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// ... Chapitre vingt-neuf ... //

"Domino" - Plüm


Je courais. Aussi vite que mes jambes me le permettaient, tout en sentant la respiration douloureuse de l'elfe dans mon cou et la moiteur de son sang qui commençait à traverser mes vêtements. La course était dure et pour ne rien arranger la pluie était venue s'ajouter à l'air glacé mélangé à l'obscurité des bois.

- Tenez bon Legolas.

- Taisez-vous... dit-il dans un murmure.

J'ai esquissé un sourire. Il ne bougeait pas, restant à sa place et souffle dans mon cou. J'ai continué encore et encore à courir à travers la forêt, lui parlant de temps en temps pour vérifier s'il était toujours conscient. Je ne sais pas depuis combien de temps je courais ainsi, une éternité sans aucun doute... J'ai regardé le compagnon à mon poignet, il me restait quatre heures avant de sentir le poison envahir mes muscles. Une heure plus tard, j'ai trébuché, tombant à genoux dans les feuilles mortes et trempées. Des fourmis avaient lentement envahi mes jambes et j'ai su à cet instant que ça commençait. La sensation désagréable de ne plus sentir mes doigts me prit quelques minutes plus tard et j'ai trébuché une nouvelle fois. Mes jambes tremblaient, se raidissaient et mon pouls s'est emballé de peur. La peur de ne plus pouvoir avancer, de devoir rester là et de le laisser mourir sous mes yeux. Les arbres devant semblaient m'écraser, tout devenait trop grand et la distance trop longue...

- Maliha ? murmura l'elfe à mon oreille difficilement.

Je sentais son souffle dans mon cou. Ce souffle chaud, un souffle de courage.

-Ce n'est rien... Je fatigue, mais ça ira.

Je me suis relevée en grognant et continu. Il était vingt heures passé. Je courais depuis six heures et il pleuvait sans interruption maintenant... Le choc des gouttes tombant des feuilles s'étouffait dans mes oreilles. J'avais l'impression de prendre l'avion et que mon crâne était prisonnier dans un étau...

Au bout d'une heure encore, je n'avais plus senti le souffle régulier dans mon cou, mais un souffle saccadé et faible.

-Legolas ?

Aucune réponse...

-Legolas ! je crie plus fort.

Je m'étais arrêtée en tentant de contenir ma panique grandissante et me laissa tomber sur mes jambes que je ne sentais presque plus.

-Legolas ?

Toujours pas de réponse.

J'ai posé l'elfe au sol et regardé son visage. Ses yeux étaient toujours ouverts, mais d'un regard vide et perdu. Déposant ma main sur son front, j'ai constaté qu'il brûlait de fièvre, les effets du poison avaient donc commencé. Les elfes sont plus résistants que les hommes, mais passé leurs limites, le système immunitaire finit toujours par abandonner, comme tout le monde. Et Legolas venait d'atteindre cette limite...

Son âme, Maliha.

Son âme était-elle encore là, ou est-elle déjà en train de s'effacer ?

J'ai fermé les yeux en prenant sa main en me concentrant. J'arrivais à voir la lumière dorée que j'avais déjà vu, elle était faible certes, mais toujours là. Merci Valars...

Je sais que regarder l'âme d'un elfe sans son autorisation, ou sans qu'il ne la montre de lui-même, était interdit, mais... j'en ai rien à foutre...

Je voulais juste la voir briller.

-Vous m'entendez ? S'il vous plaît dites quelque chose ! je supplie.

Je sentais sa main glacée serrer la mienne faiblement et ses sourcils se froncer en voyant son âme regagner ses yeux.. Comment sa main pouvait-elle être aussi froide, alors qu'il était en nage...

-Taisez-vous... il a juste murmuré difficilement en clignant des yeux doucement.

- J'ai cru vous perdre....

Il détourna les yeux, évitant mon regard. J'ai changé son pansement comme j'ai pu avec mes mains engourdies. Il me regardait faire, me fixant sans rien dire avec un air perdu et éloigné... Mes doigts devenaient raides, des doigts de sorcière douloureux, le temps comptait maintenant pour moi aussi...

J'ai recommencé à courir plus lentement, trébuchant à chaque racine, à chaque trou. Portant l'elfe dans mes bras, j'étais frigorifiée et brûlante en même temps. Je sais que nous n'étions plus très loin, même si cette façon de le porter prend mes dernières forces, que je ne sentais presque plus mes bras, je n'aurai pas à le faire encore longtemps. Et cette position me permettait de voir s'il sombrait de nouveau.

Avance, fais attention au chemin, empêche le de s'endormir, parle lui, avance, fais attention...

Ces yeux devenaient de plus en plus gris et je le voyais perdre son regard dans la nuit, loin dans l'univers. Son corps devenait plus lourd et je ne pense pas que ce ne soit qu'une impression.

- Legolas, parlez-moi...

Pas de réponse.

- Lego...

- Je vous hais, il murmura avec froideur.

J'ai avalé ma salive difficilement.

- ça je le sais déjà... dis-je dans un murmure. Parlez-moi d'autre chose... Mirkwood, parlez-moi de la Forêt Noire.

Il me regardait en fronçant les sourcils avant de lâcher un souffle de douleur. Le sang a envahi le pansement... La sueur perlait sur son front, mais j'étais impuissante...

- Forêt Noire... Pourquoi dites-vous Forêt Noire, je viens de Vertbois-le-Grand. J'ai quitté mes bois...

Il eut un silence et ses yeux se sont perdus.

- Elle était si belle... Avec ces arbres immenses....

Il s'était étranglé... Mes jambes ont continué de courir.

- Ils chuchotent... C'est si faible, mais pourtant, ils chuchotent. Et puis, la noirceur... Les arbres ne parlent plus... Et vous êtes arrivé... La nuit est de plus en plus noire...

Je l'ai regardé surprise. Ses yeux regardaient le vide, la cime des arbres et les étoiles, il se perdait. Il est en train de délirer Maliha... Mon cœur paniqua et j'ai accéléré le pas, mais mes jambes étaient si raides... La peur m'envahissait encore, je me sentais si seule à cet instant...

J'ai reconnu un passage familier, nous étions proches ! Encore quelques minutes et nous serions enfin arrivés.

- Tenez bon ! Nous sommes arrivés ! Parlez-moi, Legolas.

Son regard était encore dans le vague et ses lèvres bougeaient sans qu'aucun son n'en sorte. J'accélère encore, en donnant tout ce que mes jambes pouvaient. Mon souffle se bloqua dans mes poumons qui sifflaient. Le poison atteignait chacune de mes veines et de mes nerfs maintenant.

- Je ne vous entends pas Legolas.

- Vous... Vous rendez-vous compte... De ce que vous nous avez fait ? De ce que vous m'avez fait.

Ses yeux étaient partis en arrière et s'étaient fermés. Je suis tombée à genoux. Secouant légèrement son visage, car il ne bougeait plus. Je m'étais concentrée de nouveau, pour sentir que son âme était plus faible encore que tout à l'heure et sombrait dans l'obscurité.

- Non... Non, Legolas réveilles-toi !

Je l'ai giflé de désespoir et ses yeux se sont ouverts sous la douleur.

- Je t'ordonne de rester éveillé ! Je t'en supplie, je te l'interdit... Tu m'entends, je te l'interdit

J'étais en colère, d'une colère terrible qui semblait vous coller. Une de celles qui s'infiltrent quand vous ne voulez pas accepter la réalité. Quand vous êtes juste impuissant, désarmé et démunis... Complètement dépassée par les événements. Celle qui vous empêche de dire "ce n'est pas grave, demain est un autre jour", là maintenant, pour vous, il n'y avait plus de "demain". Il n'y avait que cet instant qui vous emprisonne et pour la première fois de votre vie, le mur infranchissable était visible devant vous.

Il me regardait en ne disant rien, perdu sous ma colère désespérée. J'ai passé une main morte et recouverte de sang séché sur son visage en reprenant mon souffle, impuissante. Ma main tremblait, mais je ne la sentais même pas... J'ai repris la course. Il fallait que l'on arrive, mes yeux se brouillaient et ma tête allait exploser. Je ne percevais presque plus mon corps et je ne sais pas par quel miracle je pouvais encore tenir l'elfe dans mes bras. Mon cœur est soudain sorti de ma poitrine en voyant les portes de Caras Galadhon. L'espoir a envahi mes veines et l'adrénaline s'est infiltrée comme si je venais de commencer à parcourir ce putain de chemin.

- Nous sommes arrivés... Holorïn ! j'ai hurlé de toutes mes forces.

Ils ont ouvert la grande porte.

- On est arrivé Legolas... C'est Caras Galadhon...

L'entrée était déserte, mais je ne voyais pas bien, il n'y avait qu'un point net en face de moi, tout le reste était flou. J'ai inspiré difficilement l'air dans mes poumons.

-HOLORÏN !

Des elfes étaient sortis, mais pas Holorïn, alors que je m'avançais dans les bois sacrés de la cité. Ils descendaient et nous regardaient paniqué, mais j'en avais rien à foutre. Legolas dans mes bras était inconscient...

- Legolas... Pas maintenant, s'il te plaît... dis-je dans ma langue maternelle, fouillant son âme pour la trouver plus faible encore.

J'ai continué encore jusqu'au bord des marches du talan du guérisseur en serrant les dents de douleur.

- HOLORÏN ! j'avais hurlé encore désespérée de le voir presque mort dans mes bras.

J'ai monté les marches comme je pouvais, les jambes brûlantes.

- Holorïn...

L'elfe apparaît, courant vers nous sur le palier, j'avais terminé de monter les marches les jambes tremblantes en reprenant mon souffle.

- Je t'en supplie... articulais-je. Je t'en supplie...

Son visage est devenu pâle et ses traits se sont durcis en s'attardant sur Legolas dans mes bras. Il se précipite sur moi avant d'appeler du renfort. Je tourne les yeux sur Legolas, il me regarde de nouveau, il a repris conscience et ses yeux, désormais gris pâle et vitreux, me regardent.

- C'est fini, c'est fini, vous êtes en sécurité, j'ai souri tout en retenant mes larmes.

Holorïn me soutint et m'entraîna dans la salle principale.

- Posez-le sur la table, je reviens.

Il était parti en courant vers le laboratoire, cherchait dans les bureaux en jetant des feuilles partout autour de lui. J'entendais le verre se briser dans la précipitation en m'approchant de la table, mais je ne voyais presque plus rien, ma vue devenait de plus en plus trouble. J'ai déposé Legolas le plus délicatement possible avant de passer une main raide sur son front brûlant, laissant une trace de sang au passage. Ses yeux avaient trouvé les miens et je n'avais pus que sourire aux derniers mots que j'avais entendus.

- Maliha... Je te hais... il avait encore murmuré complètement délirant.

-Je sais Legolas et tu peux continuer aussi longtemps que tu le souhaites... Parce que moi je continuerai de t'aimer.

J'étais restée à regarder son visage. À me perdre dans ses yeux gris, caressant son front en sueur. J'ai pris sa main et m'étais concentrée pour voir son âme une dernière fois avant de le quitter. J'ai vu la lumière dorée de l'elfe, elle était tellement faible avec cet or mélangé aux feuilles vertes. Une âme si douce, si belle... On me pris l'épaule pour m'écarter de l'elfe d'un geste doux.

- Tu dois partir Maliha, nous devons nous occuper de lui et tu dois te faire soigner toi aussi. Norin va s'occuper de toi.

J'ai regardé Holorïn avec un regard rempli d'inquiétude, les elfes enlevaient déjà les vêtements de l'elfe quand Norin me prit le bras pour me faire reculer.

Je savais qu'il était entre de bonnes mains maintenant, mais mon cœur était si lourd... J'ai regardé mes mains inondées de sang, puis mes habits, imbibés, il y en avait partout. Une larme passa sur ma joue, l'adrénaline me quittait et la fatigue m'envahissait petit à petit. Toute la panique refoulée était là maintenant, le mur s'effritait, dégringolait, laissant sur son passage un champ de bataille boueux dans mon cœur... Je m'étais retournée vivement pour rejoindre Legolas, désespérée d'avoir autant de sang sur moi, mortifiée de constater que je n'avais peut-être pas été assez rapide.

- Ne t'inquiète pas, nous ne le laisserons pas sombrer Maliha, me dit une dernière fois Holorïn en me regardant.

Il indiqua à l'elfe qui me retenait et après un soupir de résignation, je l'ai suivi...

oOo

Les blessures de Legolas n'étaient pas graves en soi, mais il avait perdu beaucoup de sang, beaucoup trop. Si Maliha était arrivée quelques heures plus tard, il aurait été impuissant. L'elfe passa l'eau sur la plaie, puis appliqua un onguent pour emplir son sang du contrepoison. Legolas s'est débattu et a hurlé de douleur. Le guérisseur fronça les sourcils en le regardant crier. Il s'est apaisé petit à petit, a commencé à murmurer sous la fièvre et Holorïn s'est rapproché pour écouter.

- Je te hais... d... fa tant... bat mon c...

Un fin sourire apparut sur le visage du guérisseur. Il connaissait le drame entre les titans et les elfes de la Forêt Noire, la relation qu'entretenait Maliha et le prince Legolas. Une relation fondée sur la colère, l'amertume, la vengeance et l'orgueil. Un jeu d'échecs constant, où aucun des deux ne voulaient céder sa fierté face à l'autre et ne jamais montrer un seul signe de faiblesse.

Mais Holorïn l'avait vu débarquer, portant l'elfe à bout de bras, l'inquiétude déformant son visage, ne faisant même pas attention à l'état de son propre corps. Il n'avait vu que Maliha, la peur débordant de ses yeux, tenant dans ses bras un trésor précieux. Il ne pouvait pas imaginer dans quel état était la titan depuis l'arrivée du prince de la Forêt Noire et depuis que Glorfindel le lui avait dit. Mais là, maintenant, il avait entendu les mots de l'elfe, "je te hais", durement en la regardant.

Elle l'avait déposé sur la table, puis caressé son visage en disant secrètement à son oreille qu'elle l'aimait... Là, maintenant, en se redressant des lèvres de l'elfe, il savait. C'était bien ces mots à cet instant qu'il venait de prononcer et Holorïn comprit que le jeu d'échec n'était en réalité qu'une illusion.

"Je te hais de faire tant battre mon cœur."

En y repensant, tout lui parut limpide, car ils les avaient vus, oui, il les avait vus se regarder en secret.

Elle, le dévorant des yeux avec tristesse durant une danse.

Lui, et son regard rempli d'une jalousie maladive pendant une autre.

Il les avait vus, en silence, se regarder comme si l'amour était un poison.

oOo

Norin a pris soin de moi, m'a donné une tisane pour le poison et m'a fait couler un bain chaud. Il m'a déposée dans l'eau bouillante au parfum de cèdre et de menthe, mes muscles se sont détendus, la chaleur est entrée dans mes os, je soupire de bien-être un instant avant d'entendre crier dans la pièce voisine.

- Maître Holorin à dû lui appliquer l'onguent pour le poison, il est normal qu'il ait cette réaction, cela veut dire que les herbes agissent.

Je n'avais qu'une idée en tête, sortir et le voir de nouveau. Mais je sais pertinemment que je gênerai Holorïn dans son travail, et puis de toute façon, j'étais incapable de bouger pour le moment...

L'elfe a massé mes muscles après m'avoir sortie du bain. Nous ne parlions pas, j'étais perdue à regarder ses mains presser une peau dure comme de la pierre. Progressivement, j'ai réussi à sentir ses mains, les fourmis étaient de nouveau là et la douleur avec... Il était toujours là, le poison dans mes muscles, mais la tisane avait déjà bien allégé mon mal.

Norin m'avait tendu un pantalon large vert foncé et une tunique crème que j'ai peiné à enfiler, mais j'ai prié l'elfe de ne pas me venir en aide. J'ai soupiré de bonheur au contact du tissu chaud et doux avant d'enfiler la veste crème à la broderie verte qui dégringolait jusqu'à mes chevilles puis de mettre des ballerines.

J'étais sortie du talan, marchant comme sur des œufs, pour aller à celui d'à côté discrètement. Il n'y avait que la respiration de Legolas, couché dans le lit d'une des chambres, celle côté balcon, à droite, masquée par des voilages bleus. Je me rapprocha, passant sous le voile, pour le voir dans les draps blancs, torse nu et des bandages qui entouraient son épaule. J'ai pris place sur le divan à côté du lit et l'ai regardé.

Je l'avais regardé respirer, ses sourcils se froncer, ses cheveux détachés et encore humide du bain, si les circonstances avaient été différentes, j'aurais rougi à cette vue... Valar que cet elfe était beau, ça devrait être interdit. Ma situation devrait être interdite...

- Vous devriez aller dormir Maliha, votre nuit va être très agitée.

Je m'étais retournée pour voir Holorin devant le lit. Son visage était fermé et ses yeux me regardaient avec une expression grave.

- Vous êtes à bout de force, vous avez aussi subi de graves blessures.

- Je vais très bien maintenant Holorïn...

- Maliha...

- Tout va bien.

- Norin m'a fait un rapport de la quantité de cicatrices fraîche présente sur votre corps, avez-vous perdu l'esprit ? Avez-vous conscience de la quantité de poison que vous avez en vous ?! Le contrepoison que nous vous avons administré vous a apaisé pour l'instant et vous protège contre l'aspect mortel mais uniquement de ça Maliha !

Je n'ai pas réponduet son regard si fit noir de colère.

- Tout me porte à croire que vous ne ressentez que celui de vos premières blessures. Attendez-vous à sentir celui des autres dans quelques minutes et pendant des heures.

- Holorïn.

- Sais-tu ce qui t'attend ?!!

Je n'avais jamais vu un elfe dans cet état de colère si intense. Je suis restée figée quelques secondes alors qu'il s'approchait de moi. J'ai fait un "non" de la tête en me reculant dans le fond du siège.

- Tu vas souffrir Maliha... Les titans sont vulnérables aux poisons et tu le sais très bien.

- Tu es bien renseigné...

- Le contrepoison est loin d'être encore au point... Il va protéger tes organes dans la mesure du possible, mais...

- C'est suffisant Holorïn...

- Tes muscles vont être encore tétanisés et tu ne pourras plus bouger. Je ne vais rien pouvoir faire pour te soulager ! Rien, tu m'entends ? Tu vas souffrir toute seule et je vais te regarder en étant impuissant ! Te rends-tu compte de ce que tu as fait ?

- Je n'avais pas le choix... Nous étions encerclés, on s'est fait avoir, ils nous attendaient ! Et je n'ai même pas pu le protéger, si je n'avais pas flanché, si je n'avais pas...

Mais c'était déjà trop pour moi... Mes muscles commençaient déjà à se tendre et à trembler comme il l'avait dit. Je n'avais pas la force de me battre, pas maintenant. Il se retourna pour partir et j'ai enfoui mon visage entre mes mains pour pleurer. Il a fait des va et vient devant le lit en prenant l'arête de son nez.

- Je ne sais pas comment faire pour soulager la douleur que tu vas ressentir Maliha.

- J'assumerai.

Il a encore réfléchi... J'ai senti sa main sur mon épaule et l'ai regardé s'accroupir devant moi.

- Appel moi quand la douleur sera insupportable et je te donnerai quelque chose pour t'endormir. Je n'ai que ça à te proposer.

- D'accord.

Il prit une couverture dans l'armoire et la pose sur mes jambes, je l'ai remercié d'un signe de tête. Je n'avais pas vu le temps passer, la douleur grandissait, mais je voulais rester là. L'aube était arrivée petit à petit et les premiers rayons de soleil ont traversé la vitre pour se poser sur le lit. Mes jambes n'étaient plus que des bâtons douloureux. Même mes doigts restaient figés. Pourtant, je n'y prêtais pas vraiment attention, habituée malgré-moi à la douleur.

Il bougeait beaucoup dans son sommeil, prononçant des mots indéchiffrables en elfique que je ne comprenais pas le moins du monde. Il était devenu de plus en plus agité, bougeant douloureusement, la sueur sur le front. Ses cheveux blonds collaient ses tempes et son cou. L'élimination du poison était une phase longue et douloureuse, il avait dit... J'aurais voulu le toucher, retirer les cheveux sur son front, mais impossible de faire un geste... J'ai ouvert les lèvres pour faire une chose que je n'avais jamais faite... Simplement murmurer sans vraiment y prêter attention.

Baby open up to me

Don't give up so easily 

Open up your eyes and see

There's more to our story.

Don't leave me, hanging

Don't leave me hanging on

J'ai laissé sortir un soupir en voyant ses traits se calmer doucement. Enfin je pouvais me laisser aller au sommeil. Mes yeux étaient si lourds et mes muscles que douleurs, je n'aurais même pas pu revenir dans ma chambre si je l'avais voulu, chaque mouvement était atroce. Holorin était passé changer le pansement de Legolas. Je l'avais regardé faire, ses mains aux gestes précis passant sous l'épaule de l'elfe pour enrouler dans un nouveau tissu propre, la peau meurtrie de Legolas.

- Glorfindel te dirait sans doute que ce n'est pas ta faute Maliha et je te le dis aussi, ce n'est pas ta faute, les blessures arrivent, c'est comme ça.

- Si mes jambes n'avaient pas flanché à la première flèche, si j'étais restée debout, j'aurais pu prendre la deuxième à sa place... Et il ne serait pas là... J'ai répondu d'un ton amer.

- Maliha, c'est comme ça, c'est tout.

J'ai détourné le visage sous son regard froid... ravalant ma colère, mais l'elfe s'était approché pour poser une main sur mon épaule.

- Ton amour est grand Maliha... Mais ne le laisse pas te détruire.

Je l'ai regardé en haussant un sourcil.

- Je ne suis pas idiot.

Puis détourné les yeux.

- Mais moi complètement conne.

- Je ne sais pas ce que ce mot signifie, mais fatiguée ça oui, tu l'es.

Je n'ai rien répondu. Une véritable idiote... Ma lèvre a tremblé... J'ai caché mon visage. Complètement conne... L'elfe m'avait prise doucement dans ses bras et j'ai ravalé ma douleur. Nous étions sortis de la chambre et je crois que je m'étais enfin endormie, bercée par les pas lents d'Holorïn à travers les arbres et le soleil chaud.

oOo

"Open up your eyes and see

There's more to our story..."

J'ai ouvert les yeux difficilement car la lumière m'aveuglait, mais les formes se sont peu à peu distinguées et la lumière a baissé. J'ai vu la nuit par une fenêtre, une grande douleur a parcouru mon corps quand j'ai essayé de bouger légèrement pour me redresser. Après plusieurs minutes de souffrance, j'ai finalement réussi. On avait bandé mon épaule et retiré mes vêtements. J'ai reconnu le lit et l'architecture elfique de la pièce.

Alors, elle m'avait ramené.

Je me suis souvenu, de son corps passant devant le mien, du bruit sourd de la flèche dans sa peau. Puis le choc, la douleur et ses yeux en larmes devant les miens. J'avais vu son expression inquiète, ses mains enfoncer ma plaie, empêchant le sang de couler. Puis senti son odeur et celle des sous-bois autour de moi, en entendant sa voix lointaine. Elle m'avait gardé éveillé, alors que les heures me paraissent secondes. Elle était tombée plusieurs fois, je crois... Les lumières de la cité m'avaient aveuglé...

"Je sais Legolas et vous pouvez continuer aussi longtemps ..."

Je savais que c'était important, sans savoir pourquoi, je voulais m'en souvenir, mais rien ne venait que ses premiers mots... Puis Holorïn et...

- Vous êtes réveillé ?

Holorïn était entré dans la pièce et s'est placé devant le lit.

- Comment vous sentez-vous ?

- Ça va... La douleur persiste dans mes muscles, mais je suppose que c'est dû au poison ?

- Oui, et vous avez perdu beaucoup de sang, mais par chance, vous êtes arrivé à temps. Vous sentirez la douleur du poison pendant encore quelques heures.

- Je vois, merci Holorïn.

- Ce n'est pas moi que vous devriez remercier Seigneur Legolas.

Je n'ai pas répondu, mais la question brûlait mes lèvres. Je l'avais regardé partir puis revenir avec une tasse entre les mains.

- Comment va-t-elle ?

Il m'a regardé du coin de l'œil en posant la tasse fumante.

- Laissez infuser avant de la boire.

Je n'ai rien dit, plantant mon regard dans le sien en attendant sa réponse. Il s'est assis sur le divan et soupire.

- Son corps récupère lentement...

- Que voulez-vous entendre par là, elle est d'une race qui ne craint rien il me semble.

- Pour des blessures physiques oui, mais les poisons c'est différent... Tout dépend de la quantité qu'un titan reçoit. Vu le nombre de cicatrices fraîches sur son corps...

Il s'arrêta, comme si les mots l'avaient brûlé.

- Continuez.

- Elle va souffrir longtemps, elle n'est pas passée loin.

J'ai encaissé la nouvelle sans rien paraître, mais mes pensées se bousculaient. J'avais tant de questions... J'ai froncé les sourcils pour faire le vide dans ma tête.

- Où est-elle ?

- Dans ses quartiers.

- Combien de temps... ?

- Pour être honnête, je l'ignore...

L'elfe s'éloigna du lit et s'arrêta devant celui-ci.

- Reposez-vous, seigneur Legolas. Il va falloir être patient avec votre corps.

- Juste Legolas je vous en prie, pas de titre.

- Entendu. Reposez-vous Legolas.

Je l'ai regardé partir, pris la tasse dans ma main tremblante, mes muscles semblaient à vif... J'ai bu le liquide épicé, ce n'était pas désagréable. J'ai contemplé les peintures du plafond, des arbres gris...

Mes paupières étaient devenues lourdes, tellement lourdes, je n'avais pas dû lutter longtemps et des images s'étaient formées dans mon esprit. Je perdais la notion du temps. Mon esprit se perdait dans ses propres suppositions, il n'y avait plus de douleur, simplement le vide autour de moi.

- La haine ne servira à rien mon prince. Qu'importe les miles, qu'importe les années...

Deux grands yeux bleus me regardaient, un bleu intense et mystérieux. De ceux qui lisent votre âme en un instant. Je savais à qui appartiennaient ces yeux, à l'elfe la plus sage d'entre nous. La grande Dame de Lórien voyait mon âme à nu et il n'y avait aucune place au mensonge...

- Ce sentiment... Comme l'eau s'infiltre dans la roche, il trouvera toujours un chemin.

Ce sentiment n'existe pas...

- Pourtant, il émane de vous, ne voulant que sortir. Et ça, vous le savez.

J'ai ouvert les yeux sur un paysage de guerre et de mort... Il pleuvait... Le ciel était d'un gris profond et le grondement du tonnerre faisait vibrer mes poumons. J'étais essoufflé en ne sachant pas pourquoi. J'avais mal, à bout de souffle et la pluie glaciale dégoulinait de mes cheveux avant de rentrer sous ma chemise.

Les arbres étaient gris et sans vie, mes pieds, dans la boue, une odeur entêtante de cendre et de sang planait dans l'air glacial. J'ai serré les lames dans mes mains en croisant les yeux devant moi. À bout de souffle elle aussi, un genoux dans la boue s'appuyant sur une grande lame argentée que je n'avais jamais vu.

- Stop. Je ne veux pas me battre, a-t-elle murmuré.

- Tu ne mérites pas de vivre.

- Assez !!

Elle s'était levée difficilement pour jeter son arme devant elle d'un geste brusque. Son hurlement m'avait fait tressaillir et le doute s'était infiltré dans mes veines. J'ai chassé cette idée pour me jeter sur elle. Elle avait vite ramassé sa lame, alors que je n'étais qu'à quelques pas et contra d'un mouvement désespéré. S'en suivi un échange de coup violent, je ne pouvais pas m'arrêter, mais quelque chose n'allait pas. En réalité, je ne savais pas vraiment ce que je cherchais à faire. La tuer ? Peut-être... Elle ne m'attaquait pas, contrant les coups sans mlême me les rendre, encore et encore.

- Pourquoi ? dit-elle.

La colère était puissante, décuplée par ce simple mot. J'ai encore frappé et ce, jusqu'à la faire reculer vers un arbre mort. C'était le bon moment, sa main avait lâché la lame sous la pression de la mienne. Je l'ai poussé contre la souche, lui bloquant tout mouvement. Un regard surpris passa dans ses yeux, puis une mine horrifiée a déformé son visage, réalisant qu'elle était faite comme un rat.

Ses mains essayaient de me tenir loin d'elle d'un geste désespéré. Ses muscles tremblaient sous la tension des nerfs depuis trop longtemps utilisés. J'ai regardé ses mains, j'y ai vu les taches de boue et de sang, les os creuser sa peau, ses ongles sales et ses veines bleues. Puis ses poignets, ses avants bras parsemés de cicatrices et d'égratignures rouges et à vif. La pluie martelait le sol quand j'étais finalement arrivé à son cou. J'étais dans un état second, rendu sourd par le tambourinement rude et de son cœur soulevant à un rythme effréné la peau sale dans son cou.

Ses doigts s'étaient renfermés sur le cuir de ma tunique et je me noyé dans ses yeux pâles. Sa gorge sifflait encore et encore, essayant de reprendre le rythme, mais je ne voyais que cette couleur si lumineuse comme un éclat d'eau ensoleillé. Ils étaient grands ouverts et je n'entendais plus la pluie. Il y avait juste elle, comme ça l'était depuis des années. Je ne sais pas combien de temps nous sommes restés ainsi à nous regarder comme si c'était la première fois. Comme si nous osions enfin le faire, le faire vraiment. Oui, c'était ça, après la haine, après la colère et la douleur, le calme de la vérité. Je ne lisais pas ce que j'avais toujours cherché. Non, je ne trouvais pas la raison de la haïr, il n'y avait rien de cela. Juste de la panique, de la peur et la douleur d'un chemin trop dur à parcourir.

J'ai vu son œil s'inonder? Un excès d'émotions resta accroché à ses cils puis s'écoula sur sa peau sale. La colère a séché comme la trace de cette larme, j'avais lâché mes armes et cette haine imaginaire. Ses yeux pleuraient en silence, ils coulaient sans un souffle, par la gravité sans même un sanglot.

C'était un geste désespéré, un geste hors de toute logique. La pluie était en suspens, remplacée par cet instant explosif. "Le Toucher" est un sens si loin de la guerre, si loin de la haine et du dégoût. Et c'était ma main qui touchait et empoignait ses cheveux. Mes doigts qui touchaient et traçaient les lignes de sa mâchoire. Mes lèvres qui touchaient et embrassaient les siennes.

La pluie déferla sur moi comme les sentiments enfin libres dans mes veines. L'eau froide passait sur ses lèvres, se mélangeant à son goût et à son odeur. Ses mains, violentes, faisaient grincer le cuir de mes vêtements sous ses ongles avec un souffle lourd et chaud contre ma peau. Mais j'étais plus violent encore, enivré par cette liberté tant espérée. Je voulais tout, tout toucher, tout goûter. Cette présence souple et chaude contre moi me rendait avide et me l'être interdit durant des décennies me rendait désieux. Elle me rendait égoïste, avec ses lèvres, ses mains, son corps et ses yeux. Là maintenant, je ne souhaitais qu'une seule chose ... Qu'elle m'appartienne.

Je m'étais réveillé en sueur, redressé à une vitesse inimaginable, faisant hurler mes muscles. Mon cœur battait la chamade, car je sentais encore la sensation parcourir mon corps, le désir circuler dans mes veines et la chaleur au creux de mon ventre... J'ai passé mes bras autour de moi pour faire cesser les émotions incontrôlables et désordonnées qui me traversaient. Fermant les yeux pour les faire taire, mais j'ai vu ses yeux et ses lèvres. Les ais rouverts en cherchant l'air pour me sortir de cet état. Enfoui mon visage entre mes mains et réfléchit à cet instant, le premier instant dans ma vie où j'avais souhaité l'absolu.

Elle avait raison...

En presque trois mille ans...

Désirer de cette façon, jamais...

Embrasser de cette façon, jamais...

Ce besoin de me donner et de la posséder... Jamais...

J'étais resté là, à analyser chacune des nouvelles émotions qui me prenait sans rien comprendre. J'avais été un idiot... Un idiot d'avoir sous-estimé la puissance de ce sentiment si accablant. Il m'écrasait de par sa grandeur et de sa signification. Comme si l'univers tout entier me saisissait pour me faire comprendre qu'il était inutile de se battre. J'avais déjà perdu...

- Seigneur Legolas ?

J'ai levé le visage de mes mains pour regarder l'intrus avec horreur. Rilomë...

- Tout va bien mon Seigneur ? Demande l'elfe en posant une main sur mon épaule.

Elle était particulièrement belle dans sa robe bleue nuit, emmitouflée dans une cape blanche avec ses beaux yeux noisette. Mais, ce n'était pas la même lumière... Pas la bonne couleur...

- Je suis heureuse de vous voir réveillé, j'ai eu si peur...

- Je vais beaucoup mieux, merci.

- Holorïn m'a raconté votre malheur, il a dit que Dame Maliha vous avait ramené la nuit dernière aux portes de la mort... Que vous étiez tombé dans une embuscade... Nous attendons que les autres rentrent, nous sommes très inquiets pour eux.

- Je suis certain que tout le monde va bien Rilomë, ne vous en faites pas.

- Espérons... Nous les attendons d'une minute à l'autre.

J'ai essayé de me lever, la douleur a tendu mes muscles, mais j'y suis finalement parvenu. J'enfila les vêtements qui étaient déposés sur le divan rapidement avant d'essayer de marcher. Rilomë m'a offert son bras, que j'ai accepté, et nous sommes sortis doucement sur le balcon. L'air était frais, il caressait mon visage d'une brise revigorante... Mon esprit encore chamboulé par le rêve, repris un peu de contenance par cette sensation de fraîcheur grisante. Mais, les images ne me quittaient pas.

- Holorïn m'a dit que vous vous étiez réveillé hier, je suis passé vous voir, mais vous vous étiez rendormi. Vous avez dormi encore une journée entière.

Deux jours... J'étais resté deux jours à dormir et pourtant je me sentais encore épuisé.

- Je suis désolé de vous avoir inquiété madame.

- Tout va bien maintenant, vous voir debout suffit à mon bonheur.

J'étais resté avec elle, sur le grand balcon du talan de guérison à discuter de la bataille. J'essayais de parler librement, de paraître apaisé, mais c'était loin d'être le cas. Mes pensées étaient tournées vers ce rêve, vers ces images surréalistes et vers elle. Quelqu'un est entré dans la talan et j'ai entendu Holorïn crier un ordre lointain.

- Ils doivent être rentrés, mon frère doit-être là maintenant.

- Allez-y madame. Pour ma part je vais me reposer encore un moment.

Je m'étais levé en vitesse, protestant contre la douleur, mais Rilomë m'avait retenu par le bras. Elle m'a guidé jusqu'au lit pour m'y déposer avant d'ouvrir les rideaux sur la pièce principale et de s'y engouffrer.

- Seigneur Glorfindel... dit-elle dans un souffle en sortant de mon champ de vision.

Alors ils étaient finalement rentrés, et "il" était rentré. Je me souvennais du regard qu'ils avaient échangé alors que ses mains faisaient pression sur ma plaie de la façon la plus douloureuse qui soit.

*- Promets-moi de tenir, avait-elle dit en fronçant les sourcils et détournant son regard. Je ne veux pas te perdre.*

Il avait fait un sourire en regardant, tendrement la femme devant lui. J'avais vu son bras se lever et ses doigts réaliser le geste, que, sur le moment, sous la douleur, je n'avais pas vraiment vu, ou simplement refusé de voir. Ses doigts avaient caressé sa joue, d'un geste lent et incroyablement doux.

*- Je te le promets. *

Je voyais clairement l'image du souvenir et ne voulais pas croire... Mais, le fin sourire qui était apparu au coin de ses lèvres, avait été bien réel.

*- Pensez-vous qu'ils soient liés ?*

Cette question qui, quelques jours plutôt, m'avait parue absurde, en était maintenant une véritable. Leur façon de se regarder, de se toucher, qu'il avait de la protéger et de la surveiller à chaque instant. Une simple amitié pouvait-elle fonctionner ainsi ? Aragorn avait un comportement beaucoup plus distant avec elle, même s'ils avaient été séparés pendant des années, jamais il ne l'avait regardait de cette façon...

- Je vais bien madame, votre frère est en bas, il n'a rien, dit le seigneur Glorfindel d'une voix douce.

- Merci Valars.

- Vous devriez aller à sa rencontre.

- Vous avez raison mon Seigneur, termina-t-elle.

J'ai entendu ses pas s'éloigner.

- Comment vont les autres ? demanda le guérisseur.

- Tout le monde est indemne, hormis quelques blessures légères. Nous avons eu beaucoup de chance.

Je l'ai entendu soupirer.

- Je suppose que tu es venu pour la voir ?

- Oui. Et prendre des nouvelles du seigneur Legolas. Cette plaie était grave Holorïn.

- Il va bien, ne t'inquiète pas, elle est arrivée à temps, tout juste à temps. Mais, Glorfindel, qu'est-ce qui vous a attaqué au juste ? Cette plaie était profonde et large.

- Je ne sais pas vraiment, ces orcs étaient beaucoup plus grands et robustes. Leurs flèches, d'une longueur démesurée.

- J'ai l'impression d'avoir déjà vu ce genre de plaie, mais c'est impossible...

- Nous trouverons les réponses Holorïn, en temps voulu, nous découvrirons ce qu'il se passe réellement.

- Glorfindel, tu sais aussi bien que moi qui sont ces orcs...

- Holorïn s'il te plait. Les jours ont été longs et je suis épuisé.

- Je vais te préparer quelque chose.

- Maliha ?

J'ai entendu des bruits de vaisselles puis un soupir.

- Elle tient le coup.

- Souffre-t-elle beaucoup ?

- Je lui ai donné quelque chose pour l'endormir durant sa purge. Je crois que l'on va devoir la maintenir comme ça pendant plusieurs jours.

- Je vois.

- Tiens bois ça.

Je ne savais pas vraiment quoi ressentir à cet instant, perdu dans mes pensées.

- Elle n'aurait jamais dû se mettre dans un état pareil Glorfindel.

- Tu ne la connais pas, elle n'en fait qu'à sa tête.

- Que lui as-tu donc appris bon sang ?

- Holorïn, on ne peut pas les comprendre, les titans sont des enfants d'Illuviné, personne ne les comprendra vraiment... Crois-moi, j'ai essayé de lui dire de faire attention à la valeur de sa propre vie, mais il y a cet entêtement en elle, cette volonté de ne jamais abandonner, cette ténacité, cet orgueil.

Il avait raison... Je ne l'avais pas croisé souvent, mais le peu de conversation que j'avais pu échanger avec elle m'avait permis de comprendre ce qu'il voulait dire. Il y avait quelque chose dans son regard. Quelque chose de rassurant, qui vous disait que rien n'était impossible.

- Un jour Glorfindel, elle ne survivra pas. Même si elle ne devient pas comme eux, même si son âme ne sombre pas, en continuant de cette façon, elle finira par se faire tuer.

- Je sais tout ça mon ami, je sais...

Il y eut un long silence et quelques soupirs.

- Elle est dans ses quartiers. Tu devrais te reposer, elle ne se réveillera pas avant plusieurs jours, du moins je l'espère.

Alors comme ça, elle était vraiment allée jusque-là...

oOo

Tout était silencieux à Caras Galadhon, même l'ombre qui passait discrètement sur les passerelles était inaudible. Elle a parcouru les escaliers pour arriver devant un talan particulier et faire le tour par terrasse avec l'intention de passer par derrière.

Tout était calme dans la pièce, on entendait les flammes dans la cheminée et la respiration vive de la femme allongée dans le lit. Elle était en nage, sa respiration rapide et saccadée et le teint pâle comme la Lune. L'ombre s'était approchée doucement, guettant le moindre bruit, pour finir par simplement la contempler. Le trouble était de plus en plus pesant et en seulement quelques jours ici, sa volonté avait drastiquement diminué. Et pour ne pas arranger les choses, la dame des lieux savait ce que son cœur cachait... 

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