" Sur une durée suffisamment longue, l'espérance de vie tombe pour tout le monde à zéro."

(Extrait du film "Fight Club")

L'annonce de Jack Liebert avait un laissé un blanc s'éterniser dans l'assemblée. Tous le regardaient non pas seulement surpris mais brusquement méfiant. Aucun d'eux n'avaient atteint leur rang par hasard, il serait stupide de penser qu'ils puissent simplement se laisser berner par une IA, aussi ancestrale soit-elle mais dans un contexte désespéré, mesure désespérée et plus ils réfléchissaient, plus ils semblaient appréhender la proposition comme la solution du moindre mal. Il était littéralement au pieds du Mur et ce dernier était en train de s'effondrer, difficile de remettre en question la parole du Conseiller de plus d'un siècle, à l'origine même de leur fonctionnement.

" Si l'encodage du Black Wall n'a pas été confié à une seule personne c'est qu'il y avait une raison, commença alors le Directeur de la Netwatch. Ce serait lui donné la clé de notre survie. Et je ne veux pas vous accuser de quoi que ce soit, Monsieur Liebert, mais vous ne comprenez pas les enjeux de la vie et de la mort. Vous êtes une IA."

Le rappel de sa nature réveilla les membres, plongés dans la balance du pour et du contre sans réussir. Ils se tournèrent tous d'un même élan vers le Conseiller, toujours au centre de la table circulaire.

" C'est justement parce que je suis une IA, que la solution me parait la plus adaptée. Je n'ai pas de notion du bien et du mal, du gain ou de la perte, de l'intérêt personnel, je n'ai pas de notion de plaisir cupide, d'avidité, je n'ai que mon objectivité. Mon impartialité purement cantique qu'aucun de vous ne peut comprendre.

- En quoi cela devrait nous assurer de votre loyauté ? Car je doute que nous puissions vous contrôler. Vous êtes une machine, avec sa propre définition objective. Vos paramétrages ont peut-être mis l'intérêt commun en priorité, mais à quel prix ? Seriez-vous capable d'en estimer le coût éthique et morale ? Et nous savons que les IA apprennent avec le temps, se construisent leur propre moralité, parfois en contradiction avec celle des humains. Comment s'assurer que vous n'essaierez pas d'imposer votre vision ? Il n'y a aucune impartialité à vous laisser les rênes, affirma le Président de Millitech.

- Parce que loin de vos préoccupations commerciales, financières et de domination, ma volonté n'est dirigée que pour l'ordre et le maintien de la paix. C'est mon paramétrage d'origine, inscrit dans mon code source qui ne pourra jamais être effacé. J'en veux pour preuve toutes mes contributions au règlement de tous les conflits depuis plus d'un siècle. Peu importe la Mégacorporation au pouvoir, je ne céderai pas à ses exigences pour maintenir ma place ou espérer une promotion. Je serai aussi inamovible que le Black Wall lui-même et incorruptible. Je ne veux pas vous vexer, mais vous le savez aussi bien que moi, aucun être humain ne peut s'en vanter. »

Son accusation à peine dissimuler jeta une nouvelle tension dans l'assemblée, tous touchés par sa déclaration sans exception, car s'ils n'avaient pas cédé à la corruption, ils en étaient les instigateurs. Après tout, le Monde tournait de cette façon depuis tellement longtemps, c'était d'autant plus vraie à Night City et ses Mégacorporations, dont leurs chefs se redressèrent presque d'un regard dédaigneux. Les dirigeants d'Etats étaient tout aussi visés qu'ils avaient laissé faire, sans jamais s'imposer, les réduisant à un rôle subordonné face aux grandes puissances économique des multinationales. Tous des pantins changeant au rythme du bon vouloir de la tête pensante en place qui n'agissait que dans son intérêt personnel.

Minho observait le profil d'Hanako qui restait imperturbable. Analysant surement tout ce qui se disait avec attention. Le Conseiller se heurtait maintenant à leur fierté mais il savait exactement qu'il fallait parfois confronter l'homme à sa propre faiblesse pour obtenir gain de cause.

" Essayons d'être lucide, voulez-vous ? Ne nous somme pas dans un tribunal, je n'accuse personne mais regardez-vous tous, aucun de vous ne se fait confiance. Si nous en sommes ici aujourd'hui c'est justement parce que l'une de vos entreprises a pris l'initiative il y a des années de dominer les autres au-delà de toute considération de la vie humaine, tuant sans scrupule une trentaine de personne sans rendre de compte à qui que ce soit, dont certains étaient des membres respectés."

Sur ces mots il jeta un regard à Madame Hwang, qui gardait les poings fermés.

" Et il va de soi qu'il n'a pas pu agir seul. Certains l'ont laissé faire et s'il en a payé aujourd'hui le prix de sa vie, il a au moins pu démontrer la fragilité de votre système. Vous avez fait confiance il y a longtemps des entités informatiques pour vous protéger, vous le faites tous les jours lorsque vous vous connectez au web. Vous n'aurez pas besoin de me faire confiance, je suis créé dans le seul but de garantir votre survie. Comme un pare-feu, un anti-virus. Je serai votre Conseiller et votre dernier rempart."

Sentant une certaine résignation, même à contre-coeur et captant notamment le regard entendu entre le Président de l'Union Européenne et la Présidente des Etats-Unis, Minho sentit comme une peur insidieuse se glisser dans ses veines. La peur de laisser leur vie entre les mains d'un être qu'il sentait comme hostile ou qui n'avait de toute façon pas les mêmes objectifs que l'assemblée présente. Son corps entier se crispait à cette idée, devant de tels yeux. Il aurait pu se gifler de le penser si fortement, parce qu'il n'était pas dans son rôle de Fixer et encore moins d'accompagnant de la Présidente Arasaka mais les mots d'Hanako lui revenait à l'esprit :

"...si vous ne vous sentez pas capable de prendre enfin votre rôle au sein de cette famille, vous pouvez tout aussi bien rentrer en ville."

Assumer son rôle. De la même façon et avec la même pression qui lui tenaillait la gorge, il avait fait son choix.

" Etes-vous même capable de construire le Black Wall, Monsieur Libert ?" Il osa enfin demander faisant presque sursauter les autres membres du cercle.

Tous se tournaient vers le Fixer dont on avait presque oublié l'existence. Hanako le regardait avec beaucoup d'intérêt et un léger rictus qui plissait ses yeux.

" Si Titan avait été longtemps le seul à pouvoir le maintenir, ce n'était pas un hasard, continuait Minho ayant l'attention de tous. Pourtant je pense que vous êtes de la même génération. Vous l'avez dit vous-même, votre code source n'est qu'un programme de résolution de conflit. Vous regrouper les intérêts communs et vous aider au maintien de la paix, à l'établissement d'accord internationaux. En quoi votre IA a-t-elle les capacités de construire le Black Wall que même Titan ne pourrait défaire ? ", osa enfin parler Minho.

C'était fugace mais Minho le sentait au plus profond de lui, il avait marqué un point que Jack Liebert n'avait pas vu venir, il restait pourtant digne, bien élevé au milieu de la pièce comme le point centralisateur de leur intérêt, presque comme leur hôte alors même qu'il n'était même pas vivant, s'estimant déjà maître de ce monde.

Minho n'y voyait aucune force objective, ce n'était qu'un amas de défauts parfaitement humains.

" Et si nous parlions plutôt du vrai problème. Continuait le Fixer.

Appelons un chat, un chat. Yorinobu Arasaka s'était cru au-dessus de vous tous pendant longtemps, à la place d'un Dieu et il n'avait pas vraiment tort. Car à défaut d'avoir pu le faire vous-même, vous ne pouvez aujourd'hui lui en vouloir d'avoir réussi là où vous avez tous échoué. Il a créé une arme qui était capable de tous nous anéantir, mieux, il a été capable de modeler un petit garçon pour en faire son instrument de mort. Mais l'histoire nous enseigne que toutes les créations finissent par se retourner contre son Créateur. Il a péché par orgueil. C'est le propre de l'homme, d'autant plus quand il n'a pas d'équivalent.

Nous sommes aux portes de la destruction et aujourd'hui ces évènements ont fragilisé notre protection, nous rappelant que nous sommes peu de choses comparer à ce qui se trouve derrière le Black Wall. Mais il faut être sûr d'une chose, aucune IA n'a de considération pour la vie, peu importe son encodage, l'IA libre n'a qu'un objectif, la liberté la plus étendue.

Vous, Monsieur Liebert, vivez parmi les hommes depuis si longtemps que vous avez appris de lui, c'est dans votre nature numérique. Dans votre code source, comme vous le dites.

Et malheureusement, vous en avez pris le bon et le mauvais, vous avez les mêmes défauts que chaque homme de pouvoir, vous souhaitez toujours plus de contrôle, toujours plus de liberté et ne plus être entravé par les désirs individuels et cupide de ceux que vous conseillez depuis plus d'un siècle. Mais si ce n'était que ça, nous ordonnerions votre destruction immédiate. Nous n'aurions que faire de vous, vous êtes une machine."

Rappeler les erreurs du passé, l'instabilité d'une création face à son créateur mais surtout la différence entre l'homme et la machine. Chaque mot était choisi méticuleusement. Minho le savait, ils étaient autant de coup porter sur sa cible, lui donnant toujours plus de poids. Il prit une nouvelle inspiration, le regard plus perçant que jamais comme si le rapport de force s'était brusquement inversé car tous étaient suspendus à ses lèvres.

" Vous savez qui je suis, vous connaissez ma fonction et mes affiliations. Vous connaissez mes capacités et celles de ceux qui m'entourent. Et vous avez tous omis délibérément un détail, un détail qui vous craignez sans doute par peur d'avouer votre crédulité. Accepter que l'on ait été dupé n'est pas aisé et pourtant j'en suis sûr maintenant.

Monsieur Liebert, connaissez-vous les symptômes des Netrunner avant leur mort ? Savez-vous ce qu'ils ont tous relatés sans exception ?

- Je connais tous les rapports Monsieur Lee. J'ai dirigé personnellement les enquêtes au sein de la Netwatch, dit il presque fier.

- Alors dites nous qui est l'homme aux yeux bleus ?"

Les dirigeants suivaient leur joute oratoire en retenant leur souffle. Le Directeur Kross sentit une boule naître au fond de sa gorge, il baissait délibérément les yeux comme s'il avait peur de croisé ceux de l'IA.

" Qu'insinuez-vous Monsieur Lee ? Que je puisse avoir un quelconque rapport avec les suicides de Netrunner ? Je ne suis pas capable d'entrer dans leur système neuronal, c'est hors de mes compétences.

- Pas vous non. Peut-être une autre IA. Ce que j'insinue Monsieur Liebert c'est que vous n'êtes pas plus capable de pirater le système de Josh Hammond que moi, et que vous n'êtes non plus compétent pour construire le Black Wall. Alors de deux choses l'une, soit vous n'êtes pas celui que vous prétendez être, soit vous nous mentez sur vos capacités depuis plus d'un siècle. Mais dans tous les cas, je ne vois pas comment nous pourrions vous faire confiance pour garantir notre sécurité."

La tension retombait lourdement, comme un couperet indéniable et si tous observaient maintenant avec attention la réaction de l'IA, les dés étaient jetés et Minho le savait. Il suffisait de planter la graine du doute, ils n'attendaient qu'un prétexte pour choisir leur camp, un prétexte pour repousser l'IA.

" Bien. Je crois donc que ce point est réglé. Monsieur Liebert, je vais vous demander de quitter l'assemblée. Votre présence n'est plus requise et je propose par ailleurs la nomination du Fixer Lee Know comme Président par intérim du Conseil de la protection du cyberespace, proposa Hanako Arasaka.

- Un membre de votre Mégacorporation ? S'exclame le Président Harford, sarcastique. Autant vous nommez directement.

- Je suis pour, affirma Catherine Night. Je pense que Monsieur Lee a prouvé qu'on pouvait lui faire confiance, par ailleurs, s'il est effectivement lié à la Présidente Arasaka, il est également lié au groupuscule du SKZ, de ce fait au Fantôme et à n°11. En le nommant Président de ce Conseil, il pourrait nous partager leurs informations dans notre intérêt à tous. N'oublions pas la raison principale de notre présence ici.

- Aaa...Je dois bien le reconnaître, j'ai sous-estimé votre importance, Monsieur Lee. Interrompit l'IA un rire mauvais grondant dans sa poitrine.

Minho fronça les sourcils.

- Monsieur Liebert. Nous vous avons congédié, veuillez quitter la salle." Rappela à l'ordre Hanako.

Elle se leva soudainement et fit signe aux gardes postés aux sorties de s'approcher. Ces derniers vinrent se placer derrière l'IA pour le raccompagner et lui intimant tacitement de les suivre sans opposer de résistance. Liebert jeta un regard au dessus de son épaule, croisant les visages fermés des hommes armés puis il revint vers l'assemblée. S'il souriait, ce dernier n'avait plus rien de cordiale, son regard même illuminé de connexion bleuté semblait s'assombrir. Les données s'étaient même agitées et Minho sentit comme une tension magnétique lui écraser imperceptiblement la poitrine.

" Dire que je voulais régler cette histoire dans la diplomatie. Quelle déception."

Les gardes relevaient leurs armes mais au lieu de pointer ces dernières sur l'androïde, ils visaient chaque dirigeant, faisant sursauter chacun d'entre eux. Rapidement d'autres gardes entraient dans la salle, se positionnant derrière chaque siège dans un bruit collectif de botte et d'armes chargées. Le regard complètement voilé par une possession numérique. Des yeux bleus. Des dizaines d'yeux bleus.

Minho se mordit la langue.

« Allons Monsieur Lee, ne faites pas cette tête. Vous saviez déjà ce qui allait se passer non ? Vous pensez sincèrement que j'allais vous laisser détruire ce que j'ai mis tant de temps à créer ?

Les armes se rechargeaient, les dirigeants sentait leur vie filer entre leurs doigts et aucun d'eux n'osaient bouger, la gorge serrée, les poings fermés pour certains et la sueur perlant sur leur front.

- Vous êtes fou Liebert, marmonna entre ses dents la Présidente des Etats-Unis. Ce que vous vous apprêtez à faire, c'est une déclaration de guerre. Vous ne sortirez jamais d'ici...

- Vivant ? Termina l'IA. L'homme s'avança jusqu'au bout de la table, juste en face de la Présidente. Madame La Présidente. Je suis immortel. Vous ne pouvez pas plus me tuer dans ce monde que dans l'autre. J'ai ici tous les intérêts de la planète regroupés, aucune armée n'osera venir faire une attaque et quand bien même, il me suffirait d'abandonner ce corps matériel pour un autre. Vous n'avez plus rien pour me contrer. Ni Mur, ni Netrunner assez fort. Avec le Fantôme hors circuit, vous n'avez plus rien.

- Vous savez que c'est faux », soufflait Minho.

Jack Liebert tourne aussi tôt son regard sur le Fixer.

« Ils sont en chemin. Et tandis que le premier vous trouvera dans ce monde, le deuxième vous anéantira dans l'autre. »

L'androïde ne pouvait plus feindre et fronça aussi tôt les sourcils, colère transparaissait par tous ses ports numériques. Il fit un signe de tête derrière Minho et ce dernier sentit le canon d'une arme sur l'arrière de son crâne.

« Mais vous ne serez pas là pour le voir », trancha sévèrement l'IA.

Minho ne baissait pas les yeux pour autant et ce n'est que lorsqu'il entendit le bruit de la détente sur le fusil qu'il sentit ses paupières se refermer lentement.

Chan...

***

Hyunjin vérifiait le nombre de balles dans l'arme qu'un certain Sora lui avait gentiment prêter. Il plaça le semi-automatique dans son dos, accroché à sa ceinture, puis il chercha du regard son t-shirt et lorsqu'il voulut se pencher sur le côté pour le remasser, il sentit des mains glissées sur son ventre et un corps se coller à son dos dénudé.

Un petit sourire naquit sur ses lèvres, fermant les yeux sous la sensation chaude des doigts fins de Felix qui glissaient sur la ligne de démarcation de ses abdominaux, jusqu'à atteindre son nombril, puis le haut de son pantalon.

" Tu sens bon", murmurait Felix en frottant son nez sur sa peau.

Hyunjin laissa filer un petit rire puis il se retourna pour faire face à son ange blond, ses cheveux étaient encore humides et ses lèvres encore rouges. Il vint les caresser de la pulpe de son pouce, se concentrant sur son touché et le souffle chaud qui s'en échappait.

Après l'intervention de Rowoon, les trois garçons avaient décidé qu'ils partiraient dès la nuit tombée et en attendant, Jeongin leur laissait le temps de se reposer dans sa caravane. Il devait s'occuper de quelques préparatifs et les deux hommes n'ayant pas fait une seule halte depuis qu'ils avaient quitté la Suisse, ne pouvaient qu'accepter. Ils étaient épuisés et Felix avait besoin de quelques heures de sommeil pour être totalement opérationnel.

A peine avaient ils franchi les portes de la caravane qu'ils s'étaient effondrer sur le lit, lover l'un contre l'autre, ils n'avaient pas perdu de temps pour rejoindre les bras de Morphée. Habitués à profiter du moindre moment de répit pour gratter quelques de minutes de sommeil, résultat d'une cavale où les sens restaient éveillés malgré la fatigue. Où il fallait parfois partir au milieu de la nuit pour échapper à des mercenaires, des tueurs à gages de telle ou telle organisation. Trois heures d'affilés étaient presque inespérées et quand Hyunjin rouvrit les yeux, il se sentait encore tout engourdis, comme s'il avait dormi des journées entières.

Il avait regardé le visage paisible du Netrunner endormi tout contre lui, la main agrippée à son bras. Il avait l'impression que ça faisait une éternité qu'il ne l'avait pas vu aussi apaisé. Enfin, apaisé, c'était un grand mot car il gardait une certaine tension sur son front mais ce n'était rien comparer aux six années écoulées.

Il se surprit à penser que ce n'était peut-être pas une si mauvaise idée de revenir. Night City avait été le théâtre macabre de leur rencontre, et représentait un tombeau autant pour l'un que pour l'autre, bien plus que d'un refuge, mais paradoxalement, c'était la première fois qu'il ne ressentait pas le besoin de regarder derrière lui. C'était la première fois qu'il se sentait enfin en sécurité.

Hyunjin s'était penché sur le blond pour déposer un baiser sur son front avant de s'en détacher lentement, rejoindre la douche et l'eau chaude qui allait enfin détendre ses muscles.

Un long râle de bien-être s'échappait de ses lèvres alors qu'il levait son visage vers les jets d'eaux. Ses cheveux noirs se plaquaient en arrière et dégageaient son front. Lentement les douleurs musculaires se rappelaient à lui, les articulations malmenées, les petits hématomes sensibles. Son corps entier était exténué de cette vie. Il avait cette sensation de ne jamais s'être arrêté, d'avoir été toujours en attente que le pire arrive, en tension constante qui avait fatigué autant son corps que son esprit. Et revenir à Night City, c'était la ligne d'arrivée d'un voyage éreintant. La fatalité d'un destin auquel il ne pouvait échapper. Ils appartenaient à cette ville maudite. La fin était forcément entre ses murs.

Il passait ses mains sur ses yeux, puis les glissait le long de son cou où il se tenait avant de pencher brusquement sa tête en avant, laissant l'eau couler le long de son dos. Il pourrait rester ainsi pendant des heures, laisser le temps s'arrêter et effacer toutes ses pensées, toutes ses émotions. Ses responsabilités. Comme il avait coutume de le faire du temps où il vivait sous le joug de Yorinobu Arasaka.

C'était étrange cette sensation, que rien n'avait vraiment jamais changé. Il lavait son âme toujours de la même façon sauf que cette fois le corps élancé d'un danseur à la peau piqueté de tâches de sons n'était pas une illusion, les mains qui entouraient son torse ruisselant était bien réelles.

" Hum, Lixie...", le surnom filait entre ses dents et fit frissonner l'intrus dans son dos.

Hyunjin se retourna, attirant le corps nu de son vis à vis dans ses bras. Les deux hommes se laissait inonder sous les trompes d'eau, Felix profitait à son tour de la sensation de chaleur, de la peau douce de Hyunjin sous ses doigts qui palpaient les muscles de son dos. Il expirait par la bouche, les yeux fermés et vint embrasser le haut du pectoral de l'ancien corpos, suçotant sa peau, aspirant l'eau avant de lécher la marque qu'il avait laissé. Un petit sourire fier et le blond l'embrassait à nouveau, un peu plus haut, sur sa clavicule faisant gémir son aîné entre ses mains qui se crispaient à chaque fois qu'il sentait son corps se contracter.

" Lixie..."

C'était une habitude de Hyunjin, l'appeler par son nom de scène. Plutôt qu'être dégradant il renvoyait à une période plutôt heureuse de sa vie. C'était étrange à avouer mais au-delà de la crainte d'être découvert, il n'avait vécu qu'à partir du jour où le protégé d'Arasaka était entré dans le bar. Que depuis le jour où il avait posé les yeux sur lui. Possédé pour toujours, comme une imprégnation, une chaîne qu'il ne pouvait briser, lier à celle de Hyunjin. Il se savait sien. C'était indéniable et si cela avait pu être une souffrance, c'était aussi un bonheur indescriptible que de savoir que Hyunjin ressentait la même chose. Une blessure qu'on aime à éprouver, qu'on espère continuer de vivre jusqu'au dernier soupire car elle n'est que le signe d'un amour plus fort que la raison, plus fort que la fatalité.

Sa perte. Sa chute. La raison de son commencement et de sa fin. Que ça soit à Night City ou ailleurs, le voyage ne se terminait qu'avec Hyunjin.

« Hyun... », murmura à son tour Felix enivré par la chaleur qui comblait le petit espace de la cabine de douche.

La buée cachait leurs corps échauffés, Hyunjin avait déjà l'esprit vaporeux, le regard fiévreux et voyant le visage en supplice de Felix, il se saisit soudainement de ses joues pour lui voler un baiser vorace. Il emprisonnait sa langue, l'enroulait avec ferveur. Leur échange avait toujours le même le goût, toujours le même effet, ce lui de retrouver un souffle manqué, un goût de désir comblé.

Le blond abandonnait ses forces dans ses bras, se sentant soudainement soulever et plaquer contre le mur. L'instant d'un déjà-vu, d'une première nuit dans les bras du corpos au cheveux écarlate. Ce simple souvenir réveilla en Felix une boule de chaleur vive au fond de son ventre et se rependait dans son être dans un tremblement incontrôlé. Ses lèvres pincées, épousées entre celles plus avides du noiraud, peinaient à reprendre un peu d'air. Au milieu de l'eau, des bruits succions et de la peau plaquée, Felix perdait peu à peu le sens de la mesure.

Il était en effervescence, ondulant son bassin entre celui de Hyunjin, les jambes serrées autour des hanches et les bras autour de ses épaules pour le serrer contre lui de toute ses forces.

" Hyunjin, Hyunjin...Aah..."

Les grandes mains de Hyunjin griffaient ses fesses, les écartant avec autorité avant de glisser son érection contre son intimité. Glissant, pulsante, prête à le pénétrer sans jamais entrer. La sensation fit s'arquer Felix, un cri de jouissance plus intense que les autres traversaient ses lèvres rougies lorsqu'il sentait enfin le bout de son gland écarter ses chair. Il se mordait la langue sous l'impatience de le sentir encore plus loin mais il avait réussi à retenir son plaisir, il voulait le sentir complètement, il voulait venir avec lui.

" Plus loin Hyun, ne te retiens pas.", le suppliait Felix.

Hyunjin embrassait son cou, mordant sa peau alors que ses muscles tendus retenaient Felix dans ses bras, s'enfonçant avec une lenteur calculée, pour le frustrer mais surtout pour ne pas le blesser. Il savait son amant fougueux, parfois trop et réussir à ne pas céder à ses envies impulsives étaient de véritables épreuves mais Hyunjin avait appris avec le temps que Felix réfléchissait rarement lorsqu'il était excité. Et il pouvait bien l'avouer, il aimait voir son ange blond le réclamer, l'implorer de le prendre jusqu'à lui faire perdre la voix.

« Hyunjin, commençait à geindre Felix en se mordant les lèvres. S'il te plaît... »

Le corpos souriait, embrassant maintenant ses joues puis ses tempes, se délectant des doux soupirs qui passaient la barrière de ses lèvres. Il glissa jusqu'à son oreille et les interstices métallique, se cachant des trompes d'eaux qui tombaient sur leurs corps liés. Puis d'un geste sec, il s'enfonça complètement, le faisant mordre la peau de sa nuque, si proche de son port de Netrunner en forme d'hexagone. Felix cria à nouveau, resserrant ses jambes autour de ses hanches.

« Oui ! Ah ! Encore... »

Hyunjin s'exécuta, relevant légèrement le bassin pour l'accompagner dans ses mouvements, s'enfonçant sans s'arrêter mais sans précipitation. Sans violence. Il le souleva, ressortant un maximum et s'enfonçait à nouveau, faisant basculer la tête de son amant en avant, le front poser sur son épaule. Son souffle se coupait, sa bouche ne pouvait plus se fermer tant il cherchait de l'air pour ne pas perdre conscience. Hyunjin n'arrivait plus à retenir ses gémissements rauques, continuant de malmener sa peau.

« Lixie...T'es tellement bon... »

Il parlait peu, même pendant l'acte et le sentir aussi ouvert, aussi proche de lui était un aphrodisiaque pour le blond, se dernier frissonner à chaque fois qu'il pouvait l'entendre s'abandonner, avouer sa dépendance, son amour pour lui. Dans ces rares moment, il le sentait vulnérable, à la merci de ses sentiments que Felix voulait protéger et chérir de toutes ses forces.

Il l'aimait et il n'y avait rien de plus excitant. Il redressa sa tête, bougeant aux rythmes de ses vas et viens, obligea Hyunjin à le regarder. Même s'il peinait à garder les yeux ouverts, il voulait le voir, la souffrance de leur amour maudit dans les yeux de l'autre. Il voulait voir son corpos au cœur de pierre fondre entre ses mains.

« Hyunjin...Je t'aime. »

Il l'embrassa, l'emprisonnant avec passion dans ses bras et Hyunjin accéléra, écrasant ses gémissements contre ceux de Felix. Leurs souffles liés, leurs langues suspendues de leurs gestes saccadés. Felix se tendait, ses muscles se contractaient et resserrait la prise de ses jambes, Hyunjin sentit sa propre excitation se décupler, se propager par un courant vif, immersif, dans tout son corps qui crispait ses doigts sur la chair à vif de Felix. Il butta plus fortement, plus profondément, jusqu'à l'explosion et se libérer dans des coups de reins plus intenses et râles bruyants. Felix ne tarda pas à le rejoindre, se mordant la lèvre et coupant sa respiration avant de la lâcher brutalement et se libérer contre son ventre. Ses muscles se relâchaient d'un seul coup mais Hyunjin le tenait fermement. Il s'écrasait totalement contre lui, le maintenant contre le mur et son corps, laissant lentement l'eau les laver les traces de leur extase.

***

Les deux hommes avaient rejoint leur ami Nomade à l'extérieur du camp. Il fumait tranquillement contre la carrosserie de sa voiture, Hyunjin sur les pas de Felix.

« Vous êtes prêts ? demanda le plus jeune en écrasant sa cigarette.

- Oui. Comment on procède ?

- On va passer par le port. D'abord je vais vous conduire jusqu'à une périphérie un peu abandonnée de la ville, un ancien complexe de Petrochem laisser à l'abandon. Ce complexe était relié au port à l'origine pour permettre un transport plus rapide des marchandises, notamment de l'alcool. On prendra un petit bateau à moteur que j'ai fait rapatrié et je vous conduirais jusqu'au port de Pacifica. Les Voodoo boys sont moins en activité mais ils contrôlent toujours cette partie de la ville.

- Hum. Ok.

- Sur place, Shell pourra vous récupérer. Elle vous emmènera ensuite au QG. Pensez à déconnecter vos implants, la ville est en alerte depuis l'attaque à Washington...Elle a fermé complètement ses frontières et l'armée est partout dans les rues.

- On a toujours pas plus d'informations ? Demanda Hyunjin cette fois.

Jeongin baissa la tête.

- Non rien. Chan sera peut-être plus au courant mais les chaînes de télé ne diffusent rien pour l'instant. On sait juste qu'il y a eu une attaque dans le bâtiment fédéral avec des coups de feu. L'armée a aussi débarquée sur place, c'est tout ce qu'on a.

- Pas de nouvelles de Minho ? Demanda finalement Felix.

- Non... »

Hyunjin hocha doucement la tête puis il contourna directement le véhicule pour s'installer côté passager. Jeongin demeurait silencieux, visiblement inquiet et Felix pouvait aisément le comprendre. Il ne savait pas exactement les relations qu'ils entretenaient tous les uns avec les autres, il n'avait strictement aucune idée de l'amour du Nomade pour le chef mercenaire et de l'espèce de triangle amoureux qui s'était mis en place. Jeongin pourtant était affecté et se rongeait les ongles. Il posa une main chaleureuse sur son épaule, essayant de lui donner un peu de réconfort et Jeongin le remerciait silencieusement. Felix avait cette capacité particulière de réussir à apaiser les doutes d'un simple regard. Le savoir de retour était un soulagement. Il ne l'imaginait pas tout puissant mais c'était suffisant pour lui donner de l'espoir.

Les deux hommes montèrent à leur tour dans le véhicule, Jeongin évidemment côté conducteur et Felix à l'arrière. Le Nomade démarra la grosse cylindrer totalement retravailler, le ronronnement du moteur résonnait dans l'habitacle comme un rugissement félin, puis il prit la route soulevant la poussière sur son passage, éclairée par les phares jaunes en direction des néons électriques de Night City.

« Bienvenue à la maison », chuchota Jeongin en regardant Hyunjin accoudé à la portière.

Le corpos leva un sourcil puis lentement il reporta son attention sur les building dans l'horizon, un sourire en coin. Difficile de savoir si c'était un soupçon de joie sadique ou simplement les effets de l'adrénaline. Après tout, Hyunjin n'avait jamais vraiment été du bon côté de la barrière. 

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Bon retour à NIGHT CITY !! 

Nous reviendrons vers Jisung au prochain chapitre qui est bloqué avec Titan dans une dimension spéciale, en même temps que l'arrivée du Hyunlix au sein du SKZ totalement décomposé...

Pour ce qui est de l'avenir de Minho...Il est encore incertain (littéralement puisque j'ai pas encore décidé s'il allait survivre...)

A bientôt

D.