Chap. 1 ▲ NEVER LOOKING BACK
"Je ne sais pas si Dieu existe mais, depuis toujours, je l'espère avec force. Parce qu'il faudrait qu'existe tout de même ailleurs quelque chose qui ressemble d'un peu plus près que chez nous à une justice et à une vérité que nous ne cessons de rechercher, que nous devons poursuivre et que nous n'atteindrons jamais.
De temps en temps, je l'avoue, le doute l'emporte sur l'espérance. Et, de temps en temps, l'espérance l'emporte sur le doute. Ce cruel état d'incertitude ne durera pas toujours. Grâce à Dieu, je mourrai."
(C'est une chose étrange à la fin que le monde - Jean d' Ormesson)
Année 2100,
En partant de chez lui ce matin-là, Sean Haber avait la désagréable sensation de ne pas avoir dormi assez longtemps. Depuis quelques temps déjà, il se levait fatigué, et même si sa vie était assez mouvementée, il n'avait jamais souffert du manque de sommeil. Sa femme s'inquiétait de voir sa mine toujours plus terne, ses cernes toujours plus grandes. Sean essayait de la rassurer du mieux qu'il pouvait mais il n'était lui-même pas très rassuré. Comme n'importe qui, il avait pris rendez-vous chez son médecin et comme il s'en était douté, rien n'était apparu au scanner.
« Vous travaillez beaucoup trop, lui disait son médecin, prenez une pause.
- J'ai connu pire et pourtant je n'ai jamais été aussi épuisé, rappela l'homme aux implants blanc et rouge, signe distinctif de la Netwatch.
- Je sais mais c'est peut-être votre limite, vous n'avez plus vingt ans, il faut savoir dire stop. »
Son médecin le suivait depuis son entrée à la Netwatch, ce dernier était le même pour tous les membres de la compagnie et même s'il était payé par eux, il était professionnel et n'aurait jamais poussé un agent à travailler plus que ce que son corps ne pouvait le supporter. L'homme un peu plus âgé que Sean sortit une boîte de calmant de son tiroir. Une injection dans le bras et Sean pouvait repartir, sans plus de réponse.
Depuis 2094, il n'avait pas vraiment à se plaindre, le Black Wall n'avait plus été endommagé, en tout cas rien de semblable à ce qui s'était passé à cette époque là. Il ne savait pas si cela avait un réel rapport avec la catastrophe du labo secret d'Arasaka dans les Badlands mais ce qui était certain, c'était que la situation s'était stabilisée.
Bien sûr, les Netrunner essayaient toujours de passer mais comme à chaque fois, ils étaient vite arrêtés. Rien d'alarmant en soit. C'était calme alors il ne comprenait pas vraiment sa fatigue soudaine.
« Sean ? Tu m'écoutes ? »
L'agent de quarante ans revenait à lui brusquement. Perdu dans ses pensées il remarqua qu'il était dans la salle de pause du centre de la Netwatch. Il avait une tasse de café entre les mains et sentait que ses implants sur sa nuque le démangeaient légèrement. Il n'était pas certain mais il avait l'impression qu'un acouphène venait de s'estomper. C'était comme se réveiller brutalement, il ne savait trop comment il était arrivé là, si son corps s'était mis en pilotage automatique à cause de la fatigue ou s'il avait juste été trop longtemps dans ses pensées. Oda, son collègue devant lui le regardait d'un air septique. Il avala d'une traite le restant de son propre café, remontant la mèche qui barrait son visage. Sa queue de cheval haute, noire, découvrait sur le côté de son crâne un ensemble de circuit relié à ses yeux modifiés.
Par rapport à l'ensemble des membres de la Netwatch, Sean avait peu de modifications. Ses cheveux bruns dès lors garnissaient encore bien son crâne, une petite barbe de trois jours recouvrait ses joues un peu creusées par le temps. Il n'avait que les implants sur sa nuque, blancs et rouge, et un mécanisme dans son bras gauche depuis un accident de moto quand il était gamin. Il n'était pas un Netrunner, ni un Solo, juste un petit employé qui commençait sérieusement à s'inquiéter des effets de sa connexion à outrance sur sa santé mentale.
Il laissa passer un long soupire, passant sa main sur ses yeux comme pour essayer de ressaisir mais une sorte d'image subliminale l'électrisa une seconde, sa vue se troublait mais redevint très vite normal. Oda continuait de le regarder puis il pencha la tête sur le côté.
« T'es sûr que tu vas bien ?
- J'en sais rien, lui avoua Sean. J'ai été voir le Doc et il pense juste que je suis fatigué...
- Tu devrais peut-être prendre quelques jours ? C'est vrai que je t'ai pas vu prendre des vacances depuis une éternité. C'est plutôt calme en ce moment, profites en. »
Oda était plus jeune que lui, plus nonchalant aussi, il oubliait parfois ce que c'était de travailler à la Netwatch ou bien il en avait tout simplement une vision différente. Pour le jeune japonais des quartiers de Heywood, ce n'était qu'un travail parmi tant d'autres, il avait ses horaires et ses tâches à accomplir, rien ne l'intéressait en dehors de sa rémunération qui lui permettrait ensuite de se saouler au bar, faire quelques DS avant de claquer le reste dans des améliorations cybernétiques. Le but même de la Netwatch, son rôle primordial, ça le dépassait.
Pour Sean, malgré les années et les évènements passés, travailler à la Netwatch était maintenant un devoir qui lui tenait à cœur. Parce qu'il était le seul à connaître aussi bien le Black Wall, le seul à s'en soucier. Peu importe qui les dirigeait, la tyrannie lui semblait préférable au chaos. Il en allait de sa responsabilité d'empêcher qu'ils passent au-delà du Mur.
Prendre des vacances quand on semblait être encore l'un des seul à s'en rendre compte ? Impossible. Peu importe la fatigue, peu importe les absences et les signaux d'alertes. Il ne pouvait pas arrêter.
Sean pensait que le temps allait finir par faire disparaître cette sensation pesante. Si quelques fois il avait l'impression de s'être reposé, d'autres fois, il peinait vraiment à ouvrir les yeux. Son système neuronal était presque en surchauffe, comme s'il avait fonctionné toute la nuit. Il ne tenait presque plus debout et en dépit des rendez-vous médicaux, toutes les analyses se soldaient par un échec. Il avait fini par contacter un MedTechie, après s'être réveillé au milieu de la cuisine en pleine nuit, un verre d'eau à la main et ne se souvenant pas du tout comme il était arrivé là.
Dans le petit appartement du quartier de Japan Town, Sean attendait son tour. C'était la première fois qu'il venait voir un Charcudoc clandestin. En dehors des professionnels employés par la compagnie, jamais il n'avait été voir d'autres spécialistes mais forcé de contester que son problème fût de plus en plus inquiétant et pas au niveau des Medtechie de la Netwatch.
Mark, un vétéran de la compagnie lui avait conseillé de passer par un véritable expert. Si sa réputation n'était plus à faire, réussir à pouvoir le rencontrer relevait du miracle, non pas qu'il ait un carnet plein, il était simplement impossible d'espérer être traité par le Charcudoc du très redouté groupe du SKZ. Ni son emplacement, ni son nom n'était un secret mais si vous n'étiez pas de son monde, inutile d'essayer d'en franchir le seuil au risque d'être laissé sur place.
Heureusement pour Sean, Mark connaissait un membre du groupe, l'agent de la Netwatch n'essaya pas de savoir comment c'était possible, ne pas trop fouiller était un gage de sécurité à Night City. Dès lors, même s'il avait longtemps hésité, peu confiant à l'idée de pouvoir passer la porte sur ses deux jambes et de pouvoir en sortir tout autant, les absences répétées et les interférences qu'il ressentait dans son crâne avaient eu raison de son instinct de préservation.
Assis sur la chaise dans l'entrée, seul, il avait la jambe qui tressautait et les mains serrées, il se demandait encore si c'était une si bonne idée. Le bruit des pas revenant du couloir lui fit comprendre qu'il n'était plus question de s'enfuir maintenant, le Charcudoc faisait son apparition.
Une silhouette masculine, la tête penchée vers l'avant mais d'une démarche presque trop lente, faisant augmentée son rythme cardiaque à mesure qu'il apparaissait à la lumière. Une chemise blanche dont les manches retroussés faisaient apparaître des gants noirs, Kim Seungmin, relevant enfin son visage avec un sourire avenant et des lunettes rondes sur le nez qu'il remonta de sa main dont il retira ensuite le gant pour faire apparaître sa main mécanique de MedTechie. Les alliages brillant et argentés paraient ses doigts qu'il bougeait dans un silence inhumain.
« Sean Haber je présume. A nous. »
Le Charcudoc lui fit signe de le suivre et Sean se leva si vite qu'il eut un léger vertige. Il remonta le couloir la boule au ventre, suivant le dos du Doc qui disparut dans la seule pièce ouverte, au fond. Des lumières vives illuminaient les murs recouverts d'étagères avec d'innombrables équipements, des écrans et des machines tout autour de lui. Enfin, le fameux siège des opérations où il s'installa d'un pas hésitant mais sans trop vouloir le montrer, par peur d'être renvoyé sans formalités. Il s'allongea, les dents serrés et mains crispées sur les accoudoirs tandis que le Doc devant son atelier passait sa main bionique sur une machine à laser et mettait un gant sur l'autre. Il glissa ensuite sur son tabouret jusqu'au fauteuil.
« Vous êtes un ami de Shell, c'est ça ?
- N-non. Sean déglutit. Je suis un ami de Mark O'Riley. C'est lui qui connait...Shell.
- Ah...Peu importe. Comme ça vous avez des absences ?
- Oui. Parfois je me lève, épuisé et je sens que mes implants ont fonctionné alors même que je dormais. J'ai même des courbatures comme si j'avais couru un marathon. L'autre jour j'ai remarqué un bleu sur ma cuisse, il n'était pas là avant d'aller me coucher et je commence sérieusement à m'inquiéter. Je me demande si ça peut venir de mes équipements.
- Hum. Vous en avez peu. Ce n'est pas impossible mais ça me parait léger pour une cyberspsychose...On va regarder. »
Le mot avait de quoi faire peur même si le MedTechie le prononçait avec une telle décontraction qu'il semblait parler d'une simple grippe, Sean n'avait pu retenir un frisson le parcourir et même une émotion vive le submerger. La cyberspychose était synonyme de mort, rien ne pouvait plus l'effrayer. Il se retint de laisser toute sa tension s'échapper par un hurlement sonore, à la place, il s'accrocha avec plus de force à son siège alors que le Charcudoc apportait son scanner. Il passait son corps sous le laser de son équipement dernier cri, il l'avait branché aussi à moniteur et restait silencieux. Sourcils froncés, il parcourait les données avec attention, se grattant par instant le menton. Son mutisme avait de quoi rendre fou l'agent de la Netwatch mais il ne pouvait rien faire à part patienter.
Après de longues minutes, Seungmin retira son gant et glissa à nouveau son tabouret jusqu'à son établi avant de se lever et s'approcher pour débrancher Sean du fauteuil.
« Alors ? Vous avez trouvé quelque chose ? Il osa demander.
- Vous ne rêvez pas. Vous avez bien une activité accrue pendant votre sommeil. Parfois même au milieu de votre journée. J'ai rarement vu ce genre d'utilisation, surtout pour quelqu'un d'inconscient.
Seungmin pesait ses mots et il semblait continuer à faire des conclusions sans pour autant les révéler.
- Et je dois faire quoi ? J'ai besoin de me reposer, je peux pas continuer comme ça.
- C'est assez délicat. La seule fois où j'ai vu ce type d'activité c'est chez les somnambules mais pire encore, on dirait que votre système neuronal a été surexposé.
- Mais qu'est-ce que ça signifie ? Que je marche en dormant ?
- Je pense que c'est plus compliqué que ça. Vous avez une vraie activité en dormant, vous vous connectez au cyberespace.
- Quoi ? Mais c'est impossible. Comment je pourrai me connecter ? Je peux parcourir le web comme tout le monde mais je ne suis pas un Netrunner, mes seuls branchements avec la Matrice je ne les ai que lorsque je suis au centre de Netwatch, je peux pas me brancher chez moi ou au milieu de la rue et pourtant j'ai des absences parfois en pleine journée, dans un magasin ou en rentrant en métro.
- Je l'ignore. Mais je peux vous proposer quelque chose. »
Seungmin sort une micropuce du moniteur, il la tend à Sean qui la saisit, hésitant.
« C'est un traceur, il permet aussi d'enregistrer toutes vos données pendant un temps donné. Branchez là ce soir, et attendez. Demain matin, vous pourrez regarder jusqu'où vous êtes allé dans le cyberespace pendant votre sommeil et en fonction vous en apprendrez plus. Ma compétence s'arrête là, il faudra peut-être faire analyser les informations recueillies par un Netrunner. Ca ne doit pas être ce qui manque à Netwatch, vous devez pouvoir en trouver un. »
Sean regarde le petit circuit électronique d'un air dubitatif mais surtout désespéré, si Kim Seungmin, Charcudoc tout aussi célèbre que le Leader même du SKZ, ne sait pas ce qu'il l'afflige, alors personne ne le saura. C'est perdu d'avance.
Il range le petit objet dans sa poche et se lève de son fauteuil pour quitter l'appartement, avec peu de réponse et aucune solution. Seungmin lui donne quand même son contact, afin qu'il puisse l'appeler directement s'il y a de l'évolution. Le Charcudoc semble croire que les choses vont encore empirer, il ne prononce aucun mot mais ses yeux parlent pour lui et même s'il essaie d'être impassible, Sean n'est pas un novice, il a vu assez de personnes lui mentir, même par omission, pour comprendre que le membre du SKZ lui cache encore des informations.
Inutile d'essayer de lui tirer les vers du nez, si Seungmin ne lui en parle pas c'est surement qu'il ne saurait l'expliquer de toute façon. Sean le remercie et quitte l'appartement encore plus démoralisé que lorsqu'il est venu. Il doit bien l'avouer, il avait eu un peu trop d'espoir en franchissant le seuil de l'immeuble mais maintenant qu'il était à nouveau dehors, il regardait le ciel gris avec le regard vide. Il allait pleuvoir.
Après sa visite chez le Charcudoc, Sean avait eu encore quelques absences. Les jours passant, elles semblaient presque faire partie de son quotidien. C'était comme être somnambule. Il n'avait pas utilisé la biopuce, redoutant que le Charcudoc n'essaie d'obtenir ses données par le biais de l'équipement : il faisait partie de la Netwatch après tout, il n'était pas dans sa nature de faire confiance aux membres de groupes criminels, surtout quand il s'agit de modifications cybernétiques chargé d'enregistrer ses informations neuronales.
Sean avait pris la partie de faire avec, il avait averti sa femme et elle l'aidait parfois à revenir dans son lit, de ce qu'elle lui disait le lendemain matin. Ses collègues de travail étaient aussi au courant et faisaient attention à ne pas le laisser trop longtemps tout seul. A priori, d'après Oda, ses absences se présentaient le plus souvent par une immobilisation totale. Il restait fixé sur un point et ne bougeait plus. Parfois il fermait les yeux et se couchait sur le canapé de l'une des salles de pauses.
Le plus rare et le plus effrayant était lorsqu'il agissait normalement, pourtant les autres agents avaient fini par remarquer que son système était en marche accéléré, comme s'il était connecté à la même vitesse qu'un Netrunner. Il comprenait alors que l'absence était plus profonde et que Sean mettrait plus de temps à revenir.
Cette situation particulière avait été mise sur le compte du stress et à force les médecins et ses supérieurs avaient fini par l'obliger à s'arrêter quelques temps. Une vraie torture pour Sean qui avait dû revenir chez lui, les poings serrés et la frustration au bord des lèvres. Il n'en pouvait plus et en avait assez de n'avoir aucune réponse.
« Papa ? »
Sa fille de six ans s'était approchée de son corps affalé contre la porte, se tenant le crâne. Ses grandes billes noires brillaient d'inquiétude et d'incompréhension, elle était trop jeune pour saisir sa détresse mais ça ne l'empêchait pas de la ressentir. De ses petites mains, tenant une peluche par un morceau de tissu abîmé, elle voulait retrouver le sourire de son papa adoré. Sourire qui se faisait trop rare, depuis des semaines maintenant. Sean s'en voulut aussi tôt. Il était l'ombre de lui-même, au travail, chez lui et si sa femme le soutenait, sa famille en subissait les conséquences. Ce fut la goutte de trop qui le fit craquer, dans un tremblement il tira sur le petit corps de sa fille pour la serrer dans ses bras, laissant ses larmes rouler le long de ses joues et s'échouer sur ses lèvres retroussées de douleur.
Et comme si le fait de se lâcher enfin l'avait libéré, il n'avait jamais aussi bien dormi que ce soir-là en rentrant. Il s'était reposé et il avait ouvert les yeux le lendemain avec la sensation d'avoir enfin passé une nuit calme et complète. Pensant qu'il s'agissait peut-être d'un de ses moments de répit, éphémère, il s'était couché le soir même, encore avec l'angoisse qui lui tenaillant l'estomac. Mais à nouveau le lendemain, il se sentait reposer, même requinquer pour le plus grand bonheur de sa femme.
Cela dura une semaine entière et sans qu'il ne puisse l'expliquer. Il retrouva espoir et commença même à croire que ce que lui avait dit son médecin n'était pas si stupide, il était peut-être juste épuisé par son travail.
« Vous dites que vous dormez maintenant ? Lui fit répéter Seungmin.
De l'autre côté de son écran holographique, Sean affirma avec le sourire mais Seungmin restait dubitatif.
- Depuis deux semaines maintenant. Pas une seule absence. Rien.
- Vous avez essayé d'enregistrer votre activité ?
- Non », chuchota presque l'agent coupable.
Il ne voulait pas avouer qu'il n'avait pas confiance au Charcudoc, ce dernier l'avait aidé après tout, cependant c'était plus fort que lui, il n'était pas à l'aise avec l'idée de brancher ce truc à ses ports. Il était méfiant de nature, méfiant de profession, surtout envers les membres d'un groupe comme le SKZ.
« D'accord. Et bien, si ça va mieux, c'est ce qui compte, conclut Seungmin.
- En tout cas je vous remercie pour votre aide.
- Je n'ai pas fait grand-chose du coup, riait doucement le Doc.
- Non, vous avez pris le temps alors même que vous ne me connaissiez pas, et ce malgré mon emploi...Je sais que nous sommes habituellement des ennemis mais j'apprécie.
- Je ne suis l'ennemi de personne Monsieur Haber. Je souhaite vraiment que tout se passe pour le mieux. Au plaisir de ne jamais vous revoir. »
Sean lui sourit et après un petit signe de tête, il rompit la communication.
Une conclusion heureuse, était-ce seulement possible ? A Night City, ça serait un miracle. Cette mauvaise passe, il allait surement en rire un jour. Peut-être. Peut-être pas.
***
Sean avait eu la paix pendant près de trois semaines jusqu'au jour où il ouvrit les yeux douloureusement comme revenu d'entre les morts. Le cerveau en éveil, groggy, un acouphène assourdissant et un bruit de grésillement électronique atroce qui le faisait grimace, sentant une multitude de courants électriques le parcourir de toutes parts et rapidement un vertige qui l'obligea à se retenir à un meuble sur sa droite.
Finalement, après s'être à nouveau ancré dans la réalité, il parcourait les ombres qui l'entouraient, il sentit le souffle chaud d'un ventilateur contre le mur et la lumière vive et brulante des néons clignotant de l'immense mur recouvert de serveur. Ses paupières papillonnaient encore une longue minute et lentement il reconnut la pièce où il se trouvait.
Au centre une colonne noir et rouge, parcourut d'information numériques passant à travers les circuits lumineux, protégée par une paroi de verre antisismique, anti-atomatique et anti-piratage, dont la couverture cybernétique brillait d'un reflet magnétique impénétrable.
Après le Black Wall, la technologie la plus avancée qui existait en termes de cyber protection et pour cause, la carte mère du Mur lui-même se devait d'être inviolable.
Il était au cœur de la Netwatch, au sous-sol interdit, semblable à un centre de lancement d'une fusée, la colonne s'élevait sur des dizaines de mètres de haut.
La chambre du serveur qui abritait la carte mère du Black Wall.
Ici, aucun employé n'était habilité à entrer, il n'en avait ni le droit les compétences pour en pirater l'accès. La seule fois où il avait pu voir cette salle, c'était ce fameux jour où le Black Wall avait été éventré, il avait dû se connecter à la source avec divers programmeurs pour renforcer le système. C'est d'ailleurs à l'occasion de cette catastrophe que la paroi de verre avait été installée et que le système anti-piratage avait été renforcée.
Alors comment Diable pouvait il se trouver au milieu de cet endroit interdit ? Il regardait autour de lui, comme s'il espérait se tromper, être dans une sorte de réplique ou une autre salle, d'un autre serveur mais il ne fallait pas rêver. Il avait été bien assez impressionné la première fois qu'il avait vu la salle pour l'avoir correctement imprégné dans sa mémoire. Il avait presque l'impression de faire face à un monstre de technologie, le cœur du Black Wall en câble et en composant cybernétique, palpitant de ses pulsations thermiques.
Il se sentait fébrile, les mains tremblantes et comme si la machine exerçait une attirance magnétique, il se sentait mal. L'afflux de donnés dans les circuits lui donnait le vertige, toutes cette technologie concentrée en ce point névralgique dégageait nécessairement des ondes. Il se sentait mal, il fallait qu'il sorte le plus vite possible et en tout état de cause, qu'il efface les traces de son passage.
La porte du sas dans un métal lourd se refermait derrière lui et actionnait des rouages de verrouillages qui résonnait dans l'immense couloir de béton vide. Il n'y avait personne. Pas de garde. C'était plus qu'étrange, il fermait les yeux une seconde et alors qu'il essayait de connecter son système pour voir l'heure, il remarqua qu'il était trois heures du matin passé mais ce n'était pas tant cette information que la date du jour qui le fit blêmir...Trois jours. L'absence avait duré trois jours.
Son cœur se mit à battre à vive allure, son esprit entier semblait déraillé et ses jambes tremblantes, il se mit à courir pour s'éloigner le plus possible de la salle du serveur. Il composa un numéro qu'il ne pensait pas composer de nouveau, totalement paniqué. Terrorisé.
Pas de réponse. Il arriva à l'ascenseur qui le mènerait au hall d'entrée, il composait à nouveau le numéro mais toujours rien. Son souffle devenait irrégulier, sa gorge sèche et les battements effrénés de son cœur commençaient à lui faire mal. Les yeux écarquillés, il essayait de toute ses forces de se souvenir mais rien ne venait et plus il forçait, plus il avait mal. Son système se verrouillait, comme un blocage et dans une grimace il déconnecta ses implants.
C'est impossible...C'est impossible...Je dois...
La porte de l'ascenseur s'ouvrait et ses pupilles tressautèrent. Un grésillement, un acouphène et l'image vibrait comme un réseau distordu. Une voix. Une silhouette de particules aux rayon bleu tel deux étoiles dans le noir, et tout redevint normal.
C'était quoi ?
Sean se figeait. Le hall était vide, il ne vit au loin que le personnel de l'accueil en équipe restreinte à trois heures du matin.
" Monsieur Haber, vous avez pu trouver ce que vous cherchiez ?"
La fille de l'accueil lui faisait un grand sourire. Son regard à lui n'était que terreur et se retenait de hurler, il se contenta d'affirmer d'un signe de tête.
Il lui avait parlé...Pendant son absence.
Sean traversait le hall totalement paralysé. Il pleuvait encore dehors mais le bruit des trombes d'eau ne suffisait pas à faire disparaître la peur viscérale qui s'emparait de lui. Il releva les yeux, perdu, incapable de réussir à ouvrir la bouche et alors qu'il portait son regard de l'autre côté de la route, il le vit. Un homme tenant un parapluie. Un homme aux yeux brillant. Deux point lumineux bleu, sur une silhouette noire qui l'observait.
***
Un mois plus tard, dans la boîte aux lettres de l'appartement qui lui servait de local, Seungmin récupéra une enveloppe kraft déposée sans aucun message. Il ouvrit cette dernière et à l'intérieur se baladait un petit objet, il le fit glisser dans la paume de sa main et aperçut alors le petit circuit imprimé noir. Une forme carrée, brillante sous les rayons de l'ampoule de l'entrée.
« Qu'est-ce que c'est ? Demanda une voix féminine en s'approchant.
- C'est quoi papa ?
- Ouais dis, c'est quoi papa ? »
Seungmin regarda le petit carré électronique, une biopuce. Puis après un long silence qui assombrissait son regard, il la rangea dans l'enveloppe avant de réceptionner le petit corps lancé à vive allure d'un petit garçon. Ses cheveux bruns couvert d'épis et le sourire éclatant d'espièglerie n'était pas sans rappeler celui de son père, en tout point ressemblant. Il apportait ses petites mains au visage du Charcudoc, mimant un baiser sans pour autant s'approcher puis laissa filer un merveilleux rire plein d'innocence.
La jeune femme blonde attendrit par la scène continua de s'approcher, tenant dans ses bras une petite fille qui les observait de ses grands yeux clairs, tout en laissant sa tête reposée sur l'épaule de sa mère.
" Tout va bien ?" Demanda sa femme maintenant près de lui, visiblement inquiète.
Elle se doutait qu'il ne voulait pas en parler devant les enfants mais elle ne pouvait ignorer cette lueur de tristesse de ses yeux. Il ne répondit pas, préférant se plonger dans les yeux rieurs de son fils, lui embrasser le front puis embrasser celui de sa fille avant de s'attarder davantage sur la joue de sa femme.
Rien ne lui semblait plus important à cet instant.
Monsieur Kim. Si vous recevez cette biopuce, c'est que je n'ai pas réussi à le trouver...L'homme aux yeux bleus. Avant la fin, il est apparu, avant la fin, il m'a eu. Je ne sais pas comment il a fait ça, comment c'est même possible mais je suis sûr que c'est lui...
Monsieur Kim. Si vous recevez cette biopuce c'est que je suis mort. J'ai...J'ai...Argh...Ce que j'ai fait ! Ce que j'ai fait...Seigneur ! Ma femme...Ma fille...Oh Mon Dieu...Il faut l'empêcher de recommencer. Je sais que ça arrivera de nouveau. S'il vous plait, retrouvez le...S'il vous plait. Il faut l'arrêter.
Le Black Wall...Le Black Wall. Il faut le protéger.
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Hello Night City !
Je suis contente de retrouver cet univers et j'espère que vous aussi !
Je vous invite à relire les différentes sections, présentation personnage, récap, mais aussi à ne pas hésiter à revoir le glossaire/les bases que vous pouvez relire dans GOLIATH.
Seungmin est papa et oui ! Et Jian est maman du coup de deux petits jumeaux 😁 c'est pas mignon tout ça ! Enfin...Plus que le destin de ce pauvre Sean Haber, personnage qui n'a servi qu'à introduire le début des ennuis.
A vendredi pour la suite !
D.
Rappel vocabulaire :
Netwatch : multinational neutre qui voit le jour à la suite d'un traité politique, chargé de protéger le cyberespace et s'assure de l'immuabilité du Black Wall.
Black Wall : protection numérique (pare-feu) mondial dans le cyberspace, prend l'apparence d'un immense rideau rouge de particules et maintien les IA malveillantes de l'autre côté.
Charcudoc/Medtechie : médecin spécialisé dans la cybernétique
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