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Chap. 10 ▲ Venom



"Celui qui contrôle la peur des gens devient le maître de leurs âmes."

(Machiavel)


Jisung marchait dans le couloir immaculé d'un pas inaudible, parmi ses nombreuses capacités, en dehors de son invisibilité qui avait pu l'amener au dernier étage du bâtiment de la Netwatch sans encombre, il avait également une modification de furtivité accru. Un véritable courant d'air.

Presque aucun employé ne pouvait entrer dans ce couloir, il aperçut seulement la secrétaire principal du Président dans son bureau juste avant la porte qui menait au grand bureau, elle rentrait chez elle d'un pas rapide, regardant sa montre et manquant de leur heurter alors même qu'elle ne pouvait le voir. Jisung eut juste le temps de s'écarter manquant de peu de frapper le mur et de se révéler mais alors qu'il allait continuer il entendit la jeune femme s'arrêter brusquement.

Elle pencha légèrement la tête, humant l'air comme si elle avait pu sentir un parfum inattendu, assez pour l'interpeler. Dans son chignon serré et sa robe fourreau grise, elle claqua son talon en revenant sur ses pas, regardant autour d'elle, d'un bout à l'autre du couloir pour s'assurer qu'elle était bien seule. Jisung s'était figé, avait presque coupé sa respiration et se tenait prêt à la neutraliser s'il le fallait. Ces secondes de silence s'allongeaient, faisant grimper quelque peu la tension mais Jisung restait calme, impassible. Il n'était pas à sa première infiltration ni à la première innocente qu'il devait endormir pour mieux se faufiler mais c'était la Netwatch et il ne voulait nullement s'attarder dans ce genre d'endroit. Le bâtiment regroupait de nombreux spécialistes, presque aussi compétent que lui et si Kross disait vrai, alors il y avait aussi des Netrunner gouvernementaux et ceux là, étaient clairement à craindre.


« Je suis folle », soupira la jeune femme.


Elle secoua la tête, fatiguée puis reprit sa marche pour rejoindre l'ascenseur et quitter enfin l'étage. Jisung put enfin respirer et reprendre sa véritable apparence. Devant la porte du bureau du Président Kross il regarda l'écriteau dorée puis il poussa le battant, entrant dans le grand bureau.

Vide, impersonnel, comme la plupart des bureaux des dirigeants. La modernité au service d'un épurement quasi parfait. Il s'assit sans gêne sur le fauteuil noir et se connecta aussi tôt à l'ordinateur. Lorsque les fenêtres se mettaient en marche sur l'écran, Jisung senti un regain d'adrénaline alors que la barre lui demandant le mot de passe clignotait. Une fois qu'il sera entré dans le système, il aura tout au plus cinq minutes avant d'être repéré par la sécurité. Sa signature numérique allait nécessairement activer des signaux d'alertes et son propre système ne pourrait les brouiller que quelques minutes. Il envoya le compte à rebours à Changbin puis il prit une profonde inspiration.


« Aller, tu peux le faire. »


Un peu plus tôt, alors que Kross leur avait avoué que les Programmeurs du Mur étaient mort, ils étaient restés de longues secondes à le regarder, totalement abasourdis. Changbin avait craqué le premier et donner un coup à l'arrière du crâne du Président de la Netwatch pour l'assommer, faisant sursauter Jisung.


« Sortons d'ici. » Lui avait ordonné le mercenaire en lui attrapant la main.


Les garçons devaient quitter les lieux avant d'être rattraper par la Trauma Team ou encore par Triss, qui n'allait pas être très heureuse de voir l'état dans lequel ils avaient mis l'un de ses clients. Elle n'aimait pas tellement voir débarquer le NCPD chez elle et quand elle avait accepté d'aider Jisung, il n'avait jamais été question de lyncher le Président de la Netwatch. Changbin passait les sas les uns après les autres, ouvrant les portes sans jamais s'arrêter et trouva enfin la sortie de derrière. Cette dernière menait à une ruelle qu'empruntait les clients privilégiers. Il regarda de gauche à droite puis se dirigea vers l'arrière du bâtiment, la route devenait plus étroite et les bâtiments plus proches. Il longeait les murs, se cachait des lumières vacillantes des lampadaires avant d'entendre au loin les pales de la Trauma Team.

Changbin continuait son chemin, d'un pas rapide sans courir, il était en alerte, faisant attention à chaque recoin qu'il passait, chaque croisement, puis enfin, décrétant qu'ils étaient hors de danger, il lâcha la main du Netrunner qui n'avait pas encore atterri. Changbin gardait son fusil contre lui, les passants le regardaient à peine, ils avaient presque plus d'attention pour le garçon à la tenue affriolante et au maquillage grossier qui coulait maintenant sur ses joues rondes. Son regard blafard et ses lèvres tremblantes sortaient plus de l'ordinaire qu'un homme aux implants voyant avec une arme dans les mains.


« Morts..., marmonna Jisung. Ils sont morts... »


Le mercenaire se mordit les lèvres, comprenant l'inquiétude grandissante ou plutôt l'effarement qui rendait Jisung totalement amorphe. Le Netrunner aurait pu s'effondrer, et vacillant légèrement, il recula jusqu'à se cogner sur le mur en béton du bâtiment derrière lui. Il tenait à peine debout et si Changbin voulait venir l'aider, il s'en empêcha, préférant s'assurer de leur sécurité. Même au milieu de la foule, ils restaient des cibles faciles.


« On doit rentrer, rapidement. Lui dit Changbin conscient qu'on devait être à leur recherche.

- Non. Jisung ravala sa salive, reprenant constance. Il faut aller à la Netwatch, il affirma durement en se redressant. Maintenant.

Changbin croyait mal entendre, il fronça les sourcils et s'avança pour se rapprocher.

- Qu'est-ce que tu racontes ? Il lui dit à voix basse. Les Programmeurs sont morts. A quoi ça sert ?

- Là bas. Je pourrai trouver des informations sur Titan. Je dois connaître ses points faibles.

- Ji', tu ne peux pas rentrer en contact avec les IA, même si tu venais à en savoir plus sur lui, tu te ferais griller dans la seconde. Tu n'es pas comme Felix, tu n'es pas un enfant de la Ruche. On risque juste de mourir si on entre là bas sans but précis.

- ON VA MOURIR DE TOUTE FACON ! Cri maintenant l'ébène.

Changbin recula instinctivement, fusillant du regard les curieux qui passaient derrière eux. Il revint ensuite vers Jisung, lui attrapa délicatement le poignet.

- Tu es choqué, je comprends mais c'est dangereux de rester ici. On en parlera à la maison, d'accord ? »


Il le tira doucement mais Jisung se détacha de lui brusquement et finalement le contourna pour rejoindre l'autre côté de la route. Changbin jura entre ses dents, resserrant son arme sur son torse avant de lui suivre.


« C'est pas possible, Jisung ! »


Jisung avançait d'un pas déterminé. Il fallait qu'il quitte ces foutues chaussures à plateformes, c'était un calvaire et claqua la langue alors qu'il tourna à droite à la prochaine rue, s'engouffrant plus loin dans la masse populaire.


« Attend ! »


Il était doué pour se faufiler, même dans sa tenue, même avec cette peau brillante, il disparaissait sans même avoir besoin de se rendre invisible et Changbin sentait la panique le gagner à l'idée de le perdre de vue. Il grognait presque contre les passants, les bousculant un peu plus alors que le Netrunner mettait de plus en plus de distance.


« Put'...Je vais le tuer », il marmonna dans sa barbe avant de le voir sortir pour passer dans une autre ruelle.


Changbin dû presque courir et le voyant entrer dans une friperie, il sentit son cœur ralentir sa course. Jisung prit quelques habits simples qu'il paya rapidement et se changea dans les rayons même de la petite échoppe miteuse. La femme d'un certain âge encaissa les achats avant de lui tendre un paquet de cigarette. Changbin restait devant la vitrine et le voyant ressortir en allumant son bâton de nicotine. Jisung expira sa fumée avec un soulagement certain mais les traits toujours tendu, une lueur particulière dans les yeux alors qu'il perdait son regard dans les courbes de la nuée blanche qui disparaissaient dans les néons de pollution visuel de la grande ville.


« Sans les Programmeurs du Mur, Titan va tous nous engloutir. Il a déjà franchi les première lignes de codes, il a prit possession d'un androïde, surement de plusieurs et il infecte les Netrunner qui rentrent en contact avec lui...Il tue ceux qui seraient capable de l'arrêter et quand il aura fait tomber le Mur, personne ne pourra se dresser contre lui. Je dois aller là bas, je peux pas rester sans rien faire.

- Pourquoi faire tout ça ? Alors que c'était lui qui avait aidé à bâtir le Black Wall ? Ce n'est pas logique, songea Changbin peu enclin à le laisser foncer dans la gueule du loup.

- Une IA libre n'a qu'une logique. Plus de liberté. L'étendu. »


Jisung expira à nouveau, baissant cette fois les yeux. Changbin sentait toute sa frustration gronder mais aussi une certaine résignation, un conflit intérieur qu'il n'arrivait à gérer qu'au travers d'une cigarette alors que les innombrables options qui s'offraient à lui se battaient avec sa peur grandissante. Etait-ce même encore utile de se battre ?

Pourtant quelque chose dérangeait Changbin, plus il réfléchissait à cette histoire et plus il sentait que quelque chose clochait. Les données qu'ils avaient étaient aléatoires mais elles concordaient tous vers un point, Titan. Or, s'il y avait bien une personne qui connaissait Titan c'était Sean Haber, l'agent de la Netwatch mort et qui avait embarqué tout le SKZ dans cette histoire. Sean Haber n'avait jamais parlé de Titan comme d'une IA malveillante. Parmi toutes les IA libres qui avait été réencensées grâce aux enfants de la Ruche, Titan faisait office d'une IA pacifiste, presque raisonnable qui se contentait de l'infini de l'ancien internet de l'autre côté. Détestant le conflit, il avait aidé à construire le premier Black Wall alors pourquoi maintenant le détruire ? Une IA était de la pure logique, quelle était la sienne ?


« Et si ce n'était pas Titan..., souffla Changbin. Si Titan avait justement essayé de t'avertir, la première fois que tu t'étais approché du Mur ?

Jisung tourna lentement la tête vers le mercenaire, tirant une nouvelle fois sur sa cigarette.

- Qu'est-ce que tu entends par là ?

- Tu as dit que quelqu'un, ou plutôt quelque chose avait essayé de t'avaler et qu'on t'avait protégé. Si c'était Titan ? Si Titan avait essayé de te protéger ?

Le Netrunner fronça les sourcils.

- Tu penses que quelqu'un d'autre est derrière tout ça ?

- Je pense surtout que si c'était réellement Titan, il serait sorti depuis longtemps. D'après Felix, les IA apprennent constamment et à chacune de ses intrusions, elles apprenaient de lui. Elles ont dû apprendre de Yongbok et Titan a aidé à créer le premier Mur alors s'il avait eu envie de tout détruire, il l'aurait déjà fait. »


Sans comprendre comment, les paroles de Changbin faisaient sens chez Jisung. En se remémorant sa dernière incursion jusqu'au Black Wall, il se souvint de cette bouche de particules qui avait voulu l'engloutir et cette main qui l'avait écrasé. Il se souvint des signaux d'alertes et il s'était immédiatement dit que ça ne pouvait qu'être que le géant alors cette bouche, à quelle IA elle appartenait ? Et si...


« Et si les IA étaient infectées ? Pensa Jisung. Comme si on essayait de les forcer.

- Comme avec Goliath tu veux dire ? Demanda Changbin.

- En quelque sorte. Yongbok avait créé les paradigmes nécessaires pour contrôler les IA, qu'il avait intégré dans Goliath et si les IA apprennent effectivement des intrusions des Netrunner de l'autre côté, alors peut-être qu'une IA s'est servi du contrôle de ses sœurs. »


Les deux hommes s'observaient ayant la sensation pour la première fois d'avoir visé juste. C'était une théorie comme une autre, elle était peut-être fausse mais bizarrement elle sonnait juste et coïncidait avec autant de faits que de sensation. Jisung écrasa sa cigarette.


« Il n'y a qu'un endroit où on peut avoir des infos sur les IA. Il faut aller à la Netwatch. »


C'était donc un tout autre objectif qui l'avait amené dans le bureau du Président Kross et plutôt que de rechercher des données sur les Programmeurs du Mur, Jisung devait trouver des informations sur les IA, celles qui ont été récolté par la Ruche, celles qui étaient religieusement garder par le centre de la cybersécurité mondial. Cinq minutes c'était cours pour craquer un système aussi complexe mais il n'avait pas vraiment le choix. C'était leur dernière piste et surement leur dernier espoir.

A nouveau, il prit une profonde inspiration et plongea. Le courant électrique circula dans son système faisant vibrer son épiderme. C'était le saut dans la vide, son corps au milieu du noir numérique qui tombait lentement et les données qui défilaient sur le côté comme d'innombrables lignes de codes en forme géométries puis plus difformes et enfin son corps qui devenaient lui-même cette forme électronique. Un signal. Une onde numérique dans la matrice.

Jisung mettait tout à l'œuvre, son système entier dédier à exploser les portes, les barrières qui se dressaient devant lui. Une à une, des plus facile au plus récalcitrantes. Vint une plus épaisse, plus complexe que les autres et si jusque-là, il avait réussi à passer sans se faire trop remarquer, il savait qu'en faisant tomber cette protection il allait donner le réel point de départ de sa course poursuite.

C'était maintenant ou jamais. Derrière, les archives ultra sécurisées de la Netwatch, depuis la création de la corporation jusqu'au tréfond de ses dossiers noirs, la construction du Mur, les alliances avec les autres Mégacorporation, les dossiers confidentiels sur les habitants le plus sensibles, les Président de groupe, les Netrunner fichés, la Ruche et chaque scientifique. A partir de là, il allait devenir l'homme à abattre.

Ce n'était pas comme si j'avais le choix...

Sa main remontait le long des stries électriques qui couvraient la protection épaisse. Une sorte de porte blindées en code binaire. Sa signature numérique vacillait mais rapidement son corps se mit à fusionner avec la masse de données et toutes capacités étaient concentré sur la sécurité à faire tomber. Le piratage commençait.

Changbin était entré à son tour dans l'immeuble, suivi par Wooyoung qui l'avait rejoint avant que le Netrunner n'entre dans l'immeuble. Si les choses tournaient mal, deux mercenaires ne seraient pas de trop pour sortir Jisung de ce bourbier. Le reste du groupe se tenait près à intervenir avec toute leur force de frappe, au risque de déclencher une nouvelle guerre au sein de Night City. Violer l'antre de l'entreprise protéger par toutes les puissances du Monde n'était pas un fait pardonnable même pour le SKZ.

Les deux garçons avaient réussi à se faufiler dans un conduit dont les plans avaient été récupéré plus tôt par Shell et ses nombreux contacts. Wooyoung ouvrait la voie et la corpulence massive de Changbin le suivait, non sans mal. Pour permettre à Jisung une sortie sans encombre il n'avait qu'une solution, un blackout du système. Il forcerait ainsi tous les employés à courir pour empêcher la perte de données ou encore des intrusions non désirées. C'était risqué, même pour eux, mais c'était préférable à laisser Jisung se faire attraper.


« C'est ici », lui dit Wooyoung au travers des transmetteurs pour éviter de parler et se faire réparer par un éventuel garde.


Le mercenaire aux cheveux mi-long pointa la grille devant lui et Changbin acquiesça.

Les deux hommes se faufilaient et enfin réussirent à attendre la grille qu'ils firent sauter sans faire de bruit. Wooyoung balaya la zone et glissa le long du mur avant de se réceptionner, arme au poing. Personne. La salle était vide. Changbin arriva derrière lui et soupira un peu plus bruyamment même si cela restait discret. Sa peau brulait du contact métallique des conduits. Il regarda autour de lui, la pièce plongée dans le noir était vraisemblablement un dépôt. Des caisses, des armoires, rien d'intéressant mais la porte qu'ils avaient devant eux avait un étrange rouage en guise de poignet et surtout son apparence plutôt simple cachait en réalité une mécanique complexe et extrêmement lourde cachée dans le béton.

La dernière fois que Changbin avait vu un tel système c'était lorsqu'il avait passé la dernière porte du laboratoire, où était détenu Yongbok. Il regarda tout autour du mur à l'aide de son sonar, époustoufflé et en même temps intrigué.


« Il y a quoi derrière ça ? » Demanda Changbin en pointant la porte du doigts.


Wooyoung regardait à son tour la porte blindée, il vint caresser la matière puis glissa sur le mur qu'il jugea d'un autre matériau que du béton. C'était plus dense, et l'alliage à l'intérieur le laissait à son tour sans voix. Il était presque sûr d'avoir senti ce dernier réagir à son contact, comme si toute la masse était sensible au magnétisme de ses modifications.


« D'après les plans rien du tout. La salle des servers est de l'autre côté. Lui dit Wooyoung.

- Il y a forcément un truc. Et un truc qu'on ne doit pas voir de toute évidence.

- Tu passes pas avec le sonar ?

- Non, secoue la tête Changbin. Je vois rien.

- Hum...Etrange.

- Comme tu dis. »


Soudainement les lumières se teintèrent d'un rouge sombre et une énorme sirène retentit dans tout le bâtiment. Une voix dans un haut-parleur criait à l'alerte de niveau trois. Les deux mercenaires se regardaient puis se dirigèrent de l'autre côté du dépôt, où une porte plus ordinaire leur faisait face avec un hublot. Changbin regarda à travers et voyait les mêmes lueurs rouges clignoter avant de voir passer un groupe d'agent de sécurité. Des pas résonnaient tout autour d'eux et la porte blindée derrière eux eut un mouvement étouffer dans la matière. Ils se tournèrent d'un même mouvement dans sa direction. Comme un verrou, elle semblait avoir renforcé son mécanisme.

Décidemment, on voulait vraiment garder secret ce qui se trouvait derrière. Les deux hommes n'avaient pas le temps de s'attarder mais ça n'en demeurait pas moins intriguant. Après une dernière inspection, Changbin ouvrit la porte, un signe de tête vers Wooyoung et le mercenaire aux implants verts passa cette fois devant. Le fusil sur l'épaule, il remontait le couloir sous les directives de Wooyoung qui lui indiquait la voie à suivre. Avec l'alerte lancée, il n'y avait aucun garde mais ils entendaient énormément d'agitation, ainsi que dans les déplacements de portes. Cela devrait être Jisung, il devait être rentré dans le système pour freiner leur avancer mais ça n'était pas suffisant car des exclamations étouffées parvenaient à Changbin. Malgré l'épaisseurs des étages et des murs, avec ses sens modifiés, il pouvait entendre certaines voix et ça ne durait pas assez longtemps à son goût.


« Il faut se grouiller », il dit entre ses dents.


Effectivement, ils n'avaient pas de temps à perdre car Jisung le sentit aussi tôt. Les attaques de Netrunner à son encontre. De nouvelles lignes de codes apparaissaient pour le mettre à mal et s'il avait une défense en béton que seule une IA pouvait réellement endommager ou au moins un Netrunner de la trempe de Brigitte, il n'en était pas moins déconcentré dans son piratage. Il était à 70%, il avait besoin de plus de temps mais il en manquait cruellement. S'il finissait par le trouver dans le bureau, il risquait d'avoir un réveil brutal. Les verrouillages qu'il avait mis en place sur les portes de l'étage risquaient eux de cédés plus facilement que ses propres protections.

Plus vite aller ! Plus vite !

Soudainement sa signature trembla. On avait passé la première barrière de protection mais pas assez pour être une agression. Il s'arrêta et s'apprêtait à répliquer quand il sentit une présence familière et si l'image ondulante des données de particulière n'avait pas de visage, la signature numérique elle avait un nom.


« Felix ? » Il l'appela.


Aux étages inférieures, Changbin passait enfin la porte des servers. Une salle munie de murs parrés de tour noir de signaux électriques comme une autre. Rien de transcendant et rien qui ne le surprenait. Il pourrait se poser des questions sur la facilité avec laquelle il avait réussi à atteindre un point aussi sensible du centre mais il n'avait pas le temps. Wooyoung cherchait un moyen d'éteindre le système mais c'était mal connaître le mercenaire. Si ce dernier était pressé, il n'avait en général qu'une solution à donner.


« Pousse toi. » Il ordonna à son ami.


Wooyoung eut juste le temps d'entendre l'arme chargée et quand il s'écarta enfin, Changbin tira une rafale de balle dans les servers. Les éclats de plastique et les explosions des petits composants volaient de tous les côtés, faisant se protéger Wooyoung avec sa main. Lorsque le chargeur était vide et que le bruit des balles s'arrêta enfin, les lampes s'éteignirent toutes dans le bruit sourd d'un shut down généralisé.

Le calme avant la tempête. Wooyoung regardait son ami incrédule mais Changbin ne resta pas à le regarder, il revint sur ses pas et rapidement encore plus de bruit des étages supérieurs s'activèrent : ils rapliquaient tous dans leur direction.

Trente seconde Ji', pensa Changbin. C'était le temps qu'il fallait pour que le server de secours, où qu'il soit, prenne le relais. Le mercenaire remontait le couloir d'un pas rapide, Wooyoung le suivait en fulminant contre son ami et son impétuosité même s'il devait être habitué avec le temps. Ils passèrent à nouveau devant la porte du dépôt qu'ils avaient quitté quelques minutes plus tôt. Un regard pour la porte blindé et ils remarquèrent qu'elle était toujours fermée. Normalement l'arrêt du système aurait dû désactiver son verrouillage mais il n'en était rien. Changbin pouvait le voir, elle était toujours active, comme relié à un secteur indépendant.


« On va pas rester ici toute la nuit ! S'exclama Wooyoung en le voyant immobile. Il faut qu'on rejoigne la sortie de secours, sinon ils vont nous canarder ! »


Changbin revint à lui et avança à nouveau. Entendant la porte de l'escalier s'ouvrir, il poussa son ami dans le renfoncement et sans sommation il visa en pleine tête le premier garde qui passait puis le second. Les deux hommes tombèrent et Wooyoung grimaça. La sortie discrète, c'était terminé.


« San, avertit les autres. Plan B. Il envoya à travers son transmetteur.

- Il y a un plan B ? Demanda Changbin en rechargeant à nouveau son fusil.

- Nomme-le comme tu veux, mais j'ai toujours un plan « Binnie fait de la merde, il nous faut autre chose. » »


Le brun passa à côté de son ami et après un petit coup sur l'épaule il emboîta un pas plus vif, courant pratiquement dans le couloir. Les deux mercenaires remontaient dans le noir total mais Wooyoung suivait la carte qui s'éclarait dans ses pupilles et Changbin avait son sonar. Il pouvait ainsi repérer les embuscades et avant même qu'ils ne pointent dans leur direction, il avait déjà la visée activer.

Des balles éclairaient par éclat les scènes des hommes tombant, les visages inconnus figés dans des expressions d'effroi. Le sang sur les murs, les voix étouffés et les réflexes de gâchettes dans la chute.

Wooyoung allait plus vite, les points se rapprochaient d'eux et Changbin avait déjà recharger deux fois. Le mercenaire sentit alors sa vue se brouiller et rapidement la carte périclitait, comme une mauvaise transmission mais pas seulement, tout son système neuronal était brouillé.


« Merde, des Netrunner... »


Wooyoung s'arrêta sur le chemin, secoua la tête en espérant les faire disparaître mais il n'avait pas assez de faculté pour les empêcher d'entrer dans son système. Changbin le comprit et avança en premier, il activa son sonar à plus grande portée et vit deux hommes avait des implants plus importants à quelques mètres au-dessus d'eux. Un étage au-dessus pour être plus précis. Il regarda de chaque côté et trouva les escaliers. Il les gravit un à un, sentant venir un garde, il sortit son couteau et le laissant l'atteindre, il ne lui laissa pas le temps de lever son arme qu'il l'avait déjà saisi, retourner autour du cou avant de l'énuquer. L'homme roula le long des escaliers et il continua son ascension. Les deux Netrunner n'avaient pas bougé et quand il arriva enfin dans le couloir, il vit les deux hommes penché, protégés par trois gardes plus lourdement armés que les précédents. Aux vues de leur équipement, c'étaient des militaires.

Changbin resta à l'abri, il tira une grenade fumigène de sa ceinture et la jeta dans un bruit métallique et lourd.


« Couvrez vous ! » Hurla l'un d'entre eux.


Les Netrunner avaient enfin bougé et les deux militaires à leur tour les faisait reculer quand la grenade explosa dans un nuage de fumée étouffant. Changbin retira son arme et se positionna accroupi. Il activa sa visée et avec sa vision accentuée, il cessa une seconde de respirer avant de tirer. Premier touché. Dans la gorge. Des balles fusèrent en riposte et l'obligea à se protéger derrière le mur. Cela devrait suffire. Changbin tira une nouvelle grenade, aveuglante cette fois et la jeta à nouveau dans le couloir avant de redescendre.

Wooyoung avait enfin retrouvé le contrôle de ses capacités, il secouait la tête, sentant que l'intrusion l'avait un peu ébranlé mais en voyant Changbin revenir du couloir, il se redressa vivement.


« Ils vont descendre, lui dit Changbin. Trois militaires. On doit bouger. La Max-Tac doit pas être loin. »


Pas la peine d'en dire davantage. Wooyoung reprenait la course, de toute façon ils n'étaient plus très loin. Après cinq minutes, alors qu'ils entendaient derrière eux des nouveaux venus, Wooyoung s'arrêta devant ce qui semblait être une impasse.


« C'est quoi ça ? Tenta Changbin ne comprenant pas.

- Attend. »


Et il n'eut pas besoin d'attendre trop longtemps, venant de loin, un bruit sourd, celui d'un moteur vrombissant qui se rapprochait de plus en plus, comme la chute d'une bombe et sans qu'il ne comprenne comment son cerveau avait saisi, il recula d'instinct et soudainement le mur explosa. Les pans tombaient les uns après les autres devant une énorme ouverture. Des phares aveuglants et bientôt le visage souriant de San qui sortait d'un char. Oui...C'était bien un char. Un putain de char. Changbin était sans voix.


« Réveille-toi ! » Cria Wooyoung.


Changbin sursauta presque et sentant de nouveaux impacts de balles dans son dos, il couru pour passer l'énorme trou béant maintenant. Ils arrivaient non pas à l'extérieur mais dans une sorte de tunnel. Le bruit de leur pas couvraient celui de l'eau et très vite il comprit qu'ils étaient ni plus ni moins que dans les égouts. San ouvrait maintenant la voie et les trois hommes s'engouffraient dans le labyrinthe des galeries qui allaient donner du fil à retordre à leur poursuivant.

L'avantage, c'était qu'ils avaient fait assez de bruit et attirer assez l'attention pour laisser le temps à Jisung de sortir du bureau et rejoindre sa propre sortie. Avec son invisibilité et voyant le nombre incalculable de militaires et agent des forces de l'ordre en tout genre qui entrait dans le building pour rejoindre les sous-sol, il avait pu se faufiler sans aucune difficulté jusqu'à la grande porte.

Ce n'était qu'une fois qu'il était assez loin, déjà bien perdu au milieu des passants et observant les lumières des aéronefs autour de la Netwatch qu'il reprit forme. Il était essoufflé, son cœur battait à vive allure mais il était heureux. Parce qu'il avait pu parler avec Felix et qu'il avait malgré tout réussi à récupérer quelques informations.


***


Assis devant son grand bureau, celui là même qui était occupé des années plus tôt par Hwang Hyunjin, Mashiro Arasaka vit entrer son assistant personnel qui s'inclina avant de lui apporter un dossier qu'il déposa sur le bord de la table. Il s'inclina à nouveau et sortit sans un mot sous l'œil attentif de la future Présidente du groupe. Elle se pencha pour attraper la pochette et l'ouvrit avant de sentir sa poitrine se serrer. Il referma aussi tôt la chemise et la déposa sur ses jambes, sentant ses joues rougir et ses lèvres s'étirer. Elle pivota sur sa chaise de bureau, regardant les fenêtres derrière elle qui donnaient sur la ville et notamment sur les aéronefs qui encore une fois convergeaient vers la Netwatch.


« Kise ? Appelez mon mari, j'ai à lui parler. Dit elle sans se retourner.

- Bien Madame », lui parvint la voix de son insistant sur le haut parleur.


L'héritière retira ses chaussures à talon d'un geste nonchalant, profitant de la sensation de son grand tapis blanc sous ses orteils et se sentant plus apaisé que jamais, elle laissa son esprit vagabonder avant de sentir un léger picotement. Elle secoua la tête, comme si insecte volant quelconque l'avait dérangé, une sensation éphémère. Elle ferma à nouveau les yeux, déposa sa main sur son ventre avec amour mais à nouveau cette sensation dérangeante. Elle fronça les sourcils, sentant un mal de tête pointé peu à peu et se leva finalement pour se servir un verre d'eau.

Cette femme puissante dont le travail avait accaparé son temps, sa vie et ses rêves d'un jour pouvoir vivre dans une réalité aimante, normale ne pouvait pas se soucier d'un petit mal de tête sans conséquence mais ce dernier persistait depuis quelques jours d'où sa consultation médicale et si cette dernière n'avait pas données de cause à son mal de crâne constant, en tout cas rien de sûr, elle avait au moins eu le don de lui apporter une merveilleuse nouvelle.

Alors elle se disait que tout devait être liée et ce n'était que le début. Après tout son corps acceptait enfin qu'elle n'était plus seule, qu'elle abritait la vie et surement qu'inconsciemment il essayait de lui faire comprendre que tout ce qu'elle avait lu, entendu sur la grossesse allait commencer à ses manifester. Les maux de tête, les maux de ventre, la fatigue. Elle souriait presque à ces futurs désagréments, car au lieu de les craindre, elle était heureuse de les vivre. Ils étaient synonymes qu'elle avait réussi, elle avait enfin ce qu'elle voulait depuis le début, une famille et peu importe qu'elle ne soit pas parfaite, que son mari ne soit pas fou amoureux d'elle, il était assez affectueux pour la respecter et elle savait qu'au fond, il était assez tendre pour faire d'elle une femme comblée. Mashiro Arasaka ne croyait pas aux contes de fée, ils n'avaient pas leur place dans leur monde, elle voulait juste être heureuse et son mari la rendait heureuse parce que bientôt elle serait mère.

Caressant son ventre en terminant son verre, elle aspirait ardemment à le voir grandir, à le sentir bouger, elle avait tellement hâte. Cette petite vie en elle. C'était tout ce qui comptait.

Elle revint un peu en arrière, imaginant un peu la tête de Minho quand elle pourra enfin lui dire qu'elle était enceinte. Le regard poser au loin, elle soupira.


« Kise ? Apportez-moi une aspirine, ou n'importe quoi que peut prendre une femme enceinte pour les maux de tête.

- Bien Madame. Monsieur Liebert est arrivé, dois-je le faire entrer ?

- Oh...Bien sûr. »


La corpos reprit ses chaussures, s'assurant que sa coiffure n'avait pas bougé, il était tard pour une visite professionnelle mais son visiteur n'était pas un homme qu'on pouvait mettre dehors. Elle entendit la porte vitrée glisser et laisser place au pas calme et assuré d'un homme en costume gris, petit mouchoir bleu nuit sur la veste et qui lui souriait de toute ses dents.


« Directrice Arasaka, je suis heureux de vous revoir. »


L'homme s'inclina légèrement, ses mèches poivres et sel coiffés en arrières retombaient par endroit sur le coin de ses tempes, qu'il chassait d'un geste rapide puis lentement ses paupières plissées par le sourire s'ouvrirent laissant place à deux rétines totalement bleues. Brillantes. Hypnotiques de connexions cybernétiques.  


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Bonne année les loustiques ! 

J'espère que vous avez passé de bonnes fêtes ! 

Oula j'ai l'impression de pas avoir publié depuis des lustres ! Ca fait à peine une semaine mais quand même...Je suis pas habituée...

C'est pas l'envie qui me manque mais le temps, vous l'aurez compris...

Prochain chapitre ! Un peu plus d'information sur les IA grâce à Felix mais aussi un peu plus de politique avec enfin la rencontre de Mr Blue Eyes ! 


A bientôt ! 

D.

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