// ... Chapitre vingt-quatre ... //
"When the party's over" - Billie Eilish
L'air était tendu et électrique, la lumière des éclairs perçait à travers les feuilles, avant d'entendre le tonnerre se rapprocher. J'ai toujours aimé les orages, ils vous font vous sentir bien, calme, tapis à l'intérieur de votre cocon douillet, alors que dehors c'est la fin du monde. On regarde par la fenêtre pour voir les arbres ployer face au vent, tout en étant protégé par les murs de sa maison.
Je me suis tournée vers le balcon pour admirer les couleurs qui explosent dans le ciel, "alors comme ça, j'allais finalement le revoir". Mon cœur s'est serré, mais c'est surtout le visage de Glorfindel à cet instant qui remuait mon âme.
- Glorfindel, parle-moi... dis-je plus doucement en m'approchant.
Il ferma les yeux en évitant les miens. Jamais je n'avais vu mon ami dans cet état.
- Je vais te raconter l'histoire de tes ancêtres. Cependant, tu dois bien comprendre, qu'il n'y a aucun lien entre vous. Vous n'êtes pas de la même civilisation, pas du même sang et tu es une femme. Beaucoup de paramètres nous font dire que leur histoire ne se répétera pas.
Le ton grave de Glorfindel m'a glacé le sang. Il avait un regard suppliant. Au fond, je savais très bien qu'il était arrivé quelque chose de dramatique. Que personne ne voulait vraiment en parler. Si les elfes restaient à ce point silencieux depuis toutes ces années, c'était pour une bonne raison, ça j'en étais absolument certaine.
- Comment ça... Quelle histoire ? Tu me fais peur.
Je l'ai vu réfléchir... Regarder les arbres d'un regard las, avant de se tourner vers moi en prenant une respiration. Le plus dur, le plus choquant, c'est qu'à cet instant précis, il évitait mes yeux.
- Au premier âge, Eärendil supplia les Valars d'intervenir contre Morgoth.
- Oui, la guerre de la grande colère, dis-je comme pour me rassurer.
- C'est en réponse à cet appel que les Valars ont décidé d'envoyer le premier titan, Hartlias fils d'Illuviné. Je ne l'ai pas formé, ma première vie a pris fin avant sa venue. Il s'engage pendant de longues années dans cette guerre, mais Morgoth à fini par prendre possession de son âme.
- Quoi ?
- Hartlias s'est laissé consumer par sa force et a fini par disparaître entièrement. On ne sait pas vraiment comment cela s'est produit, mais maintenant que je sais ce qu'il se passe en vous, je comprends nos erreurs et les miennes également...
Alors c'était ça... Il s'est détourné de la lumière. Il a succombé à sa force pour laisser finalement son âme aux ténèbres. La nouvelle m'a fait froid dans le dos, mais je me doutais bien d'une histoire comme celle-ci. De toute façon, je sens la même chose au fond de moi.
- Je vois... Qu'est-il advenu de lui ?
Ils ont réussi à le maîtriser et il fut exécuté par les Ñoldor.
- Exécuté...? Mais Glorfindel...
- On lui a tranché la tête.
J'ai détourné les yeux... Mon cœur battait fort et j'avais peine à avaler ma salive. Ils lui ont coupé la tête... L'idée me fait trembler... C'est une exécution barbare pour les elfes, mais c'est bien la seule façon.
- Au deuxième âge...
- Non...
J'ai tourné les yeux vers l'elfe au visage maintenant plus pâle que le blanc. Mon cœur a encore accéléré en constatant que ce n'était que le début.
- Eriador fils d'Illuviné fut appelé après que Sauron ait forgé l'anneau unique. Je l'ai formé comme l'avait fait les Ñoldor avant moi. Il sortit victorieux aux côtés des elfes dans la guerre qui suivit. Il resta auprès de moi alors que les alliances se disloquaient et que les Númenóréens soient corrompus par Sauron et son anneau les uns après les autres. La guerre de la dernière alliance éclate... Je ne l'avais pas compris à ce moment-là. Eriador n'était pas quelqu'un de très bavard, il n'a jamais montré vraiment ses sentiments, mais je n'ai pas trouvé cela important, c'était un guerrier...
- Glorfindel, stop...
- Je ne veux pas savoir... Ma gorge s'est encore serrée, plus que je ne l'aurai voulu, mon âme me criait de ne pas entendre les propos de l'elfe, mais...
- Il faut que tu le saches...
J'avais les larmes coincées au travers de ma gorge, attendant la sentence en essayant de trouver un repère dans les arbres et la nuit. Je me suis assise ne sentant plus mes jambes. Serrer l'accoudoir et baisser la tête pour contenir la nausée qui monte en moi.
- Nous avons combattu sur deux fronts. Un premier au Mordor, face à Sauron aux côtés des hommes et d'Isildur. Et l'autre sur les plaines Dagorlad, mené par le roi Oropher et son fils Thranduil. La femme de Thranduil était également présente ce jour-là. Eriador était à leurs côtés, sachant que cette bataille serait rude pour eux qu'ils étaient déjà peu nombreux. Il s'est avancé avec les elfes, mais en plein milieu de la bataille son âme à elle aussi disparue... Il ne restait rien... Tout comme Hartlias, il était devenu une coquille vide, manipulée par le mal...
Il fit une pause pour s'approcher de moi, mais mon âme était déjà loin.
- Ce fut un véritable massacre. Eriador a décimé une bonne partie de l'armée elfique, tuant même la femme du roi Thrandhuil dans sa folie... On appelle aujourd'hui ces plaines, les marais des morts en référence au sang versé par le titan. Nous n'avons jamais retrouvé sa trace. Il s'est enfui pour disparaître à jamais.
Mon esprit s'est arrêté. Il s'était écroulé de douleur et de chagrin en un battement de cil.
- Maliha... Je suis désolé...
Mais je n'entendais rien d'autre que les mots qu'il avait prononcés plus tôt et la douleur en moi qui grondait. Ses paroles tournaient en boucle dans ma tête et me rendaient malade. La nausée a rempli mes tripes et les larmes menacent mes yeux. J'ai placé une main sur ma bouche, comme pour m'interdire de crier. Pour retenir les larmes. Retenir mon âme qui voulait s'échapper de ce corps malfaisant.
- C'est impossible...
Le monde s'écroulait autour de moi. Une sueur froide parcourait mon corps. Le peu de choses dont j'étais certaine, le peu qui faisait encore de moi celle que j'étais avait disparu. Dispersé dans l'obscurité de cette vérité accablante.
- Et que dire de la honte...
- Suis-je un monstre ? Une force obscure cachée, attentant de tous les poignarder dans le dos comme les autres avant moi ? Alors Sauron disait vrai, je n'étais que le mal tapi dans l'ombre ? L'ombre dans mon cœur finirait par me faire prisonnière. Par m'engloutir et me dévorer ?
J'ai fermé les yeux pour contenir la peur de moi-même, mais mon esprit chavira. J'avais besoin d'air, besoin de courir, de hurler ma douleur, de hurler aux Valars la colère de leur avoir fait confiance en acceptant ce destin. D'avoir aveuglément cru que c'était une bonne chose... Que je pouvais être utile. Que j'étais finalement devenue quelqu'un de bien... Que pour une fois dans ma vie, j'avais fait quelque chose de juste.
- Pourquoi, mais pourquoi ? Pourquoi suis-je devenue, ça ?
J'ai senti la tristesse déformer mon visage ? Je voyais celui de Glorfindel devenir flou sous les larmes qui envahissaient mes yeux, mais j'étais incapable d'éclater en sanglot. Ils restaient enfermés dans ma gorge, grandissant, bloquant l'air dans mes poumons, tétanisant mes muscles dans une douleur insupportable.
- Maliha, je t'en supplie parle-moi...
J'ai réussi à me lever, je ne sais même pas comment. Comme un fantôme, un robot... J'ai poussé la main de l'elfe qui essayait de me retenir et j'ai couru. Dévalé les escaliers en retenant le cri de douleur qui grandissait encore dans ma gorge. La pluie fouettait mon visage et bientôt les lumières de la cité elfique ont disparu. Il ne restait plus que le tonnerre et les zébrures électriques illuminant les ténèbres à répétition.
J'ignore combien de temps j'ai couru, mais j'ai fini par m'arrêter. J'ai placé mes mains sur mes genoux d'abord pour reprendre mon souffle bloqué et sifflant, puis pour vomir la nausée de mon mal-être, mon chagrin et les vagues des sentiments incontrôlables qui tordaient mon corps.
J'ai avancé de quelques pas en titubant et mes genoux ont percuté le sol détrempé, mon esprit s'effondrait. Je me plie sous la douleur du sanglot qui menaçait d'exploser avant de lâcher prise.
oOo
Glorfindel a entendu un hurlement épouvantable fendre l'air orageux. Il se mélangeait au bruit profond du tonnerre dans la nuit noir. C'était un cri d'horreur et d'agonie... Il s'est avancé sur le balcon pour serrer fort le bois mouillé de la balustrade. Il la sentait souffrir d'ici.
Il entendait son âme se lamenter et hurler à la mort. Au fur et à mesure qu'ils lui parvenaient dans la nuit froide, il regrettait de lui avoir dit. Il n'avait pas eu le choix... Il le sentait dans son cœur, son amour était trop grand pour revenir en arrière.
Il fallait qu'elle le sache. Qu'elle ne l'apprenne pas d'un autre que lui. Qu'elle ait toutes les cartes en main pour ne pas changer comme eux et choisir son destin. Il s'était fait violence pour le lui dire. S'était rendu malade pendant des années pour prendre cette décision.
- Glorfindel !
Il fronça les sourcils en entendant son nom de la bouche de l'Étoile du Soir qu'il avait entendu courir jusqu'à lui. Alors les cris lui étaient parvenus à elle aussi...
- Où est-elle !? Glorfindel ?
Elle s'est approchée pour poser une main sur son épaule en ne le voyant pas bouger. La tête penchée vers le sol et les jointures de ses mains blanchir sur la rambarde. Un autre cri a retenti dans la nuit, se mélangeant au bruit doux des gouttes de pluie sur le sol recouvert de feuilles. Elle a lâché son épaule pour faire un pas en arrière en voyant la larme couler le long de la joue de l'elfe.
Il était l'ombre de lui-même. Le chagrin de l'entendre lui fendait le cœur. Elle ne méritait pas ce passé. De tous les Titans, elle était celle qui avait le plus de cœur à ses yeux. Elle ne méritait pas un destin si effroyable.
- Valars... Tu le lui as dit...
Il soupire en détournant les yeux d'elle. Il ne supportait pas la vue des lignes du visage d'Arwen se déformer sous la détresse. Dans un geste de colère, il retire l'unique larme de sa joue en perdant son regard dans l'obscurité de la nuit.
- Tu n'avais pas le droit.
- J'ai fait ce qui était juste Arwen, dit-il d'un ton ferme et déterminé.
- Tu n'avais pas le droit ! C'était un serment entre tous les elfes et tu l'as violé ! Elle n'est pas comme eux Glorfindel !
- Elle pourrait le devenir ! Tu le sais très bien ! Elle était en droit de savoir et je préfère amplement qu'elle l'ait entendu de ma bouche ! Imagine si elle l'avait appris de lui ! Penses-tu qu'il aurait respecté ce serment ? Serment dont-il n'était même pas au courant il y a cinquante ans ! Imagine seulement ce qu'elle aurait pu ressentir...
Arwen n'a rien dit, sachant pertinemment qu'il avait raison...
- Glorfindel...
Il y eut un long silence entre les deux elfes. Glorfindel continuait de soupirer encore et encore en passant une main sur son visage, serrant l'arête de son nez.
- Je... Je ne pouvais pas la laisser dans l'ignorance. Maintenant, elle sait à quoi s'en tenir, elle est adulte et raisonnée Arwen et...
- Et elle est amoureuse.
Il ne dit rien, cachant ses yeux d'une main tremblante. Il tenait énormément à Maliha, l'avait accompagné dans toutes les épreuves de sa vie et celle-ci serait certainement la plus dure. Il avait peut-être anéanti tout espoir dans son cœur, mais il n'avait pas eu le choix.
- J'ai fait ce qu'il y avait de mieux à faire pour la protéger... Elle devait le savoir avant de le revoir. Il le sait, tu as entendu Elrohir aussi bien que moi cette nuit-là... Je voulais qu'elle l'entende de ma bouche et pas de la sienne. Je voulais qu'elle sache pourquoi il allait la regarder comme il va le faire... Pourquoi il va la rabaisser et la mépriser continuellement. Valars... dit-il en réalisant ce qu'il venait de dire.
Elle passe une main rassurante sur son épaule en le voyant pâlir plus encore.
- Tu as fait ce qu'aucun d'entre nous n'avait le courage de faire. Mais, as-tu pensé que c'est cette vérité qui pourrait la faire sombrer ?
Il se tourna vers elle avec un regard plus que sérieux.
- Si c'est le cas alors, je ferai ce qu'i faire. Mais elle est plus forte que ça, elle est plus forte qu'elle n'en a l'air. J'ai confiance en son cœur, confiance en son âme, elle ne sombrera pas si facilement. Je le sais, je le sens en elle.
- Je suis heureuse de savoir que tu vois la même chose que moi. Mais sa confiance en elle est déjà si mince, maintenant qu'elle sait cela...
- Elle est courageuse.
- Oui mais...
- Arwen, faisons lui confiance. Nous ne savons rien... Et il n'y a rien à faire d'autre que d'attendre.
- Tu as sans doute raison.
- Laissons là purger sa peine et passer un moment seule.
oOo
Je ne sais pas vraiment combien de temps je suis restée sous la pluie battante. J'étais trempée, mais cela m'était complètement égal. J'ai levé mon visage pour qu'il rencontre les gouttes d'eau, me prouvant que c'était bien réel. Le goût salé des larmes se mélangeait à l'eau de pluie. J'étais juste noyée dans ma douleur.
Le froid s'est insinué dans mes vêtements et les tremblements ont commencé à parcourir mon corps. Alors même après tout ça je suis encore vivante ? J'ai baissé mon visage d'un regard vide sur mes mains qui bougeaient d'un tremblement incontrôlable.
Le temps s'est écoulé et les larmes avec lui.
Maliha...
Un murmure. Mais je ne pouvais pas bouger. Une belle lueur dorée est apparue devant moi. J'ai fermé les yeux, éblouie par la lumière, mais j'ai insisté. Attiré par ce point lumineux au loin comme un signe d'espérance aux rêves.
Mes muscles ont bougés et je me suis simplement levée pour commencer à marcher vers le halo en silence. Je suis arrivée dans une clairière et remarqué une fontaine en son centre. Mon cerveau refusait de réfléchir. Je sentais juste qu'il fallait que je m'approche, alors je l'ai fait. Elle était simple, en pierre taillée, mais pas très grande. Je me suis penchée et regardé l'eau qui dansait sous les gouttes. Il n'y avait pas mon reflet, mais une lumière a encore envahi mes yeux.
oOo
J'étais sur ma terrasse. La clochette à vent que j'avais ramené du Japon tintait doucement dans le vent chaud de l'été. Mon compagnon s'est allumé sur un mail et j'ai soupiré. J'ai lu rapidement le contenu avant de rentrer dans l'appartement pour me regarder dans le miroir.
J'avais vieilli. Des rides étaient apparues sur le coin de mes yeux ? Quel âge devais-je avoir, cinquante ans ? J'ai parcouru l'appartement des yeux. Toujours le même. J'avais un chat, mais pas celui que j'avais l'habitude de voir...
J'ai ensuite regardé dehors pour voir un ciel gris, presque marron... J'ai toussé en posant mes yeux sur les barres d'immeubles en béton voisines. Il n'y avait pas un seul arbre, pas un bout d'herbe. Mon cœur s'est emballé, la vue de mon appartement n'était pas celle-là habituellement. Il y avait normalement un grand arbre magnifique juste en face de mon balcon... Il n'y avait désormais plus que la souche...
Ma gorge était sèche. J'ai cherché de l'eau, mais il n'y en avait pas, puisque rien ne coulait du robinet... J'ai encore paniqué pour tourner mon visage vers l'écran liquide et lisse. Les images montraient des corps étendus dans les rues. Des corps d'enfants morts de soif. Des incendies ravageant les villes et la guerre maintenant mondiale. j'ai reconnu les armes que j'avais dessinées. J'ai hurlé en me sentant brûlée de l'intérieur. Mes mains étaient vieilles et douloureuses, je n'arrivais plus à hurler, plus de souffle.... Je me suis penchée pour regarder le sol du haut de mon balcon. La rue était en feu, les gens marchaient péniblement, maigres et affaiblis. Incapable de courir, plus aucune voiture ne roulait, tout était abandonné et poussiéreux... La fin du monde.
Puis tout devint noir.
J'ai vu les yeux de Glorfindel avec son regard rassurant. Puis celui d'Arwen, d'Estel et de Gandalf. Enfin moi, devant un nouveau miroir, mon visage était le même qu'aujourd'hui, mais mes cheveux blancs comme la neige. J'étais en armure, mes deux armes sur mes cuisses et une grande lame au creux de mes reins qui n'était pas Nordeline.
Je suis sortie de la pièce en silence. Passé un couloir et les escaliers étroits d'un lieu inconnu. J'ai traversé une cour avant d'arriver devant une lourde porte en bois. Il y avait des hommes autour de moi, eux aussi en armure, tous silencieux, me regardant d'un regard vide. La porte s'est finalement ouverte sur un chemin de pierre lisse. Il faisait nuit noire et l'orage grondait. J'ai sorti la lame de son fourreau pour me lancer en courant dans une marée noir d'orcs. Mes yeux me piquaient sous mes larmes. Je ne savais même pas pourquoi je pleurais...
J'ai hurlé en tranchant tout autour de moi, j'étais seule... Seule dans cette bataille. J'ai soufflé après m'être battu plusieurs minutes et quand j'ai levé le nez, je n'étais plus au même endroit.
J'étais sur une colline, à côté de moi-même, sans arme, sans rien. Juste une colline devant un soleil couchant. Une silhouette se tenait juste au bord d'une falaise un peu plus loin, dos à moi. Legolas...
- Tu pars avec Aragorn n'est-ce pas ?
Je le distingue relever la tête.
- Et je suppose que vous restez avec eux ?
Un frisson m'a glacé le sang. La scène était horrible à regarder. Même si je ne comprenais rien, je savais que c'était grave... J'étais juste là, dans le vent à regarder le dos de Legolas comme une enfant en faute.
- Il est de mon devoir d'aller sur le champ de bataille.
- Pour basculer dans l'ombre et accomplir votre trahison je suppose, dit-il.
- Ne vas-tu jamais cesser de m'insulter Legolas ?
- Pas avant ma mort...
- Legolas, il faut que je te dise quelque chose...
- Faites vite.
Mon dieu... J'avais envie de fuir... Sans savoir pourquoi, je ne voulais pas voir ça. J'ai vu mon double hésiter un instant puis prendre son courage en fronçant les sourcils.
- Je voulais te dire pourquoi... elle a poussé un soupir de gêne. J'ai...
- Ne vous donnez pas cette peine, il me coupe.
Un temps d'arrêt et un pas en arrière. Je l'ai vue trembler... Elle était perdue et même faible face à lui.
- S'il te plaît...
- Ne me demandez rien Maliha et gardez votre salive.
- Je te dois une explication.
- Disparaissez !
- Legolas...
Il s'est retourné pour afficher un regard rempli de colère.
- Hors de ma vue !
La jeune femme a soupiré avant de se retourner et de partir sans rien ajouter... J'ai inspiré de chagrin avant de fermer les yeux pour passer cette image.
J'ai rouvert les yeux de nouveau sur un champ de bataille. Une étendue de sable et une armée au loin, qui avançait lentement vers moi.
Quelque chose n'allait pas...
Aragorn était en face de moi. Gandalf et Legolas également et non à mes côtés. J'ai voulu hurler leurs noms, mais aucun son n'est sorti. Mes bras ont bougé pour récupérer une longue lame dans mon dos et la placer à côté de moi. J'ai tourné mon visage pour en rencontrer une armure de métal glacial. Une forme immense et noire était à mes côtés et d'un anneau lumineux au doigt, elle les a désignés.
- Tues-les.
J'ai senti mes muscles se tendre pour prendre l'épée plantée dans le sable et partir en courant sans perdre de temps. La douleur de mon cœur était partie, je n'avais plus d'âme, je ne pensais plus et j'étais enfin soulagée. Soulagée de ne rien ressentir, d'être enfin libérée de mon cœur et de ces sentiments si lourds à porter. J'ai vu ma lame s'abattre sur un nain. Le sang a éclaboussé mon visage, mais je n'ai même pas pris le temps de l'essuyer.
"Valars, aidez-moi..."
Puis mes yeux sont passés sur Aragorn. Ce n'était plus l'enfant que je connaissais, mais je reconnaissais ses traits... Il m'a regardé avec un visage suppliant quand j'arrivais sur lui, mais je ne ressentais plus rien.
"Assez... Pitié non...."
Le goût du sang est entré dans ma bouche.
"Assez... Stop, arrête !" Mon âme a hurlé.
Puis j'ai vu les yeux de Legolas, ses lèvres bouger alors que je le prenais par le col. Il me disait quelque chose, mais je n'entendais rien.. Je voyais mes yeux rouges se refléter dans les siens si gris.
"Arrête, pas lui ! Je t'en supplie ! Je t'en supplie..." Mon âme pleurait, enfermée dans la brume noire et hurlait d'impuissance.
- Legolas... ma langue a sifflé.
Mon bras s'est levé.
Par pitié non ! Non, non, non c'est impossible !
oOo
J'ai hurlé en sortant de la vision et rencontre les yeux de Galadriel. Le bruit de la pluie est revenu à mes oreilles alors que je ne détournais pas mon regard de ses yeux bleus glaçant presque de reproches.
- Voulez-vous devenir cette chose ?
J'ai soupiré en baissant les yeux.
- Non, j'ai murmuré.
- Voulez-vous rejoindre votre monde et y mourir en étant inutile ?
- Non...
- Voulez-vous d'une vie sans âme ?
- Non...
- Allez-vous abandonner ?
Le silence...
- Non... dis-je dans un dernier souffle de tristesse.
Elle a souri avant de s'approcher de moi.
- Dur est le destin des titans. Dure est votre tâche Maliha, mais pure est votre âme et votre cœur. Savez-vous pourquoi les elfes ont toujours gardé secret l'histoire de vos prédécesseurs ?
J'ai lentement hoché la tête de gauche à droite.
- Parce que vous êtes tous différents. Vous n'avez aucun lien autant dans notre monde que dans le vôtre. Vous êtes unique, chacun d'une époque bien différente et d'une culture différente. C'est pourquoi nous avons choisi de garder secret leurs histoires.
- Mais ils ont toujours eu le même destin, dis-je.
- Mais vous êtes une femme.
Je l'ai regardé avec curiosité.
- La première à avoir accepté.
- Comment ça?
- Les Valars on toujours appelé une femme en premier, mais aucune n'a accepté. Les Valars ont donc choisi une autre personne, un homme. Vous êtes la seule, alors gardez espoir. Les hommes succombent facilement aux pouvoirs, regardez les Númenóréens... Je sens un grand cœur en vous et vous devez avoir confiance en lui. Ne perdez jamais courage Maliha, les Valars vous ont choisi, ne l'oubliez jamais.
- Les Valars m'ont abandonné... je murmure.
- Savez-vous ce qui fait votre force ?
Son regard était malicieux.
- L'amour que vous portez.
- Cet amour est voué à la souffrance, j'ai murmuré, lasse et épuisée.
- Un si grand amour n'est jamais vain. Quand le moment viendra, il vous montrera le chemin. Il y a cet amour unique au plus profond de votre cœur, mais aussi celui destiné à toutes les personnes qui vous sont chères. Maliha, vous n'êtes pas seule face à la mort, les gens qui vous aiment vous protégeront à leur manière, sachez les écouter et les entendre. Ne l'oubliez jamais, vous êtes différente des autres titans, car l'amour n'est pas seulement en vous, mais aussi autour de vous.
Son visage était doux et rassurant. Je sentais la douleur dans mon cœur, mais aussi le bonheur d'avoir des amis qui m'étaient chers. J'avais vu le visage de Glorfindel lors de son discours, ses traits inquiets et tirés. Une larme a encore coulé sur ma joue en me rappelant ses yeux si douloureux en prononçant les mots.
J'ai vu le sourire merveilleux d'Arwen, les yeux pétillants d'Estel... Je les aimais de tout mon cœur et ils m'étaient précieux. Glorfindel m'a entraînée et soutenue malgré ce passé horrible... Galadriel s'est placée à côté de moi avant de commencer à marcher pour sortir de la clairière. J'ai soupiré et l'ai suivi en silence à travers les bois, la pluie s'était enfin arrêtée et tout était calme. Il y avait juste le bruit des gouttes qui tombaient des arbres.
C'est là que je me suis promis de ne jamais sombrer, de tout faire pour ne pas succomber et ne jamais perdre espoir. Je devais tenir, coûte que coûte, pour rester à leurs côtés et les protéger. La Dame m'a laissée au pied d'un escalier et s'est tournée vers moi.
- Que votre nuit soit douce Maliha. Vous m'avez déjà prouvé par le passé que vous étiez une personne digne du bonheur que vous ont destiné les Valars. Alors je reste persuadée que ces heures sombres et celles qui passeront sur votre route à l'avenir, ne seront qu'un grain de sable dans le bonheur de votre éternité.
Je lui ai rendu un triste sourire en la regardant partir. Je suis restée là quelques minutes avant de voir Glorfindel descendre à son tour les escaliers à toute vitesse. Il a dévalé les marches restantes avant de me hisser dans ses bras. Je suis restée confuse quelques secondes ne sachant pas vraiment comment réagir. J'ai senti sa main dans mes cheveux me caresser doucement.
- Je suis désolé, dit-il dans un murmure.
J'ai passé mes bras autour de son cou pour le serrer plus fort encore.
- C'est moi qui suis désolée de t'infliger encore un titan dans ta vie Glorfindel.
- Ne dis pas de sottises, tu es une des meilleures choses qui y soit rentrée Maliha.
Les mots de Galadriel me sont revenus en mémoire et j'ai encore serré mes bras autour de l'elfe.
- Merci... Merci d'être là pour moi.
J'ai pleuré doucement dans son cou alors qu'il me portait pour me ramener dans mes quartiers. Il n'a plus rien dit et moi non plus, nous sommes juste restés tous les deux l'un contre l'autre à profiter de l'étreinte amicale et chaude sur le divan de ma petite terrasse.
Ma tête reposait sur son épaule alors que sa main dessinait sur mon bras.
- Si quelqu'un nous voit, il va répandre la rumeur que nous sommes liés Glorfindel, tu le sais ça ?
Il rit en plongeant ses yeux dans les miens.
- Aurais-tu honte du vieil elfe que je suis ?
- Ah ah, pas le moins du monde ! Et puis, tu es plutôt bien conservé dans ton genre.
J'ai soupiré en regardant les nuages disparaître entre les branches, éclairés par la lumière de la lune.
- J'aurais aimé que mon cœur te choisisse... Tout aurait été beaucoup plus simple, dis-je.
- Ça n'aurait jamais marché Maliha. Tu as un trop mauvais caractère pour moi...
- Voyez-vous ça ! Non mais c'est l'hôpital qui se fout de la charité !
- Pardon ?
Il a ri avec moi doucement en continuant de me taquiner sur mon caractère merdique et explosif en disant qu'Aragorn était parti pour me fuir.
- Tu es vraiment le meilleur ami au monde Glorfindel, il me regarde incrédule. Tu arrives à me faire rire même quand mon monde s'effondre.
- Te voir souffrir me fait souffrir Maliha. Tu es forte mais ton cœur est fragile, j'essaie d'en prendre soin, Arwen également ainsi qu'Estel, et tous les autres. Mais il est dur de percer ta carapace.
- Je sais...
- Tu n'es pas seule.
Il avait dit ça avec un ton rassurant, pourtant je me sentais plus seule que jamais. Étrangement, j'avais bien dormi cette nuit-là, l'épuisement sans doute. Le lendemain, j'ai interprété chaque regard comme un reproche, chaque elfe qui me regardait me faisait froid dans le dos, je baissais les yeux, honteuse alors que pour eux rien n'avait changé. Arwen m'a tenu le même discours que Glorfindel, que je n'étais pas liée à eux, que j'avais mon propre destin entre mes mains. Mais ma raison me poussait à crier "ça suffit les belles phrases, au final, je suis pareille", mon cœur lui disait "crois en leurs mots et en toi, non ton destin n'est pas tracé".
oOo
Les semaines ont passé et malgré moi, je me suis renfermée, je suis devenue plus discrète, plus introvertie, la honte me rongeait au fur et à mesure que le temps jusqu'à son arrivée approchait. D'un côté Aragorn me manquait et d'un autre la honte m'effrayait.
Je me suis concentrée sur la nouvelle lame restant enfermée avec Myrimir à la forge pour chercher un alliage à la fois robuste et malléable. Nous avons fait plusieurs essais sans réussite et je commençais à perdre espoir. Mais une nuit...
- Maliha ! Maliha réveillez-vous !
- Hum...
- Maliha nous avons réussi !
- Quoi ?
- Nous l'avons fait ! Nous sommes arrivés à la former !
J'ai ouvert les yeux encore brumeux du sommeil, pour voir une Myrimir en tablier de cuir et le visage aussi noir qu'un mineur devant mon lit. Je voyais ses yeux bleus pétiller de joie et ses dents blanches ressortir sur son teint noir.
- C'est vrai ?! j'ai enfin réalisé.
- Oui, oui, venez !
Elle est partie aussi vite qu'elle était rentrée pour me laisser là dans les draps encore groggy de ma nuit si courte. Je me suis levée d'un bon, ai sauté de ma chemise de nuit pour passer un legging, une brassière et une chemise verte. Couru entre les talans puis passé le pont et finit devant la forge. Myrimir était là, la lame dans la main. C'était un large morceau d'acier noir et encore sale, mais la courbure souhaitée était bien là et parfaitement réalisée. C'était élégant, une courbure fine, mais forte, on y voyait la robustesse et la souplesse, la grâce et la violence. Une harmonie parfaite, c'était beaucoup plus beau que ce que j'avais imaginé. Les elfes avaient ce don, le don de faire de belles choses, au-delà de l'imagination humaine. Leurs doigts étaient d'or et leur esprit une richesse inépuisable de beauté en tout genre.
- C'est magnifique Myrimir... C'est parfait...
- Il y a encore du travail, mais je suis contente, j'ai réussi.
Son sourire était étincelant, il y avait une femme heureuse devant moi, une femme fière d'elle.
- Je vais la polir et la rendre brillante et tranchante, vous verrez.
- Je n'en doute pas le moins du monde.
- Quel genre de dessin désirez-vous, Maliha ? Je pense que graver son centre serait une bonne idée, ne trouvez-vous pas ?
- Je vous laisse faire comme bon vous semble, je vous fais parfaitement confiance et puis elle est née de vos mains.
- Mais aussi de votre imagination Maliha.
- Je suis ingénieur. J'ai de l'imagination comme vous dites, mais je ne peux rien faire de mes mains, pour cela je fais confiance à ceux qui en ont en or, comme vous.
Elle m'a lancé un regard surpris avant de rougir légèrement et de faire un signe de tête de remerciement. Nous avons encore discuté un peu du mécanisme avec Lindir qui confectionnait les petites pièces de son côté. Il était devenu un expert en la matière. Sa technique s'était approfondie et maintenant rien n'avait de secret pour lui. Je le voyais discuter tout sourire avec Myrimir, il n'avait d'yeux que pour elle et le remarquer a étiré mes lèvres en un sourire.
- Je vais vous laisser, je passerai dans l'après-midi, dis-je en fermant l'ordinateur sous mon bras.
- Maliha, je voulais vous remercier pour votre confiance, dit Myrimir rougissant encore. Merci de m'avoir confié un si beau travail.
- Vous n'avez pas à me remercier Myrimir, c'est un grand honneur pour moi de travailler avec vous, vous avez un sacré talent !
- Merci tout de même.
- Alors avec grand plaisir.
oOo
L'hiver arrivait, je le sentais, les feuilles jaunissaient... Bientôt la forêt c'est couverte de couleurs magnifiques, jaune, orange, rouge, un spectable merveilleux. Il avait un goût amer dans ma bouche, mais je l'adorais. Bientôt Aragorn sera là, bientôt je pourrais enfin le revoir, le toucher et lui parler. Il me manquait, beaucoup plus maintenant que je savais que je le verrais sous peu.
Les jours ont défilé et mon anxiété avec eux...
- Tu ne devrais pas rester cloitrée Maliha.
J'ai posé mon livre et tourné mon visage pour voir Arwen derrière moi. Elle était toujours aussi belle dans sa robe de velours bordeaux, son air apaisant et calme sur le visage.
- Nous sommes mi-novembre Arwen...
- Oui et il fait froid dehors, je veux bien l'entendre.
- Non ce n'est pas ce que je voulais dire...
- Je sais très bien que ce n'est pas ce que tu voulais dire, mais c'est la seule bonne raison que je te trouve pour ne pas mettre le nez dehors depuis plusieurs jours.
- Je n'arrive pas à... Écoute, Caras Galadhon est sans dessus dessous, tous ces préparatifs me donnent la nausée... C'est déjà assez dur pour moi, alors voir les elfes courir dans tous les sens, non merci...
Elle soupire et me rejoint sur le divan en face du feu. Un fin sourire se dessine sur son visage en prenant mon livre des mains doucement.
- C'est fou comme vous les humains vous vous attardez sur l'avenir alors qu'il n'y a que le présent qui compte. Vous n'êtes pas immortel et pourtant votre regard est toujours tourné ailleurs que sur l'instant.
- Je ne suis plus mortelle Arwen... Je n'ai plus rien d'humain.
- Et pourtant tu es bien loin d'une elfe ma chère. Ton cœur est bien celui de la race des hommes, crois-moi.
- Où veux-tu en venir ? je soupire.
- Tu as fait changer d'avis beaucoup de personnes ici tu sais ? Je ne te cache pas que la nouvelle de ta venue a été difficile à avaler pour certains des habitants de Caras Galadhon, mais aujourd'hui ils sont heureux de t'avoir rencontré et la plupart de ceux qui te méprisaient veulent te connaître. Si tant de personnes ont changé d'avis alors pourquoi pas d'autre.
- Je ne crois pas que ces personnes ont eu un parent assassiné par mon prédécesseur Arwen.
- Non certes, mais ils ont compris que ce n'était pas toi.
Il est vrai que depuis que je suis ici, je me suis rapprochée de pas mal de personnes. Haldir était devenu un très bon ami, Armetiel passait beaucoup de temps avec moi, et les sorties aux frontières étaient maintenant beaucoup plus agréables. Je pouvais dire qu'ils m'avaient intégrée, c'est certain, mais pour être honnête, je ne leur avais rien fait...
- J'aurai toujours cette honte en moi Arwen. ça ne partira jamais.
- Je sais, j'essaie juste de te remonter le moral. Cette fête sera grandiose, comme toutes les fêtes de Lorien. Ce sera ton tout premier grand bal à l'extérieur de Fondcombe et je veux absolument que tu en profites.
- Arwen... Je t'ai déjà dit que je ne savais pas... Je ne sais pas comment je vais être, dans quel état d'esprit je serai après l'avoir revue. Oui, j'ai envie d'oublier un peu tout ça, de profiter de la venue d'Aragorn et de m'amuser jusqu'au petit matin, mais il y a un obstacle de poids. Alors, je ne sais pas.
- Ta robe est déjà prête.
- Comme si cela m'étonnait. En plus de me sentir honteuse, je vais être ridicule...
- Maliha...
- Je ne suis pas une elfe, je suis un titan, j'ai une beauté humaine basique avec des cheveux blancs. Je suis de la race qui à tuée la femme de l'elfe le plus détestable de la terre du milieu et mère de celui qui fait pour l'instant battre mon cœur comme jamais encore. Et je dois porter une robe et danser toute la nuit devant lui tout en sachant cela ! Je t'en supplie Arwen...
- Tes phrases sont sans queue ni tête Maliha. Tu dois rester lucide, tu ne peux pas arrêter de vivre pour un nom, aussi honteux soit-il, tu restes toi, point, c'est tout ce qui importe aux yeux de tous. Ça devrait être pareil pour toi.
- J'essaie, je te jure que j'essaie.
- Et bien, tu essaieras en assumant cette soirée.
Je lui ai envoyé un regard mortel, mais je sais qu'elle a raison. Ce n'était pas moi, de me cacher comme ça. Je sais pertinemment que je n'ai rien fait. Mais c'est vraiment dur de passer outre. J'ai médité, essayé de m'apaiser avant le grand saut, de profiter des derniers jours qui me restait pour me détendre au maximum. Glorfindel veillait sur mes séances et m'accompagnait durant mes courses et mes entraînements. J'avais droit aux commentaires d'Haldir sur mes postures et ma façon unique et, selon lui bizarre, de combattre.
- Je ne comprends pas comment vous faites pour enchainer de tel mouvement. J'ai beau vous regarder encore et encore, je comprends que vous ayez une très grande force, mais vos mouvements m'échappent.
- La masse Haldir, tout est dans la masse dans ma main. Quand je n'ai pas Nordeline mes mouvements sont différents.
Il me regarde avec curiosité sans comprendre. Je lui ai tendu Nordeline, qu'il a prise avant de faire une grimace sous son poids.
- Par les Valars quelle lourdeur !
- Oui et c'est elle qui m'aide à me mouvoir, sans elle c'est impossible.
- Je crois comprendre, vous profitez de l'élan qu'elle développe ?
- Exactement, dis-je en reprenant la lame.
- Puis-je vous demander une faveur Madame ?
- Bien entendu, si vous m'en accordez une autre en retour ?
Il fait un signe de tête.
- Pourrions-nous croiser le bâton d'entraînement, je ne demande pas un duel au fer, car je ne serai visiblement pas à la hauteur vu votre façon de faire. Mais sur un terrain neutre comme le bâton me semble une bonne idée ?
- Avec grand plaisir Haldir.
Je lui ai sourit gentiment. Je n'avais jamais participé aux entraînements des elfes. Je ne me sentais pas de me mélanger à eux et j'avais ma façon bien à moi de m'entraîner maintenant. Toujours sous l'œil attentif de mon maître bien évidemment.
- Et votre faveur Madame ?
- Haldir, s'il vous plaît, arrêtez avec ce Madame, simplement Maliha. Je suis ici depuis cinq ans maintenant, il y a prescription.
- ... Très bien comme vous voulez, Maliha.
- Merci...
oOo
Les jours ont encore défilé et mon stress montait. Jusqu'au jour où un membre de la garde-frontière du Nord est arrivé en passant les portes au grand galop. J'ai lâché le sac que j'avais entre les mains en le voyant monter vers le talan royal depuis le pont sur lequel je me tenais avec Armetiel.
- Oh, ils doivent être arrivés aux frontières ! Vous reverrez bientôt votre ami Maliha.
Je suis restée silencieuse, ne lâchant pas du regard l'elfe qui maintenant faisait sa révérence à la dame.
- Maliha ?
- Oui... Oui, il me manque tant. C'est une heureuse nouvelle.
J'ai prononcé cette phrase sans entrain....
- Vous avez encore environ un jour à attendre s'ils viennent de la frontière Nord. Caras Galadhon va être sans dessus dessous toute la nuit et demain matin... J'aurai certainement dû partir avec Haldir aux frontières Sud ce matin, je n'aurai pas eu à endurer les "que penses-tu de cette robe Armetiel", de ma sœur bien-aimée.
J'ai esquissé un sourire nerveux sans me prendre au jeu de sa phrase. J'apprécie beaucoup Armetiel mais aujourd'hui, dès l'instant où j'ai vu cet elfe rentrer dans la cité, mon cœur était passé en mode "je ne suis pas là, j'habite à des centaines de kilomètres"... Du moins je l'aurais vraiment voulu...
Je suis rentrée en trombe dans mes quartiers avant de commencer à marcher en long et en large dans la pièce. Croisant mes bras, mordant mes ongles, tirant mes cheveux, à ne plus savoir quoi penser. Aragorn, Legolas... Tout se mélangeait dans ma tête et j'étais perdue. Le jour de ma honte était demain.... Et demain, est un délai beaucoup trop court.
oOo
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