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// ... Chapitre trente et un ... //

"Forever young, a lie" - Thomas Barranton


- Es-tu prête ?

J'ai posé mes yeux sur Glorfindel en ajustant le bustier court que Arwen avait laissé sur mon lit ce matin-là. Mon ventre était noué, il me donnait l'impression d'être dans la phase de montée d'un grand huit, attendant, l'adrénaline bouillonnante, la grande descente vers l'explosion de l'exaltation. J'avais beaucoup de mal à garder mon calme et ce même avec une méditation avant le lever du soleil...

J'avais pris le temps de me préparer, de mettre mon legging, de nouer mes bottes ainsi que les bandes de tissu du bustier blanc d'Arwen. De faire mon chignon habituel, mais mon cœur battait à tout rompre.

- Je suis prête, j'ai répondu avec détermination.

oOo

Haldir marchait précipitamment dans une direction opposée à la mienne. Ce n'était pas le premier elfe que je voyais presque courir sur les passerelles et comme Armetiel et Holorïn, il arborait un air pressé. Je l'ai arrêté quand il était finalement arrivé à ma hauteur.

- Où allez-vous mon ami ? le hélais-je.

- Voir un spectacle que je ne veux absolument pas manquer Legolas.

- Oh et qu'est-il ?

- Les forgerons ont terminé la nouvelle lame de Maliha, elle doit l'essayer aujourd'hui.

- Je vois, tant de remue-ménage pour une simple lame.

- Je crois que vous seriez surpris. Accompagnez-moi, vous n'avez rien à perdre.

J'ai réfléchi, mais il était vrai que voir enfin l'art de son combat, déjà si particulier, arriver à son apogée m'intriguait.

- Pourquoi pas.

Nous avions atteint la zone d'entraînement après plusieurs minutes de marche. Haldir m'avait confié les rumeurs sur ladite lame., large, longue et lourde, munie d'un système visiblement bizarre, qu'il ne sut réellement me décrire, dont le secret avait été jalousement gardé par les forgerons.

J'aperçus Glorfindel au centre de l'arène et Aragorn, contre un poteau fumant tranquillement comme à son habitude. L'arène de Lórien était une simple dalle de grands carreaux de pierres blanches taillées, les racines colossales des Mellyrn l'entouraient pour créer par endroits une clôture imaginaire. Elle était là, j'écarquilla un instant les yeux, un bustier blanc dessinait sa poitrine et une partie de son ventre était à l'air libre. Il était visiblement maintenu par de larges bandes de tissus, deux passant sur ses épaules et deux autres maintenaient le cuir serré, toutes nouées dans son dos. La surlongueur des bandes tombaient jusqu'à ses cuisses et sa nuque était dégagée par son chignon habituel.

Un bas épais moulait ses jambes et rentrait dans des bottes au niveau des genoux, hautes et noires. S'en suivait une ceinture de cuir sur ses hanches et mon regard dévalait déjà de nouveau sur le ventre nu qui laissait voir le dessin discret des muscles qui roulait sous sa peau hâlée.

- Oh, Haldir, et, Legolas mon ami ! lança Aragorn alors que je me plaçais à côté de lui en croisant les bras. Je ne pensais pas que vous souhaiteriez venir, je serais venu à votre rencontre.

- Ce n'était pas prévu, j'ai croisé Haldir en chemin.

- Je vois.

Elle bandait ses mains d'une fine bande de tissu, la faisant passer autour de ses doigts de sa main avant d'enrouler son pouce et enfin l'ensemble de son avant-bras. Elle récupéra les mitaines de cuir que Glorfindel lui tendait et les serra fermement sur son avant-bras.

Son visage était sérieux et concentré, je voyais sa poitrine monter et descendre rapidement, visiblement nerveuse... Glorfindel lui murmura des paroles que je n'entendais pas et elle tourna son regard vers lui avec inquiétude. Il passa une main sur son épaule qui dégringola dans son dos et elle lui répondit en bougeant à peine les lèvres lui provoquant un sourire que j'aurai aimé effacer...

Deux elfes s'étaient approchés, j'ai reconnu Myrimir forgerons de Lórien, mais je ne crois pas connaître l'elfe qui l'accompagnait. Myrimir portrait contre elle un objet d'une taille imposante, enroulé dans un linge délicat. La titan leva les yeux vers eux d'un regard anxieux, et Glorfindel s'approcha avant de les saluer gentiment. Myrimir a discuté avec eux avant que Maliha ne les rejoigne en les saluant également à son tour.

- C'est un grand jour Maliha, dit Myrimir en serrant le paquet entre ses mains.

- Oui, ce jour est enfin arrivé, dit-elle d'un sourire tordu par l'appréhension.

- Je ne sais pas comment vous comptez vous servir de cette lame madame. Ni même s'il est possible de le faire... Mais la voici.

- Je ne vous remercierai jamais assez pour votre travail.

- Attendez, de la tenir Maliha.

- Je sais déjà que vous y avez mis tout votre cœur Lindir, Myrimir.

Le fameux Lindir dénouait la cordelette retenant le linge pour dévoiler deux lames brillantes prisonnières d'un ensemble de cuir, je ne voyais pas bien. J'ai senti Haldir se tendre autant que moi pour parvenir à voir. Maliha regardait l'ensemble avec de grands yeux, ses lèvres s'étaient entrouvertes en contemplant la lame brillante avant de les transformer en un sourire satisfait.

- Avec votre permission ? dit-elle d'une main presque tremblante.

- Elle est à vous Maliha.

D'une main experte, Lindir prit l'ensemble et passa le tout entre les reins de l'humaine, serrant une lourde ceinture autour de ses hanches. J'arrivais à peine à le croire, les deux lames étaient tellement grandes qu'elles sortaient largement de chaque côté de ses hanches. Le fourreau ne pouvait pas couvrir l'intégralité des lames., il les faisait donc juste se croiser, l'une sur l'autre, en les maintenant dans cette position, les laissant brillantes et nues, sortir vers le bas. Il était impossible de porter ça sur les épaules, comme des doubles dagues normales, c'était beaucoup trop large et cela gênerait le mouvement des bras. Ils avaient expliqué à Maliha comment fixer ce fourreau complexe et large, par les deux ceintures fines de cuir sur ses cuisses et deux autres passant sur ses épaules, croisant devant sa poitrine pour revenir se fixer sur des points arrière de la ceinture et maintenir le tout en place.

Elle plia les jambes plusieurs fois pour regarder ce que cela donnait en mouvement et visiblement, elle n'était pas gênée. Glorfindel lui demandait des précisions et elle les acquiescait d'un mouvement de tête puis remercia les deux elfes d'une révérence polit une dernière fois. Les elfes s'étaient placés en retrait, Myrimir mangeant ses ongles en attendant l'instant fatidique. Glorfindel échangea encore quelques mots rassurant en la tenant par les épaules avant de venir vers nous.

- Comment se sent-elle ? demanda Aragorn à Glorfindel.

- Elle est tendue. Je ne pensais pas qu'elles étaient aussi grandes et larges, visiblement Maliha non plus. On verra comment elles se comportent, mais elle reste confiante, fini-t-il dans un sourire en croisant les bras.

Elle avait marché vers le centre de la piste et j'ai vu le liquide gris brillant parcourir son cou pour se transformer en billes blanches aux creux de ses oreilles. Elle prit une grande inspiration et posa une main sur le premier pommeau à sa droite. Une poignée plutôt petite, de ce que je pouvais voir, par rapport au reste de la lame. Elle attendit quelques secondes, serrant fermement l'acier dans sa main, essayant plusieurs positions et trouver la plus adéquate. D'un grand mouvement, elle avait sorti la lame en fendant l'air, mais ne s'était pas arrêtée là. Elle était allée retrouver l'autre et le son sec des aciers qui se rencontraient dans le second fourreau envahi l'arène d'entraînement. Sans que je sache comment, elle en sortit une lame plus grande encore et mes yeux s'étaient écarquillés de par sa beauté...

C'était inimaginable, inconcevable, l'acier partait en arabesque, formant un premier petit pant tranchant, puis repartait, faisant une vague souple avant de construire la tranche principale dans une courbe épaisse et large. La deuxième lame, venant s'encastrer dans la plus grande en un trou central, agrandissait plus encore le dernier tranchant, doublant sa longueur totale. Le pommeau de celle-ci, une forme délicate en arabesque ouverte en haut, fermait la première la vague. C'était une lame unique, elle faisait presque la taille de la jeune femme, arrivant juste sous son menton et la partie largeure était, au moins, de la longueur d'un avant-bras.

Elle regardait la lame avec admiration, observant chaque détail, chaque gravure parsemée dans l'acier blanc. Elle a tendu le bras pour tester sa masse, serré la poignée pour la placer lourdement sur son épaule avant de traverser la salle en silence pour aller se placer à l'autre bout.

Une fois arrivée, elle s'était retournée et déposa la lame derrière elle d'un geste nonchalant sur le sol puis ferma les yeux en bandant ses muscles au maximum. Le silence régnait dans l'arène, les souffles s'étaient coupés en attendant l'instant révélateur.

La lame sortie de son dos d'un chant métallique d'un mouvement violent vertical, rapide et puissant. Elle en enchaîna quelques-uns de la même façon, jaugeant la réponse de la lame entre ses mains. Elle était tellement lourde qu'elle l'obligeait à effectuer des pas précipités pour se retenir de tomber en fronçant les sourcils d'incrédulité...

- Cette lame est impossible à manier, elle est beaucoup trop lourde pour elle, dis-je ironiquement d'un sourire en coin.

- Voyons comment tu vas t'en sortir Maliha.... murmure Glorfindel en serrant les dents.

Un fin sourire est apparu sur le visage de la titan en regardant Glorfindel.

Tout n'était qu'un bruit d'acier rapide alors que la lame s'enroulait autour d'elle, l'entrainant dans l'air en pirouettes rapides et horizontales. La lame sortait de ses flancs verticalement d'un ensemble de passes mortelles. Devant mes yeux se dévoilait la souplesse de son corps. Son premier mouvement avait été ferme et fort en se réceptionnant, mais maintenant, c'était une contorsionniste, son dos se courbait en s'enroulant autour de la lame. Ses jambes se mêlaient l'une l'autre, avant d'enchaîner des coups puissant au sol, s'aidant même de la lame pour avoir plus de puissance, ne faisant qu'une...

Elle posa un pied au sol avant de partir dans une série de vrilles horizontales. Pointa la lame sur le sol dans un choc fin et presque mélodieux à mon oreille. Laissant son corps en suspens au-dessus d'elle, elle effectua la vrille la plus souple qu'il m'avait été donné de voir et enchaina dans une boucle puissante. C'était comme de la poésie, la lame tournait seule à côté d'elle dans un cycle infini pour lui donner le temps de déposer un pied à terre afin de la récupérer et de l'abattre au sol d'une puissance phénoménale. Je sentais la colonne vibrer dans mon dos sous le choc et la poussière se souleva pour envahir l'espace ouvert. Je n'entendais même plus les chuchotements admiratifs autour de moi, absorbée par une vision d'elle que je n'avais jamais vue. Tant de délicatesse, tant de grâce, dévoilée dans les enchaînements vifs et précis dans un rythme effréné et si beau à regarder.

On voyait qu'elle s'était habituée très vite...Puis une chose s'est passée, une chose à laquelle je ne m'attendais pas,. La lame s'était divisée en deux morceaux, elle en plaça une au-dessus de sa tête et l'autre derrière ses reins, avant de partir dans des mouvements fous. Je n'avais jamais vu ce style de combat. Les lames suivaient ses bras, s'envolant quand elle tournait et les récupérait pour une nouvelle série de mouvements circulaires impressionnants. Elle était parfaitement calme et concentrée maintenant, j'entendais sa respiration se caler à ses mouvements et ses yeux suivaient la danse en cherchant un nouvel objectif imaginaire.

À cet instant, j'ai compris pourquoi les titans étaient tant redoutés et pourquoi les elfes disaient qu'ils étaient invincibles. Qui pouvait arrêter ça ? Glorfindel la regardait faire, grave et je lisais l'inquiétude gagner son visage à chaque seconde. Aragorn laissait sa pipe se consumer sans en prendre une bouffée, absorbé par le spectacle de celle qu'il voyait comme sa sœur.

C'était une vision imprévisible, l'acier avait chanté dans un nouveau ton et quand mes yeux s'étaient de nouveau posés sur elle, c'était pour voir les deux lames parcourir l'entière largeure de l'arène. Elles tournaient autour d'elle, entraînées par de fines chaînes brillantes qu'elle tenait par les poignées. Les muscles bruts de ses bras les entraînaient dans une rotation rapide et cinglante. Elle vrilla dans un saut, les laissant la suivre et hacher le sol d'étincelles .

Elle enchaîna encore quelques passes, avant de les laisser revenir complètement, jeter une en l'air avant de lever l'autre à bout de bras de ses yeux admiratifs. Elles encastraient l'une dans l'autre pour réformer la grande lame initiale. Elle effectua encore des séries délicates et souples, passant ses mains dans les trous présents dans la lame, la faisant tourner souplement autour d'elle.

Elle était faite pour elle, sa façon de la manier était unique et sûr, sans hésitation. Elle l'avait placé d'un coup derrière elle dans la position initiale et arrêta ses mouvements pour reprendre un souffle court. Le test était terminé et un sourire étincelant était apparu sur son visage en sueur.

- Elle est ... dit-elle en reprenant encore son souffle. Lindir, Myrimir vous êtes des magiciens, son équilibre est parfait, son poids idéal, fluide et solide, juste parfaite. Je n'ai pas de mot pour vous montrer l'ampleur de ma gratitude...

Les deux avaient mis plusieurs minutes à reprendre leur esprit, comme la salle entière je suppose et moi avec...

- Vous voir la manier si bien nous comble de joie Maliha. Maintenant que je vous ai vu la brandir, je dois avouer que je suis impressionnée.

- Ne le soyez pas, c'est votre travail qui l'est, dit-elle en penchant la tête en signe de respect.

- Vous devez lui donner un nom Maliha, c'est la coutume.... dit Lindir

- Oh...

Elle réfléchit en la ramenant à côté d'elle, posant la pointe au sol et elle frôla des doigts les gravures qui la parsemaient de façon élégante avant de revenir vers eux en souriant. Il y avait toujours cette phrase... La phrase mensongère du serment des Titans...

- Laureline.

J'ai entendu Glorfindel rire alors qu'il s'avançait vers elle.

- Un nom de femme de ton monde je suppose ? dit l'elfe d'un air amusé.

Elle ria de bon cœur un moment avant de reprendre son sérieux.

- Laureline est un nom particulier... C'est le personnage d'une très vieille histoire que j'aimais beaucoup dans mon monde. Une femme qui vient du passé qui se retrouve dans le futur... C'est quelqu'un de caractériel et d'intrépide, je trouve que ça colle bien pour m'accompagner... On se complète, je suppose, c'est une arme du passé, dans ma main moderne...

- Oui, elle te complète.

J'en avais assez entendu...

Ne voyaient-ils pas le danger qu'elle représentait avec cette arme entre les mains ? Elle était devenue invincible à l'instant même où elle avait posé les yeux sur elle. Mon âme était encore déchirée entre mon cœur et ma raison... D'un côté, j'admirais la femme devant moi, son courage, sa force et la noblesse de sa tâche. De l'autre, elle restait la titan, l'être que cette force rongeait, l'attirant de plus en plus vers l'obscurité et la traîtrise et cette lame ne l'aiderait pas à la ralentir. Qui aurait la force de l'arrêter si elle sombrait ? Qui pourrait seulement l'approcher sans se faire tuer ?

Je croisais un instant son regard, mais elle baissa les yeux tristement en voyant probablement le mien noir et rempli de reproches. Je m'étais peut-être laissé berner, elle m'avait sauvé la vie, je lui en était éternellement redevable, mais maintenant que j'avais vu de quoi elle était capable, je ne pouvais pas chasser les phrases d'Elrohir et de mon père qui résonnaient dans ma tête. Cette femme était belle, sublime même, la profondeur de ses yeux m'engloutissaient. Sa peau, ses lèvres, sa voix, tout en elle m'attirait, mais la peur et le dégoût étaient toujours là, aussi étincelants que la lame entre ses mains.

oOo

Elle était absolument parfaite, le poids idéal, la taille idéale, tout, tout était parfait. Je me sentais bien, plus que bien même, épanouie. Je reprenais mon souffle en souriant à Glorfindel qui me tapait l'épaule d'un geste de félicitation. Myrimir était aux anges, idem pour Lindir, mais au moment où mes yeux avaient croisé ceux de Legolas, mon bonheur avait fondu comme neige au soleil. Dans ce regard fermé et dur, je sentais toutes les fautes de mes prédécesseurs. C'était comme un avertissement, je le savais très bien. Il me renvoyait en pleine figure ce que tout le monde pensait tout bas... "Personne ne pourra t'arrêter". Je le sais très bien, mais devais-je ne pas avoir le pouvoir d'en faire plus encore parce que je risquais de sombrer ? Je sais que je venais de franchir une ligne, mais je ne pouvais plus revenir en arrière. Non, aujourd'hui personne ne pourra m'arrêter et j'en étais bien consciente...

Nous avions passé du temps à bavarder avec Myrimir et Lindir avant de rentrer. Les deux elfes étaient épuisés après tant de travail, ils méritaient amplement le temps de repos qui était le leur à présent. J'ai fait le chemin de retour avec Glorfindel et sentir les deux lames dans mes reins était bizarre, mais pas vraiment désagréable.

- Tu es enfin celle que tu dois être Maliha.

- Oui, je me sens bien aujourd'hui, elle est parfaite... dis-je dans un sourire franc.

- Tu n'as que ce mot à la bouche...

- Parce que c'est le cas...

Je savais qu'il me dévisageait et qu'il finirait par me poser la question de toute façon.

- Tu as l'air pensive. Quelque chose ne va pas ? me dit-il en voyant mon mutisme.

- Je... Maintenant que tu as vu... Je ne savais pas comment aborder le sujet.

- Je te fais confiance Maliha.

J'ai levé les yeux, surprise pour accrocher les siens rassurants.

- Tu n'étais pas stressée de ne pas y arriver tout à l'heure, mais stressée d'y arriver. Je peux lire en toi comme dans un livre mon amie, dit-il.

- Je vois...

- Pour répondre à ta question en avance, non, personne ne pourra te maîtriser, du moins pas seul.

Et il avait certainement raison... Je détournais les yeux pour regarder le sol en reprenant la marche, mais l'elfe m'arrêta.

- Écoute, tu es un titan, nous le savons tous. Cette lame fait peut-être de toi la personne la plus puissante dans la terre du milieu à cet instant. Mais Maliha, c'est ce pour quoi tu as été envoyé.

- Si tu avais vu son regard... dis-je alors que l'image passait dans ma mémoire.

Il soupira.

- Il a peur Maliha. Mais le passé est le passé, il restera le passé. Tu es le présent, et je te confierai ma vie. Tu m'entends ?

- Hum.

- Je t'ai fait une promesse, je ne l'oublierai jamais, par tous les moyens, je saurai t'arrêter Maliha. Nous saurons tous là pour le faire s'il le faut. Je sais que tu feras tout pour ne pas sombrer.

J'avais doucement souris et nous avions continué notre chemin sans en rajouter. Arwen avait été impressionnée en la voyant, quand je étais rentrée et je me sentais intouchable à cet instant. Je savais que j'étais enfin capable de les protéger.

Nous avions fêté ça le soir même et rien ne pouvait gâcher mon bonheur de me sentir entière... Pas même le regard noir de Legolas. Et plus encore après un entretien particulier avec Arwen sur le balcon de la salle de bal. Mes yeux n'avaient pas menti... Lors de la soirée, sur le balcon avec l'elfe, quand je les avais vu sortir en douce tous les deux, c'était bien pour une raison particulière. Elle avait demandé à prendre l'air et Estel avait accepté de la suivre pour continuer à discuter en se promenant dans les jardins.

- Tu le lui a dit ?!

- Oui Maliha je le lui ai dit.

Elle était tellement gênée à cet instant, mais je sentais tout de même qu'elle était excitée à l'idée de m'en parler, même s'il y avait aussi cette habitude des elfes à vouloir rester discret.

- Et ?!

- Chut s'il te plaît doucement...

- Comment veux-tu que je fasse doucement, les elfes entendent tout...

- Viens.

Elle m'a entraîné le long des talan, passant les ponts dans la cité calme. Elle regardait toujours derrière elle, vérifiant que personne n'était là.

- Pourquoi autant de discrétion Arwen ?

- Je ne voudrais pas que ça s'ébruite...

- Ça viendra bien un jour, tu sais.

- Pas aujourd'hui.

- Très bien, alors ?

Elle tritura les doigts doucement avant de s'appuyer contre la rambarde du balcon.

- Je lui ai dit que je l'aimais. Que cet amour restera pour l'éternité... Il m'a répondu que cet amour était impossible...

- Quoi ?

J'ai froncé les sourcils, j'étais très loin de m'attendre à ça.

- Il m'a dit que je ne pouvais pas l'aimer, que mon destin était celui des elfes. Qu'il ne pourra jamais me rendre cet amour... Maliha, il ne ressent pas la même chose, je me suis trompée.

- Je n'y crois pas une seconde.

J'avais été ferme et sûr de moi. En aucun cas Aragorn pouvait ne pas l'aimer... Sa façon de la regarder ou même de lui parler. Ses yeux brillaient dès l'instant où il se posait sur elle. Comment avait-il pu dire pareil mensonge ? J'ai maudit Estel...

- C'est juste impossible Arwen. J'irai lui toucher deux mots...

- Non, je préfère en rester là, ne t'en mêle pas s'il te plaît.

Je ne voulais pas insister, mais la douleur dans les yeux d'Arwen était grande. Je ne le ferai pas directement, respectant le choix de mon amie, mais je mettrai les choses au clair. J'avais visiblement sous-estimé le caractère d'Estel et sa vision de l'honneur... Bizarrement, je me retrouvais un peu dans la conception qu'il s'en faisait. Si j'étais à sa place, si Legolas... Impossible, mais admettons, accepterais-je l'amour de celui à qui ma race avait fait tant de mal ? Aragorn était comme ça, depuis qu'il avait appris le destin de son sang, lui et moi étions (presque...) pareils, maudits par notre héritage. Pourtant, j'étais absolument certaine que pour lui le destin changerait.

oOo

Les jours défilaient et je passais mon temps à m'entraîner sous les yeux avisés d'Aragorn et de Glorfindel. Ils me conseillaient des passes, m'aidaient à déjouer les fautes dans ma garde. Le travail était dur, Laureline était beaucoup plus lourde que Nordeline... Elle me prenait beaucoup d'énergie, mais progressivement je voyais que mon corps s'adaptait. J'enchainais parfois quelques coups avec Aragorn, mais je m'étais vite rendu compte qu'utiliser Laureline sans utiliser pleinement ma force était impossible. Le bâton restait le meilleur moyen pour essayer les passes apprises avec un adversaire d'entraînement.

J'avais encore beaucoup, beaucoup de choses à apprendre de cette lame et il me faudrait sans aucun doute des années pour pouvoir utiliser pleinement son potentiel. Il y avait tant de possibilités, tant de puissance, dans ces morceaux d'aciers finement sculptés.

Pendant ce temps, Arwen restait enfermée presque toute la journée pour ne sortir que la nuit. Je la voyais errer sur les balcons, serrant tristement son livre contre sa poitrine. Elle ne disait rien et moi ne la questionnais pas. Je savais très bien que derrière les sourires qu'elle adressait se cachait la douleur. Je me voyais dans ses yeux, lisant la même tristesse. Jour après jour, elle en perdait presque sa lumière, ça ne pouvait pas durer...

oOo

Je regardais la Lune, les bras croisés, déterminée, voyant les lueurs des feux de camp de l'ennemi au loin. L'heure approchait, celle de reprendre cette vallée une bonne fois pour toute. J'avais eu le temps d'apprendre et de m'entrainer. J'étais loin d'être satisfaite de mon style de combat, mais ça suffirait largement pour tuer des orcs.

- Maliha.

J'ai croisé le regard d'Estel, il serrait la poignée de son épée en me faisant signe de la main. Les cernes sous les yeux, il affichait un regard triste bien dissimulé sous son masque de rôdeur insensible, mais on ne me la faisait pas, après tout, étant moi-même une experte... Je garderai mes mots jusqu'à ce que nous réglions cette histoire de frontière Nord. Une fois terminé et les cœurs apaisés, je lui ferai comprendre son erreur.

Nous allions reprendre cette vallée, c'était une obligation. Tout était silencieux, nous avions reçu l'ordre d'Haldir de rester dans l'ombre du silence. Attendant le bon moment pour éradiquer les créatures obscures des lieux.

Nous nous étions approchés, restant dans l'obscurité complète de la forêt pour atteindre la lisière et contempler la centaine d'orcs lever le camp en vue de reprendre leur route de nuit à l'abri du soleil. Il était quatre heures du matin et mon cœur battait la chamade de colère et d'impatience.

Haldir me désigna du doigt avant d'indiquer le camp et j'avais étiré mes lèvres pour donner mon approbation. Il désigna les autres en faisant le même signe pour réaliser une ligne d'archer sur toute la lisière de la forêt. Puis Aragorn, Glorfindel, Armetiel et lui-même viendraient en dernier, soutenir mes flancs une fois l'effet de surprise terminé. Les archers s'étaient positionnés et j'ai senti le liquide froid le long de mon cou trouver sa place dans mes oreilles. "Son extérieur", murmura la voix métallique, J'entendais maintenant clairement le vent dans les feuilles, la respiration d'Aragorn profonde et calme sur ma droite, et même les doigts de Legolas sur la plume de sa flèche à ma gauche.

"Vide sonore", murmura encore le compagnon au creux de mon oreille. Tout était devenu sourd, j'entendais mon cœur battre dans ma poitrine d'une respiration agitée. J'ai tourné mon regard vers Legolas, il serra la mâchoire en le croisant et j'ai détourné les yeux pour contempler de nouveau la plaine. Pour couper court, je passais une main en arrière pour récupérer la lame, mais une main m'arrêta. Les yeux de Legolas étaient bizarres... Ces lèvres étaient entrouvertes et les sourcils froncés..

- Faites attention, dit-il dans un souffle pofond.

Sa voix avait résonné dans mes oreilles, si douce, envahissant mon crâne, décuplée par la reconnaissance vocale des intra et je me laissais me perdre dans ces yeux comme par le passé. Même dans la nuit, le bleu me parvenait et sa peau claire semblait luire. J'ai fait un signe de tête en guise d'approbation.

- Vous aussi, j'ai murmuré.

J'ai repris mon mouvement et me lançai à l'assaut sans hésiter une seconde de plus. Mes jambes étaient juste entraînées par le son des basses de la musique dans mes oreilles. Je ne les ai même pas entendus grogner, coupée du monde extérieur. Laureline brillait sous la Lune à chacun de mes mouvements et ils n'avaient pas eu le temps de bouger, car je tranchais déjà quiconque se trouvait à portée de lame. Mon corps enchainait les passes en suivant les mouvements de ma main, c'était grisant. Contrairement à avant, j'étais calme, je voyais le sang passer devant mes yeux, les têtes tomber, mais je restais concentrée.

Ils étaient bientôt tous autour de moi. L'effet de surprise n'avait été que de courte durée. Maintenant encerclée, je m'arrêtais pour ramener la grande lame devant les yeux avant d'apercevoir Aragorn avec les autres, sortir de la forêt et les premières flèches tombaient. J'ai divisé la lame en deux et plongea à travers les épées et les lances.

J'ignore combien de temps le combat avait duré, mais c'était un enfer. Heureusement, aucun archer n'était apparu dans la panique et mes blessures n'étaient que des coupures plus ou moins profondes. Si j'avais porté ma tenue d'entraînement blanche, elle serait tout de même rouge de sang. Il y avait encore beaucoup d'erreurs dans ma garde et j'en payais le prix... J'avais décidé de tout donner, de reprendre ce qui appartenait aux elfes. Mon objectif était simple, triompher et peut-être même me venger... Ils étaient nombreux et gigantesques, beaucoup plus grands et coriaces que de simples orcs d'ailleurs. Si j'avais eu Nordeline entre les mains, je serais probablement beaucoup moins efficace...

J'entendais Haldir crier un ordre, mais je ne l'avais pas compris, même avec les mots transformés par les intra, et j'étais trop occupée à ma tâche au centre de l'arène. Plusieurs elfes sortaient encore de la forêt, visiblement un soutien supplémentaire. J'ai aperçu Legolas sortir ses deux dagues et j'en écarquilla les yeux. Ces mouvements étaient très loin de l'apprentissage elfique de base, sa façon de se déplacer était incroyable. Il fut, en revanche, vite encerclé, mais Aragorn était arrivé pour le soutenir.

Le temps pressait, bientôt, ils auraient reformé les rangs et probablement réalisé un plan pour contre-attaquer. Pire encore, réaliser un soutien d'archer en haut des rochers... Je lâchais les deux lames autour de moi, sentir la tension dans la paume de mes mains alors qu'elles fendaient l'airla sensation était folle, la sensatin était folle. Un large trou béant s'était formé et je pouvais enfin respirer plus calmement. Combien était au sol, je n'en savais rien, mais toujours pas assez pour me satisfaire. J'ai continué encore et encore, tranchant, arrachant, coupant sans état d'âme.

Aragorn et Legolas étaient saturés... Je les voyais combattre de tous les côtés. J'ai senti une lame trancher mon flanc alors que je regardais les deux hommes. Je hurlais de douleur alors que la panique prenait possession de mes veines en me sentant soudain impuissante. Je réussissais finalement à me faufiler à travers les orcs, mes gestes étaient désordonnés. Aragorn venait de se retourner au dernier moment pour contrer la lame qui s'abattait sur lui, il ne tenait plus...

L'ombre bougeait dans mon cœur, enivrée par tout ce sang, par le bruit de l'acier et par la peur de les voir peut-être mourir sous mes yeux. De voir se reproduire l'horreur passée... L'envie de tuer était montée d'une façon incontrôlable tout comme celle de pleurer en me voyant lâcher prise contre l'ombre en moi. Je devais tenir, la laisser enfermer, ne la laisser sortir sous aucun prétexte, mais ils étaient là tous les deux, encerclés, je devais y aller...

Tu te sens faible n'est-ce pas ?

J'ai écarquillé les yeux au son de la voix qui envahissait ma tête...

Crois- tu être digne d'utiliser cette lame avec la peur qui prend ton cœur?

J'ai serré les dents en continuant d'avancer, écrasant tout sur mon passage. J'avais retiré la soupape de sécurité, mes muscles tiraient et tremblaient de colère alors que je perdais mon âme, noyée dans l'ombre...

Laisse la faire ce pour quoi tu as été appelée.

Je m'entendais crier... L'obscurité envahissait mes yeux alors qu'il rencontrait le ciel étoilé. Hors de question, je resterai consciente coûte que coûte... Les images défilaient devant mes yeux... Mon corps bougeait de nouveau et c'était bien avec ma propre volonté, mais j'étais là sans vraiment l'être. Je savais qui j'étais, conscience de l'instant présent et de mon objectif.

C'était bizarre, je ne ressentais plus rien, plus de douleur, plus de peur, plus rien... Mon esprit était comme arrêté de toutes sensations, je savais très bien ce que j'avais à faire et de pourquoi j'étais là, mais ça s'arrête là... La force se diffusait dans mes muscles, une force incroyable, sans retenue... Alors c'était ça son cadeau, c'était ce à quoi je ressemblais quand je la laissais prendre le dessus ?

Je n'avais plus peur, je n'étais plus paniquée, plus aucune forme de douleur ne me prenait, plus rien, un vide calme et froid... L'amour avait disparu, la tristesse, la pitié, tout s'était envolé... Un robot sans vie, mais ça ressemblait à un espoir, presque une tranquillité, un libération...

oOo

Glorfindel a entendu un hurlement glacial... Il s'était retourné pour en chercher la source et vit Maliha au loin, le visage vers le ciel puis s'effondrer à genoux dans la marée noire. Il savait à cet instant qu'elle avait perdu contre elle-même. Il força le passage paniqué, avançant mètre par mètre jusqu'à atteindre son élève.

- Maliha ! Il hurla à pleins poumons.

Ce qu'il vit lui glaça le sang. La femme se leva et tendit le bras armé en arrière. Lorsque son visage lui avait face, il vit un œil de sang. Son œil droit était aussi rouge que la flamme et son visage impassible comme l'acier, sans sentiment, elle était devenue l'être de son cauchemar.

Le bras engagea une rotation, éventrant un orcs sans même le regarder. Elle a enchaîné les coups à une vitesse inouïe, des gestes mécaniques en se créant un chemin vers Aragorn et Legolas. Il sentait les frissons parcourir son dos et la sueur froide couler sur son front. Les souvenirs envahissaint son esprit. Cette nuit atroce, la couleur du mal dans les yeux et le sourire morbide de l'homme qu'il avait appris à apprécier pendant toutes ces années. Là maintenant, il apercevait la même présence, le même mal ronger et prendre possession de la jeune femme. Il avait envi de pleurer, de maudir les Valars de les avoir de nouveau abandonnés.

- Non... il murmura.

Il continua son avancée vers elle, déterminé à ne pas la laisser sombrer, à ne pas la laisser leur faire du mal. Après plusieurs minutes laborieuses, il arriva à sa hauteur, évita une lame qui passait devant ses yeux et hurla.

- Maliha ! Ne la laisse pas te prendre !

Aragorn et Legolas, maintenant débarrassés de leurs orcs par Maliha, s'étaient retournés pour trouver l'origine des cris de l'elfe. Aragorn regardait son amie loin devant eux en ne comprenant pas. Quelque chose n'allait pas, son visage n'était plus le même et un œil rouge le dévisageait. Elle s'approcha d'eux, évitant Glorfindel et les quelques orcs qui restaient en vie maintenant ont eu à peine le temps de la voir qu'elle leur tranchait déjà la tête. Elle se retrouva en face des deux hommes, sans expression.

Maliha ! Réveille toi ! hurla encore l'elfe en la suivant.

Legolas passa devant Aragorn, la femme s'arrêtéa en le voyant faire. L'elfe s'était mis en garde, attendant le déroulement fatidique de cette nuit d'enfer.

- Je te tuerai sans hésiter n'en doute pas, cracha-t-il.

L'œil rouge le dévisageait avec défit, mais la lame se planta dans le sol calmement et elle leva le menton d'un air impassible lui signifiant qu'elle ne se battrait pas. Son visage ne montrait aucun sentiment, rien, ses yeux n'étaient qu'une ombre rougeâtre sans âme. Le seul œil qui restait du turquoise qu'il aimait temps était démuni de sa lumière, terne et sans vie... Son cœur se serrait en sachant pertinemment ce que cela signifiait.

Sans prévenir, d'un coup, une lance s'était plantée dans la cuisse de la femme. Elle ne laissa rien paraître et s'était seulement tourné vers l'orc responsable qui était déjà presque mort. Glorfindel l'abattit rapidement et retira la lance de sa cuisse. Elle le regardait faire en ne bougeant absolument pas, comme insensible à la douleur... Aragorn était mortifié, sous le choc de ne pas la voir peindre son visage.

- Maliha ?

Glorfindel s'approchait doucement, la main tendue en face de lui pour lui signifier qu'il ne ferait rien. L'autre serrait son sabre d'une main incertaine...

- Maliha, réveille toi.

Arrivé devant elle, il prit son épaule.

- Ne la laisse pas te prendre. Je t'en supplie...

L'œil rouge s'effaçait alors pour laisser le turquoise habituel et la lumière de la vie reprendre le dessus. Elle esquissait un sourire rassurant en prenant le bras de l'elfe dans sa main.

oOo

Glorfindel.

J'ai vu deux billes bleues en face de moi. Deux billes bleues que je connaissais par cœur après tant d'années. Je lisais les traits paniqués de Glorfindel, son visage déformé par une expression de peur que je ne lui avais jamais vu. Ma respiration était courte, et mon cœur battait la chamade, alors que je me reposais sur la lame à côté de moi, abandonnant la force pour la réalité.

- Je suis là Glorfindel, j'ai murmuré difficilement.

Un air soulagé passa sur son visage, mais sa main serrait toujours le sabre...

- Maliha, j'ai vu Aragorn sortir de derrière Legolas.

- Tout va bien.

J'ai regardé autour de moi, c'était juste une mare de sang. Cela ne m'avait absolument pas perturbée il y a quelque minutes et je me rendais maintenant compte du pouvoir de cette obscurité en moi. Si je la maîtrisais comme je venais de le faire, je n'aurai plus peur, je ne souffrirai plus de la vue de mes propres mains...

- J'ai cru te perdre.

J'étais figée devant les yeux remplis de peur de Glorfindel. J'ai posé ma main sur sa joue. Oui, cette force me donnait le pouvoir de ne plus rien ressentir, mais au prix de voir cette expression dans les yeux des autres.

- Ne t'inquiète pas, je ne l'ai pas laissé me prendre.

- Tu aurais...

- Je ne leur aurais pas fait de mal, j'étais là Glorfindel. J'ai réussi à la contrôler.

- Quand bien même, tu ne sais pas ce qui aurait pu arriver si tu n'avais pas su...

Je ne l'entendais plus en voyant les expressions de leurs visages...

Je me sentais mal, je lisais dans les yeux d'Aragorn sa méfiance. Dans ceux de Legolas, une haine absolue... Le sabre de Glorfindel toujours dans une position de défense derrière lui...

"Je te confierai ma vie s'il le faut."

"Tu es une sœur pour moi."

"Tu n'es pas comme eux."

"Je sais que tu ne sombreras pas."

"Mais le passé est le passé, il restera le passé. Tu es le présent, et maintenant je te confierai ma vie, tu m'entends ?"

C'étaient des mensonges, car je voyais clairement la vérité sur leur visage à présent... En réalité et malgré toutes ces paroles jour après jour, ils avaient peur de moi. Mon héritage était là, devant mes yeux... La méfiance dans leur ADN, au plus profond de leur inconscient. Ils doutaient tous de moi...

Ma lèvre tremblait et Glorfindel fronça les sourcils. J'ai lâché la poignée de Laureline pour mettre mes deux mains sur ma bouche alors que les larmes coulaient en silence, réalisant l'impact que j'avais sur les gens que j'aimais.

Je serai toujours seule, seule représentante de ma race. La race qui engendrait la mort, le dégoût et la peur. Elle était imprégnée depuis des centaines et même des milliers d'années et le pire dans tout ça, c'était que même en sachant ça, ils m'utilisaient pour les protéger.

Ils étaient prêts à appeler un être d'un autre monde et à le mettre face au mal en sachant très bien qu'il risquait d'y perdre son âme comme les autres... Un sacrifice, risqué, mais nécessaire, un outil mortel à double tranchant, mais sans lui tout espoir semblait perdu. On le nourrissait, l'entrainait, lui faisait des promesses d'immortalité et de bonheur en espérant qu'il termine sa tâche. On l'envoyait à la guerre, pour tuer, protéger, jusqu'à ce qu'il finisse par sombrer, épuisé par les images et la souffrance, et il était exécuté pour ça...

Mais au final, même si j'y arrivais, il reste quoi ? Une immortalité solitaire, un bonheur imaginaire comme toujours, sans rien, parce que qui accepterait de vivre aux côtés d'une telle héritière ?

J'étais au bord du gouffre.

J'en voulais à mes prédécesseurs bien entendu, ce qu'ils avaient fait était impardonnable, mais j'osais à peine imaginer leurs souffrances et leurs solitudes pendant toutes leurs années de vie. Je comprenais aussi pourquoi ils avaient cédé leurs âmes... Pour ne plus ressentir cette souffrance. Pour ne plus voir cette horreur dans les yeux des gens qu'ils aimaient. Après en avoir fait l'expérience, n'était-il pas plus facile de ne rien ressentir plutôt que d'assumer un tel destin et une telle tristesse ? Jamais je n'aurais cru voir de la méfiance dans les yeux d'Estel, une si grande peur dans ceux de Glorfindel, et encore moins de le voir serrer son sabre alors que je lui disais que j'étais moi...

- Vous êtes aveuglée par la force que vous possédez, et un jour les personnes qui vous sont chères réaliseront qu'ils ont confié leur vie à un être malsain.

Legolas venait de prononcer ces mots... Glorfindel s'était retourné face à lui, et lui envoyait un regard de reproches. Mais c'était à moi de lui répondre...

- Je crois, Legolas, qu'ils le savent déjà., mais ils ne savent pas pourquoi nous le devenons. Car non, je ne suis pas aveugle...

J'ai rangé Laureline calmement et partie en les laissant là. Qu'allais-je faire ? Accepter d'être celle que j'étais et continuer ma tâche ? J'avais déjà pris cette décision. J'avais signé. Malgré ce que je venais de constater, ils méritaient bien plus que quiconque d'être protégés, le mal qui régnait ici venait tout juste de se réveiller et il me glaçait le sang... Puis, pour la première fois, je savais ce que voulais dire aimer... Je remerciais les Valars d'avoir ouvert mon cœur aux véritables sentiments car... je les aimais plus que tout, ils étaient mon monde maintenant et je les protégerai. Jusqu'à ce que je sombre à mon tour comme les autres avant moi...

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