à son poignet.
Peu de personne pouvait réellement le contacter, désireux depuis les faits de 2094 de rester loin de la vie numérique, néanmoins quelqu'un lui avait bien transmis ce message énigmatique.
Un point de rendez-vous et une heure précise.
Ce qui l'avait convaincu de s'y rendre était le symbole juste à côté du message. L'hexagone. Le symbole de la Ruche. Il venait de déposer Felix, ça ne pouvait être lui alors qui pouvait bien connaître son lien avec la Ruche ?
Jeongin était trop curieux pour ne pas suivre cette piste et bien que le principe de précaution aurait dû le pousser à avertir quelqu'un du SKZ, il n'en fit rien. Le point de rendez-vous était dans une zone industrielle de la ville presque en périphérie et qui n'avait aucune utilité en dehors d'abriter des hangars du gang des Tyger Claws. Avec son absence de signature numérique, inutile d'essayer de jouer les furtifs, il lui suffisait de se déplacer sans trop se faire remarquer et il pourrait passer sans difficultés. Les militaires qui arpentaient la ville avait rendu les gangs nerveux et les problèmes se concentraient au centre-ville.
Il arriva donc rapidement dans la zone industrielle presque vide, il faisait bien attention qu'on ne le suivait pas et s'était muni de son semi-automatique : l'expérience avec le SKZ laissait sa trace, il n'avait pas seulement pris le vice de la cigarette de Jisung, il avait aussi appris à tirer avec Bang Chan. Il ne dirait pas que c'était simplement une excuse pour lui pour se rapprocher du leader. On pouvait trouver deux avantages à une activité sans pour autant s'en sentir coupable. En tout cas, il essayait.
Il regarda une dernière fois sa montre pour vérifier l'heure mais aussi s'il avait reçu un autre message. Lorsqu'il se trouva au point de rendez-vous et qu'il ne vit que l'immense porte coulissante rouillée de la bâtisse en ruine, il regarda autour de lui avec méfiance. Il n'y avait pas un foutu chat et le silence le rendait définitivement anxieux. Pourtant il continuait. Il ouvrit la porte, faisant tout le bruit du monde sous le grincement des gons et qui le faisait grimacer. Il se faufila à l'intérieur et fut stupéfait de remarquer une Navi.
Ces aéronefs utilisés par les corpos pour se déplacer dans les airs était planté au milieu du hangar. Le toit anciennement vitré était éventré et suffisait largement pour faire passer l'engin. Il semblait en bonne état, à peine poussiéreux. Un symbole de la fleur de cerisier, symbole de la Mégacorporation Arasaka trônait sur le flan de l'appareil.
" Je vois que tu es venu seul."
La main sur sa ceinture, prêt à dégainer son arme, il regarda la silhouette s'approcher, le visage caché par une capuche d'un hoodie noir d'où il voyait de longs cheveux bruns s'échapper. Sa voix grave avait quelque chose de familier. Un homme de toute évidence mais il ne pouvait pas en être sûr. Tout était possible à Night City, on ne pouvait se fier aux apparences.
Un bras mécanique dévoilé sous sa manche se leva et sa main chromée se posa sur le museau de l'engin volant.
" Il a un pilotage automatique. Pas besoin de savoir l'utiliser. Il te conduira directement à Washington.
Jeongin cligna des yeux. Il ne comprenait pas.
- Qui êtes-vous ? Il demanda ne trouvant pas de question plus appropriée.
- On s'en fout. Tu veux sauver Lee Know oui ou non ? Tu n'as que cinq minutes pour te décider."
Difficile de simplement l'envoyer paitre et pourtant, n'importe qui de raisonnable l'aurait fait.
Comment faire confiance à une personne sortie du nulle part qui vous donnait une Navi et la possibilité de sauver un membre de leur groupe, qui ne donnait plus aucun signe de vie depuis des heures ? Ce n'est pas comme si tout le monde était sûr les dents, le chef mercenaire avant tous les autres, et ça expliquait le silence radio de sa part vis à vis du Nomade. L'inconnu jouait sur sa corde sensible sans le savoir ou bien le savait il justement et Jeongin était la cible toute désignée pour ce genre de mission suicide. Parce qu'il ne poserait que peu de question, il avait trop à gagner à accepter et il était bien trop impulsif pour réussir à réfléchir à une solution moins risquer. Alors aimer avoir le temps d'appeler du renfort, Shell ou n'importe qui d'autre du SKZ qui pouvait s'envoler avec lui mais le temps filait et le bruit des doigts de métal sur la machine, battant la mesure des secondes l'empêchait de réfléchir.
" Qui me dit que ce n'est pas un piège ? Comment je peux vous faire confiance ? Essaya quand même de demander Jeongin.
- Tu ne peux pas. Je pourrai te mentir. Ça ne change rien. Lui dit l'homme qui restait dans l'ombre de sa capuche mais Jeongin cru un instant apercevoir le bas de sa mâchoire et cette dernière donnait sur un mécanisme qui recouvrait sa gorge. Il avait rarement vu autant d'implant sur une seule personne. A croire que son corps entier était celui d'un robot et pourtant il sentait bien qu'il ne s'agit pas d'un androïde.
« Il faut que tu partes immédiatement, il continua laissant échapper un soupire. Aujourd'hui, je ne suis pas un ennmi et cette Navi n'a pas été volée, elle m'a été donnée par Mashiro Arasaka. Si tu veux une confirmation tu peux l'appeler.
- Mashiro, c'est elle qui vous envoie ?
- Je n'ai pas le temps je t'ai dit. Tu dois partir immédiatement. »
Jeongin devait faire un choix et ce dernier était tout désigné. Il se mordit la langue, priant pour que Bang Chan ne l'apprenne jamais car il lui passerait un savon. Au pire, s'il lui ramenait son Minho bien aimé, il serait immédiatement pardonné non ?
A cette pensée, Jeongin aurait dû se sentir dépité mais c'était bien moins douloureux qu'il ne le pensait. Bang Chan aimait le Fixer, cet amour il ne pouvait pas rivaliser avec alors à quoi bon se morfondre. Il avait lui aussi une place spéciale pour le mercenaire, il devait s'en contenter, pour l'instant.
Lorsque la porte de la Navi s'ouvrit, il sursauta légèrement et resta une seconde, hésitant. Puis il prit une profonde inspiration et s'avança pour monter à l'intérieur, retirant l'arme de sa ceinture pour la prendre d'une main. Il s'asseyait alors que le mystérieux inconnu sortit un câble pour le brancher à un port sur sa nuque. Un Netrunner.
Jeongin essayait de regarder le moindre détail, quelque chose qu'il pourrait graver dans sa mémoire et lui permettrait de le retrouver, un réflexe d'anticipation même s'il n'était pas sûr qu'il lui servirait à quelque chose, maintenant qu'il était entré dans la machine, difficile d'empêcher un éventuel piège de se refermer.
Il essayait de se raisonner, ce n'était surement qu'une manœuvre de Mashiro Arasaka, qui avait entendu parler du Nomade. Si on essayait de réfléchir calmement, son intervention était somme toute logique. Mashiro Arasaka avait d'autant plus d'intérêt à intervenir que sa mère et son mari était laisser dans le complexe fédéral, sans nouvelles. Si elle avait pu, elle aurait surement contacté le SKZ mais ces derniers subissaient des problèmes qui la dépassait et Bang Chan était quasiment injoignable. Il était bien placé pour le savoir.
Son absence de signature numérique permettrait une approche plus facile de Washington. L'étrange Netrunner avait dû l'avertir qu'il était un choix facile et en plus de ça, il mettait quand même le SKZ dans la boucle, indirectement.
Alors pourquoi est-ce qu'il trouvait la situation si désagréable ? Si inconfortable ? L'homme continuait son piratage, passant sa langue nerveusement sur ses lèvres mais ne dévoilait toujours pas le haut de son visage. Il voulait lui poser encore des questions, essayer de rassurer comme il pouvait mais déjà les hélices se mettaient à tourner et de plus en plus vite, jusqu'à empêcher sa voix de porter jusqu'au Netrunner qui décrocha son câble d'un coup sec. Il s'approcha de la porte, Jeongin ouvrit la bouche mais aucun son n'en sortit, apercevant une particularité qui lui glaça le sang. Le port cybernétique sur sa nuque, sa forme caractéristique.
Un hexagone.
Le symbole de la Ruche.
***
Il avait réussi à s'échapper des voies aériennes du complexe complètement saturer de militaire en stationnement. L'intervention de Mashiro avait au moins eu l'avantage qu'aucun d'entre eux ne l'avait attaqué, sa signalisation avait été transmise et l'influence de la Directrice d'Arasaka était assez importante pour qu'il puisse passer sans encombre.
Même si l'inconnu n'avait encore ni nom ni visage et qu'il continuait de penser que les choses n'étaient pas aussi simples qu'il laissait à penser, il était au moins rassuré de savoir que Mashiro était bien derrière son sauvetage improvisé. A peine remis de ses émotions, Minho avait déjà pris contact avec l'ensemble de son réseau, Jeongin ne savait pas s'il avait appelé Bang Chan, il préférait laisser un peu d'intimité au Fixer alors qu'il observait les commandes de la Navi, prêt à prendre la main s'il le fallait sur le pilotage automatique.
Les nuages défilaient, il ne savait pas tellement où ils étaient, il volait assez bas pour ne pas être perçu par les radars et de ce fait il était en plein dans les nébuleuses, parfois chargées en pluie et qui frappaient par intervalles réguliers l'habitacle.
Pourtant il se sentait au calme, protégé et bientôt il serait en approche de Night City. Jeongin sentait son corps s'alourdir, heureux d'avoir réussi mais se préparait psychologique à la charge qu'il allait prendre pour avoir osé s'aventurer seul dans son périple à haut risque. Il entendait déjà les cris de Bang Chan, les remontrances de Jian et bien sûr les petits clins d'œil de Changbin qui ne pourrait s'empêcher d'être fier de son audace, ce qui ferait rager d'avantage le chef mercenaire. Ça le fatiguait d'avance mais ça serait agréable. Après tout, il savait que colère laisserait vite place au soulagement, au bonheur de retrouver l'être aimé.
Un petit sourire en coin s'étirait sur ses lèvres, un sourire quelque peu mélancolique mais encore une fois, bien moins dure à supporter qu'il ne le pensât. Tandis que ses yeux se fermaient lentement sur la scène imaginée d'un regard partagé entre deux amants, les premiers rayons du lever de soleil caressait sa peau.
Minho soupira en refermant son téléphone. Il avait réussi à joindre sa femme, pour la rassurer et si elle n'avait pas fondue en larmes au son même de sa voix, il l'avait senti fébrile et profondément heureuse de l'entendre. Lui-même était soulagé qu'elle soit saine et sauve.
Elle lui avait donné un rapide aperçut sur ce qui se passait en ville. Les corpos des plus grosses entreprises étaient quasiment enfermés soit chez eux, soit au sein de leur entreprise. Constamment suivi par des militaires lourdement armés. Sans parler de la Netwatch qui était devenue impénétrable. Les androïdes avaient été désactivés, plus aucun en fonction en ville et cela avait grandement impacté les effectifs du NCPD. Une surveillance accrue avait rendu nerveux les habitants, les accidents se multipliaient, et c'était dire à quel point cela pouvait être inquiétant quand on connaissait le taux de criminalité et de carnage à Night City. De nombreux lieux publics, bars, clubs, avaient été fermés, la Max-Tac faisait descente sur descente et les altercations avec les gangs se transformaient en véritable conflit sans fin.
"On dirait un début de guerre civile Minho, je suis inquiète...J'ai peur qu'on finisse par s'entretuer. Pour le moment c'est maîtrisé mais ça va exploser, je le sens...Il faut que tu les appelle, que tu les empêches de lui donner raison...Si les autres puissances économiques se rendent compte de l'instabilité du Night City, on sera complètement coupé du monde et ils lui donneront définitivement les clés du Black Wall en contrepartie de l'ordre rétabli. Il n'y a rien de pire que le chaos pour faire émerger les tyrans... "
Pour le moment Jack Liebert était, au même titre que les dirigeants présents à Washington, bloqué dans le complexe. Il allait faire jouer la montre, essayer de prouver qu'il était le seul à pouvoir remettre de l'ordre dans la protection du cyberespace, quitte à devoir leur forcer la main en les gardant séquestrer. Minho se doutait que les restes des puissances économiques qui n'était pas à Washington, et ceux élus par intérim, allaient également se réunir de leur côté pour décider s'ils devaient intervenir ou pas. Le statut de Night City était remis en question, comme le craignait à raison Mashiro. Pire encore, c'était même leur vie tout entière qui l'était. Après tout, tous les pays du Monde n'attendait que ça depuis des siècles, la fin de l'exception Night City.
Minho continuait une bonne partie du trajet à contacter des informateurs, des partenaires notamment parmi les plus hautes sphères, les taupes qu'il avait à sa solde dans les différents groupes et qui ne diraient surement rien sur son retour puisque ça serait révélé leur lien. Pour autant en voyant au loin les premiers reflets des buildings de verre, il savait que son évasion comme son retour devait déjà être sur toutes les lèvres. Sa femme lui avait au moins assuré un retour sans armée ou militaires pour l'accueillir. C'était encore la dernière influence qu'elle pouvait avoir dans la Cité, alors que la quarantaine avait été décrétée.
« Tu as quarante huit heures, lui avait dit Mashiro. Je sais que les chefs de gangs se réunissent ce matin mais je ne connais pas le lieu. Il faut les convaincre Minho. Tu sais ce qu'il te reste à faire. »
Plus facile à dire qu'à faire, soupira Minho en penchant la tête en arrière. Il sentait soudainement toute la fatigue de cette nuit interminable. Son corps mourrait d'un repos bien mérité, d'un sommeil sans rêve, mais ce n'était pas pour tout de suite. Au lieu de ça, il se contentait de regarder les autres dormir à sa place. Il devait bien l'avouer, le jeune Nomade était adorable quand il était sans défense. Nullement conscient du danger constant. Qu'on soit ou non entre les murs de Night City, Jeongin n'aura jamais de répit, à l'instar de tous les membres du SKZ et de leurs amis, il avait un destin tout tracé et il était semé d'embûches. Minho comprenait de minute en minute ce qui avait tant attiré Bang Chan chez lui, cette quiétude était incompréhensible et pourtant si facile à envier. C'était presque comme revoir une de ces plants sauvages dans le jardin de la villa, alors mêmes qu'elles avaient disparue dans la nature. Un petit miracle de pouvoir les contempler de ses yeux et pas seulement les imaginer à travers de vieilles photographies.
Pouvoir dormir paisiblement, il lui semblait qu'il ne s'agissait que d'un mythe comme un autre.
Le moteur de la Navi ralentissait et rapidement l'engin amorçait sa descente. Ils allaient atterrir et Minho se sentit à nouveau agité. A peine avaient ils retrouvé la terre ferme qu'il ouvrit la porte de l'appareil. Voyant que Jeongin n'avait nullement réagit, il se contenta de lui poser une main sur l'épaule pour le réveiller. Le Nomade sursauta presque, battant des paupières dans une moue contrariée et pratiquement enfantine. Le Fixer se retint de rire, ne voulant pas ajouter une tension moqueuse à leur relation déjà bien compliquée, même s'il était plus amusé que courroucé contre lui à cet instant. Si tant est qu'il l'ait été. Après tout, Jeongin n'avait rien fait de mal. Il était juste amoureux et il n'était pas assez cruel pour lui en vouloir, pour ça.
« Nous sommes arrivés, il lui dit alors simplement.
Jeongin semblait remettre ses idées en place mais aussi les derniers évènements. Il était lui aussi épuisé. Minho sortit de la Navi, le laissant lentement se remettre.
Le Fixer remarqua qu'ils étaient dans un immense hangar vide. Pas un chat à l'horizon. C'était un silence inhabituel mais pas désagréable. Il avait sensation de n'être jamais vraiment parti et pourtant, le reste de son cerveau lui disait tout le contraire. Il n'avait pas de temps à perdre. Il prit une profonde inspiration puis il commençait à contacter ses partenaires, s'éloignant à grandes enjambées.
Jeongin le regardait faire, descendant de la Navi à son tour. Minho était de ces hommes qui pouvait passer à côté de la mort et reprendre la partie sans once d'hésitation. Comme pouvait l'être Bang Chan. Car s'arrêter c'était mourir, abandonner c'était l'échec. Ils ne pouvaient que se battre, jouer, user de stratégie et espérer reporter la prochaine manche. Et Jeogin ne pouvait que les observer, effrayé et fasciné. Comme il l'avait été depuis le premier jour.
« Tu viens ? » héla Minho de l'autre du hangar devant la porte, la main sur la tempe puisqu'en communication.
Jeongin cligna plusieurs fois des yeux mais n'attendit pas que le Fixer le rappelat. Il remonta rapidement le grand hall pour le rejoindre.
« Tu dois me conduire à l'Afterlife. Mon chauffeur est mort la nuit dernière, a priori un accident dans la circulation à cause d'une intervention de la Max Tac. »
Le Nomade fronça les sourcils, il aurait pu prononcer les mots de circonstances mais il savait Minho indifférent.
« Et puis, tu es mon sauveur. A partir de maintenant, tu restes avec moi. »
Jeongin ne put réprimer une légère rougeur sur ses joues, embarrassé d'être désigné comme tel. C'était vrai, il avait foncé tête baissée pour l'aider mais il ne se sentait nullement héroïque, juste assez inconscient pour se lancer dans une mission suicide. Il voulut dire à Minho qu'il n'y avait rien de spécialement courageux dans ses gestes mains le châtain repartait déjà, continuant sa communication. Jeongin se mordit les lèvres et le suivit sans un mot de plus.
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Hello amis lecteurs !
J'espère que vous avez passé un bon week-end !
Petite suite de Titan et surtout le sauvetage improvisé de Minho par le surprenant Jeongin !
Pas réussi à me résoudre à tuer Minho... pour votre plus grand bonheur bien sûr !
Quid du mystérieux Netrunner qui l'a aidé ? Figuration ou rôle important ?
😀
Prochain chapitre : Felix et Jisung dans le monde blanc avec Titan
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